- Tu es certain que tu veux vraiment les rencontrer ?

Finan et moi étions devant la porte de la maison de mes parents depuis au moins une dizaine de minutes et je n’avais toujours pas appuyé sur le bouton de la sonnette. Disons que je redoutais un peu cette rencontre parce qu’elle représentait une grosse étape dans l’officialisation de notre couple.  Si j’étais plus que certaine de mon amour pour Finan, je doutais qu’il en soit de même pour mes parents. Ils s’attendaient à ce que je rencontre un fils de politicien. Ils auraient accepté un chirurgien ou un avocat si pour autant ils venaient d’une famille réputée.

Plus tôt dans la semaine, j’avais pris mon courage à deux mains et j’avais sonné ma mère pour lui dire que j’avais rencontrer un homme bien, de qui j’étais profondément amoureuse et que je voulais leur présenter ma perle rare. Bien évidemment, ma mère s’était montrée curieuse et aurait bien aimé en savoir d’avantage mais je l’avais laissé sur un suspense après avoir convenu d’un souper en famille le vendredi soir suivant.

Évidement, je n’avais pas pu dire à ma mère qu’il était possible que le souper soit remis parce qu’avec la situation de Finan en ce moment, avec les Los Diablos, il était difficile de prévoir quelque chose. Ma mère n’aurait pas accepté cette éventualité de toute manière alors j’avais répété encore et encore à Finan pendant toute la semaine qu’il devait absolument faire en sorte d’être présent et en un seul morceau pour être présentable à mes parents.

De mon côté, j’avais passé toute la semaine chez Finan, avec Irish, a admiré la nouvelle décoration et à imaginer tous les scénarios possibles qui pouvaient avoir lieu pendant ce fatidique souper.  Je devais absolument me calmer et me dire que mes parents seraient tout simplement heureux de mon bonheur et que pour des parents, ce serait suffisant.

Pourtant, le matin de ce fameux souper, je m’étais levé avant que le soleil même ne pointe le bout de son nez, pour prendre une douche et revoir les vêtements que je nous avais sélectionnée pour la soirée. Finan n’avait pas une garde-robe très garnie et il avait fallu que je lui fasse essayer son seul pantalon qui n’était pas un training ou un jeans. Il devait rentrer un petit peu son presque petit ventre mais avec sa chemise, ça ne paraîtrait pas. Et s’il ne faisait pas de squat, son pantalon ne devrait pas déchirer.

- Mon père va essayer de te piéger avec des questions sur la politique… Si tu louange les démocrates, il ne devrait pas trop essayer de te coincer.

Je l’avais prévenu et donné des tuyaux out au long de la journée ce qui fait que, devant la porte de ma maison, j’étais encore nerveuse et j’essayais de briffer à fond mon homme.

- N’oublie pas que les couverts s’utilisent de l’extérieur vers l’intérieur et qu’une fois que tu t’es servi de ton couteau, tu ne peux pas le replacer sur la table, il doit reposé dans l’assiette prévu à cet effet.

Mais dans quelle galère nous avais-je embarqué ?

J’inspirais profondément après avoir échangé un regard avec Finan puis j’appuyais sur le bouton du carillon. Il ne fallu pas longtemps pour qu’Yvette vienne nous ouvrir et nous prit de bien vouloir passer au salon, là où mon père et ma mère nous attendaient.

- Bonsoir ! dis-je timidement en entrant dans le salon et en allant faire la bise à ma mère et mon père qui avaient déjà détaillés Finan de la tête aux pieds. Merci de nous recevoir.

Nous prîmes places ensuite dans le divan en face du leur et Yvette vînt nous proposer un apéritif en attendant que le repas soit prêt. J’avais oublié de dire à Finan qu’ici, il ne trouverait pas de bière mais de l’alcool hors de prix dans des verres tout aussi ridiculement cher.

Mon verre en main, je regardais le glaçon tourner et fondre dans mon alcool avant de me lancer.

- J’avais très hâte de vous présenter Finan. Peut-être que son nom vous est familier ? l a remporté le American Music Award du nouvel artiste de l’année… Il a beaucoup de talent et c’est de son groupe dont je vous ai parlé, maman. Celui que j’ai rejoint…

- Je n’écoute pas la télévision, tu le sais très bien, Tiffany. Vous êtes donc un chanteur, que faisiez-vous avant de chanter, Monsieur Quinn?

- Quinn ? Est-ce parenté avec le Sénateur Républicain Conrad Quinn?

Ça y’était ! Nous venions d’entrer dans la ronde des questions interminables et embarrassantes de mes parents.

@ Billy Lighter

-Au point où on en est autant se lancer…

Ouais… Après tout, on était déjà devant la porte de la maison des parents de Tiff. Une belle baraque de Malibu, un endroit où je venais presque tous les jours depuis que je travaillais quasi exclusivement pour Reed.

Mais cette fois-ci, il ne s’agirait pas de surveiller une grille mais bien d’entrer dans la maison et de faire connaissance avec celle qui vivait de plus en plus souvent chez moi.

C’est Tiffany qui avait téléphoner à sa mère pour passer le pas. Et après ça, elle m’avait bien laisser entendre qu’il valait mieux que je sois là et non pas à jouer les Los Diablos devant chez Reed. Ce n’était pas toujours facile de prévoir mais j’avais fait en sorte d’être présent ce qui, je le savais, n’allait faire que renforcer le sentiment d’injustice qui ne faisait que grandir au sein de mon petit groupe de Los Diablos… Plus le temps passait et plus ma popularité descendait en flèche si bien que j’étais de plus en plus pressé de trouver cette fameuse taupe… Quand ça sera fait, les autres comprendront et pourront retrouver leurs familles…

Donc, j’avais réussi à être présent et en un seul morceau comme Tiff me l’avait demandé. Le matin de ce jour, elle s’était levée très tôt m’arrachant de mon sommeil pour sélectionner au mieux nos vêtements. Sauf que je n’avais pas grand-chose de très « habillé ». Même aux AMA, j’avais choisi une tenue de rockeur et non un costard. D’ailleurs, pour être honnête, je n’avais aucun costard mais Tiff trouva le seul pantalon que j’avais qui conviendrait à l’œil de ses parents. Un pantalon un rien serrant, hélas… Avec ça, elle avait sélectionner une chemise parmi mes vêtements.

Après, ça, j’avais eu le droit à un briefing. Pour plaire à son père, je devais, visiblement, uniquement faire des éloges aux démocrates… Si ce n’était que ça…

-Je devrais y arriver. Si je pouvais voter, je voterais démocrate… Ça devrait lui plaire.

Je voterais démocrates parce que c’était les moins pire mais ça, je n’étais pas obligé de le dire au père de Tiffany. Mais je ne pouvais de toute façon pas voter… Je n’avais pas la nationalité américaine et ça même si je vivais ici depuis mes deux ans.

Pour le reste… Disons que j’avais des idées bien arrêtées sur la politique mais je pense pouvoir me retenir.

Par contre, ce qui était plus compliqué, c’était toute cette histoire de couverts… Il fallait les prendre d’une certaine façon et ne pas les déposer de telle façon. Bref, ce n’était pas évident à retenir et je devrais aller à l’encontre de mes réflexe.

-Je pense que ça sera ça le plus compliqué… J’avoue que je ne comprendrais jamais pourquoi il faut faire les choses d’une telle ou telle manière…

Et je pensais encore aux couverts quand Tiffany finit par se lancer et sonner à la porte. C’est une femme qui vint nous ouvrir et je compris bien vite que c’était… Heu… La femme de ménage ? Quelque chose comme ça… En tout cas, elle nous invita à aller au salon où se trouvait les parents de Tiffany.

Je venais d’entrer dans un autre monde. Un monde où je n’avais pas l’habitude d’aller… Mais je fis en sorte de ne pas trop m’attarder sur les décorations… Je m’étais déjà assez extasié chez Reed…

Tiffany les salua en premier et je fis de même.

-Bonsoir.

En souriant pour bien faire et je vis tout de suite que je me faisais complètement analyser par les parents de Tiffany. Mais je souriais toujours alors que Tiffany les remercias.

J’avais pris place avec Tiffany dans le divan face aux parents de Tiffany alors qu’on vint nous apporter des apéritif. Bon… Je m’attendais un peu à ne pas avoir de bière. Et si je préférais largement ça à des alcools hors de prix. Mais je remerciais tout de même pour le verre que je pris.

Bon… Pour le moment ça allait…

Mais Tiff se lança et elle donna mon CV… Enfin, une partie de mon CV. La partie qui pouvait être dite en public. Elle parla aussi du groupe et j’allais ajouter quelque chose quand la mère de Tiffany pris la parole avec une question qui me foutait déjà presque dans la merde avant que son père n’enchaine avec une question que, je le savais, était une question piège parce que j’avais entendu le mot « républicain ». En fait, je pense que ce qui m'avait le plus troublé dans les questions, c'était que, apparemment, la mère de Tiffany n'avait pas pris la peine de regarder sa fille jouer à la télévision lors de la diffusion des AMA. C'était, pourtant, un événement majeur dans la carrière de quelqu'un...

Je crois qu’il y eu une seconde de pose où j’ai bus une longue gorgée de cet alcool certainement horriblement cher avant que je ne souris regardant d’abord la mère de Tiffany.

-Avant, j’étais barman. Mais mon rêve à toujours été de faire une carrière musicale. Et c’est le cas maintenant.

Je ne mentais pas totalement… Avant, j’étais barman à mes heures en plus de jouer les dealers.

-Et oui, je suis chanteur et guitariste. On est trois membres dans notre groupe et ça fonctionne plutôt bien pour l’instant.

Je fixai, ensuite, le fameux Mitchell Austin. Il fallait que je gagne des points et je savais comme faire.

-Et, non, je n’ai rien n’à voir avec Conrad Quinn. Heureusement d’ailleurs. Avoir un républicain dans sa famille, ça ne doit pas être facile à vivre. Pour ma part, toute ma famille réside en Irlande. Je suis le seul expatrié. Je suis arrivé aux Etats-Unis quand j’avais deux ans avec mes parents.

J’espérais que j’étais sur la bonne voie… Pour l’instant, je suivais à la lettre le briefing de Tiffany. Mais je ne pus m'empêcher de demander:

-Alors, vous n'avez pas regarder les AMA? Votre fille y a pourtant fait de magnifiques prestations.

J’envoyai un regard vers Tiff pour voir si, pour l’instant, je me débrouillais bien ou si j’étais totalement à côté de la plaque…

@ Billy Lighter

Nous y étions et puisque c’était moi qui avais demandé ce souper à ma mère, je me voyais bien mal me sauver en courant, entrainant Finan avec moi. Pourtant, j’aurais vu là une solution simple et efficace d’éviter ce qui allait suivre. J’ai toujours eu une très bonne relation avec mes parents, mais en ce qui concernait mes hypothétique petit ami, j’ai toujours été mise en garde et briffée sur le type d’homme à éviter et Finan, entrait dans toutes les cases de cette catégorie. Mes parents ne prendraient pas le temps de le connaitre. Ils le jugeraient à l’emballage sans plus de manière.

Je sonnais donc et Yvette, une domestique de plancher vînt nous ouvrir avant de nous indiquer que mes parents nous attendaient au salon. Je déglutis difficilement en comprenant qu’ils nous attendaient cela voulait dire qu’ils étaient prêts, qu’ils avaient discutés de nous et que le premier round (et possiblement le dernier) venait de sonner.

Je fis la bise à mes parents en les remerciant d’avoir bien voulu nous accueillir ce soir pour partager le souper et je réalisais que je n’avais peut-être pas prévenu Finan que même moi, je ne tutoyais pas mes parents ! Ça ne passait pas dans leur monde, ce genre de familiarité même entre des parents et leurs propres enfants. Il fallait que je me calme et que je relaxe. Finan était un homme merveilleux qui me rendait vraiment heureuse. Mes parents porteraient certainement leur attention là-dessus, c’était le plus important, non ? Je fis donc les présentations et tout de suite, ma mère répliqua qu’elle ne regardait jamais la télévision, j’aurais dû m’en souvenir alors que mon père lui resta accroché au nom de famille de mon petit ami ce qui lui servit de tremplin pour amorcer son enquête.

Finan gardait son sang froid et répondit à ma mère en lui racontant qu’avant, il était barman et que maintenant, il avait la chance de vivre son rêve, celui d’être chanteur, puis il répondit à mon père en affirmant qu’il n’avait aucun lien familial avec Conrad Quinn et heureusement car d’avoir un républicain dans sa famille serait difficile à vivre. Il venait de marquer un point mais cela ne représentait qu’un tout petit mini point dans tout un océan de point à récolter.

Mon petit ami s’avança en terrain glissant en se surprenant du fait que ma mère ne m’ait pas regardé à la télévision le soir des American Music Awards en plus d’ajouter que j’y avait fait de magnifiques interprétations. Je voyais le jugement sur le visage de ma mère, elle n’appréciait pas la remarque.

- Ma mère ne regarde jamais la télévision, tu sais ce n’est pas très grave, Finan. Elle pratique beaucoup son violon.

L’un n’empêchait pas l’autre

- De quelle région de l’Irlande venez vous ?

Mon père semblait intéressé, c’était bien ! Au moins il n’avait pas une attitude complètement fermée comme ma mère qui se tenait devant nous, jambes croisées et le doit bien droit. Mon père adorait voyager alors très certainement que de parler de l’Irlande allait être gagnant… le seul petit hic était que Finan n’y avait pas grandi. Il avait quitté son pays natal à peine âgé de deux ans, pas de quoi se faire un gros bagage de souvenir.

- Ce serait un bel endroit à visiter, l’Irlande… Quand l’album sera terminé, nous pourrions l’envisager, qu’est-ce que tu en penses, Finan ?

Mon père voulait vraiment en savoir davantage sur l’Irlande et c’est là-dessus qu’il questionna mon petit ami en lui demandant maintenant s’il connaissait bien la vie politique de son pays d’origine et s’il avait des oncles ayant eu un quelconque lien avec la politique, nous n’allions pas nous en sortir. Mais ma mère revînt à la charge en coupant le dialogue pas encore établi entre mon père et Finan pour revenir avec ce qu’il avait dit concernant sa vie d’avant.

- Barman… Bien sûr il n’y a pas se sot métier. J’imagine que vous faisiez ce travail parce que vous aimiez ça ?  Vous buvez beaucoup, Monsieur Quinn?

Elle l’appelait Monsieur Quinn avec un tel dédain dans la voix qu’il était clair que son idée sur mon petit ami était déjà faite et que son sort en était scellé.

Quel soulagement de voir Colette cette fois, venir nous annoncer que le repas était servis et que nous pouvions passer à table ! Ma mère pourrait ainsi découper en petits morceaux son repas plutôt que mon petit ami !

@ Billy Lighter

Bon, ok… Vu le regard de la mère de Tiff, je n’aurais sans doute pas dû faire la remarque sur les AMA… Mais, moi, mon enfant participerait à un événement pareil, je serais fier et je serais le premier devant la télévision à regarder. Ça ne semblait pas être le cas des parents de Tiffany et c’est cette dernière qui répondit à la place du couple en disant que sa mère ne regardait jamais la télévision car elle préfère pratiquer le violon.

Ok… Je souris.

-Je comprends. Pratiquer, c’est important.

Non. Je ne comprenais pas. Mais j’étais ici pour gagner des points pas pour en perdre inutile parce que je trouve que la mère de Tiffany avait manqué quelque chose en ne regardant pas sa fille à la télévision.

Et c’est le père de Tiffany qui enchaina en demandant de quelle région d’Irlande je venais. Là, pour une fois, je n’y voyais aucun piège alors je répondis en souriant.

-De Limerick. C’est environs au sud-est de l’Irlande.

Mais… C’est à peu près tout ce que j’en savais. Je n’avais jamais visiter l’Irlande. Enfin… Si, peut-être avec mes parents quand j’étais plus petit mais après la mort de ma mère, mon père n’a plus jamais quitté Los Angeles. Et, par après, je n’ai jamais eu l’argent pour faire le voyage.

Le père de Tiffany semblait curieux… Par contre, sa mère me regardait d’un air assez sévère. Un sur deux, c’est déjà pas mal…

Tiffany avait aussi enchainé sur l’Irlande et proposait qu’on y aille après la sortie de l’album. Je souris d’un large sourire. Un voyage rien que nous deux en Irlande ? Loin de tout ? L’idée était tentante… J’espérais que, d’ici là, Ward Fleming nous laissera tranquille…

Rien n’était gagné.

-C’est une bonne idée ! Un voyage nous deux là-bas, ça va être génial.

Mon enthousiasme se lisait sur mon visage et s’entendait dans ma voix. J’avais toujours rêver de visiter l’Irlande.

Et ça semblait réellement intéresser le père de Tiffany qui enchaina en… Parlant politique. J’avoue… Je n’ai aucune idée de ce qu’il se passe en Irlande. En fait, comme je n’y vivais pas, je n’en avais un peu rien n’à faire. Limite, la politique locale de Los Angeles m’était nettement plus familière. La seule chose dont je savais la réponse c’était sur si j’avais un oncle en politique. Ce n’était pas le cas… Par contre, j’ai bien des membres de ma famille lié de très près à la tranche plus conservatrice de l’Irlande. Mais… Je parlais à un démocrate alors on va éviter de se tirer une balle dans le pied. J’avais assez avec celle que j’avais reçue dans l’épaule.

Je le fixai… J’allais répondre… Mais la mère de Tiffany coupa presque les questions et réflexions de son mari pour revenir sur mon métier de barman. Je me doutais pas que barman ce n’était pas reluisant pour des gens aussi riche mais ce n’est pas tant ça qui allait me foutre mal à l’aise mais la question de savoir si je buvais beaucoup…

C’est quoi le rapport entre barman et boire ? Enfin, si, je le voyais très bien mais c’est pas parce qu’on est barman qu’on aime boire, si ?

Je secouai la tête et, heureusement, une autre femme de ménage arriva pour dire que le repas était prêt.

Je me retins de soupirer de soulagement alors qu’on passa à table.

C’était une grande table… Beaucoup trop grand pour quatre personnes. Je m’installai à côté de Tiffany cherchant son regard alors qu’on nous servi de la soupe. Il y avait bien trop de couverts différents… Bien trop d’assiettes différentes… Bien trop de trucs différents pour que je ne me trompe pas en chemin.

Quelle horreur…

Pendant qu’on servait la soupe, je regardai la mère de Tiffany.

-Pour répondre à votre question, je faisais barman parce que ça me permettait de pouvoir travailler en musique et rencontrer des gens intéressants. Mais c’est aussi un bon métier pour pouvoir payer mon appartement et avoir assez pour manger tous les jours.

Ouais… Ce que Madame Austin n’avait pas besoin de faire, hein, vu la baraque.

-Et je bois pour les grandes occasions… Un peu comme tout le monde, je pense.

Sauf que, dans ma vie, il y a beaucoup de grandes occasions. Voyons les choses comme ça pour ne pas faire passer ma phrase pour un mensonge. Pour moi, une après-midi entre pote est une grande occasion, enregistrer des chansons est une grande occasion et, parfois, un simple soirée devant la télé tout seul est une grande occasion aussi… Bon, ok, je bois un peu plus que la moyenne mais je ne suis pas non plus Howard Stone.

La soupe était servie et… Je pris une cuillère… La plus grande… Sans savoir si c’était la bonne… Et, pour éviter un silence gênant, je fixai la mère de Tiffany. Elle aimait poser des questions ? Très bien ! Je vais faire la même chose !

-Et vous Madame Austin ? Vous êtes une très grande violoniste. Qu’est-ce qu’il vous à amener à pratiquer cet instrument.

La musique, je connaissais… Alors, j’imagine que ce n’est pas un terrain trop glissant.

Je bus une gorgée de soupe… Sans arriver à déterminé c’était de la souper à quoi… Mais j’ai vu mieux comme soupe.

@ Billy Lighter

Le divan sur lequel Finan et moi avions prit place était confortable et moelleux à souhait pourtant nous nous tenions le dos bien droit, tendu au possible, comme si nous appréhendions recevoir une tonne de brique sur la tête. Le fait est que les briques n’allaient pas tomber toutes en même temps, non ! Elles étaient lancées une par une au visage de Finan par ma mère qui enquêtait sur les habitudes de vie de mon amoureux maintenant qu’il avait révélé avoir été barman avant de se lancer dans la chanson. Heureusement que c’était un tout petit peu plus tranquille dans le camp de mon père qui lui, voulait tout savoir de l’Irlande, surtout si ça avait un lien avec la politique.

- Nous pourrions aller voir dans une agence de voyage pour commencer à se renseigner, ce serait un point de départ.

Un voyage en amoureux en Irlande nous ferait le plus grand bien, surtout avec ce qui se passait en ce moment pour Finan et ses Los Diablos. Il avait besoin de prendre l’air et moi aussi, par la même occasion.

Je fus grandement soulagée quand Colette vînt annoncer que le repas était servi et que nous pouvions passer à table. Le premier service fut celui du potage de châtaignes et foie gras. Finan regardait ses couverts et je lui fis un petit signe pour qu’il puisse prendre la bonne cuillère. Ma mère ne l’aurait pas raté s’il avait pris la cuillère pour le thé plutôt que celle réservée pour les soupes et potages.

Finan répondit ensuite à la question que ma mère lui avait posé au salon et pour laquelle elle n’attendait pas forcément de réponse. Elle était comme ça, elle lançait des lignes à l’eau et quand ont y mordaient, elle n’entretenait plus aucun intérêt.

- J’ai travaillé en musique toute ma vie et je n’ai jamais mis un pied dans un bar, mais c’est intéressant, comme approche, j'imagine

Elle ne répliquait pas pour la subsistance de Finan, elle ne voulait probablement pas admettre que ce qui comptait était justement qu’il ait pu se loger et nourrit convenablement grâce à un métier qui n’entrait pas dans son échelle de valeur.  Elle porta un instant son regard sur lui avant de lui offrir un demi sourire et d’ajouter :

- Les grandes occasions reviennent plus souvent pour certains, je suppose.

Je ne savais pas comment intervenir pour aider mon petit ami, de peur de me retrouver coincée entre lui et mes parents, parce que je savais que de me battre contre eux était un combat perdu d’avance et qu’une fois hors de cette maison, nous pourrions mettre cette soirée derrière nous et passer à la phase deux de notre relation. Je lançais tout de même une petite phrase pour faire comprendre que je n’avais pas vraiment de préoccupation vis-à-vis le précédant emploi de mon petit ami.

- Finan a toujours bien roulé sa bosse et c’est ce qui compte !

Finan demanda à ma mère d’où lui venait sa propre passion pour la musique. Elle posa sa cuillère et prit sa serviette de table pour s’essuyer les mains alors qu’elle ne devait absolument pas avoir besoin de le faire. C’était un moyen pour elle de prendre son temps, d’analyser même s’il n’y avait rien à analyser, de montrer qu’elle était supérieure et qu’elle méritait de se faire attendre.


- J’ai toujours eu cette passion pour le violon, d’aussi loin que je me souvienne, j’ai donc fait le cursus musique à l’université. L’histoire de la musique classique est un enrichissement précieux.

- Avez-vous fait des études universitaires, Monsieur Quinn?

Celle-là, elle venait de mon père.

Je roulais des yeux, le visage penché vers mon potage en me disant que nous n’en avions pas fini avec l’enquête !

- On ne roule pas des yeux à table, Tiff!

- Pardon, papa.

- Je demandais cela parce que Finan aurait pu obtenir une bourse en musique d’une université de second ordre tout à fait respectable.

Mon père terminait déjà son potage alors que je n’avais fait que d’y jouer avec ma cuillère, il faut dire que j’avais l’estomac noué et que les choses n’iraient pas en s’améliorant si l’ambiance demeurait aussi tendue. Était-ce que dans mat tête ?

@ Billy Lighter

La perspective d'un voyage en Irlande avec Tiff comme partenaire de voyage était sans doute le seul et premier point positif de ce début de soirée. Pour le reste, les choses étaient plus compliquées avec les parents de Tiff...

Son père semblait intéressé par Irlande bien qu'il y trouva un moyen de parler politique. Mais ce n'était pas tellement grave parce que je n'avais pas tellement peur de parler politique.

Par contre, sa mère, elle, c'était une toute autre histoire. Je voyais bien que chacune de mes réponses était une mauvaise réponse et que le fait que j'ai été barman dans le passé n'était pas vraiment glorieux pour elle. Alors que, barman, était un métier enrichissant... Bien plus que dealer qui est mon véritable "ancien" métier. Mais si je commençais à lui dire "c'est toujours mieux que dealer" avec toute l'ironie qui allait avec m'était d’avis que ça n'allait pas passer.

Mais avant que je ne puisse répondre, on passa à table où nous fût servie la soupe. Heureusement, Tiff m'indiqua discrètement la cuillère à prendre parce que avec tous les couverts qu'il y avait autour de l'assiette, à coup sûr, j’allais me tromper.

Puis, je répondis à la mère de Tiff. Elle disait avoir travailler dans la musique toute sa vie mais n'avoir jamais mis les pieds dans un bar... Jamais ? Moi, je n'avais pas envie de vivre une vie sans pouvoir aller dans un foutu bar me détendre... C'est dans ces endroits qu'on peut faire de très bonnes rencontres...

Mais je doutais que la mère de Tiff aime vraiment se mélanger au bas peuple. Sans compter qu'elle fit une réflexion qui me fit lever un sourcil quand elle insinua que je buvais quand même souvent… Elle n’en savait rien, en réalité, mais elle semblait me juger avant de savoir. J’avais regardé longuement la mère de Tiff sans rien répondre à ce qui était une sorte de pique. Il ne valait mieux pas y répondre, en fait.

C'est Tiff qui intervint disant que j’avais toujours su m'en sortir. Je lui souris lui envoyant un regard reconnaissant. Je savais que tout partait mal... En fait, je pensais bien que la mère de Tiff s'était déjà fait un avis sur moi avant même que je n'entre dans la villa.

Mais je ne dis rien gardant toutes mes réflexions pour moi avant de, plutôt, questionner sa mère avant qu'une autre question désagréable ne me tombe sur la tête.

Elle s'arrêta complètement de manger pour me répondre alors que moi, je n’avais pris, jusqu’ici, que deux gorgées de soupe... Le fait est qu'elle avait un drôle de goût mais j’allais certainement devoir me forcer pour la manger... Par politesse…

Mais une chose à la fois. La mère de Tiff répondit qu'elle avait fait un cursus universitaire en musique... Et je me rendit compte que je n'aurais peut-être pas du poser cette question car, maintenant, j’avais ouvert, sans le vouloir, un sujet qui allait encore plus creuser le fossé entre moi et les parents de Tiff.

Tiff roula des eux et se fit reprendre. C’est là que je me demandais comment Tiff était telle qu'elle était malgré l'environnement dans lequel elle avait grandi. Parce qu’elle n’était vraiment pas la même que ses parents.

Mais je n'allais pas y couper a cette question sur l'université. Tout était mis en place pour me piéger.

Tant pis.

Je n'allais pas leur plaire mais je n'en avais rien n'à faire alors je fixai le père de Tiff

-Non, je n'ai fait aucune étude universitaire. Je n'ai jamais obtenu de bourse. Je n'avais pas une assez bonne moyenne pour ça. L'université n'a jamais été une option parce que dès que je suis sorti de l'orphelinat à 18 ans, j'ai dû trouver un job pour pouvoir me payer un logement. J'étais seul. Alors j'ai trouvé un job...

Je fixai la mère de Tiff.

-Un job peut-être merdique pour vous mais ça payait les factures. C'est mieux que de vivre sous un pont, non?

Oui... J'y avais mis de l'ironie. Mais ils ne m'aimaient pas alors il fallait, au moins, que je leur fournisse des raisons.

-La musique je l'ai appris presque seul. Mes parents m’ont transmis leur passion quand j'étais petit mais, après, j'ai dû apprendre par moi-même...

Et je pense avoir plutôt réussi.

Je quittai les parents de Tiff des yeux pour manger ma soupe. Je mangeai vite pour en avoir vite terminé parce que, sincèrement, je n’avais aucune foutue idée de ce qu’il y avait là-dedans mais ce n’est pas bon du tout ! D'ailleurs... Je ne réussis pas à me retenir de grimacer... Le souper était déjà compliqué et voilà que, sans le vouloir, j'en rajoutait une couche!

@ Billy Lighter

La conversation entre mes parents et mon petit ami était difficile parce qu’elle n’allait que dans un sens; eux contre Finan. Enfin, ma mère plus que mon père. Lui, il ne voulait d’abord et avant tout s’assurer que mon petit ami n’avait pas de tendance dérangeante au niveau de la politique le reste, il allait se ranger d’office derrière ma mère. Je connaissais ce pattern plutôt bien.

Peu important ce que dirait Finan, ma mère trouverait la petite faille pour virer ça à son avantage ou pour discréditer les propos de Finan, bref, c’était un combat perdu à l’avance, malheureusement.

Le portage servit, j’indiquais discrètement à Finan quelle cuillère prendre alors que mes parents eux, n’y allaient pas avec son dos, le dos de la cuillère, bien sûr. Ils n’avaient pas lâché prise et continuait de questionner Finan sur son parcours, son ancien métier comme barman, sa scolarisation, ma foi, c’est pire qu’une enquête du FBI!

J’eu un pincement au cœur ensuite parce que Finan se défendit en parlant de son absence de diplômes, du fait qu’il n’a jamais pu faire de longues études en sortant de l’orphelinat et qu’il se sentait fier que, malgré tout cela, il est pu avoir un travail lui permettant de payer son loyer et de se nourrir. N’était-ce pas le plus important d’ailleurs ? Bien sûr, il ne fallait pas parler des Los Diablos qui ont financé une partit de ses revenus mais ce n’était pas important. Plusieurs personnes gagnent leurs vies humblement et s’en tirent très bien sans tomber dans des clichés tel que l’alcoolisme comme a semblé vouloir l’insinuer ma mère.

- De toute façon, les démocrates conçoivent la société américaine comme une union des communautés de citoyens issues de tous les milieux, pas vrai, papa ?

Il n’était donc pas bien vu de faire un procès à mon petit ami parce qu’il n’avait pas eu la chance de naître dans une famille de riche, comme moi.

Mon père me considéra un moment avant de me sourire et de m’envoyer un clin d’œil. Je ne m’exprimais pas souvent en utilisant mon savoir politique mais quand cela pouvait me servir, je n’hésitais pas.

- Vos parents étaient musiciens, Finan ? En tous les cas, ils vous ont transmis le plus bel héritage possible.

Ma mère avait changé de ton.

Un peu.

En tous les cas, elle avait peut-être saisi le message et n’allait plus attaquer Finan sur ses origines modestes et son parcours trop différent du mien. Je l’espérais en tous les cas.

Le potage fut desservi et remplacé par une entrée de Saint-Jacques et de foie gras poêlé, pour rappeler le potage qu’on venait d’avaler. À nouveau, et très discrètement, je désignais à Finan quels couverts il pouvait prendre pour savourer son repas. J’adorais les St-Jacques, surtout apprêté de cette manière.

- J’ai eu le plaisir d’écouter vos premiers morceaux, Finan et je dois avouer en toute honnêteté que vous m’avez gagné sur ce point…

- Papa…

- C’est tout à fait vrai, Tiffany ! Ce n’est pas un son très courant, c’est surprenant et étonnant.

- Il y a beaucoup d’inspiration médiéval dans votre music, Finan. Vous devez avoir un gros bagage de connaissance sur ce sujet.

Ma mère venait de faire un virage a 180 degrés et Finan devait en être déstabilisé, en tous les cas, moi je l’étais. Heureusement, le virage était positif, pourvus qu’il le demeure !

@ Billy Lighter

Je m'étais défendu... Je ne pouvais pas ne pas le faire alors que, de toute façon, j'avais bien compris que mes origines modestes m'avaient éliminées directement des bons prétendants pour Tiffany, du point de vue de ses parents.

Alors, j'expliquai pourquoi je n'avais pas fait d'études universitaires citant mon passage à orphelinat comme le plus grand frein. Est-ce que j'aurais fait des études universitaire si j'avais pu vivre avec mes parents ? Qui sait ? Peut-être que leur soutien m'aurait permis d'être plus investi à l'école et m'aurait permis d’obtenir une bourse... Je n'en savais rien. Le fait était qu'ils sont morts bien trop tôt et que je ne saurais jamais comme aurait été ma vie si ma mère n'avait pas disparue quand j’avais 4 ans...

C'est cet évènement-là qui a fait tout basculer et qui a fait ce que je suis devenu aujourd'hui.

Je me défendais et Tiffany le fit aussi en utilisant la politique comme arme. Et vu le regard que lui lança son père, je savais qu’elle avait réussi son coup ce qui m'apporta un rien de soulagement.

Mais je ne m'attendais pas à ce que la mère de Tiff change de ton et devienne plus douce en parlant de la passion musicale que m’avaient transmis mes parents. Je souris.

-Oui, ils étaient musicien. La musique celtique, c'était ça leur truc. Ma mère était une chanteuse hors-pair et savait jouer de la flûte et du violon.

Je me tournai vers Tiff et lui souris.

-Comme toi.

Je reposais mon regard sur la mère de Tiff.

-Mon père faisait surtout de la guitare. Et il ne manquait jamais de faire des représentations quand il le pouvaient. Leur regret a toujours été de ne pas pouvoir en vivre.

Pourtant, ils avaient espéré que Los Angeles soit l’endroit pour ça mais ma mère a disparu à peine deux ans après leur arrivée ici.

On nous servi alors le plat que je compris être l'entrée. Du foie gras et ce qui me semblait être des St-Jacques... Que des truc hors de prix et... Pas forcément très bon à manger mais je pris quand même quelques St-Jacques avant de prendre les couverts que me désignait discrètement Tiff.

Le père de Tiff parla alors de ma musique et je fis agréablement surpris qu'il aimait bien. Je lui souris sentant d'un coup la pression retomber sans arriver à savoir pourquoi les parent se Tiff avaient d'un coup changé de ton.

-Merci. Je suis content que vous appréciez. Le métal symphonique est relativement nouveau mais je trouve que c'est un bon mélange de classique et du rock moderne.

Et la mère de Tiff, qui semblait avoir d'un coup été possédée par une autre personne me parla de mon sujet favori : le médiéval. Je rêve ou mon cauchemar ce transformait tout doucement en une soirée tranquille ? Je mangeai une St-Jacques avant de sourire.

-Je m’y connais un peu oui. Je lis beaucoup de livres sur le Moyen-âge mais aussi des romans sur le sujet. C'est mon truc depuis que je suis petit. Alors j'essaie d’allier mes deux passions à travers ma musique.

Je jetai un regard à Tiff cherchant dans son regard ce qui avait fait changer, comme ça, ses parents de bord...

-En tout cas, votre fille est sans doute la meilleure flûtiste, violoniste et harpiste que j'ai rencontré. J'ai de la chance d'être tombé dessus.

Je souris. Je me fichais un peu de ce que ses parents pensaient de mon compliment. Ils étaient pour elle et elle seule.

@ Billy Lighter

Il s’en était fallu de peu pour que la pente descendante sur laquelle mes parents avaient fait glisser Finan ne finisse pas l’éjecter pour de bon. Je ne sais pas vraiment ce qui a forcé ce changement de cap, si ce fut ma remarque sur les valeurs démocrates ou si c’est la manière dont Finan se défendait tout en restant courtois mais je n’allais certainement pas refuser un peu de répit. Fort probablement qu’on était loin de la bénédiction paternelle mais c’était tout de même mieux.

La trame de fond était commune à nous tous. La musique nous reliait, il fallait miser là-dessus. Je regardais Finan avec des étoiles dans les yeux quand il confia que sa mère était une chanteuse flûtiste et violoniste hors pair… comme moi. J’aurais bien aimé connaître sa maman et discuter musique avec elle. Je me disais aussi qu’il fallait être une femme forte pour avoir mis au monde un si grand gaillard.  Peut-être qu’un jour je porterais les enfants de Finan et si c’était le cas… pourvus qu’ils tiennent de moi !

Le papa de m on amoureux, lui, son truc c’était la guitare. Les soirées devaient être animées, chez eux s’ils touchaient tous à un instrument. Ici, bien que ma mère eût toujours été une grande passionnée et qu’elle m’ait transmis cette passion, mon père se contentait d’être spectateur et seulement quand il en avait le temps c’est-à-dire pas très souvent. Seulement, cela paraissait très bien que de dire que sa femme était premier violon de l’orchestre symphonique de Los Angeles et que sa fille chérie marchait dans les traces de maman.

- J’aurais vraiment adoré rencontrer tes parents, tu sais.

Mon père confia, alors qu’on nous servait des Saint-Jacques avec foie gras, qu’il avait bien aimé l’album de Finan. Je ne savais pas si je devais être surprise par le fait que mon père ait pu écouter autre chose qui ne sortait pas du répertoire de Beethoven ou de Mozart ou bien qu’il ait pu consciemment se procurer un album d’un nouvel artiste et de l’écouter vraiment, assez du moins pour s’en faire une opinion.

L’important était qu’ils aient aimés tous les deux et que la conversation était maintenant dirigée vers quelque chose de plus léger et accessible. Ma mère interrogeait maintenant Finan sur ses connaissances médiévales. Moi, j’adorais entendre Finan parler de cette passion parce que quand il le faisait, il parvenait toujours à mettre des images dans ses mots et il me faisait voyager sans quitter ses bras. C’était merveilleux. Et il ajouta même un compliment pour moi qui me fit rougir.

- C’est toi qui est merveilleux…  Finan nous a recruté, Ivar et moi pour que nous formions un groupe. Vous savez, Ivar ? Je vous en ai déjà parlé.

- Oh oui ! Charmant jeune homme, d’ailleurs.

Un jour, peut-être pas ce soir, mais un jour oui, j’aimerais bien que ma mère m’explique sur quoi elle se base pour classifier les hommes. Loin de moi l’idée de retirer quoi que ce soit à Ivar, il est effectivement très charmant, intelligent, bel homme mais pas mon genre cela dit. Seulement, Ivar n’avait pas atteint disons toute la maturité d’un homme accompli alors que Finan avait vu pleuvoir, avec tout ce qu’il avait vécu.

On nous libéra de nos assiettes de l’entrée pour nous servir le plat principal, des suprêmes de poulet avec sauce à la truffe. Décidément, mes parents avaient sélectionné un repas de grande occasion avec des ingrédient hors de prix. À nouveau, je montrais à Finan les ustensiles à utiliser pour ce service. Il s’en sortait très bien, il fallait l’avouer.

- Quels sont vos projets pour la suite des choses ?

- On va se marier !

Si nous étions dans un comics, la tête de mon père aurai explosé et ma mère se serait décomposée en tout petits morceaux. J’avais lâché ça sans m’en rendre compte et parce que je pensais que ma mère faisait allusion à notre couple mais non… il s’agissait d’autre chose.

- Tiffany Austin! Tu as intérêt à ne pas être sérieuse !

- Je parlais de vos projets de musique mais… Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Tu n’es pas enceinte au moins ?

- Vous venez à peine de vous rencontrer !  Laissez vous le temps de vous connaitre, d’observer un temps correct de fréquentation !

Sans le faire exprès, je venais de recrinquer mes parents qui maintenant, y allaient de remontrances et de grandes phrases pré mastiquées sur la bienséance d’agir dans sa vie de couple, que je devais penser à ce que mon mariage avec un musicien aurait comme impact sur l’imagine politique de mon père.

- On ne comptait pas le faire le weekend prochain non plus… ni même cette année… Mais peut-être dans un avenir rapprocher, qui sait ?

- Oh, Annette ! Je me sens faiblir, j’ai besoin de mes sels pour respirer !

Je fis un petit signe de la tête à Finan pour qu’il comprenne que ma mère, quand elle subissait un choc feignait toujours l’évanouissement et qu’elle avait trouver le placebo parfait dans l’inspiration de sels mentholés-épicées. Je ne comptais plus les fois où elle avait joué la comédie pour nous faire céder, mon père et moi.

@ Billy Lighter

La conversation avait totalement changé et était bien moins tendue qu’au départ sans que je comprenne le déclencheur. Mais je n'allais pas m'en plaindre et je commençais à parler de mes parents et de leur passion pour la musique.

Je vis les étoiles dans les yeux de Tiff quand j'avais montré les similitudes qu'il y avait entre ma mère et elle. Elles pratiquaient les mêmes instruments. Je souris à Tiff elle qui déclara qu'elle aurait bien voulu rencontrer mes parents. Ce n'était pas la première fois qu'elle faisait cette remarque et j’aurais, moi aussi, bien voulu les lui présenter.

-Tu les aurait adorés. Et ils t’auraient adorés.

Après ça on parla de mon single que le père de Tiff avait aimé ce qui m’étonnait dans le bon sens du terme. Ensuite, j'avais même pu parler de ma passion pour le médiéval qui semblait intéresser la mère de Tiff.

C'est ensuite que je fis un compliment sur Tiff qu'elle me rendit en parlant de note groupe qu'on formait avec Ivar... Ivar que semblait apprécier la mère de Tiff... Sérieusement ? Avec cette remarque, je pouvais conclure qu’Ivar aurait eu plus de chance que moi à ce dîner. Pourquoi ? Je n'en sais rien du tout !

-Ivar est un type bien. Un vrai gamin mais un bassiste hors-pair et un bon ami.

Peut-être que la mère de Tiff avait un faible pour les gamin de 20 ans, qui sait, hein...

Le plat nous, fut, ensuite, servi et je souris en voyant que c’était du poulet. Enfin quelque chose qui allait pouvoir me remplir l'estomac ! Je pris les couverts que me désigna Tiff, prêt à déguster ça alors que la conversation s’était assainie.

La mère de Tiff questionna sur nos projets et le temps que je lui demande si elle parlait de nos projets de couple ou musicaux, Tiff avait déjà répondu qu'on allait se marier.

C'est vrai que c'était au programme. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'elle le dise si vite a ses parents alors que j'avais à peine un rien gagné leur confiance...

Je me mordais la lèvre devant l'air bouche bée de ses parents... La réaction ne tarda pas à être négative surtout dans le chef du père de Tiff... Pour lui, c'était trop tôt. Quant à sa mère, elle se demandait si Tiff n'était pas enceinte.

Ça y est... On est dans la merde...

-Non elle n'est pas enceinte..  C'est que...

Mais je n'eus pas le temps d’expliquer qu'ils y allèrent de  leurs remontrances comme si on était deux ados impatients. Sauf que je suis loin d'être un ado et Tiff aussi. Une Tiff qui se justifia disant que ce n’était pas pour le week-end prochain. Seulement, entendre toute la désapprobation de ses parents titillait en moi mon côté provocateur... J’avais envie qu'on se marie dès demain juste pour les emmerder...

Mais je ne dis rien alors que sa mère se disait faiblir et demandait ses sels. Vu la tête de Tiff ça n'avait rien d’inhabituel... Ok, le mariage ne plaît pas à la mère de Tiff mais... Qu'est-ce qu'on s'en fout !

Une domestique apporta les fameux sels alors que je répondit simplement :

-On a bien réfléchi et on se mariera dans les prochains mois. Désolé que ça vous fasse un choc. Désolé que vous trouvez ça trop rapide mais on est plus vraiment des adolescents.

Mon ton était peut-être un peu dur mais leur désapprobation était disproportionnée.

-Puis, voyez les choses du bon côté. Au mois,  on fait mes choses dans l’ordre. Le mariage avant les enfants. Ça pourrait être pire.

Je les regardai l'un puis l'autre. Avant de me lever d’un coup.

-D’ailleurs, pour bien faire, je vais même faire les choses dans les formes.

Je me plaçai à côté de la chaise de Tiff et mis un genou à terre.

-Tiffany… Est-ce que tu veux m’épouser ?

Ainsi elle ne sera plus ma petite-amie mais ma fiancée et ses parents pourront toujours se brosser pour un retour en arrière.

@ Billy Lighter

Sans trop savoir comment nous en étions arrivés là, l’ambiance était beaucoup plus légère et nous permettait à Finan et moi, de souffler un peu. Je ne savais pas s’ils faisaient ça parce qu’ils avaient vu que leur attitude pouvait m’agacer et me blesser ou bien parce qu’ils avaient comprit que mon amour pour Finan ne pouvait pas être ébranlé par leurs remarques et l’enquête politique mais quoi qu’il en soit, j’appréciais ce nouveau ton.

Malgré tout, ma mère ne pu s’empêcher de dire à quel point Ivar était un homme charmant alors qu’elle ne le connaissait pas du tout, uniquement par ce que je pouvais lui avoir raconté à un moment ou un autre. Ça semblait être assez pour elle pour avoir son opinion.

Je commis ensuite une bourde monumentale !

Ma mère questionna sur nos projets futurs, elle parlait du groupe, de notre album, de nos projets mais moi, je cru qu’elle parlait de Finan et moi, personnellement alors sans m’y attendre, parce que les mots glissèrent de ma bouche d’eux-mêmes, j’annonçais que Finan et moi avions l’intention de nous marier.

La réaction de mes parents fut instantanée.

Mon père qui pourtant était plus conciliant depuis le début, s’insurgea en me menaçant qu’il était dans m on intérêt de ne pas être sérieuse, que Finan et moi venions à peine de nous rencontrer, qu’il fallait plus que cela pour savoir si nous voulions vraiment nous unir en observant un temps de fréquentation. Il fallait lire encore les lignes ! Ils pouvaient tolérer ma relation avec Finan en autant qu’elle ne dépassait pas le stade de la simple fréquentation ! Je venais de parler de mariage, voilà où était le drame !

Et ma mère !

Elle s’inquiéta de savoir si j’étais enceinte. Quel scandale cela aurait été dans son très intime cercle d’amies ! C’était arrivé à la fille de Chelsea Monroe, Elsa. Elle était tombée enceinte à peine le lycée terminé et le père n’avait pas voulu assumer ses responsabilités. La rumeur s’était répandue comme une trainée de poudre et Chelsea recevait de moins en moins d’invitation à prendre le thé. Ma mère craignait qu’un tel sort lui arrive bien plus que n’importe quoi d’autre! Qu’on apprenne que sa fille unique était enceinte avant le mariage, que le père de son premier petit-fils n’était qu’un chanteur sortit d’on ne sait où ?!

Elle joua le grand jeu du malaise en réclamant ses sels qu’Annette s’empressa de lui apporter. Je fis signe à Finan que nul ne servait de bouger le petit doigt, je connaissais très bien ce manège qu’elle exploitait d’aussi loin que mes souvenirs me permettaient de remonter.

- Tu vois ce que tes plaisanteries font à ta pauvre mère ?

Je n’eu pas le temps de répondre à mon père que Finan prit la parole pour dire que nous avions bien réfléchis et que nous faisons les choses dans le bon ordre, nous n’étions plus des adolescents irréfléchis !

J’hochais de la tête pour abonder dans le même sens que Finan seulement, je croyais qu’il parlait de notre relation naissante et de l’idée d’aménager ensemble qui germait de plus en plus dans nos têtes au point où j’avais commencé à faire des cartons.

Et c’est là que Finan mit son genou à terre et me posa LA grande question. Je le regardais, bouche bée tout en repensant à notre journée peinture avec Ivar et Vanya, à la tête d’Ivar quand nous avions parlé mariage et relation de couple. Tout allait très vite en fait dans ma tête. Ma mère qui n’en finissait plus de perdre connaissance et mon père qui devait calculer les votes qu’il pourrait perdre s’il devait mal marier sa fille. Et Finan se trouvait là, devant moi, un genou au sol et Annette qui passait le flacon de sels sous les narines de ma mère…

- Oui ! Oui !! OUI !!!! Oh oui, Finan, je le veux !

Je m’étais levé de ma chaise quelque part entre le premier oui et le je le veux pour lui tomber dans les bras et l’embrasser amoureusement. Et tant pis pour la bénédiction parentale, je n’avais pas besoin de leur avis pour me marier.

Seulement, mes parents échangèrent un regard, un long moment, dans un silence presque religieux avant d’enfin réagir et bien sûr, ce fut mon père qui parla pour eux deux.

- Je vois que tu as déjà pris ta décision, Tiffany. J’imagine que tu voulais nous faire comprendre que tu n’avais pas besoin de nous pour tracer ton chemin. Nous allons prendre en charge le mariage, tous les frais, mais nous allons devoir fouiller dans ton passé Finan parce que tu n’épouse pas n’importe qui. Il serait plus sage de me prévenir tout de suite de la moindre petite tâche que je pourrais trouver, parce que mes adversaire politique, eux irons fouiller dans les moindres détails.

Je regardais Finan dans les yeux, mon front contre le sien et mes bras autour de son cou. Il ne trouverait rien… enfin… rien de bien compromettant. Pas vrai ?

- Nous pouvons quand même manger ce délicieux poulet avant de penser à fouiller dans les petits coins sombre de mon fiancé ?

Oui, concentrons-nous sur le poulet ! Ma mère, elle repoussa son assiette et se contenta de boire son verre d’eau. Mais moi, je savourais mon poulet en imaginant déjà les détails de ma robe de mariée !

@ Billy Lighter

La conversation était redevenue calme pendant un temps… Mais c’était sans compter sur Tiffany qui déclara, en réponse à sa mère sur nos projets, qu’on allait se marier.

Je ne m’y attendais pas… Mais je pense que le choc fut encore plus grand dans le chef de ses parents qui réagir de façon extrêmement négative à la révélation de leur fille. Ils parlaient à Tiffany comme si elle avait 16 ans alors qu’elle avait dépassé la vingtaine depuis quelques années déjà. Elle avait la maturité, je pense, pour décidé ce qu’elle voulait pour sa propre vie.

Bref, ils n’étais pas d’accord. Preuve que j’étais loin de l’idéal qu’ils se faisaient du mari parfait pour leur fille. J’aurais été un riche fils de politicien ou un Jimmy Reed en puissance, ils auraient demandé eux même « à quand le mariage ? ». Mais je n’étais ni l’un, ni l’autre. J’étais un orphelin chanteur et Los Diablos de surcroit. Même s’ils n’avaient aucune idée, en fait, que j’étais un Los Diablos.

Du coup, ils sortirent les réprimandes et sa mère alla même jusqu’à feindre l’évanouissement. C’était un vrai spectacle. Un spectacle auquel je n’aurais pas voulu participer.

Je pris alors la parole pour dire qu’on était sûr de notre couple et que ce n’était pas aux parents de Tiffany à décider pour nous. J’avais passer l’âge d’avoir des foutus parents de substitutions prêt à me réprimander à chaque fois que je faisais quelque chose qui n’entrait pas dans leurs valeurs.

Et, pour bien montrer qu’on faisait bien les choses dans l’ordre, je finis par faire ma demande… La vraie ! Avec le genou à terre et tout. Ce n’était pas prémédité. Je l’avais fait sur un coup de tête mais j’étais certain que jamais je n’allais regretter ça.

Tiff était bouche bée… Mais elle accepta quand même avec un enthousiasme que ne partageai pas ses parents. Elle tomba dans mes bras et je lui rendis son baiser en souriant contre ses lèvres.

Autour de nous, ce fut le silence total alors que Tiffany était toujours dans mes bras. Je n’étais pas sûr d’avoir envie de bouger de là.

J’écoutais son père qui brisa le silence. Je l’entendis dire qu’il allait prendre en charge les frais du mariage. Je ne lui avais pas demandé ça… Mais j’imagine que c’était sa façon d’avoir le pouvoir sur l’événement. S’il ne fallait que ça à son bonheur alors, j’allais lui céder ça.

Mais mon cœur rata un battement quand il dit, sans gêne, qu’il allait aller fouiller dans mon passé. Pourquoi ? Par peur que ses opposants ne m’utilisent contre lui.

Je ne m’attendais pas à ça… Mon cœur battait plus vite. Je ne savais pas si Tiffany pouvait le sentir alors que mon front était contre le sien. Et si nos regards étaient accroché depuis ma demande, je les fermais brièvement le temps d’encaisser ce que venais de dire le père de Tiff.

J’avais repris place, ensuite, face à mon assiette alors que Tiff semblait vouloir déguster le souper avant… Avant quoi ? J’étais obligé de dire au père de Tiff ce qu’il en était. Je savais quel pouvoir avaient les politiciens. Je savais qu’il ne lui faudrait pas très longtemps avant de découvrir qui j’étais  réellement. Les flics de l’Eastside savaient que j’étais un Los Diablos et ils ne pourront pas résister à la demande d’un politicien local.

Mieux valait qu’il le sache par moi.

Je repoussai alors mon assiette en m’éclaircissant la gorge. Je jetai un regard à Tiff lui montrant que j’allais me lancer. Que son père ne me laissait pas vraiment le choix.

Je fixai son père.

-Vos opposants ne trouveront pas de tâche… C’est un tas de merde qu’ils trouveront.

Si ses opposants découvrent que sa fille à marié un Los Diablos, ça allait être plus qu’une tâche, j’imagine.

-Avant d’être chanteur, j’étais barman. Je n’ai pas menti. Mais je ne suis pas que ça. Je suis aussi un Los Diablos.

J’espère que je n’allais pas réellement tuer sa mère en disant ça.

-Je le suis depuis que j’ai 20 ans. J’ai été recruté alors que je n’avais aucune perspective d’avenir. Ou, du moins, que je ne croyais pas en avoir. Je fais encore partie de leurs rangs à l’heure d’aujourd’hui.

Je bus une gorgée de vin ou de je ne sais quel alcool qui nous avait été servi.

-Je sais… Ça ne va pas faire en sorte qu’on soit en bon terme vous et moi…

Je savais que ça ne changerais rien entre Tiff et moi. Par contre, pas sûr que ses parents soient aussi indulgents. Et je savais que chaque fois que je faisais cette révélation à quelqu’un, je pouvais me retrouver en prison. Surtout que là, je l’avais dit à quelqu’un qui avait de l’influence et qui pouvait m’éjecter du décor en quelques coups de fils.

Mais il ne m’avait pas laisser le choix.

@ Billy Lighter

C’était à prévoir que mes parents réagiraient très mal à ce que je venais de dire. Je ne l’avais pas vraiment fait exprès, ça m’était venu spontanément, à la légère comme nous l’avions fait avec Ivar et Vanya quand ils étaient passé à l’appartement de Finan pour nous aider à repeindre et décorer.  Je me sentais tellement flotter de bonheur sur mon petit nuage, avec mon amoureux, que je n’avais pas songer provoquer autant de consternation dans le camp de mes parents, et ma mère qui feignait l’évanouissement était franchement grotesque.

Cependant, je n’avais pas songé un seul instant que Finan puisse être prêt à franchir ce cap pour de vrai, tout de suite pour de vrai, je veux dire. Je crois que quelque part, nous ressentions sans vraiment vouloir le dire ouvertement que nous ressentions l’urgence de vivre avec l’épée de Damoclès au-dessus de nos têtes : Les Los Diablos.

Je tombais dans les bras de Finan en en acceptant sa demande. Il n’avait pas l’écrin contenant la bague mais son amour suffisait à me combler et le bonheur rayonnant sur mon visage brillait plus que le plus gros des diamants.

Mes parents n’auraient pas d’autre choix que de l’accepter… ou de me renier.

J’aimais mes parents, vraiment profondément mais ils ne pourraient pas m’empêcher de me marier avec Finan ! Que cela leur plaise ou non, il était celui avec qui je voulais vivre pour le restant de mes jours.

- Oui ! Ma décision est prise !

Mon père avait toujours été le plus conciliant des deux, le plus souple, le moins strict. Il dû se résigner assez vite puisqu’il proposa alors de prendre en totalité les charges du mariage. Je savais que ce faisant, Finan et moi devrions accepter une fête pour annoncer nos fiançailles, que ma mère déciderait de beaucoup de chose comme du menu, des fleurs, des invités, de la couleur des robes des demoiselles d’honneur mais je m’en fichais un peu, un tout petit peu. Si ça pouvait l’aider à avaler la pilule, je n’allais pas l’empêcher de jouer à l’organisatrice de mariage.

Mais il y avait une ombre au tableau et pas la moindre et j’aurais dû la voir se pointer le bout du nez parce ce n’était pas quelque chose que je n’avais jamais vu passer a un moment où un autre dans ma vie de fille de politicien.

Je repris donc place sur ma chaise et demandais si nous pouvions manger avant de commencer l’enquête.

Je l’avoue ! Je voulais gagner du temps pour pouvoir discuter en privé avec Finan du sujet chaud de l’heure mais il se jeta de lui même dans la fosse aux lions.

- Finan… ne va pas là…

Mais il était trop tard, je ne pouvais plus l’arrêter ! Il prévenu mon père que ses adversaires trouveraient un tas de merde, une expression qui passa moyennement bien à table. Je regardais mon poulet, comme sil pouvait être vraiment très intéressant, à dire vrai, il l’était ! Tout pour ne pas confronter mes parents du regard.

- Yvette ! Claudette ! PEU IMPORTE ! QU’ON VIENNE DÉSSERVIR CETTE TABLE ! s’écria ma mère avant de se lever et de s’en aller, vers le salon fort probablement.

Je repoussais mon assiette et me levais à mon tour, je savais qu’il ne servait plus à rien que de chercher à argumenter, de toute façon, je n’avais plus vraiment faim.

- Nous allons rentrer, je pense que c’est…

- Vas rejoindre ta mère ! Je vais discuter en tête à tête avec ton fiancé

Je poussais un soupire puis je regardais Finan d’un air qui voulait tout dire. Ce n’était toujours qu’un mauvais moment à passer, ensuite nous pourrions rentrer et attendre que les choses se passent.  Je l’embrassais pour lui insuffler un peu de courage bien que de nous deux, je n’étais pas certaine de qui en avait le plus de besoin… On venait de m’ordonner de rejoindre ma mère alors…

- Si j’avais votre carrure, je n’hésiterais pas une seule seconde à vous écraser mon poing en plein visage pour avoir osé entrainer ma fille dans vos bêtises ! Avez-vous pensé un seul instant à sa sécurité ?  Le massacre de la famille Conti ne vous sonne aucune cloche ? Si une famille de mafieux à été décimée en entier, imaginez un peu ce que la femme d’un simple dealer peut courir comme risque ! J’imagine que vous avez un dossier bien garni au commissariat de Los Angeles ?  Je paierai pour le faire effacer, parce que le bonheur de ma fille n’a aucun prix, bien qu’il serait moins onéreux que de payer pour vous éliminer. Mais ensuite, vous aurez intérêt à vous tenir à carreaux et ne voyez pas ceci comme une faveur ou un don. J’ai bien l’intention de récupérer mon argent d’une façon ou d’une autre ! Maintenant, aller rejoindre Tiffany, rentrez chez vous et tâcher d’utiliser votre temps libre de manière constructive !

@ Billy Lighter

Tiffany avait dit « oui ». Elle avait dit « oui » malgré la désapprobation de ses parents. Et ça provoqua en moi autant de fierté que de soulagement. On fera ce qu’il nous plaira quoi qu’en pensent ses parents.

Enfin… Sauf peut-être décidé de comment se déroulera la fête de notre mariage. Mais était-ce vraiment important ? Une fête est une fête et tant pis si elle est trop protocolaire. Le principale c’était l’union en elle-même avec Tiffany.

Et j’étais bien conscient que tout ça était rapide… Mais, depuis la fusillade, je ne pensais pas que prendre son temps était judicieux. Autant vivre à fond tout ce qu’on voulait vivre au moment où on voulait le vivre. Et j’étais heureux avec Tiffany. A vrai dire, je n’avais jamais été aussi heureux avec quelqu’un de ma vie. C’était sans doute une signe que c’était la bonne.

Et je croyais avoir passé le pire maintenant que c’est parents s’étaient résigné à ce mariage. Mais non. Le pire, ce fut quand son père déclara qu’il devrait enquêter sur moi avant que ses adversaires ne fassent de même pour trouver de quoi le décrédibiliser lui. Et que trouveront-ils ? Que je suis un Los Diablos… De quoi largement décrédibiliser le père de Tiffany. Et, au passage, me foutre bien dans la merde.

Alors, je décidai de jouer franc jeu et de tout révéler. De toute façon, ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne trouve tout ça lui-même… Déjà rien que mon casier. Il n’aurait qu’à faire un coup de fil au commissariat pour savoir que mon casier était plus que bien rempli. En 13 ans au sein des Los Diablos, j’avais déjà quelques lignes notamment pour vente de drogue, coups et blessures et trouble de l’ordre public.

Tiffany aurait voulu que je me taise… Mais à quoi bon ? On allait juste retarder l’échéance alors autant crever l’abcès.

Et je le fis…

C’est sa mère qui s’exclama en première visiblement dégoutée au point de quitter la table. Tiff, elle, ne savait plus où se mettre et j’en étais terriblement désolé.

Elle voulait qu’on rentre. Mais son père ne l’entendait pas ainsi. Il lui demanda d’aller au salon pour qu’il puisse être en tête à tête avec moi.

Ça s’annonçait mal et Tiffany s’exécuta non sans m’embrasser au passage comme pour me donner du courage. Je lui envoyai un regard qui disait que tout allait bien se passer.

Je fixai, ensuite, le père de Tiffany qui n’y allait pas par quatre chemin me montrant bien qu’il m’aurait foutu ma raclée s’il en avait eu la carrure. J’entendais, dans ses paroles qu’il tenait à sa fille. Il avait peur pour sa sécurité.

Je comprenais et ça me fit soupirer même si mon regard restait bien planté dans le sien. Il parla du massacre des Conti… Oui. J’étais bien au courant. C’était nous qui avions massacré les Conti… C’était même Jimmy Reed en personne. Comme quoi, les « petits dealer » dans mon gens n’étaient pas les plus dangereux.

Non… C’était le gens comme Reed et le père de Tiff qui était dangereux. La preuve était dans les paroles du père de Tiff. Il déclara qu’il allait faire disparaitre mon casier à coup de billet pour s’éviter, je le suppose, des ennuis avec ses adversaires et il ne manqua pas de dire que ça serait bien moins cher de simplement me faire disparaitre.

Du coup, je me disais qu’un dealer avec un flingue était moins dangereux qu’un politiciens avec un compte en banque bien fourni.

Mais je n’avais pas peur. Parce que, justement, il avait dit tenir à sa fille et il savait que sa fille m’aimait. Même si je me demandais bien comment il allait récupérer son argent.

Puis… Il me vira… En quelque sorte. J’avais bien compris que la soirée était finie.

Je me levai et le fixai :

-Sachez que la sécurité de votre fille est aussi ma priorité. Je ferais en sorte qu’il ne lui arrive rien.

J’avais marqué une pause. Ça ne servait à rien d’argumenter sur le reste.

-Désolé que le repas se soit passé ainsi et merci quand même pour tout…

C’est là-dessus que je retournai au salon rejoindre Tiff.

-On peut s’en aller, chérie…

J’avais fixé la mère de Tiffany.

-Désolé pour le dérangement…

Tout ce que j’avais envie c’était de partir, maintenant… Et, une fois dans la voiture, je n’avais pas démarré tout de suite. J’avais regardé droit devant moi sans allumer le moteur.

-Je crois que pour la bonne impression à tes parents, on repassera…

Je soupirai et fixai Tiff.

-Désolé… Je devais le lui dire. Sinon, il aurait trouvé tout seul. Mon casier parle pour moi.

Je passai ma main sur mon visage avant de soupirer encore.

-Il va payer pour l’effacer… Mais je sens que je vais devoir le lui payer d’une façon ou d’une autre…

Je ne savais pas quoi penser de ça, à vrai dire.

@ Billy Lighter

Finan venait de tout déballer sur son affiliation aux Los Diablos après sa demande en mariage improvisé. Bien évident. Déjà qu’il me demande en mariage avait suffi à créer tout un émoie mais lever le voile sur cette partie peu reluisante de sa vie… J’aurais voulu nous éviter cela pour ce soir, qu’on attende d’en parler nous deux et amener ça ensuite à mon père mais Finan le fit, malgré ma tentative de le freiner. Quelque part, ce n’était pas mauvais. Valait mieux tout balancer direct, comme un sparadrap à retirer. Ça fait vraiment mal sur le coup mais ensuite, on se sent bien mieux.

Ma mère s’en alla au salon et, mon père, demanda à parler en tête à tête avec Finan. Je me doutais qu’il ne demandait pas ça pour faire plus ample connaissance et que la conversation n’aurait rien de plaisant mais je m’exécutais, sachant que de toute manière, il n’y aurait aucune échappatoire. Je pris cependant le temps d’embrasser mon fiancé avant de sortir de la salle à manger.

Au salon, ma mère ne m’adressa pas la parole.

Pas un seul mot !

Elle resta silencieuse comme une pierre tombale tout en buvant son cognac. Pour une femme qui venait de perdre connaissance, ne valait-il pas mieux qu’elle s’en abstienne ? Je n’allais pas lui faire la remarque, inutile d’ajouter de l’huile sur le feu.

Ce qui me troublait, c’était qu’on n’entendait rien provenir de la salle à manger. Aucun éclat de voix, de cri, de bruit suspect qui trahirait qu’ils en sont venus aux mains. Étrangement, je ne savais pas lequel des deux en sortirait vainqueur.

Finan me rejoignit au salon et m’annonça que nous pouvions partir. Je fronçais des sourcils mais je me levais tout de même tout de suite de mon siège et le pris par le bras pour nous diriger vers la porte d’entrée. Il marmonna à ma mère qu’il était désolé pour le dérangement mais il n’avait pas à le faire. J’avais demandé ce souper, j’avais organisé cette désastreuse rencontre. C’était moi qui lui devais des excuses.

Alors que j’aurais cru qu’il aurait démarré en trombe, Finan resta là, assit bien droit à fixer devant, ses deux mains sur le volant et moi, je caressais son avant-bras doucement.

- Ils vont s’en remettre, tu sais…

Ou pas.

Mais ça n’avait aucune importance. C’est moi qui avais choisis d’unir ma destinée à la sienne, de vivre notre histoire comme j’en avais envie. Mes parents n’avaient plus à me dicter ma conduite et choisir mes fréquentations.

- Je m’en doute, dis-je en soupirant,  il est si garni que ça, ton casier ?

Je ne savais que les grandes lignes de son histoire.

Je n’étais pas certaine d’avoir envie de lire les chapitres au complet.

- Oh bah tu sais… Il te fera payer jusqu’au dernier sous… Tu vas devenir son best body pour le golf, tu vas devoir rire en public de ses blagues idiotes que seul lui comprend, l’appuyer dans ses campagnes, ce genre de choses… tu vois ?

Nous venions de mettre les deux pieds dans un enfer encore plus terrifiant que celui qu’était les Los Diablos, de ça, j’en avais aucun doute !

@ Billy Lighter

Tiff disait que ses parents allaient s’en remettre… Je n’en doutais pas mais est-ce que, moi, j’allais m’en remettre ? Son père m’avait bien fait comprendre qu’il avait tout pouvoir sur moi. Qu’il pouvait, en gros, faire ce qu’il voulait. Et ça ne me plaisait pas vraiment. Mais j’hochai de la tête espérant que l’amour que je portais à Tiff ferait que son père n’essayerais pas de me détruire comme il m’avait dit être capable de le faire.

De toute façon, je n’avais eu d’autre choix que de lui dire la vérité. Une vérité qu’il aurait été capable de trouver tout seul comme un grand. C’est ce que je dis à Tiff qui demanda, du coup, si mon casier était bien rempli. Je soupirai.

-Assez oui… Enfin, ce n’est pas le plus garni de Los Angeles. Mais j’ai quelques lignes… Notamment parce que je me suis fait prendre en train de dealer… Ou en train de me battre. Et comme ça fait 13 ans que je suis un Los Diablos, ouais, en 13 ans, ça fait quelques lignes même si, dernièrement, je me fais beaucoup moins prendre.

Déjà parce que, contrairement à quand j’étais plus jeune, j’évitais les bagarres. Et je devenais très doué pour éviter les flics à temps.

Mais son père m’avait bien fait comprendre qu’il me ferait remboursé ce qu’il aurait à payer pour effacer toutes mes conneries. Et je me demandais bien comment il allait faire ça mais Tiff répondit simplement que j’allais devoir l’accompagner à certaines choses comme le golf ou l’aider pour ses campagnes.

-Si ce n’est que ça…

Je pourrais y survivre… Même si j’allais faire tâche dans son environnement qui est complètement différent du mien.

Finalement, je démarrai, non sans dire avant.

-Je t’aime…

Parce que, finalement, il n’y avait que ça qui comptait.

@ Billy Lighter