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 Liar Paradox - A Livia Cortez Prequel (1965 - 1966)[Solo][TERMINE]

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Jimmy Reed
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MessageSujet: Liar Paradox - A Livia Cortez Prequel (1965 - 1966)[Solo][TERMINE]   Liar Paradox - A Livia Cortez Prequel (1965 - 1966)[Solo][TERMINE] I_icon_minitimeVen 28 Avr - 17:38



Liar Paradox
The Best Liars Always Tell The Truth


« La famille de ma mère a immigré aux States quand elle était jeune. Donc toute sa vie, elle a parlé anglais. Puis  quand mon grand-père a trouvé un meilleur emploi dans son pays natal, lui et ma grand-mère sont retournés vivre au Mexique. Mamita a continué un temps ses études ici mais faute d’argent, elle est retournée  chez  ses parents »

Livia Cortez's Story by Livia Cortez





02 décembre 1965

« Tu peut te planqué, tu peut t'entouré, tu peut faire tout ce que tu veut ! On trouvera tout ce que tu aime, tout ce qui est important pour toi, et on le détruira. Parce que t'est pas Ricardo. Un conseil : tire-toi, d'où que tu vienne. Mais l'Eastside est a nous. »

Les Los Diablos étaient à moi depuis deux jours et déjà, le plus grand gang rival des Los Diablos, les South Panthers, voyait à mon accession au trône une occasion d'étendre le territoire, actuellement limité à South L.A., à l'Eastside.

Un avantage pour moi : je n'étais pas de l'Eastside comme ils en étaient persuadés. Ils n'avaient aucune idée de qui j'étais, même si BSC m'appartenait depuis deux mois, ces imbéciles étaient incapables de faire le lien entre le jeune patron d'entreprise BCBG et le rebelle blond en veste de cuir ou en jeans qui avait grimpé les échelons du cartel des Los Diablos à la vitesse de l'éclair.

Mon désavantage, par contre, soupira d'aise contre moi, tout contre mon dos, et j'eus juste le temps de planquer le bout de papier miteux  dans les couvertures et de fermer les yeux. Elle était réveillée et je n'en eus plus aucun doute lorsqu'elle vint passer son bras autour de moi.

Maritza était une jeune fille de l'Eastside, une jeune fille de 17 ans, innocente autant que belle. Une adolescente émancipée depuis que ses parents étaient retournés vivre au Mexique, laissant à leur fille un appartement miteux, dans lequel j'aimais venir la retrouver, et lui envoyant de quoi vivre et continuer ses études. Les week-ends et les soirées, elle travaillait dans un restaurant Tex-Mex où j'adorais me rendre lors de mes virées dans l'Eastside. C'était là qu'on s'était rencontrés.  Maritza avait des rêves plein la tête dont celui de devenir avocate et de fonder une famille... Avec moi.

Et pourquoi pas ? Cela faisait presque un an que Maritza et moi nous fréquentions et beaucoup de données qui étaient un frein à tout cela jusque-là n'étaient plus d'actualité : mon père était mort et n'aurait plus son mot à dire et j'avais hérité de suffisamment d'argent pour financer les ambitions de Maritza et la faire monter dans l'échelle sociale. Ma mère ? Ma mère n'aurait qu'à se faire à l'idée du métissage.

Bref, Maritza était « tout ce que tu aime, tout ce qui est important pour toi », elle était tout ce qu'ils pourraient « trouver » et tout ce qu'ils pourraient « détruire » parce qu'il n'y avait qu'elle. Je connaissais les South Panther. Je les avais vus abattre d'une balle l'un des Los Diablos quand je n'avais que 16 ans. Je savais qu'ils avaient peu de vocabulaire mais qu'ils connaissaient extrêmement bien la définition du terme « détruire ». Ils étaient des limiers dépourvus de scrupules autant que d'intelligence, mais avides de sang.

Maritza était une erreur... Une erreur dans mon parcours parfait jusque-là.

Faisant semblant de dormir, je sentis le souffle chaud de Maritza dans ma nuque et au creux de mon oreille... Puis, sa voix, murmurée, son accent hispanique qui me faisait frissonner, me chuchotant des mots d'amour probablement dans l'idée de me réveiller doucement... Je simulai la chose à la perfection, reprenant une grande inspiration. Satisfaite, elle embrassa ma nuque, mon cou, mon épaule et descendit, descendit le long de mon dos, ponctuant sa progression de baisers, jusqu'à ce d'elle m'invite à m'allonger sur le dos.

J'aurais pu la retenir, la prendre entre quatre yeux et lui expliquer.

Mais je ne le fis pas.

J'étais jeune, j'étais probablement très con et je manquais d'expérience.

Mais je savais déjà une chose : le moins elle en saurait, le plus elle serait à l'abri.

Maritza ne savait pas pour mes rapports avec Los Diablos. Pour elle, j'étais le fils rebelle d'un grand chef d'entreprise très riche tombé amoureux de la petite étudiante sans histoire de l'Eastside. Pour elle, tout ça était un conte de fée. Pour elle, j'étais le prince charmant qui allait ramener la jeune souillon dans son grand château pour le remplir d'enfants.

Quand elle en parlait, de ces enfants, elle les voyait toujours blonds... Et j'avais beau essayer de lui expliquer en rigolant que théoriquement, mes gènes allaient se faire bouffer, elle ne voulait pas y croire.

Je profitai de son petit voyage sous les couvertures pour mieux dissimuler la courte lettre de menaces dans mon paquet de cigarettes posé sur la table de nuit. Nous fîmes l'amour comme les amants sincères que nous étions. Mais de nous deux, j'étais le seul à savoir que ce serait la dernière fois.

Après l'amour, il ne lui fallut pas longtemps pour se rendormir alors que je fumais une des meilleures cigarettes qui soit : celle que l'ont fume dans le lit pendant que la sueur des ébats sèche sur la peau... Mais celle-ci avait un goût tellement amer que je l'écrasai dans le cendrier alors que je n'en étais qu'à la moitié...

Je pris ensuite la lettre de menace entre mes doigts, de même que mon briquet.

Quand la respiration de Maritza fut si profonde qu'elle en était presque imperceptible, je me levais, nu, pour traverser l'appartement. Je faillis, au passage, trébucher sur ma veste en jeans dans laquelle je shootai... Elle finit sous le lit, hors de ma vue. Voilà comment Jimmy Reed se débarrasse ce de qui l'emmerde.

Un téléphone était accroché contre le mur de la cuisine. Je décrochai le combiné et composai un numéro de mémoire, pendant que les tonalités retentissaient à intervalles réguliers dans mon oreille, mon regard se perdit sur le frigo. Des photos y étaient aimantées, toutes de Maritza, toutes prises par moi... Mais j'avais toujours refusé de paraître avec elle dessus, prétextant détester ça, lui expliquant que cette répulsion venait des paparazzis qui me couraient après depuis mon enfance.

C'était un mensonge, parmi d'autres : j'adorais être pris en photo.

Je faillis en prendre une pour regarder le sourire de Maritza de plus près, mais ce fut à ce moment-là qu'une voix ronchonna au bout du fil. Je calai alors le combiné entre ma joue et mon épaule pour lire une dernière fois les menaces des South Panthers.

-Miguel ! Il est 4:00 du matin, hijo de puta!

-Ce n'est pas Miguel, Alonso.

Silence à l'autre bout du fil. Puis, sur un ton plus sérieux.

-J'écoute.

Je souris... Comme si j'étais très fier de ce que je faisais. Je pris le briquet, l'allumai et mis le feu au papier couvert de menaces que je fis tourner entre mes doigts pour ne pas me brûler, réduisant doucement à néant son existence. Ces menaces n'avaient jamais existé. Je me mettais en condition. Je devais y croire. Je devais croire le moindre mot que j'allais prononcer... Maintenant et dans les années à venir.

-Je te veux aujourd'hui à 8:00, en véhicule, et avec assez d'essence pour faire tout le chemin jusqu'à Tijuana sans t'arrêter à la pompe. Tu peux faire ça pour moi ? J'ai quelque chose à balancer de l'autre côté de la frontière.

@ Billy Lighter

_________________




Dernière édition par Jimmy Reed le Ven 12 Mai - 17:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Liar Paradox - A Livia Cortez Prequel (1965 - 1966)[Solo][TERMINE]   Liar Paradox - A Livia Cortez Prequel (1965 - 1966)[Solo][TERMINE] I_icon_minitimeSam 29 Avr - 14:31



Liar Paradox
The following statement is false.
The preceding statement is false.


 « Mais je crois surtout que ce qui l'a maintenue au-delà de la frontière, c'est... moi. Juste, moi, tel que je suis.  »

Maritza by Jimmy Reed (1982)



02 décembre 1965

Couché dans le lit, mes yeux fixaient le plafond tandis que ma respiration était calquée sur le rythme de celle de Maritza qui dormait, à nouveau contre moi, attirée par mon corps comme un aimant dès que j'avais eu repris ma place dans notre couche, quelque part au milieu de l'Eastside.

Maritza était « tout ce que tu aime, tout ce qui est important pour toi », elle était tout ce qu'ils pourraient « trouver » et tout ce qu'ils pourraient « détruire » parce qu'il n'y avait qu'elle.

Non.

Maritza était une petit étudiante ambitieuse qui voyait en moi le moyen de se tirer de l'Eastside, d'être à l'abri du besoin et d'avoir une forme d'influence en profitant de la mienne. Maritza voulait des enfants qui nous lieraient l'un à l'autre à vie. Maritza voulait me priver de ma liberté et de mon pouvoir de décision.

Maritza était une femme et, comme toutes les femmes, incapable de s'élever par elle-même, jouait des ses courbes délicieuses, de ses talents d'amante pour brouiller mon jugement et devenir une drogue dont je ne pourrais pas me passer, lui accordant du même coup le moindre de ses caprices.

N'étais-je pas prêt à payer ses études de droit dès qu'elle en aurait fini avec l'enseignement général ? N'étais-je pas prêt à l'épouser dès que nous aurions atteint la majorité ? N'étais-je pas prêt à lui faire autant d'enfants qu'elle en voudrait... N'étais-je pas prêt à engendrer des métis ?

Elle avait déjà planté ses griffes dans mon esprit et il fallait que je m'en débarrasse avant de passer du statut d'hériter le plus puissant de L.A. à mari soumis aveuglé d'amour.

Parce que Maritza avait son caractère. Parce que Maritza était une latina. Parce qu'il y avait un tas de petites choses, de petites manies, qui m'énervaient chez Maritza.

Les heures passaient et à 06:00, à cette heure où, d'habitude, j'étais plongé dans un sommeil profond qui pouvait s'allonger jusqu'à 10:00 ou 11:00, je me levai, pris une douche et bu une cafetière complète de café. Dans ma tête, rien n'existaient plus que les petits défauts de Maritza, qui grossissaient, de même que cette théorie selon laquelle la jeune latina ne voulait qu'une chose : profiter de moi.

Et le fait de m'en débarrasser devint plus qu'une évidence.

C'était un besoin.

C'était un choix stratégique.

Parce que je n'aimais pas Maritza.

A 07:00, le réveil de Maritza sonna. A 08:00, elle était sensée commencer les cours.

Elle n'allait pas y aller. Elle n'irait plus jamais. Mais elle ne le savait pas encore.

J'étais, moi, frais et dispo, installé à la petite table miteuse de la cuisine et il me tardait de rentrer à la villa. Quand Maritza me vit, elle sourit, un sourire qui en disait long... Un beau sourire d'arnaqueuse et lorsqu'elle s'étira langoureusement et sensuellement pour s'appuyer dans l'encadrement de la porte, je souris à mon tour, mauvais, et me levai pour aller la rejoindre.

Je déposai un baiser sur ses lèvres.

-On a pris du bon temps, tous les deux, pas vrai?

Elle rit et passa ses mains dans mes cheveux, confirmant qu'elle connaissait mes points faibles, déjà.

-C'est le moins qu'on puisse dire... Reviens ce soir... S'il te plaît, Jimmy... Je nous préparerai un bon petit plat... Et si tu es sage, tu auras même des churros...

Je secouai la tête.

-Non.

Les lèvres sensuellement entrouvertes, elle eut l'air surprise. Je continuai.

-Tu rentres chez ta mère, à Tijuana.

Son expression surprise se transforma en expression consternée.

-Q.. Quoi ? C'est une blague!

Je secouai une nouvelle fois la tête et attrapai son menton pour qu'elle me regarde dans les yeux et voit clairement que je ne mentais pas.

-Non. Comme je l'ai dit, on a passé du bon temps. Je me suis bien amusé. Mais maintenant, j'ai un empire à construire et je ne peux pas m'encombrer d'une femme dont la simple provenance entachera mon image.

Ses yeux s'emplissaient de larmes au fur et à mesure que je parlais, ils trahissaient son incompréhension. Les miens ne trahissaient qu'une étrange sincérité.

-Mais... Jimmy... Qu'est-ce que tu racontes ?!

Je penchai la tête sur le côté et souris, mauvais, très mauvais.

-Tu crois vraiment pouvoir devenir avocate, hein ? Tu y crois vraiment ? Monter les échelons ? Tu es une femme, Maritza. Tu es une latina, ce qui n'arrange rien. Tu n'as pas les capacités pour y arriver. C'est impossible.

Là, elle me repoussa violemment, tristesse et dégoût se lisaient maintenant sur son visage.

Encore un effort, Jimmy.

-Je ne veux pas que notre relation s'apprenne. Je ne veux rien à avoir à faire avec toi. Je veux que tu disparaisses.

Je regardai ma montre.

-Fais tes bagages, tu as 50 minutes. Je t'ai commandé un taxi qui va te ramener chez ta mère.

Maintenant, elle était vraiment dégoûtée, excédée, à tel point qu'elle semblait paralysée dans une grimace indescriptible. Elle ne pleurait pas vraiment, et le cri qu'elle me semblait vouloir pousser avait l'air de rester coincé dans sa gorge.

Mon cœur avait à peine accéléré le rythme alors que dans ma tête résonnai mon mantra : « Maritza était une femme et, comme toutes les femmes, incapable de s'élever par elle-même, jouait des ses courbes délicieuses, de ses talents d'amante...... »

Finalement, quelque chose se débloqua et elle éclata en sanglots furieux, me balançant à la tronche tout ce qu'elle put trouver : ma tasse de café qui s'écrasa contre le mur derrière moi, des bouquins, un vase... Et rien ne touchait sa cible alors même que je ne faisais pas un seul mouvement pour éviter... Comme si elle manquait de conviction, comme si elle ne voulait pas me toucher.

Jusqu'à ce que je gueule :

-VA FAIRE TON SAC!

Elle s'immobilisa une seconde, comme pétrifiée, puis recommença à pleurer, ce qui eut le don de m'exaspérer.

Je l'attrapai par le col de mon t-shirt qui était la seule chose qu'elle portait avec sa culotte et la traînai jusqu'à la chambre. Je pris le premier sac que je vis et commençai à le remplir des premières choses que je trouvai, jusqu'à ce qu'elle s'y mette aussi.

Je ne remarquai même pas, quand il fut l'heure et qu'elle fut prête, qu'elle portait à son bras ma veste en jeans que j'avais balancée sous le lit.

A l'entrée de l'immeuble, Alonso nous attendait, appuyé sur le capot d'une Chevy Berline, à fumer tranquillement une clope. Quand il me vit sortir avec Maritza, il tira une gueule jusque par terre. Je savais ce qu'il pensait : d'habitude, ce qu'il jetait de l'autre côté de la frontière n'était plus capable de respirer... Ben, fallait un début à tout.

Alonso ouvrit la portière arrière et je poussai Maritza dedans, toute molle, comme si je l'avais vidée de son énergie.

Elle leva une dernière fois ses yeux vers moi :

-Je croyais que tu m'aimais...

Elle n'était plus vraiment en colère, elle était juste dans un grand flou, comme si elle était en train de se dire que tout ça n'était qu'un cauchemar ou une autre dimension.

Je haussai les épaules.

-J'ai menti.

Son visage se tordit de colère à nouveau.

-BASTARDO-GRIN...!

Je fermai la portière, assourdissant la fin de son insulte. Puis, je m'adressai à Alonso, lui passant discrètement une liasse de billets verts.

-Tijuana. Sans t'arrêter. Pas même si elle te demande pour pisser.

Et alors que je disais ça, je ne regardais plus Alonso, ni Maritza...

Mais les alentours, à la recherche d'un guetteur des South Panthers.

@ Billy Lighter

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MessageSujet: Re: Liar Paradox - A Livia Cortez Prequel (1965 - 1966)[Solo][TERMINE]   Liar Paradox - A Livia Cortez Prequel (1965 - 1966)[Solo][TERMINE] I_icon_minitimeMar 2 Mai - 12:55



Liar Paradox
2+2=5


 « Plus de 15 ans que tu caches ce putain de secret… Tu te rappelles, de temps en temps, que je suis ton meilleur ami ? »

Daniele Ricci





48 heures après que mon colis ait été livré à Tijuana, cinq South Panthers prenaient d'assaut l'appartement qui fut un jour celui de Maritza.

Ils n'y trouvèrent qu'Alonso qui campait là depuis son retour du Mexique...

03 janvier 1966

Bien installé dans le silence de la bibliothèque, j'étais plongé dans la lecture de 1984 de George Orwell. L'état du livre, dont le dos montrait quelques signes d'usure, témoignait que ce n'était pas la première fois que je me plongeais dans l'aventure d'un Winston Smith en quête de vérité. Une vérité qu'il finirait par trouver et qui ne se révélerait, je le savais, que dans la dernière phrase du roman.

Je n'en étais pas encore là, mais à l'une de mes parties préférées : 2+2=5. Car ce n'est pas la vérité qui compte, pas plus que les faits. Ce qui compte, c'est ce à quoi les gens croient. Nous savons tous que 2+2=4 mais si tout le monde pensait que 2+2=5, et bien ce serait le cas, aussi vrai que 2+2=4.

Dans tous les médias actuels, on ne parlait que d'une chose : la guerre du Vietnam. Tout le monde était donc sûr et certain que nous étions en guerre contre ce pays qui se trouvait à des milliers de kilomètres. Est-ce que ça changeait quelque chose à notre vie quotidienne, ici, au States ? Non... Alors, avions-nous une véritable preuve de ce conflit ? Non... Oh ! Si ! Les images qui passaient aux infos ! Mais Hollywood pouvait produire des images tout aussi réalistes.

Pareil pour les dieux et les religions ! Pareil pour la bourse !

Pareil pour ma relation avec Maritza.

Elle avait duré une nuit, pas un an. Pourquoi ? Parce que j'en étais persuadé. Parce que je m'étais drillé tout comme on drille les cathos tous les dimanches à l'église, tout comme les journaux et la télévision nous drillent à penser que nous sommes en guerre.

Dans beaucoup de domaines, 2+2 égalait effectivement à 5.

J'entendis poliment frapper à la porte de la bibliothèque et je relevai les yeux de mon livre posé sur mes genoux, invitant Frances à entrer tout en m'allumant une cigarette. Quand elle apparut, je lui souris. Elle avait du courrier en main. Elle traitait la majorité dudit courrier dont tout ce qui concernait BSC, me débriefant plus tard dans la journée en ne gardant que ce qui était réellement important. Ça m'évitait à m'avoir à me taper la lecture de lettres inutiles.

Mais Frances était aussi discrète qu'intelligente et avait très vite compris que toute enveloppe non identifiée, tout ce qui avait l'air plus personnel que professionnel devait passer directement par moi. Et c'était ainsi qu'elle était venue m'apporter une lettre dont les nombreux timbres avaient été oblitérés par le cachet d'un bureau de poste situé à Tijuana.

Je remerciai Frances et, comme à chaque fois que j'appréciais quelque chose de la part de mes employés, enchaînai directement avec une récompense, lui disant gentiment de prendre une bonne pause bien méritée et d'aller se servir en cuisine de l'excellent café que ma mère s'était mise en tête de préparer ce matin, de même que les cookies qui allaient avec.

J'attendis qu'elle soit sortie pour ouvrir la lettre. En surface, alors même que j'étais tout seul, mon visage avait pris une expression interrogatrice mais, quelque part tout au fond de moi, je savais très bien qui en était le destinateur.

Ma cigarette entre mes doigts, je sortis de l'enveloppe une lettre, accompagnée d'une photo. Longtemps, mon regard se fixa sur cette dernière avant de pouvoir lire un seul mot du message.








Jimmy, mon amour, Bastardo Gringo,


Cela fait presque un mois que tu m'a jetée dans cette voiture, que tu m'a renvoyée chez ma mère comme on jette du linge sale ou un jouet dont on s'est lassé...

Et pourtant, je ne peux m'empêcher de penser à toi. Je te hais ! Je t'aime ! Je suis complètement paumée !

Et je suis enceinte...

Je n'arrive pas à croire aux mots que tu as eu le jour où tu m'as jetée hors de chez moi ! Je ne peux pas les croire alors que quelques heures plus tôt, tu n'étais qu'amour pour moi, tout comme je l'étais pour toi !

Je te connais, Jimmy Reed ! Je te connais mieux que ta propre mère ! Je connais celui qui se cache sous toutes les couches d'apparences et de dédain sous lesquelles tu l'a enterré ! Je le connais parce que je suis la seule à l'avoir trouvé ! Tu es capable d'amour, de respect et d'affection ! Je ne veux pas que tu en témoignes aux autres ! Je me fous des autres ! Je veux juste que tu redeviennes celui que tu as toujours été pour moi !

Je ne veux rien d'autre de toi que toi et un père pour notre enfant ! Je sais que tu en es capable ! Je t'aiderai... Je nous vois dans mes rêves, allongés tous les deux, notre enfant entre nous, fille ou garçon peu m'importe, parce qu'il ou elle sera de toi !

Et je ne pourrai pas supporter, seule, de te voir dans les yeux de cet enfant. Car je sais qu'il ou elle les aura, parce qu'on ne peut rien contre ce regard-là.

Alors, je t'en prie... Je t'en supplie... Reviens me chercher.

Maritza

P.S. : Je t'envoie une photo que tu as prise de moi. Rappelle-toi comme nous étions heureux...

© Billy Lighter


Combien de fois fis-je la lecture de cette lettre ? Combien de temps luttèrent en moi les deux équations 2+2=4 et 2+2=5 ? Je ne saurais pas le dire en terme de temps. Mais je sais que le dill a pris le dessus à partir du moment où j'ai commencé à m'imaginer prendre la voiture, démarrer et me faire un petit road-trip jusque Tijuana et retour. Malgré tous les dangers auxquels j'exposerais alors Maritza et notre enfant.

Mais non. Je ne pouvais pas débarquer à la villa avec Maritza, la fille qui fut mon amante d'un soir et qui portait en elle un bâtard. Je ne pouvais pas donner à L.A. le bâton pour me frapper.

Parce qu'elle n'hésiterait pas à le faire.

Ma cigarette, qui n'était pas celle que j'avais allumée lorsque Frances avait frappé à la porte, mais une des nombreuses autres que j'avais allumée entre temps, rougeoyait au milieu de la pièce, plantée dans ma bouche.

J'en approchai la lettre de Maritza.

Et la laissai se consumer lentement, comme je l'avais fait, un mois plus tôt, des menaces des South Panthers.

Car tout ça faisait partie de la même réalité, de la même dimension.

Mais j'en avais créé une autre, et c'était dans celle-là que je vivais.  

@ Billy Lighter

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MessageSujet: Re: Liar Paradox - A Livia Cortez Prequel (1965 - 1966)[Solo][TERMINE]   Liar Paradox - A Livia Cortez Prequel (1965 - 1966)[Solo][TERMINE] I_icon_minitimeMar 9 Mai - 14:55



Liar Paradox
I Still Believe The Lie


« Photo numéro un (1966) : Spermina vient de pointer son nez hors du ventre de sa mère. Mouais. Un bébé tout fripé affublé d'un bonnet de laine rose. Dégueulasse plus que mignon tout ça... Au dos de la photo, pas de nom, juste la date. J'imagine que c'est la date de naissance. J'ai pas eu une lettre avec l'explicatif, juste la photo et la date au dos. Si la gosse n'avait pas eu un bonnet rose, j'aurais même pas pu deviner que c'était une fille. »

 « Spermina » by Jimmy Reed



15 août 1966

Une autre lettre venait d'arriver, neuf mois à peu près depuis la dernière. L'enveloppe avait une nouvelle fois été estampillée à Tijuana et, comme la première, Frances était venue l'apporter, encore scellée, dans mon bureau. Je la remerciai et elle s'éclipsa. Frances n'avait jamais posé de question sur la première lettre et je savais qu'il en irait de même avec la deuxième. Mon personnel était engagé en grande partie sur base de sa capacité à la discrétion.

Et heureusement.

Je m'étais tout d'abord servi un verre, observant la lettre scellée posée sur mon bureau comme s'il s'était agit que quelque chose d'extrêmement dangereux. Pourquoi ? Parce que ça l'était. Pour être sûr, je devrais la brûler tout de suite, sans même l'ouvrir. Parce que je savais que trop bien qu'à l'intérieur se trouvaient des informations qui allaient contredire tout ce à quoi j'avais pris l'habitude de croire depuis des mois.

Et puis, surtout, je savais compter. Je savais qu'il y avait 9 mois depuis la dernière lettre de Tijuana et je pouvais donc déduire ce que contenait celle-ci.

Debout, appuyé contre le mur du fond de mon bureau, je sirotais mon whisky. On aurait pu croire que je pesais le pour et le contre mais ce n'était pas le cas. Ce que je menais comme combat intérieur, c'était une compétition entre ma curiosité et l'intégrité de mon mensonge.

Parce que le mensonge n'était crédible que si j'y croyais moi aussi.

La véritable question était de savoir : si j'ouvrais cette lettre, si je jetais ne fusse qu'un coup d’œil à cette réalité alternative qu'était celle de Maritza, est-ce que je serais ensuite capable de refermer les yeux... Et oublier à nouveau ?

J'étais Jimmy Reed, non ? J'étais le meilleur ! Je pouvais tout faire...

Et ce n'était qu'un bout de papier.

Je m'avançai prudemment vers le bureau et y posai mon verre avant d'ouvrir l'enveloppe tout en me laissant tomber dans mon siège.

Dans l'enveloppe, une autre enveloppe, comme si Maritza voulait être sûre et certaine que je sois le seul à avoir connaissance de ce qu'il y avait dedans. Je souris, presque affectueusement. Elle me connaissais et j'appréciais l'attention. Sur cette deuxième enveloppe, d'une écriture sévère, il était indiqué : « N'ouvrir que si vous êtes Jimmy « Bastardo-Gringo » Reed ».

Étant le susmentionné Bastardo-Gringo, je me permis d'ouvrir la deuxième enveloppe.

Une autre photo polaroid tomba de l'enveloppe sur mon bureau et j'en sursautai presque en y découvrant un nouveau-né affublé d'un bonnet rose. Une fille.

J'avais une fille.








Jimmy, mon amour, Bastardo Gringo,


Je te présente ta fille.

Pendant ces neuf derniers mois, j'ai essayé de t'oublier, mais plus j'essayais, moins j'y arrivais. C'était même plutôt le contraire et alors que je sentais notre bébé donner ses premiers coups de pieds, j'en suis même venue, par moment, à t'aimer encore plus pour avoir donner vie à cette merveille qui grandissait en moi.

Et je te haïssais plus aussi, pour les mêmes raisons.

Heureusement, j'ai rencontré un homme, Enrique. Gentil, simple et attentionné, je pense qu'il fera un excellent père de substitution. Lui, au moins, ne change pas d'humeur comme de chemise. Je sais que l'homme qu'il est aujourd'hui, je le retrouverai encore demain et encore le jour d'après.

Alors que toi... Qui es-tu, Jimmy Reed ? Celui avec qui j'ai partagé mon lit ? Celui que je vois dans les magazines de L.A., chaque fois avec une femme différente ? Le rebelle qui traîne dans l'Eastside à foutre je ne sais quoi ? Le riche héritier de BSC ? Le père de ma fille ?

J'ai eu la prétention de te connaître mais aujourd'hui, alors que je t'ai aperçu dans les yeux bleus innocents de notre fille qui vient de voir le jour, je ne suis plus sûre de rien.

Tout ce que je sais, c'est que tu aimes tout savoir. Mais c'est à moi de jouer, aujourd'hui. Tu veux connaître le nom de ta fille ? Je sais que ça te démange parce que le simple fait de ne pas savoir doit te contrarier. Si tu veux savoir, réponds à cette lettre, brise le silence.

Montre-toi.

Deal ?

Maritza

P.S : Choisis qui tu veux être. Deviens le protecteur de ta fille. Deviens son père !

© Billy Lighter



Mon visage resta neutre. Pas parce que je ne ressentais rien, mais parce que je ressentais tellement de choses que toutes ces sensations ne pouvaient pas paraître sur mon visage en même temps, s'annulant les unes les autres.

Maritza avait raison. Je voulais savoir, parce que l'information pourrait être utile dans le futur. Non. Je voulais savoir, parce que j'avais besoin de savoir. Parce que je n'aimais pas ne pas savoir. J'avais des informations sur tout le monde.

Mais je ne savais pas le foutu nom de ma fille !

De rage, je déchirai la lettre et jetai les morceaux dans la corbeille à papier métallique avant d'y jeter une allumette, laissant le tout se consumer. Puis, je pris la photo de la petite et la tint au dessus des flammes, prêt à la lâcher dedans, à la faire disparaître avec le reste, à fermer cette fenêtre sur une réalité qui pouvait tout changer...

Mais je ne le fis pas.

J'éteignis le feu en vidant le contenu d'un vase dedans avant d'y remettre les fleurs qui crèveraient ensuite en même pas deux jours, à la grande surprise de Frances. Je planquai la photo de la petite dans un livre de la bibliothèque avec l'enveloppe sur lequel Maritza avait inscrit «  N'ouvrir que si vous êtes Jimmy « Bastardo-Gringo » Reed ».

Le jour même, je me rendais, seul, au Western Union le plus proche pour établir un ordre permanent anonyme de 700 dollars par mois sur un compte à Tijuana, celui de Maritza que j'avais eu en faisant semblant d'être intéressé par l'appartement de l'Eastside de cette dernière lorsqu'elle l'avait mis en vente via une agence immobilière.

Puis, je me permis d'oublier à nouveau.

@ Billy Lighter

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Jimmy Reed
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Liar Paradox
Shining


 « Je remis les photos en place, précautionneusement. Je ne savais pas pourquoi je les gardais... Peut-être pour me rassurer quand il sera temps de procréer officiellement, pour me dire que mon gosse ne pourra être qu'à mon image ? J'en savais rien.

Et vaut mieux que je m'en foute. »


Jimmy Reed


D'autres lettres me parvinrent de Tijuana, mais celle me demandant si je voulais connaître le nom de ma fille fut la dernière contenant des mots écrits de la main de Maritza. Les lettres suivantes, trois au total, envoyées parfois à un ou deux ans d'intervalles ne contenaient que des photos polaroid d'une petite fille blonde aux yeux bleus.

Chaque fois, j'y ai pensé, mais jamais je n'ai brûlé ou fait disparaître aucune de ces photos, si ce n'était en les cachant dans le livre Shining dont le personnage principal était un petit garçon, un enfant, doté d'un pouvoir exceptionnel. Un pouvoir qui allait finalement lui sauver la vie... de son propre père.

@ Billy Lighter

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