Notre fille avait mis le feu ! Le petit Starky n’avait pas été mal non plus et avait bien chauffé la salle avant que ne se montre la tête d’affiche. Livia… Olivia… La chair de ma chair. Et je me rappelais les photos d’elle enfant, celles que Maritza m’envoyait dans l’espoir d’une réponse qui n’était jamais arrivée. Je les avais toutes gardées, bien cachée dans les livres de ma bibliothèque.

Mais Olivia n’était plus une petite fille désormais. C’était une femme mariée et respectable, avec beaucoup de talent et de caractère… D’une intelligence hors norme qu’elle tenait à la fois de moi et de sa mère.

J’espérais qu’il y aurait un peu de Livia dans J.R. quand il serait plus grand.

Car Livia, elle, était capable de me suivre. Elle me le démontrait chaque jour en gardant le secret de ce que nous lui réservions comme avenir : hériter de BSC. Arriver à se le faire donner par Don Hughes ou Julian Hughes…

Maritza était déjà rentrée à l’hôtel avec J.R., elle allait mettre notre pauvre bébé exténué au lit et irait voir et féliciter notre fille une fois qu’elle serait elle aussi rentrée à l’hôtel.

Mais pour l’instant, Olivia était dans sa loge, à décompresser, à se laisser pouponner par les maquilleuses qui lui enlevaient son maquillage et par un masseur qui lui détendait les épaules.

Dans le couloir, je croisai mon meilleur ami que je saluai brièvement et félicitai pour le travail qu’il avait fait avec ma fille.

J’avais ricané.

-Heureusement qu’elle est en grande partie autonome. Un jour peut-être, elle sera à la fois artiste et son propre manager.

De quoi charrier un peu Daniele.

Puis j’avais continué mon chemin vers la loge de ma fille. Je n’avais pas frappé, j’étais rentré, une bouteille de champagne à la main. Et comme je l’avais imaginée, on la démaquillait, on la massait, bref, elle avait à sa botte un tas de personnel pour veiller à son bien-être.

-Tout le monde dehors, je vous prie.

Parce que je ne voulais pas qu’on voit ce qui allait se passer, là, maintenant. Le personnel sortit sans mot dire si ce n’était des « Bonne soirée, Monsieur Reed ».

Et quand tout le monde fut parti, je mis ma bouteille dans un seau de glace mis à disposition, m’approchai de ma fille et lui tendis les bras.

-Viens là.

Et je la serrai dans mes bras, comme je ne l’avais jamais fait avant, l’embrassant tendrement sur le front.  

@ Billy Lighter

Daniele venait de quitter ma loge et j’avais droit aux services de maquilleuses et d’un masseur professionnel pour me détendre avant de rentrer à l’hôtel. Exit le maquillage de scène et bonsoir un maquillage plus léger et de circonstances alors même que je me faisais dénouer les tensions dans les épaules et le dos.

Si c’était pour être comme ça chaque soir après mes concerts, j’étais prête à les enchainer les tournées hein ! Fallait pas attendre et signer tout de suite le contrat ! Daniele avait le don de penser à ce genre de détails qui faisaient une grande différence. Je le remercierais plus tard pour ça mais avant, je profitais de ce petit privilège.

Je relevais la tête quand la porte s’ouvrit et que mon père entra dans ma loge, une bouteille de champagne dans les mains. Il congédia le personnel qui se pressa à sortir comme si le Roi venait d’ordonner au peuple. Ça me fit sourire et je me redressais sur ma chaise en soupirant de bonheur, mon dos déjà en meilleur état qu’il y avait cinq minutes.

Jimmy ensuite m’ouvrit les bras et m’invita à m’y blottir, chose que je n’avais pas anticipé mais qu’il n’eu pas besoin de me proposer deux fois pour que je le fasse. J’vais si souvent rêvé à ce genre d’étreinte petite que je savourais le précieux moment. Quand l’étreinte pris fin, je restais tout de même près de lui, les mains posées sur ses avant-bras et je le regardais dans les yeux pour qu’il puisse voir tout le bonheur que je vivais.

- Daniele s’est dit plus que satisfait de ma performance de ce soir et je suis du même avis. C’était un excellent premier concert.

Puis je laissais les bras de mon père en lorgnant vers la bouteille de champagne. Je me doutais bien qu’il l’avait apporté pour que nous trinquions ensemble à ce que je venais d’accomplir ce soir. Doucement, je glissais vers le monde des adultes et je ne serais plus considérée comme une petite fille. La prochaine étape était qu’on ne me voit plus uniquement comme la fille de Jimmy Reed. Avec les projets que nous avions, mon père et moi, je visais d’être son égale ou tout du m oins de pouvoir jouer dans le même bac à sable.

Ma mère n’accompagnait pas mon père, hélas mais puisque je savais que mon petit frère faisait partie du voyage, je comprenais qu’elle avait probablement choisit de rentrer pour border le petit. J’aurais tout le loisir de parler plus intimement avec ma mère pendant le déjeuner demain matin à moins qu’à mon retour à l’hôtel, elle ne laisse la surveillance de J.R. à Jimmy et qu’elle ne vienne me voir dans ma chambre.

Je m’installais sur le large divan qui ressemblait plus à un large récamier recours de velours prête à entendre les commentaires de mon père et à discuter avec lui de ce qui était prévu pour la suite de la tournée.

@ Billy Lighter

J’avais senti ma fille se laisser aller à mon étreinte… Elle attendait ça depuis tellement longtemps. Et moi aussi, à vrai dire. Mais je m’étais mis tellement de barrières… Mais ici, dans le calme de sa loge, nous étions seul, et je pouvais enfin montrer, par des gestes, combien je tenais à Olivia, combien je l’aimais.

Elle serait à jamais ma fille aînée, même si elle ne pouvait pas hériter de la même façon que J.R. Mais bien sûr, elle aurait sa part aussi, et une part non négligeable.

Quand l’étreinte se termina, elle garda ses mains sur mes avant-bras, comme si elle avait peur qu’après ça, je ne fuie encore. Elle me regardait droit dans les yeux et j’avais l’impression de me perdre dans mon propre reflet.

Elle me fit part des commentaires de Daniele qui avait dit que c’était un excellent concert.

Je souris.

-Je ne suis pas d’accord. Ce n’était pas un excellent concert, c’était un triomphe.

Ses mains glissèrent sur mes bras et elle alla s’installer dans le divan mis à sa disposition, et ce non sans lorgner sur la bouteille de champagne que j’avais préalablement laisser dans le seau de glace. Je pris deux flûtes et la bouteille et vins m’asseoir dans le fauteuil en face de ma fille…

Je nous servis, le bouchon sauta, nous faisant rire et je pus verser un bon verre de petites bulles à Olivia.

Puis je levai mon verre.

-A ton entrée dans la cour des grands, ma fille.

Je bus une bonne gorgée de champagne.

-Julian n’est pas là ? Il faudra déplacer toutes ces fleurs avant qu’il n’arrive, je t’enverrai quelqu’un pour le faire.

Je détournai mon attention des fleurs et replongeai mon regard dans celui de Livia.

-Tu sais, j’ai toujours cru que si j’avais des enfants avec ta mère, ils auraient les cheveux bruns et les yeux bleus, comme elle… Je me suis trompé… Je ne sais pas comment j’ai fait…

Je souris.

-Ce qui ne m’empêche pas de reconnaître ta mère en toi. Tu as son talent pour le chant, même plus encore… Et un peu de son caractère aussi, même si plus tu grandis, plus tu es une Reed dans l’âme.

Je repris une gorgée de champagne.

-Alors ? Tu as des surprises pour ton public, pour la suite de ta tournée ?

@ Billy Lighter

Depuis toute petite que je rêvais de pouvoir me réfugier dans les bras de mon père alors quand Jimmy m’ouvrit les bras après avoir congédié les gens dans ma loge, je n’eu pas besoin qu’il insiste pour que je me lève et que je me blottisse contre lui. Il sentait bon, pas le Old Spice comme la majorité des hommes de sa génération. Non, Jimmy avait sans aucun doute choisi une eau de parfum plus subtile et raffiné, quelque chose qui lui correspondait.

L’étreinte prit fin mais je gardais mes mains sur les avant-bras de mon père. Je n’étais pas prête à m’éloigner bien que je n’avais aucune raison de craindre qu’il ne s’envole, comme il faisait avant. Au tout début, il avait la fâcheuse manie de faire un pas en avant et dix en arrière au point où je m’étais demandé s’il avait réellement envie de nouer une relation avec moi où s’il le faisait par dépit et sentiment de culpabilité.

Daniele avait qualifié la soirée d’excellente et Jimmy, pour une toute petite seconde, me fit douter en avouant ne pas être d’accord avant de rectifier en disant que c’était un triomphe. S’il avait dû être déçue par ma performance, je l’aurais fort probablement mal pris. Je pouvais me relaxer et c’est ce que je fis en prenant place dans le divan pendant que Jimmy, lui, faisait sauter le bouche de la bouteille de champagne avant de nous verser chacun un verre pour que nous puissions trinquer ensuite.

- Merci !

Jimmy soulignait ainsi mon entrée dans la cours des grands. Après cette tournée, j’aurais définitivement les deux pieds bien ancrés et je pourrais aspirer à jouer sur la même scène que les plus grands de la chanson. Ce n’était pas rien, surtout pas à mon âge. J’étais prête à parier que, quelque part, ça égratignait un tout petit peu l’égo de Lola qui était jusqu’à présent, l’exemple de l’enfant vedette par excellence. J’aspirais à la détrôner et je n’étais pas loin de réussir.

- Julian est probablement rentré à l’hôtel. Il est venu me voir juste avant Daniele et les fleurs l’ont incommodées bien qu’il n’en a pas soufflé un mot.

Je n’en voulais pas à Julian comme il avait deviné que je n’y étais pour rien pour les cadeaux offerts par les fans. Je trouvais simplement dommage de devoir envoyer la majorité des bouquets aux ordures puisque je ne pourrais pas envisager de les trimballer de ville en ville et que les fleurs ne se conservaient pas éternellement.

- Je vais demander a quelques roadies de bien vouloir aller en porter dans les hôpitaux de la ville avant notre départ. Ça mettra de la vie dans la chambre des patients et ce sera mieux que de devoir tous les jeter.

Mon père captura mon regard du sien et ça me fit sourire. Plus encore quand il ajouta qu’il avait perdu contre la génétique. En fait non, il avait gagné puisque J.R. et moi avions hérités de ses traits mais il avait parié ceux de mamita auraient été plus fort. Cependant, cela ne l’empêchait pas de reconnaitre ma mère en moi. Mamita avait une très belle voix, une magnifique voix même mais elle refusait de chanter devant un public, et même si ce public était composé de sa famille. Rare était les occasions où je l’avais entendu chanter.

- En vieillissant, j’apprend à tirer le meilleur de vous deux, c’est ma plus grande force et mon héritage le plus précieux.

Et je tentais d’en être digne.

Tout comme Jimmy, je bu à nouveau de mon champagne, savourant la délicatesse des bulles sur ma langue avant de lui répondre.

- Il y aura quelques duos dont un avec Daniele lorsque nous seront à Milan et il n’est pas exclu qu’Eddy Cort vienne me rejoindre pour prendre la guitare. J’aimerais aussi lancer une invitation à Sniper quand je parlerai avec Jess, demain, mais en sachant que Sydney est enceinte, je pourrai comprendre qu’il ne souhaite pas s’éloigner de Los Angeles.

J’y réfléchissais. Il y avait moyen qu’il vienne sans quitter sa douce trop longtemps et sinon, avec ce qui était déjà en place, j’avais de quoi satisfaire mes fans. Daniele m’avait bien préparé aussi pour que j’intervienne avec les gens dans les différentes salles où je me produirais et j’avais donc préparé et apprise par cœur plusieurs petites phrases dans différente langue en m’assurant que je disais exactement ce que je voulais dire et non pas autre chose.

- Ce soir, j’ai été agréablement bouleversée de les entendre chanter mes chansons et si ça se reproduit, j’aimerais invité l’un des spectateurs à venir en chanter un petit bout sur scène. Je suis certaine que ça animera la salle et que ça donnera envie aux gens pour les autres concerts.

C’était à envisager et à discuter avec Daniele question de voir si c’était réalisable et que je ne risquais pas de faire monter sur scène un fan trop entreprenant qui ne voudrait pas retourner à sa place ensuite.

@ Billy Lighter

Nous trinquâmes à son premier concert en tête d’affiche. J’étais fier de ma fille… J’en avais eu des frissons quand le public avait chanté en cœur avec elle ! Comme je le lui avais dit, c’était un triomphe ! Et elle me remercia pour mes compliments et le champagne.

-Je ne dis que ce que j’ai constaté, Olivia. Tu as enflammé le public.

Je remarquai que je n’avais pas vu Julian alors qu’il devait être le premier à venir féliciter son épouse. Et ma fille me confirma que ça avait bien été le cas mais qu’incommodé par les fleurs, il ne s’était pas attardé.

Je souris.

-Vous fêterez dans l’intimité de l’hôtel.

Quant aux fleurs, ma fille avait eu l’idée géniale de les distribuer aux hôpitaux du coin pour égayer les chambres des malades.

-C’est le genre d’idée qu’aurait pu avoir ta mère… Tu as quelque chose que je n’ai pas, mais que vous avez toutes les deux : un grand cœur.

Puis je parlai de nous, de notre famille, comme je ne l’avais jamais fait. J’évoquai un vieux souvenir de Maritza et moi, omettant que nous étions au lit, où j’avais dit à ma bien-aimée que nos enfants lui ressemblerait et combien j’avais eu tout faux.

Petit à petit, j’arrivais à me confier à Livia, à lui faire des petits cadeaux sous la forme de souvenirs et d’émotions. Elle en savait si peu sur le couple que sa mère et moi avions formé avant sa naissance. Elle méritait de savoir, d’imaginer à quel point nous avions été, et étions encore, amoureux.

Et ce qu’elle répondit à ça me fit tiquer… Pas parce que je n’appréciais pas ce qu’elle disait, bien au contraire… Mais c’était ma façon à moi de montrer qu’elle m’avait touché en plein cœur.

-Le meilleur de nous deux. Oui. Tu y réussi très bien. Mais il ne faut pas que tu oublies ton père adoptif, Enrique. Je lui suis reconnaissant de tout ce qu’il a fait pour nous. De rendre ta mère heureuse et de t’élever comme sa propre fille.

Et de garder le secret.

Puis nous passâmes en mode affaires et tournée… Livia avait de beaux projets pour la suite. Beaucoup de duos. Elle s’inquiétait juste un peu de savoir si Sniper viendrait ou pas. Je repris une gorgée de champagne, puis m’allumai une cigarette.

-Ne t’en fait pas pour Sniper. Il ne manque jamais une occasion de jouer sur scène. Il emmènera probablement avec lui ses propres roadies pour faire les réglages spéciaux pour ses appareils auditifs. Mais je serais toi, je l’inviterais sur le prochain concert, justement pour éviter que ça coïncide avec la naissance prochaine de sa deuxième fille.

J’eus un sourire carnassier.

-Et tu m’étonnes que Daniele veut chanter à Milan. Il ne manque jamais une occasion de se rappeler à son pays natal.

Je tirai longuement sur ma cigarette en écoutant Livia me dire qu’elle inviterait même sur scène un quidam du public pour chanter avec elle.

-Voilà un projet qui te propulsera bien loin au-delà des Lola et consort, ma fille… Ils t’aimeront encore plus comme ça et tu auras le statut d’une artiste aimable et accessible, un peu comme Sniper.

Puis je pensai à tout autre chose.

-Et sinon, comment ça va avec Don Hughes ? Tu es toujours dans ses bonnes grâces ?

@ Billy Lighter

Jimmy avait qualifié mon spectacle de triomphe, rien de moi et venant de lui, je savais que c’était la vérité. Mon père n’était pas du genre à lancer des mots pour le plaisir de le faire, ils les utilisaient judicieusement pour dire ce qu’il pensait réellement. Ça me touchait et avec les commentaires de Daniele et de Julian, je pouvais cocher mentalement la petite liste gravée dans ma tête. Le premier concert était derrière moi et donnait le ton pour le reste de la tournée.

Tout comme mon manager, mon mari ne s’était pas attardé longtemps dans ma loge. Mon corps couvert de sueur et les fleurs en abondance avaient suffit à écouter notre moment. Je retrouverais Julian plus tard à l’hôtel et pour les fleurs, j’avais songé à les envoyer dans les hôpitaux pour égayer le séjour des malades. Mon idée charma mon père qu’il disait être dans le même genre qu’aurait ma mère avant d’ajouter que tout comme mamita, j’avais un grand cœur, suggérant qu’il n’en avait pas, lui.

Je regardais mon père en me disant qu’il ne se voyait pas comme je pouvais le voir, comme ma mère le voyait et comme J.R. le verrait un jour. Jimmy avait un très grand cœur et s’en servait à sa manière. Il fallait le connaître intimement pour voir et savoir jusqu’où il était prêt à aller pour ceux qu’il aimait.

- Tu as un grand cœur et je me sens choyée de faire partie de ceux pour qui il bat.

J’écoutais Jimmy me partager une pensée qu’il avait eu jadis quand il imaginait les enfants qu’ils pourraient avoir avec ma mère. C’était une tout autre époque, avant que la vie ne les forces à se séparer. Ça me fit sourire de l’entendre m’en parler parce qu’on ne pouvait pas croire, en le voyant, que de fonder une famille puisse avoir été pour Jimmy un projet de vie. Et pourtant… Il y avait songé assez pour croire que ses enfants auraient les yeux et les cheveux de Maritza. Le sort en avait voulu tout autrement puisque c’étaient ses gènes qui prédominaient chez J.R. et moi.

Si je tirais avantage de mes deux parents, il ne fallait pas oublier Enrique qui avait tenu le rôle de père pour moi pendant toute mon enfance et le début de mon adolescence.

- Je ne l’oublie pas. Il compte beaucoup pour moi et je prends soin du liens qui persiste entre nous.

Certes je ne voyais plus Enrique tous les jours et nos appels quotidiens étaient devenues plus hebdomadaire mais nous continuions à entretenir notre relation et de temps en temps, Enrique faisait les deux cent soixante-dix kilomètre nous séparant pour que nous passions un peu de temps ensemble.

Jimmy recentra la conversation sur la tournée en me demandant ce que j’avais envie d’offrir à mes fans et si certains invités sur scène étaient incontournables, je rêvais de demander à Sniper de me rejoindre. Il suffirait de le lui demander et d’arranger une date pour éviter qu’il ne laisse Sydney trop longtemps ou la forcer à voyager trop loin. Il y avait moyen de faire selon Jimmy, j’étais donc confiante. Dès que je parlerais à Jess demain, j’en profiterais pour inviter officiellement son père.

Ensuite, en parlant de Daniele, je rigolais aux paroles de mon père. Mon manager ne ratait jamais une occasion de savourer son moment de gloire et évidement, il le réservait pour Milan, c’était écrit dans le ciel !

- Daniele mérite son petit moment de gloire. Ce serait dommage de l’en priver.

J’avais aussi envie de faire monter des fans de temps en temps sur scène pour qu’ils chantent avec moi. Je les avais entendu chanter ce soir et j’en avais eu des frissons tant c’était gratifiant ! Jimmy approuvait mon idée en soulignant le fait que ça allait me rendre aimable et accessible, bien plus que les Lola de ce monde.

- Ça prouvera à Daniele qu’il n’a pas besoin de caster l’auditoire pour les faire chanter !

Je rigolais un peu avant d’expliquer à mon père ce que je voulais dire.

- Je disais à Daniele que les danseurs étaient exceptionnels et que d’entendre les gens chanter mes chansons avait été incroyable ce à quoi il m’a répondit qu’il le savait puisqu’il les avait caster lui-même.  Daniele adore s’écouter parler et j’ai aimé le taquiner avec ça.

Daniele était ainsi !

Ce n’était pas ce soir que nous le réinventerions !

- Ce cher Don !

Je croisais les bras et pris une longue gorgée de champagne. Je n’avais pas eu de nouvelle de la rencontre qu’avait eu Julian avec son père maintenant que mon mari savait ce que je pensais sur la nouvelle idée de mon beau-père. Don avait une grande idée par année et il avait fallu que ce soit d’offrir MTI à Carrie.

- Je suis toujours dans ses bonnes grâces mais ça risque de ne pas suffire. Il a décidé d’offrir MTI en héritage à Carrie. J’ai donc dû emberlificoter légèrement Julian pour qu’il intervienne auprès de son père en lui faisant comprendre que tout compte fait, il aimerait administrer la boîte plus tard.

Et sinon, j’allais devoir passer à l’interne pour amener Don à repenser son héritage. J’avais mon plan B et même un début de plan C.

@ Billy Lighter

Olivia disait que j’avais un grand cœur et qu’elle était ravie de faire partie de ceux pour qui il battait… Je tirai sur ma cigarette, bus une gorgée de champagne et pensai aux Pequeñas Manos. J’avais toujours trouvé charitable de leur offrir un endroit où vive et un avenir tout tracé… Devenir Los Diablos. Mais était-ce vraiment de la charité quand on pensait que je faisais travailler ces enfants pour moi, les laissant dans l’ignorance et sans scolarité ?

Mais Olivia ne voyait pas en moi le chef de gang, mais son propre père.

Je secouai la tête.

-Et je suis fier que tu acceptes l’amour que je te donne, même si je sais être maladroit en la matière.

Pour moi, elle ne devait pas oublié l’homme qui l’avait réellement élevée. Et elle me dit que c’était loin d’être le cas, qu’elle entretenait toujours une bonne relation avec Enrique.

Je hochai la tête.

-Très bien. Continue. Il peut t’apporter des choses que je ne peux pas.

Ou que je croyais ne pas pouvoir. Je n’étais pas le père de l’année après tout, même si j’essayais de l’être avec J.R. Comme si je voulais rattraper le coup… Mais dans le fond, c’était toujours intéressé, car j’apprenais à J.R., dès son plus jeune âge, à devenir comme moi.

On en vint à la tournée et aux duos que ma fille voulait faire avec d’autres artistes, dont Daniele à Milan. Et ça me fit rire. Et Livia l’avait bien cernée car elle dit que ce serait dommage de le priver de son petit moment de gloire.

-Tu as raison… Et puis le public italien l’adore. C’est un cadeau que tu feras à tes fans.

Puis elle me raconta un quiproquo qu’elle avait eu avec Daniele comme quoi il aurait casté le public alors qu’il parlait des danseurs… Je souris, mais sans plus… Ça devait certainement être marrant sur le coup, mais raconté, ça n’avait pas la même saveur.

Puis ce fut le moment de parler de l’avenir… Et dans l’avenir de Livia, Don Hughes, son beau-père, avait un grand rôle à jouer. Mais je tiquai fort de l’œil gauche quand elle m’annonça que ce bon vieux Don allait donner MTI en héritage à sa fille, Carrie.

-Je croyais qu’ils ne se parlaient plus.

Je me resservis un verre de champagne que je bus cul sec avant de tirer fort sur une nouvelle cigarette. Ça, ce n’était pas prévu. Pas prévu du tout… Et ça me mettait des bâtons dans les roues… Pendant un instant, je pensai à supprimer Carrie, tout bonnement et simplement. Mais j’avais déjà tué beaucoup, et si je me mettais à tuer hors gang, je n’allais pas valoir mieux qu’un Ward Fleming.

Je me levai.

-Je m’occuperai de remettre du désordre dans la relation entre Carrie et son père. Et toi, tu auras, en temps voulu, le tapis rouge pour avoir tes accès au sommet de la tour MTI.

Je posai mon verre et vins l’embrasser brièvement sur le front.

-Bravo encore, continue comme ça… Moi, je m’occupe de Carrie.

@ Billy Lighter

On ne pouvait pas dire que Jimmy allait être récipiendaire du trophée pour le père de l’année mais one pouvait pas non plus lui reprocher d’essayer, à sa manière et c’est exactement parce qu’il essayait, certes maladroitement, que j’appréciais de plus en plus sa compagnie. Avec lui il n’y avait pas de demi-mesure, qu’un trait net allant du point A au point B. Et si pour certain il pouvait sembler dépourvu d’expression sentimental, moi, j’avais découvert qu’il avait au contraire un grand cœur battant pour ceux qu’il aimait.

- Et moi je suis fière du père que tu deviens un peu plu chaque jour.

Cela me toucha ensuite que Jimmy prenne des nouvelles du lien entre Enrique et moi et même, qu’il veille à ce que je demeure en contact avec l’ex-mari de ma mère. Il aurait très bien pu se satisfaire du sort du pauvre Enrique qui n’avait pas vu venir les retrouvailles entre ma mère et mon père. Alors je rassurais Jimmy en lui disant qu’Enrique faisait toujours partie de ma vie et qu’il y aurait toujours sa place. Après tout, c’était lui qui avait chassé les monstres sous mon lit pendant toute mon enfance !

Jimmy, tout père en devenir pouvait-il être, demeurait néanmoins un homme d’affaire intéressé qui voulait connaître les projets et surprises que je réservais à mes fans pendant ma tournée. Il y en avait quelques-uns, certains plus concrets que d’autre mais je travaillais fort pour me tailler une place dans les plus hautes sphères du show-business et Jimmy approuva mes initiatives. Je pouvais donc conclure être sur la bonne voie et ça me suffisait, pour ce soir.  

C’est de MTI qu’il fut question ensuite et les nouvelles n’étaient pas autant réjouissantes que la conversation que nous venions d’avoir. Don Hughes avait lui aussi eu des élan soudain de paternité tardive et envisageait de confier sa maison de disque à sa fille Carrie. Ça fit tiquer Jimmy autant que ça ne m’avait fait tiquer moi quand Julian m’en avait parlé. Je donnais donc l’heure juste à mon père sur mes intentions et ce que j’avais amorcée comme manœuvre pour mener Don à revoir sa position.  Je n’étais pas encore inquiète, j’avais quelques As dans mes manches mais je ne pouvais pas garantir non plus qu’ils suffisent à mener ma quête à bien.

Jimmy se leva après avoir fini son verre et sa cigarette et annonça qu’il ramènerait la discore entre Carrie et Don ce qui ferait en sorte qu’on me déroulerait le tapis rouge jusqu’à la tête de MTI. J’avais hâte de voir comment mon père allait s’y prendre mais s’il disait le faire, c’est qu’il avait déjà son plan.

- Bien, ça me va. Don a prévu venir sur la tournée sans préciser quand. Il a dit vouloir prendre des vacances et qu’il ferait d’une pierre, deux coups.

Et moi je comptais utiliser la visite de mon beau-père pour continuer de le pétrir, comme une bonne pâte, en le gâtant comme un gros pacha pendant qu’il serait mon invité.

Jimmy m’embrassa sur le front avant de quitter ma loge et moi, je terminais de me démaquiller, seule avant de prendre mes effets personnels et de demander ensuite à ce que toutes mes fleurs soient distribuées aux patients de l’hôpital le plus près. J’étais prête à rejoindre Julian dans notre chambre après un arrêt obligé à cette petite fête informelle à laquelle Daniele devait déjà être entrain de voler la vedette.

@ Billy Lighter