Quand je me regarde dans la glace, je ne peux faire autrement que de ressentir le syndrome de l’imposteur.  Il manque un morceau très important dans le puzzle de mon identité et de le compléter m’obsède depuis  que j’ai l’âge de comprendre les «  histoires de grandes personnes ».  J’aime ma mère. Je l’adore elle est mon modèle et fût une mère exemplaire qui m’a toujours poussé à poursuivre mes rêves. Quand je lui ai dit à l’âge de 5 ans que je voulais devenir ballerine, elle m’a inscrit dans la meilleure école de la région. Puis j’ai abandonné et j’ai pensé que la guitare ce serait chouette. Découvrant que j’accordais merveilleusement bien ma voix aux mélodies que je jouais, ma mère m’a dégoté un prof de chant. Ce dernier me répète sens cesse que j’ai  tout ce qu’il faut pour percer, mais que ce n’est malheureusement pas dans ce bled paumé que j’y arriverai. J’ai donc cassé ma tirelire et je suis partie avec les économies de toute une vie  (!) soit  deux cent soixante dollars, ma guitare et mon sac à dos et j’ai traversé la frontière sans encombre. Me voici, les deux pieds sur le béton du centre-ville de Los Angeles et je survis en gagnant des sous en passant le plus clair de mon temps à chanter au coin des rues ou les stations de métro, récoltant les dons des passants.  Je garde espoir de rencontrer mon père. Tout ce que je sais de lui  c’est qu’il  a plus d’argent qu’il ne pourra en dépenser, selon ma mère, qu’il a une tronche d’angelot mais que c’est un véritable trou du… beignet !