La nuit venait de tomber et la lune était pleine. Depuis quand je me souciais de ce genre de détail : ben, heu… Bah depuis aujourd’hui… Et puis c’était cool d’avoir une belle nuit étoilé car ça me mettait de très bonne humeur. Même s’il, il fallait le dire, c’était rare quand j’étais de mauvaise.

Pour une fois, je passais la soirée seul. Les membres de mon groupe étaient restés chez Jordan pour dormir un peu car on n’avait pas arrêté de bosser sur plein de chansons ces derniers temps. L’appartement de mon frère ressemblait de plus en plus à un studio d’enregistrement, mais cela n’avait pas l’air de le déranger. Au contraire, il appréciait notre musique et nous encourageait constamment. J’avais beaucoup de chance de l’avoir comme frère et j’en étais bien conscient. La famille est la chose la plus importante pour moi et je savais que ça l’était aussi pour Jordan.

Quoi qu’il en soit, je décidai de me poster au Dizzy Warhol pour ce soir. C’était un bar underground où la drogue régnait en maitre. Mais ce n’était pas pour la drogue que j’avais décidé d’y venir. Non, c’était uniquement parce que des groupes de punk, débutant ou confirmé, venait souvent y faire des petits concerts. Et j’adorai voir vers quel son ceux-ci allaient afin de le comparer à celui de mon groupe. Et cela me permettait, quelque part, de progresser en voyant ce qui marchait bien chez les autres.

J’entrai dans le bar et commandai une bière. Il y avait déjà un groupe sur scène qui se préparait en vue du futur petit concert. Ma soirée s’annonçait bien ! Je souris au barman qui m’apporta ma bière. L’ambiance, ici, aurait pu paraitre glauque et, pourtant, il y avait très peu de bagarre contrairement à ce qu’on pouvait voir au Crazy Ginger. Je n’étais pas à L.A. depuis longtemps mais j’avais déjà fait mainte fois les tours des plus grands bars et club. Et le Dizzy Warhol était, de loin, mon préféré.

Je balayai le bar du regard en m’arrêtant sur la porte d’entrée que venais de franchir un jeune homme assez grand. Il avait un bon style ! Nos regards se croisèrent et je lui souris de là où j’étais.

-Salut !

Fallait bien que je trouve quelqu’un avec qui parler… Et puis il ne semblait pas aussi stone que tous les autres clients du bar, alors. Et puis, je n’aimais pas vraiment passer mes soirées sans parler !

Avec sa clope à la main et son verre de vodka, ce type avait une certaine classe. Il y avait des gens comme ça qui avait la classe sans faire trop d’effort. Il portait un costume-cravate et c’est probablement pour ce style hors du commun qu’il avait attiré mon attention. Fallait dire que je n’avais jamais vu de mec habillé comme ça au Dizzy Warhol. Et sur le coup, j’avais l’impression de détonner sérieusement face à lui.

L’homme répondit à mon salut et je me rapprochai de lui. Il était debout, accoudé au bar et, moi, assis sur l’un des hauts tabourets qui se trouvaient près de lui. Il engea la conversation et rigolait déjà. Il m’avait l’air sympathique et c’était déjà une très bonne chose.

-Seul, oui. M’ennuyer ? Pas encore.

Je rigolais à mon tour et c’est à se moment là que le groupe qui était sur scène commença son show. A première vue, il s’agissait d’un groupe de cover. J’avais conclu cela car leur première chanson était une reprise du groupe britannique The Clash. J’adorai le punk britannique et, plus particulièrement, j’adorai les Clash !

Je reposai mon regard sur mon interlocuteur au style si particulier.

-Tu viens souvent ici ? Parce que je ne t’y ai jamais vu… Et avec le style que tu as je t’aurais remarqué bien avant si tu avais déjà trainé dans les parages.

J’élargis mon sourire avant de me remettre à boire ma bière. Lui, il était carrément à la vodka. Son style et ses habitudes devaient sûrement en dire long sur sa vie, mais je ne le connaissais pas encore assez pour avoir les codes pour décrypter ce qu’il en était.

-Au fait, je m’appelle Duncan.

La moindre des choses était que je me présente. J’aimais bien pouvoir mettre des noms sur des têtes alors j’avais le réflexe de me présenter à chaque nouvelle rencontre.

J’avais maintenant terminé d’analysé le style vestimentaire de l’homme. Ma curiosité m’avait poussé à lui parlé et j’étais bien content qu’il soit disponible pour une petite conversation. Apparemment, c’était l’ennui qui l’avait conduit jusqu’ici. Comment pouvait-on s’ennuyer à L.A. ? Faut dire que, moi, je m’amusais avec rien et que je ne me rendais pas compte qu’il était possible d’avoir des moments où on ne trouve rien d’intéressant à faire.

Je m’étais présenté et il fit de même. Il s’appelait Alexander. Un nom classe pour un type classe. Comme quoi, parfois, tout allait ensemble. C’était rare de voir des gens avec des noms de noble qui ne se comportait pas comme des nobles ou des gens avec des noms classes et ne pas être classe. En tout cas c’était ma vision, probablement très naïve, de la chose. Je lui souris.

Il me montra du doigt le groupe qui était entrain de jouer et j’observais désormais la scène. Il me demandait mon avis sur la chose tout en donnant le sien. Il disait qu’ils avaient un style mais qu’ils manquaient un peu de talent. Je me concentrais sur la musique, ayant déjà bien remarqué leur style punk prononcé. En fait, je remarquai vite qu’ils ne faisaient QUE des reprises des Clash et je trouvais ça un peu dommage. Quand à leur talent, étant moi-même un musicien investit, c’était difficile de rester objectif.

-J’aime beaucoup leur style. Mais c’est vrai qu’il manque quelque chose… Comme s’il n’y avait pas d’alchimie. Pour moi, ce qui compte dans un groupe, c’est que tous les musiciens se comprennent et qu’on voit qu’ils vont dans la même direction musicalement. Et puis, il ne font que des reprises, c’est donc difficile de voir s’ils savent créer quelque chose…

Je pouvais parfois passer pour un gamin insouciant. Mais quand ça parlait musique, je devenais tout de suite plus sérieux. Mais ce que je remarquai, aussi, c’était qu’Alexander semblait savoir de quoi il parlait. Peut-être faisait-il de la musique ? Ou alors c’était un type calé en musique tout simplement… Ca ne coutait rien de lui demander.

-Tu fais d’un instrument ? Ou alors t’es juste un connaisseur ?

Je bus une gorgée de bière tout en continuant de regarder Alexander.

J’étais de plus en plus intéressé par l’homme que j’avais en face de moi. Ses connaissances musicales étaient en grosse partie responsable de cet intérêt. Car s’il y avait bien un sujet sur lequel j’adorais discuter c’était bien celui de la musique. Et cela ne se cantonnais pas qu’à la musique punk. La musique punk, je la vivais mais j’aimais aussi toutes les autres déclinaisons qu’offrait le rock.

Il acquiesça quand je lui donnai mon avis sur le groupe qui se produisait à cet instant. Il semblait être d’accord. En même temps, j’avais forgé cet avis sur mon expérience personnelle. Dans mon groupe, on se connaissait depuis des années et on avait écouté la même musique depuis notre plus jeune âge. On avait donc le même feeling sur beaucoup de trucs qui touchait à la musique et c’est bien pour cela qu’on n’avait pas de mal à composer ensemble.

Alexander se définit comme étant un connaisseur qui joue d’un instrument. Cool ! Alors il jouait de quelques chose ! Cela me faisait sourire d’enthousiasme. Rencontrer un autre musicien cela ne m’arrivait que quand je sortais avec mon groupe en entier, mais jamais quand je me promenais seul. C’était bizarre… Enfin soit, il m’énuméra les instruments dont il jouait et je trouvais ça super impressionnant !

-Waw ! Même de l’harmonica ! Trop la classe ! J’aurais aimé savoir jouer d’autant de trucs, mais j’ai du mal avec les instruments à vent…

Peut-être un manque de souffle… Pourtant je n’avais aucun mal à chanter… Encore un truc bizarre… Soit, je finis tout de même par lui en dire plus sur mes compétences musicales.

-Moi, je suis guitariste et chanteur. J’ai un groupe et on fait essentiellement du punk. On compose tout nous même. On aimerait bien jouer dans des clubs et des bars comme ces types.

Je montrais du doigt les musiciens présent sur scène tout en me faisant la remarque à moi-même que, plus je les entendais, plus je trouvais qu’ils étaient mauvais…

-Mais je dois avouer qu’on a du mal à avoir une place pour faire un mini-concert. Il favoris les artistes déjà plus confirmé pour la plupart.

J’achevai ma bière et en commandai une autre.

-T’as un groupe, toi ? Ou tu joues juste pour le plaisir ?

Plein de questions me venaient en tête. Notamment celle de savoir comment il se débrouillait sur chacun des instruments qu’il avait cité et lequel il préférait. C’était toujours intéressant de voir le ressentis d’autres musiciens.

Alors que Duncan commandait une nouvelle bière et que je finissais ma deuxième vodka, il me demanda : ‘’T’as un groupe, toi ? Ou tu joues juste pour le plaisir ?’’. Je poussai un long soupir avoir de répondre d’un air grave : ‘’Je suis tout seul pour l’instant, et ce n’est pas la joie… Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire, mais je suis né pour jouer en groupe, moi…’’. J’allumai une nouvelle cigarette avant de reprendre : ‘’Du coup je m’ennuie, même si je prends beaucoup de plaisir à enregistrer des démos tout seul chez moi.’’.

La conversation était bien engagée, et j’avais réellement acquis l’impression que j’allai passer une bonne soirée, en la compagnie de cet homme sympa et avenant, qui me ressemble plus que nos apparences opposées laissent supposer.

J’entamais à peine ma seconde bière qu’Alexander était déjà entrain de finir sa deuxième vodka. Preuve qu’il avait l’habitude des alcools forts, parce qu’il me semblait rester très lucide. Moi, dés que je buvais le moindre alcool fort, je commençais à rigoler pour rien et à être extrêmement collant et ennuyant. Donc, j’évitais au maximum d’en boire, me contentant de quelques bières de temps en temps. Mais ce que je trouvais dingue, c’est que ce type avait l’air jeune et qu’il buvait d’une manière très mature.

Je lui avais beaucoup parlé de mes compétences musicales, de mon groupe, de mes ambitions. En fait, je ne crois pas avoir déjà parlé de ça à quelqu’un d’autre qu’à mon groupe ou à ma famille. D’ailleurs, pour être franc, je ne fréquentais qu’eux et cela me faisait beaucoup de bien de rencontrer quelqu’un d’autre. D’avoir un autre point de vue, de connaitre une tranche de vie de quelqu’un que je ne connaissais pas. Et, qui plus est, quelqu’un qui était musicien et qui savait donc de quoi il parlait. Pour faire autant d’instruments, il ne devait avoir une certaine expérience et, surtout, un envie de faire de la musique. Car, avant de devenir musicien, j’étais persuadé qu’il fallait être né pour comprendre et aimer la musique. Sans ça, impossible de jouer bien et avec tout son cœur.

Et quand je lui demandai s’il avait un groupe il poussa un soupire qui fit disparaitre mon sourire. Il m’avoua être seul mais qu’il désirait vraiment avoir un groupe. Pour l’instant, il composait ses démos seul… Je le regardais fumer la cigarette qu’il venait d’allumer. Quelque part, ce qu’il venait de dire me foutu un peu le blues. J’adorai faire de la musique, mais c’était clair que je m’ennuierai vite aussi si je n’avais pas mon groupe avec moi.

-Tu es seul ? Ca c’est pas cool à entendre. T’as l’air d’avoir beaucoup de talent, pourtant…

Je voulais vraiment l’aider car il m’était sympathique et que je détestais voir des gens pas heureux.

-Si tu fais des démos, c’est déjà pas mal. Tu as déjà essayé les annonces dans le journal ? Je connais des groupes qui se sont formé comme ça.

J’essayais vraiment de trouver des solutions à sa solitude. Et, en même temps, un soif d’en savoir plus sur lui me prenait. Peut-être que si j’en apprenais plus je pourrais l’aider efficacement.

-Tu fais quoi comme style de musique ?

C’était déjà une bonne chose à savoir sur les gens.

Je commençai à avoir un certain feeling avec ce type. C’était peut-être une impression de ma part ou tout simplement l’impression qu’il me donnait. En tout cas, le fait qu’il soit musicien et son intérêt pour la musique me donnait un bon retour sur sa personne. En fait, c’était rare quand je n’aimais pas quelqu’un, mais je ne m’attachais pas à n’importe qui non plus.

Je sentais que mes paroles le rassuraient un peu. Il me remercia même d’un signe de tête. Toutefois, j’étais quand même déçu de ne pas avoir la solution ultime à sa solitude musicale. J’étais désespérer sur le coup d’avoir un guitariste… On était même deux, vu que je faisais aussi de la guitare en même temps que de chanter. Si cela n’avait pas été le cas, j’aurais bien auditionné Alexander pour voir s’il collait à notre musique. Pour voir son talent en pleine action. Car c’était toujours cool de découvrir de nouveau musicien. De voir ce qu’ils ont dans le ventre et de les voir exprimer toutes leurs émotions au travers de leur instrument. Car, c’était ça un vrai musicien ! Enfin de mon point de vue… Car je savais que d’autres préféraient de loin la technique et la rapidité… Pourtant, pour moi, tu peu être aussi technique et rapide que tu leur veux, tu n’es pas pour autant un musicien qui sait faire passer les émotions dans sa musique.

Alexander répondit à ma question et je pouvais voir dans le ton de sa voix qu’il avait repris un peu d’espoir.

-Cool ! Je fais de la musique punk ! Mais j’aime aussi différente musique, particulièrement le rock.

Il me disait être ouvert à diverses musiques et je trouvais cela très intéressant. J’ai appris, avec le temps, qu’il n’y avait pas que le punk dans la vie et que diverse musique pouvait aussi provoquer beaucoup d’émotions en moi.

-Il faudra vraiment que tu me fasses écouter tes démos ! J’ai vraiment envie de savoir quel type de musicien tu es !

J’étais très curieux en fait. J’avais l’impression d’être un manager qui venait de trouver l’artiste du siècle alors que je n’avais même jamais entendu Alexander jouer.

-Au fait, tu viens de L.A. ?

Si c’était le cas, il connaissait peut-être des coins sympa que je n’avais pas encore découvert…

Mes bières se vidaient doucement et quand ma deuxième fut terminée je commandai une boisson non alcoolisé parce que je n’aimais pas être saoul et ne plus savoir mon chemin pour rentrer chez moi. Enfin plutôt, pour rentrer chez Jordan. Par contre, je voyais bien que l’alcool commençait à avoir son petit effet sur mon interlocuteur. Il titubait légèrement, à moins que cela ne soit un effet de mon imagination…

Quoi qu’il en soit quand je lui montrai tout mon enthousiasme envers ses démos il me répondit qu’il me les montrera à l’occasion. Génial ! J’étais content dans le sens où j’allais pouvoir découvrir sa façon de jouer, mais aussi j’étais content qu’il ne trouve pas ma curiosité trop déplacée. Certains me trouvaient bien trop encombrant et m’envoyait balader dés que je posais trop de question ou que j’étais trop enthousiaste. Quelque part, ça pouvait ce comprendre… Mais c’était juste ma façon à moi de faire connaissance et de montrer que les personnes que j’ai en face de moi m’intéressent. En gros, personnellement, je ne trouve pas ça déplacé… Mais ce n’est pas l’avis de tout le monde.

Je souris donc à Alexander d’un sourire très enthousiaste. C’est là qu’il me parla un peu plus de lui. Il était né à New York avant de déménager à Beverly Hill. Il venait de temps en temps à L.A. Tout ce que je savais de Beverly Hill c’était que c’était l’endroit où les riches habitaient.

Maintenant, je n’y avais jamais mis les pieds et je ne savais donc pas si tous les habitants de Beverly Hill étaient riche. Quoi qu’il en soit, j’étais loin de juger les gens sur leur statut. Chaque personnes est différentes et intéressantes sur certains points et c’est ça qui compte.

-New York ? J’ai toujours rêvé de visiter cette ville ! Ca doit être génial de faire un mini-concert à Central Park !

C’était un peu pour ça que je rêvais d’obtenir un contrat avec une maison de disques. Pour voyager ! Pour découvrir des facettes de ce si vaste pays qui était le mien. J’avais peut-être trop d’ambition, mais l’ambition peut-être bonne quand elle est bien gérée… Et, j’espérais, bien la gérée.

-Moi, je viens du Nevada… C’est là qu’on a grandit moi et les autres membres de mon groupe. Mais on est partit parce qu’il y a rien à foutre au Nevada… Je n’habitais même pas Las Vegas… Faut dire qu’il fallait des thunes pour habiter là-bas.

J’espère que je ne parlais pas trop. Que je ne l’ennuyais pas avec toutes mes histoires.

-L.A. c’est le paradis pour les groupes de musiques… Enfin c’est ce que tout le monde dit… Tu as jamais pensé à t’installer à L.A. même ? Tu aurais peut-être plus de chance de trouver un groupe…

C’était probablement stupide comme déduction… Mais j’étais toujours dans ma quête de solution au problème d’Alexander.

Je buvais, désormais, mon petit cocktail non alcoolisé. Quant à Alexander il finit par prendre une limonade. Je souris quand il commença à la boire. Peut-être avait-il un peu trop forcé sur la vodka et qu’il ne se sentait plus capable d’en boire plus… Cela me prouvait, probablement, qu’il était un type raisonnable, comme moi d’ailleurs. Même s’il tenait bien plus l’alcool que moi, c’était clair.

Il m’avait un peu parlé des endroits où il avait habité et j’étais très enthousiasmé par New York. Apparemment, Alexander avait de bons souvenirs de cette ville. Je n’arrivais pas à m’imaginer ce que ça devait être d’être un petit gamin dans une grande ville comme New York. Il y avait beaucoup d’animation dans ce genre d’endroit et ça devait être génial ! Même si Alexander me révéla que Central Park, ce n’était pas vraiment le plus bel endroit du mon en hiver. A vrai dire, j’avais toujours vu des photos de Central Park en été et j’étais incapable de m’imaginer cette verdure recouverte de neige.

-C’est sûr qu’il doit il y avoir moins de monde en hiver… Mais ça semble tellement magique comme endroit…

Il avait éclaté de rire et je ne savais pas s’il riait à cause du trop d’alcool qu’il avait ingurgité ou pour une chose que je n’arrivais pas à capter. Quoi qu’il en soit, son rire était communicatif et ça me faisait sourire.

Je lui parlai un peu de ma vie et du Nevada. Et j’approuvai les dires d’Alexander qui suivirent. C’était vrai qu’il y avait beaucoup de désert et ce n’était pas très joyeux… Mais je n’ai jamais regretté être né là-bas.

-C’est clair que ce n’est pas l’endroit le plus excitant pour passer son enfance et son adolescence. Mais c’est cet endroit là qui à forgé une partie de mon caractère. Sans ça, je serais jamais devenu le petit punk révolté que je suis aujourd’hui… Même si le Nevada n’est pas la seule chose qui m’a rendu comme ça.

Non, il y avait la mort de mon père et l’envoi de mon frère à la guerre du Viêt-Nam… Ces deux évènements m’ont marqué plus que tout autres. Mais je ne voulais pas pourrir l’ambiance qu’il y avait entre moi et Alexander par des histoires déprimantes. Car ce n’est pas en ressassant le passé que je vais arriver à aider mon nouvel ami dans sa quête d’un groupe.

Il avait d’ailleurs déjà pensé à la solution que je venais de lui proposer. Mais il était attaché au calme de Beverly Hill.

-Ouais, je comprends. L.A. est une ville mouvementée. Même si je ne suis jamais aller à Beverly Hill, c’est clair que ça ne doit pas être pareil du tout.

Je marquai une pause pour boire un peu de mon cocktail. L’endroit où il habitait était quand même réservé à des gens de haut revenus et je me demandais bien comment il avait réussit à habiter là-bas…

-Au fait… Comment tu as fait pour habiter à Beverly Hill ? Tu vis toujours chez tes parents ou alors t’as un super boulot ?

Je rigolai… Il n’était pas obligé de répondre sur ce coup-là… Ma question était peut-être trop indiscrète… J’étais vraiment incorrigible…

Il me parla plus amplement de Beverly Hill. Pour moi, cet endroit était à des années lumières de L.A., comme un endroit inaccessible ou je ne vivrais jamais. Et pourtant, c’était bien de la que venait mon nouvel ami. Il disait qu’il y faisait nettement plus calme, qu’on s’y sentait en sécurité et que l’ambiance était bien différente d’ici. J’avais du mal à m’imaginer l’endroit. Pour moi, Beverly Hill devait ressemblait à de grosses baraques entourée de mur ou de hautes haies avec des alarmes partout. Peut-être que j’étais bien loin de la vérité. Mais je comprenais bien l’envie d’Alexander d’y rester. J’approuvais de la tête les dires de mon interlocuteur.

Et quand je développai le sujet, il éclata de rire. J’avais l’impression que mes questions l’amusaient plus qu’elle ne l’embêtait. Quelque part, ce n’était pas plus mal, je n’aurais pas voulu qu’il soit mal à l’aise à cause de ça parce que ce n’était pas mon but. Il fumait sa cigarette tout en répondant simplement à ma question. Sa source de revenu était son oncle et ce dernier travaillait à Hollywood.

-Hollywood ?! Waw ! Quel chance t’as d’avoir pu voir les studios ! T’as déjà vu des acteurs célèbres ?

J’étais comme un petit garçon qui venait de découvrir qu’un de ses potes avaient peut-être côtoyé de grande stars. Qui avait vu les studios les plus célèbres du monde entier. Qui avait un membre de sa famille qui travaillait pour les plus grands du cinéma ! Mais la réalité était sûrement bien moins magique… Surtout que je fis enfin le lien… Il avait vécu avec son oncle… Mais où étaient ses parents pendant tout ce temps? J’avais vraiment très peur de poser la question parce que je savais que ce n’était sûrement pas joyeux. Quand un type vivait avec son oncle depuis assez longtemps cela signifiait soit qu’il y avait eu de gros problèmes familiaux… Soit pire… Et je savais ce que c’était de perdre un parent.

-Mais alors… Si tu as vécu avec ton oncle… Ce veut dire…

Je n’osais pas aller plus loin et j’affichai une mine bien moins réjouie. Je ne voulais pas déterrer des souvenirs peut-être très douloureux surtout que, maintenant, je considérais Alexander comme un de mes amis et j’étais persuadé que je serais amené à le revoir.

-Je suis désolé… On n’est pas obligé de parler de ça…

J’achevai mon cocktail ne sachant pas vraiment comment me rattraper.

La conversation si intéressante sur les endroits d’où on venait et qui m’avait donné envie de visiter autant New York que les studios d’Hollywood avait tourné vers quelque chose de bien plus dramatique. J’avais fais le lien entre le fait qu’il avait vécu avec son oncle et l’absence de ses parents et cela avait rendu l’ambiance bien plus triste. Je voyais le visage d’Alexander devenir moins réjouit. Il s’était décomposé, tout comme le mien.

Je m’en voulais. Pourquoi ? Parce que si je n’avais pas parlé de ses parents nous n’en serions pas arrivé-là. Je savais à cet instant que je venais de d’ouvrir veille cicatrice. Et pourtant je n’avais aucune envie de blesser Alexander. Je savais à quel point les souvenirs douloureux pouvaient être dévastateur surtout quand ils ressurgissaient à des moments inattendu. J’étais bien sûr qu’en venant ici, Alexander ne se serait pas douter une seule seconde devoir aborder un sujet pareil.

Je me retins d’aller plus loin dans cette conversation. Car, de toute manière, j’étais déjà aller bien trop loin. Je vis même Alexander effacer une larme et cela renforça encore plus la culpabilité qui me rongeait à cet instant, mais aussi la gêne que j’avais provoqué entre lui et moi. Ma mère plusieurs fois répéter que je devais faire attention aux questions que je posais aux gens car certaines pouvaient être embarrassantes, voir pire. Je n’avais pas compris pourquoi elle m’avait tant mis en garde. Jusqu’à aujourd’hui.

Je jouais nerveusement avec mon verre vide alors qu’Alexander s’était retourné vers la scène. Je ne savais quoi lui dire, ni comment m’excuser plus. Quand il reposa mon regard sur moi avec un sourire aux lèvres décrétant que tout cela n’était plus qu’un souvenir, je me détendis un peu. Je ne savais pas comment il avait fait pour se reprendre si rapidement. Moi je n’aurais jamais su. J’approuvai de la tête alors que la culpabilité se lisait toujours sur mon visage.

Il fallait que je me rattrape maintenant. Je ne pouvais pas le laisser seul avec ses mauvais souvenirs quels qu’ils soient.

-Dit Alex… Ca te dirait de venir chez mon frère. Il y a tous les instruments de mon groupe là-bas, tu pourrais me montrer ce que tu sais faire à la guitare…

C’était une proposition. Libre à lui de l’accepter au non. Mais je me sentais tellement coupable et j’avais tellement envie de lui changer les idées que j’espérai qu’il accepte.

-Mon frère n’est pas là, il bosse. Et mes potes sont sûrement à gauche ou à droite. Donc on aura l’appartement pour nous.

J’essayai de sourire un peu. Mais cela m’étais difficile après ce qu’il venait de ce passer.