Un bon whisky et un bon disque – c’était la fin d’après-midi parfaite ! Ça aurait été vraiment parfait si Maria était avec moi pour profiter de l’alcool et de la musique – et non l’ignoble Bastardo. Car oui, Maria travaillait encore quand j’étais revenu de BSC – dans le bureau qu’Erik avait aménagé pour elle dans la villa. Il n’est pas facile pour elle – à l’aube d’une tournée – de prendre beaucoup de repos. Pourtant, elle en avait besoin plus que quiconque – et j’aurais voulu qu’elle en prenne un peu maintenant.
Bastardo – lui – était bien là. Il jouait sur la couverture posée au sol juste à côté du divan où je me reposais. Ses ignobles gazouillis étaient couverts par l’album de Roadtramp – que j’avais mis bien fort pour ne pas entendre la vile créature de l’Enfer. Je le regardais – à peine – se tourner et se retourner dans tous les sens. Ils n’ont vraiment rien à foutre de leur vie ces trucs-là – c’est triste…
J’avais laissé Bastardo faire ses trucs – comme bouffer son hochet – et j’étais allé près du bar échanger ma bouteille vide contre une pleine. A mon retour, la vile créature du l’Enfer se tenait debout – ses petites mains pleine de bave appuyée sur le divan du fauteuil.
-Putain ! Mais ça tient debout ces choses-là !, m’exclamais-je pour moi-même.
Il m’avait regardé – avec son petit air tout fier. Ses bras tremblaient – il mettait toutes ses petites forces dans sa tentative de tenir debout. Cherchait-il à impressionner le grand Daniele Ricci ?
-Daje ! Rimani in piedi !*, dis-je avec un sourire en coin – et avec une quasi imperceptible teinte d’encouragement dans la voix.
J’étais sûr qu’il n’arriverait jamais à tenir – et Daniele Ricci a toujours raison ! Il avait craqué quelques secondes après – qu’est-ce que j’avais dit.... Il était tombé lamentablement sur le dos et s’était mis à avoir les larmes aux yeux en me regardant – l’air vraiment déçu de lui.
-Un Ricci nun piagne mai !**, dis-je sur un ton un peu dur.
Le menton de Bastardo s’était mis à trembler – putain non, il ne va quand même pas commencer à chialer ?! Le téléphone avait sonné au même moment…
J’étais allé éteindre la platine – pour faire le silence dans la pièce – et je n’avais plus prêté la moindre attention à Bastardo. Je m’étais saisi du téléphone pour le décrocher – et m’étendre dans le fauteuil qui était juste à côté du téléphone. A l’autre bout, il y avait Azalon Alkhel – le jeune manager. J’avais – effectivement – dit à ma secrétaire de lui donner mon numéro personnel pour qu’il m’appelle chez moi. Il y mettait les formes en m’appelant The Best – j’appréciais beaucoup !
-Ouais, c’est bien le grand Ricci The Best ! Salut Azalon !, dis-je tout content de son appel.
Azalon avait rejeté mon offre de venir chez BSC – m’appelait-il pour me dire qu’il changeait d’avis ? L’effet Daniele Ricci faisait toujours effet – même à retardement !
Le jeune manager m’avait dit qu’il était difficile de me joindre – c’est la notoriété qui veut ça ! Il avait raison, ce n’était pas facile d’avoir – au téléphone – le grande Daniele Ricci !
-Je sais. Notoriété oblige, je suis obligé de faire filtrer les appels par ma secrétaire, dis-je en me mettant bien à l’aise dans mon fauteuil.
Je ne donne mon numéro personnel qu’aux personnes qui en valent le coup.
Azalon en valait le coup – il pouvait être un atout pour BSC. J’étais – à coup sûr – certain qu’il téléphonait pour me parler de ma proposition. Seulement, j’avais bien envie d’entrevoir les raisons avant d’arriver au fait.
-Alors ? Comment ça se passe dans ta vie ? Tu as réussi à l’avoir le chanteur de l’autre jour ?, demandais-je avec un sourire qu’il ne pouvait pas voir.
Ça datait déjà d’un petit moment – avant le gala et mon voyage au Texas – et si Azalon avait monté les échelons d’un coup, je l’aurais su.
*
- Spoiler:
Allez! Reste debout!
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- Spoiler:
Un Ricci ne pleure jamais!