La voiture se gara et un homme en descendit.  Bien que soulagé de voir quelqu’un, je n’étais pas tout à fait rassurée. En pleine nuit, dans un coin paumé, on pouvait s’attendre à tomber sur n’importe quel dingo.

Le miens se révéla être un homme de bel apparence, aux cheveux d’ange et armé d’une lampe de poche. Rien de bien  effrayant au premier coup d’œil.

Je levais la main devant mes yeux pour me protéger du faisceau lumineux et tentais une approche tout aussi diplomate que la sienne.

- On ne peu rien vous cacher… Voyez comme je suis mal prise… J’ai fais une crevaison et mon réflexe fut d’ouvrir le capo de la voiture… Peut-être que je m’imaginais qu’en remplissant le réservoir de lave-glace, je regonflerais mon pneu….

Et j’éclatais d’un rire  niais à souhait que je regrettais aussitôt.  Il faut dire que la fatigue n’aidait en rien  mon cerveau qui refusait de réfléchir d’avantage.  


- Je m’appelle Azalon.

- Et moi… Sonne… Ça veut dire Soleil, en Allemand…

Vraiment ? C’est tout ce que je trouvais à lui répondre ?

- Je suis vraiment heureuse que vous ayez stoppé votre chemin… Je ne sais pas du tout me servir de ce machin et comment soulever la voiture et… Je serais vraiment reconnaissante si vous pouviez m’aider…

Je restais planté là, devant lui, complètement à la merci de sa réponse que j’espérais positive.  

J’avais de la chance ! Mon sauveur était mignon comme tout et dégageait une assurance bien ancrée. Il s’assoyait sur le trottoir et commença à me dicter la marche à suivre tel un chef d’orchestre de la mécanique.


Le cric il demanda, le cric je lui donnais.  Et la roue de secours…

- La.. la…roue de secours…ça vient pas par paire ça…?


Eh ! Merde ! Voilà ce que j’avais oublié ! Acheter un nouveau pneu de secours…  J’avais crevé il y a quelques mois de cela et je n’avais jamais remplacé ce fichu pneu. Je regardais mon mécanicien avec un air qui en disait long sur la situation actuelle.


- À tout hasard ? Le votre ? Il irait sur la bagnole ou bien… c’est unique à chaque voiture ?  


Peut-être était-ce l’heure tardive  ou alors le désespoir total, mais je me mis à rire de façon incontrôlée.  Il fallait être vraiment très malchanceux pour  se retrouver dans une situation aussi insensée.


Je tendis la main à Azalon afin qu’il se relève et je lui proposais d’acheter son pneu ou…


- … ou accepteriez vous  de me reconduire chez moi? Je n’habite pas très loin… une quinzaine de minutes en voiture tout au plus… Il est tard mais je vous offre le café.  Je me sens vraiment mal de vous avoir fait stopper et entreprendre de démonter ma roue alors que je n’ai même pas de pneu de secours.  


Azalon se releva  et j’éteignis la lampe. Valait mieux en plus de tout autre chose, de pas user les piles inutilement.  Le vent se leva et  je fus parcouru d’un frisson que je ne pu dissimuler.  Pour couronner le tout, la pluie se joignit à la fête et nous nous retrouvâmes bien vite trempé !

Il pleuvait averse. En une fraction de seconde, nous étions trempés jusqu’au os. Lui surement plus que lui car il avait eu la galanterie de me prêter sa veste. Il passa son bras autour de mes épaules et c’est aussi vite que possible que nous allâmes nous mettre à l’abri de la pluie dans sa voiture.

Je riais de plus belle. La situation devenait de plus en plus saugrenue. La crevaison, la roue manquante, la roue déjà utilisé, la pluie... Ma chevelure collait à mon visage tout comme mes vêtements. Mais je me réconfortais en songeant qu’Azalon devait rager tout autant de la situation.


- Quel beau duo faisons nous ! m’exclamais-je en riant Je m’en veux de t’avoir entraîner dans pareille mésaventure.


Je fouillais dans mon sac et j’en sortis un vieux t-shirt. Il fait savoir que je trimballais  toutes sortes de choses là dedans. Le sac à main des femmes devient une entreprise à haut risque pour quiconque  tente d’y fouiller sans  avoir préalablement demandé la permission. Le miens n’échappait pas à la règle.


J’entrepris de m’essorer les cheveux avec le chandail puis de m’éponger le visage et je le tendis finalement à Azalon. C’était mieux que rien. Je retirais ensuite la veste, valait mieux éviter d’en garder trop de trempé; je commençais à trembler de nouveau.


Un éclair déchira le ciel et je bondis littéralement de mon siège pour me cacher le visage contre le torse d’Azalon. J’avais une sainte horreur des orages, je ne les supportais pas le moins du monde.
Je ne tremblais plus de froid mais de peur. Quelle trouillarde je faisais. Le tonnerre gronda puis je relevais la tête, réalisant dans quelle posture incongru je me trouvais et la surprise que cela du être pour mon sauveur qui devait commencer  à regretter de s’être arrêter en route.  


- Pardon… je n’aime pas les orages. La fatigue n’aide pas non plus. Alors… Que faisons-nous maintenant ?

J’avais littéralement bondit dans les bras d’Azalon, le forçant à une manœuvre difficile pour immobiliser la voiture. Pourtant il demeurait d’un calme olympien et réussit à m’apaiser en un rien de temps.


Il faisait noir dans la voiture mais je sentais son regard pénétrant sur moi. Et la radio qui s’égosilla sur du Abba , rien pour donner une chance.  Qu’on le veuille ou non, la situation était propice pour un rapprochement.


Je relevais la tête et Azalon, délicatement, replaça une mèche de mes cheveux.  Le contact du bout de ses doigts sur la peau de mon visage me fit frissonner de la tête aux pieds.  Je n’avais aucune idée de ses intentions, anticipait-il les miennes ?


Mon corps me trahissait, réagissant au quart de tour au moindre mouvement d’Az. Je pouvais entendre sa respiration, qui s’était légèrement accéléré, son haleine fraîche malgré l’odeur de bière qui trahissait son état possiblement avancé.


Il serait facile de le distraire et de trouver à nous réchauffer en allant sur la banquette arrière. Je posais ma main sur la sienne qui vient  recouvrir ma joue puis je tournais légèrement mon visage pour lui embrasser l’intérieur de la paume.


Les secondes égrainaient le début d’un jeu dangereux, un jeu consentant entre deux êtres  perdu aux abords d’une forêt, coincé par l’orage. Qu’y avait-il de mal ? Je n’étais pas fait de bois et lui non plus.


- Je me suis toujours demandé si la banquette arrière d’une Lebaron était confortable…


Parce qu’il fallait bien tendre des perches dans la vie, je passais maintenant aux actes et je m’extirpais de l’avant de la voiture pour rejoindre l’arrière en passant par-dessus les sièges, en riant.  Je n’avais pas envie de passer des heures a attendre que l’orage passe en écoutant les chansons insipides qui s’enchaînaient à la radio  ou a jouer aux devinettes avec Azalon.
Restait à savoir s’il partageait mes ambitions.

Azalon se révéla très fougueux maintenant que les hostilités avaient été lancées.  Le vent soufflait fort à l’extérieur de la voiture, j’avais par moment l’impression qu’elle nous soulevait. Et la plie, tambourinant le toit, conférait une toute autre dimension aux sensations déjà très intense qu’Azalon me procurait. C’était surréaliste comme ambiance.


Il parvînt sans mal à me retirer mon t-shirt et moi de faufiler les miennes sous le sien.  Notre souffle, ne faisant qu’un, et la chaleur que dégageait nos corps couvrait les fenêtre de la voiture de brume.


J’étais à moitié couché sur la banquette arrière, ma tête contre la portière et mes fesses  un peu de travers sur le siège. Malgré l’espace dans l’habitacle, nous n’avions pas choisis la plus vaste salle de jeu.


Je cherchais toujours le contact des lèvres, comme un besoin ardent de le goûter, encore et toujours.  La musique se tue, peut-être étions venu a bout de la batterie de la voiture. Ce qui serait un peu bête quand même, sachant que j’étais moi-même en panne.


Le corps de mon amant d’un soir pesait  sur moi. Je pouvais très sentir son envie  gonfler de minutes en minutes au point ou je cru qu’un peu d’aide lui serait nécessaire alors je l’attirais un peu plus en l’agrippant par sa boucle de ceinture que je dénouais à l’aveuglette et tentais tant bien que mal de descendre son pantalon.


 L’espace exigüe compliquait l’exercice mais je n’en avais cure. Seul le moment présent comptait et ce que nous y faisions. Il passa sa main dans mes cheveux puis la laissa me parcourir en passant par ma joue pour finir sur mes seins.


Mes mamelons répondirent systématiquement à son appel, se durcissant et pointant comme de fière soldat prêt au combat.


Mes mains tremblaient, de froid comme de plaisir,  alors que moi-même je partais à la découverte de son corps brûlant.  Je  n’en pouvais plus, l’attente devenait interminable mais il avait tout le contrôle sur moi et la situation vu notre position actuelle qui ne me permettait aucunes fantaisies.


Mais je n’en avais cure. Tout ceci avait un petit goût d’interdit, un semblant de romantisme qui me propulsait loin dans  mon fantasme de la banquette arrière.

L’intensité n’avait d’égale que l’apothéose du désir ardent qui faisait rage entre lui et moi. De gestes assurés, il fini de nous dévêtir et me positionna à son aise sur la banquette arrière, plaquant son bassin contre le mien, m’arrachant quelques soupirs de satisfaction.


Tout allait soudainement plus vite, mes jambes béantes ouvertes, prenaient appuis à la fois contre le siège conducteur et l’autre,  contre la vitre arrière du passager.


J’avais mal au cul mais je m’en foutais. Il n’y avait pas de meilleure possibilité et il faut dire que mon partenaire d’un soir savait comment me faire oublier l’absurdité de la chose en elle-même.


J’en frissonnais d’avance, le seul contact de son épiderme contre la mienne, son haleine alcoolisée se mêlant à l’humidité de l’air.


Son sexe trouva aisément à s’introduire en moi, me faisant inévitablement cambrer des hanches et, dans un tango sensuel et improbable, nos mouvements faisaient tanguer la voiture d’Azalon.


Je levais un bras et vînt serrer la tige de l’appuie tête du passager avant, me remontant quelque peu sur la banquette, cherchant désespérément à l’embrasser entre deux mouvements bien balancés de hanches.


Mon amant était ivre, puissant et délicieusement expérimenté. Et je le gratifiais bien  de soupirs d’extases.


Un éclair déchira le ciel, le tonnerre gronda de nouveau, mais tout cela n’avait plus aucune incidence sur moi. Seule la fougue à l’intérieur de la voiture captivait toute mon attention alors que je m’offrais à cet inconnu, chose que jamais je n’avais faite et ne referais probablement jamais.  


Pourquoi lui ? Pourquoi ce soir là ? Probablement parce qu’il avait eu une force d’attraction indéniable et que son charme  assumé m’avait séduit à un moment de ma vie ou j’étais faible émotionnellement parlant.


Je me sentais femme, entière, désirée et désirable entre ses mains d’homme viril et puissant.


Je me contenais avec difficulté, me sentant de plus en plus faible et prête à m’abandonner au plaisir de l’orgasme, de la façon la plus égoïste qui soit.


Je voulais le vivre pour moi, pour me sentir femme et forte. Je laissais tomber les dernières barrières auxquelles je m’accrochais encore et je laissais la vague me submerger, jouissant  avec force et passion, dans cette voiture perdu aux abords de la route.