Rien n’arrivait à calmer le sentiment que j’avais depuis que j’avais quitté le bureau de la psy lors de la confrontation avec Jordan Keller.

Rien.

Pas même ma victoire contre Sonny Robson. Pas même après avoir moi-même sélectionné les nouveaux membres des New Soldados à coup de poings. Pas même Sky. Pas même Heaven.

Rien.

Lors de cette entrevue, j’ai eu l’impression d’être mis à nu alors que le Docteur Johnson avait bien montré son allégeance à Keller et m’avait donné l’impression de ne rien croire à l’image que j’essayais de lui projeté… De plus, elle avait osé pensé que j’avais le vertige.

Je n’avais pas le vertige.

Si.

Non.

Peu importe.

Je n’avais pas aimé et j’avais bien envie de voir si, de mon côté, j’avais tout de même réussi à faire mal au clan Keller. Je savais que Nell avait été mal prise pendant toute l’entrevue. Je savais que Keller lui avait de nombreuses fois envoyé des regards noirs. Je voulais savoir si leur couple s’en était ressorti affaibli.

Pour ça, il fallait que je vois Nell.

Je savais où la trouver, ce soir. A Saint-John à aider les dépravés de l’Eastside. C’est, donc, après avoir terminé mes sélections de New Soldados du jour que j’étais allé là-bas. Je savais que d’y aller sans raison valable me vaudrait le droit de ne pas pouvoir entré et ça même si je comptait aller à la fermeture. Alors, j’avais trouvé une raison pour que Nell se laisse approcher. Et cette raison c’était Grant. Enfin, plutôt, le pistolet à bille de Grant.

Il trait chez nous depuis quelques semaines. Il était là depuis une des dernières fois où Sky a pu voir Grant sans être surveillée. Ils avaient dû aller faire un tour en voiture parce que Grant avait oublié son pistolet à bille dedans. Il ne l’avait jamais réclamé et Sky avait dû oublié qu’il trainait toujours dans un tiroir chez nous.

Je comptais donc lui rendre à travers Nell. Ça me fera entrer dans ses bonnes grâces à me permettre d’entamer la conversation.

Je me gardai, donc, non loin de Saint-John. Assez prêt que pour voir l’entrée depuis ma voiture. Il y avait encore des gens qui sortaient et, pendant qu’ils sortaient, je jetai un œil à mon visage dans le rétroviseur. J’avais plusieurs bleus et coupures dû à mes combats de tout à l’heure avec les nouvelles recrue mais je pourrais dire à Nell que c’est le fruit d’un des matchs de boxe que je fais à la salle de sport.

Quand la foule se dispersa, je sortis de ma voiture, le pistolet à billes de Grant était dans la poche intérieur de ma veste. Je venais de voir Elisabeth sortir ainsi qu’une autre bénévole et aucun des deux n’avaient fermé donc j’avais encore la chance de pouvoir y trouver Nell.

Je m’approchai de la porte et l’ouvris. A l’intérieur, il y avait bien Nell qui rangeait certaines choses. Je savais qu’elle était souvent la dernière à partir tout comme elle était quasi toujours la première à arriver.

-Salut Nell…

Quand elle se tourna, je levai les bras en signe de paix avant de doucement sortir le pistolet en plastique de Grant et ma veste…

-Je viens en paix… Je viens te rendre ça. Ça appartient à Grant. Il l’a oublié il y a un temps dans la voiture de Sky. Je voulais le lui rendre.

Je le lui tendis la laissant prendre « l’arme ».

-J’aurais pu passer chez Keller mais je n’y suis pas le bienvenu… Alors, c’était même pas la peine d’essayer…

Je croisai les bras, la fixant.

-Tu vas bien ? Depuis la dernière fois, je veux dire…

@ Billy Lighter

J’étais à la mission St-John’s depuis très tôt ce matin. À vrai dire, je m’étais levée en même temps que le soleil et je m’y étais rendue presque sur la pointe des pieds. Dernièrement, la demande d’aide se faisait un peu plus ressentir et nous avions du mal à fournir à la demande, malheureusement. De plus en plus de famille venait nous trouver pour prendre un repas, pour trouver des vêtements ou des chaussures pour le petit dernier ou tout simplement pour bavarder et oublier l’espace de quelques instants leurs problèmes.

De venir en aide à ces gens me faisais grandement relativiser sur mes propres problèmes. Ward était venu troubler ma relation avec Jordan à grand coups de pieds et malgré ça, je n’arrivais même pas à lui en vouloir. Je ne pouvais pas le blâmer de vouloir établir un lien avec son fils bien que je comprenais tout à fait Jordan de vouloir l’en empêcher. C’était tellement complexe cette histoire et étant incapable de statuée si j’étais plus du côté de Jordan que de celui de Ward, je préférais investir mes énergies auprès des démunis de la ville.

Les choses n’allaient pas mal entre Jordan et moi mais je ne pouvais pas prétendre que tout était au beau fixe. Je pense que, inconsciemment, il m’en voulait d’avoir soulever des points que la psychologue et lui semblaient vouloir laisser sous le tapis pendant la rencontre de médiation avec Ward. J’avais eu droit à un regard plus que désapprobateur de la part de mon petit ami et la façon dont il avait mis un terme à ma discussion avec Ward après l’entretient avec la psy parlait d’elle-même.

Ça me rendait triste tout ça.

Jordan ne pourrait pas changer ma perception de Ward, quand bien même il me ferait des regards noir à chaque fois. Le seul qui avait ce pouvoir était Ward lui-même.

J’avais donc passé ma journée à servir des bols de soupe et des sandwichs, à trier des vêtements qu’on nous avait généreusement apportés, à réparer du mieux que je pouvais des chemisier, des pantalon et même des peluches qui feraient le bonheur de d’autres. Il fallait aussi trier tout ça, les classer aux bons endroits dans ce qui nous servait de réserve et de faire l’inventaire des ressources manquantes. C’était surtout cette tâche qui était le plus préoccupante car les dons monétaires se faisaient rare. Il ne fallait pas baisser les bras pour autant.

Des petits miracles se produisaient de temps en temps.

J’étais seule pour fermer la mission ce soir. Tout le monde était parti, j’en avais l’habitude. J’aimais bien de toute façon prendre mon temps de tout ranger et de mettre en place ce dont nous aurions besoin le lendemain. Il y avait beaucoup à prévoir.

Je sursautais quand on me salua et je me retournais lentement en tenant ma tablette de feuille sur laquelle je prenais des notes, tout contre ma poitrine.

- Tu m’as fait peur !

Ward leva les mains comme pour me montrer que tout allait bien et je riais, doucement et je déposais mes papiers sur la table près de moi en reprenant mon souffle. Il me montra la raison de sa présence ici, le pistolet à billes que Grant avait dû oublier dans la voiture de Sky. Ward aurait pu le garder, si ce n’était que de moi mais je savais que le petit serait heureux de le récupérer.

- Il le cherchait justement. C’est gentil de l’avoir rapporté.

Je fis non de la tête quand il expliqua qu’il aurait pu le laisser chez Jordan mais ça n’aurait fait que de mettre plus d’huile sur le feu et il y en avait bien assez comme ça.

- Ça aurait été vu comme de la provocation, surtout.

Même si le geste partait d’une bonne intention.

Puis Ward voulait savoir comment j’allais, non pas en général mais depuis la rencontre avec la psy et je lui répondis d’un haussement d’épaules. Que pouvais-je bien lui dire ? Que j’avais l’impression de trahir mon petit ami en défendant mon ex petit ami ? Que je me sentais comme prise entre l’arbre et l’écorce ?

- Mieux que toi, peut-être ?

C’est ce que e lui répondis en rangeant ma tablette de feuille dans le tiroir du comptoir des bénévole et en allant chercher la trousse de premiers soins dans l’armoire de la salle de bain. Ward arborait de belles ecchymoses et des coupures aux pommettes et à l’une de ses arcades sourcilières.

- Je ne veux pas voir le train qui t’a rentré dedans… Assieds-toi.

J’ouvris la trousse et je pris un tampon stérile et l’imbibais d’un peu de désinfectant puis, doucement, je l’appliquais sur l’une des coupures de Ward puis je soufflais dessus pour dissiper l’effet de picotement que le désinfectant pouvait provoquer.

- Est-ce que je peux te poser une question franche et espérer obtenir une réponse honnête ?

Je ne perdais rien à lui demander la question qui me trottait dans la tête depuis un bon moment déjà et qui, fort probablement, tournait dans la tête de Jordan et de la psychologue.

- Tu veux vraiment obtenir la garde de Grant parce que tu as le sentiment que c’est la chose que tu dois faire pour toi… ou bien c’est pour Sky que tu le fais ?

@ Billy Lighter

Je lui avais fait peur… C’est ce qu’elle avait dit après avoir sursauté.

-Je sais… Ça m’arrive souvent de faire peur…

Je dis ça en levant les mains pour montrer que je n’étais pas là pour lui faire du mal. J’avais, ensuite, sorti le pistolet de Grant pour expliquer que j’étais ici pour le lui rendre car il l’avait oublié dans la voiture de Sky. Chose qui était vraie.

Nell se détendit et confirma qu’il le cherchait. Je souris alors qu’elle disait que c’était gentil de ma part. Je savais que je ne devais pas en faire temps pour m’attirer les faveurs de Nell. Naturellement elle me voyait différemment des autres. C’était ça qui m’avait poussé à sortir avec elle il y a des années d’ici. Parce qu’elle était différente.

Je déclarai que j’aurais pu le déposer directement chez Keller mais que ça aurait été mal vu. Nell confirma que ça aurait été pris comme une provocation. Je n’en avais aucune doute et ça me fit rire un peu jaune.

-Ouais… Ma simple présence sur cette planète est vu comme une provocation pour Keller…

Pourtant, j’étais bien présent sur Terre et Jordan Keller devra faire avec. Car je ne comptais pas le laisser tranquille avant de l’avoir suffisamment fait souffrir.

Je finis par demander comment Nell allait. Une question innocente vu de l’extérieur mais qui me servira à savoir comment son couple avait encaisser l’entrevue avec moi. J’espérais que ça avait mis de l’eau dans le gaz parce que tout ce qui rendra Jordan Keller malheureux me permettra d’aller mieux.

Elle déclara qu’elle allait peut-être mieux que moi et je penchai légèrement la tête sur le côté d’un air interrogateur. J’avais l’air d’aller si mal que ça ? Mais je n’eus pas le temps de répliquer que Nell s’en alla quelques instant avant de revenir avec une trousse de soin et c’est là que je compris que c’était ma figure qui supposait que j’allais mal.

Je m’installai sur une chaise alors qu’elle disait qu’elle ne voulait pas voir le train qui m’étais rentré dedans. Je rigolai un peu.

-C’est un bon boxeur. Mais je l’ai battu quand même…

Elle se mis à désinfecter mes blessures. Elle n’avait toujours pas répondu à ma question de toute à l’heure comme si elle essayait d’éviter le sujet. Mais j’étais patient. Je saurais bien vite ce qu’il en retourne. Mais je ne m’attendais pas à ce que Nell me demande si elle pouvait poser une question et recevoir une réponse honnête.

-Vas-y…

Je verrais si j’allais être honnête quand elle me l’aura posé. De toute façon, elle ne saura pas si je le suis ou non. Et elle envoya la question qui concernait, bien sûr, Grant et ma demande de garde. Elle se demandait si c’était pour moi ou pour Sky…

Je regardai Nell qui désinfectait toujours mes blessures.

-Pour moi…

Je soupirai.

-Mais je n’aurais jamais été jusqu’à demander la garde s’il n’y avait pas eu Sky. Tout seul, je ne l’aurais pas fait. Tu me vois éduquer un gamin de 10 ans, seul ? Je ne crois pas que j’y serais arrivé. C’est Sky qui me donne confiance. A deux, on est meilleur. A deux on peut s’occuper de deux enfants. On s’en sort très bien avec Heaven.

J’haussai des épaules.

-Puis, Grant est un sociopathe, non ? J’imagine que je suis bien placé pour le comprendre et faire en sorte qu’il évite de devenir ce que j’ai failli devenir... Sky m’a aidé. Je veux aider Grant…

Sans doute que Jordan aurait sorti les violon et n’aurait pas cru un mot de ce que je viens de dire. Mais Nell, je savais qu’elle était prompt à croire tout ça. En réalité, je voulais Grant pour Sky, pour moi et pour moi. Pour Sky parce qu’elle tenait à Grant et que ça serait un moyen de se remette de la mort d’Eden. Pour moi parce que ça me permettra de faire de Grant un allié et non un ennemi. Et pour moi parce que je savais que tout ça allait faire mal à Keller. Mon entreprise était périlleuse mais le triple but en valait les efforts.

-Je t’avoue que je ne suis senti mal pris lors de l’entrevue… Ils étaient deux contre moi… Puis, Jordan n’a pas forcément été sympa avec toi.

Je soupirai à nouveau.

@ Billy Lighter

Tous les autres bénévoles avaient quitté la mission, je me croyais donc seule c’est donc pour cela que j’avais sursauter en entendant Ward me saluer. Il disait qu’il faisait souvent cet effet là et ça me fit rire, doucement alors que je secouais la tête.

- Non, en fait c’est que je pensais seule, c’est pour ça. Vous ne me faites pas peur, Monsieur Fleming !

Après cette petite frayeur, je pouvais en rire.

Cependant, je me demandais bien ce que venait faire Ward ici mais je n’eus point besoin de le lui demander qu’il m’expliqua être la parce que Grant avait oublié son fichu pistolet à billes dans la voiture de Sky, probablement la dernière fois qu’il avait eu droit d’être seul avec sa baby-sitter.

S’il n’en avait tenu qu’à moi, ce pistolet aurait été déclaré disparu a jamais mais Grant y tenait alors il allait être content de le retrouver et j’appréciais que Ward ait eu la délicatesse de ne pas aller le porter à la maison. Cela aurait été mal vu par Jordan ce qui, dans les circonstances, était complètement compréhensible.

- C’est vrai que… Tu n’es pas son humain favoris par les temps qui courent.

La guerre avait été déclarée entre Ward et Jordan et je craignais que l’un comme l’autre, perde de vue le véritable enjeux. Le bonheur de Grant devrait être au-dessus des problèmes des grandes personnes. Même la psychologue semblait l’avoir oublié.

Ward me demanda comme j’allais depuis la dernière fois et comme je ne tenais pas plus que ça de lui répondre, je lui répondis que j’allais probablement mieux que lui. Il avait le visage tuméfié, du sang sécher couvraient des coupures. Il n’avait pas bonne mine. J’allais donc chercher la trousse de soin et après que Ward se soit assit sur une petite chaise en bois qui semblait faite pour un enfant vu sa stature, je m’installais en face de lui et commençais à soigner ses plaies en y allant le plus délicatement possible.

- Si tu l’as battu, il doit être dans un terrible état vu ton visage.

Je désapprouvais ce genre de sport mais qui étais-je pour juger ? Si ceux le pratiquant y trouvait leur compte, ça ne me regardait pas.

Tout en appliquant le tampon d’alcool sur les coupures de Ward, une question me taraudait l’esprit et je me permis de lui demander si je pouvais espérer de lui une réponse honnête. Je ne voyais pas pourquoi il me mentirait à moi, sauf s’il craignait que je me serve de ses confidences pour servir les intérêts de Jordan.

Ward me répondit sans hésiter que s’il avait voulait la garde de son fils, c’était pour lui mais qu’il ne l’aurait pas fait sans Sky. Je comprenais ce qu’il m’expliquait. Sky l’avait fait connecter avec cette partie de lui qu’il ne connaissait pas avant de devenir le papa de la petite Heaven. Je trouvais ça parfaitement logique et je ne pouvais que comprendre sa démarche même si je n’étais pas à l’aise avec le moyen. Il disait qu’avec Sky, il avait confiance en lui et qu’elle lui permettait d’être meilleur.

- Elle est merveilleuse avec Grant, je ne peux pas dire le contraire.

Et Grant l’aimait énormément, plus qu’il ne m’aimait moi. Ça ne m’atteignait pas, je ne voyais pas ma relation avec Grant comme une compétition avec Sky. Ce que Ward ajouta ensuite me fit frissonner et j’appuyais malgré moi un peu plus fort sur la pommette de Ward. J’approchais alors doucement mon visage du sien pour souffler sur la coupure qui devait élancer par ma faute.

- Pardon.

Je me reculais ensuite pour jeter le tampon souillé de sang et j’en pris un nouveau que j’imbibais d’alcool lui aussi et je passais à l’arcade sourcilière de Ward. Il avait bien morflé pendant ce combat !

- Je ne crois pas que Grant soit un sociopathe, je trouve injuste de l’affubler d’une telle étiquette. Il a de grands besoins d’encadrement et avoir un équilibre dans sa vie est primordiale mais cette psychologue…

Je m’en mordis la lèvre. Si je parlais honnêtement de ce que j’avais pensé de la psy, je discréditais la démarche de Jordan auprès de Ward qui en profiterait en cours, ça ne faisait aucun doute.

- J’ai cru qu’elle était impressionnée par le parcours de ton père.

Le mot impressionner était mieux qu’influencer qui était mon premier choix mais j’avais fait attention pour éviter que ma phrase soit mal interprétée même si elle n’avait plus tout à fait le sens que je voulais qu’elle ait au départ. Ward avoua s’être senti mal pendant cette entrevue, je ne pouvais que le comprendre.

- Ça ressemblait à un procès alors que ça se devait d’être une médiation.

Quant à l’attitude de Jordan, je haussais des épaules. Je ne voulais pas m’embarquer dans cette conversation avec Ward. Il n’était pas la personne pour recevoir mes confidences sur ce que j’avais pu ressentir pendant cette rencontre même s’il venait de me parler en toute honnêteté.

- Oh tu sais… C’est stressant comme situation, il n’a pas voulu mal agir. Il était simplement dépassé par tout ça. C’est normal, non ? Il tient à Grant comme s’il était son fils et il a ce sentiment de loyauté envers Daisy.

@ Billy Lighter

Je rigolai un peu quand elle disait qu’elle n’avait pas peur de moi. Je savais que c’était vrai. Elle n’avait pas peur de moi parce qu’elle me voyait autrement que les autres. C’est après que je lui avais rendu le pistolet de Grant disant que c’était ça qui m’avait amené jusqu’ici afin d’éviter une autre confrontation avec Jordan Keller. Nell confirma que c’était une meilleure idée que de me pointer devant la porte de chez Keller vu que ce dernier ne pouvait pas me voir en peinture. Je n’étais pas son humain favori et je répondis à ça par un rire jaune.

Et c’est vers l’entrevue que j’avais eu avec Keller que j’essayais de conduire la conversation mais Nell semblait déterminée à s’occuper de mes quelques égratignures avant. Ce n’était rien de grave. Juste des bleus et des coupures. Rien qui ne sera complètement soigné dans quelques jours. Mais je m’installai tout de même sur une chaise laissant Nell s’en occuper. Elle adorait s’occuper des autres… Même de moi.

J’expliquai que les coups venaient d’un autre boxeur mais j’ajoutai avoir gagné ce qui était le cas. Nell déclara alors qu’elle ne préférait pas voir le visage de l’autre, alors. Je rigolai un peu.

-Ça va encore… Je suis sûr qu’il a vu pire.

Non. J’étais sûr que le gamin que j’avais explosé n’avait jamais vu pire. Mais il s’en remettra et quand il s’en sera remis, il devra jouer les bons petits soldats pour ne pas voir encore pire.

Nell me posa alors une question qui, cette fois, concernait Grant et je répondis en mettant en avant toutes les bonnes intentions de mon acte bien que tout ce que je venais de dire n’étaient que des conneries. Si je voulais Grant, c’était pour moi et moi seul, là je n’avais pas menti, mais c’était simplement pour que ma vie soit plus simple et que Keller paie pour tout ce qu’il m’avait fait. Tout simplement.

Je mis en avant tout les bienfaits qu’avait eu Sky sur moi et Nell déclara que Sky était merveilleuse avec Grant. J’hochai de la tête.

-Je sais… Elle a un bon feeling avec tous les enfants qu’elle garde.

Je dis, ensuite, que j’étais sûrement le mieux placer pour aider Grant et quand je dis ça, je sentis Nell appuyer plus fort sur ma blessure ce qui me fit grimacer malgré moi. Elle s’excusa. Je lui fis signe que ce n’était rien et elle déclara ne pas aimé l’étiquette qu’on avait mis sur Grant. En réalité, je pense que Nell n’était pas en accord avec la psy ce qui, je devais l’avouer, était un grand avantage pour moi. J’hochai de la tête…

-Les gens aiment les étiquettes. C’est comme ça… Je dois vivre avec aussi. Mais, ouais, j’imagine que l’encadrement fait tout. Il ne m’a pas l’air d’être un mauvais garçon… Du moins, le peu que j’ai pu le voir.

J’haussai des épaules. En réalité, je devais avouer que Grant avait du potentiel ce qui faisait que je ne devais pas m’en faire un ennemi.

Nell ajouta que la psy était fortement impressionnée par le parcours de mon père. Ouais. J’avais cru comprendre ça. Et j’avais compris aussi qu’elle avait largement enquêter sur mon passé. Et je n’avais pas vraiment aimé ça. Du coup, j’haussai simplement les épaules.

-Il y a de quoi, j’imagine… Les gens sont fascinés par ce genre de trucs. Mais j’avais l’impression qu’elle pensait que j’étais comme lui. Ce n’est pas le cas. Je ne suis pas comme lui. Mais j’ai l’impression que, plus je le dis, moins les gens me croient.

J’étais meilleur que lui. J’étais plus que lui. C’était indéniable.

J’ajoutai, d’ailleurs, ne pas m’être senti à l’aise pour l’entrevue. En réalité, je n’avais surtout pas aimé la conclusion. Le reste avait plutôt été plaisant. Et j’hochai de la tête quand Nell déclara que ça ressemblait plus à un procès preuve qu’elle n’était pas entièrement d’accord avec Keller.

C’était un gros avantage. Un avantage que je pourrait tirer dans le procès qui allait arriver.

-Ouais… Un procès. Jordan adorerait me voir sur le banc des accusés mais la fois où il me verra à un procès ça sera pour Grant pas pour je ne sais quel crime que je n’ai pas commis.

Et comme on parlait de Jordan, Nell continua sur le sujet à me demande et déclara que tout ça était stressant comme situation. En gros, elle ne voulait pas en vouloir à Jordan. Elle lui trouvait même des excuses pour la façon dont il s’est comporté avec elle.

-Je comprends… Mais il n’avait pas à te discréditer, ni te foudroyer du regard quand tu dis quelque chose qui ne lui convient pas. Il croit qu’il a raison sur toute la ligne sans même essayer de comprendre que les gens peuvent changé. Parce que s’il pense que personne ne peut réellement changer alors Grant est foutu.

Je fixai Nell dans les yeux.

-Et Grant n’est pas son fils… Pas tant qu’un juge ne l’aura pas décidé.

@ Billy Lighter

C’est en désinfectant les plaies sur le visage de Ward que nous parlions de la situation qui nous préoccupait en ce moment. Grant, ou plutôt son bienêtre, en était le centre et s’opposant à Ward, se trouvait mon petit ami, Jordan. Rien n’allait être simple d’un côté comme de l’autre et il y avait moi, prise en plein milieu, une place que je ne souhaitais à personne !

Jordan et moi avions statué que Sky ne pourrait plus être seule avec Grant, c’était mieux que l’idée de base qu’avait eu Jordan qui voulait couper complètement tous contacts entre la jeune femme et son pupille. D’annoncer ça au petit avait gravement plomber l’ambiance à la maison, ça avait donc été autant pour mettre de l’eau dans notre vin que pour éviter de nous mettre complètement Grant à dos que Jordan avait revu sa position.

- Pour faire ce métier, il faut savoir connecter avec les enfants.

Je ne pouvais pas pointer une faille dans le travail de Sky. Nous ne pouvions même pas jurer qu’elle avait véritablement joué dans la tête de Grant, bien qu’il était évident qu’elle l’aimait plus que ce qu’elle devait ou pouvait aimer un enfant dont elle devait prendre soin sur des bases sporadiques. Il y avait une forte connexion entre Sky et Grant et il avait dit qu’elle l’aimait comme sa maman.

Ward disait être le mieux placé pour élever Grant et ça me fit un pincement au cœur et involontairement, j’appuyais plus fort sur le tampon avec lequel je désinfectais sa pommette et je m’en excusais alors qu’il disait que ce n’était rien. Sans rien retirer à la psychologue, elle avait eu en entretient Grant qu’une seule fois et elle avait eu nos confidences mais cela avait sembler suffire pour mettre une étiquette au petit. Ça ne me plaisait pas, c’était rapide et fondé uniquement sur nos impressions et ce qu’elle avait lu sur Ward et son cheminement. Mon père m’ignorait singulièrement, il ne prenait pas ses responsabilités et ça ne faisait pas de moi une femme hautaine et détachée.

- Que vaut notre avis, nous qui  ne sommes pas spécialistes ?

Oui, c’était une toute petite pointe pour Jordan qui m’avait foudroyé du regard quand j’avais osé donner mon opinion. Ça m’avait égratigné le cœur et ébranlé ma confiance en moi.  

Ward avait eu l’impression que la psychologue ne cherchait qu’à prouver qu’il était comme son père et que forcément, Grant serait comme eux si nous n’intervenions pas immédiatement. Avait-elle raison ? Après tout, c’était elle la professionnelle, cependant moi je continuais de croire que de priver Grant de son père n’était pas la solution, ça ne l’était pas non plus que de le retirer du foyer de Jordan. Il y avait un juste milieu, un équilibre à trouver, exactement comme avec Sky.

Au lieu de ça, la médiation avait pris l’allure d’un procès et Ward avait fini par craquer, sur le banc de l’accusé. Je soupirais quand Ward s’exclama que la seule fois ou Jordan le verrait en cours, ce serait pour la garde de Grant.

- Faut-il vraiment en venir là ? Il n’y a pas que cette psychologue qui peut faire des expertises.

Si Ward n’avait pas confiance en la docteure Johnson, il pouvait certainement aller consulter ailleurs pour avoir une contre-expertise. C’était son droit, du moins, je le pensais.

Je me trompais peut-être mais j’avais l’impression que Ward voulait me faire parler sur ma relation avec Jordan. Je n’en voulais pas à mon petit ami, il vivait un stress incroyable et bien que je m’étais sentis mal sous ses regards foudroyant, je savais qu’il n’avait pas fait ça pour mal faire.

- C’est important pour lui. Je n’avais pas à m’en mêler. C’est moi qui ai insisté pour venir.

Entendre Ward s’exprimer sur ce qui s’était passé entre Jordan et moi me mettais mal à l’aise. Je ne voulais pas qu’il croit que mon couple battait de l’aile, ce n’était pas le cas. Ce n’était qu’une période creuse et pas si creuse que ça non plus. J’avais dormi toute la nuit dans les bras de Jordan et je m’y sentais bien.

Je jetais le tampon d’alcool et pris le menton de Ward entre mes doigts pour vérifier que j’avais bien tout désinfecté et il planta alors son regard dans le miens. Je déglutis lentement en l’entendant s’exprimer ce qui ressemblait à une mise en garde. Devais-je passer le message ? Je ne le ferais pas mais je cru un instant que c’était ce à quoi il s’attendait.

- Je le sais… Jordan le sait. Mais je persiste à croire que vous devriez trouver un compromis satisfaisant pour tout le monde. Tu es comme Jordan ! Tu ne prends même pas le temps de poser la question à Grant, savoir ce qu’il veut, lui !

Ne pourrions-nous pas construire quelque chose, ensuite, à partir du désir du petit ?

Je laissais le visage de Ward et je me levais pour aller jeter les rebus et ranger la trousse de secours ensuite.

- Bon ! Tu ne remporteras jamais le premier prix à un concours de beauté mais ça devrait aller ! dis-je en rigolant. Mets de la glace quand tu rentreras pour éviter d’avoir l’air d’un hérisson bouffis demain matin. Heaven risque de pas reconnaître son papa !

Je m’étirais et je regardais l’heure. J’aurais cru qu’il était beaucoup plus tard mais il n’était pas passé 22h encore.

- J’ai envie d’une frite bien grasse et d’un grand coca ! Tu viens avec moi ?

@ Billy Lighter

Quand je dis être le mieux placé pour aider Grant, je sentis Nell se raidir avant qu’elle ne me dise ne pas forcément aimer les étiquettes… Celle que la psy avait attribué à Grant, Nell ne l’approchait pas. En réalité, je n’étais pas certain qu’elle aime forcément la psy tout court ce qui était, indéniablement, un grand avantage pour moi. Elle semblait résignée disant que notre avis ne comptait pas parce qu’on était pas spécialistes. J’haussai des épaules.

-Même entre eux, les spécialistes ne sont pas d’accord alors je ne crois pas que quelqu’un détienne réellement la vérité dans l’histoire…

Et Keller était loin d’être un spécialiste. S’il me qualifiait de psychopathe c’est parce qu’il savait que j’avais fait partie d’un gang et qu’il croyait certainement toutes les rumeurs qui trainaient dans l’Eastside. Des rumeurs vraies pour certaines, fausses pour d’autre, sous-estimée pour la plupart et totalement irréaliste pour une petite minorité.

Quant à la psy, j’expliquai à Nell que j’avais l’impression qu’elle cherchait à prouver que j’étais comme mon père ce qui était faux. Quoi qu’il en soit, la médiation n’avait pas fonctionné. Pas que je voulais qu’elle fonctionne, d’ailleurs. Pour moi, ça m’avait servi de terrain de jeu mais je ne pensais pas que j’aurais deux adversaires ce jour-là. La psy m’avait pris en traitre et je n’avais pas aimé ça. Tout ça pour que je finisse par dire à Nell que, de toute façon, toute cette histoire finira en justice parce que je trouvais ça grisant de tenter de battre Keller sur son terrain : celui de la légalité. S’il perdait, je savais qu’il aura du mal à s’en remettre. Ça lui fera bien plus mal qu’un coup de poignard.

Mais Nell était réticente à en arriver là. Il déclara qu’il n’y avait pas qu’une psy pour faire une expertise. J’haussai des épaules.

-Je sais… Mais, apparemment, il y aura une expertise lors du procès… Et s’il faut en avoir une pour moi, je pense qu’il en faudra une pour Keller aussi. Je ne vois pas pourquoi je devrais m’y soumettre et pas lui. Il a fait la guerre du Vietnam. Ça laisse de grosses traces… Comment on peut être sûr qu’il soit compétent pour élever Grant ? Je n’ai pas envie d’être le seul à être analysé dans tous les sens. Ça ne serait pas juste.

Je voulais faire douter Keller jusqu’au bout. Je savais qu’il était prompt à se mettre des bâtons dans les roues avant son manque de self-control. Un manque de self-control qu’il avait retourné contre Nell ce que je ne manquai pas de souligner mais elle se blâma elle-même. Je soupirai.

-Tu as cru bien faire, c’est tout. Ce n’est pas ta faute.

Nell termina de désinfecter mon visage au moment où je déclarai que Grant n’était, de toute façon, pas le fils de Keller. Je sentais bien que tout ça la mettait mal à l’aise et qu’elle donnait l’impression de toujours marcher sur des œufs. Et elle déclara rester sur son idée qu’on devrait trouver un compromis avec Jordan et qu’on devrait prendre le temps de demander à Grant ce qu’il veut. Je ricanai à ça… Parce que je n’avais pas aimé qu’elle dise que j’étais comme Jordan. Je la fixai alors.

-Comment tu veux que je pose la question à Grant ? Je ne peux pas l’approcher, je te rappelle. Et on a pas vraiment eu le temps de réellement faire connaissance. Jordan ne me laissera jamais le voir. Il ne voudra jamais un compromis. Je l’ai bien vu à la médiation. Il brandit chaque fois les dernière volonté de Daisy pour expliquer pourquoi je ne dois pas voir le petit… Grant ne me connait pas. Il ne peut pas encore faire un choix sur où il veut aller.

J’haussai des épaules.

-Moi, je suis ouvert à toute alternative… C’est Keller qui ne veut pas alors j’imagine que je n’ai d’autre choix que de laisser un juge trancher, non ?

Nell alla alors ranger la trousse de soin et fit une réflexion sur mon visage qui me fit ricaner.

-Je crois que j’aurais quand même mes chances au concours de beauté…

Elle me donna, ensuite, quelques conseils et j’hochai de la tête. Je me relevai alors que Nell regarda l’heure et, au lieu de me mettre dehors, elle me proposa d’aller manger une frite avec elle.

Typiquement Nell.

-Oui, je viens. J’ai faim aussi.

Taper sur des nouvelles recrues, ça creuse et je suivis Nell dehors alors qu’on traça notre chemin jusqu’au fast-food le plus proche. Je n’avais rien dit sur le trajet. En réalité, j’avais repris la conversation après qu’on ait passé commande et que je sois installé face à Nell.

-Ça me rappelle notre première rencontre…

Je dis ça d’un air pensif avant de reprendre regardant Nell.

-Tu as toujours été surprenante, tu sais… Tu es sortie avec moi… Puis tu as trainé avec Quinn… Avant de sortir avec Jordan… C’est ce qui s’appelle avoir des goûts variés…

Je soupirai avant de reprendre un air pensif…

-Peut-être que j’aurais dû changé de ville… Quand je suis sortis avec Sky. Ailleurs, on m’aurait peut-être vu autrement. Ici, ma réputation me précède…

@ Billy Lighter

La situation dans laquelle Ward, Jordan et moi étions plongés était plus comme un sac de nœud qu’autre chose. Je n’en voyais pas le bout et chaque pas en avant laissait plus de nœuds derrière, à croire qu’on s’en sortiraient jamais. La psychologue n’était pas neutre, et ça m’agaçais. Évidement j’espérais que l’issue serait favorable pour Jordan, mais j’espérais qu’au moins, les choses seraient faites dans les règles de l’art. Pour l’heure, elle n’avait fait qu’imposer une étiquette à Ward en plus de supposer que Grant serait un sociopathe tout comme son grand-père.

C’était trop facile pour que ce soit éthiquement correct. On ne peut pas juger des gens en si peu de temps, l’humain étant une machine complexe et complexée. Mais si je m’exprimais en ce sens devant Jordan, je risquais de me voir affublée d’une étiquette de nouvelle célibataire, je le craignais. Je ne voulais pas compromettre mon couple, même si j’étais d’accord avec Ward.

Si notre psychologue n’était pas neutre comme elle se devait de l’être, tout du moins en apparence, Ward pourrait toujours en consulter une autre pour obtenir une contre-expertise. Je ne savais cependant pas qu’il y en aurait une lors du procès et, en ce cas, Jordan devrait lui aussi s’y soumettre. Il fallait probablement s’assurer que les deux parties étaient apte à obtenir la garde de l’enfant, avant de débattre sur le sujet. C’était ce à quoi je pensais que cette expertise servirait. J’évitais de regarder Ward dans les yeux quand il parla de la guerre du Vietnam et des tracs que cela avait dû laisser chez Jordan. Il se réveillait parfois en sursaut, en sueur et en panique mais ce n’était plus aussi fréquent qu’avant, c’est ce qu’il m’avait dit. Est-ce qu’on pouvait e blâmé d’avoir ce genre ce cauchemars ? En ce cas, pouvait-on blâmer Ward d’Avoir piger le ticket perdant à la loterie des parents ?

- Il fait de son mieux, je t’assure.

Je soupirais alors que j’appliquais du désinfectant sur la dernière coupure de Ward.

Quand il parla de la façon dont Jordan c’était comporté avec moi lors de la rencontre, je baissais un peu les yeux. Ce n’était pas la première fois que mon petit ami me muselait d’un regard. Il l’avait fait lors de la rencontre avec Sky et la psy, si bien que je ne voulais plus trop m’engager dans cette histoire de garde. J’avais constamment peur de dire quelque chose qui ne fallait pas et si devant la psy ça avait quand même passé, ça ne raterait pas devant un juge. Si la justice décidait de donner la garde de Grant à Ward parce que la preuve avait démontré que les choses devaient être faites ainsi, ce serait une chose mais si elle le décidait parce que j’avais soulevé un point suffisant pour questionner les intentions de Jordan, ça en serait une autre.

Je ne me le pardonnerais jamais tout autant que Jordan.

- Je sais, ce n’est la faut de personne.

Dans un monde idéal, nous éviterions le procès et la voix de Grant se ferait entendre, cependant, nous n’étions pas dans un monde idéal et comme me le faisait remarquer Ward, il n’avait pas la possibilité de demander à Grant ce que le petit souhaitait. Lui, il ne le pouvait pas, mais Grant, lui, le pouvait, non ?

- Tu vas engager un avocat pour te représenter, en cours, non ?

Je n’allais pas lui dire quoi faire, mais l’avocat, le notre comme le sien, allait certainement faire le tour de tout le monde pour avoir l’heure juste. En tous les cas, il me semblait que c’était la chose à faire.

- Ce que je trouve dommage là-dedans, c’est que c’est la parole de Daisy contre la tienne. Je ne dis pas qu’elle a menti mais tout le monde sait que je répète toujours qu’il y a deux côtés à une médaille.

Rien ne prouvait qu’elle n’avait pas écrit tout cela sous le coup de la colère.  J’aurais aimé pouvoir lui parler, la comprendre, mieux savoir quelles avaient été ses motivations. Malheureusement, elle était morte en emportant avec elle ses secrets et ses vérités.

J’étais au moins heureuse d’entendre que Ward était ouvert aux compromis. Peut-être que s’il y avait encore moyen de fixer quelque chose, nous pourrions éviter le tribunal et trouver un arrangement qui serait convenable pour tout le monde. J’osais croire que cela était possible. Je préférais voir le verre à moitié plein.

La trousse rangé et le visage se Ward presque comme neuf, je lui suggérais d’appliquer de la glace pour éviter qu’il n’enfle de partout et qu’il ne risque de faire peur a sa fille quand il la verrait demain matin.

Je lui proposais de m’accompagner pour partager une frites dans un fast-food pas très loin. Je n’avais pas eu le temps de manger encore et mon ventre gourmandait tellement fort qu’il pouvait rivaliser avec un petit tremblement de terre. Ward aussi avait faim alors il accepta et c’est comme ça qu’on se retrouva, une table entre nous deux et chacun une bouteille de coca.

- Tu t’en souviens ?

Moi, je m’en souvenais. Nous étions allés manger une pizza après que je m’étais interposée entre lui et un autre type. Ça l’avait impressionné alors que je n’avais fait que ce qui me semblait être la chose à faire. Ensuite, je hochais la tête, en prenant un air amusé parce qu’il disait qu’il avait toujours trouvé que j’étais surprenante.

- Et c’est surprenant d’avoir des goûts variés ? Toi tu as été en couple avec Daisy, moi, une blondasse mal engueulée et maintenant Sky et combien d’autres ? Quoi que Sky et moi nous ressemblons, du moins je le pense. Mais ne lui dis pas que j’ai dis ça. Elle ne m’aime pas du tout. J’ignore pourquoi, d’ailleurs.

En fait, j’avais ma petite idée mais je me disais que ça ne pouvait pas être que ça.

Les frites furent déposées devant nous et j’en pris une que je trempais dans le ketchup avant de la savourer. Ward pensif, soupira en songeant qu’il aurait peut-être dû changer de ville quand il avait amorcé sa relation avec Sky.

- Peut-être. Je ne sais pas quoi te répondre là-dessus. Mais tu sais, on ne se cache jamais longtemps de son passé. Tu as la chance de prouver à tout le monde qu’il se trompe en faisant bien les choses. N’en tient qu’à toi de le faire.

@ Billy Lighter

Malgré tout ce que Jordan lui avait fait, Nell continuait de le défendre. A croire qu’elle faisait pareil avec tout le monde. Nell n’était l’ennemi de personne. Elle ne voulait être en colère contre personne. Elle disait que Jordan faisait de son mieux avec Grant. Quant à moi, je faisait en sorte de dire que ce qu’il s’était passé lors de l’entrevue avec la psy n’était pas la faute de Nell. Elle disait qu’elle savait. Elle ne mettait la faute sur personne. Pourtant, elle pourrait très bien la mettre sur Jordan et la psy qui, apparemment, souhaitait aller au conflit. Un conflit que j’ai engagé en parlant de procès.

Un procès qu’on évitera, donc, pas et Nell demanda si je comptais avoir recours à un avocat. J’hochai de la tête.

-Oui. Sinon, je n’aurais aucune chance. Tant pis si ça doit couter mes économies… Mais je n’ai déjà pas beaucoup de chance de mon côté alors il vaut mieux avoir un avocat.

Nell, elle, trouvait tout ça dommage. Elle trouvait surtout dommage que ça soit la parole de Daisy contre la mienne. En réalité, cet état de fait était un avantage pour moi. Daisy avait écrit un testament, certes, mais ça restait son point de vue, sa version de l’histoire, donc, sa parole contre la mienne. En cours, je savais que ça ne tiendrait pas tellement la route. J’haussai des épaules.

-Et Daisy n’est plus là… Tout ce qu’elle a laissé, c’est un testament qui m’accable… Elle ne peut pas me juger sur notre relation qui a duré quoi ? Un mois ? Deux mois ?

Je ne savais même plus. En réalité, je sortais avec Daisy et A.J. en même temps. Je crois que je trainais même déjà avec Sierra à l’époque. Je n’en savais plus rien.

Et, pour avoir Nell un peu plus dans ma poche, je déclarai que j’aurais été ouvert à toute autre alternative mais que Jordan, lui, n’y étais pas.

C’est là-dessus qu’on acheva la conversation mais ça n’empêcha pas Nell de m’inviter à venir manger des frites avec elle. Je la reconnaissais bien là et j’acceptai son offre afin de gagner encore plus de sympathie auprès d’elle. On marcha, donc, jusqu’au fast-food le plus proche où on passa commande avant de s’installer chacun avec notre coca.

C’est là que je fis remarquer que ça me rappelait notre première rencontre où, Nell, qui n’avait peur de rien ou qui était fort naïve m’avait invité à manger une pizza. J’avais accepté et ça avait jeter les bases de notre relation.

Elle semblait surpris que je m’en souvienne.

-Oui. Je m’en souviens. Comment je ne pourrais ne pas m’en souvenir ?

J’esquissai un sourire avant de boire une gorgée et de parler des goûts variés de Nell ce qui la fit rire. Elle montra, alors, que j’avais des goûts variés aussi. C’est vrai. Je lui accorde.

-Combien d’autres ?

J’haussai des épaules.

-Tu vois le gamin ? Celui de l’émission de Vanya ? Guillermo Quinn. J’ai été en couple avec sa mère. Elle est morte elle aussi dans un règlement de compte. C’était une Los Diablos. Comme Daisy.

J’avais vu l’émission de Vanya. J’avais vu que Guillermo avait été adopté par Quinn. Autant dire que je n’avais pas fort aimé ça. Guillermo était un de mes pions. Quinn me l’a volé.

Mais j’allais peut-être m’accaparer Grant.

-Et la blonde, c’était A.J…. Mais ça fait des années que je ne l’ai plus vue… Elle était psy elle aussi… Comme quoi, n’importe qui peut devenir psy.

Quant à Nell, elle disait avoir des points communs avec Sky… Même si elle savait bien que Sky ne la portait pas dans son cœur sans que Nell ne sache réellement pourquoi. C’était pourtant plus qu’évident.

-Parce que tu t’es occupée de sa fille avant qu’elle ne puisse la prendre dans ses bras. Et, aussi, parce qu’elle est jalouse. Mais pas que de toi, ne t’en fais pas…

Sky était jalouse de toute les femmes… Même celles qu’elle ne connaissait pas. C’était maladif et c’était l’un des défauts les plus agaçant de Sky.

On fut servie et je me mis à manger distraitement mes frites alors que je déclarai que j’aurais peut-être dû quitter la ville avec Sky. En réalité, je n’avais aucune intention de le faire. L.A. était MON terrain de jeu. Nell disait que j’avais plutôt la chance de pouvoir, en restant ici, montrer à tout le monde que je pouvais faire bien les choses. Je ris jaune à ça.

-Je crois que je pourrais obtenir le prix Nobel de la paix que Jordan y verrais une manipulation de ma part… Et pas que Jordan… Plein d’autres gens. Quelque part, ce n’est pas tellement grave. Ce qui compte c’est que Sky sache qui je suis vraiment.

Puis, je fixai Nell.

-Et toi… Toi, tu crois en moi. Ça aide…

Je rigolai, ensuite.

-Je pourrais améliorer ma réputation en venant faire du bénévolat à Saint-John mais Sky risque de mal le prendre. Elle me fera des crises de jalousie tous les jours. Donc, je vais me contenter d’aller bosser et de m’occuper de Sky et Heaven…

Ce qui n’était pas un mensonge, d’ailleurs. Je bossais et je m’occupais de Sky et Heaven.

@ Billy Lighter

Ward devrait se prendre un avocat pour se défendre et ce, même si ça risquait de lui coûter ses économies. Nous n’en avions pas parlé avec Jordan mais ce devait être un peu la même chose pour lui. Les avocats, plus ils étaient bons, plus ils coûtaient cher. Je soupirais tout en passant ma main dans mes cheveux. Cette histoire-là, je vous le dis, elle en aura fait des dégâts !

Ce que je craignais, c’était que la défense de Jordan, qui se basait sur le testament de Daisy, ne tienne pas la route en cours et qu’il se casse la figure avec ça. Parce que ce n’était qu’une parole contre une autre. Jordan allait avoir besoin de d’autres preuves. Fort probablement qu’il pourrait recevoir des témoignages d’amis de Daisy mais il fallait savoir s’ils auraient envie de témoigner contre Ward.

- Ce qui est embêtant c’est qu’elle ait décidé de fuir. Le juge va en tenir compte.

Ou pas.

En fait je ne savais strictement rien de ce qu’un juge pouvait prendre en considération et qu’est-ce qui, selon lui, n’était que des broutilles.

Ma soirée à la mission s’achevait, maintenant que le visage de Ward était désinfecté et que tout était rangé. Mais comme nous avions eu une journée plus que chargée, je n’avais pas eu le temps de manger. Je proposais donc à Ward de m’accompagner et il accepta. Est-ce que je jouais avec le feu ? Non, pas en mon sens, même si je savais que Jordan désapprouverait. Ward avant besoin de parler et j’étais là, il n’y avait pas de mal à ça.

Il y avait encore des gens attablés, malgré l’heure, au petit fast-food du coin. Probablement des gens qui se préparaient à aller passer la soirée dans un bar et qui se faisaient un petit fond avant d’empiler des bières par-dessus tout ça. Moi, je rêvais d’une frites avec du sel et du ketchup et d’un coca glacé.

Notre discussion fit un petit bond dans le passé alors que Ward se rappela notre première rencontre et ça me fis sourire, surprise qu’il s’en souvienne. Je l’avais apostrophé au fond d’une ruelle parce qu’il terrorisait un homme.

- Ça t’a marqué parce que je t’ai dit que tu ne me faisais pas peur. Tu ne me fais toujours pas peur, tu sais !

Je lui fis une petite grimace en lui disant ça. Il se donnait des airs de gros vilain mais il ne l’était pas, en tous les cas, il ne l’avait jamais été avec moi. Même avec Grant l’autre soir à Sout L.A., il l’avait écouté et conseillé. Et la façon dont il regardait Sky à l’hôpital quand elle était dans le coma. Son rôle de père auprès de la petite Heaven. Ward n’était pas l’homme qu’on disait qu’il était.

Il pouvait bien parler de mes goûts en matière d’homme ! Il ne donnait pas sa place non plus quand on regardait sa liste de conquêtes ! Ils y avaient celles que je pouvais nommer et toutes les autres que je ne connaissais pas.

- Oh oui ! Je sais de qui tu parles. Je suis navrée d’apprendre que sa maman est morte.

Est-ce que celle-là avait aussi laissé des mises en gardes contre Ward dans son testament ?

- Donc, deux te tes ex sont mortes, une est portée disparue et ta femme s’est fait tirer dessus et je me suis fait agresser par un fou qui disait vouloir contribuer à la Mission St-John. J’insinue rien… absolument rien.

Je souriais puis je pris une gorgée de mon coca pour camoufler mon envie de rire. Ce serait une façon polie de lui dire qu’il portait malheur mais en même temps, je ne voulais pas faire de mauvaises blagues à ce sujet.

- Tu m’as aussi sauvé la vie.

S’il n’était pas intervenu, je serai sans doute morte.

Sky me détestait parce que j’avais pris soin de sa fille alors qu’elle n’avait pu le faire elle-même et que j’étais une amie de Ward. Malheureusement pour lui, et forcément pour elle aussi, la jeune femme éprouvait beaucoup de jalousie. Pourtant, je ne représentais aucunement une menace pour son couple.

- Elle n’a pas à s’inquiéter. Il n’y a pas de sentiments troubles entre nous. Je suis cependant désolée si mon aide a pu être source de conflit entre vous deux. Je ne voulais pas m’imposer.

Nos frites posées entre nous deux sur la table, il piocha distraitement dedans en disant qu’il aurait dû quitter la ville avec Sky et refaire leur vie ailleurs. Oui, il aurait pu mais il était toujours ici et selon moi, il pouvait encore prouver être quelqu’un de bien s’il s’en donnait les moyens.

- Sky le sait et… Je le sais aussi. Suffit peut-être que de donner le temps au temps pour que tout se place et que tu puisses enfin tourner la page. Et tu sais, je ne crois pas que de faire du bénévolat à St-John soit une sage idée parce que déjà comme tu le dis, Sky ne le verra pas d’un bon œil et Jordan non plus. Au fait…

Je me raclais un peu la gorge en jouant nerveusement avec ma serviette de papier puis je regardais Ward dans les yeux avec un air de supplication.

- J’aimerais que ce moment à la mission et ici au restaurant ne se rende pas aux oreilles de Jordan. Il m’a un peu défendu de te voir alors… Ça serait inutile de me blesser moi en cherchant à l’atteindre lui, d’accord ?

Il était inutile de mettre plus d’huile sur le feu qu’il y en avait déjà. Si nous pouvions éviter d’appeler les pompier, ce serait ça de gagné. De toute façon, si ça rendait aux oreilles de Jordan, ça irait forcément à celles de Sky et de nous deux, je ne suis pas certaine que ce serait moi qui passerais le pire mauvais quart d’heures.

- Il n’y a pas que la mission où il y a pénurie de bénévole ! Il y a la foundation United For Youth qui cherche. Il y a aussi la résidence pour personnes âgées qui est à la recherche de gens pour faire la lecture, jouer à des jeux simple avec ses résidents. Je lance des idées comme ça, mais ce sont des choses que vous pourriez faire en famille.

Je ne voyais cependant pas Ward jouer au paquet voleur avec un vieux monsieur. Si ça devait se produire, j’espérais être là pour le voir !

@ Billy Lighter

L’endroit où on venait d’atterrir me fit penser à ma première rencontre avec Nell. Elle n’avait pas eu peur, ce soir-là, malgré ma réputation déjà fait dans l’Eastside. Elle m’avait tenu tête et m’avait invité à manger une pizza. Et elle confirma, ce soir, que je ne lui faisais toujours pas peur. Plusieurs personne m’avait déjà dit ça. Nell, bien sûr, mais aussi, récemment, Sonny Robson. Et si aucune des deux n’avaient peur de moi c’est qu’il n’avait pas vraiment vu de quoi j’étais capable. Je souris à Nell.

-Je ne vois pas pourquoi tu aurais peur. Tu n’as aucune raison d’avoir peur.

Parce que je ne ferais jamais de mal à Nell. Pas intentionnellement, en tout cas. Par contre, ça me ferait plaisir qu’il arrive quelque chose à Sonny Robson. Et ça serait encore mieux si c’est à cause de moi.

J’avais, ensuite, parlé des goûts de Nell en matière d’hommes qui était très variés. Parce que je n’avais strictement rien n’à avoir avec Quinn ou Keller. Mais elle fut maligne parce qu’elle me renvoya la question. Ce sur quoi j’avouai avoir eu une relation avec la mère de Guillermo « ex-De La Cruz » Quinn. Elle avait bien vu l’émission de Kournikova parce qu’elle replaça le petit. Elle était désolée que la mère du gamin soit morte.

-Elle a manqué de chance… Même si, quand on se met à dealer, il y a toujours un risque et, de ça, elle en était conscient.

C’est son frère et son ex-petit-ami qui avaient entrainé Sierra chez les Los Diablos. Et comme Quinn, elle leur était bien trop fidèle que pour en sortir après la mort de De La Cruz.

Nell fit alors le liens entre tous mes petites-amies et, vu comme ça, c’est clair que le constat n’était pas brillant. Pourtant, je n’étais responsable de rien. Sierra était morte dans un deal qui a mal tourné alors même que je n’étais même pas là. Daisy est mort à des milliers de kilomètres de L.A. d’une maladie. A.J. est morte par sa faute. Sky s’est fait tiré dessus à cause de Quinn. Quant à ce qui est arrivé à Nell, c’est à cause de la folie de Yang. Et, comme Nell souriait face à ce constat, moi, je soupirai…

-Ouais… A croire que chaque femme qui me fréquente est maudite. Et même si, avec certaines, on a pas achevé notre relation en bons termes, je n’ai jamais souhaité qu’il leur arrive quelque chose. Quant à Sky, je ferais tout pour revenir en arrière et faire en sorte qu’elle ne se fasse pas tirer dessus.

Et je souris un peu quand elle déclara que, le soir où Yang l’avait agressé, je lui avais aussi sauvé la vie. Après avoir bu un coup de coca, je déclarai :

-C’est parce qu’on est lié.

Je savais que Nell croyait à ça. Je commençais même moi-même à y croire.

J’expliquai, ensuite, pourquoi Sky détestait Nell. C’était une simple histoire de jalousie. Sky était jalousie au possible. Et même si je lui disais qu’il n’y avait rien entre moi et Nell, elle n’arrivait pas à se détacher de ça au point que ça m’agaçais. J’haussai des épaules face aux excuses de Nell.

-Ce n’est rien… Et puis, on est passé au-dessus de ça.

On reçut nos frites alors que je disais que ce qui comptais, finalement, c’était que Sky sache quel homme j’étais vraiment. Ça ne servait à rien de convaincre les gens comme Keller. Et j’eus plus que la confirmation que Nell arrivait à voir l’homme que j’essayais de lui projeter. Je lui souris reconnaissant et, intérieurement, ça calma un peu la colère que j’avais ressentie après être sorti du cabinet de la psy. Quant à Saint-John, Nell avoua que c’était une mauvaise idée pour un tas de raisons.

Tant mieux. Je ne comptais pas faire du bénévolat, en réalité. J’avais d’autres choses à faire que de trainer dans la merde de l’Eastside.

-En effet, Sky et Jordan n’approuveraient pas.

Au point même que Nell voulait que notre rencontre de ce soir reste entre nous. Elle avait plus peur de Jordan que moi, on dirait. Preuve que leur couple était plus bancal qu’elle ne voulait bien l’admettre.

Et ça m’arrangeait. J’hochai de la tête.

-Ne t’en fais pas. Personne ne le saura.

Je lui fis un petit clin d’œil.

-Bien que tu devras trouve une justification pour le pistolet de Grant. Mais je sais que tu ne manques pas d’imagination. Mais je constate quand même que Jordan dirige pas mal vos vie à toi et Grant… Vous ne pouvez pas voir qui vous voulez… Et après, c’est moi le manipulateur…

Je repris une frites avant que Nell et son grand cœur ne me trouve d’autres idées de bénévolats. Ouais… J’aurais dû m’y attendre… Et je savais que m’investir là-dedans me donnerais des points en plus pour le procès… Mais ça risquait bien vite de me taper sur les nerfs.

-J’en parlerais à Sky… Elle aime aussi que je passe du temps à la maison en dehors de mon travail. Mais, pourquoi pas ?

J’haussai des épaules avant de sourire après avoir achevé mon coca. Je regardai autour de nous avant de reposer mon regard sur Nell.

-En tout cas, ça m’a fait du bien de pouvoir te parler sans les commentaires de Keller…

Je regardai, ensuite, l’heure.

-Je vais devoir y aller… Sky va se demander pourquoi je traine.

Je souris.

-Et si j’ai pas envie de me faire engueuler, je ferais bien de rentrer.

@ Billy Lighter

Je n’avais jamais eu peur de Ward et, d’ailleurs, je ne voyais pas pourquoi je devrais en avoir peur. Il ne m’avait jamais donné de raison de le craindre, au contraire. C’était probablement pour cette raison que Jordan et moi n’arrivions pas à accorder nos violons. Cependant, toutes ses relations avaient connu un évènement tragique alors, sur un ton que je voulais léger, je traçais le malheureux historique sans manquer, cependant, de noter qu’il m’avait sauvé la vie. Il avait sans aucun doute sauvé la vie de Sky aussi en réagissant rapidement. Malheureusement, leur fils n’avait pas eu cette chance.

Ma réflexion sembla plonger Ward en pleine introspection et il confia que jamais il n’avait souhaité tout ça et que dans le cas de Sky, il ferait tout pour revenir en arrière. C’était malheureusement impossible, mais je comprenais son sentiment. En toute amitié, je posais ma main sur la sienne en un geste de réconfort. Il me fit sourire ensuite quand il rajouta qu’en ce qui me concernais, c’était parce que nous étions liés.

- Donc, en quelque sorte, tu es mon ange gardien. Je suis désolée d’avance pour toutes les fois à venir où je me mettrai dans le pétrin !

Et j’étais aussi désolée pour la jalousie de Sky que j’avais involontairement attisée. Je n’avais fait que donner un peu de mon temps pour aider un jeune papa désemparé qui devait s’occuper de sa petite fille tout en étant au chevet de sa femme mourante. Jamais je n’aurais cru que Sky aurait pu m’en vouloir d’avoir épaulé son mari, d’autant plus qu’il n’y avait plus rien entre lui et moi, même pas une toute petite parcelle d’étincelle. Cependant, je comprenais que le fait qu’elle n’avait pu prendre elle-même son bébé avant n’importe qui d’autre lui avait froissé le cœur.

- Tant mieux alors, si vous êtes passé par-dessus. Je ne voulais vraiment pas mal faire.

Et puisqu’il était question de la jalousie de Sky, j’en profitais pour demander à Ward de garder notre rencontre de ce soir secrète. Je n’aimais pas, mais pas du tout mentir à Jordan mais c’était inutile de provoquer une querelle. Je ne voulais pas être en conflit, avec personne, je ne voulais pas non plus me priver de parler ou aider ceux qui avait besoin de moi. Cette conversation, je sentais qu’elle faisait du bien à Ward. Quelque part, elle me faisait du bien à moi aussi.

- Je dirai que tu l’as laissé à la mission en demandant à quelqu’un qu’on me le donne, peu importe. Grant sera heureux de le récupérer.

Je ne relevais pas ensuite, quand Ward ajouta que Grant et moi ne pouvions pas voir qui nous voulions, quand nous le voulions et que, étrangement, c’était lui le manipulateur de l’histoire. Jordan ne nous manipulait pas, il nous protégeait, au meilleur de ses capacités et s’il le faisait, c’était car il croyait devoir le faire. Je ne pouvais pas le blâmer non plus lui en vouloir d’agir ainsi. Mais le dire à Ward n’aurait fait que relancer le débat sur qui manipule qui, qui est le méchant, qui est le gentil. J’avais eu ma dose avec Jordan, c’était inutile de récidiver avec Ward.

Au lieu de ça, je lui proposais d’autres alternative à St-John pour du bénévolat. Il y avait un manque partout et j’étais certaine que Sky et lui trouveraient une cause pour leur permettre de redonner un peu.

- Un truc avec les enfants, alors. Sky est excellente avec les tous petits. Et Heaven aimera sans doute ça aussi.

Mais je ne m’avancerais pas pour eux. Ils savaient mieux que moi comment occuper leurs temps libres et puis de passer du temps en famille était tout aussi important.

Ward attrapa la dernière frite du plat et je terminais mon coca.

- Ça m’a fait plaisir à moi aussi, tu sais.

C’était simplement dommage, tout le gâchis autour de nous, cette situation qui prenait des proportions horriblement grosses alors que je demeurais persuadé qu’il y avait moyen de trouver un terrain d’entente.

- Je dois rentrer moi aussi.

J’étirais le bras pour attraper la facture que la serveuse avait déposé sur le coin de notre table sans même s’arrêter, ni même nous regarder, pour se diriger à la table voisine pour remplir les tasses de cafés.

- C’est pour moi !

Je laissais les billets sur la table et je me levais pour me diriger vers la porte du restaurant et, avant que nos chemins se sépare, je souhaitais une bonne fin de soirée à Ward.

@ Billy Lighter