Il faisait enfin nuit… Tout le monde dormait sauf les Los Diablos postés dehors. Je savais quel Los Diablos était posté où… J’avais bien écouté Finan, ce soir, avant d’aller dormir parce que ce n’était pas à moi de surveiller cette nuit. Je l’avais bien écouté pour savoir qui serait où.

Parce que, ce soir, moi, j’avais un plan.

Mon plan, c’était de prendre le nouveau petit bébé. Il s’appelait Julius Rachel ! C’était trop trop trop horrible comme nom. Moi et Alvaro on rigolait de ça depuis le jour où il est né. Mais, ce soir, moi et Julius Rachel, on allait partir d’ici pour toujours. Je voulais l’amener chez les New Soldados. Oui ! Je suis un New Soldados, maintenant ! Ward l’a dit ! Mais, il m’a aussi dit de rester chez les Los Diablos pour lui dire tout ce que je savais sur les plans de Reed, Finan et Alonso. Mais j’arrivais plus à communiquer avec lui parce que on peut plus revenir dans l’Eastside. Un ordre de Finan après qu’il se soit fait attaqué par Ward…

Je n’aime pas les ordres de Finan !

Alors, je n’avais plus réussit à parler à Ward… Je pouvais pas aller au téléphone… Si j’utilisais celui à l’intérieur, on allait m’entendre et me voir… Si j’utilisais la cabine téléphonique, je risquais aussi de me faire voir.

Alors, j’avais attendu. Mais là, j’en ai marre ! Je veux être vraiment un New Soldados, pas juste faire comme avant ! Moi, je veux plus voir Finan ! Même si Alvaro va beaucoup me manquer.

Mais pour que Ward accepte que je fasse autre chose, moi, je dois prouver des choses. Alors, lui donner le bébé de Reed, je crois que ça peut prouver que je peux tout faire ! Que je suis malin aussi ! Ward aimera ça ! Et, peut-être qu’il voudra bien que je vive chez lui, si je fais ça. Je veux vivre chez lui. J’aimais bien quand il vivait avec ma Maman…

J’en ai marre de vivre chez Carlos ! Je préfère Ward !

Alors... J’avais tout fait pour me trouver à l’intérieur, ce soir. J’avais fais semblant de me sentir mal, alors, Isabel avait bien voulu que je vienne dormir dans sa chambre en cachette. Elle dormait dans une immense chambre ! Enfin, moi, je la trouvais immense. Mais tout était immense ici parce que Reed était très riche.

J’aime pas les riches !

Et j’aime pas Reed parce que Ward l’aime pas ! Reed, c’est notre chef… Enfin… Heu… Le chef des Los Diablos qui sont nos ennemis… C’est Ward qui me l’a dit.

Du coup, j’allais volé son bébé et c’est pour ça que je suis ici, sur un matelas, à côté du lit d’Isabel qui dormait très fort. Moi, j’étais réveillé. Je savais pas lire l’heure mais je savais qu’on était vraiment fort dans la nuit parce que ça faisait longtemps qu’il faisait noir.

Alors, je me levai très doucement pour pas réveiller Isabel. Elle m’avait déjà fait visiter la maison alors je savais où se trouvait Julius Rachel.

C’est sur la pointe des pieds que je me dirigeai dans sa chambre. Il fallait que je réveille personne… Il fallait que je prenne le bébé, que je sortes par derrière et que je grimpe avec l’échelle au-dessus du mur à l’endroit où je sais où il y a pas de Los Diablos. Après, je partirais loin par les collines. Il fait noir. Personne me verra ! Et personne verra que je grimpe le mur à cet endroit-là. Il y a pas assez de Los Diablos pour surveiller tout le mur. Finan se plaint souvent de ça. Alors, je vais prendre l’échelle et grimper. Je sais où se trouve l’échelle. Et les Los Diablos font pas attention à ce qu’il se passe à l’intérieur des murs mais à ce qu’il se passe à l’extérieur.

Je vais y arriver !

J’entrai doucement dans la chambre du bébé. Il dormait fort fort. Je le pris doucement dans mes bras. Il est plus gros que je croyais… Et plus lourd.

Je le tenais bien et sortis doucement… Mais, dans le couloir, le bébé ouvrit les yeux et il se mit à lâcher des petit cris parce qu’il était pas content. Je fronçai les sourcils. Pourquoi il fait ça maintenant ?!

-Cállate !

Je disais ça tout bas mais sur un ton contrarié.

Mais il continuait le bébé…

Le pire venait d’arriver. Et je ne pouvais plus bouger… Je n’arrivais pas à voir mes entraves… il ne me semblait pas être bâillonné mais je n’arrivais pas à hurler.

Face à moi, Ward tenait Maritza et J.R.

Le bébé qui ne pleurait jamais hurlait à plein poumon, comme s’il sentait qu’il était dans les bras du diable incarné. Maritza, elle, pleurait silencieusement, ligotée sur une chaise…

Et Ward, de sa main libre, tenait un flingue contre la tempe de ma bien-aimée. Il menaçait de tuer Maritza puis J.R.

Et ce n’était pas négociable. Ward ne voulait rien en retour. J’étais désarmé, impuissant.

Quand soudain, la voix de Ward changea pour devenir plus puérile, mais non moins autoritaire.

« Cállate ! »

Tais-toi.

Mais je ne voulais pas me taire, même si aucun son ne sortait de ma gorge quand j’essayais de hurler. Sauf que ce n’était pas à moi que Ward s’adressait, mais à J.R. qui cessa de pleurer pour repousser ses petits cris autoritaires caractéristiques qui signifiait qu’il n’était pas content.

« Cállate ».

Depuis quand Ward parle espagnol ?

Je clignai des yeux.

L’obscurité d’abord.

Puis ma chambre se dessina… je retrouvai la possibilité de bouger et gémis, encore hanté par mon cauchemar.

« Cállate ! »

Ce n’était pas Ward… C’était un enfant. Je me levais d’un bond.

Ça venait du couloir. De plus, J.R. avait eu son lait il y avait peu et ne devait donc pas râler pour ça. Je pris le temps d’enfiler un peignoir pour ne pas sortir de la chambre complètement nu et me retrouvai dans le couloir.  Et juste au bout, j’aperçu la silhouette d’un petit garçon qui portait maladroitement J.R.

J’allumai la lampe.

-Gillermo ! Qu’est-ce que tu fais ?!

Ma peur, après le cauchemar que j’avais fait, se lisait un peu trop dans ma voix à mon goût. Je me précipitai vers l’enfant et lui repris mon bébé.

-Comment es-tu entré ? Et qu’est-ce que tu comptais faire de J.R. ?

Je ne dormais que d’une oreille, dans les bras de Jimmy, accueillant avec délectation la douceur de son corps nu contre le mien prisonnier d’une nuisette en soie. Ma maternité récente, ma poitrine gorgée de lait, je ne pouvais me laisser aller dans les bras de mon homme malgré l’envie qui nous rongeait l’un comme l’autre. J’avais encore besoin d’un peu de temps pour me réapproprier mon corps. Ça viendrait mais il faudrait de la patience car J.R. était bien le fils de son père, aussi avide de se retrouver dans une étreinte maternelle que l’était son père. Il ne fallait pas se leurrer. Jimmy était et serait toujours un éternel enfant dans les bras d’une femme, cherchant le réconfort et l’amour inconditionnel.

J.R. était un bon bébé qui ne pleurait que lorsqu’il avait un besoin précis à combler. Nous pouvions dire que j’étais très gâté par ce petit dernier qui complétait parfaitement bien ma fratrie. Il était autoritaire à ses heures et dociles le reste du temps. Mais la nuit, il demandait souvent, parfois ne serait-ce que pour sentir la douce caresse de ma main sur sa petite tête blonde. Ça ne me dérangeait pas le moins du monde. Je voulais profiter de cette dernière expérience avec un si jeune bébé, ils grandissent si vite que la première chose que vous savez c’est qu’ils se sont enfuis par la fenêtre de leur chambre pour explorer le monde.

Cette nuit, Jimmy avait un sommeil agité. Il bougeait sous les draps et si son corps frottait contre le mien, ça n’avait rien à voir avec un quelconque désir sexuel. Il rêvait, même endormie, je devinais ce qui se passait dans la tête de mon époux. Il avait beaucoup à gérer, mentalement, avec les derniers évènements c’était comme courir dans un circuit en forme de huit dans cette guerre contre Ward Fleming. C’était inutilement épuisant et nous n’allions jamais en voir le fil d’arrivée.

Jimmy se releva d’un coup dans le lit, en même temps que moi, et il sortit du lit en prenant le temps de se couvrir et sortit de la chambre rapidement mais d’un pas léger, comme s’il ne voulait pas se faire surprendre. Mais se faire surprendre par qui ou par quoi ? Mon cœur se serra, Jimmy ne faisait jamais rien pour rien alors je me levais moi aussi et enfilais un peignoir par-dessus ma nuisette de soie, puis je suivis Jimmy dans le corridor. J’arrêtais juste à temps pour ne pas lui foncer dedans alors qu’il alluma la lampe de la petite table du couloir sur lequel trônait tous les jours un bouquet de fleurs fraîches.

Au bout du couloir, un jeune garçon tenait mon bébé !

- Jimmy ! , soufflais-je entre mes dents.

N’était-ce pas un jeune en charge de surveiller notre demeure ? Que faisait-il en pleine nuit, à l’étage et avec MON bébé dans les bras. J.R. ? Jimmy fendit la distance entre eux et récupéra notre fils et je fis de même pour reprendre J.R. des bras de Jimmy et le caller tout contre moi, lui couvrant la tête de baiser tout en le scrutant sous le faible faisceau de la lumière de la lampe comme pour m’assurer qu’il ne portait aucune marque, qu’il allait bien comme lorsque je l’avais remis au lit après l’avoir allaité la dernière fois cette nuit.

Ensuite, je relevais la tête pour poignarder du regard le jeune garçon qui se faisait interroger par Jimmy. Je craignais de connaitre sa réponse, mais je ne pouvais concevoir que je puisse avoir raison, moi qui n’était au fait que de très peu de détails de tout ce qui se jouait réellement.

Le bébé voulait pas arrêté de faire des cris. Il me regardait avec un sale regard. Méchant bébé ! J’aurais dû prendre un truc pour bâillonner le bébé… Mais c’était trop tard ! Il fallait que je parte d’ici très vite avant que quelqu’un entende… Alors, je dis encore une fois :

-Cállate !

Pour essayer que le bébé se taise mais il le fit pas. Il bougeait en plus et j’avais failli le faire tomber par terre… Si je l’avais lâché, il serait mort, Julius Rachel ? Non… Ça meurt pas si vite un bébé… Si ? Je sais pas… J’ai pas le temps de réfléchir.

J’allais avancer plus vite quand la lumière s’alluma ce qui me fit m’arrêter d’un coup et plisser les yeux parce que ça faisait mal au yeux tant de lumière.

Mais je n’eus pas le temps de me retourner que j’entendis quelqu’un m’appeler ce qui me fit sursauter…

Je me tournai lentement mais le temps que je me tourne, Reed était déjà à ma hauteur et me pris le bébé des mains.

Non ! Il m’a trouvé !

Sur le coup, je pris un air très contrarié… J’avais plus le bébé… Ça voulait dire que je ne pourrais pas le donner à Ward. Ça voulait dire que j’avais raté. Ça voulait dire aussi que Reed va poser des questions de pourquoi j’avais le bébé.

Les adultes posent toujours des questions…

Il y avait Maritza derrière Reed et elle vint lui prendre Julius Rachel des bras. Elle me regardait avec des yeux méchants. Je la regardai, puis je regardai Jimmy parce qu’il me parlait.

Mon cœur battait plus vite mais je soutenais le regard de Reed.

Il demandait comment j’étais entré et pourquoi j’avais le bébé.

Il faut pas qu’il sache que je suis avec Ward… Sinon, il va me tuer. C’est comme ça que ça fonctionne. Les traitres sont tués. Et je sais que Finan déteste les traitres… Il les déteste encore plus qu’Alonso.

Finan va me tuer.

Je dis sans que ma voix flanche :

-Je me sentais pas bien tantôt alors Isabel a bien voulu que je dorme dans sa chambre… Je suis pas bien mis dans la voiture de Manuel. Alvaro prend de la place et j’avais mal à la tête.

Je mentais pas. Je n’aimais pas dormir dans la voiture du Manuel. Personne n’aime dormir dans la voiture de Manuel. Elle pue la vieille banane.

-Sa voiture sent mauvais à l’intérieur…

Mais il voulait savoir pour le bébé aussi… Moi, je pouvais pas dire la vérité. Alors je mentis :

-Le bébé faisais du bruit alors je voulais lui donner à manger pour qu’il dorme. J’allais l’amener à la cuisine et lui donner des biscuits pour qu’il mange et se taise. Vous, vous vous êtes pas lever pour donner à manger au bébé alors je l’ai fait. Il est chiant quand il crie.

Je soutenais toujours le regard de Reed sans flancher avant de regarder la dame. Elle tenait fort Julius Rachel contre elle… Elle lui avait donné, tantôt, plein de bisou… Le bébé avait de la chance… Il avait une Maman et un Papa… Du coup, j’aime pas le bébé.

Alors, sur un ton autoritaire, je dis :

-Pourquoi on peut pas dormir à l’intérieur ? On surveille pour toi ! La maison est grande !

Finan m’a dit de vouvoyer Monsieur Reed mais je m’en fiche complètement de Finan et des Los Diablos. Moi, je suis un New Soldados !

J’avais entendu le souffle de Maritza derrière moi et n’avait pas tardé à aller reprendre J.R. des mains du petit latino. Et à peine l’avais-je dans mes bras que Maritza me le prenait pour le regarder sous toutes les coutures et le couvrir de baiser… Tandis que Julius Rachel, lui, regardait de ses yeux perçant Guillermo qui ne semblait pas content d’avoir raté son coup.

Je demandai alors à Guillermo ce qu’il foutait là…. Et surtout ce qu’il foutait là avec mon bébé dans les bras.

Et l’enfant râla qu’il ne se sentait pas bien et qu’il ne voulait pas dormir dans la voiture de Manuel. Et qu’en plus, la voiture sentait mauvais à l’intérieur. Quant au petit, il avait soi-disant réveillé Guillermo avec ses cris et que l’enfant l’avait pris pour lui donner à manger pour qu’il se taise. Je tiquai de l’œil gauche.

Il mentait.

De un, on aurait entendu Julius Rachel directement s’il avait réclamé quelque chose. Et de deux, je savais Guillermo assez intelligent pour savoir que les bébés de l’âge de J.R. ne boivent que du lait.

Puis il râla à nouveau, un peu plus fort, se demandant pourquoi ils devaient dormir dehors, que la maison était assez grande pour les accueillir tous.

Il n’avait pas tort… Mais il fallait qu’ils sachent ce que c’était que d’être un Los Diablos. Un vrai Los Diablos. Et ça voulait dire passer beaucoup de nuits dehors.

Alertée par le bruit de notre conversation, Isabel sortit de sa chambre.

-Guillermo ! Qu’est-ce que tu fais ?

Mon regard passa de Guillermo à la jeune fille.

-Vas me chercher Finan, s’il te plait, Isabel. Nous serons dans le salon.

Finan était quelque part, dehors. Il fallait qu’elle le trouve. C’était lui qui était en charge des Pequeñas Manos. Je n’en voulais pas à Isabel pour sa bonté envers Guillermo. S’il avait été vraiment mal, j’aurais donné moi-même l’autorisation à Guillermo de dormir avec Isabel…

Mais je n’étais pas né de la dernière pluie… Et Guillermo allait très bien.

Isabel disparut et moi, j’avançai vers Guillermo et posai une main sur son épaule.

-Tu veux discuter, Guillermo ? Très bien, nous allons discuter.

Je lui présentai, une fois au salon, le divan où il pouvait s’asseoir. Puis, j’allumai une cigarette et m’installai dans le divan face à lui.

Je soufflai une première bouffée de fumée, faisant attention de ne pas enfumer Maritza et J.R.

Je regardais Guillermo qui soutenait mon regard.

-Tu n’es pas le plus bête des Penqueñas Manos, Guillermo. Je dirais même que tu fais partie des plus intelligent… Et tu sais très bien, comme moi, qu’enlever J.R. n’aurait pas mené à une négociation qui aurait permis à toi et tes amis de dormir ici, à l’intérieur…

Je me penchai légèrement vers lui.

-Alors, où allais-tu emmener J.R. ? Réponds bien et réponds vite, je doute que Finan soit aussi indulgent que moi.

Je ne m’attendais pas du tout à trouver mon nouveau-né entre les mains d’un Penqueñas Manos ! Mon cœur s’arrêta net devant cette scène et même quand Jimmy lui eut reprit, j’avais un besoin viscéral de l’avoir contre moi pour m’assurer qu’il n’avait rien.

Mon petit allait bien hormis qu’il n’avait sans doute pas apprécié être tenue plus ou moins correctement et de s’être fait crier dessus. Je n’écoutais pas vraiment l’échange non plus entre Jimmy et le garçon, j’étais trop énervée pour ça !  Ce n’est que lorsqu’Isabel entra dans la danse elle aussi que je relevais les yeux pour suivre ce qui se passait.

Jimmy lui ordonna d’aller trouver Finan et de le faire aller au salon, c’est là que nous serions. Toujours en tenant J.R. tout contre moi, nous descendîmes au salon, Jimmy guidant Guillermo d’une main ferme et autoritaire sur l’épaule et le fit ensuite s’assoir sur le divan en face du notre. Il n’avait pas intérêt à bouger n’un tout petit centimètre, il verrait que la mamita que je suis n’entend pas à rire quand on s’approche de son bébé!

Jimmy s’alluma une cigarette, il savait que j’avais en horreur qu’il fume près de notre fils mais je n’allais lui faire aucune remarque ce soir. Il avait besoin de se calmer et de le voir calme me calmerait moi aussi. Je dévisageais le petit alors que mon époux lui exposait les faits et j’attendais avec impatience sa réponse.

- Shhh, shhh J.R., tout va bien maintenant.

Notre fils commençait a moins apprécié s’être fait abruptement tirer de son sommeil et nous le faisait comprendre en commençant à se tortiller et pousser de petits cris.  J’eu envie de dire à Guillermo qu’il aurait dû savoir, si son histoire était vraie, que le mieux aurait été de prévenir Isabel qui serait venu nous voir nous, ses parents ! Mais je préférais ne rien ajouter, laissant le contrôle à Jimmy de toute façon, j’avais bien assez de calmer J.R.

Finan allait arriver, la conversation deviendrait plus qu’intéressante et nous aurions sans aucune doute le fin mot de l’histoire. Et comme le prévenait Jimmy, Guillermo aurait moins de chance de s’en sortir indemne avec Finan. J’étais curieuse et impatiente de voir ça.

Quoi qu’il en soit, pour un temps, le berceau de J.R. serait déplacé dans notre chambre. Ou alors j’irais moi dormir dans sa chambre mais avec tout ce qui se passait dernièrement, je n’avais aucunement envie de me séparer de mon bébé.

- Je crois que Finan arrive…

J’entendis la porte d’entrée refermer et des bruits de pas sur le carrelage jusqu’à devenir le son de pas feutré sur la moquette du salon.

- Bonsoir, Finan !

Il n’y avait rien d’amical dans mon ton, il était teinté d’agacement mais ce n’était nullement dirigé vers Finan et il devait avoir bien comprit que ça ne lui était pas destiné. Il avait probablement lui aussi eu mieux à faire cette nuit.

Il faisait chaud… Les nuits d’août à Malibu étaient chaudes et j’aurais largement préféré être dans mon lit avec Tiff plutôt qu’ici à surveiller la grille de la villa Reed. Mais voilà, le fait été que le menace Fleming n’était pas encore retombée malgré que Ward soit sûrement plus préoccupé par Sky, pour l’instant, que par Reed… Il n’en restait pas moins qu’il avait toujours un homme infiltré et que je n’avais toujours pas trouvé qui c’était…

Et ça commençais à me peser mais aussi à peser sur mon groupe de Los Diablos que j’empêchais de rentrer chez eux. Ça faisait des semaines qu’ils étaient tous ici à dormir dans leur voiture rien qu’à cause d’un seul de mes ordres qui les empêchait de pouvoir redescendre dans l’Eastside. Un ordre que je n’avais pu que leur expliquer par un mensonge et ce dans le seul but de pouvoir trouver la taupe.

Un ordre qui me rendait hautement impopulaire parce que je m’étais donné l’autorisation à moi-même de pouvoir, moi, retourner en ville sous prétexte que j’avais une autre carrière sur le feu.

Je me trouvais injuste… Et je commençais à me dire que cette mission de surveillance était en train de me décrédibiliser autant qu’elle était en train d’affaiblir, en quelque sorte, les Los Diablos…

Parce que pendant qu’on était ici, on ne recrutait plus… On vendait bien moins de drogue et ça fatiguait tout le monde. Ward était en train de nous affaiblir à petit feu et je n’étais même pas certain qu’il s’en rendait compte.

Mais moi, je commençais à le voir… La preuve c’est que quand je suis arrivé ici tout à l’heure, ce fut pour recevoir les regards fatigué et en colère de ceux que je considère comme mes frères. Un sentiment qui ne semblait plus vraiment réciproque.

Il fallait vraiment trouver cette taupe. Après ça, ils comprendront.

Pour tenir, je pensais à Tiff… A nos petits moments ensemble. C’était à la fois ce qui m’empêchait de penser à tout ça mais qui m’empêchais aussi de m’endormir. Parce qu’il ne se passait foutrement rien !

Enfin… Jusqu’à-ce qu’Isabel arrive en courant en m’interpellant.

Je me levai d’un bon alors qu’elle avait ouvert le portail. Je la regardai d’un air surpris.

-Qu’est-ce qu’il se passe ?

Ça avait l’air sérieux… Sinon, Isabel n’aurait pas couru comme ça. Elle parlait vite et quand elle faisait ça son accent espagnol ressortait encore plus. Mais j’en avais l’habitude.

-C’est Guillermo… Je lui ai permis de dormir dans ma chambre parce qu’il se sentait mal mais Reed vient de le trouver dans le couloir et il m’a demandé de venir te chercher… Je ne sais pas ce qu’il s’est passé…

En fait, j’entendais surtout beaucoup d’incompréhension dans la voix d’Isabel. Mais moi, c’est un sonnette d’alarme qui résonna dans ma tête. Si Reed m’appelait, ce n’était pas simplement pour me dire que Guillermo n’a rien n’à faire dans la villa… Non, si ça avait été le cas, il l’aurait dit à Isabel avant de renvoyer gentiment Guillermo dehors. Non… Le gamin devait avoir fait quelque chose. C’était certain.

J’espérais simplement que ce « quelque chose » n’était pas grave… Mais j’avais un mauvais présentiment. Je connaissais Guillermo… Je savais qu’il pouvait parfois plus que dépasser les limites.

Et on a une taupe chez les Los Diablos…

C’est la phrase qui revenait dans ma tête. Une idée que j’essayais de repousser mais qui revenait à la charge.

Je fixai Isabel et lui dis d’un ton ferme.

-J’y vais… Surveille la grille.

Isabel semblait inquiète et me lança :

-Soit gentil avec Guillermo. Il n’a que 11 ans.

Je savais à quel point Isabel se sentait responsable des plus jeunes. Elle avait élevé Guillermo. Enfin, elle l’avait élevé depuis que Guillermo avait 5 ans. Et je savais très bien qui l’avait élevé avant elle alors je lançai toujours sur un ton ferme :

-Je ferais ce que j’ai à faire.

C’est ce que je dis avant d’entrer dans la propriété et puis dans la villa. Je fermai la porte derrière moi avant d’entrer dans le salon d’où j’entendais des voix.

Dans le salon se trouvait Reed, Guillermo, Maritza et le bébé Reed. Julius Rachel qu’il se nommait. Je ne préfère rien dire sur ce que je pense de ce nom…

C’est Maritza qui me salua la première d’un ton agacé mais je ne le pris pas pour moi.

-Bonsoir…

Je fixai Reed.

-Qu’est-ce qu’il se passe ?

Je laissai tomber mon regard sur Guillermo qui me fixai lui aussi en soutenant mon regard. Dans le sien, je ne voyais rien transparaitre mais il avait toujours été doué à ce petit jeu-là. Mais j’en avais vu d’autres…

Je fronçai les sourcils et dit d’un ton sévère au gamin :

-Qu’est-ce que tu as foutu, Guillermo ? Et si tu me sors l’un de tes foutus mensonges, je te débarque devant l’orphelinat le plus proche.

Je savais que cette menace ferait son effet. Les Pequeñas Manos crevait de trouille de se retrouver à l’orphelinat et Guillermo ne faisait pas exception.

Reed était là… Maritza était là… Ils avaient repris le bébé… Et, maintenant, Reed voulait savoir ce que je faisais ici et pourquoi j’avais Julius Rachel.

Alors, moi, j’inventai quelque chose. Moi, je joue au type bête en disant que je voulais donner des biscuits au bébé. Je sais que les bébés mangent pas de biscuits mais je sais aussi que les gens penses que je suis pauvre et bêtes.

Je suis pas bête. Mais les gens, ils excusent plus vite les gens bêtes. Tout le monde excuse Ugo. Je l’excuse aussi. Il est bête.

Et puis, moi, je parlai de l’endroit où on dormait pour plus parlé de moi et du bébé. C’est là qu’Isabel arriva en demandant ce que je faisais. Je fixai Isabel mais je n’eus le temps de rien dire que Reed envoya Isabel chercher Finan.

Je me tournai vers Reed en fronçant les sourcils.

-Pourquoi Finan ?

Je ne voulais pas que Finan vienne ! Finan ne me croit jamais ! Finan m’engueule tout le temps ! Je n’aime pas Finan ! Ward l’aime pas non plus !

Mais Isabel y alla et je grommelai et Reed posa sa main sur mon épaules. Je levai les yeux vers lui. Il voulait discuter.

Je voulais pas discuter ! Je voulais qu’il me laisse tranquille !

Mais je dis rien parce qu’il me dirigea vers le salon. Il me laissa m’asseoir dans le divan et je le fis. Maritza s’installa aussi avec le bébé.

Reed se mit à fumer… Moi, je continuais de le regarder. Je savais qu’il fallait toujours regarder dans les yeux. Mais mon cœur battait plus vite…

Il parla… Il dit que j’étais pas bête… Il disait qu’enlever le bébé aurait pas fait qu’on pourrait dormir à l’intérieur. Et je dis sûr de moi :

-Je voulais pas enlever le bébé… Je voulais lui donner à manger !

Je jetai, d’ailleurs, un regard noir au bébé qui poussait des cris alors que Maritza le calmait.

Mais il me croyait pas… Il demandait où j’allais emmener le bébé. Que je devais répondre vite et bien parce que Finan sera pas aussi gentil que lui.

Je fis la moue. Finan allait me tuer…

-Moi, je voulais pas que tu appelles Finan… J’ai…

On entendit la porte d’entrée ce qui me fit arrêté de parler et Maritza disait que c’était Finan.

C’était lui.

Je le regardai. Maritza semblait pas contente… Personne croyait mon histoire et je pouvais rien d’autre inventer.

Finan demanda à Reed ce qu’il se passait… Puis à moi en me menaçant de me mettre à l’orphelinat.

C’est pas juste ! Finan est jamais content sur moi ! Jamais ! Et je veux pas aller à l’orphelinat. Si j’y vais, je pourrais plus rien faire. Ils vont me confisqué mon lance-pierre… Je devrais aller à l’école… J’ai pas envie ! Je veux devenir un New Soldados, pas aller à l’école !

Je fixai Reed… Et puis Finan.

Je savais comment faire et je fixai Finan droit dans les yeux avec les sourcils froncés.

-J’ai voulu prendre le bébé pour aller l’amener à Ward. Si j’avais fait ça, je serais devenu un vrai New Soldados. Il me l’a promis. Il m’a pas dit d’enlever le bébé mais je voulais le faire pour prouver que je suis fort.

Il va me tuer… Moi, je sais qu’on peut pas trahir et je sais que quand on trahi, Finan tue.

-Il va tout m’apprendre ! Et j’arrêterais de dormir dans une vieille voiture pourrie ou chez Carlos !

Mon cœur battait quand même vite.

-Vous pouvez pas me tuer… Si vous me tuez, Ward vous tuera. Si vous m’amenez à l’orphelinat, Ward me sortira de là et vous tuera.

Il a rien promis… Mais Ward m’aime bien… Je crois qu’il me sauvera.

Apparemment, Guillermo redoutait Finan. C’est ce que je pus comprendre dans sa voix quand il demanda : « pourquoi Finan ? »… Mais je ne lui répondis rien, me contentant de le guider jusqu’au salon où je le fis asseoir.

Il avait encore une chance de me dire la vérité avant que Finan n’arrive. Je ne savais pas quel sort je réserverais à un gamin de 11 ans… Mais il lui fallait une leçon, c’était clair.

Il joua les imbéciles en répétant qu’il voulait juste donner à manger à J.R. Un J.R. qui, mécontent d’avoir été brutalement tiré de son sommeil, poussait des petits cris et se débattait dans les bras de Maritza qui essayait de le calmer. Mais ma concentration, elle, était toute à Guillermo.

-Dépêche-toi, Guillermo.

Je soufflai une bonne bouffée de nicotine… Trop tard, Finan venait d’entrer dans la pièce et si Maritza le salua, moi, je ne quittai pas des yeux Guillermo.

Finan n’y alla pas par quatre chemins. Il devait dire la vérité sinon, il le débarquait devant l’orphelinat le plus proche. Guillermo me fixa, puis son regard bifurqua sur Finan. Et je restai bouche bée de ce que raconta Guillermo. Même si je n’en montrais pas un signe, me contentant de tirer fort sur ma cigarette, l’achevant du même coup, pour en écraser le mégot dans un cendrier avant d’en rallumer une.

Guillermo voulait être un New Soldados… Il était en contact avec Ward et avait voulu lui prouver quelque chose en lui amenant J.R.

Il finit son discours par des menaces. Si on le tuait, Ward nous tuerait. Idem si on l’emmenait à l’orphelinat.

Je regardai Finan et l’invitai à s’asseoir à côté de Guillermo.

Et c’est à ce dernier que je m’adressai…

-Je suis désolé de te décevoir, Guillermo, mais je pense qu’en ce moment, Ward a bien d’autres choses à gérer qu’un préado turbulent.

Je laissai la fumée s’échapper par mes narines, on aurait dit un dragon furieux.

-Qu’est-ce que tu crois ? Que tu pourras vivre avec Ward ? Il est un tout jeune papa, tout comme moi et je doute qu’il veuille de toi chez lui. Sa femme vient tout juste de sortir du coma, il ne pourra pas s’occuper de toi.

Je regardai Finan.

-Nous, en revanche… Nous t’avons logé, nourri, blanchi, en échange de quelques services…

Puis, je revins sur Guillermo.

-Je sais que la vie est parfois dure pour vous, Pequeñas Manos. Et je ne pense pas que les New Soldados fassent comme nous, se préoccupant des orphelins de leur gang… Ceux-là finissent directement à l’orphelinat.

J.R. s’agitait de plus en plus… alors j’écrasai ma cigarette à peine entamée et le pris délicatement des bras de Maritza pour le bercer. Mais même avec moi, il ne voulait pas se rendormir, probablement effrayé d’avoir été porté maladroitement par un petit garçon qui lui donnait des ordres.

Je regardais toujours Guillermo…

-Qu’est-ce que tu crois que Ward aurait fait à J.R. ? Tu as failli mettre un petit bébé entre les mains d’un tueur… Qu’est-ce que ça te fait ?

De ma main libre, celle qui ne tenait pas J.R., je caressai la cuisse de Maritza.

-Et tu aurais fait beaucoup de peine à Maritza.

J.R. dans mes bras, se tortillait de toute ses forces de nouveau-né pour me faire comprendre qu’il n’était pas content de la situation. Il avait été brusquement tiré de son sommeil puis porté comme une vulgaire poupée de chiffon! Je le tenais tout contre moi, comme il adorait l’être et pourtant, ça ne suffisait pas. Il devait ressentir à quel point j’étais énervée, à quel point son père l’était et que le stress de ce presque enlèvement n’était pas sur le point de se dissiper.

Nous étions au salon, installés sur les divans, Jimmy et moi faisant face à Guillermo quand Finan entra. Je le saluais sans chaleur parce que je n’étais pas d’humeur à faire des finesses quand on venait de s’en prendre à mon enfant car oui, pour moi, et même sans connaître les réelles intentions de Guillermo, le simple fait qu’il l’ait pris sans mon consentement revenait à un acte menaçant.

Puis Finan prit le contrôle et ordonna à Guillermo de dire la vérité en le menaçant d’aller le porter devant les portes de l’orphelinat le plus proche s’il mentait. La vérité s’extirpa de la bouche du gamin comme par magie et sans aucun filtre.

Je le regardais avec des poignards dans les yeux je ne savais pas ce qui me retenait de lui bondir dessus pour lui foutre quelques baffes parce que visiblement, il avait manqué de quelques bons coups de pieds au cul, dans sa courte vie. Puis mon regard passait de Finan à Jimmy comme si je m’attendais à ce que l’un d’eux finisse par me dire que c’était une blague, qu’en fait, ils avaient voulu tester l’étanchéité de la protection ou je ne sais quelle connerie.

Ça ne pouvait pas être vrai !

Et pourtant si, ça l’était !

Guillermo eu l’audace de ponctuer ses explications d’une arrogance assumée et de terminer tout ça en disant que nous ne pouvions pas le tuer car si nous le faisions, Ward le saura et il nous tuera pour le venger.

- Ward n’a pas besoin de toi pour avoir envie de nous tuer !

En fait, je doutais que la mort de Guillermo soit un motif suffisant pour Ward en ce moment, avec ce que je savais des derniers changements, de ce qui s’était déroulé.  Guillermo devait être le cadet de ses soucis.

Quoi qu’il en soit, Jimmy demeurait très calme en répondant à Guillermo. Il prenait soin de replacer l’église en plein centre du village. Tout ce que les Los Diablos avaient fait pour lui, le nourrir, le loger, le blanchir et l’éduquer ! Jamais Ward n’en ferait autant pour lui, même, Ward ne saurait jamais quoi faire de lui.

Jimmy me prit doucement notre fils des bras, peut-être qu’il parviendrait à le rassurer, puisque visiblement je n’y arrivais pas mais ébranlée et en colère comme je l’étais, ça ne me surprenait même pas. Puis, il posa sa main sur ma cuisse et je le regardais alors qu’il ajouta qu’en plus de tout le reste, il m’aurait causé un immense chagrin.

- Je doute  qu’il puisse comprendre ce genre de chose.

Il n’avait pas la maturité pour ça !

On m’avait appelé et j’étais venu pour constater que Maritza, Jimmy et Guillermo ainsi que J.R. étaient rassemblés au salon. Le couple faisait face au gamin qui soutenait le regard de Reed avant de soutenir le mien. Je ne tardai pas à essayer de lui soutirer tout ce qu’il y avait à me dire en sortant, directement, la menace de l’orphelinat. Guillermo était un menteur. Il utilisait la carte du mensonge à chaque fois qu’il se sentait en difficulté et m’était d’avis qu’il avait certainement fait une connerie alors autant qu’il me dise la vérité toute suite.

Et la vérité sortit…

Guillermo avait essayé d’enlever J.R. pour l’amener à Ward… Guillermo avait fait ça pour prouver sa valeur en tant que New Soldados. Il l’avait fait de son plein gré, sans même que Fleming ne le lui demande. Il l’avait fait pour pouvoir vivre avec Ward…

Guillermo était un traitre.

C’est ce qu’il avouait. Et m’était d’avis que je tenais ma taupe. Celle qui avait conduit au drame qui avait emmené Sky tout droit dans le coma et Camillo dans la tombe.

Je le fixai à la fois furieux et décontenancé. Si le traite avait été un adulte, son sort aurait été scellé. Mais il s’agissait d’un gamin… Un gamin stupide, mais un gamin quand même…

Je me frottai les yeux n’ayant encore rien dit parce que j’encaissais la nouvelle alors que Guillermo balança ses menaces qui ne faisait pas peur à Maritza. Alors que je savais très bien que Ward n’avait qu’une préoccupation actuellement : Sky Fleming.

Guillermo était foutu quoi qu’il fasse ou quoi qu’il dise et il ne s’en rendait même pas compte.

Reed m’invita à m’asseoir et je le fis ma laissant tomber à côté du gamin à qui je lançai un regard réprobateur.

Mais c’est Reed qui trouva les mots le premier alors que je me rongeais, maintenant, les ongles d’énervement.

Et Reed, qui semblait furieux lui aussi, déclara ce que j’aurais voulu dire : Ward avait d’autre chose à foutre que de s’intéresser à un gamin de 11 ans qui n’était pas son fils. Et ce que Guillermo ne se rendait pas compte c’est que Ward avait les yeux ailleurs par sa faute.

Reed expliqua la situation… Le fait que Guillermo n’aurait sûrement pas sa place chez Ward. Qu’il se faisait des illusions.

Reed avait sans doute raison.

Et il rappela tout ce que les Los Diablos avait fait pour lui. Et qu’il n’en serait pas de même pour les New Soldados.

Reed prit alors son fils alors que je regardais Reed et non Guillermo qui n’avait pas encore parlé. Reed essaya encore de taper où ça fait mal en expliquant à Guillermo ce qu’il avait failli faire : mettre un bébé entre les mains d’un tueur. Il déclara que ça aurait fait de la peine à sa femme qui, elle, doutait que Guillermo puisse comprendre.

Je n’en étais pas sûr. Si Guillermo savait jouer les durs, il n’était pas comme Ward.

Je sortis alors de mon mutisme pour toiser le gamin.

-Tu es la taupe, c’est ça ?

Je dis ça sur un ton dur. Il hocha de la tête confirmant ce que je redoutais.

-Tu es, donc, responsable du meurtre de Camillo. Mais aussi de ce qui es arrivé à Sky Fleming. Tu as donné ma localisation à Ward. Et il y a eu deux victimes. Trois si on compte le bébé de Ward et Sky. Ça en plus du fait que tu es un traitre… Tu sais ce qu’on fait aux traitres ?

Il y en avait déjà eu… Alors Guillermo savait très bien ce qu’on faisait aux traitres. Après sa réponse, je lui en posai un autre :

-Maintenant, dis-moi, qu’est-ce que je vais faire de toi ?

Je le foudroyais du regard cherchant, quelque part, une réponse à une question dont je n’avais foutrement pas la réponse !

Reed me disait de me dépêcher mais j’avais pas le temps… Finan est venu trop vite. Il était pas content. Je voyais qu’il l’était pas. Il me menaçait même de me mettre à l’orphelinat.

Alors, moi, je devais leur faire peur alors, je leur dit la vérité. Je leur dis que je voulais enlevé le bébé pour l’amener à Ward parce que je voulais devenir un vrai New Soldados. Moi, j’en avais marre des Los Diablos ! J’ai toujours fais tout ce qu’ils me disaient et ils me considérait pas encore comme un Los Diablos. Juste pour un gamin. Mais, moi, je suis plus un gamin ! Les gamins, ça surveille pas des maisons de riches !

Moi, je dis des menaces mais la femme de Reed disait que Ward avait pas besoin de ça pour avoir envie de les tuer. Je la fixai d’un regard dur.

-Il vous tuera deux fois plus et ça fera deux fois plus mal.

Je n’osais pas regarder Finan mais je n’avais pas peur de Reed. Alors, je le regardais lui. Il parla. Il disait que Ward avait d’autres affaires que moi. Je fronçais fort les sourcils. Je savais ce qu’il s’était passé avec Ward et Finan parce que Finan en avait parlé. Depuis, on est coincé ici alors j’avais plus de nouvelles de Ward mais je savais qu’il m’attendait sûrement. Reed le connaissait pas !

Il disait que Ward voudra pas que je vive avec lui… Mon cœur battait plus vite. Il avait une femme et un bébé. Et Ward m’avait dit que je vivrais pas chez lui. Que je devrais vivre seul… Mais je pense que lui montrer que je suis fort le fera changer d’avis.

Alors, je continuais de regarder Reed avec mon regard dur. Il disait que les Los Diablos m’avaient nourri et tout… Mais ils ont aussi tué ma mère et mon oncle ! Sans eux, j’aurais une famille ! Ward m’a dit que c’est les Los Diablos qui avaient tué mon oncle qui était un New Soldados et ma mère est morte à cause d’Alonso !

Il parla de l’orphelinat… Que chez les New Soldados, ça sera dur de pas y finir. Mais je suis malin ! Je finirais pas à l’orphelinat !

J’étais fâché par tout ce que disais Reed ! Il savait rien ! Etre énervé me donnait envie de pleurer. Mais j’allais pas pleurer devant Reed et devant Finan.

Reed disait que j’avais failli donné un bébé à un tueur. Il demandait ce que ça me faisait. Je baissai les yeux sur le bébé qu’il avait dans les bras. Puis, je remontai mon regard sur Reed. Il disait que ça aurait fait de la peine à sa femme mais elle disait que je comprendrais pas. Si ! Je savais qu’ils auraient été très triste mais, moi, je veux vivre avec Ward et je devais faire ça pour ça !

-Je…

N’eus pas le temps de répliquer que je sentis le regard de Finan sur moi. Je tournai doucement mon regard sur lui.

Il demanda si j’étais la taupe.

J’hochai de la tête. Ward m’avait demandé de le faire et je l’avais fait.

J’étais un bon New Soldados…

Mais j’avais tué Camillo sans le faire exprès. J’avais fait mal à Sky Fleming que je connaissais pas et à son bébé… C’est ce que Finan disait mais je voulais pas croire que c’était ma faute. Moi, j’ai juste fait ce que je devais faire.

Je sentis mon cœur faire une raté quand Finan ce qu’on fait aux traitres. Je me mordis la lèvre mais mon regard était toujours dur.

-Oui… Je sais…

On les tue.

Il demandait alors ce qu’il allait faire de moi.

-Tu vas me tuer. Tu as tué Yago parce que c’était un traite… Tu as tué Romario parce que c’était un traitre. Je suis un traitre alors tu vas me tuer.

Ma voix se brisa sans que je puisse rien faire. Je voulais pas mourir. Je fixai Reed.

-Je devais prendre le bébé ! Moi, j’ai tout fait pour les Los Diablos ! J’ai même espionné les New Soldados pour les Los Diablos mais Finan m’a engueulé et m’a frappé ! J’ai surveillé pour les Los Diablos ! Et, toi, tu nous a séparé tous ! Tu m’as mis chez Carlos ! Moi, j’aimais mieux avant ! Maman est morte à cause des Los Diablos et vous avez tué mon oncle ! Ward, il s’est occupé de moi longtemps ! Vous le connaissez pas mais, moi oui ! Je voulais lui apporter le bébé pour vivre comme avant quand j’étais avec lui ! Vous pouvez pas comprendre !!!! Toi tu vis dans un grand château avec ta Maman, ta femme et ton fils ! Moi pas ! Ward c’est tout ce que j’ai comme famille.

Les larmes coulaient sur mes joues. J’avais pas su les retenir.

-Je vous détestes tous ! Je veux pas mourir ! Isabel voudra pas que vous me tuiez !

Je pleurais de plus en plus. Je voulais partir loin d’ici.

Guillermo ne doutait pas une seconde de Ward, prêt à parier que si on lui faisait quoi que ce soit, Ward le vengerait.

J’essayai de lui faire comprendre que son geste aurait fait beaucoup de mal à beaucoup de monde, surtout à Maritza qui avait déjà du subir l’enlèvement de notre premier enfant, Olivia.

Maritza pensait qu’il ne pouvait pas répondre à cette question parce qu’il n’était pas assez mature. Moi, j’attendais une réponse quand même. Il commença une phrase mais ne l’acheva pas et Finan lui demanda s’il était la taupe.

Le petit hocha la tête. Et tout se passa alors entre Finan et lui. Oui, il savait ce qu’on faisait aux traîtres. Mais j’étais sûr que Finan lui disait ça pour lui faire peur.

Il commença à pleurer et s’emballa alors que J.R. dans mes bras continuait de se tortiller et de pousser des cris. Plus fort maintenant, comme s’il voulait rivaliser avec Guillermo. Guillermo qui me fixait en me disant tout ça… Tout ce qu’il avait fait pour les Los Diablos sans apparemment en tirer la moindre satisfaction.

Il assura, à la fin, que Ward était tout ce qu’il avait comme famille.

Je répondis d’un ton calme, devant les larmes du gamin.

-Personne ne va te tuer. On ne tue pas les enfants chez les Los Diablos. Quant à Ward, tu l’idéalise… Mais je suis sûr qu’il ne s’occupera pas de toi. Et oui, j’ai du démanteler la maison des Pequeñas Manos où vous viviez tous ensemble, justement pour vous protéger de Ward. Tu te rappelles qu’il a cassé le poignet d’Isabel ? Il aurait pu faire bien pire.

Je marquai une pause pour bien le laisser intégrer ce que je lui disais. Mon regard passa à Finan qui avait l’air furieux. Mais pas furieux au point de tuer.

-J’ai un plan et si ce plan fonctionne, Guillermo, vous pourrez retrouver votre maison… Et tu as presque 12 ans. Si c’est dealer comme un vrai Los Diablos que tu veux faire, tu n’as qu’à attendre encore un peu.

Je regardai Finan.

-En attendant, tu seras placé sous la surveillance constante de Finan… Et si celui-ci ne sait pas t’emmener aux studios avec lui, il passera le relais à Alonso le temps de faire ce qu’il a à faire.

Julius Rachel se calmait doucement… il était temps… Je le rendis à Maritza.

-Mais si tu recommences, si Finan, Alonso ou un autre on le moindre soupçon, c’est à l’orphelinat que tu iras… Et je doute que Ward vienne t’y chercher.

Je regardai Guillermo dans les yeux.

-Est-ce que j’ai été bien clair ?

Nous avions affaire à un traitre en couche culotte. Je ne savais pas s’il fallait en rire ou en pleurer ! Quand la menace venait de la cour de récréation, il fallait se poser de sérieuse question sur comment les Los Diablos éduquaient leur relève, les[/i] Pequeñas Manos[/i]. Ward Fleming avait réussi, je ne sais comment à embobiner Guillermo en l’impressionnant, je ne voyais pas comment il aurait pu faire autrement, il n’avait strictement rien à lui offrir !

La révélation du jeune Guillermo avait de quoi surprendre et choquer ! Il avait de lui-même décidé de kidnapper J.R. pour l’amener à Ward Fleming pour lui prouver de quoi il était capable. Selon lui, Ward avait beaucoup à lui offrir, plus que Jimmy et les Los Diablos. S’Il n’en tenait qu’à moi, il aurait déjà eu quelques baffes derrière la tête, peut-être que cela lui aurait remit les idées en places !

Mais il y avait pire encore, bien que l’idée seule du kidnapping fût horrible ! Guillermo était la taupe responsable de la fusillade à l’entrepôt des Los Diablos. Il était donc indirectement responsable de la blessure de Finan, de la mort de Camillo, du bébé de Sky Fleming et du fait qu’elle soit dans le coma et bien que ce soit de manière indirecte, il n’en demeurait pas moins que cela était très grave !

Je ne pouvais nullement m’exprimer sur comment Jimmy et Finan allaient gérer cette histoire et de la punition à donner à Guillermo. Je n’étais rien dans l’échelle des Los Diablos hormis la femme de Reed, ça ne m’octroyait pas une voix d’office.

Seulement, je trouvais Jimmy beaucoup trop calme.

Guillermo se justifiait et plus il le faisait, plus il me faisait grincer des dents. On entendait toute son immaturité dans ses propos. Il avait agi parce qu’il s’ennuyait de ses copains, parce qu’il avait dû espionner et qu’il avait été réprimandé ! Parce qu’il ne pouvait pas vivre dans une belle et grande maison avec les siens alors que c’était le cas de Jimmy.

Je dû me retenir pour ne pas lui cracher au visage que s’il avait atteint l’âge respectable de onze ans c’était justement grâce à Jimmy Reed et ses Los Diablos. Sans eux, il serait probablement mort de faim dans un caniveau ou bien dans un orphelinat avec aucun espoir d’en sortir parce que tous les aspirant parents qui y vont espérer en ressortir avec un joli petit poupon et non avec un enfant à moitié élevé qui n’en fait qu’à sa tête !

Jimmy lui répliqua que personne n’avait l’intention de le tuer. Ah bon ? Parce que moi je venais de le faire au moins une demi-douzaine de fois en pensée.  Mon époux était calme, son ton égal, il exposait la situation en démantelant tous les arguments de Guillermo, patiemment.

Il me repassa J.R. qui était enfin plus calme, il allait peut-être accepter de se rendormir si je le tenais bien serré tout contre mon cœur.

Puis mon regard passa de Jimmy à Finan, ensuite sur Guillermo pour revenir sur Jimmy. Il ne le punissait pas, il lui offrait une seconde chance en le plaçant sous la totale responsabilité de Finan mais ne l’était-il pas déjà ? Sous ses ordres, je veux dire ? Et il était pénétré en notre demeure pour kidnapper notre fils ! Rien ne prouvait que Guillermo allait tenir parole et Finan sache le gérer !

- je ne veux plus jamais le voir dans notre maison ! Si c’est le cas, il aura de la sopa de cabeza de pescado pour le restant de ses jours !

Et elle lui sera servit à l’orphelinat en prime !

Il s’en sortait plutôt à bon – trop – bon compte à mon goût mais je n’y pouvais rien. Je me levais en priant Finan et Jimmy de m’excuser mais j’allais me retirer dans ma chambre avec notre fils pour l’allaiter et tenter par le fait même de le rendormir.

- Bon courage, Finan ! Et bonne fin de nuit.

Guillermo était la taupe. Il venait de l’avouer sans qu’on ait à trop chercher. J’avais, donc, maintenant, devant moi, un traitre. Seul bémol, ce traitre n’avait que 11 ans. En gros, c’était un gosse. La règle, pour les traitres, jusqu’ici, était claire : on les tuais. Il y en avait déjà eu. Et ils n’étaient plus ici pour témoigner.

Guillermo le savait. Et, à ma question, il répondit simplement que j’allais le tuer…

Et ça me fit bizarre. Pas parce qu’il énuméra deux de mes victimes. Non. Mais parce qu’il était persuadé qu’il allait subir le même sort. Il ne prenait pas en compte son âge… Alors, soit Guillermo se considérait réellement comme un adulte, soit il me croyait capable de tuer un enfant. Et le fait que ce soit la deuxième solution, me donna légèrement la nausée.

Jamais je ne saurais tué un enfant. Même pas ce petit traitre de Guillermo. Ce qu’il avait fait était stupide. Ça avait tué Camillo, indirectement… Mais je ne suis pas sûr que Guillermo pouvait savoir que ça aurait autant de conséquences.

Ce n’est pas pour autant que je changeai de regard et il finit par craquer complètement. Il déballa tout ce qu’il avait sur le cœur. Mais ce qu’il disait n’était pas suffisant pour justifier sa trahison. Ni pour justifier le fait que je n’avais rien vu venir, d’ailleurs.

Bref, Guillermo ne faisait que voir ce qu’il n’avait pas ou ce qu’il avait perdu. Pas ce qu’il a reçu tout au long de ses années. Quand Sierra est morte, on aurait simplement pu le mettre à l’orphelinat. Et, connaissant Guillermo, il y aurait été extrêmement malheureux entouré de nonne qui ne verrait en lui qu’un petit merdeux à redressé. Il n’aurait eu aucune chance d’être adopté. Il était trop vieux pour ça. Avec les Pequeñas Manos, il avait une famille et il était entouré de gamin comme lui qui le comprenait. Il avait eu de la chance dans son foutu malheur. Mais il ne voyait pas sa chance.

Et il pleurait. Je soupirai ne sachant toujours pas quel serait la sanction. Parce qu’il faudra quand même une sanction.

Il clamait ne pas vouloir mourir et Reed répliqua qu’on ne tuait pas les enfants. Et je marmonnais :

-Et tu as bien de la chance d’en être un.

En d’autres termes, s’il n’en avait pas été un, je n’aurais pas hésité. Et ça même si je détestais absolument tuer. Je l’avais fait deux fois… Et même si je pense encore que c’était la chose à faire, je n’en étais pas fier.

Reed voyait clair dans ce qu’avait Guillermo. Il idéalisait Ward, qui, j’en étais sûr, s’en foutait royalement de Guillermo. Il avait juste vu en lui l’opportunité d’avoir une taupe au sein des Los Diablos. C’est tout. Fin de l’histoire. C’est toute l’estime qu’il avait pour ce gamin.

Reed déclara les raisons qui l’avait poussé à démanteler les Pequeñas Manos en essayant, au passage, de faire culpabiliser le gamin.

Mais la suite… La suite était toute autre… La sanction de Reed tomba et ça sonna comme une récompense à mes oreilles…

Guillermo pourra dealer à 12 ans… Une première dans l’histoire des Los Diablos. Une première qui allait rendre jaloux Alejandra et Ugo.

Mais le pire c’était que Reed me sanctionnait moi ! Il voulait que je surveille CONSTAMMENT ce foutu gosse ? Je le fixai montrant d’un seul regard autant mon étonnement que ma désapprobation. J’allais devoir loger, nourrir, surveiller, éduquer et trimballer partout ce mini-New Soldados pour éviter qu’il ne joue à nouveau les petit traitres ?

C’était hallucinant ! Reed sait que j’ai une foutue vie privée ???

-Quoi ?

C’est ce que je dis mais Reed continua en s’adressant uniquement à Guillermo. Il dit que s’il merdait encore, il finirait à l’orphelinat.

Et c’était tout…

Maritza, elle, était toujours en colère. Ça se voyait. Et vu sa tête, elle n’aimait pas la « sanction » émise par Reed. Elle refusa que Guillermo mette encore les pieds dans la maison. J’hochai de la tête.

-Il n’y entrera plus…

C’était sûr et certain.

Puis, certainement pour montrer son désaccord, elle se leva et me souhaita bon courage.

-Merci… Vous aussi…

Puis, j’en revins à Guillermo qui, je le voyais sur son visage, savait qu’il s’en était plus que bien tirer.

Mais Reed avait-il d’autres choix ? Non… Comme moi, il avait dû se demander ce qu’il allait bien pouvoir faire pour punir un gamin de 11 ans et, n’ayant aucune solution, il m’avait simplement refiler le « bébé », si je puis dire…

Bien…

Je fixai Guillermo.

-A parti d’aujourd’hui, tu ne mettra plus un pied à Malibu. Je te retire de toutes les missions de surveillances. Si Reed te file une promotion à 12 ans, il faudra que tu la gagne. Pas en jouant les caïd dans la rue mais en montrant que tu sais te tenir. Tu viendra vivre chez moi vu que…

Je fixai Reed.

-Je n’en ai pas le choix…

Et ça ne me plaisait pas… On construisait quelque chose avec Tiffany et ajouter Guillermo à l’équation allait tout changer à notre bonheur naissant… J’aurais voulu lui présenter Alvaro… Faire en sorte qu’il passe quelque nuit… Mais jamais je n’aurais pensé que ça serait Guillermo et qu’il viendrait tous les jours…

Je fixai, à nouveau, le gamin.

-En gros, je te retires ton droit d’être un Los Diablos jusqu’à tes 12 ans. En attendant, je t’emmènerais partout et, quand je ne serais pas là, tu devras rester dans ta foutue chambre sans en sortir. Si tu sors et que tu rejoins Ward, j’oublierais que tu as 11 ans.

Je bluffais… Mais je savais qu’il était assez stupide que pour le croire.

-Maintenant, te rassemble tes affaires, je t’amène dans ta cellule…

Une belle cellule de 13m² avec une fenêtre et une bon lit… On a vu pire…

Je fixai, ensuite, Reed…

-Désolé pour J.R., boss… Ça n’arrivera plus jamais… Maintenant, je vais y aller… J’embarque le gosse et je libère les Los Diablos que je retiens en otage ici depuis bien trop longtemps…

Je parlais de ceux qui étaient en pause et qui pouvait, maintenant que j’avais ma pause, rentrer chez eux voir leur famille.

Je voulais pas mourir. Mais j’allais mourir. Comme ma mère et mon père, je vais mourir. Je pleurais mais je fronçais les sourcils en même temps. Finan allait me tuer… Une balle dans la tête. C’est ça qu’il avait fait à Yago et Romario.

Mais Reed disait qu’ils allaient pas me tuer… J’arrêtai de pleurer… Mais je reniflais quand même encore et je frottai mes yeux.

Pourquoi ?

Parce qu’on ne tue pas les enfants chez les Los Diablos… Je fixai Reed… Je suis sauvé parce que je suis un enfant ? Je ne comprenais pas… Ward, lui, il m’aurait tué. Il me l’a dit. Il a dit que si j’acceptais pas de devenir un New Soldados, il me tuerait.

Il rigolait pas.

Reed voulait pas me tuer. Il expliqua que s’il nous avait séparé, nous les Pequeñas Manos, c’était pour nous protéger de Ward. Il parla du poignet d’Isabel… Je m’en rappelle… Je murmurai :

-Il a fait ça parce qu’il devait le faire. C’était son travail.

Il travaillait pour la Casa Nuova avant… Mais je me rappelle que j’étais triste pour Isabel… Mais j’en voulais pas à Ward. Ward, c’est comme mon père…

Reed avait un plan pour refaire notre maison… Et il voulait bien que je sois un Los Diablos quand même. Je penchai légèrement la tête sur le côté.

C’est vrai ? Il me donnait tout ? A 12 ans ? Pas à 17 ans ou 18 ans comme Manuel et Isabel ?

J’hochai de la tête… J’allais mourir mais maintenant plus…

Si…

Ward va me tuer…

Non… Pas si je fais semblant de dire « oui » à Reed et de quand même travailler pour Ward…

Sauf que…

Finan allait me surveiller TOUT LE TEMPS. J’entrouvris la bouche… Parce que Reed me menaça aussi de l’orphelinat. Moi, je m’en sortais quand même bien alors, j’allais jouer le jeu et puis je réfléchirais après parce que je sais pas réfléchir, là… J’y arrive pas… Je baissais les yeux et dit d’une petite voix :

-D’accord, Monsieur Reed… C’est clair…

Et j’entendais que ça plaisait pas à Finan. Ni à la femme de Reed qui voulait plus me voir ici. Je fis une grosse grimace quand elle parla de sopa de cabeza de pescado. DEGUEULASSE.

-No es bueno…

Elle s’en alla la femme de Reed avec le bébé… Elle était pas contente.

Je dis rien… Je baissais encore les yeux. J’attendais que ça passe.

Reed avait décidé… Mais Finan en rajouta une couche et je pris un air indigné. Moi, plus être une Los Diablos avant mes 12 ans ? Moi, vivre avec lui ? C’est presque pire que Carlos ! Moi être enfermé dans une chambre ?

-Mais… Mais…

Je pouvais pas discuter… Je fronçais fort les sourcils. J’avais pas le choix… Et s’il me voyait trahir, il allait me tuer.

-T’es qu’un tueur !

C’est ce que marmonnais parce que j’étais pas content de ce qu’avais ajouter Finan ! Si c’est comme ça, je rangerais JAMAIS ma chambre ! Et je serais pas sympa avec Finan ! Il voudra me filer à quelqu’un d’autre avant la fin de la semaine !

Voilà !

Il voulait qu’on parte et je me levai, furieux en marmonnant des insultes en espagnol déstinée à Finan pendant que Finan s’excusait à Reed.

Je fixai Reed.

-Merci de pas m’avoir tué…

Pas merci de m’avoir confié à Finan.

Un jour, je serais un New Soldados quand même !

Guillermo pleurait, persuadé qu’on allait le tuer. Mais je n’étais pas Ward. Je ne tuais pas les enfants. J’étais au courant de ce qu’il avait fait à la famille d’Alice. Il avait tué deux gosses dans l’affaire. Moi, j’en étais incapable.

Je jetai un regard à Maritza après lui avoir rendu J.R. qu’elle tenait en petite boule contre elle. Heureusement qu’à cet instant, ce n’était pas elle la cheffe des Los Diablos. Parce que j’étais sûr que malgré son jeune âge, Guillermo ne s’en serait pas tiré avec elle. Elle le menaça de le nourrir uniquement de soupe de tête de poisson ce qui lui valut un sale regard de la part du gosse qui lui répondit en espagnol.

Quant à Finan, je l’entendis marmonner que Guillermo avait bien de la chance d’être un enfant. Pourtant, je savais que Finan ne tuait que lorsqu’il le fallait vraiment.

J’énonçai ma sanction et j’avais bien conscience que je « sanctionnais » par là même Finan. Mais je n’avais pas le choix.  Je lui servis un regard désolé quand il réagit. Mais il se repris vite pour mettre les points sur les « i » à Guillermo, lui donnant un avant-goût de sa nouvelle vie. Guillermo se voyait retirer son titre de Los Diablos jusqu’à ses 12 ans.

Et s’il rejoignait Ward, Finan oublierait qu’il n’avait que 11 ans.

Je hochai la tête, tout à fait d’accord.

Quant à Guillermo, soutenant toujours mon regard, il me dit que c’était clair pour lui.

Maritza s’était retirée avec J.R., fulminant toujours. C’était une vraie dragonne quand on s’en prenait à ses petits. Et j’aimais ça chez elle.

Je me levai et rallumai une cigarette quand Finan annonça à Guillermo qu’il l’emmenait dans sa cellule… Puis Finan s’excusa, annonçant qu’il allait libérer les Los Diablos qui étaient en pause et pouvaient retrouver leurs familles.

-Oui, je pense qu’il est grand temps… Dis leur à tous qu’ils auront une prime pour le dérangement.

Je soufflai la fumée, maintenant face à Finan.

-Quant à toi, je te fournirai l’argent nécessaire à l’éducation de ce garnement.

Pendant ce temps-là, Guillermo marmonnait en espagnol… Mais il avait quand même traité Finan de tueur…

-Tu vis encore, que je sache.

Il me fixa et me remerciai de ne pas l’avoir tué.

-Essaye que je n’aie jamais besoin de le faire. Parce que j’ai tué bien plus de monde que Finan.

Je les raccompagnai à la porte, une main sur l’épaule de Finan.

-Si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésite pas. J’ai bien conscience que je te puni aussi, en le sanctionnant de la sorte.

Une fois la porte ouverte vers l’extérieur, je lançai un :

-Bonne fin de nuit…

En souhaitant qu’au contact de Finan, Guillermo devienne un vrai Los Diablos.

Puis, je refermai la porte sans oublier de la verrouiller et retournai à l’étage. J’entrai dans notre chambre et me débarrassai de mon peignoir pour me glisser dans le lit et me coller en cuillère, prenant Maritza dans mes bras… Maritza qui tenait toujours J.R. contre elle.

Je passai une main sur la tête du nouveau-né…

-C’est fini maintenant… Je vous protège… Je vous aime.

La sanction de Reed était tombée et… Elle me sanctionnait moi… L’idée même de devoir surveiller Guillermo tout le temps était un pénitence. Et j’aurais trouvé ça moins rude si je n’avais pas, entre temps, commencer à bien établir mon couple avec Tiffany.

Guillermo n’était pas prévu dans cette foutue équation mais, maintenant, il n’était vu que Reed me l’imposait.

Alors, vu que je trouvais injuste d’être sanction pour le môme, j’avais établi ma propre sanction envers Guillermo. Je lui retirai le droit d’être un Los Diablos. Jusqu’à ses 12 ans, je le retirais de la rue et de toute activité liée au gang. Après tout, c’était une taupe et, moins il en saurait, mieux ça serait au cas où il déciderait de retourner voir Fleming.

Et s’il y va, et bien… J’allais le tuer. Non, en fait. Mais je l’avais menacé de le faire ainsi il réfléchira à deux fois avant de commettre une autre trahison. Parce qu’il était clair que Guillermo tenait à la vie. Ses larmes de tout à l’heure en était la preuve. Je savais qu’il n’avait pas pleurer pour de faux. Je savais reconnaitre quand il jouait la comédie.

Et tout ça ne lui plaisait pas. Tant mieux ! Ce n’était pas fait pour que ça lui plaise !

Sur ce, il était temps de partir. J’allais emmener Guillermo avec moi et j’allais pouvoir, enfin, dire aux autres qu’ils pouvaient rentrer chez eux. Enfin, tout du moins, ceux qui étaient en pause pour l’instant.

Reed confirma et promis qu’il donnerait une prime à toute ma partie de Los Diablos. J’hochai de la tête.

-Je leur dirais. Ça devrait leur rendre le sourire.

Oui, ça j’en étais sûr. L’argent fait toujours rendre le sourire. D’ailleurs, moi aussi, j’allais en avoir étant donné que Reed voulait me fournir de quoi « éduquer » Guillermo. Oui « éduquer » entre guillemet parce que je n’avais pas vraiment le temps de refaire son éducation, hein !

J’esquissai un sourire en coin.

-N’oubliez pas que ces petites choses mangent énormément quand vous transférerez l’argent.

Oui, tant qu’à devoir me coltiner Guillermo, autant que ça me rapporte un foutu bonus.

Un Guillermo qui ne cessait de m’insulter en espagnol. Tout son répertoire de gros mot y passa… J’étais un enfoiré, un connard, un sale irlandais de merde, un abruti et… Un tueur. Ça, il le dit en Anglais pour que tout le monde le comprenne bien même si j’avais une bonne base en espagnol.

Je roulai des yeux l’ignorant totalement alors que Reed, lui, lui fit remarquer qu’il vivait toujours.

Et si le gamin n’avait pas cessé de m’insulter, il remercia Reed qui ne manqua pas de lui dire que le gamin devait se méfier parce que, lui, Reed, avait tué bien plus de mon que moi.

Ça c’était clair.

-Et il ne ment pas…

C’est ce que je dis à Guillermo au cas où il ne croirait pas Reed.

Sur ce, on prit le chemin de la porte et Reed nous raccompagna. Il mit sa main sur mon épaule et déclara qu’il avait bien conscience qu’il me sanctionnait aussi… Je lançai simplement mais sans réellement de ressentiment mais plutôt de la fatigue :

-Vous n’imaginez même pas à quel point…

Non, il ne pouvait pas imaginer… Il ne savait pas ce que je vivais… Il ne savait pas que gérer mon rôle de dealer, mon couple, ma carrière musicale et Guillermo, c’était un peu trop à la fois…

Mais bon… Je n’allais certainement pas faire part de tout ça devant le gamin.

Je préférais simplement répondre au « bonne nuit de Reed » :

-Bonne nuit, boss…

Et on s’en alla, Guillermo et moi, direction chez moi…