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 Can You Smile For Me ? [PV T.J.]

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MessageSujet: Can You Smile For Me ? [PV T.J.]   Can You Smile For Me ? [PV  T.J.] I_icon_minitimeLun 22 Mai - 20:43

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Can You Smile For Me ?

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ft. T.J. Gooldstein




Un samedi comme tant d’autres.  Normalement, les filles de mon âge ont des weekends bien remplis. Elles sortent, elles vont à la plage avec leurs copines ou encore elles font du shopping. Il y a l’arcade, le skatepark, des fêtes, le cinéma.  Tant à faire et à voir.

Je viens de commencer cette nouvelle année scolaire à la Fairfax Highschool. Nouvelle école, nouveaux profs, nouveaux amis. Pas encore tout à fait. J’ai bien fait la connaissance de deux ou trois personnes sympa mais sans plus.

J’sens pas que je colle aux gens d’ici et c’est assez ironique puisque je ne me sentais pas «  in the gang » à Tijuana non plus.  Alors c’est sans grande surprise que je passe mon samedi toute seule dans ma chambre à feuilleter mes magazines et à rêvasser en écoutant de la musique a plein volume.  

J’en profite pendant que la maison est vide. Putain c’qu’ils me manquent mes Winter Wolves.  Et je les envies tellement. Ils sont  bien occupés ces temps-ci, contrairement à moi. J’ai si hâte de pouvoir vivre de mon art, d’avoir un agenda surbooké et d’être connu et reconnu partout où je vais.

Je laisse tomber paresseusement mon L.A. People sur mon plancher et j’prends celui qui vient de paraître.  Au moins, c’est réjouissant de voir que de nouveaux scandales vont chasser le mini tsunami créé par ma photo avec Howard Stone sur la plage.

La mort d’Atticus  Fetch, surtout, ce qui est triste dans un sens. J’dois remercier un mort d’avoir fait souffler le vent ailleurs.  Les ragots sur sa disparition vont bon train… Suicide ou bête accident ? Les paris sont ouverts.

Je tourne les pages à la recherche de la section mode. J’adore les nouvelles tendances et maintenant que je suis en moyen de me gâter plus souvent, pourquoi je m’en priverais ?

En feuilletant les pages,  un encart attire mon attention. L’annonce est  en plein centre, brève mais  intrigante. Je me redresse, ramenant mes jambes repliées sous mes fesses, comme si ça allait m’aider à mieux lire.

Un photographe – à moins que ce ne fût une -  propose ses talents pour divers projets.  Et ça me fait sourire.  Et si je pouvais moi-même choisir… La prochaine photo qui sera en ligne de mire ? Et si je pouvais contrôler moindrement ce que je veux qu’on voit de moi.

Et en songeant ça, je pense a quelqu’un en particulier.

Le truc qui m’embête avec l’annonce, c’est qu’il n’y a  qu’une adresse, pas de numéro de téléphone. Non plus, pas de nom ou de références. Et pas de prix.

Mais qui ne risque rien n’a rien.

Il ne m’en faut pas plus pour sourire largement, attraper mon porte monnaie et le fourrer dans mon sac avec deux ou  trois trucs et de foncer vers le premier bus pour l’Eastside. C’est quand même drôle comme j’ai l’impression de toujours traîner dans cette partie de L.A. depuis quelques temps.

L’immeuble devant lequel  je me retrouve n’a rien de plus ou de moins que les autres. Il est en manque d’amour avec sa brique défraîchie, les portes battantes en verres tagguées de graffitis et les boîtes de courriers qui menacent de tomber du mur.  J’entre et je grimpe  tous les étages jusqu'à arriver à la bonne porte.

Ce qui m’attend de l’autre côté demeure une surprise total. J’suis peut-être entrain de me jeter dans la gueule d’un loup  affamé, mais je n’ai qu’une vie à vivre, aussi bien la vivre à fond !



© Billy Lighter

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MessageSujet: Re: Can You Smile For Me ? [PV T.J.]   Can You Smile For Me ? [PV  T.J.] I_icon_minitimeMar 23 Mai - 20:47

T.J laissait couler l’eau froide sur son visage avec un grand soupir de soulagement tout en étirant ses membres engourdis par la journée peu productive qu’il était en train de passer – ce qui ne manquait pas de l’agacer. C’était ce qu’il restait d’une vieille habitude ; lorsque au temps du lycée il s’amusait un peu trop bien les Vendredi soirs et qu’il passait presque l’entièreté de la journée suivante à s’en remettre et à regretter. Bon sang, songea James en passant ses mains sur son visage et constatant à quel point ses cernes étaient creusées, il n’avait même pas encore vingt-et-un et il se sentait déjà vieux, parfois. La perspective de passer un très bon moment lorsque l’anniversaire fatidique viendrait lui redonna un peu le sourire et il se mit à réfléchir à comment il voudrait que cela se passe.

Il n’avait pas beaucoup de points de comparaison, quant aux fêtes et célébrations mémorables – il était volontiers fêtard, mais souvent ce n’était pas lui qui prenait l’initiative ; et la plupart de ses amis savaient comment s’amuser, quand le faire et pourquoi (bien que cette dernière question était accessoire) mieux que lui alors il s’était toujours simplement invité là où il voulait bien de lui. A présent, il ne voyait plus les choses de la même manière ; il était indépendant désormais, et son petit appartement n’avait pas encore eu l’occasion d’être ravagé par une quelconque fête bien trop arrosée et bien trop peu raisonnable. Cela, et le fait que T.J aimerait beaucoup empêcher ses voisins les plus proches de dormir (il y sourit en y repensant) – juste retour des choses puisqu’eux –même ne s’étaient gêné de lui rappeler un peu trop bruyamment leur existence. Surtout la fameuse voisine nympho du troisième, là, songea James, qui, heureusement, semblait ne plus pratiquer le coït après minuit. Ce qui n’était déjà pas si mal et, bizarrement, ne manquait pas de lui donner quelques idées.

James se laissa aller et eut l’impression de s’endormir ; avant de réaliser que l’eau chaude n’était pas gratuite, tout de même. Il avait suffisamment profité – cinq minutes suffisaient bien. Le strict nécessaire et le photographe s’encombrait très bien du nécessaire ; à la fois une habitude et une convenance personnelle. Sa famille n’avait jamais été très riche et James ainsi que sa grande sœur avaient appris à toujours se contenter de ce qu’ils possédaient, à ne pas trop rechercher l’inutile et le superflu. Une leçon de vie légitime – les parents d’Abigail et T. James Goldstein avaient grandi en milieu modeste, voire moins que ça, et ils savaient par quoi ils étaient passés. Chacun enfant d’un couple d’immigrés de juifs d’Allemagne qui avaient fui leur nation dès 1935 avec leurs enfants encore jeunes. Le manque d’argent, de nourriture, d’un abri dans les rues de Californie, et l’amour malgré tout lorsqu’Erich Goldstein et Monika Strauss s’étaient rencontrés à l’adolescence.

Et pourtant, T.J ne se sentait pas investi d’un quelconque héritage – il avait beau estimer et considérer l’histoire familiale avec une certaine bienveillance, il essayait de s’en détacher et de se dire que, jusqu’à présent, il avait plutôt eu de la chance. Le photographe se regarda dans le miroir ; malgré ses traits tirés et son air vaguement triste, il estima qu’il avait plutôt de la chance au final. Il n’avait jamais manqué de rien ; son travail, à défaut de lui plaire, se situait dans son domaine de prédilection ; il était en bonne santé. Là où c’était loin d’être parfait, c’était les amours, les relations sentimentales – tout ce qu’il n’avait au fond, jamais vraiment cherché à comprendre. Il se contentait des opportunités qui s’offraient à lui ; mais, sans en savoir la raison il n’était jamais pleinement satisfait, comme toujours à la recherche de quelque chose de meilleur, de plus sincère. Au fond, l’amour était un peu comme l’art – il fallait essayer, échouer pour réussir, se demander là où étaient ses erreurs et avancer, continuer en espérant ne plus jamais les commettre ; oui, fondamentalement c’était la même chose, en-dehors du fait que l’un des deux coûtait peut-être plus cher que l’autre.

T.J passa négligemment sa main dans sa barbe qu’il avait un peu plus soigné qu’à l’accoutumée afin de paraître plus présentable, même s’il n’avait pas l’intention de sortir. Peut-être devrait-il ? Il faisait très beau, mais en même temps il faisait toujours très beau à Los Angeles, alors … il ne se posa pas la question et se posa plutôt sur le canapé à la recherche d’une quelconque forme de divertissement. Son regard dévia vers la bouteille de bière vide sur la table basse et il décida d’en boire une bien fraîche avant de prendre la moindre décision concernant le restant de sa journée consternante.

Goldstein ouvrit un peu la fenêtre et se sentit un peu moins étouffé dans son petit appartement qui avait le fâcheux défaut de ne pas être climatisé – ou plutôt il l’avait été il y a quelques temps, mais tout dans cette immeuble partait en ruines. Comme tout le quartier ; et la tête du photographe s’il ne prenait pas plus de temps pour simplement se poser, cesser de réfléchir et se laisser vivre. Il se sentait déjà un peu mieux ; sirotant sa bière pas chère en observant comme un chat curieux par sa fenêtre les gens qui allaient et venaient dans la rue en contrebas et qui avaient sans aucun doute des choses beaucoup plus intéressantes à faire que le jeune homme qui les toisait avec une certaine curiosité. Il songea même à prendre une photo – mais il se ravisa en se rappelant qu’il devait économiser ses pellicules pour des choses bien plus importantes. Le téléphone qui retentit acheva de l’extirper de ses pensées. James grogna un juron, posa sa bière sur le rebord de la fenêtre et se saisit du combiné tout en s’étendant tout à son aise sur le canapé ; heureusement que le fil était assez long !

- James Goldstein, annonça-t-il par habitude.
- Oncle James ? Salut ! répondit la voix enjouée d’un jeune garçon.

Le paparazzi eut enfin un sourire. Il savait que c’était la voix de William, son neveu qu’il adorait. Le fils aîné de sa grande sœur qui vivait en Arizona ; proche par la distance, mais loin de son cœur. Ils ne s’étaient jamais vraiment entendus. Ils avaient toujours été différents … Abbie était la fille modèle dont tout parent ennuyeux et sans fantaisie pouvait rêver, alors que lui avait été une sorte de rebelle aspirant à vivre de son art, refusant de se plier aux quasi obligations sociales qui l’obligeaient à avoir une vie bien rangée, un travail respectable, une relation stable ; sans doute aussi un gros chien, des enfants, un SUV et un panier de basket au-dessus de la porte du garage … une vie normale sans doute, mais certainement pas à quoi aspirait le jeune homme.

- Willy, salut, mon gars ! répondit T.J très à l’aise. Comment ça va ? Tu viens t’assurer que ton oncle à qui ne parle jamais ta mère est encore en vie ?

Une pique cinglante qui n’était pas destinée au jeune garçon, mais Goldstein savait parfaitement qu’il comprendrait le message. William Ward (du nom de son père) n’avait que neuf ans mais il était déjà très mature pour son âge. T.J l’entendit se retenir de rire au téléphone.

- Tu sais que maman t’aime beaucoup, arrête ! s’écria William, elle a juste beaucoup de travail et pas beaucoup de temps, tu sais ?
- Je ne lui demande pas de me raconter tous les jours sa vie … juste de ne pas oublier qu’on est de la même famille.

James jouait nerveusement avec le câble du téléphone. Sa voix exprimait le regret tout autant qu’une colère mesurée – ce n’était pas de la faute de William ; il n’allait pas hausser la voix. De l’autre côté du fil, on entendait en plus de la voix du garçonnet les cris d’une petite fille turbulente qui jouait dans le fond de la pièce. Jennifer, la petite dernière, et déjà un sacré caractère.

- Tu m’appelles pour quoi, petit gars ? reprit T.J en buvant une gorgée de bière.
- Ben, euh …
- T’inquiète pas. Je suis sûr que tu l’as fait parce que ta mère te l’a demandé, hein ? Elle va bien au fait ?
- Oh, oui, oui, elle va bien, répondit Willy d’un ton distrait, en fait … elle voulait t’appeler pour te dire qu’on peut pas venir la semaine prochaine. Tu sais, pour ton anniversaire. Mais là, elle est occupée.

James Goldstein ne put s’empêcher de ricaner – pourquoi est-ce cela ne le surprenait pas ? Abbie s’était toujours arrangée pour ne pas répondre à ses invitations ; qu’est-ce qui n’allait pas entre eux, bon sang ? T.J s’imaginait parfois que sa grande sœur était jalouse de lui et de la liberté qu’il avait, mais, non, ce n’était pas la réponse – si elle le pensait vraiment, elle n’aurait pas tout quitté quasiment du jour au lendemain pour épouser et faire des enfants à un type avec une gueule d’assassin, songea le jeune homme. C’était elle qui avait pris sa décision seule. Bien sûr qu’elle était partie un peu trop vite en besogne ; son premier enfant à dix-neuf ans ses études à peine terminées, son mariage et la naissance de Jennifer sept ans plus tard – le 05 Juin 1980, pour être très exact.

- Attends, je peux te la passer, reprit William Ward.

On entendit quelques bruits sourds, puis que le téléphone était passé à une autre main. Derrière, la petite Jennifer s’était mise à pleurer, sans doute parce que quelque chose ne lui convenait pas. La petite avait déjà un tempérament de feu malgré son jeune âge et contrastait drôlement avec le calme dont son grand frère faisait preuve.
- Theo ? Salut, dit une voix fatiguée de femme au téléphone.
- Salut Abbie. Je vais bien, oui, merci de me le demander, répondit T.J avec fougue et un certain ressentiment.
- Ne le prends pas comme ça petit frère. Ecoute, je … Mike et moi avons beaucoup de boulot en ce moment, tu comprends ? J’aimerais beaucoup te rendre visite mais c’est compliqué de libérer une date et—
- L.A est à une heure et demie d’avion de Phoenix … tu vas me faire croire que tu n’as pas une demi-journée à libérer de ton emploi du temps, oh j’en suis sûr, surchargé ? ironisa le frère.
- Ecoute, ce n’est pas aussi simple T.J. Si c’est juste pour voir ton neveu et ta nièce, tu n’as qu’à passer à la maison, on trouvera peut-être le temps de se parler. Mais—
- Ca fait plusieurs fois que je leur promets de leur faire visiter Los Angeles, Abbie. C’est quoi ton problème, bordel ?!

La conversation se poursuivit un petit moment ; des insultes furent échangées, presque toutes sincères. « Ingrat, connard, égoïste … » d’un côté, « salope, ingrate » et « pétasse » de l’autre. Rien que de très classique, mais cela ne manquait pas d’agacer le jeune photographe. De frustration, il jeta sa bouteille de bière encore à moitié pleine sur un des murs de son salon et regretta aussitôt son geste. Il se calma, décida avec sa grande sœur d’un compromis. Ils étaient des adultes ; des êtres responsables et matures (la plupart du temps) – c’était inutile de s’insulter, contre-productif. Finalement il fut décidé que Willy et Jenny viendraient à Los Angeles le week-end suivant, accompagnés par une amie commune. Ce n’était pas si mal, songea T.J en raccrochant enfin le téléphone après avoir salué sans entrain sa sœur ; cela le fit même sourire, car cela faisait une éternité qu’il avait promis à son neveu et à sa nièce de leur faire visiter L.A … ou du moins de leur montrer ce qui valait le coup. Les villas de Beverly Hills, le centre des affaires, les longues plages de Santa Monica, Venice Beach et Hollywood …

On frappa à la porte et T.J sursauta. L’espace d’une minute, il avait presque oublié qu’il avait une vie, des responsabilités et des amis. Enfin, une vie et des amis, ça c’était sûr. Le reste … eh bien techniquement il travaillait quand il le voulait et pour il souhaitait, alors ce n’était pas vraiment une de ses préoccupations majeures. James rajuste le col de la chemise à motifs noirs et gris qu’il avait revêtu et se dirigea vers la porte en espérant que l’individu qui lui rendait visite n’avait pas été contraint d’entendre ses histoires de famille … même s’il savait que c’était forcément le cas tant les murs étaient fins et le concept de vie privée très limité à Los Angeles. Tant pis. Il allait faire semblant ; il était doué pour le faire. Pour se donner une contenance et paraître plus sûr de lui, il afficha un sourire de façade, tenta d’apprivoiser ses cheveux ébouriffés et alla ouvrir la porte.

Il se retrouva devant une belle adolescente blonde, comme celles du genre qu’ils aimaient bien (avec la différence qu’elles avaient toutes au moins dix-huit ans). T.J pensa un instant qu’elle s’était sans doute trompée de porte, ou d’étage, puis il se rappela. Ah, oui, l’annonce qu’il avait posté il y a peu de temps dans le nouveau L.A People. Pour lequel il avait du mal à trouver de bonnes photos, d’ailleurs … mais c’était une autre histoire. James réalisa enfin qu’il aurait peut-être dû au moins laisser son numéro de téléphone, ne serait-ce que pour éviter les surprises. Mais il aimait bien les surprises.

- Oh, bonjour ! s’écria-t-il avec entrain, j’imagine que vous venez pour l’annonce ? Entrez, je vous en prie.

Bonne entrée en matière, plutôt. James Goldstein fit un pas sur le côté pour laisser entrer la jeune femme puis referma la porte derrière elle. Il vit son appareil photo posé sur le canapé et alla pour le ramasser, déjà prêt à se mettre au travail sans même connaître la nature de celui-ci. En passant devant la jeune femme, avec un sourire un peu gêné il déclara :

- Ne faites pas attention au désordre. Soucis d’ordre artistique, tout ça.

Puis, d’un coup, il redevint sérieux et fixant de son regard brun la jeune fille, il lui demanda :

- Quels sont vos projets ?

C’était explicite, professionnel, et stoïque. Le jeune homme ne comptait pas laisser ses soucis personnels altérer son jugement et son professionnalisme. Alors il se tenait prêt, à écouter les requêtes de la cliente tout autant qu’à ne rien laisser paraître. Il était T. James Goldstein ; il était photographe, et il allait être un artiste, si on le laissait faire.
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MessageSujet: Re: Can You Smile For Me ? [PV T.J.]   Can You Smile For Me ? [PV  T.J.] I_icon_minitimeMer 24 Mai - 14:16

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ft. T.J. Gooldstein




Je regrette à mi chemin de m’être aventuré ici parce que premièrement, j’suis la reine des lâches et ça m’a tout l’air que l’appartement que je recherche est au plus haut niveau et plus je monte, plus il fait chaud, puis parce que les sons qui filtrent de par certaines ports  n’ont rien de réjouissant.

Des pleurs, des querelles, des postes de télé qui jouent atrocement fort des émissions pourries, encore des pleurs. J’suis vraiment tombé sur la tour des lamentations.  Je m’arrête avec l’envie de rebrousser chemin mais ne pas aller au bout de quelque chose ne me ressemble pas. Que ce soit bien, au moche – surtout moche – j’vais toujours au bout.

Tout en haut, au dernier pallié, la bonne porte se présente enfin devant moi et je frappe trois coups fermes. J’entends quelqu’un derrière qui se dirige vers moi, de l’autre côté de la porte et je me recule par instinct, toujours incertaine de ce que je viens faire ici.

C’est un jeune homme qui m’ouvre assez beau gosse je dois l’avouer. Un visage d’ange malgré la barbe rebelle. Une allure savamment négligée et des  yeux profonds dans lesquels on pourrait facilement se perdre complète le premier aperçue que j’ai de l’homme.  Un truc a mettre en confiance en un battement de cils, et de ce que j’en sais, c’est bien dans ces cas là qu’on doit se méfier le plus.

Mais j’entre quand il m’y invite et je lui confirme être ici pour l’annonce que j’ai vu dans L.A. People.  L’appartement est petit et il y règne un désordre ordonné.  Ce qui me frappe tout de suite c’est le tapis au sol. Imitation d’une peau de zèbre ou j’sais pas quoi. Ça me fait sourire. Pas autant que les bouteilles de bières vides qui trônes sur une table basse près du canapé.
Un appart de gars. Ni plus ni moins.

- Ne faites pas attention au désordre. Soucis d’ordre artistique, tout ça
J’hoche de la tête alors que je continu de poser mon regards sur l’environnement du jeune homme. C’est intriguant et amusant tout à la fois.

Y’a tout un attirail de photographe sur la table de la cuisine. Des petits et plus gros appareils. Des zooms et des rouleaux de pellicules. Sur le mur du fond, plusieurs photographie y sont affichées – n’importe comment-  des œuvres de l’artistes j’imagine. Je m’approche pour regarder.  

Me voilà rassurée,  il s’agit bel et bien d’un photographe et pas d’un psychopathe se servant d’un subterfuge pour attiré ses victimes chez lui et les dépecer. Quoi que…

- Quels sont vos projets ?

- Humm…


Ah… Ouais, ce serait bien d’avoir une idée précise de ce que je veux, c’est quand même la raison de ma présence ici. Seulement, je n’y ai pas trop réfléchie. Reflexe d’une fille qui n’avait rien à faire et qui a sentit la possibilité de pimenté sa journée. La réflexion s’était arrêtée là.

Mais tant qu’à être là, et vu tout ce qui se passe en ce moment dans ma vie, c’est probablement l’opportunité de couper avec la gamine et de laisser parler la femme – en devenir – celle que j’ai forcé l’apparition par de mauvaises décisions.

- En faite… Je ne suis pas tellement certaine de ce que je veux.  J’voudrais des photos, de belles photos qui n’ont pas l’air de clichés d’une gamine innocente. J’voudrais quelque chose qui contraste avec qui je suis.

J’sais pas si c’est clair pour lui mais pour moi ça l’est. J’veux qu’en regardant les photos, on y voit une femme, pas une enfant.


© Billy Lighter

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MessageSujet: Re: Can You Smile For Me ? [PV T.J.]   Can You Smile For Me ? [PV  T.J.] I_icon_minitimeVen 26 Mai - 19:42

James était heureux d'enfin avoir une cliente, de pouvoir développer un peu sa vie sociale qui, à défaut d'être totalement inexistante était loin d'être ce qui le satisfaisait le plus chez lui. Mais il s'en accommodait, jusqu’à présent – il avait appris à le faire ; à apprécier la solitude. Il avait pourtant grandi entouré d'amis et de l'attention de sa grande sœur qui durant quelques années l'avait adoré – puis, bien sûr, la lassitude, la monotonie s'étaient installées et le jeune T.J Goldstein avait dû découvrir le monde seul. Il était alors âgé de huit ou neuf ans et débordait d'imagination, d'idées et d'ambitions. En grandissant, il en avait abandonné la plupart ; mais le plus important était resté – son envie d'être un artiste, d'être connu, reconnu, de ne pas trahir les promesses qu'il avait faites à ceux à qui il tenait. Tout cela, il évitait d'y penser ; et ce n'était vraiment pas dans sa nature de ressasser à s'en rendre malade les mauvais souvenirs, les regrets, les mauvais choix qu'il avait pu faire. C'était du passé, et c'était inchangeable, immuable ; essayer de l'ignorer
ne faisait que rendre amer et faire souffrir.

Cela, James l'avait bien compris, alors le jeune photographe essayait de se concentrer avant tout sur le présent. Il dévisagea la jeune inconnue qui venait d'entrer dans l'appartement ; une adolescente, pas plus que quinze, seize ans, jugea-t-il, une petite blonde du genre qui aurait pu lui plaire s'il avait cinq ans de moins. Et puis il avait toujours préféré les femmes plus âgées que lui, de toute façon, songea James en se remémorant de bons souvenirs. Ça, c'était quelque chose qu'il ne regrettait absolument pas. Cela lui venait de la première femme qu'il avait fréquenté ; il avait quatorze ans, elle, dix-neuf, et cela ne lui avait jamais posé problème, comme si cela était naturel pour lui. Peut-être avait-il cherché l'expérience ? Un sentiment d'être rassuré, protégé ? Il ne le savait pas lui-même ; mais il avait adoré cela, et jamais n'aurait voulu qu'il en soit autrement.

T.J avait demandé à la cliente, tout en saisissant un de ses appareils, quels étaient ses projets, ce pourquoi elle était venue, dans le but d'avoir une première idée de ce qu'il ferait. James aimait improviser mais aimait autant l'éviter afin de ne pas faire perdre trop de temps à la cliente et à lui-même ; certes, ce n'était pas comme s'il avait autre chose à faire mais il tenait à donner l'illusion d'un emploi du temps chargé, question de professionnalisme. En réalité il se sentait plutôt soulagé que quelqu'un ait daigné tenir compte de son annonce. Il avait conscience que laisser uniquement son adresse pouvait donner l'impression qu'il cherchait à cacher quelque chose ; en réalité le jeune homme avait eu du mal à assumer le fait que poster une annonce pour se faire connaître et trouver du travail était nécessaire. Il aurait voulu que sa réputation seule face venir les clients à son seuil. C'était légèrement prétentieux – mais aussi une forme d'espoir.

- En fait … Je ne suis pas tellement certaine de ce que je veux.  J’voudrais des photos, de belles photos qui n’ont pas l’air de clichés d’une gamine innocente. J’voudrais quelque chose qui contraste avec qui je suis, déclara finalement la jeune femme.

T.J l'avait écouté avec attention, les bras croisés, en regardant autour de lui l'endroit qui serait le plus approprié pour effectuer ce travail – en termes de lumière, de couleurs, d'impression à rendre. C'était, au final, la plus grande partie de son travail : réfléchir, planifier, conceptualiser en conciliant les envies du client avec les moyens techniques et ses propres convictions sur comment la demande devrait être effectuée – même, si, évidemment, c'était toujours le demandeur qui avait le dernier mot. Ensuite seulement venait le moment que James Goldstein préférait : le sujet prend la pose, reste au début sage, puis improvise peu à peu au fur et à mesure qu'il prend confiance sous l’œil de l'appareil photo. Et parfois, le photographe devait faire aussi un peu de psychologie – rassurer, redonner confiance, améliorer la vision de soi-même du sujet.

Quoi qu'il en soit ce que voulait l'adolescente restait suffisamment vague pour permettre une marge de manœuvre confortable et James était persuadé qu'il y aurait moyen d'obtenir des photographies qui les surprendraient tous deux – peut-être même un chef-d’œuvre, qui sait ? T.J y croyait. Il pensait avoir assez de talent pour être un jour capable de donner naissance à une œuvre unique qui changerait son monde à défaut de changer celui de la photographie ; pourquoi pas maintenant ? Mais c'était sans doute impossible – il n'avait pas assez d'expérience ni de recul pour juger ce qui était digne d'être élevé à un tel rang de maîtrise. Le jeune homme avait bien assez de temps pour cela … il se contenta du présent et de répondre à la jeune fille avec un sourire en coin :

- Vous cherchez à impressionner quelqu'un, hein ?
   
James trouva qu'il avait mal choisi ses mots – en fait il voulait plutôt lui demander si elle avait l'intention de prouver quelque chose à quelqu'un. Prouver qu'elle n'était plus une enfant peut-être ? Mettre en valeur sa maturité, sa féminité ? Les raisons étaient multiples mais le photographe évitait de poser des questions trop personnelles à ses clients. Et parfois les réponses s'imposaient d'elles-mêmes.

T.J regarda par la fenêtre – cela l'aidait à réfléchir. Il n'était pas encore tout à fait certain de comment il allait s'y prendre et s'accorda une petite minute de réflexion. Il espéra que la jeune blonde ne trouverait pas le temps trop long ; il aurait peut-être dû lui proposer quelque chose à boire en attendant, non ? Qui plus est il faisait chaud et le jeune homme avait du mal à se concentrer, malgré le fait qu'il avait déjà entrouvert une fenêtre. De la chaleur et de l'air chaud, cela ne faisait que plus de chaleur, songea-t-il alors qu'il revenait à grands pas vers la jeune femme, après avoir enfin trouvé une idée. Ou plusieurs plutôt ; mais chaque chose en son temps. D'un ton très sérieux, il déclara :

- J'ai une idée. Déshabillez-vous.

Puis il reprit aussitôt avec un léger rire :

- Non, je plaisante ! Ça c'est ce que je vous aurait proposé si vous étiez un peu âgée et m'auriez dit que cela ne vous poserait pas de problème.

Le nu, ou la photographie en sous-vêtements (avec laquelle les gens étaient souvent bien plus à l'aise), était une forme d'art qui nécessitait beaucoup de tact, d'assurance, et qu'une confiance certaine se soit liée entre le modèle et le photographe. Ici, cela n'était pas le cas – et James ne tenait pas particulièrement à photographier une adolescente à moitié nue dans son appartement, maintenant qu'il y pensait. Surtout si ses voisins venaient à l'apprendre – nombre d'entre eux voyaient le jeune homme d'un mauvais œil, et il ne faisait à vrai dire rien pour leur faire changer d'avis. C'était les aléas de la vie en collectivité … entre la voisine nymphomane hurleuse du troisième étage et le type du quatrième qui vendait sans doute de la drogue, T.J n'était pas forcément très bien tombé … mais c'était provisoire. Quand il serait un artiste, il pourrait se payer cette petite villa en bord de mer dont il rêvait.

T.J avait reprit son appareil et s’apprêtait à prendre quelques premiers clichés avec son instantané, dans le but de voir comment le sujet rendait à l'image – dans une moins bonne qualité, certes, mais cela permettait de faire un premier jugement. Ensuite il prendrait son argentique classique et commencerait à donner  ses directives. Il prit donc une photo au jugé, après avoir prévenu la jeune femme qu'il ne faisait qu'un essai, pour voir comment elle rendait. Alors que le Polaroid développait en quelques secondes l'instantané, James réalisa que ce n'était pas la première fois qu'il prenait cette personne en photo – maintenant qu'il y pensait,  il avait l'impression étrange de ressentir les mêmes vibrations au fond de son cœur que celles qu'il avait vécues il y a peu. Il chercha au fond de sa mémoire qui pouvait bien être cette personne dont il était persuadé d'avoir déjà capturé l'image.

Malheureusement, cela ne lui revenait pas – sans compter le fait qu'il ne connaissait pas son nom. Alors James se contenta de demander :

- Excusez-moi … on ne se serait pas déjà vus quelque part ?  
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MessageSujet: Re: Can You Smile For Me ? [PV T.J.]   Can You Smile For Me ? [PV  T.J.] I_icon_minitimeDim 28 Mai - 0:29

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ft. T.J. Gooldstein




C’est tout de même étrange de se retrouver dans l’appartement d’un pur inconnu qui questionne sur ce que je veux, alors que je ne le sais même pas moi-même. J’veux casser l’image de fillette sans pour autant donner l’impression d’être quelqu’un que je ne suis pas.

J’ai cru en lisant l’annonce dans le dernier L.A. People que de m’en remettre aux mains d’un inconnu faciliterait la tâche puisqu’en ne me connaissant pas, il ne pouvait pas avoir une opinion prédéfini de mes attentes et y aller de surprise. Après tout, c’est lui le professionnel.

J’lui dis ce que j’ai en tête bien que ma demande demeure aussi vague que l’océan Pacifique, mais ça ne semble pas le perturber le moins du monde. Au contraire, il suppose que je suis là dans le but d’impressionner quelqu’un et c’est bien la le nœud de mes tracas.

Ouais j’veux bien que les photos qu’il fera de moi se rende jusqu’à une certaine personne et que ça lui tourne les sens. J’veux pas l’impressionner. J’veux juste qu’il sache que j’existe. Et c’est pas plus mal en un sens. Y’a rien de bien méchant dans quelques clichés tiré par un professionnel… beaucoup moins que dans celle de la plage !

- J'ai une idée. Déshabillez-vous.

Je le regarde un instant et considère sa suggestion.  J’suis pas choquée. Encore moins effrayée. Au contraire, l’idée me plaît assez. Pour casser l’image de gamine, des photos de nues enverraient valser tout ce qui reste d’innocent en mois.

- Non, je plaisante ! Ça c'est ce que je vous aurais proposé si vous étiez un peu âgée et m'auriez dit que cela ne vous poserait pas de problème.

- Ça ne me pose pas de problème. Mais  ouais, faut peut-être attendre quelques années pour me lancer là dedans.  Dommage, j’crois qu’on tenait un bon filon.


Je le regarde, mi figue, mi raisin. J’aime laisser  le doute à savoir si je suis sérieuse ou si je rigole.  Le photographe s’arma d’un appareil  et prit un cliché de moi. Tester la marchandise ou l’éclairage quoi qu’il en soit je le laisse travailler tout en continuant d’explorer le petit appartement.

J’nai pas de gêne à le faire. Je ne suis pas non plus entrain de fouiller dans ses tiroirs. Je regarde la décoration éclectique et les œuvres qu’il a affiché ici et là sur les murs. Les photos sont magnifique, je n’ai pas d’autres mots. Il a l’œil pour trouver à capturer  la beauté brute du sujet.

C’est recherché et réfléchis.

J’adore.

- Excusez-moi… on ne se serait pas déjà vus quelque part ?

- J’crois pas non…  J’connais pas de photographe en tant que tel. J’ai beaucoup chanté   ici et là dans la ville.  C’est p’t-être ça.  


Je le toise longuement mais son  visage ne me dit absolument rien. J’suis blonde aux yeux bleus comme il y en a des centaines au pied carré dans cette ville. Il doit très certainement confondre avec une autre. Une de ses conquêtes peut-être même.  Il doit être le genre à ramener une fille pour la nuit. Je ne le juge pas, de toute façon avec  ce que j’ai dans mon parcours depuis quelques temps, il serait malvenue de ma part de le faire.

- J’suis une parmi tant d’autres. Faut pas chercher plus loin. Si nous parlions… prix. Vous fonctionnez comment ? À l’heure ? À la séance ? Pour le nombre de photos ?

Parce que, ouais j’ai bien un compte qui se garni de lui-même – ou presque- mais faudrait pas non plus abuser. J’suis loin d’être riche et j’ai beau avoir suffisament en poche, du moins je l’espère, si j’dois demander à Jack de me retirer des tunes, il voudra savoir et ça, pour tout de suite, j’ai pas envie de lui en parler.

Les photos, j’les veux d’abord et avant tout pour moi. Ensuite, j’aviserai selon le résultat.

- Vous parliez de nu tout à l’heure… par curiosité, ça pourrait ressembler à quoi ?  


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MessageSujet: Re: Can You Smile For Me ? [PV T.J.]   Can You Smile For Me ? [PV  T.J.] I_icon_minitimeMer 31 Mai - 21:07

T.J se sentait bien trop à l’aise pour un homme qui venait d’évoquer à une jeune fille sans doute encore mineure l’idée qu’elle se déshabille et prenne la pose devant son objectif, mais il dissipa presque aussitôt ses appréhensions en se disant qu’après tout, il était un homme et que son envie de mélanger travail et plaisir n’était pas si incompréhensible. Le nu était une forme d’art comme une autre, n’est-ce pas ? Qui nécessitait juste un peu plus de délicatesse, de sensibilité et de maîtrise qu’une bête nature morte ou qu’un portrait ordinaire – le plus important était de donner envie sans tomber la vulgarité ; suggérer, mais ne jamais montrer. C’était un équilibre subtil ; qu’un photographe pouvait  parfois chambouler quelque peu lorsqu’il le jugeait nécessaire et que le sujet avait exprimé son accord – car on ne faisait rien sans le contentement du client, dans ce métier. D’ailleurs, James trouvait cela parfois pesant, entre ceux qui n’arrivaient pas à se décider de ce qui leur plairait, ceux qui n’étaient jamais satisfaits (les pires, estimait le jeune homme) et ceux qui étaient trop timides pour essayer de faire quelque chose d’un peu original.

James tenta de se rattraper en prétextant que sa proposition était une plaisanterie, mais la jeune fille n’avait pas eu l’air choquée, bien au contraire – le photographe leva un sourcil circonspect devant cette curiosité de la nature. Il était rare que quelqu’un, à priori quelqu’un qu’il ne connaissait qu’à peine, soit intéressé par une telle proposition, ou à fortiori en ait l’air ; il fallait parfois plusieurs séances pour que quelqu’un accepte d’en révéler plus, et il était rare que le client en ait l’initiative, par appréhension, par honte parfois aussi. Pourtant, répondait James, il n’y avait pas beaucoup de choses plus belles qu’un corps humain sans artifice ni apparat. Celui d’un homme tout autant que celui d’une femme d’ailleurs, T.J ayant déjà  vécu ce genre de situations – le plus souvent vers la période de la Saint-Valentin d’ailleurs, parfois pendant les vacances d’été. Un moyen de décompresser comme un autre, sans doute ; James n’y trouvait rien à redire tant qu’il trouvait de la passion à le faire et que sa rétribution était à la hauteur. Le jeune homme était photographe depuis près d’un an et demi, tout du moins officiellement, et c’était la manière dont il avait toujours pensé.

- Ça ne me pose pas de problème, avait dit l’inconnue sans coup férir, mais  ouais, faut peut-être attendre quelques années pour me lancer là-dedans.  Dommage, j’crois qu’on tenait un bon filon.

Le photographe n’osa pas répondre que le consentement d’un parent ou d’un tuteur légal aurait pu suffire ; la jeune fille aurait très bien pu accepter et T.J n’était pas vraiment certain qu’il aurait eu suffisamment de courage pour finalement prendre ce genre de photos ; car lui aussi se devait d’être dans une bonne disposition à l’instar de la cliente et il n’était pas sûr d’être sur la même longueur d’onde qu’elle. Pourquoi cette proposition dissimulée, alors ? Le jeune homme s’était senti un peu trop poussé par son enthousiasme conféré par la perspective de ne pas finalement vivre une autre journée à ne rien faire. Plus que simplement répondre à son annonce, la jeune adolescente permettait de surcroît au jeune homme de se sentir moins seul, à défaut de faire des folies.

James prit quelques photos d’elle au jugé dans le but de voir comment la blonde rendait à l’image, ce qui lui faciliterait la tâche – parce que certaines personnes affichaient beaucoup d’ambition et savaient parfaitement le genre de photographies qu’elles voulaient obtenir mais ne faisaient rien pour paraître un minimum attirantes ; il ne fallait pas forcément être très beau pour être pris en photo par James Goldstein mais le jeune homme aimait particulièrement l’aura particulière que dégageaient certains individus ; un « truc », comme on pouvait le dire de façon réductrice.

Quoiqu’il en fût, le jeune homme avait l’impression d’avoir déjà photographié la jeune femme et il lui demanda s’ils ne s’étaient pas déjà vus. Elle répondit que non – et pourtant il était persuadé du contraire. Le jeune homme ne se trompait jamais lorsqu’il était question de cela. Il chercha une nouvelle fois dans sa mémoire et manqua de sursauter en se rappelant d’où il l’avait déjà vue. Le L.A People, bien évidemment ! le fameux numéro (qui avait été très vendu sans doute, bien qu’il était inutile de s’inquiéter du succès d’un magazine de ce genre qui trouvait toujours son public) où figurait l’image d’une jeune inconnue en plein action avec le batteur Howard Stone sur une plage.

T.J était très au fait de cette photo puisque c’était lui-même qui l’avait prise et qu’il en avait obtenu mille dollars auprès de son contact. Mais cela, la jeune fille l’ignorait et James n’avait de toute façon pas été crédité – les choses étaient un peu différentes à présent mais le jeune homme s’était couvert de façon à ne jamais subir les retombées de ses actes, ou du moins c’était qu’il s’était dit.

Le jeune homme avait réalisé d’où il connaissait la jeune femme mais préféra ne pas lui en parler.

-  J’suis une parmi tant d’autres, continua l’inconnue, faut pas chercher plus loin. Si nous parlions… prix. Vous fonctionnez comment ? À l’heure ? À la séance ? Pour le nombre de photos ?

James haussa les épaules en grattant légèrement sa barbe de trois jours comme s’il voulait donner l’impression d’une intense réflexion alors qu’il n’avait pas besoin de chercher au fond de sa mémoire de telles réponses. Il l’avait appris par cœur ; ce n’était pas bien difficile.

- Deux cent dollars pour un shooting d’une heure, répondit-t-il confiant, trois-cent cinquante pour deux heures. Mais ça peut changer, selon le type de photos que vous voulez  ou des demandes particulières.

Par exemple, ne manqua pas de souligner le photographe, les impressions en grand nombre d’une photo particulière ou le tirage à un format particulier engendraient des coûts supplémentaires – il fallait bien que le jeune homme rentre dans ses frais. La photographie était un art qui coûtait cher pour l’artiste autant que pour le sujet et peu de gens en avaient réellement conscience ; le jeune homme ne leur en tenait pas rigueur mais il voulait être mieux considéré, de nombreuses personnes estimant qu’il était hors de prix de payer des centaines de dollars pour être pris en photo alors qu’après tout, tout le monde pouvait se dire photographe … alors James faisait en sorte qu’on le prenne toujours au sérieux ; en affichant ses plus belles œuvres sur les murs de son appartement (c’était aussi pratique pour dissimuler une fissure) et en s’assurant que ceux qui venaient le voir repartaient avec ce qu’il voulait.

La jeune femme avait pris quelques minutes plus tôt le temps d’observer un peu ses photos et T.J se sentait un peu gêné, bien qu’il n’y ait pas de raison de l’être. Il était normal qu’il soit jugé selon ses compétences, après tout – et c’était aussi pour cela, bien plus que pour des raisons seules de crédibilité, qu’il avait affiché ses œuvres au mur. Des portraits souriants, d’autres plus mélancoliques, des paysages nocturnes, diurnes, quelques natures mortes et quelques expériences. Il avait même adjoint à cette mosaïque hétéroclite quelques collages, quelques dessins qui donnaient à l’ensemble l’impression d’un grand atelier d’artiste – et c’était ce qu’il s’estimait être, un artiste.

- Vous parliez de nu tout à l’heure… par curiosité, ça pourrait ressembler à quoi ?

La jeune fille venait de poser cette question et James se fendit d’un sourire comme s’il s’y attendait. Il avait déjà pris le temps d’y réfléchir et spontanément répondit :

- Eh bien cela dépend de ce que vous voudriez … si vous voulez paraître plus mature, plus adulte, mais avec un côté sensuel, les photos prises de profil ou de trois-quarts seraient les plus adaptées, car elles permettent de révéler le moins de choses possibles et de laisser place à l’imagination, surtout en posant debout. Pour quelque chose de plus, euh, érotique (il s’était arrêté une seconde pour chercher ce mot) et révélateur, c’est encore plus facile. Vous n’auriez qu’à faire comme si vous vouliez me séduire ou coucher avec moi, tout en évitant d’en faire trop.

Goldstein eut l’impression que sa dernière phrase pouvait être mal interprétée, alors il se reprit aussitôt :

- Euh, non, ce ne sont pas vraiment les bons mots … enfin vous avez saisi l’idée.

Le jeune homme avait repris son appareil photo en main et s’était rapproché de la jeune femme (au sens physique mais purement professionnel du terme). Il avait plusieurs idées de photos « conventionnelles » qui lui venaient en tête et pointa du doigt l’une de celles, accrochée au mur, qu’il estimait ressemblait le plus à l’esquisse mentale qu’il s’était faite ; celle d’une femme à l’air sérieux, aux cheveux attachés, en noir et blanc, sur un fond qu’il savait de couleur beige puisque c’était l’un des murs de sa cuisine, qui servait parfois de décor. D’ailleurs, tout dans l’appartement était à la fois décoratif et fonctionnel ; le jeune homme trouvait que cela rendait ses œuvres plus réelles et il n’avait de toute manière pas les moyens de se procurer un studio digne d’un professionnel …

- Quant à ce que vous voulez, reprit T.J, eh bien, vous pouvez déjà, par exemple, vous faire un chignon ou quelque chose comme ça, ça vous donnera déjà un air plus mature. Ensuite … hum, ayez l’air sérieuse, essayez de montrer que vous êtes déterminée et forte. Pour le reste, eh bien … essayez d’être naturelle. Ou bien on peut partir sur une base complètement différente, c'est vous qui voyez.

James avait l’impression que ses conseils étaient confus, ou qu’il se contredisait, mais il n’en avait cure. Il avait hâte de se mettre au travail et espéra que la jeune fille ressentait la même envie.
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MessageSujet: Re: Can You Smile For Me ? [PV T.J.]   Can You Smile For Me ? [PV  T.J.] I_icon_minitimeLun 5 Juin - 20:15

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Je laisse le photographe prendre quelques clichés de moi alors que je continu d’évaluer son travail de par les œuvres épinglées sur ses murs.  Elles sont magnifiques; il a un talent certains c’est indéniable.

Mais aucunes de ces photographies ne proviennent de l’appartement même du jeune homme et je ne peux m’empêcher de me demander s’il comptait vraiment procéder à la séance ici même puisque rien ne s’y prête vraiment. À moins que cela ne ce passe dans la chambre même du photographe ce qui serait vraiment gênant pour du nu.

Non pas que c’est ce que je compte lui demander mais il dégage un certain sex-appeal assumé. Je doute pas un instant que plusieurs de ses séances ont dû se terminer au pieu.

Je m’en mords la lèvre amusé par la curiosité. Qu’à éveillé ma réflexion muette.

- Ce qu’il y a de fascinant avec la photographie c’est toutes les croyances qui l’entour.  Dans les années 1800, les familles n’avaient pas en priorités de se faire de beaux albums et ça devenait un peu embêtant quand un membre décédait. Ils prenaient donc des photos avec le mort comme si de rien était c’est chelou, non ?

Les croyances des époques révolues m’ont toujours amusé et l’histoire de la photographie en regorge. Certaines  cultures pensaient même qu’un photographe pouvait capturer l’âme de son sujet en le prenant en photo et ainsi en disposer comme bon lui semble.

Je me tourne pour lui faire face et lui offrir la chance de tester efficacement mon visage. Puisque je ne suis pas tant intéressée par des  clichés de ma chevelure.

Je questionne pour le prix et le tarif me va parfaitement. C’est même moins cher que ce à quoi je m’attendais.

- Alors va pour 2heures. Ensuite nous verrons si j’ai b’soin de plus…

J’sais pas tant ce que je voulais mais au moins pour le temps j’étais fixé.  Mais bon vaut mieux questionner avant de commencer qu’une fois la séance complète et j’décide donc de le relancer sur le nue. Pas parce que j’y tiens particulièrement mais parce que je crois que c’est quand même le meilleure moyen de casser l’image de la gamine. Puis n’est-il pas un professionnel qui sait exactement comment tirer de bons clichés de façon à cacher et suggérer la nudité ?

- Vous n’auriez qu’à faire comme si vous vouliez me séduire ou coucher avec moi, tout en évitant d’en faire trop

J’éclate de rire alors qu’il se reprend  plus ou moins en disant que de toute façon j’avais saisi l’essentiel de son message.

- Oui…si on veut !

- Quand à ce que vous voulez, eh bien, vous pouvez déjà, par exemple, vous faire un chignon ou quelque chose comme ça, ça vous donnera déjà un air plus mature. Ensuite… hum, ayez l’air sérieuse, essayez de montrer que vous êtes déterminée et forte. Pour le reste, eh bien… essayez d’être naturelle. Ou bien on peut partir sur une base complètement différente, c’est vous qui voyez.


Alors qu’il m’explique tout ça, je le prends aux mots à chacun de ses points. Je me remonte les cheveux en chignon, je prends un air mature, voir légèrement hautain et je le fixe droit dans les yeux parce que je sais, sans vraiment savoir, que mon regard souvent intimide les gens.

Mais c’est pas ça que je veux.

Je laisse retomber mes cheveux en pinçant les lèvres légèrement.

- Si j’avais mon maquillage, mes trucs en fait, je sais avoir l’air plus vieille, j’entre dans les bars depuis  un moment déjà. Sauf que spontanément, ça reste toujours que moi… À moins que tu me sortes un lapin de ton chapeau ?

Je me saisi d’un appareil qui traîne sur la table et je fais mine de mitrailler à mon tour le jeune homme. L’arroseur arrosé, en fait . Et l’idée me vient d’un concept sans artifices. Je ne pouvais pas être plus moi-même que si nous ne cherchions pas de filon en temps que tel.

- Si nous cessions de chercher l’angle parfait et que nous faisons confiance à notre instinct, tout simplement ? Je te laisse carte blanche. Deal ?



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