Il avait fallu faire de l’espace, déplacer les meubles de la chambre à coucher pour les entasser au salon si nous voulions pouvoir bouger à quatre là-dedans. Ça n’allait par être évident et chaque fois qu’avec Finan nous étendions la bâche en tissu gris pour protéger le plancher en bois vernis, Irish arrivait à toute vitesse pour plonger en dessous et ensuite, cherchait à tout attraper les mains au travers du tissus.

- Eh bien bravo ! Ton chat est indiscipliné, tu l’élèves n’importe comment !

Je me moquais gentiment depuis ce matin de la façon dont Finan s’y prenait avec Irish parce que plus souvent qu’autrement, le chat obtenait pour finir tout ce qu’il désirait au détriment de son maître. C’était tellement mignon et attendrissant, un jour, il fera un bon papa. En attendant, il ne savait pas dire non à son chat et je sautais sur toutes les occasions de le taquiner avec ça.

- À quelle heure Ivar et Vanya doivent arriver, tu as dit ?

Nous avions invité Ivar et sa petite amie à venir nous aider à repeinturer la chambre de Finan, le couloir ainsi que l’entrée de l’appartement. Cela n’allait pas être une mince tâche surtout que je n’avais jamais peinturé de ma vie et que je ne savais pas si j’avais le talent et la patience pour cela. Ça ne devait pas être si compliqué que ça… Suffisait de tremper le pinceau dans le pot de peinture et de l’étendre sur le mur en faisant attention de ne pas en mettre partout. Je savais manier l’archet, je devais me débrouiller avec un pinceau, non ?

Nous avions prévu de commander des pizzas pour le souper et j’était arrêté en chemin acheter des packs de bières parce que je savais qu’Ivar et Finan auraient rapidement très soif à travailler aussi fort. Tant qu’à y être, j’avais pris des paquets de chips et ne sachant pas qui aimait quoi, j’avais pris un petit peu de tout.

- Elle est russe, non ?  Vanya, je veux dire ? J’aurais dû acheter de la vodka, dans ce cas.

Est-ce que les Russes buvaient de la bière ou bien ils ne juraient que par la vodka ? J’avais fort probablement une idée préconçue des habitudes des Russes et c’était fort probablement parce que c’était la première fois de ma vie que je recevais des gens… enfin, je ne les recevais pas vraiment puisque nous n’étions pas chez moi et que c’était Finan qui avait fait les invitations et qu’il ne s’agissait pas non plus d’une soirée pendant laquelle nous allions partager un bon repas et quelques bonnes bouteilles de vin, mais d’une journée peinture et décollage de papier peint à motifs de fleurs. N’empêche que c’était tout de même la première fois que je me retrouvais dans ce genre de situation et que ça me rendait un rien nerveuse.

Pourtant, je connaissais bien Ivar, nous étions très bons amis et j’étais certaine que j’allais adorer Vanya.

La bâche était maintenant bien installée sur le plancher de la chambre et nous avions placé les pots de peinture de façon à dissuadé Irish de se glisser à nouveau en dessous. Il vaudrait peut-être mieux le mettre temporairement dans la seconde chambre, le temps que l’on termine de peinturer autrement, j’avais peur que le gentil chat vienne mettre ses petites pattes dans les pots et nous crée un chef d’œuvre sur le reste du plancher de l’appartement. Il n’allait pas aimer ça !

Le couple frappa à la porte et je laissais Finan aller ouvrir en me demandant si Ivar allait être juché sur le dos de Vanya. L’image avait de quoi faire rigoler !

- Hey ! Salut vous deux ! Heureuse de vous voir !

Je n’avais plus quitté l’appartement de Vanya depuis les AMA… Mon propre appartement devait prendre la poussière mais je m’en foutais… J’avais juste ramené mes basses, et c’était tout. Est-ce que ça voulait dire qu’on vivait ensemble ? Il semblerait bien…

Il était tard, le soleil était déjà haut dans le ciel mais j’étais toujours en train de récupérer de la nuit de rêve que m’avait fait passée Vanya… J’étais couché dans le lit, sur le ventre, en boxer, les couvertures étaient pas terre… Bref, c’était un peu le bordel.

Je grognai quand j’entendis la sonnerie du téléphone et tendis le bras pour en attraper le cornet sur la table de nuit.

-Résidence de Vanya Kournikova bonjour. Ivar à votre service.

J’avais dit ça d’une voix molle et enrouée de sommeil… Puis je reconnus la voix de Finan ce qui me fit me redresser d’un coup. Quoi ? Single ?! Album ?! Concert ?! Tournée mondiale ?!

Ah non… il voulait juste un coup de main pour repeindre son nouvel appart.

-Tu es sûr que tu veux me mettre un pot de peinture entre les mains ? Bien sûr que je viens aider !

Il m’assura que Vanya pouvais venir aussi. Alors, mon coup de fil terminé, je me levai et sautillai jusqu’à la cuisine où Vanya, vêtue seulement de mon t-shirt de la veille, buvait un café bien chaud. Je m’en servi un tout en lui racontant.

-Le téléphone a sonné alors je me suis permis de décrocher. C’était Finan, il veut un coup de main pour repeindre son nouvel appart… Genre… maintenant.

Je soulevai un bras et reniflai mon aisselle.

-Ok, je vais prendre une douche d’abord.

Je bu mon café cul sec malgré la chaleur de celui-ci. Puis, en m’éloignant vers la salle de bain, je pointai Vanya du doigt.

-Et toi, tu restes sagement ici… Sinon, Finan l’aura jamais, son coup de main.

Quand on fut tous les deux prêts, on prit ma voiture jusqu’à l’adresse que m’avait donné Finan… On avait du utiliser une carte parce qu’on s’était un peu perdus mais finalement, on arriva à l’adresse.

Je sonnai à la porte et c’est Tiff qui vint nous ouvrir…

Je lui offris mon plus beau sourire.

-Tiens, vous aussi, vous vivez ensemble ?

Elle s’écarta pour nous laisser entrer et le lançai un peu plus fort.

-Alors ? Où est mon mulet ?

Lorsque j’ouvris les yeux, je vis avec ravissement le visage d’Ivar qui dormait à poings fermés. Je passais doucement le bout de mon doigt le long de sa ligne de mâchoire puis je déposais un baiser sur le bout de son nez avant de sortir du lit, de fouiller pour trouver le t-shirt de mon petit ami abandonné quelque part sur le sol de ma chambre puis je sortis sur la pointe des pieds pour le laisser dormir. J’abusais énormément du bonheur d’être en couple avec lui, je me devais bien de le laisser récupérer un peu, non ?

Nous ne nous étions pas quittés depuis le soir des American Music Awards, nous avions beaucoup de temps à rattraper. Cette situation était parfaite, pour lui comme pour moi, je ne m’étais jamais sentie aussi heureuse et depuis que j’avais retrouvé ses bras.

J’avais appuyé sur le bouton de mon percolateur et allumé la télévision. J’avais manqué la plupart des infos du matin, la journée avait bien filée pendant que je dormais dans les bras de mon prince Ivar, mais je pouvais en rattraper encore et me tenir au courant de l’actualité. C’était important pour moi, de savoir comment tournait la terre et ses petits parasites, c’est-à-dire, nous, les humains, puisque je travaillais sur un projet d’émission de télé joignant l’actualité général et culturel. Le concept n’était pas encore très défini mais nous avions l’idée de base, fallait développer autour pour vendre notre concept.

Je baillais tout en remuant machinalement mon café noir et Ivar sortit de notre chambre, puisque je pouvais bien dire notre chambre, notre appartement, il était chez lui chez moi, et m’informa qu’il avait répondu au téléphone de la chambre.

- Tu as bien fait, je ne l’ai même pas entendu sonner !

J’étirais le cou pour voir l’appareil au salon mais depuis la cuisine, je ne pouvais pas le voir. De toute façon, si je ne l’avais pas entendu sonner, c’est que je devais encore avoir balancé des coussins dessus. Ivar se versa un café tout en m’expliquant que Finan avait besoin de notre aide pour peinturer son nouvel appartement et j’allais lui demander c’était prévu pour quand mais Ivar me devança pour me répondre et dire que c’était pour maintenant.

- Heu… d’accord ! Ouais, pourquoi pas ? Ça va être génial !

Surtout si Finan utilisait de la peinture à l’eau, non chimique et des contenants réutilisables! Je posais mon mug sur le comptoir avec l’envie d’aller avec Ivar sous la douche mais il m’ordonna de reste sage à la cuisine parce qu’autrement, nous n’irions jamais donner de coup de main à son ami.

- À vos ordres, Dieu !

C’est donc en rigolant que je me dirigeais vers notre chambre pour aller m’habiller et lorsque nous fûmes tous les deux prêts, nous prîmes la voiture d’Ivar pour nous y rendre. Il avait fallu prendre une carte et faire un arrêt dans un 7eleven pour prendre des bières parce que je n’aimais pas arriver chez des gens les mains vides.  Finan avait choisit un beau quartier et de l’extérieur, l’immeuble semblait très classe. Je suivis Ivar et une fois devant la porte, je le laissais frapper.

- Salut !

Évidement, Finan était là, ainsi que Tiffany. Je ne la connaissais pas encore mais Ivar m’avait parlé d’elle, je savais donc qu’ils étaient amis et qu’elle allait former le groupe avec les deux garçons.  Nous entrâmes dans l’appartement et si Ivar lui, demanda où était son mulet, moi, je regardais la tapisserie à motif de grosses fleurs et je compris pourquoi il était urgent de venir donner un coup de main.

- Je ne sais pas si nous ferons un boulot de pro mais on va y mettre du cœur !

Irish nous faisait vivre un enfer. Ok, c'était une bien grand mot... Disons qu'il s'amusait à passer sous la bâche qu'on essayait désespérément d'étendre sur le sol de la chambre. Une chambre qu'on avait totalement vidée pour l'occasion.

Tiffany fit une réflexion sur le façon dont j'élevais Irish. Bon... Ok... J'avoue... Je n’ai absolument jamais engueulé mon chat et chaque fois qu'il demande quelque chose, je lui donne. Je fis une petite moue.

-Bah... Ouais, j'avoue. Mais élever un chat c'est compliqué, tu sais.

Ok, je n'avais pas d'excuse. Et encore là, je n'avais pas engueulé Irish qu’on avait finit pas récupérer pour le mettre dans une autre pièce le temps qu'on puisse travailler.

J'avais téléphoné à Ivar un peu plus tôt pour l'inviter lui et Vanya. Ouais, inviter des gens le jour même, ce n’était pas très malin... Mais, par chance, Ivar et Vanya étaient libre et partant pour refaire la peinture.

Et, évidemment, je n'avais pas dit à Tiff que j’avais invité le couple à la dernière minute donc, quand elle me demanda à quelle heure ils allaient arriver, j’haussai des épaules.

-Heu.. Bientôt. Vers cette heure-ci.

Quand j'avais téléphoné à Ivar il y a peu, pendant que Tiff se préparait, il m'avait dit qu'il se préparait et arrivait donc... Ils ne devraient pas tarder. Je crois...

Tiff avait tout prévu pour l'occasion avec des chips et de la bière mais elle se demandait si elle n'aurait pas dû prendre de la vodka pour Vanya qui était Russe. Je rigolai un peu.

-Tu crois que tous les russes boivent de la vodka ? Au pire, je descendrais en chercher.

Je dis ça en lui volant un baiser avant qu'on ne finisse, finalement, par mettre la bâche.

Puis, on toqua à la porte. Certainement nos invités. Si Tiff sembla vouloir me laisser aller ouvrir, je lui laissai l’honneur d’y aller à ma place. C’est ce qu’elle fit et j'entendis très vite la voix d’Ivar et de Vayna. Un Ivar qui constata qu’on vivait ensemble, aussi, ce qui m'arracha un sourire. Il vivait, donc, avec Vanya. Intéressant. Et à sa question, je dis un moue et m'approchai, les bras croisés.

-Je suis là. Et je ne suis pas un mulet. Content de vous voir tous les deux.

Ils avaient apporté des bières. On ne sera vraiment pas à court de bières. Enfin, je pense... Les bières ça part vite...

Quant à Vanya, elle sembla regarder le papier peint et disait qu’on allait y mette du coeur. Je rigolai. C’est vrai qu’il y avait du boulot. Je m’étais, d’ailleurs, habillé pour l’occasion avec un vieux jeans et un vieux débardeur.

-Ouais, le principal c'est que le vert de ma chambre disparaisse. Venez.

Je les entraînait dans la chambre pour leur montrer le vert.

-Tout ça... Je le veux en bleu je sais plus quoi.

J’avais oublié le nom du bleu. Puis je regardai Ivar et Vanya avant d’esquisser un sourire.

-Alors, c'est pour quand le mariage ?

Je rigolai en disant ça.

Finan e défendit en avouant que d’élever un chat, ce n’était pas facile. Je le considérais du regard un instant avant de me caresser le ventre et de prendre un air songeur.

- Et tu feras comment avec le notre ?

Il serait fort étonnant que je soi enceinte et encore plus étonnant que je le sache déjà après si peu de temps mais pour voir son air, ça valait la peine de jouer la comédie. J’éclatais de rire et lui volais un baiser avant qu’enfin, nous parvenions à installer la pièce de façon à pouvoir la repeindre sans en foutre partout. Ensuite, je me questionnais à savoir si j’aurais dû acheter de la vodka pour Vanya et Finan me demanda si tous les Russes en buvaient.

- Bien sur que oui ! Comme tous les Irlandais boivent de la bière !

Mais bon, les Russes comme les Irlandais ne buvaient pas que ça et Vanya serait certainement heureuse de savourer une bonne bière fraîche avec nous.

Nos amis arrivèrent et ils semblaient de bonne humeur et paré à attaquer le boulot. Ivar cherchait déjà après Finan en demandant où était son mulet et Vanya, scrutant le papier peint de l’entrée, affirma qu’ils y mettraient du cœur. Tant mieux, il nous en faudrait. Du cœur et de l’huile de coude !

- Super ! Nous ne demandons pas plus que ça !

Je me sentais réellement à l’aise, c’était un très bon signe pour la solitaire que j’étais. J’avais peut-être trouvé mon unité, mon tout nécessaire à mon petit bonheur. Un petit ami, un couple d’amis, c’était une belle formule.

Nous suivîmes ensuite Finan qui expliquait qu’il voulait à tout prix se débarrasser du mur vert de la chambre pour le remplacer par un bleu…

- Prince Noir, Finan. Le nom du bleu c’est Prince Noir.

Je ne choisissais pas les noms des couleurs, mais parfois, c’était à se demander ils prenaient leurs inspirations où ? Je pourrais faire ça, moi, trouver des noms de couleurs pour beaucoup moins cher, j’en était certaine!  Bref, là n’était pas la question. Nous voulions repeindre la chambre de Finan… ou était-ce notre chambre ? Peu importe, nous y dormirions bien mieux avec une belle couleur qu’une couleur mal de mer-besoin de vacances-je me sens dépressive !

Il ne fallait pas oublier le couloir et l’entrée.

Là aussi, nous allions en suer un coup !

Et d’ailleurs je me demandais s’il ne valait pas mieux se mettre deux sur l’arrachage du papier peint et deux sur la peinture de la chambre pour finir ensuite dans le couloir ou bien si nous devions être tous les quatre en même temps sur le même projet. J’allais poser la question mais Finan en avait une tout autre, tout aussi intéressant.

- Ooooh ? Un mariage dans l’air ?

Vanya éclata de rire et embrassa ensuite son amoureux et lui laissa le soin de répondre. Forcément, ça me fit repenser ;a la proposition non fondée de Finan.

- Je crois que je vais dire oui, Finan… même si tu ne m’as pas posé la question.
Est-ce que je l’avais pensé… où bien l’avais-je dit tout haut ?

Vanya était resplendissante et il me tardait de mieux la présenter à ceux qui allaient former mon groupe, The Warriors. Ils s’étaient bien croisés aux AMA, mais n’avaient pas vraiment pu parler… on avait passé notre soirée chacun de notre côté. Mais il fallait dire qu’à cette époque, j’étais encore le seul à faire partie du groupe de Finan.

Adieu donc les robes de gala et les costumes. On les avait troqués pour de vieux habits qu’on pouvait ruiner complètement si on le voulait.

Ce fut Tiffany qui vint nous ouvrir avec un sourire accueillant ! Je demandai s’ils vivaient ensemble mais je n’eus pas vraiment de réponse. Pas grave. J’étais déjà à la recherche de mon mulet préféré qui ne tarda pas à arriver avec son air bougon barbu. Mais il était content de nous voir ce qui peignit un grand sourire sur mon visage.

-Les renforts sont là… A quatre, on va te redécorer ça en moins de deux !

Vanya aussi était prête à mettre la main à la pâte et je lui volai un baiser.

Finan voulait nous montrer la chambre qu’il voulait absolument changer de couleur. Je le suivis, main dans la main avec Vanya qui portait toujours les bières dans sa main libre. Et Tiffany suivait. Une fois dans la chambre, je m’exclamai :

-Beurk ! Qui c’est qui a vomi sur les murs, Finan ?!

Il voulait tout ça en bleu… Un bleu qui s’appelait Prince Noir d’après Tiff. Et pendant quelques secondes où je louchai presque, je réfléchi à l’anomalie. Bleu ou noir ? Tel était la question…

-Pourquoi ils ont appelé un bleu Prince Noir ?

Je déchargeai alors Vanya des bières qu’elle portait alors que Finan demandait c’était pour quand le mariage et que Tiff s’exclama…

-Ohlà ohlà mulet… On se calme… On est encore jeunes, nous.

Je souris à Vanya… Un jour, je la demanderais en mariage, j’en étais certain. Mais pas tout de suite. Pourquoi ? Simplement parce que je ne me sentais pas prêt.

Et Tiff de dire « oui » à Finan même s’il n’avait pas encore posé la question. Je m’esclaffai.

-Ahah ! Je le savais ! Vous vivez ensemble !

Je mis une grande tape dans le dos de Finan.

-Et c’est toi qui va te marier le premier !

Je soulevai les bières que j’avais prises dans la main de Vanya.

-Où est-ce qu’on peut mettre ça au frais Finan ? Qu’on puisse se mettre au boulot ?

Ne pas aller rejoindre Ivar sous la douche avait été une torture mais je m’étais montrée raisonnable si nous voulions aller rejoindre Finan pour l’aider à redécorer son appartement, c’était la mission qui nous était confié aujourd’hui. Ça me plaisait vraiment de faire des trucs avec les amis d’Ivar, elle était loin l’époque où ils lançaient des petits pois dans le décolleté des filles. Bref, nous étions tous les deux enjoués et c’est avec nos meilleures intentions, notre volonté de fer et un pack de bière que nous nous étions présentés au nouvel appartement du chanteur.

Ce fut Tiffany qui nous accueillit, il semblait qu’Ivar n’était pas le seul à puiser ses énergies dans les bras de sa douce. Il y avait donc beaucoup d’amour dans l’air. De l’amour et de l’amitié. Ivar me fit bien rigoler en s’exclamant à la recherche de son mulet comme quoi, des choses ne changeaient pas et je saluais Tiffany en entrant, regardant la décoration que nous avions à changer.

Il n’y avait pas que l’entrée de l’appartement qui avait besoin d’un rafraichissement. La chambre des maîtres était affublée d’un mur vert… je ne savais pas trop comment le qualifier mais Ivar trouva les mots que je n’aurais osé prononcer. Mais ce qu’il disait n’était pas loin de la vérité.

Finan vouait ça bleu, un bleu avec un drôle de nom mais qui ne pouvait pas être pire que le vert actuel.

- Je pense que cela doit venir du fait qu’on dit que la royauté a le sang bleu et peut-être que ce prince avait un esprit noir et donc, par association, ils ont déterminé que cette couleur était celle du Prince Noir ?

Je trouvais que cela avait beaucoup de sens et j’étais plongée dans mes pensées quand Finan demanda pour le mariage ce qui me ramena brutalement à la réalité.

- Ola, non ! Pas de mariage de prévu, pas pour tout de suite en tous les cas !

Non pas que je ne rêvais pas de me marier, bien au contraire et plus encore maintenant que mon prince charmant était de retour dans ma vie, mais, pas tout de suite. Je voulais prendre mon temps de vivre tout ce que la vie pouvait nous donner de vivre avant de nous engager officiellement. Peut-être aussi que je voulais m’assurer que la passion qui nous dévorait en ce moment était là pour durer et n’était pas simplement le résultat de longues années à se languir l’un de l’autre et à idéaliser une relation que nous n’avions pas eu le temps de vivre.

En revanche, Tiffany elle, semblait prête à franchir se cap, c’est ce que sa phrase semblait vouloir dire. Même Ivar l’avait capté, ou bien nous étions tous les deux dans le champ ? Ce serait fort surprenant et même si c’était tentant d’investiguer plus, je préférais ne pas le faire puisque je ne les connaissais pas vraiment et que je ne savais pas jusqu’où une taquinerie pouvait aller avec eux. Je ne voudrais pas froisser quelqu’un ou les obliger à une conversation qu’ils ne voudraient pas avoir tout de suite.

Ivar me prit ensuite le pack de bière des mains, je n’y pensais même plus tant tout avait été intéressant jusque-là.

- J’ai penser que des bières seraient plus appropriées avant de t’offrir une plante!

Quand il sera installé, je pourrais mieux trouver quelque chose à offrir comme un cadre, une toile ou une plante.

- Je suis prête quand vous l’êtes ! Vous voulez faire ça comment ? On décide ça en buvant une première bière pour se mettre dans l’esprit ?

Lorsqu’on évoqua la façon dont j’élevais Irish, je ne m’attendais pas à ce que Tiffany se mette à caresser son ventre en demandant comment j’allais faire avec le nôtre. Je m’arrêtai de bouger d’un seul coup prenant un air interdit.

Quoi ?

Elle… Naaan… Pas possible… Si ? Je ne savais pas quoi répondre mais quand elle se mit à éclater de rire, je me détendis un peu avant de lâcher :

-J’avoue… J’y ai cru…

Il faut dire que Tiffany savait se rendre convainquant. Mais j’avoue être légèrement soulagé. Pas parce que je ne voulais pas d’enfants. Ce n’était pas ça. Mais parce que je n’y étais certainement pas prêt. Surtout alors même qu’on ne vivait pas encore ensemble.

Enfin, je crois.

Mais je me permis quand même de répondre :

-Et… J’imagine que je ferais comme je peux avec le nôtre.

Je rigolai un peu. J’imagine que c’est ce que tous les parents font.

Tiffany parla, ensuite, du fait qu’elle aurait peut-être dû apporter de la vodka parce que Vanya était Russe alors je lui demandai si tous les Russes buvaient de la vodka et elle rétorqua que « oui », tout comme tous les Irlandais buvaient de la bière. Je rigolai. Elle n’avait pas tellement tort.

Puis, Vanya et Ivar arrivèrent et c’est Tiff qui alla leurs ouvrir. Ivar était fidèle à lui-même quant à Vanya, je la découvrais pour la première fois en dehors de la télévision et des AMA.

Ils étaient prêt à mettre la main à la pâte alors j’emmenai tout ce beau monde dans la chambre où se trouvait l’horrible mur vert. Ivar demanda alors qui avait vomi sur mon mur. Je pris un air pensif avant de répondre :

-La dernière locataire ?

Ce n’était pas très sympa… Alors, je rigolai un peu.

-La pauvre, je ne sais même pas qui c’est.

Mais je savais que c’était une femme. C’est Tom Harrison qui me l’avait dit. Il avait d’ailleurs dit que je pouvais redécorer comme je voulais.

Et c’est un bleu Prince Noir qu’on allait repeindre. Oui, Tiff venait de me rappeler le nom. Il faut dire qu’appeler un « bleu », « noir », ce n’était pas tellement facile pour la mnémotechnique.

D’ailleurs Ivar se demandait pourquoi ça s’appelait comme ça et Vanya sorti un théorie. Je pris un air pensif avant de rétorquer :

-Oui, c’est une bonne théorie. Le principal c’est que ce bleu fasse disparaitre ce vert.

Et moi, comme ça, sans prévenir, je demandai s’il Ivar et Vanya allaient se marier. Je disais ça pour les taquiner, bien sûr. D’ailleurs, les réactions ne tardèrent pas à arriver. Vanya disait que ce n’était pas prévu et Ivar, lui, disait qu’ils étaient encore jeune « eux ». Je fis une petite moue.

-Je ne suis ni un mulet, ni vieux… J’ai 33 ans, Ivar…

Mais je ne m’attendais pas à ce que Tiffany dise que, même si je ne l’avais pas demandé en mariage, elle me disait « oui ». Je m’attendais à ce qu’elle éclate de rire comme tout à l’heure mais… Non… C’est sérieux alors ? Je la regardais alors qu’Ivar s’exclama qu’on vivait ensemble avant de me taper dans le dos disant que j’allais me marier le premier.

Moi, je regardais toujours Tiffany d’un air interdit avant de me reprendre.

-Oui… Visiblement, je vais me marier en premier.

J’affichai alors un sourire complice à Tiffany. Je n’avais même pas encore rencontré ses parents mais… Mais apparemment, on était fait pour bruler toutes les étapes.

-Après tout, je suis vieux, apparemment, alors autant faire vite.

Je vis un clin d’œil à Tiffany avant que Ivar ne me ramène à la réalité et ne demande où il pouvait mettre les bières au frais.

-Dans la cuisine. Il y a un frigo.

Je lui montrai du doigt le chemin de la cuisine et lui lançai :

-Ah et ramène celles qui sont déjà dans le frigo. Tout un pack. Il  nous faudra bien ça pour le premier quart d’heure.

Vanya, elle, expliqua qu’elle trouvait les bières plus approprié comme cadeau qu’une plante.

Je rigolai :

-C’est clair. Il n’y a pas mieux comme cadeaux.

Quand Ivar revint avec les bières, j’en pris une alors que Vanya se demandait quelle serait le plan d’attaque. Je montrai la bière que j’avais déjà décapsulé.

-Oui, je suis pour faire un plan en buvant.

Je faisais souvent des plans en buvant.

-Vous préférez quoi ? A quatre sur ce mur ou on fait deux et deux ? Deux dans le hall et deux dans la chambre ? De toute façon, avec les portes grandes ouvertes on s’entendra tous.

J’avais déjà bu la moitié de ma bière.

-Chérie ? Tu préfères quoi ?

Je regardais Tiffany étant certain que, niveau organisation, elle devait être plus douée que moi. Enfin… Je suis doué pour organisée les Los Diablos mais ce n’est pas pareil que d’organiser une journée peinture.

Nos renforts étaient arrivés et ils semblaient en pleine forme et très, vraiment très amoureux, en tous les cas, ils étaient beaux à voir. J’avais hâte de connaître davantage Vanya parce que je connaissais tout de même assez bien Ivar et pour un bout en train comme lui, il lui fallait une femme avec tout autant d’énergie.

Il fallait repeinturer la chambre, c’était la priorité et certainement retirer l’affreux papier peint de l’entrée sans parler du couloir, bref, nous avions du pain sur la planche mais avec les bières et les chips que nous avions, nous pourrions compter sur un renouvellement d’énergie presque qu’illimité pour tenir jusqu’au bout. Ivar me fit éclater de rire en demandant qui est-ce qui avait vomit sur le mur. La question différait quelque peut d’une tête à l’autre mais finalement voulait un peu dire la même chose : Qui est-ce qui a l’idée de peinturer un mur avec une couleur aussi horrible ?

- Probablement un daltonien !

Nous savions qu’il s’agissait d’une femme mais sans plus et ça n’avait aucune importance.

Ivar ensuite s’étonna du choix du nom de la couleur. C’est vrai, quand on y songe, que ça n’avait rien à voir mais Vanya avait une très bonne explication. Belle, intelligente et un bon sens de l’humour, mouais, à première vue, elle pouvait être la femme parfaite pour mon ami et collègue.

Je regardais ensuite, amusée, le couple parce que Finan demanda s’il n’y aurait pas un mariage en l’air mais tous les deux avaient le pied bien enfoncé sur le frein. Ils étaient jeunes, ils n’étaient pas prêts, ils avaient leurs raisons mais… ne suis-je pas jeune, moi aussi ? Et Finan n’est pas si vieux alors… Alors je devrais faire taire la petite voix impulsive qui hurle dans la tête depuis que Finan a blagué sur l’idée que je puisse venir m’installer ici avec lui.

Je ne pus, malgré tout, m’empêcher de m’exclamer que je dirai oui, s’il me posait la question. Je ressentais une urgence de vivre alors que jusqu’à tout récemment, je ramais si lentement que j’aurais pu naviguer à contre-courant! J’étais on ne pouvait plus sérieuse alors que Finan me regardait d’un air fort probablement surpris, certainement amoureux mais aussi quelque peu confus. Je sais que c’était soudain mais… peut-être que parfois dans la vie, les choses fonctionnent comme ça, sans que l’on se pose de questions, sans qu’on les planifie.  Je répondis à son sourire quand il répliqua à Ivar que visiblement, il allait se marier le premier.

- Tellement vieux ! Nous allons nous marier avant la fin de l’année et avoir notre premier bébé l’été prochain ! Non… non je rigole… Peut-être pas l’été prochain, quand même !

Il y avait rapide et rapide… Je préférais encore le rapide et sage.

Ivar pouvait aller mettre les bières dans le frigo et nous en ramener des froides afin que nous puissions commencer le travail. J’espérais pouvoir dormir dans la chambre ce soir mais pour cela, il n’y avait pas une minute à perdre si nous voulions avoir terminé la peinture, aérer la chambre puis replacer les meubles, le lit au moins.

Nous avions maintenant chacun notre bière, nous pouvions passer à un plan d’attaque, comme le proposait Vanya. La pièce était trop petite pour qu’on y soit tous les quatre. Nous allions rapidement nous marcher sur les pieds alors quand chéri me demanda mon opinion, je lui répondis sur un ton légèrement moqueur parce qu’il venait d’affirmer un rien de plus, notre statut de couple en m’appelant chérie. J’avais droit a mon premier petit nom amoureux et je trouvais cela franchement mignon en plus d’être agréable à entendre.

- Et bien, mon amour, je pense que Vanya et moi pourrions nous attaquer au papier peint de l’entrée et Ivar et toi à la peinture de la chambre.

Et comme il le disait, la porte ouverte, nous pourrions parler sans aucun souci. Alors avec Vanya, nous allions remplir des chaudières d’eau chaude, le plus chaud que nous pourrions le supporter et avec de grosses éponges et des grattoirs nous appliquions les éponges chaudes sur le papier peint pour faire se dissoudre la colle et ensuite, gratter pour le retirer. Heureusement pour nous, l’ancienne locataire n’avait pas demeurer ici très longtemps ce qui fait que la colle n’avait pas fusionné avec le mur comme cela aurait été le cas après plusieurs années. Le papier peint se retirait plutôt bien.

- Alors, Ivar et Vanya ? Allez-vous aménager ensemble vous aussi ?

Ma Vanya avait sa théorie quant au nom de la couleur choisie par Finan pour sa chambre. Et pas seulement une théorie… C’était tout un conte de fée qu’elle nous raconta presque… Je lui volai un baiser…

-Heu… Ouais, peut-être… Ou la vodka augmente l’imagination… à voir…

Je rigolais avant de presque m’étouffer quand Finan parla mariage… Non, ce n’était pas pour tout de suite et Vanya et moi, on était d’accord là-dessus… Nous voulions vivre notre amour d’adolescent en espérant que celui-ci gagnerait en maturité et serait fait pour durer.

Ce qui ne m’empêchait pas d’imaginer Vanya en robe de mariée. Une robe qui mettrait ses formes en valeur sans être vulgaire… Elle serait magnifique…

Je pris le pack de bière pour aller le mettre au frais dans la cuisine, non sans dire à Finan que nous on était encore jeune pour se marier, ce qui n’était pas son cas… Il se renfrogna, disant qu’il n’était pas un mulet et qu’il n’était pas vieux… Qu’il n’avait QUE 33 ans…

-Vieux.

Et je rigolai quand Tiffany dit « oui » à une question que Finan ne lui avait même pas encore posée. Celle du mariage, justement. Je pouffai de rire à la réaction de Finan qui, visiblement, ne s’attendait pas à ça… mais qui ne dit pas « non » non plus. Et j’éclatai carrément de rire quand il confirma qu’il était vieux et qu’il valait mieux faire vite. Pire encore quand Tiffany parla d’un bébé pour l’an prochain.

Quand je me fut un peu calmé, je demandai à Finan où je pouvais mettre les bières au frais. Il me désigna la cuisine et je sautillai jusque-là avant de ramener un pack de bières fraîches.

Je posai les bières à terre sur la bâche de la chambre et servi tout le monde, moi le dernier. Il fallait faire un plan !

Je pris une longue gorgée de bière.

-C’est comme les filles préfèrent…

Ce fut Tiff qui trancha… Elle et Vanya allaient s’occuper de détapisser le hall et nous, on allait s’amuser à peindre la chambre de cette magnifique couleur qu’était le Prince Noir !

Mon sourire s’allongea… Un sourire qui n’annonçait rien de bon pour Finan… Et quand il me tourna le dos pour faire face au mur, je sautai sur son dos, renversant un peu de bière sur son vieux t-shirt…

-Allez, Mulet ! Hue !

Je redescendis très vite de son dos pour tremper un pinceau dans la couleur et écrire au mur « The Warriors rules !!! »

-Qu’est-ce que t’en dis, Finan ?

De là où on était, avec les portes ouvertes, on pouvait voir et entendre les filles alors je répondis à la question de Tiff…

-Ben en fait… Je suis rentré chez Vanya après les AMA… Et j’en suis jamais ressorti… Alors je suppose que ouais, on vit ensemble… Et vous deux ?

La nouvelle couleur pour la chambre de Finan était beaucoup plus belle que le vert déjà là. Le nom n’était pas commun, Prince Noir et j’y voyais une histoire un peu romanesque pour expliquer le choix. Finan, Tiffany et Ivar me regardèrent alors que j’avais exposé ma théorie sur le sujet puis mon amoureux ironisa en disant que ce devait être la vodka qui augmentait mon imagination.

- Ça expliquerait pourquoi j’en ai beaucoup, alors !

Ivar et moi étions très amoureux, à un point tel que nous ne nous étions plus quittés depuis le soir des American Music Awards. Autant lui que moi étions bien ensemble et si cela revenait à dire que nous vivions ensemble, eh bien moi, ça m’allait. Mais de là à penser au mariage, il y avait une marge.

Cependant, le mariage semblait trotter dans la tête de Tiffany. Je ne la connaissais pas et je ne pouvais pas non plus prétendre bien connaître Finan mais si pour eux le mariage représentait l’étape logique suivante, alors je ne pouvais que leur souhaiter tout le bonheur du monde.

- C’est l’âge à laquelle le Christ est mort, 33 ans…

Il avait été crucifié parce qu’il avait été jugé dérangeant, ça n’avait rien à voir avec l’âge mais je trouvais ça quand même drôle de le dire.

Ivar alla mettre nos bières au frais et ramena de celles de Finan déjà fraîches et en fit le service. J’en prit tout de suite une longue gorgée pour me donner du courage, je suppose.

Il fallait savoir comment nous allions nous y prendre pour organiser le chantier. Nous ne pouvions pas être les 4 dans la même pièce, quelqu’un allait finir par se mettre les pieds dans les plats de peinture ou donner un coup de rouleau dans le dos d’un autre. Alors il fut décidé que Tiffany et moi allions commencer par l’entrée de l’appartement et que les garçons eux, feraient la peinture de la chambre des maîtres.

Tiffany nous avait équipées de seaux et d’éponges pour faire décoller le papier peint et je commençais déjà à appliquer mon éponge et à gratter. Ça se passait plutôt bien mais je reculais de quelques pas pour jeter un œil dans la chambre alors que j’entendis Ivar s’exclamer.

- Tu devrais signer ton œuvre, Ivar et Finan, poser un cadre en bois tout autour!

Ce serait la classe !

Je retournais à ma tâche et Tiffany voulu savoir si nous avions l’intention d’aménager ensemble nous aussi. Je souriais, rêveusement, en frottant on éponge sur le mur avant de gratter avec la spatule. Ivar expliqua qu’il était venu chez moi le soir des AMA et qu’il n’était jamais ressortit, façon de parler bien sûr.

- Oui, je pense qu’on peut dire que nous vivons ensemble. Que voulez-vous ? Je dors tellement mieux ma tête au creux de son épaule !

Il retourna la question en effet miroir aux tourtereaux et j’étais curieuse moi aussi de connaître la réponse. Il formait un très beau couple vu de l’extérieur et avec ce que je connaissais d’eux. Ils étaient ce genre de couple que j’aimerais côtoyer avec mon amoureux, faire des sorties à quatre comme des soupers ou des cinémas ou un bowling, pourquoi pas. Tiffany rougit et sembla se concentrer sur sa tâche sans vraiment l’être puis elle me regarda du coin de l’œil en souriant. Je voyais bien qu’elle ne savait pas quoi répondre et son expression était mignonne comme tout.

- Faut croire qu’il y a une extension à la saison des amours !  Je lève ma bière à nous !

Ma bière et mon éponge !

On avait tous un avis en commun : ce vert était horrible. Quant au nouveau bleu qu’on allait mettre par-dessus il avait un nom qui ne manqua pas de faire travailler l’imagination de Vanya qu’Ivar remit sur la vodka. Je pouffai de rire alors que Vanya repris la blague au vol. N’empêche, elle devrait avoir du courage pour vivre tous les jours avec les blagues d’Ivar.

Après ça, j’avais demandé à Ivar et Vanya quand est-ce qu’ils se mariaient mais ils dirent, presque en cœur, qu’ils étaient trop jeune pour ça avant qu’Ivar n’ajoute, en sous-texte, que j’étais vieux.

Non !

Je ne le suis pas !

Je n’ai que 33 ans !

Mais Ivar persistait et Vanya déclara que 33 ans, c’était l’âge de la mort du Christ. Je regardai d’un coup Vanya l’air interdit.

-Ouais ben… J’espère que je ne ferais pas comme lui…

Parce que c’était pas gagné… Déjà que j’avais failli faire mon Jésus quand Ward Fleming s’était amené à l’entrepôt des Los Diablos… D’ailleurs, cette pensée me fila un rien la nausée avant que Tiffany ne me change totalement les idées en insinuant qu’elle, elle était prête au mariage. Si ça me surpris, je ne dis pas « non »… Au contraire… Je me suis même qualifié de vieux, pour la cause. Et Tiff renchérit parlant même d’enfant avant de me faire rire.

-Ouais… Peut-être pas l’été prochain.

Le mariage, c’était déjà un énorme pas… Et si on jetait des choses, comme ça, comme si c’était des blague tout ça sonnait comme… Plus sérieux qu’on ne pouvait certainement le croire.

D’ailleurs, l’espace d’un instant, je nous imaginais tous les deux avant, avec nous, un petit enfant aux cheveux roux. Le même magnifique roux que Tiffany.

Mais je revins vite sur terre pour m’ouvrir une bière et préparer le plan que, finalement, je décidai de laisser entre les mains de Tiffany. Ivar aussi semblait vouloir laisser décider les filles.

Et c’est avec un « mon amour » que Tiff décréta le plan qui me convenait assez bien. Je lui fis un clin d’œil.

-Bonne idée.

On se sépara alors et les filles préparèrent ce qu’il leur fallait alors que je me tournai pour ouvrir les pots de peinture, Ivar sauta sur mon dos me faisant renverser un peu ma bière sur moi.

-Hey ! Je suis pas un mulet ! Descend !

Il descendit et je me tournai vers lui en faisant la moue et en mettant ma bière froide contre mon épaule à peine cicatrisée et maintenant douloureuse.

Mais Ivar avait déjà pris un pinceau et l’avait trempé dans le pot pour écrire, sur le mur, une phrase qui m’arracha un sourire.

-Ah ça, c’est une belle œuvre !

Vanya proposait que je mette un cadre autour. Je fis une moue pensive.

-C’est pas une mauvaise idée. Ne repasse pas dessus.

Je trempai moi aussi mon pinceau et commençai à peindre alors que Tiff, elle commença la conversation. Elle demanda depuis quand Ivar et Vanya vivaient ensemble. D’après Ivar, c’était depuis les AMA et la réflexion de Vanya me fit comprendre que le couple était très amoureux.

-Je comprends.

Oh que oui, je comprenais ! Pas à quel point il était agréable de dormir avec Ivar (ah ça, non !) mais à quel point il était agréable de dormir avec celui ou celle qu’on aimait.

Mais Ivar avait renvoyé la question et un silence suivit… Parce que… Je n’en savais rien en fait… Et très certainement que Tiff non plus. Vanya elle, n’attendit pas la réponse pour faire une réflexion qui me fit rigoler alors que je levai ma bière aussi avant d’en boire une grosse gorgée.

-Ouais… Disons que Tiff vient quand elle veut et qu’elle vient souvent alors… Je ne sais pas… Peut-être qu’on vit ensemble ou peut-être qu’on ne vit qu’à moitié ensemble. On devrait inventer un terme pour expliquer notre situation.

Je dis ça en rigolant.

-En fait, on a décidé de faire les choses dans le désordre. D’abord les enfants, puis le mariage, puis vivre ensemble, puis on se présente à nos parents.

C’était une blague, bien sûr. Je rigolai d’ailleurs.

-Je déconne. Mais ça serait concept.

J’étais concentré sur ma peinture avant de lancer :

-Au faire, tu as déjà présenté Ivar à tes parents, Vanya ? Ils ont vu le cas que c’était ?

Je dis ça en pouffant de rire avant de reprendre un peu mon sérieux.

Pour Ivar, l’imagination de sa douce était un effet de la vodka ce qui fit conclure Vanya que c’était pour cette raison qu’elle en débordait. Le moins que l’on pouvait dire c’était que c’est deux là avait une belle complicité et de la répartie. Leurs conversations autour d’un verre devaient être tout sauf ennuyantes !  Ils avaient même taquiné mon gros nounours Irlandais sur son âge et je ne pu m’empêcher que de rigoler.

Il fallait donc penser à brûler quelques feux rouges pour accélérer la cadence ! Planifier notre mariage et la venue de notre premier bébé, pas de temps à perdre. C’était bien une blague que je faisais, je ne comptais pas fonder une famille avant quelques années encore mais le mariage ? Pourquoi pas ! Avec ce que m’avait révélé Finan, je sentais comme une urgence de vivre et sans forcément impliquer des enfants là-dedans, au moins y aller à fond lui et moi.

Une fois tous les quatre une bière en main, nous avions convenu que Vanya et moi nous nous occuperions de l’entrée et Finan et Ivar feraient la chambre. Je trouvais que c’était une bonne formule et nous pûmes tous nous mettre au travail. Bien sûr, il ne fallu pas longtemps pour qu’Ivar laisse sa griffe sur un mur, si au moins ça avait été celui qu’il fallait repeindre ! Vanya suggéra de mettre un cadre autour et, ouais, pourquoi pas ?

- Ça a mon vote pour que ça reste là avec un cadre autour !

Quoi que, avais-je mon mot à dire ? Je veux dire, je pouvais donner mon opinion mais officiellement, nous nous trouvions chez mon petit ami et non pas chez Finan et moi… Il allait vraiment falloir qu’on en rediscute tous les deux, tranquillement, à tête reposer. Je me devais de lui exposer mes craintes, il comprendrait peut-être pourquoi depuis, j’avais enclenché la vitesse supérieure et que je fonçais dans notre relation de couple sans jamais m’arrêté pour reprendre mon souffle.

Ivar et Vanya étaient inséparables depuis la soirée des American Music Awards et la façon dont avait eu Vanya de le dire était tellement romantique que j’en eu des étoiles dans les yeux et des papillons dans le ventre.

- Wow… c’est beau !

Finan et moi avions été plus lent sur le départ, mais nous nous étions bien reprit depuis… avais-je besoin de le répéter ? Mais Ivar voulait savoir ce qu’il en était pour nous deux et je pris un moment de réflexion, cherchant un peu quand le déclic avait eu lieu, parce qu’il avait eu lieu avant cette histoire de gang et de coup de feu… mais c’était tout de même ce qui m’avait fait foncer et ça, je n’allais pas le révéler.

- C’est comme Finan le dit et un peu comme pour vous deux, aussi. Je veux dire, je suis bien quand je suis avec lui et je n’ai pas envie d’être ailleurs que dans ses bras alors, forcément ça me fait passer beaucoup de temps chez lui et ici c’est plus près du studio.

Ce n’était pas faux ! Le lieu de résidence de mon amoureux était mieux, stratégiquement parlant pour aller au studio de MTI et… pour son deuxième boulot.

- Une colocation à mi-temps ?

Je cherchais comment le dire, parce que Finan cherchait lui aussi le terme le plus juste. Et il me fit éclater de rire en énumérant les étapes de notre relation.

- Hey ! Ce n’est pas con comme façon de faire ! Nous devrions essayer !

Non, je ne voulais pas vivre les choses comme ça. Je voulais vivre avec Finan et plus tôt que tard. Puis Finan voulu savoir si Vanya avait présenté Ivar à ses parents. J’arrêtais de passer l’éponge sur le mur pour être attentive à la réponse de la belle blonde parce que j’avais besoin de tuyaux sur le sujet. Je n’avais aucune idée de comment ni quand je présenterais Finan à mes parents. Je pouvais anticiper le choc à l’avance ! Les commentaires de mes parents qui m’avaient toujours imaginé avec un homme politique en vue ! Quelqu’un d’influent… pas un musicien ! Eh oui ! Malgré le fait que ma mère ait été toute sa vie dans un orchestre symphonique, malgré leur passion commune pour la musique, que je sois amoureuse d’un chanteur pour eux n’était pas suffisant, c’était même désolant. Alors oui, si Vanya avait des trucs et conseils, j’allais les prendre !

- Ivar est un cas ? Attend, nounours, t’as pas encore rencontré mes parents !

Et je me mordis l’intérieur de la joue parce que je venais de laisser aller un mot qui n’allait pas échapper à Ivar…

On charria un peu Finan sur son âge… il était bien plus vieux que nous mais protestait… Et c’était un mulet récalcitrant ! Je vis ça quand je tentai de monter sur son dos et qu’il m’éjecta presque. Puis, je pris un pinceau pour écrire en Prince Noir le nom de notre groupe sur le mur. Vanya me félicita avant de dire à Finan qu’il devrait mettre un cadre autour.

Avec l’accord de Finan, je signai mon œuvre « Ivar l’Infirme » comme on m’appelait à l’école. Puis on nous demanda si on vivait ensemble… Je répondis par l’affirmative.

-D’ailleurs mon appartement prend la poussière… Avec tout ce qu’il y a dedans. Faudra que je pense à VRAIMENT déménager mais… la flemme.

On retourna la question à Finan et Tiff qui étaient plus hésitants. Et en fait, ils n’avaient pas vraiment de terme pour définir ce comment ils vivaient. Et Tiff trancha pour une colocation à mi-temps…

Je souris.

-Oh vous devriez vous lancer.

Puis Finan dit qu’ils allaient tout faire à l’envers… d’abord les enfants, puis le mariage puis vivre ensemble, puis rencontrer leurs parents… Ouvris grands les yeux et grand la bouche, le prenant au sérieux.

-T’es fou ou quoi ?

Ce ne fut que lorsque les autres se mirent à rire que je compris que c’était une blague…

-Ah ah ! Elle est bonne…

Et en parlant de rencontrer les parents, Finan demanda à Vanya si j’avais déjà rencontrer ses parents. En attendant, il n’y avait que moi qui travaillais, étalant de la couleur au rouleau contre le mur. Il disait que j’étais un cas. Je lui répondis le plus sérieusement du monde.

-J’ai rencontré son oncle le soir où je voulais l’emmener au bal de l’école. Putain qu’il m’a fait peur ! Alors je me suis tenu à carreau. Il parlait pas en plus ! Il était juste super grand et super large… j’avais 15 ans, j’étais un gamin qui emmenait une fille de terminale au bal…

Je ricanai.

-Et je ne suis pas un cas, nounours… On verra si t’es aussi à l’aise avec les parents de Tiff.

Je repris de la peinture sur mon rouleau.

-Mais tes parents, Vanya, je sais pas quand je les verrai… la Russie, c’est loin !

Avec Tiffany, nous nous attaquions à l’entrée et à sa tapisserie digne des années soixante-dix. Un peu rafraîchissement ne ferait pas de tort et, même sans vraiment connaître Finan, je me doutais que le fleuri n’était pas dans sa palette. Heureusement, le papier peint décollait plutôt bien, nous n’aurions pas besoin de poncer le mur et de se casser tous les ongles à force de gratter. Dans la chambre, les mecs donnaient les premiers coups de pinceaux et déjà Ivar trouvait à mettre sa marque. Je trouvais que cela méritait même d’être encadré ! En tous les cas, Tiffany était d’accord e Finan qui était le principal intéressé approuva.

- La première déco en place ! Vous pouvez mettre un crochet sur votre liste !

Est-ce qu’Ivar et moi vivions ensemble ? C’était ce que voulaient savoir Finan et Tiffany. Sans l’avoir officialisé, nous pouvions dire que oui et ça me plaisais vraiment beaucoup. Nous étions bien, depuis le soir des [i[American Music Awards[/i], ensemble et je n’avais pas envie que cela change. D’ailleurs, Ivar mentionna que son appartement s’empoussiérait et qu’il devrait penser à aller le vider, et mettre un écriteau à louer dans la fenêtre, ce serait bien !

- Nous pourrions passer chercher des trucs chez toi plus tard dans la journée, si tu veux ?

Tant qu’à être en mode déménagement avec les travaux ici, pourquoi pas ?

C’était moins clair pour Tiffany et Finan, à savoir s’ils vivaient ensemble mais le chanteur et sa petite amie ne semblaient pas s’en formaliser. Ils firent même des blagues en disant qu’ils faisaient ça à l’inverse des autres en commençant pas le bébé pour finir par la présentation aux parents. La tête d’Ivar quand il entendit la façon de faire de ses amis… avant qu’il ne percute et ne se rende compte qu’ils le charriaient !

Parlant de rencontrer les parents, Finan était curieux de savoir si Ivar avait déjà rencontré les miens parce que pour lui, Ivar était tout un spécimen, ce qui n’était pas faux mais Tiffany vînt à la rescousse de mon bien aimé en disant que Finan n’avait pas non plus eu droit à cette épreuve.

J’aillais répondre par la négative mais Ivar expliqua avant qu’il eût déjà rencontré mon oncle et que ce dernier lui avait fait peur. Je rigolais tout en frottant le mur de l’éponge en me rappelant ce souvenir. C’était le soir du bal, peut avant mon départ.

- Disons que mon oncle n’a pas la joie de vivre étampé dan le front non plus. Il est intimidant pour n’importe qui et Ivar a dû lui faire face le temps que je termine de me préparer.

Je déposais mes armes pour terminer la réponse d’Ivar, alors que je venais de me percher en haut de l’escabeau. Je n’avais pas de mulet, moi, pour me faire tenir en hauteur !

- Mes parents sont en Russie alors on, Ivar n’a jamais eu la chance de les rencontrer mais je suis certaines qu’ils vont l’adorer ! Tant que je suis heureuse, ils seront heureux pour moi.

Mes parents n’étaient pas très compliqués, comme personne alors j’étais certaine qu’ils s’entendraient bien avec Ivar. En tous les cas, Ivar ne se laissait pas démonter par Finan en lui répondant en utilisant le petit nom qu’avait utiliser Tiffany. Pauvre Finan ! Je ne pouvais qu’imaginer une session en studio en le voyant coincer entre Tiffany et Ivar et me dire que le pauvre méritait bien son surnom affectueux de nounours ! En tous les cas, ils devaient bien s’amuser, tous les trois ensembles !

- La dernière fois que j’ai parlé à mes parents, Ivar, ils m’ont dit envisager de venir  pour Noël alors qui sait ? Peut-être que c’est là que tu les rencontreras!

J’avais hâte maintenant ! Hâte de savoir si mes parents viendraient parce qu’ils me manquaient vraiment beaucoup et hâte de pouvoir présenter mon amoureux à mes parents.

- Je n’ai pas rencontrés tes parents, Ivar. Ils vont dire quoi en sachant que ta petite amie est plus vieille que toi ?

Il y en a que ça choque, quand la fille est plus vieille ! C’est un peu con mais ça arrive. Je terminais d’arracher un gros morceau de papier peint puis je descendis de l’escabeau pour replonger mon éponge dans l’eau chaude mais je pris le temps de boire une gorgée de bière avant.

- Ça avance bien ! Vous avez choisi la couleur pour l’entrée ? Princesse Capucine, peut-être ? , m’esclaffais-je.

Le mur de ma chambre qui ne devait pas être peint avec, maintenant, un beau graffiti qui avait été approuvé par tout le monde. On mettra donc un cadre autour. Ivar signa son œuvre et je ricanai avant de souffler :

-Infirme, tu l’as dit.

Ça lui allait bien lui que ne savait se déplacer que sur le dos des autres !

Après ça, Tiffany avait demandé depuis quand Ivar et Vanya vivaient ensemble et ils confirmé vivre ensemble depuis les AMA. Ça faisait déjà un moment et ça semblait faire rêver Tiffany. Ivar, quand à lui, disait que son appartement devait prendre la poussière mais qu’il avait la flemme de tout déménager.

-Si vous compter réellement vous installer ensemble pense que ça de coutera moins cher que si tu paye un loyer, Ivar. Ça te donnera de la motivation à déménager.

Oui… L’argent était une motivation. Moi, j’étais toujours très motivé par l’argent. Certains penseront que c’est un défaut mais… Moi, je trouvais que c’est bien de pouvoir faire des économies quand c’était possible…

D’ailleurs, Vanya proposa à Ivar d’ailleurs chercher quelques trucs chez lui après en avoir fini ici. Autant dire qu’ils avaient pas fini journée.

Mais, bien vite, la question nous fut renvoyé et j’essayais de trouver un terme sans en trouver un pour expliquer qu’on vivait ensemble mais pas encore totalement… Et quand Tiff déclara qu'elle était bien dans mes bras, je ne pu que sourire.

-Et moi j’aime bien quand Tiff est là, alors…

Oui, j’adorais ça… J’avais vécu seul depuis… Aussi loin que je me rappelle, en fait. Ça me changeait quand Tiff venait et dans le bon sens.

Tiff nomma ça « collocation à mi-temps » et je pense que le terme était pas si mal.

-Oui, c’est à peu près ça.

Ivar déclara qu’on devrait se lancer et j’esquissai un petit sourire sans pour autant dire qu’on allait le faire… On le faisait mais doucement.

Puis, je blaguai en disant que Tiff et moi, de toute façon, on allait tout faire à l’envers. Commencer par les enfants et finir par la rencontre avec les parents. Tiff confirma qu’on devrait faire comme ça. Mais quand je vis qu’Ivar croyait qu’on était sérieux, je ne pu m’empêcher de pouffer de rire devant la tête qu’il faisait. Et il sembla comprendre ce qui me fit rire de plus belle.

-T’es naïf parfois, Ivar.

C’est ce que je dis non sans rire encore avant de me calmer et de demander si Vanya avait déjà fait rencontrer Ivar à ses parents. Ivar expliqua avoir rencontré l’oncle de Vanya quand il avait 15 ans. Il en avait eu peur. Je rigolai un peu.

-Tu es toujours un gamin Ivar.

Vanya confirma que son oncle était intimidant et j’imaginais Ivar tout penaud devant un type qui ne sourit jamais et ça me fit rire un peu. Un rire qui s’arrêta net à la réflexion de Tiff qui m’appela nounours…

-Nounours ?

Je dis ça en marmonnant et, bien sûr, Ivar n’avait pas manqué ça… Je soupirai en pensant que, ouais, rencontrer les parents de Tiff n’allait certainement pas être une mince affaire.

-Ouais… Pas sûr que ton père m’apprécie… Mais bon, je crois que je pourrais survivre. J’ai survécu à pire, je pense…

Je savais qu’il était politicien, alors… Ben, disons, que je n’avais jamais vraiment eu de sympathie pour les politicien. Pour moi, c’était tous des menteurs… Mais peut-être que le père de Tiff était un type sympa. On ne sait jamais.

-Toi, Tiff, tu as de la chance, tu ne devras pas passer cette épreuve-là.

Pour cause, je n’avais pas de parents en vie. Enfin, si, j’avais des membres de ma famille en vie mais ils étaient tous en Irlande et n’en avais que faire de moi…

Quant aux parents de Vanya, ils étaient en Russie alors Ivar n’avait pas encore eu la chance de les rencontrer. Mais, visiblement, ses parents allaient faire le déplacement pour Noël. J’envoyai un regard à Ivar et un petit sourire en coin en prime.

-Et ben, au moins, tu as le temps de te préparer.

Puis, je pouffai de rire quand Vanya demanda ce que les parents d’Ivar allaient penser en sachant que Vanya est plus vieille que lui. Je ne dis rien attendant de voir ce qu’allait répondre Ivar à ça.

J’achevai ma bière avant d’en rouvrir une autre et de continuer à peindre alors que Vanya se demandait qu’elle couleur on a choisi pour l’entrée. Quand j’entendis le nom de la couleur, je levai un sourcil.

-Princesse Capucine ? C’est quoi comme couleur ? Du rose bonbon ? Bordel, pourquoi est-ce qu’ils n’appellent pas les couleurs par des noms de couleurs ?

Ça serait plus simple, non ?

-Non, on a choisi… Heu…

J’ai encore oublié le nom.

-Un truc beau ! Dans des tons foncés comme la chambre.

Je bus encore un coup de bière avant d’interpeller Ivar :

-Hey ! Ivar l’infirme !

Quand il se retourna vers moi, je lui fis une belle marque de peinture sur le font. Je pouffai alors de rire.

-Alors, ça fait quel effet ?

D’être la victime d’une blague, c’était ça la question.

-Chérie… Ivar est tout bleu. Il a mis sa tête dans le pot de peinture. Faudra lui facturer les pertes.

Je pouffai de rire en voyant la tronche de mon pote.

Je crois qu’aucun de nous quatre aurait pu prédire ce matin en ce levant que l’activité de décoration de l’appartement de Finan servirait de tremplin pour mettre à jour nos statuts de couple. Qui vis officiellement avec qui et depuis quand ? Quels sont les projets futurs, un mariage, des enfants ? C’était quand même une conversation agréable et légère même si le fond était beaucoup plus sérieux qu’il n’y paraissait. D’ailleurs, Vanya proposait à Ivar de passer chez lui chercher le plus de truc possible et Finan parlait de l’argent économisé en vivant à deux. Je notais tout ça mentalement, enfin pas pour le déménagement d’Ivar mais pour les arguments avancés par mon amoureux.

Puis si la situation de Vanya et Ivar était simple, la notre à Finan et moi était beaucoup plus compliqué. Il y avait des contraintes que ni lui ni moi ne contrôlions, enfin si, lui il pouvait contrôler mieux que moi ce sui se passait dans sa vie. Cela dit, moi, je voulais bien essayer et foncer là-dedans, tant que nous étions ensemble j’étais heureuse et c’est ce que je mentionnais et Finan me fit sourire en disant qu’il aimait bien quand j’étais là.

En attendant. Le terme de la colocation à mi-temps semblait le plus approprié pour décrire notre situation de couple. Et la façon de vivre les choses à l’envers laissa Ivar complètement à côté de la traque et c’était vraiment drôle à entendre, surtout quand la pièce finie par tomber quand il comprit que Finan rigolait.

Il y avait le dossier des beaux-parents. Finan n’avait toujours pas rencontré les miens, Ivar non plus mais les siens étaient en Russie ce qui expliquait un peu la situation ce n’était pas parce qu’il était un cas ce qui me fit mettre en garde mon amoureux sur l’hypothétique rencontre avec mes parents à moi. Seulement j’avais employé un mot qui ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd.

- C’est mignon, nounours, non ?

Surtout quand il ronchonnait !

Je ne savais pas quoi répondre à Finan quand il avoua douter que mon père puisse l’apprécier mais de toute façon, ce n’est pas avec mes parents qu’il fera sa vie, mais avec moi alors, oui, il pourrait survivre, mais ce qu’il ajouta ensuite me fis un peu froncer des sourcils.

- J’aurais pourtant aimer les rencontrer, tes parents, tu sais.

Mais Finan était orphelin donc je ne vivrais jamais cette rencontre et je ne saurai jamais si ma belle-mère et moi aurions été amie ou si nous aurions été sous le coup du fameux cliché de la perpétuelle guéguerre entre la mère et la belle-fille. Je suis certaine que Finan avec des parents très chouette et que nous aurions eu une belle relation.

Vanya travaillait vite et bien à un point qu’elle avait déjà presque terminé d’arracher le papier-peint dans le haut du mur. Elle demanda ensuite quelle couleur nous avions choisis pour l’entrée et je rigolais quand elle demanda si c’était princesse Capucine une référence inventée pour faire écho au Prince Noir de la chambre.

- Non pas de rose bonbon ! En fait c’est un gris plutôt foncé je pense que c’est industriel le nom, je ne m’en souviens plus.

Je me penchais pour ramasser le sceau et aller changer l’eau qui n’était plus si chaude que ça et, en passant devant la chambre, je vis Finan faire une belle marque de peinture dans le front d’Ivar et s’exclamer tout fier que son ami était tout bleu.

- Chouette ! J’ai toujours voulu rencontrer le Schtroumpf farceur !

Je rigolais vraiment beaucoup, mon dieu ce que les mecs peuvent être gamins parfois ! À ce rythme, Vanya et moi aurions terminé de retirer le papier peint ET repeinturé l’entrée !

- Vous êtes dû pour une nouvelle tournée de bière, je pense !

Vanya s’intégrait sans aucun problème à mon petit groupe d’amis… Il fallait dire qu’elle avait l’humour facile. En même temps, je ne me voyais pas sortir avec une fille qui n’aurait aucun humour.

J’avais mis la première déco de la chambre de Finan… Ou de Finan et Tiff… On en profita donc pour essayer de définir qui vivait avec qui où en était les relations de chacun de nos deux couples. Et Vanya d’en profiter pour dire qu’on pourrait aller chercher des trucs chez moi, un pas de plus vers mon installation définitive chez elle.

-Oh ouais ! Tant qu’on y est, pourquoi pas !

D’autant que Finan soulignait le fait que je n’aurais plus de loyer à payer si je m’installais chez Vanya pour de bon. Je souris d’un grand sourire.

-Hey ouais ! C’est vrai ça ! Enfin j’en payerai la moitié quand même, pour aider Vanya, ce sera du win-win.

Surtout de pouvoir dormir avec elle dans mes bras toutes les nuits comme nous le faisions depuis les AMA, je ne pouvais plus me passer de ce contact.

Tiff et Finan, eux, étaient moins sûr quant à tout ça… peut-être parce qu’ils étaient vieux et que plus t’es vieux, plus tu réfléchis dans le vide. Et puis vint la question de se présenter à nos parents respectifs… Et Finan, qui avait fait la blague de tout faire à l’envers me traita de naïf.

Je grommelai.

-On sait jamais avec vous deux. Vous êtes capable de tout faire à l’envers.

Moi, j’avais déjà rencontré l’oncle de Vanya qui était pas vraiment un modèle de bonne humeur… Et ses parents étaient en Russie…

Ma Vanya me dit qu’ils prévoyaient peut-être de venir pour Noël.

-Oh ce serait super ça !

Je disais ça, un rouleau à peinture dans une main et une bière dans l’autre.

-On leur montrera ce que c’est un vrai Noël à l’américaine !

Tiffany, elle, déplorait de ne pas pouvoir rencontrer les parents de Finan… C’était quelque chose que je ne savais pas sur lui… Je regardai mon ami avec de la tristesse dans mes grands yeux bleus.

-Oh t’as pas de parents… Je savais pas, je suis désolé.

Je savais pas s’ils étaient morts, si c’étaient des junkies ou je ne sais quoi encore mais c’était triste… en tout cas pour moi qui avaient deux parents aimant et joueurs.

Mais la voix de Vanya me revint du corridor… Elle se demandait ce que mes parents diraient du fait que je sors avec une femme plus vieille que moi… Ce n’était pas non plus comme si on avait dix ans de différence, mais quand même.

-Mon père dira que tu es une couguar mais pour rigoler même si c’est un peu vrai… Et ma mère, elle dira qu’il faut bien ça pour me tenir. Mais elle aussi, ce serait avec bienveillance… Ils sont sympas mes parents…

Je repris une gorgée de bière et laissai tomber le cadavre à terre, sur la bâche avant de lâcher un renvoi de compétition.

Vanya, elle, s’interrogeait sur la couleur que Finan avait choisi pour le hall en me faisant pouffer de rire avec sa couleur Princesse Capucine.

-Ouais y avait plus de couleur « nounours ».

Puis Finan m’interpella.

-Ouais quoi ? Hey !!!

J’avais pris un coup de pinceau en plein front et je frottai par réflexe, empirant les choses. J’en avais maintenant jusque sur le nez et un peu sur les joues !

Je fis la moue en regardant Finan qui me demandait ce que ça faisait puis qui dit à Tiff que j’avais mis ma tête dans le pot de peinture… Et elle qui avait la réplique facile dit qu’elle rêvait de rencontrer le schtroumpf farceur…

Pour me venger, je secouai mon pinceau vers Finan qui se retrouva éclaboussé de Prince Noir. Tiff revint avec des bières…

-Hey Tiff, et le Schtroumpf Grognon, tu l’a déjà vu ? Parce qu’il est juste là !

Je désignai Finan de mon pinceau.

-Viens voir, Vanya !!!

Ivar accepta ma proposition de nous rendre chez lui en partant d’ici, pour aller chercher des trucs à lui, en ramener le plus possible, ce qui permettrait en même temps de vérifier l’état d’empoussièrement de son appartement et récupérer son courrier par le fait même. Moi, ça me réjouissait parce que ça voulait aussi dire qu’Ivar n’avait pas l’intention de quitter mon appartement de sitôt. Il y aurait beaucoup d’avantage à vivre ensemble. Partager les frais était un argument assez fort mais moi, je voyais surtout le plaisir de prendre des douches à deux, dormir ensemble, regarder des films et devoir le visionner à nouveau parce qu’on a fait l’amour pendant l’intrigue et qu’on a perdu le fil.

- C’est le genre de win-win qui me parle !

Si pour Ivar et moi, il n’y avait pas de doute qu’en à nos intentions, il semblait que Finan et Tiffany avaient encore des trucs à éclaircir avant de se lancer. Ça leur appartenait, c’était tout à fait respectable et compréhensible. Après tout, Ivar et moi avions amorcé quelque chose il y avait des années de cela et nos sentiments n’avaient pas fanés entre temps ce qui me semblait être une assez bonne preuve de la force de notre histoire. Finan et Tiffany avaient peut-être besoin de temps pour s’assurer qu’ils faisaient les bons choix au bon moment.

- En tous les cas, ce serait une façon original de vivre sa relation de couple !

Il fut ensuite question des présentations officielles aux parents et Ivar raconta avec humour comment c’était passé sa rencontre avec mon oncle. Je m’en souvenais comme si c’était hier et je ne pu que rire à ce souvenir. Avec ce que je sais aujourd’hui, j’aurais fait les choses différemment à l’époque…  Il aura la chance, cependant, de pouvoir rencontrer mes parents et plus vite qu’il n’aurait pu le croire puisque ces derniers m’avaient dit qu’ils envisageaient de venir à Los Angeles pour fêter Noël. Ce serait une belle occasion de rendre les choses encore plus officielles entre Ivar et moi.

- Ce sera un mélange de noël à l’américaine et à la russe !

En tous les cas, il y aura de la vodka !

Qu’en à Tiffany, elle ne pourrait malheureusement pas rencontrer les parents de Finan puisqu’il disait ne pas en avoir. Je pense qu’on observa tous une petite minute de silence, sans vraiment le vouloir parce que les paroles du chanteur mirent un temps à prendre le véritable sens dans nos têtes.

- Je suis désolée aussi, Finan.

Je ne voyais pas souvent mes parents mais nous étions tout de même proche, parce que nous nous écrivions des lettres et nous nous permettions un appel par deux semaines. C’est que ça coûte très cher, ce genre d’appels !

Plus personnellement, je me demandais comment les parents d’Ivar réagirait à notre différence d’âge. Oh ! Elle n’était pas énorme, il y avait pire que cela dans la vie mais il y en avait pour qui cela pouvait choquer. Ivar s’en moquait et selon lui, ses parents aussi. Ils feraient des remarques pour rigoler mais sans plus. Tant que je prenais soin de leur fils c’était ce qui comptait, après-tout.

- Ah oui, une cougar ? Je peux vivre avec ça !, rigolais-je.

Ce qui se passa ensuite fit éclater Finan et Tiffany de rire mais je n’avais pas eu le visuel, seulement l’auditif et je pouvais m’imaginer la scène. J’étais à moitié allongée dans l’escabeau, un bras tendu vers le mur avec mon grattoir et le visage vers la chambre des maîtres, la bouche grande ouverte prête à m’esclaffer, m’attendant au pire. Finan avait attaqué Ivar a coup de pinceau et Tiffany se disait enchantée de rencontrer le Schtroumpf farceur. Prudemment, je descendis de l’escabeau juste à temps pour voir Ivar prendre sa revanche et transformer Finan en Schtroumpf grognon !

J’entrai dans la chambre en rigolant et j’embrassais mon Schtroumpf a moi.

- Tiffany, tu as un polaroid ? Il FAUT absolument immortaliser ça !

C’était de toute beauté !

- À ce rythme, nous allons revenir demain pour terminer les travaux !

Tiffany revînt avec de nouvelles bières et un appareil photo et elle se plaça avec nous en tournant l’appareil puis en étirant le bras en espérant que nous soyons tous dans le cadre. Cette photo allait être mémorable.

- Je propose de lever notre bière aux nouveaux couples et aux grandes réalisations !

Ivar semblait convaincu ainsi que Vanya de l’idée d’emménager ensemble officiellement pour faire des économies. D’ailleurs… Peut-être que Tiff devrait faire des économies aussi… L’idée me laissa songeur avant qu’on ne passe à un autre sujet qui était celui des beaux-parents.

Et là, Tiff ne tarda pas avant de me donner un nouveau surnom qu’Ivar ne rata pas… Mais Tiff semblait aimer et j’esquissai un petit sourire.

-Ouais… Disons que ça me qualifie bien, j’imagine…

Parce que je n’étais pas méchant… Enfin, j’avais fait des choses que je regretterais toute ma vie, ça c’est sûr, mais je l’avais fait par loyauté pas parce que j’étais un Fleming en puissance.

En parlant des parents, je n’avais pas tardé à blaguer sur le fait de tout faire à l’envers en finissant par la présentation aux parents et si Ivar m’avait cru c’était parce qu’il nous croyait bien capable de faire ça ce qui me fit rigoler alors que Vanya, elle, trouvait que ça serait original.

-C’est vrai…

Ivar et Vanya parlèrent des parents de Vanya que, visiblement, ils allaient pouvoir voir à Noël. Quant à moi, je disais que Tiff n’aura pas à passer par cette case-là pour la simple et bonne raison que mes parents étaient morts. Même si Tiff ne manqua pas de dire qu’elle aurait voulu rencontrer mes parents.

-Tu les auraient adorés…

C’est ce que je dis avec un ton de nostalgie dans la voix. J’adorais mes parents. Et ça même si je continue de vivre sans savoir ce qui est réellement arrivé à ma mère.

Et autant Vanya qu’Ivar étaient désolé.

-Ne vous en faites pas… Ils sont morts il y a longtemps. J’étais jeune…

Et la conversation redevint un peu plus joviale quand Ivar et Vanya parlèrent de ce que penseraient les parents d’Ivar du fait que Vanya était plus vieille que lui. Et la réponse d’Ivar me fit éclater de rire.

-Une cougar qui a quoi ? Deux ou trois ans de plus que toi ? C’est pas énorme.

Mais si on compte l’âge mentale ouais, là, il y a une plus grosses différence… Vanya m’avait l’air plus mature que son âge alors qu’Ivar… Bah, c’est Ivar, quoi…

Puis, Vanya questionna sur la couleur qu’on allait mettre dans le couloir… Un couleur dont je n’arrivais plus à trouver le nom. Mais heureusement que Tiff était là.

-Oui, c’est une sorte de gris, voilà !

Et Ivar de m’appeler encore « nounours »… Pas grave, je décidai de me venger en lui foutant du bleu sur la tronche. Ça me fit éclater de rire alors que Tiffany passait devant la chambre pour donner un bon surnom à Ivar ce qui me fit rire de plus belle alors que Tiffany disait qu’il nous fallait une autre tournée de bière.

-Vas chercher les bières, chérie. Je surveille le Schtroumpf Farceur.

Mais Ivar ne tarda pas à me rendre la pareille en secouant son pinceau m’en foutant plein partout.

-Hey ! Je suis pas le Schtroumpf Grognon.

Je dis ça en râlant… Ouais, je sais, c’est pas malin.

Ivar interpella Vanya qui, elle, voulait immortalisé tout ça. Ça me fit rire alors que Vanya avait raison… On était pas prêt d’avoir fini à ce rythme-là.

On fit la photo avant que Vanya ne veuille trinquer. Je levai ma bière avec un grand sourire trinquant à une vie que, il y a quelques mois, je n’aurais jamais soupçonner pouvoir avoir.