Notre duo plaisait tant que j’en étais étonnée. Orion et moi avions décroché un contrat plutôt intéressant avec Barbara Sherman et il était donc prévu que lui comme moi défilions lors de son gala. Je dois avouer que je ne comprenais toujours pas comment tout cela était possible, comment nous pouvions être vus comme deux personnes saines alors nous étions tout le contraire ? A la base, on était simplement deux gamins perdus, un peu déséquilibré, pas franchement brillants. Et maintenant on allait défiler dans un Gala. Je n’en revenais toujours pas, je ne me faisais pas à cette idée. Ça n’avait rien de déplaisant, bien au contraire, mais j’étais tout de même surprise que l’on veuille bien de nous. On nous faisait confiance à nous, June et Orion et ça me semblait toujours aussi improbable et inconscient de leur part aussi.
Je me suis réveillée en fin d’après-midi, sans trop savoir quelle heure, quel jour ou même quelle année c’était. Tout ça était devenu une habitude, je vivais dans une sorte de flou, de brouillard éternel et je choisissais toujours de soigner le mal par le mal. Pas question de redescendre, j’étais bien mieux dans le monde que nous nous étions créés avec Orion. Orion qui d’ailleurs ne semblait pas vouloir se réveiller, en même temps, je ne savais pas par quel miracle j’avais réussir à me lever. J’ai couru dans sa chambre et je suis rentrée dedans en chantonnant, me couchant ensuite à côté de lui et hésitant me rendormir simplement, oublier ce rendez-vous, se réveiller en pleine nuit, boire, sortir, se coucher au lever du jour et recommencer le lendemain. J’ai caressé ses cheveux distraitement pour essayer de le faire sortir du sommeil.
« Orion il est 17h je sais plus ce qu’on a fait hier soir mais je crois qu’on a un défilé dans pas trop longtemps. »
Aussitôt je me suis relevée pour mettre la musique à fond dans l’appartement avant de revenir vers la table du salon sur laquelle se trouvaient quelques cadavres de bouteilles, de la cendre, des mégots et d’autres choses non identifiées. Un rail pour chaque narine et j’ai foncé vers la douche pour commencer à me préparer. Le gala en lui-même pouvait être intéressant il était censé y avoir un concert avant et puis tant qu’il y avait de l’alcool, on pouvait toujours s’arranger. Devoir se tenir à peu près convenablement devant toutes les autres célébrités allait sans doute être plus compliqué mais on n’allait pas reculer devant un défi si insignifiant. Franchement entre les essayages, le maquillage pour cacher les excès récurrents, les verres pour rester hydrater, il nous fallait un temps fou pour nous préparer. Mais on a réussi, et chose exceptionnelle, on n’allait pas être trop en retard. Je ne savais même plus à quelle heure on était censé arriver pour se préparer pour le défilé mais ça n’avait aucune importance. Encore un rail pour se donner du courage et on était parti.
On est arrivé devant la villa aux alentours de 20:30 juste après celui que je reconnaissais vaguement comme étant Jimmy Reed et à son bras, une demoiselle inconnue. J’ai préféré ne pas m’attarder devant les photographes qui de toutes les manières ne s’intéressaient pas plus que ça à nous et j’ai tiré Orion par le bras pour qu’il me suive.
« Franchement je ne nous reconnais plus on est bien trop à l’heure c’est inquiétant, on a largement le temps de prendre un verre. »
Peut-être que non, peut-être qu’on devait directement aller se préparer mais je comptais bien profiter un minimum du bar et du concert avant ça.
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Sujet: Re: [20:30] Right on time -PV Orion Lun 2 Jan - 13:45
Je rêvais. Quand j’étais jeune, je me posais souvent la question de savoir à quoi rêvaient les personnes connues, célèbres. Et maintenant, j’avais enfin l’occasion - inattentue, inespérée - de vivre cela de première main. Et je peux vous dire que ça n’était pas glorieux. Enfin… Mes rêves à moi en tout cas.
J’étais dans le vide spatial, avec des néons partout, des étoiles filantes, de l’électro à fond dans les oreilles… Et je volais. Je volais dans l’espace avec un sourire béat sur le visage, une pluie de poudre blanche me tombant dessus, que je sniffais avec une joie presque malsaine. Je pouvais voler… Alors mon rêve m’emmena voler vers Mars. Peut-être que je trouverai de la vie là-b-
« Orion il est 17h je sais plus ce qu’on a fait hier soir mais je crois qu’on a un défilé dans pas trop longtemps. »
Je grognais de frustration en entendant la voix de June, en sentant sa main dans mes cheveux. Je m’éveillais à la réalité, au monde extérieur avec… Un horrible mal de crâne, l’impression d’avoir de la sciure de bois dans la bouche, et une fatigue insurmontable. Je soupirais en sentant June se relever et partir de ma chambre, avant de grogner et de cacher ma tête dans l’oreiller quand la musique arriva à mes oreilles. Putain, June. J’avais envie de la tuer sur le coup. Je restais un certain temps caché sous mes couettes, le visage dans l’oreiller, à fulminer contre ce réveil que j’estimais prématuré. Pour un soit disant « gala » dont je n’avais même pas le souvenir. Mais si June le disait, alors c’était que ça devait être vrai.
Je soupirais et finissais par abandonner ma petite crise d’enfant, me redressant pour griller une clope. La clope au lever, la chose la plus sacrée au monde avec celle d’après-repas. Je souriais à cette pensée avant de la fumer rapidement, et de la laisser tomber dans une vieille bouteille de vodka vide qui me servait de cendrier. Je me levais et attendais que June sorte de la salle de bain pour prendre sa place, lui lançant un petit coup de hanches joueur au passage. Et je me douchais, rasais, coiffais.
Je sortais de la douche et ouvrais la fenêtre pour faire partir la buée, avant de me regarder longuement dans le miroir. Je finissais par sourire, bêtement, sans trop savoir pourquoi ; j’appliquais quelques touches de fond de teint pour cacher mon teint blême et mes cernes, avant de m’habiller dans un smoking ceintré, léger, celui que j’avais été obligé d’acheter pour mes sorties « publiques ». Je riais mentalement : c’était au total opposé de mes accoutrements habituels. Moi qui aimait mes débardeurs trop grands et mes jeans serrés (j’ai un petit cul magnifique, pourquoi le cacher sous un jean trop large ?) avec ma veste en cuir. Je m’habillais comme tous les pauvres cons de mon âge, je n’étais pas différent. Pas le moins du monde. (…)
Nous arrivions pile à l’heure au gala, je crois. J’en sais rien. Je m’en fous. Tout ce que je savais, c’était que ma bonne humeur était vite partie, pour une raison évidente : je n’avais pas eu le temps de prendre un rail, un verre, ni même de tirer sur un joint avant de venir. J’étais sobre, horriblement sobre… Et je ne supportais pas cet état bien longtemps. Déjà, je sentais un début de sueurs froides dans mon cou, une fine pellicule de sueur sur ma nuque. J’y passais ma main, tendu et mal à l’aise, perdu parmi toute cette foule. J’espérais juste que June ne se rende pas compte de mon état.
Je répondais à peine en entendant ma jumelle de coeur, mon visage s’illuminant en entendant « prendre un verre ». Bordel oui. J’en avais terriblement, maladivement besoin. Je filais droit vers le buffet en piquant quelques coupes de champagnes sur les plateaux des serveurs dans la salle, me les enfilait comme des shots et les reposait discrètement sur d’autres plateaux, ou des tables. Je ne pensais même pas au fait que quelqu’un pourrait me surprendre dans ma frénésie alcoolique. J’avais besoin de boire pour me sentir bien. J’enchaînais quelques verres de vin, avant de regarder tout autour de moi - pareil à un petit animal sournois - avant de me servir une énorme rasade de whisky de vingt ans d’âge que j’engloutissais d’un coup.
Bordel. J’étais vraiment pas dans la merde, moi. Je revenais vers June et la prenais par le bras, avant de murmurer à son oreille, abandonnant la façade :
« Dis moi que t’as ramené un pochon de blanche avec toi. J’vais pas tenir toute c’te foutue soirée. »
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Sujet: Re: [20:30] Right on time -PV Orion Ven 6 Jan - 0:25
Je jetais des coups d’œil fréquent à Orion, déjà dans mon monde, je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que quelque chose manquait. Et cette chose, c’était une personne : Orion. Il n’était pas avec moi, il était ailleurs à moins que ce soit l’inverse. Peut-être que c’était moi qui était ailleurs et que lui, il était dans le même monde que les autres. Il ne riait pas, n’était pas de bonne humeur et je ne savais pas comment l’atteindre, alors je suis restée silencieuse. J’avais envie qu’il retrouve sa bonne humeur, qu’il puisse m’accompagner dans cette épreuve qu’était le Gala. Parce qu’il fallait l’avouer, c’était tout de même une épreuve, comme chaque sortie en public : À chaque fois, il fallait essayer de conserver cette image que les autres avaient de nous et à chaque fois je finissais par l’oublier, me dirigeant un peu trop vite et trop souvent vers le buffet pour me réfugier dans toutes sortes d’alcool possibles et imaginables. Il nous arrivait de nous séparer pendant ce genre de soirées avec Orion mais une chose était sûre : on se retrouvait sans doute là, devant les rangées de verres remplis que l’on vidait tous les deux.
J’ai fait disparaître Orion en proposant de prendre un verre et en le voyant de loin s’enfiler plusieurs coupes de Champagne et autres, j’ai enfin compris pourquoi il n’était pas dans notre monde habituel : il était sobre. Plus lentement, j’ai suivi le même chemin que lui pour prendre un verre de Champagne que j’ai vidé d’un trait avant d’en attraper un autre. Je détestais ces moments seules où je ne croisais aucun regard réellement familier et où j’étais pourtant obligée de discuter, de sourire et de prétendre me rappeler de chacun. C’était dans ces moments où j’avais l’impression de redescendre et de redevenir celle que j’étais avant, avant Orion, l’alcool, la drogue. J’étais alors distante, froide, voire hautaine et surtout d’un ennui terrible. Je souriais tout en paniquant intérieurement à l’idée d’avoir perdu Orion de vue. En réalité, il était encore trop occupé à ce servir d’un alcool quelconque et pour éviter de partir en courant je l’ai imité, vidant à nouveau mon verre tout en me délectant de la sensation de l’alcool que je sentais descendre le long de ma gorge.
« Mademoiselle Dashwood, vous êtes l’un des mannequins du défilé n’est-ce pas ? »
Je me suis retournée, mon verre vide à la main, un sourire crispé sur le visage. J’ai acquiescé en silence, tiraillée entre l’envie de partir et l’obligation de rester. Plus le temps passait, moins la vie en société me paraissait aisé, la drogue commençait à m’enlever mon côté humain et je m’en rendais à peine compte. Pour l’instant, j’essayais de me souvenir qui me parlait, et si oui ou non je connaissais la personne. Ma mémoire essayait de me dire oui, le reste de mon cerveau me hurlait que non.
« Oui… oui c’est bien ça. Je… Désolée. »
J’ai failli embrasser Orion qui en attrapant mon bras venait de me sauver d’un naufrage social. Sans un mot ou un regard de plus pour mon interlocutrice je me suis éloignée d’elle pour me rapprocher de mon meilleur ami. J’ai soupiré de bonheur en entendant sa question.
« C’est pas trop tôt putain j’ai cru que t’allais jamais me demander. »
Je l’ai attrapé par le bras pour chercher une pièce vide, j’ai monté des escaliers au hasard, croisé l’espace réservé aux mannequins que nous devions sans doute rejoindre, ouvert des pièces au hasard pour finalement tomber dans une salle de bain dans laquelle je me suis engouffrée avec Orion.
« J’ai un pochon, mais pas énorme, faut que ça tienne la soirée. Je pensais que t’allais en prévoir aussi. »
Je nous ai servi un rail chacun et j’ai laissé Orion prendre le sien en premier. En espérant qu’il revienne vite dans notre monde, je commençais à me sentir bien seule.
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Sujet: Re: [20:30] Right on time -PV Orion Ven 6 Jan - 21:04
Je suivis June sans trop réfléchir - à vrai dire, je ne réfléchissais plus du tout. Mon cerveau était tétanisé, bloqué, par le surplus d'informations que je recevais. J'étais sur le point de faire une crise d'angoisse, ou alors de panique. Ou alors les deux. Je haïssais la sobriété. Elle me rappelait à quel point le monde était gris et vide, oppressant au possible. Je n'étais bien qu'en étant défoncé et saoul. Là, je retrouvais les jolies couleurs que j'aimais tant : celles que je m'étais habitué à voir depuis ma rencontre salvatrice avec June. Un soupir de soulagement me prit en entendant ma jumelle me dire qu'elle avait ce qu'il faut. Dieu la garde, putain. Je m'agitais, les mains tremblantes, des sueurs dans le cou, les lèvres serrées. Je ne répondais même pas à ses mots, j'y faisais à peine attention.
Je me baissais rapidement pour sniffer le rail que June m'avait fait sur le rebord du lavabo avant de me redresser vivement. Je lui arrachais limite le sachet de blanche des mains, sans un mot, avant de me faire deux autres lignes. Peut-être un peu trop énorme, niveau quantités... Peut-être. J'étais trop irresponsable pour vraiment m'en rendre compte, trop désespéré pour y attacher de l'importance. Mais j'en avais besoin, et puis, j'étais sûr de pouvoir tenir. Non ? Je sniffais vivement et redressais la tête, sentant mon corps commencer enfin à se détendre. Je souriais à June avant d'inspirer vivement : la blanche était puissante, et je venais de me prendre une claque. Je souriais comme un con, extatique, avant de poser le sachet sans réfléchir sur le lavabo ; je venais prendre les mains de June et me mettais à danser, ma bonne humeur habituelle enfin de retour. Je ne me rendais pas compte que du sang s'était mis à couler d'une de mes narines.
« Bordel que ça fait du bien... Rappelle moi de dresser un autel à ta gloire, Ju. »
Je lâchais ses mains et continuais de danser contre elle, sans réfléchir, impulsif au possible. June venait de sauver ma soirée, et mon angoisse était partie avec ma sobriété. Je reniflais en sentant quelque chose couler, par réflexe, et finissais par porter une main à mon nez. Je fronçais les sourcils en voyant le rouge sur mes doigts, lâchant un juron. Je me tournais vers le lavabo et fourrais deux bouts de tissu sèche-main dans mon nez. Je me regardais fixement dans le miroir quelques instants avant de me mettre à rire comme un con. Je me tournais vers June et me mis à lui faire des grimaces.
« Matte moi cette gueule de vainqueur ! Je vais pécho moi ce soir, putain... »
Je me remettais à danser sans penser plus que ça à la suite des évènements. J'étais de nouveau perdu dans notre monde de folie à deux, dans notre monde d'inconscience et d'insouciance. J'allais peut-être apercevoir Zachary, ce soir... Ou Billy. Ou quelqu'un que je connaissais, et que j'aimais bien. Juste comme ça. Pour qu'ils me voient défiler, et se disent que, peut-être, finalement j'suis pas qu'un raté. Je reprenais les mains de June entre les miennes et posais mon front contre le sien, sans jamais me départir de mon sourire :
« Faut qu'on leur montre, June. Faut qu'on leur montre qu'on est pas complètement déglingués, et qu'on vaut quelque chose. »
Je pinçais légèrement les lèvres et déglutissais, avant de reprendre la parole. Je pressais doucement ses petites mains dans les miennes, plus grandes. Cette soudaine éloquence me venait certainement du whisky qui tapait sur mes neurones, et de la cocaïne qui m'embrasait de son plus charmant pouvoir. Mais ça me faisait plaisir, quelque part. Plaisir de voir qu'en étant complètement défoncé, je pouvais peut-être nous inventer un peu d'espoir. Ca ne fait de mal à personne, un peu d'espoir. Même si June et moi, on sait que ce ne sont qu'un ramassis de conneries. Ou peut-être qu'on essayait de s'en convaincre.
« Faut qu'on leur montre que voir le monde à l'envers, c'est tout aussi beau. Et beaucoup plus excitant que leur monde à eux. »
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Sujet: Re: [20:30] Right on time -PV Orion Mar 10 Jan - 0:15
Ceux qui nous connaissaient un peu me demandait souvent si j’aimais Orion. Bien sûr que je l’aimais. A en crever même, j’aurai tout donné pour lui. C’était mon âme sœur, mon jumeau et j’étais persuadée de ne jamais trouver quelqu’un qui me correspondait autant. D’un autre côté, je n’aimais pas Orion comme les autres l’entendaient, du moins c’était ce dont j’étais persuadée. Ce que je ressentais pour lui était à part, mais ça n’avait rien d’étonnant après tout, on ne pouvait pas avoir une relation normale. On devait avoir quelque chose à notre hauteur, peu importe que l’on soit plus bas ou plus haut que la moyenne. Tout ce qui comptait c’est qu’on s’était trouvé, et que quelque part, on s’était tous les deux sauvé. Sauvé de notre solitude d’abord et puis mine de rien, on avait trouvé une façon de gagner notre vie, et même si ça n’allait pas durer, pour l’instant on réussissait bien, la preuve on était enfermé dans une salle de bain pendant un gala pour prendre notre rail. Que demander de plus ?
J’ai pris mon rail pendant qu’il s’en enchaînait deux et je ne me suis pas inquiétée. Après tout, j’aurai fait pareil à sa place, j’en aurai peut-être pris un autre encore histoire de… Mais je n’étais pas à sa place parce je n’avais pas eu le temps de supporter la sobriété. J’avais tellement peur de sortir de notre monde que c’était ma condition essentielle pour sortir de chez nous. Honnêtement je préférais sortir nue, pas maquillée un jour de pluie, de vent et de grand froid que sans rien dans le nez. J’angoissais à l’idée de devoir affronter ce monde gris, c’était pour moi inenvisageable.
« Maintenant que tu l’as dis jvais vraiment vouloir que tu fasses un autel à ma gloire dans ta chambre, en face de ton lit ça plaira à tes conquêtes. »
Et j’ai pris ses mains, dansant avec lui, ravie de le retrouver dans notre monde. J’ai continué à danser seule sans même remarquer qu’il s’était mis à saigner du nez et je crois bien que même si je l’avais vu je me serai contentée de me foutre de lui. Mais il n’avait pas besoin de moi pour ça apparemment : j’ai simplement explosé d’un rire hystérique, que certains auraient pensé exagéré mais qui était complètement sincère. J’ai donc naturellement pris ma voix la plus sensuelle pour répondre à sa connerie.
« Vous n’avez jamais été aussi attirant monsieur Valli, ces deux morceaux de papiers vous vont à ravir. »
On était deux gros gamins mais j’adorais ça, j’ai continué à danser sans musique, simplement pour danser avec lui. Je l’ai laissé poser son front contre le miens et j’ai serré ses mains un peu plus fort alors qu’il m’assurait qu’on n’était pas que deux pauvres ratés ayant eu de la chance. On voulait leur montrer qu’on valait quelque chose même si personne ne nous l’avait jamais dit, personne à part l’un à l’autre. J’ai souris, heureuse de l’avoir avec moi là, alors qu’on dansait front contre front, dans une salle de bain où il n’y avait absolument aucune musique.
« On va leur montrer je te le jure Orion. »
Ce n’était pas un mensonge, j’avais réellement envie d’y croire, réellement envie de leur montrer. Je me suis détachée de lui pour montrer debout sur la cuvette des toilettes, telle une véritable conquérante.
« Parce qu’on est June et Orion putain de merde !»
Et je me suis jetée dans ses bras en espérant qu’il me rattrape mais en vérité on s’est lamentablement ramassé et j’ai encore explosé de rire. Là où la plupart des gens auraient hurlé de douleur je hurlais de rire. Et après on osait nous dire que notre monde n’était pas mieux ?
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Sujet: Re: [20:30] Right on time -PV Orion Lun 16 Jan - 10:08
Je n'avais pas compris comment mon corps était passé de la position verticale à horizontale, en nage totale sur le sol de salle de bain. Je riais à m'en étouffer, tenant June contre moi sans vraiment réfléchir. Quel beau duo ! Le connard avec du PQ dans le nez et la folle un peu trop défoncée. On allait assurer ce soir, c'était sûr. J'avais le secret espoir de ne pas embarrasser Maria devant tous nos détracteurs ; déjà que peu de personnes nous appréciaient, ma jumelle et moi, je ne voulais pas nous mettre le peu d'amis que nous avions à dos. Mais assez de ces pensées... Un peu trop réalistes à mon goût. Je souriais, pleinement heureux, écrasé par le poids de ma soeur de coeur. Et je la regardais en riant encore un peu, avant de venir passer une main dans ses cheveux. C'était normal, familier, presque sécurisant, d'avoir June à mes côtés. Je me sentais différent ; je n'étais plus tout seul, voilà quelle était la différence.
Un sourire illumina mon visage à cet instant. Je repoussais June avec douceur sur le côté et me tournais vers elle, toujours allongé, posant mes mains sous ma tête pour la soutenir. Je ne la lâchais plus des yeux, et mon sourire restait accroché extatiquement sur mes lèvres. J'avais l'impression d'être un petit enfant qui restait éveillé après l'extinction des feux, dans un fort construit de couettes et de matelas. C'était un peu ça, ce qu'il y avait dans nos têtes : le monde des enfants perdus. J'aimais beaucoup cet endroit.
« On peut tout plaquer pour partir à l'autre bout du monde. Maintenant. »
Je me surprenais moi-même : ces mots m'avaient échappé, mais leur dimension rassurante me fit reconnaître que je les pensais vraiment. Je regardais June sérieusement, bien que mon regard pétille comme jamais. Je venais caresser sa joue du bout des doigts, avant de reprendre la parole, mon esprit tournant déjà à mille à l'heure pour imaginer cette nouvelle vie à deux.
« On peut partir et tout abandonner. Aller vivre à Paris, à Londres, n'importe où sauf ici. Faire un roadtrip en Australie, aller se marier à Las Vegas ! »
Mon visage s'illumina. Je venais d'avoir l'idée de ma vie, et il fallait absolument que je la partage avec June. Je lui tapotais rapidement l'épaule, tout excité.
« On peut tout plaquer pour aller vivre à San Francisco dans un bar gay. Mais avant, faut qu'on organise un départ grandiose. Faut qu'on choque tous ces connards friqués, ce soir. Faut qu'on leur montre qu'on sait faire la fête, nous. »
C'était toujours dangereux, quand j'avais des idées. J'étais un étrange mélange de lenteur d'esprit, irresponsabilité totale et manque d'instinct de survie. Alors, la plupart du temps, mes idées étaient de mauvaises idées. Le genre qui vous fait passer d'excentrique un peu fou à taré qui passe au journal de 20h. Je me redressais lentement, le regard un peu fou. Un peu hystérique. Peut-être que c'était la blanche qui me faisait partir en couille totale : je ne m'en rendais plus compte.
« Faut qu'on grave nos visages dans leurs putain d'esprits, June ! »
June avait toujours eu un peu plus de bon sens que moi. Elle était le curieux mélange entre dépression sévère, envies suicidaires et folie d'esprit. Mais même le chat de Cheshire sait reconnaître la folie du danger.
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Sujet: Re: [20:30] Right on time -PV Orion Sam 28 Jan - 0:00
Je n’avais aucune idée de l’heure, ni depuis combien de temps nous étions enfermé dans cette salle de bain. Quelques secondes ? Plusieurs minutes ? Une heure ? Est-ce qu’on avait loupé le défilé ? Peut-être bien oui, mais ça ne m’a pas affolé plus que ça. Rien ne pouvait m’angoisser quand j’étais dans cet état, avec Orion. Le monde dans lequel on se réfugiait était bien trop agréable, bien trop coloré, bien trop doux pour que la moindre peur puisse m’atteindre. C’était précisément pour ça que j’aimais tant y vivre, dans ce monde. J’étais loin de mes interrogations, loin de la réalité si terne et surtout loin de l’être pitoyable que j’étais normalement. C’était ce qu’on fuyait tous les deux et personne d’autre ne comprenait. Ils semblaient tous se contenter de ce monde fade et effrayant. Pire, ils s’accommodaient de cette vie si triste, se nourrissant des histoires qui se racontaient à propos des uns et des autres. Chacun se mêlant de ce qui ne le regardait pas. Personne ne se laisser aller à cette folie si agréable, qui dictait nos vies à Orion et moi.
Orion avait souvent ces idées délirantes, et à force j’avais appris à reconnaître ce regard brillant d’excitation qui m’emportait sans qu’il ait besoin de dire le moindre mot. Viens June on va fracasser des voitures, viens June on ouvre notre pizzeria à Miami et on met n’importe quoi dedans pour que les gens soient défoncés, viens June on va emmerder le monde et ensuite courir très vite. Et moi je suivais parce que j’adorais ses idées, parce que c’était exactement ce que je pouvais penser et c’est pour ça qu’on était si complémentaire lui et moi, c’était pour ça que notre duo fonctionnait si bien. A mes yeux, on n’avait besoin de personne d’autre, on se suffisait. Deux paumés qui s’étaient unis et qui, contre toutes attentes, avaient réussi. Sur un coup de poker, un pari encore, une stupidité de plus. Et voilà qu’on se retrouvait égéries de grandes marques. En y repensant, j’explosai de rire.
Je me suis rendue compte que j’étais toujours allongée sur le sol froid de la salle de bain mais je n’ai pas bougé, même quand Orion s’est redressé, achevant de m’expliquer son plan fantastique que j’avais envie de suivre des toutes mes forces. Après tout tant pis, il avait raison. On pouvait bien emmerder toutes ces personnes qu’on arrivait à tromper, on pouvait bien se faire plaisir pour une fois et laisser libre cours au seul talent qu’on possédait vraiment : ce don qu’on avait pour tout détruire. Une partie de moi -sans doute celle que je faisais taire à grands renforts d’alcool et de drogue- doutait du taux de réussite de ce plan. Disons qu’il existait de fortes chances pour qu’on finisse en taule. Et puis après quoi ? On n’allait pas nous enfermer pour l’éternité, mieux, on pouvait payer pour notre sortie non ? Peut-être bien que non, notre argent partait sans doute dans toutes nos conneries et je ne m’en rendais même pas compte. C’était génial.
« Je t’aime Orion, surtout quand tu me dis ce genre de choses.»
Je savais à peine ce que je disais, ma diction légèrement altérée par tout ce qui bouillonnait dans mon sang.
« Et puis après tout merde ouais pourquoi on ferait pas co…» « Excusez-moi, vous en avez pour longtemps ? »
Hein ? Quoi ? J’ai quitté notre planète et essayé de comprendre pourquoi la porte parlait. J’ai ri à nouveau avant de me rendre compte de l’immensité de ma connerie.
« Oui-oui on va… on libère bientôt.» « Non parce que le concert va bientôt commencer. »
Quel concert ? Et surtout, pourquoi est-ce que quelqu’un venait troubler la bulle dans laquelle nous nous étions enfermés. Je me fichais du concert, du gala ou de tout ce qui se passait dans cette villa, tout ce que je voulais c’était rester avec Orion.
« On s’en fout c’est bon merci.»
Sacré emmerdeuse cette porte. J’ai failli l’ouvrir pour mettre une claque à la voix qui venait nous déranger mais je n’ai pas eu la foi de me relever alors j’ai fermé les yeux quelques secondes avant de me redresser pour attraper le visage d’Orion entre mes mains.
« Faisons comme t’as dis. Et après on se casse loin.»
J’avais terriblement hâte de montrer au monde entier qui nous étions.