Ma conversation avec Finan puis celle avec Guillermo avaient tournées dans ma tête toute la nuit. J’avais espéré que Finan finisse par rentrée mais j’avais vu toutes les heures défiler avant de lui voir le bout du nez. Je m’étais levée le cœur vide et la tête pleine de questions.

La veille, Guillermo m’avait dit vouloir rester avec Finan et moi, qu’il était prêt à essayer cette nouvelle vie et donc j’avais téléphoné à mon père et lui avait avoué toute la vérité. Bien évidemment, mon père était furieux et avait dit que Finan m’embarquait dans toutes sortes d’aventures abracadabrantes et qu’il ne reconnaissait plus sa petite fille modèle. J’avais encaissé la remarque, tout ce que je voulais, c’était qu’il me promettre d’user de ses contacts pour fournir à Guillermo, tout ce qu’il fallait pour lui procurer des papiers conformes et qu’il passe légalement sous ma responsabilité
La mienne.

Point.

J’aurais pu impliquer Finan, mais je ne pensais pas que de lui faire ça dans son dos allait nous aider et puis je me disais que, quand il reviendrait, et après notre mariage, s’il voulait toujours se marier avec moi, bien sûr, nous pourrions faire une modification et l’aouter comme était son tuteur légal.

En gros, je venais de demander la lune à mon père et j’espérais qu’il parviendrait à me l’offrir.

C’était un gros poids de moins et un pas dans la bonne direction mais il demeurait des questions dans ma tête qui réclamaient des réponses et il n’y avait qu’à un seul endroit où je pouvais les trouver. Il m’avait fallu plusieurs heures pour me convaincre de demander à Guillermo s’il savait où habitait le fameux Ward Fleming. Ça avait semblé le surprendre mais il avait accepté de me donner l’information.

Heureusement, Vanya accepta de venir faire du babysitting pendant mon absence. Guillermo et elle allaient pouvoir parler davantage de leur projet de chronique cinématographique ou je ne sais quoi. J’avais été soulagée aussi que Vanya ne me demande pas où je devais me rendre ni pourquoi Finan n’était pas là. Disons que je n’avais vraiment pas envie de lui mentir, surtout que j’étais entrain de faire en sorte de nous sortir de ce cercle vicieux du mensonge en chaîne.

J’étais resté longtemps dans ma voiture à regarder le building où demeuraient le couple Fleming. J’avais mon petit papier avec l’adresse inscrite dessus, coincée entre mes doigts et je fixais devant moi, au travers de mes essuies glaces qui balayaient mon pare-brise. Il s’était mit à pleuvoir et ça donnait presque une impression sinistre.

J’avais tout de même pris mon courage à deux mains et j’étais sortie de la voiture, je l’avais verrouillée et j’étais entrée dans le building et avait grimpée les étages un par un jusqu’à me retrouver devant la porte sur laquelle je cognais trois ou quatre coups.

C’est un homme qui vînt m’ouvrir.

Grand, charismatique, très bel homme. Je me disais que ça ne devait qu’être le tristement célèbre Ward Fleming.

Bonsoir. Je suis Tiffany Austin, on m’a dit que Sky désirait me parler et, j’aimerais moi aussi lui parler.

@ Billy Lighter

Je m’amusais… Chaque fois que je passais la porte de mon bureau au QG des New Soldados, je m’amusais. Hier soir, j’avais galvaniser mes troupes pour que la guerre prenne encore plus d’ampleur. Mais comme je n’avais pas, dans mes hommes, des gens doué d’intelligence, j’avais dû donné la stratégie moi-même. Et la stratégie était simple… Si un New Soldados arrivait à tuer un Los Diablos sans se faire prendre, il deviendra un de mes lieutenant avec la promotion qui va avec… Même chose si un New Soldados arrive à trouver un moyen d’envoyer un Los Diablos en taule. Car, dans les deux cas, ça faisait un Los Diablos en moins.

Restait à attendre le résultat. Moi, je ne faisais que déléguer… Et ma dose de violence, je l’avais en m’amusant à participer au recrutement de mes propres hommes et en tuant ceux, dans mes rangs, qui osaient passer outre un ordre ou qui consommaient la drogue qu’ils étaient censé vendre.

Le reste du temps, je passais mon temps avec Sky et Heaven. Sky qui reprenait de plus en plus de force chaque jours. Sky dont la conversation avec Finan Quinn m’avait, finalement, fait plus que plaisir. J’avais aimé la façon dont elle avait géré ça. J’avais aussi aimé voir que Quinn n’arrivera jamais à entamé l’amour que Sky me portait.

Bref, j’avais tout aimé de bout en bout.

Ce qui faisait que j’étais de bonne humeur alors que, là, je profitai de Sky qui était tout contre moi alors qu’on avait mis un film. Je jouais dans ses cheveux alors qu’Heaven jouais à plat ventre sur la couverture où étaient disposés ses jouets au sol.

C’est là qu’on entendis toquer à la porte… Je levai un sourcil. Sincèrement, c’est pas vraiment ici que je m’attends avoir de la visite… Du coup, je me levai du fauteuil.

-Je vais voir… Prends Heaven dans tes bras.

Mieux valait qu’elle ait Heaven avec elle. On ne savait jamais. Parce que, en théorie, personne ne connaissait mon adresse. Hormis certains membres de mon gang ou des qui auraient fouinés.

Ou Sonny Robson et Nell… Mais je ne vois pas bien ce qu’ils feraient ici.

Je pris mon flingue qui était dans un tiroir et le mis à l’arrière de mon jeans avant d’ouvrir la porte sur…

Une petite rouquin que je reconnu comme étant Tiffany Austin. La petite-amie de Finan Quinn.

Elle se présenta mais elle n’avait pas besoin de se présenter. J’avais vu ses photos dans divers magazines quand ils ont rapporté ses fiançailles avec Quinn. Je penchai légèrement la tête sur le côté avant de jeter un œil par derrière son épaule.

Pas de Quinn.

Elle était venue seule… Elle avait du cran. Beaucoup de cran. Parce que j’imagine que Quinn n’aura pas lésiné sur les qualificatifs horribles pour parler de moi à sa future femme.

Elle voulait voir Sky… Parce que Sky voulait lui parlé. Oui. Je savais ça. J’avais entendu qu’elle avait dit ça à Quinn.

Bien.

Je m’écartais un peu de l’encadrement de la porte.

-Entre.

Une fois qu’elle fut à l’intérieur, je fermai la porte. Je savais, déjà, quelle attitude adopter. Je voulais semer le doute dans la tête de Tiffany. Je voulais montrer que Finan Quinn n’était pas aussi vertueux qu’il n’y paraissait et, moi, pas aussi cruel qu’il avait dû me décrire.

-Sky est dans le salon avec la petite.

Je montrai du doigt la direction du salon à Tiffany et alors qu’elle changea de pièce, je remis mon flingue dans un tiroir avant de rejoindre les deux femmes et Heaven au salon.

Le film était sur pause et je laissai Tiffany s’installer dans un fauteuil. Je fis de même reprenant ma place à côté de Sky.

-C’est la petite-amie de Quinn. Elle veut te parler, bébé. Sauf si tu n’en a pas envie.

Je dis ça en posant ma main sur la cuisse de Sky. Mon regard, lui, était sur Tiffany.

-J’imagine que Quinn n’est pas au courant. Sinon, il serait ici. C’est mieux qu’il ne soit pas ici. Je n’ai pas vraiment envie qu’il approche Heaven…

Il l’avait approché l’autre jour mais dans un lieu public.

@ Billy Lighter

Depuis ma rencontre avec Finan, Ward était d’excellente humeur. Je savais très bien qu’il avait jubilé de m’entendre donner à Finan, ses quatre vérités, pourtant, je ne l’avais pas fait intentionnellement. J’avais cru simplement mettre en évidence qu’il n’était pas si différent de Ward et ça l’avait égratigné.

Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

Il se pensait tellement au-dessus de Ward, plus vertueux, moins sombres. Pourtant, il aura beau l’expliquer avec ses mots, il serait toujours un dealer, un assassin, un Los Diablos.  Il avait voulu minimiser ses propres crimes en comparant avec mon mari. Je ne suis pas stupide, je sais très bien que Ward à beaucoup plus de squelettes dans son placard, dans le sens où vous devez le comprendre. Jamais non plus je n’ai dit que j’approuvais mais je l’aime et par amour pour lui, j’ai décidé de le laisser vivre sa vie comme il le voulait.

À la maison, il est mon mari, aimant et attentif. Il est le père de notre fille avec qui il est de plus en plus à l’aise et attentionné.

En dehors de la maison, il faisait ce qu’il avait à faire.

Nous étions installés au salon, mon dos contre son torse et il me jouait dans les cheveux alors que nous avions mit un film que je ne regardais pas vraiment. J’adorais tout simplement être dans ses bras, regarder Heaven sur le sol, de plus en plus éveillée et curieuse de son environnement. Elle dormait toutes ses nuits maintenant et babillait joyeusement. Je pense que Ward appréciait plus sa paternité maintenant que notre fille était un peu plus active. Il l’apprécierait encore plus quand elle acquerra d’avantage d’autonomie.

Puis on toqua à la porte et je me redressais spontanément. J’avais pris Heaven contre moi avant même qu’il ne me le demande. Mes réflexes étaient plus aiguisés, loin d’être au niveau de Ward, j’anticipais mieux et je m’étais jurer que jamais plus on ne ferait de mal à ma famille.

Je m’étais reculer et laissé Ward s’armer avant d’ouvrir la porte. De là où j’étais, je ne pouvais pas reconnaitre la voix. Je restais donc aux aguets, prête à réagir mais tout semblait calme, pas d’éclat de voix, pas de bruits de fracas.  

Puis Ward revint au salon en compagnie d’une rouquine, et pas n’importe laquelle. Je savais qui elle était pour l’avoi vu dans les journaux et même, à la télé, quand ses fiançailles avec Finan avait fait l’objet d’un flash info. J’imaginais que c’était ça la vie de fille de politicien qui s’amourache d’un dealer de drogue partiellement recyclé dans la musique.

- Nous pouvons discuter, oui , dis-je toujours en tenant Heaven contre moi et en me réinstallant sur le divan, aux côtés de Ward qui posa sa main sur ma cuisse.

Je la détaillais du regard. Elle était vraiment très jolie mais semblait sûre d’elle. En même temps, il fallait du cran pour venir ici en cachette de son fiancé car, comme le disait Ward, Finan ne devait certainement être au courant, vu comment il s’était objecté à cette rencontre.

- Finan ne voulait pas que l’on se rencontre mais je savais que ça allait venir, que ça serait inévitable, à un moment où un autre.

Parce que si Finan jouait à l’autruche, sa petite amie, elle, devait avoir la tête bien hors du tas de sable. En tous les cas, elle en donnait l’impression.

- Je suis contente de te rencontrer, parce que, comme j’ai dit à Finan, toi et moi avons beaucoup de choses en commun.

@ Billy Lighter

Il m’avait fallu une bonne dose de courage et d’audace pour oser me rendre seule chez le couple Fleming, sachant très bien que je n’y serais pas en sécurité. Malgré cela, j’avais besoin de rencontrer Sky Fleming qui, en ce moment précis, me semblait être la seule qui pouvait me comprendre. Finan avait vivement réagit quand je lui avais dit que Sky n’avait pas tout à fait tort.

Loin d’affirmer qu’il ressemblait à Ward dans sa façon d’être et d’agir, il n’en demeurait pas moins que l’histoire de fond et les conséquences de ses choix étaient semblables. Finan agissait sans aucun doute avec plus de discernement et de retenu que le faisait Ward mais dès que le pied était pris dans l’engrenage d’un gang le reste n’était pas si différent.

Ward Fleming était imposant, par sa stature d’homme mais aussi, par son regard sur et transperçant. Quand il avait ouvert la porte, j’eue envie de prendre mes jambes à mon cou et fuir très loin. Cependant, je craignais qu’il ne m’ait marqué, maintenant qu’il avait poser son regard sur moi, que j’étais en quelque sorte entré dans sa ligne de mire et que peu importe où je me sauverais, il me retrouverait alors, tant qu’à avoir pénétrer dans son territoire, aussi bien aller jusqu’au bout de ma mission.

Il m’invita à entrer en me disant que Sky était au salon avec Heaven et cela me fit vraiment très étrange parce que ça sonnait un peu comme si je les connaissais déjà et pourtant, non. Je ne les avais jamais vu, aucun des trois. J’avançais tout droit, jusqu’au salon où Sky se tenait, debout avec sa fille dans ses bras. Elle était très belle, presque angélique pourtant je le devinais très forte. Il fallait l’être pour passer au travers tout ce dont elle était passé.

- Merci…

J’étais hésitante, méfiante. Je m’étais assise sur le divan en face du leur, devinant que j’interrompais une soirée en famille. L’écran de la télévision était figé, ils devaient s’être installés pour un film. Je croisais mes mains posées sur mes genoux alors que Sky s’était assise aux côtés de son mari et disait que cette rencontre était inévitable.

- Je crois oui, qu’elle l’était.

Puis Ward ajouta que Finan ne devait être au courant de mon initiative car, s’il l’avait été, il ne m’aurait pas laissé venir toute seule.

- Il n’est pas au courant, en effet. Il ne voulait pas que je parle à Sky.

Pourtant, si je le faisais, je le faisais en grande partie pour lui, pour nous ! Pour savoir comment je devais me comporter, comment je devais agir, qu’est-ce qui nous permettait de ne pas céder à la peur qui grondait constamment en nous. Parce que moi, je l’avais toujours dans le ventre, chaque fois que Finan passait la porte.

- Il me l’a dit… Ce que tu avais dit, je veux dire. Il n’a pas aimé ça. Je crois que tout ceci rend tout le monde mal à l’aise mais comme tu l’as dit, ça devenait inévitable.

Et malgré cela, j’aurais voulu me retrouver n’importe où ailleurs qu’ici. Dans les bras de Finan, idéalement, pour que tout redevienne comme avant.

- Comment on fait, Sky ? Comment on fait pour les laisser partir sans crever de trouille quand ils partent ?

@ Billy Lighter

Tiffany Austin avait eu le cran de venir jusque dans mon antre. Je ne savais pas si c’était du courage ou de l’inconscience… Mais elle était bien là, devant moi, à vouloir parler à Sky. Certainement parce que Quinn et sa grande gueule avait raconté tout ce qu’il s’était passé entre lui et Sky à sa rouquine de petite-amie.

Bien. Voyons voir ce que ça donnera. Voyons voir ce que je pourrais en tirer comme avantage même s’il faudra que j’aie une réponse à mon unique question : comment Tiffany avait-elle su où j’habitais ? Mais la réponse attendra. Je devais la jauger avant.

Alors, je l’emmenai près de Sky qui avait pris Heaven tout contre elle. J’avais dit à Sky qu’elle pouvait parlé à Tiffany uniquement si elle le voulait mais elle le voulait. Je m’étais installé dans le fauteuil posant ma main sur la cuisse de Sky alors que cette dernière disait que cette rencontre aurait été inévitable quoi que Finan veuille ou non.

Pourquoi elle l’était ? Allez savoir. Certainement parce que les deux filles avaient réellement quelque chose en commun. Elles avaient tout le deux un mari qui trainaient dans des trucs pas clair. Mais ce que je remarquais c’était que Tiffany était venue voir Sky. Pas la femme d’un autre Los Diablos. Ça signifiait que Tiffany n’avait pas de contact avec les femmes des autres Los Diablos. Donc, que Finan la tenait à l’écart de son monde.

Je notais ça dans un coin de ma tête alors que Tiffany confirma que Finan n’était pas ici parce qu’il n’avait aucune idée que sa petite-amie s’était volontairement mis en danger en venant ici. Elle ajouta qu’il n’avait pas vraiment aimait ce que Sky lui avais dit.

Oui… En général, ce genre de gens n’aimaient pas quand on leur dit : tu es comme Ward Fleming. Ça n’avait pas plus à Jimmy Reed non plus. Et si j’ai essayé de mettre en face nos points communs à Reed, j’ai fini par comprendre une chose : il n’est, en effet, pas comme moi.

Je suis meilleur que lui.

Tout comme je suis meilleur que Quinn.

-Quinn aime se faire croire à lui-même que les crimes qu’il fait à un but vertueux. Suffit de voir ses chansons pour voir qu’il vit dans un monde imaginaire qu’il a créé de toute pièce.

Moi, je ne me voulais pas la face. Je savais ce que j’étais et je l’assumais. Pas Quinn.

Mais c’est la seule remarque que je fis avant que Tiffany ne se lance pour, certainement, commencer la conversation qu’elle voulait avec Sky et, si j’aimais bien répondre dans ma tête pour les gens avant qu’ils ne répondent parce que les questions étaient parfois stupides, je devais me rendre à l’évidence que je n’avais pas de réponse à la question de Tiffany.

Parce qu’elle avait peur. Et que la peur, je n’avais aucune idée de ce que c’était.

Je fixai alors Sky. Parce que seule Sky pouvait répondre à ça.

@ Billy Lighter

Je n’étais qu’à moitié surprise de voir la fiancée de Finan débarquer chez nous en milieu de soirée. Je savais que Finan avait été piqué à vif par notre discussion et qu’il avait refuser férocement à ce que Tiffany et moi parlions mais il aurait dû voir mieux que n’importe qui que cette rencontre était inévitable.

De toute façon, ce n’était pas à Finan de décider pour Tiffany, mais bien à la jeune rouquine et si elle était ici ce soir, c’est qu’elle avait eu besoin de le faire.

Elle s’était installée dans notre salon et moi, j’avais repris ma place aux côtés de mon mari, tenant notre fille dans mes bras. Elle babillait, notre belle Heaven, de plus en plus forte. Elle me remplissait de joie au quotidien mais c’étaient surtout ces moments passés en famille qui me comblait.

Tiffany semblait nerveuse, je pouvais la comprendre. En fait, sans vouloir prétendre de rien, je pensais être la seule qui pouvait réellement la comprendre. J’ignorais si je saurais l’aider, mais l’écouter et la comprendre, ça, je pouvais le faire.

- Moi je les aimes bien les chansons ! Il a voulu faire ça toute sa vie, c’est bien qu’il ait réussit à percer le marcher.

Je savais que Ward n’aimait pas et même, il aurait détesté même si la musique de Finan avait été en plein dans son style, uniquement parce que c’était Finan.  Je ne voulais pas qu’il interrompe Tiffany chaque fois qu’elle allait ouvrir la bouche alors je posais ma main sur celle qu’il avait sur ma cuisse. Je n’avais pas vraiment de contrôle sur mon mari mais je pouvais quand même parfois l’aider à se contenir.

Tiffany voulait savoir comment il faire pour ne pas se laisser dévorer par la peur chaque fois que nos hommes partaient se faire la guerre. Il ne fallait pas se mettre la tête dans le sable, ils n’allaient pas se faire un bowling ! Ils pouvaient très bien ne jamais revenir.

- Aime le de tout ton cœur et fait lui confiance. S’il t’aime aussi fort que tu l’aimes, il ne fera jamais rien d’assez stupide pour se mettre en danger.

Ward me l’avait promis et j’avais choisis de lui faire confiance.  

- Mais la peur que tu ressens, elle fait mal à l’âme, je sais. Mais ce sont que des gamins avec des flingues.

Je regardais Ward et lui fit une moue rigolote. Lui, comme Finan, comme n’importe quel autre membre de n’importe quel gang n’étaient rien de plus que des gamins avec un flingue entre les mains. Ils voulaient tous avoir le dernier mot d’absolument rien.

- Nous n’avons pas de pouvoir sur leur vie, tu sais. Mais du moment ou nous acceptons de vivre avec eux, on doit accepter tout ce qui vient avec. Il faut vraiment que tu lui fasses confiance et que tu lâches prise sur ce que tu ne peux pas avoir de contrôle. De toute façon, même si tu le voulais, tu ne pourras jamais lui enlever ça.

Elle devait bien se douter que de vivre sa vie avec Finan ne serait pas comme une longue descente sur un fleuve tranquille.

- Tu t’imaginais quoi quand tu as commencé à le fréquenter ? Il t’avait fait des promesses qu’il n’a pas tenu ? Il t’avait dit que tout irait bien jusqu’à ce que ça n’aille plus ?

@ Billy Lighter

Ward Fleming était imposant autant par sa stature que par la façon dont il avait de toiser les gens du regard. Je comprenais pourquoi il avait autant impressionné Guillermo et semait la panique sur son passage dans les ruelles de l’Eastside. Un peu naïvement, j’avais cru qu’il ne serait pas chez lui ce soir, après tout, le chef d’un gang criminalisé devait avoir mieux à faire que de rester à la maison, non ?

Je me trompais.

Il m’amena vers Sky et de toute évidence, j’interrompais une petite soirée en famille et ça me fit mal, je l’avoue, de voir comment ils vivaient tranquillement alors que moi, mon univers ne tournait plus depuis le départ de Finan.

Je pris place sur le fauteuil en face du couple, mes mains devenaient moites.

Ward avait tout de suite deviné que j’étais venue ici en secret, parce que jamais Finan ne m’aurait laissé venir ici sans lui. Sky, elle, disait que ça devenait inévitable que l’on se rencontre parce que nous avions beaucoup de points en commun. Finan n’avait pas aimé du tout qu’elle lui dise cela pourtant…

Sky avait eu raison.

Ça avait fait réagir Ward qui disait que mon fiancé se la jouait Robin des Bois et qu’à la simple écoute de ses chansons, nos chansons, on voyait bien qu’il vivait dans un monde imaginaire. Ce n’était pas si simple et en fait ce n’était pas la vérité, c’était celle de Ward et non celle de Finan mais de toute façon, je n’étais pas ici pour débattre avec lui, mais pour parler à Sky, d’un cœur de femme a celui d’une autre, sur comment on fait pour passer au travers.

Sky plaça sa main sur celle de Ward, j’avais remarqué le geste et il me fit intérieurement sourire. Est-ce que cela voulait dire qu’au fond, le terrifiant Ward Fleming se faisait modérer par sa femme ? Ça ne serait pas surprenant, après nous, l’adage ne disait-il pas que derrière chaque grand homme, se cachait une très grande femme ?

Je rassemblais ensuite mon courage pour poser ma question à Sky. Je ne voyais qu’elle pour me répondre et me comprendre. Si elle ne pouvait pas y répondre, je serais perdue.  Je l’écoutais me dire que la clé résidait dans la force de mon amour. Et qu’en retour, s’il m’aimait autant que je l’aimais, il ne ferait jamais rien qui pourrait le mettre en danger.

- Elle l’a même marqué à jamais, mon âme.

Est-ce que je devais comprendre que Finan ne m’aimait pas autant que je l’aimais ? La nuit avant notre dispute, aurait très bien pu lui être fatale. Il me l’avait dit, qu’il avait eu de la chance. Il s’en était sorti qu’avec un œil tuméfié. Il n’aura peut-être jamais autant de chance…

En fait non, ce que Sky venait de dire avait du sens. Ce n’était pas Finan qui avait fait en sorte de s’attirer des ennuis. Elle avait confiance en Ward, mais pas en les autres, c’était ce que je devais comprendre et donc, je devais avoir confiance en Finan, mais pas en les autres.

Mais fatalement, cette boucle mènerait à une seule issue.

Un face à face entre nos hommes et seulement l’un d’eux rentrerait à la maison embrasser sa femme.

Elle disait que nous n’avions aucun pouvoir sur leur vie et ça me fit mal, parce que je le savais mais Finan n’était pas Ward ! Il avait la possibilité d’avoir une tout autre vie. Alors je me levais et je fis quelque pas, pour regarder par la fenêtre. Je n’y voyais que mon reflet, et ceux plus flou de Ward et Sky, sur le divan derrière moi.

- Jai confiance en lui ! Je l’aime !

Putain !

Je vivais un cauchemar éveillé !

Je ne voulais pas de pouvoir sur sa vie, ce n’était pas ce que je demandais. Je ne voulais que vivre ma vie avec lui, l’aimer autant qu’il m’aimait, enfin, s’il voulait encore de moi, sans craindre que chaque baiser puisse être le dernier. Il avait bâti quelque chose avec Ivar et moi, ça ne lui suffisait pas.

- Je n’imaginais rien !

Je me retournais vers le couple en me rendant compte qu’en fait, je leur avais mentis et même pire ! Je me mentais à moi-même. Je passais mes mains dans mes cheveux en inspirant profondément, puis je retournais prendre place sur le divan.

- C’est faux, en fait.  Je pensais que notre groupe lui suffirait et qu’il se rendrait compte qu’il ne pouvait pas vivre l’une de ses vies dans abandonner l’autre. Il m’a accusé de tenir à notre image alors qu’en fait, c’est à lui que je tiens.

Perdre le groupe ferait mal, je pensais à Ivar qui s’y investissait, qui était tout fier et heureux de ne plus être qu’un musicien de session, comme moi, en vérité. Nous avions quelque chose de beau et Finan était prêt à le sacrifier pour quoi en fait ? Pour protéger une famille qui l’obligeait à dealer de la drogue, à commettre des crimes, des meurtres, peut-être même.

Et il y avait Guillermo aussi, que je voulais protéger !

Alors je regardais Ward directement dans les yeux.

- Je veux adopter Guillermo, mais il est très attaché à toi. Il est prêt à changer de vie pour rester avec moi. Si je te dis ça c’est parce que tu me fais peur. J’ai peur que tu t’approches de lui et le reprenne sous ton aile.

Je jouais la franchise, de toute manière, tant qu’à être ici, je n’avais vraiment plus rien à perdre.

@ Billy Lighter

La première longue phrase que j’avais faite était là pour dévalorisé Quinn. C’était plus fort que moi. Entre l’Irlandais et moi, ça n’avait jamais été le grand amour. Pourtant, il aurait pu être un Los Diablos comme un autre à mes yeux s’il n’avait pas, un jour de 74, décidé de jouer au con et de se taper ma petite-amie. Depuis, je l’avais mis au niveau d’Alonso pour ce qui était de la haine que je lui vouais.

C’est Sky qui l’avait défendu… Plutôt qui avait défendu sa musique qu’elle aimait bien. Moi, j’éteignais la radio chaque fois que ça passait. J’haussai, donc, les épaules comme toute réaction à ce que venais de dire Sky avant qu’elle ne pose sa main sur la mienne. Je savais ce que voulais dire ce signe… Alors, je ne dis plus rien laissant Tiffany Austin s’exprimer. Une Tiffany qui était venue ici pour savoir comment Sky faisait pour ne pas avoir peur chaque fois que je passais la porte.

N'ayant aucune réponse à cette question, j’avais regardé Sky curieux de savoir ce qu’elle allait répondu.

Et elle répondit comme le ferait une femme de chef de gang. Sa réponse m’apporta bien plus de satisfaction que je ne l’aurais imaginé. Pourquoi ? Parce que j’avais réussi à façonner Sky. Autrefois, elle était bien plus sensible mais, maintenant, elle parlait avec plus d’assurance et, surtout, elle me faisait confiance. Ça me fit enlacer nos doigt alors que Sky disait que la peur faisait mal à l’âme mais qu’elle arrivait à relativiser.

Que des gamins avec des flingues. Je ne savais pas si j’adorais l’expression ou si je détestais… Je n’aimais pas être pris pour un gamin mais cette façon de parler était un preuve supplémentaire que Sky arrivait, maintenant, à accepter une réalité qu’autrefois elle aurait refusé d’appartenir.

Maintenant elle y était, les deux pieds dedans et elle l’acceptait. Elle acceptait tout de moi. Presque tout.

Je l’aimais encore plus pour ça.

Du coup, je répondis à sa drôle de moue par une moue faussement choquée avant d’esquisser un tout petit sourire.

Austin, elle, disait que son âme était marqué à jamais par cette peur. Elle avait de la chance, pourtant, Quinn était loin d’être le Los Diablos qui prenait le plus de risques. C’était la clé de sa survie. Parce qu’il en fallait pas compter sur sa chance d’Irlandais…

Moi la clé de ma survie, c’est que j’étais doué, tout simplement.

Sky continua disant qu’à partir du moment où elle avait décidé de se mettre avec moi, il fallait prendre tout ce qui venait avec. La clé de Sky, c’était ça : lâcher prise. Ce que, visiblement, Tiffany n’arrivait pas à faire. Elle s’était d’ailleurs levée et je l’avais suivi du regard. Je ne savais pas ce qu’il se passait dans sa tête. Certainement des choses qui, si elle me l’expliquait, m’échapperait.

Je n’étais pas stupide. Avec le temps, j’avais bien compris que certaines choses m’échappaient même si j’essayais par tout les moyens de les comprendre.

Tiffany clama alors qu’elle aimait Quinn.

Elle ne serait pas ici, si ce n’était pas le cas, j’imagine…

Ce fut, ensuite, à Sky d’attaquer demandant ce que Tiffany imaginait… La petite-amie de Finan disait qu’elle ne s’imaginait bien et je fis tout de même un bref commentaire :

-Heureusement…

Mais elle se reprit et disait que c’était faux. En fait, Tiffany imaginait ce que Nell avait imaginé quand elle est sortie avec moi : qu’on pouvait changer. Dans le cas de Tiffany, elle pensait que c’était le groupe qui ferait arrêté Quinn toute activité criminelle.

Mais il ne fallait pas rêver. Quinn était tellement haut dans la hiérarchie des Los Diablos et tellement attaché a leurs valeurs que jamais il ne quitterais le gang. De ça, j’en étais convaincu.

-Quinn croit qu’il peut tout gérer. Il a toujours été comme ça. On ne change pas un Los Diablos.

Je dis ça en fixant Tiffany droit dans les yeux pour bien lui montrer que ce que j’affirmais était une vérité absolue.

Mais c’est un regard qu’elle me rendit quelques secondes plus tard. Un regard déterminé alors que, depuis le début, Tiffany n’avait pas eu l’air sûr d’elle.

Et elle me parla de Guillermo, chose à laquelle je ne m’attendais pas. Et je n’aimais pas être surpris… Je ne tiquai, toutefois pas, comprenant mieux, maintenant, comme Tiffany avait eu mon adresse.

Par Guillermo.

Guillermo qui, comme je pouvais le comprendre, c’était fait avoir. Et il était tombé entre les mains de Tiffany qui souhaitait adopté le gamin.

Mais elle avait peur… De moi et du fait que je pourrais reprendre Guillermo sous mon aile. Preuve de plus que le gamin avait dû tout avouer. Je le croyais plus fort que ça mais il n’en était rien.

Je ressenti pas mal de satisfaction d’entendre qu’elle avait peur de moi. Je ne savais pas si c’était à cause de ce qu’avait dit Quinn sur moi, à cause de ce que le reste du monde disait sur moi et bien simplement à cause de ma façon d’être. Quoi qu’il en soit, je devais continuer de semer le trouble sur tout ça. La faire douter et remettre en cause tout ce qu’on disait sur l’horrible Ward Fleming.

-Si je l’ai pris sous mon aile récemment, c’était pour son bien.

Je dis ça calmement avant de poursuivre :

-Je l’ai trouvé en train de fouiner dans mes affaires. C’était les Los Diablos qui l’avait envoyé espionner. Je croyais que les Pequeñas Manos n’était utilisé que pour de la surveillance, mais, apparemment, ils les utilisent maintenant pour des missions plus dangereuses. Il a eut de la chance de tomber sur moi et pas sur un autre.

Je fixai toujours Tiffany.

-Je lui ais demandé de retourner chez les Los Diablos et de les espionner pour moi dans un unique but : qu’il se fasse prendre. Je sais que le sort réservé au traitre est la mort… C’est d’ailleurs Quinn, en général, qui s’occupe de les éliminer mais je savais que le sort d’un enfant ne sera pas celui-là. Personne ne tuerais un enfant.

Si. Moi. Mais qu’importe, Tiffany n’avait pas besoin de le savoir.

-Je savais que les Los Diablos le mettraient soit à l’orphelinat, soit Jimmy Reed aurait trouvé un moyen de le caser ailleurs, loin des Los Diablos. Quelque part où il pourrait avoir une autre vie que celle qu’il avait.

Je continuais de soutenir le regard de Tiffany.

-Tu vois… Je ne suis pas sans cœur. Ce gamin, je l’ai élevé jusqu’à-ce que sa mère meurt. J’ai trouvé un opportunité de l’éjecter de l’Eastside. Donc, non, je ne t’empêcherais pas de l’élever comme tu veux.

Guillermo est un sale petit traitre et je savais que son caractère le conduirait à retourner de là où il vient. Qu’Autsin le veuille ou non.

-Au moins, tu auras sauvé une personne.

Pas deux. Elle ne sauvera jamais Quinn.

@ Billy Lighter

J’avais doucement freiné Ward quand il avait saisi l’occasion de descendre Finan, parce que ce n’était pas nécessaire de le faire devant Tiffany qui était ici pour une tout autre raison. Et puis moi, je l’aimais bien leur musique même si au début, ça m’avait surprise et que je n’avais pas su quoi en penser. Après quelques écoutes, je trouvais ça assez bon.

Tiffany était ici car, contrairement à son amoureux, elle avait cru tout comme moi que c’était nécessaire que l’on se rencontre. J’avais dit à Finan que nous avions quelques points communs et ça ne lui avait pas plus. Pourtant, la présence de sa fiancée ici ce soir prouvait que je n’avais pas fait fausse route.

Elle vivait avec la peur au ventre de ne jamais le voir revenir et elle voulait que je lui dise le secret pour vivre là-dedans son devenir complètement folle. Comment je faisais, moi, pour ne pas crever de trouille chaque fois que Ward passait la porte.

Il n’y avait pas de secret, ni de recette miracle. Tout ce qu’elle pouvait faire était de l’aimer de tout son cœur et son âme chaque fois qu’ils étaient ensemble, apprendre à lui faire confiance et surtout, lâcher prise sur ce qu’elle ne pouvait contrôler. Ward entrelaça nos doigts et je lui répondis d’une moue rigolote parce que je savais que je venais de légèrement l’égratigner en le comparant à un gamin avec un flingue.

C’était quand même un peu ça !

Ça n’aidait pas Tiffany à relativiser, de toute évidence, elle qui se disait marqué jusqu’à l’âme avant de clamer qu’elle lui faisait confiance et qu’elle l’aimait ! Alors, où était le problème ?

Elle s’était bercé d’illusion et avait cru que son amour et leur groupe allait suffire à Finan. Le fait est que Finan avait besoin bien plus de son statut de Los Diablos que de l’amour de Tiffany et de la notoriété de son groupe. Ward, il m’avait moi et moi, je me contentais de ce que nous avions. Il m’avait donné ce dont j’avais besoin et je n’avais pas cru bon lui faire renoncer à sa vie parce que justement, j’avais confiance en lui.

- Ben… Tu y tiens quand même un tout petit peu à ton image, pas vrai ? Parce que tu ne serais pas ici ce soir à essayer de nous convaincre que t’en a rien à foutre.

C’était mon opinion, peut-être que je me trompais.

Et Ward ajouta que Finan avait besoin de tout gérer et qu’en bon Los Diablos qu’il était, il ne changerait pas, même avec tout l’amour qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre.

Autrement dit, c’était une cause perdu et cette pensée alluma une petite lumière dans ma tête et, tel le Grinch la veille de Noël, j’esquissais un sourire machiavélique en regardant Ward avant de reporter mon attention sur Tiffany.

- Le reste vous appartiens à Finan et à toi. C’est à lui de faire ses propres choix et à toi de les respecter. Cependant, si tu n’es pas heureuse dans cette situation-là, quitte-le. Je ne vois pas pourquoi tu t’acharnerais à vivre dans une vie qui ne te conviens pas et tu le sais d’avance que Finan n’abandonneras jamais les Los Diablos. Le jour où ça arrivera, il aura les pieds devant.

En fait, à ce moment précis, je venais de basculer dans une extrême, un peu comme Finan l’avait fait avec moi quand il voulait me mettre en garde contre Ward. C’étai ma vengeance, absolument pas planifiée. Je venais d’embrouiller les idées de Tiffany un tout petit peu plus, pour l’éloigner de Finan et le blesser lui comme il m’avait blessé moi.

Et ça sembla fonctionner parce que la belle rouquine changea de sujet pour s’adresser à mon mari et lui parler d’un garçon, Guillermo. J’étais intéressée par cette histoire dont je n’avais pas eu connaissance avant.

Guillermo était un Pequeñas Manos envoyé par les Los Diablos pour espionner Ward, on voit tout de suite ici la moralité du gang ennemi de celui de mon mari ! Utilisé des enfants pour faire leurs sales besognes ! J’écoutais attentivement l’histoire, tout en berçant Heaven qui commençait à s’endormir. Il avait eu de la chance, Guillermo, parce que Ward avait veillé sur lui quand sa maman est morte. La chance n’avait pas durée cependant, parce qu’il est passé entre les mains des Los Diablos.

- Finan est une cause perdu, Tiffany. Prend Guillermo et refais ta vie loin de tout ça. Sans vouloir te vexer, tu n’es pas faite pour vivre là-dedans.

@ Billy Lighter

À ma question, Sky répondit qu’il n’y avait pas de recette miracle pour se défaire de la peur de ne jamais revoir l’homme que j’aime. En gros, je devais apprendre à vivre avec en faisant confiance à Finan et en lui donnant chaque fois, tout l’amour que j’éprouvais pour lui. Pire, elle ajouta que s’il m’aimait au moins autant que je ne l’aimais moi, il ne ferait jamais rien de stupide risquant de mettre sa vie en danger.

Il était rentré avec un œil au beurre noir et il avait bien failli y passer. Que devais-je conclure ? Ça me rendait folle d’angoisse de voir que moi, je mourrais à petit feu d’être plongée là-dedans et que Sky, elle, vivait sa plus belle vie avec sa fille et son mari.

Ma peur à moi me grugeait jusqu’à l’âme.

J’avais confié que Finan m’avait accusé de préféré notre image et celle de notre groupe au reste, ce qui était faux mais Sky enfonça un petit peu plus loin l’accusation de Finan en disant que si c’était vraiment vrai, je ne serais pas ici à défendre que je n’en avais rien à foutre.

- Je… Non ! Non, ce n’est pas une histoire d’image mais je pense à mon père qui pourrait tout perdre si un scandale éclatait et à Ivar qui y tient à se groupe, autant que Finan a dit y tenir. Si le groupe perd sa réputation, Ivar il perd tout.

Enfin, presque tout.

Au pire, il redeviendra musicien de session mais avec le talent qu’il a, cela m’étonnerait vraiment qu’il reste en studio toute sa vie.

Sky tout comme Ward s’acharnaient à me répéter que Finan ne quitterait jamais les Los Diablos qu’il avait fait son choix, qu’il pensait pouvoir tout contrôler. Bref, j’étais devant une impasse, plus ils parlaient, moins je voyais claire.

Puis je fixais Sky quand elle ajouta que si cette vie ne me convenait pas, je n’avais qu’à quitter Finan, qu’elle ne comprenait pas pourquoi je m’acharnais sur une situation perdue d’avance, puisque, si Finan quittait un jour les Los Diablos, ce seraient les pieds devant.

- Mais toi tu as persisté ! Et tu es heureuse ! Alonso est son ami, il m’a dit qu’il ferait en sorte de diminuer ses affectations, peut-être qu’il fera en sorte que ce soit tellement diminué que la rupture se fera d’elle-même !?

Tout était possible, je voulais y croire, après tout, Ward était lui toujours en vie, et en bonne santé d’après ce que je voyais et en prime, il passait du bon temps en famille ! Pourquoi ce ne serait pas notre cas, à Finan et moi ?

J’avais fini par comprendre que je ne trouverais aucunement de réponse à mes questions ici, sauf peut-être une dernière que j’adressais directement à Ward. La rédemption de Guillermo me tenait à cœur mais s’il continuait de tourner autour et à lui faire miroiter des choses, je craignais que le choix de Guillermo, finalement, ne soit pas moi et je ne cachais pas au couple Fleming que ça me faisait vraiment peur.

Ward avait bien pris Guillermo sous son aile, pour son bien qu’il dît. Je ne voyais pas ce qu’il y avait de bien là-dedans mais je ne commentais pas. J’écoutais comment le lien entre lui et mon jeune pensionnaire s’était formé et j’en avais des frissons dans le dos et même des hauts le cœur. Je ne comprenais pas comment un homme d’affaire aussi imposant et respectable que Jimmy Reed pouvait diriger une usine à mini gangster. Il avait des enfants lui-même, ne pouvait-il pas faire en sorte que ces enfants-là, pas les siens mais ceux des Los Diablos connaissent une meilleure vie ? Ward avait manipulé Guillermo, ça j’en avais été convaincu dès l’arrivé du petit chez nous ! Je savais qu’il avait fallu un esprit malade pour faire une chose pareille.

Ensuite, je secouais de la tête. Je refusais de croire ce que Ward venait de dire sur Finan, comme quoi c’était lui qui se chargeait du sort réservé aux traitres. De tout ce que j’avais entendu, c’était bien la seule chose que je refusais de croire.

- Finan ne tuerait jamais personne ! Jamais !

Parce que si c’était vrai, je ne saurais plus jamais le regarder dans les yeux, je ne saurais plus jamais le voir de la même manière.

J’avais la tête qui tournait au point où je ne percutais pas tout de suite quand il déclara qu’il ne serait pas un obstacle dans mon projet d’adoption de Guillermo. Je me levais en les regardant l’un comme l’autre. Ma grand-mère avait raison quand elle disait que chaque torchon avait sa guenille.

- Vous nous condamnez mais vous, vous y êtes arrivés ! Je ne baisserai pas les bras et… et… Merci pour Guillermo !

Je me dirigeais vers la porte d’entrée mais je revins sur mes pas.

- Je peux partir ou… ?

Ma question était stupide, ils n’allaient pas me séquestrer, quand même !

@ Billy Lighter

J’écoutais attentivement la conversation entre Sky et Tiffany. Une Tiffany qui ne savait pas géré la peur généré par l’affiliation de son Irlandais et enfoiré de petit-ami aux Los Diablos.

Les paroles de Sky était pourtant simple à comprendre : il suffisait de nous faire confiance. Tout simplement. Personnellement, j’étais chef de gang, ce qui me donnait une certaine immunité contrairement à Quinn qui était constamment sur le terrain et à ma merci. Parce que, oui, dernièrement, je ne lésinais pas sur les attaques et j’avais mis Quinn dans le top des cibles à abattre. C’est simple, au QG, il y avait carrément un tableau où il était marqué l’ordre des primes avec ce qu’il fallait faire pour les avoir. La plus grand récompense était de ramener Alonso en vie à notre QG pour que je puisse, moi-même, lui foutre un balle en pleine tête. Quinn était la seconde cible juste après Alonso et son statut de troisième homme le rend nettement plus vulnérable.

Tout ça ne semblait pas rassuré Tiffany qui clama, à un moment, qu’elle ne pensait pas à son image mais à la sécurité de Quinn. C’est là que Sky y alla d’un très bon tacle en soulignant que tout ça était quand même un peu pour l’image étant donné que Tiffany s’efforçait de nous dire que « non ».

J’aimais ça… Surtout que Tiffany s’enfonça encore plus avec ses justifications sur son politicien de père et sur son groupe. Je penchai légèrement la tête sur le côté.

-Donc, l’image. Quinn n’a pas tort là-dessus. L’image, c’est important pour toi.

Pas étonnant venant de la fille d’un politicien, finalement. Pour elle, la réputation était quelque chose d’important et les activités criminelles de son petit-ami n’allait pas aidé à garder cette réputation intacte.

Tiffany doutait. Elle doutait déjà avant, sinon, elle ne serait pas venu ici. Et si j’essayais de la pousser de quelques pichenettes encore plus dans le doute, Sky, elle, semblait déterminer à la pousser plus fort. Je le vis à son sourire machiavélique qui me faisait presque frissonner de plaisir. Elle disait à Tiffany que si tout cela ne lui convenait pas, qu’elle n’avait qu’à quitter l’Irlandais. Je savais que ça, ça lui ferait mal. Très mal. Et j’en jubilais d’avance bien que je ne laissais rien transparaitre.

Surtout que Sky ne faisait qu’énoncer des faits, finalement, Finan ne quittera jamais les Los Diablos. S’il les quitte un jour c’est parce que quelqu’un le tuera. Et, de mon côté, j’étais certain que ça allait bientôt arriver.

Mais Tiffany, elle, continuait de se bercer d’illusion. Elle disait que Sky, elle, avait persisté et était heureuse. Oui. Mais Sky n’était pas Tiffany. Quant à Alonso qui diminuera les affectations de Quinn… Laissez-moi rire.

-Alonso ne diminuera jamais les affectations de son bras droit. Il ne sait pas s’en passer et Quinn aime ce qu’il fait. Croire que les choses vont changer, c’est se bercer d’illusion.

Je ne faisais que pousser un peu plus Tiffany dans le gouffre du doute où Sky semblait voulait la faire tomber consciemment. Et je devais avouer que j’adorais voir ma Sky faire ça et avec quel détermination elle le faisait.

Elle avait bien changé et j’adorais cette Sky-là.

Alors, Tiffany changea de sujet et parla, contre toute attente, du jeune Guillermo. Je lui dis alors ce que je pensais en travestissant un peu l’histoire pour montrer que j’avais fait tout ça dans l’intérêt du gamin. Histoire de mettre encore plus le doute dans la tête d’Austin. J’égratignai encore une fois Finan au passage et la rouquin s’exclama en disant que Finan ne tuerais jamais personne.

Là, elle se berçait réellement d’illusion. Parce que Finan avait déjà tué. Je l’avais même vu de mes propres yeux. Je fixai Tiffany sans sourciller.

-Si. Je l’ai vu. Il a tué plusieurs fois. Tu crois qu’on devient un des plus haut gradés des Los Diablos avec des sourires et quelque poignée de mains ? Les gangs ce n’est pas de la politique, Austin.

Sur ce, je lui donnai ma bénédiction pour Guillermo. Parce que c’était ça qu’elle voulait, non ? Mon autorisation. C’était comme ça que je l’avais pris, en tout cas. Ce petit traitre finira, de toute façon, par retourner dans ses travers et se faire rattraper un jour par cette même trahison.

J’en étais certain.

Personne ne change jamais.

Sky déclara alors que Finan était une cause perdue et que Tiffany ferait mieux de refaire sa vie en prenant Guillermo avec elle. Elle tacla encore la rouquin en disant qu’elle n’avait, de toute façon, pas les épaules pour ça.

Pas comme ma Sky.

J’hochai de la tête pour confirmer avant d’envoyer un petit sourire à Sky qui tenait un Heaven endormie contre elle.

Tiffany se défendit en disant qu’elle ne baissera pas les bras avant de, déstabilisée, nous remercier pour Guillermo.

On avait mis le bordel dans sa tête. C’était évident. J’avais adoré le moment. Surtout que ça m’avait permis de trouver en Sky son petit coin sombre. Celui qui pouvait, dans ses moments, en faire une allié capable de faire autant de dégâts que je pouvais en faire rien qu’avec des mots.

Austin se leva et se dirigea alors vers la porte d’entrée. Apparemment, elle en avait assez entendu… Mais elle revint sur ses pas demandant si elle pouvait partir… Comme si on allait la retenir ou quoi que ce soit d’autre. Comme si, encore une fois, elle avait besoin de notre bénédiction pour ça.

Je penchai légèrement la tête sur le côté.

-Oui. Je te donne l’autorisation de partir. Tu peux t’en aller.

Je dis ça en faisant un geste un rien caricaturé que j’avais repris de Jimmy Reed. D’où la caricature. Une autre façon de tacler, quelque part, mon pire ennemi.

@ Billy Lighter

Quand j’avais demandé à Finan si je pouvais rencontrer Tiffany, mon intention n’était pas de la pousser dans ses derniers retranchements, mais bien de faire connaissance avec elle, puisque de mon point de vue, nous partagions plusieurs points communs. Finan s’en était offusqué et avait vertement refusé cette rencontre.  Je m’en étais fait une raison, de toute façon, ce n’était pas si important que ça pour moi. Je pouvais vivre sans et puis, vu comment avait réagit Finan, je me disais que sa fiancée aurait probablement le même genre de réaction et que ça ne servait à rien d’essayer de leur tirer la tête du sable.

C’était Tiffany elle-même qui était venue frapper à notre porte pour que nous discutions, non pas de ces points communs, mais de la peur qu’elle ressentait chaque fois que Finan quittait la maison et d’un moyen que je pourrais peut-être lui suggérer pour mieux vivre avec cette situation. Malheureusement pour elle, je n’avais aucun remède miracle, tout ce que je pouvais lui dire était d’apprendre à faire confiance à son homme et lâcher prise sur ce qu’elle ne pouvait contrôler.

C’était pas assez pour Tiffany qui disait faire confiance à son homme mais quand même craindre pour lui. Pauvre petit chose fragile ! Elle n’avait pas fini de se ronger les ongles et les sens, à force de l’attendre, si elle gardait cette attitude.

De la voir ainsi, défendre si et ça me donna envie de la pousser un petit peu plus près du précipice. Je ne cherchais pas à la blesser elle mais à blesser Finan qui m’avait délibérément blessé. C’était de bonne guerre, surtout que je ne l’avais pas accusé pour la mort de mon fils que j’attribuais à l’autre enfoiré de Los Diablos. Celui-là, ce fut Ward qui s’en était chargé et il avait payé de sa mort.

Une mort pour un autre.

Tiffany faisant toute une scène en gérant mal ses émotions. Elle voulait se montrer forte mais quand elle se leva pour se rendre à la fenêtre et plonger son regard dans le vide, ça se voyait, ça se sentait qu’elle était au bord du désespoir.

Ward et moi ensuite, avions appuyer un peu plus fort sur le bobo en disant que l’image et la réputation devait pas être si n’importe quoi que ça pour elle, puisqu’elle s’en défendait avec ardeur. Elle fini par admettre que forcément, ça jouait sur le tableau, pour son cher papa politicien et pour le groupe qu’elle formait avec Finan et un autre mec qu’elle nomma.

Finan ne changerait pas pour elle, c’est ce qu’on lui expliqua, même quand elle ajouta qu’Alonso ferait en sorte d’alléger ses tâches, ce à quoi Ward répondit qu’elle pouvait toujours rêver. Il le connaissait bien, lui Alonso et il savait qu’il ne ferait jamais cette fleur au couple.

- C’est dans son ADN, c’est sa vie. Le groupe, toi, Guillermo, vous êtes un bonus. Il va vous sacrifier bien avant de sacrifier les Los Diablos.

Je devenais bonne à répéter ce genre de phrases !

Puis, elle parla d’un garçon, atterrir chez elle et dont elle craignait que l’influence de mon mari puisse compromettre ses projets d’adoptions. C’est qu’elle avait beaucoup d’ambition louable, la belle Tiffany.

- Sauver un Los Diablos à a fois, ça va-t’en prendre de l’énergie. Mais tu fais bien de commencer par les tous petits, tu as plus de chance de réussir.

Ward l’a rassuré en lui affirmant qu’il n’irait pas jouer dans la tête de Guillermo ce qui ne risquerait pas de nuire au projet de Tiffany. Ça sembla lui suffire, et elle devait avoir comprit que du reste, elle ne trouverait pas de notre aide ici. Alors elle se leva et marcha d’un pas décidé vers la porte mais revint sur ses pas. Je relevais les yeux vers elle et ne put m’empêcher de rigoler quand elle demanda si elle pouvait partir.

- Tu es venue toi-même ma belle, on n’a pas l’intention de te séquestrer, pas ce soir en tous les cas

Je rigolais toujours et Ward lui donna son autorisation pour partir.

- Et ben ! C’était plus divertissant que le film, cette discussion là ! En tous les cas, nous aurons apprit que Finan est le cordonnier le plus mal chaussé en ville ! , je marquais une pause puis haussais des épaules, C’est triste quand même ! Chaque fois qu’il essai de faire le bien, il fait pire que mieux. Je suppose que c’est ce qui arrive quand on se pense mieux que les autres !

Heaven dormait à poings fermés, je me levais donc pour aller la mettre au lit puis, depuis le couloir près de notre chambre, j'interpellais Ward :

- Tu as envie que je te montre combien je t'aime, on sait jamais hein ! C'est peut-être la dernière fois, ce serait bête de simplement aller au lit !

@ Billy Lighter