Les studios de BSC s’étendaient devant moi. Ils étaient bien plus grands que ceux de MTI… Bien plus beaux aussi. En fait, tout ce que faisait Jimmy Reed était mieux que ce que faisait mon père. J’avais pris conscience de ça il y a bien longtemps.

J’avais les yeux rivés sur le gardien qui surveillait l’entrée. J’attendais patiemment qu’il prenne sa pause. Je ne pouvais pas être ici et cet homme ne me laissera jamais entré. La dernière fois que j’avais tenté d’entrer dans ces studios c’était il y a trois ans. Le gardien avait cru que je venais faire de l’espionnage industriel. Alors que tout ce que je voulais, c’était d’avoir une chance de voir Jimmy Reed.

Aujourd’hui, c’était pour Livia que je tentais d’entrer. J’avais sonné chez elle mais personne n’avait répondu alors je supposais qu’elle était en train de travailler ici.

Et j’avais très envie de la voir… Il n’y avait pas une seule seconde où je ne pensais pas à elle. Et quand on n’avait pas école et qu’on n’était pas chez l’un ou chez l’autre, le temps passait moins vite.

Le gardien finit par quitter son poste et je sortis de ma cachette pour foncer vers l’entrée. Arrivé à l’intérieur, je tombai nez à nez avec… Un autre gardien. Je me mordis la lèvre alors qu’il me regardait avec un air surpris.

-Julian Hughes…

J’avais ma tête d’un gosse pris la main dans le sac. Mais je troquais bien vite ça pour lever la tête comme le faisait si bien Jimmy Reed.

-Oui, c’est exact ! Je suis Julian Hughes ! Je viens apporter des cours à Olivia Cortez. Elle est dans ma classe.

Je disais ça avec beaucoup d’assurance. L’homme leva un sourcil avant d’éclater de rire. Il ne me croyait visiblement pas alors que ça aurait pu être vrai. Je levai les yeux au ciel alors que l’homme riait aux éclats.

Et, comme il se bidonnait comme un abruti, je décidai de lui fausser compagnie en courant.

-Hey !

Il prit le temps avant de démarrer ce qui me laissa une petite avance. Je m’enfonçai dans les couloirs en évitant les roadies sur mon passage. Ils regardaient tous la course poursuite en se demandant ce qu’il se passait.

Je finis par entrer dans un des studios où la lumière n’était pas rouge et donc où personne n’enregistrait. J’espérais avoir la chance de tomber sur Livia mais…

-Mince !

C’était Eddy Cort… J’avais fermé la porte derrière moi et j’étais plaqué contre celle-ci comme si ça allait empêcher le gardien d’entrer.

-Je… Je cherchais Olivia Cortez… J’ai des notes à lui donné… Mais ce gardien veut me foutre dehors.

Je m’adressais à Eddy parce que c’était la seule personne que j’avais en face de moi.

@ Billy Lighter

C’était notre dernier jour dans les studios BSC. Tout du moins pour ce qui était des finitions de l’album Sanitarium. La pochette définitive avait été imprimée et elle était magnifique ! Elle représentait bien ce qu’on voulait faire passer à ceux qui aimaient ce qu’on faisait.

Tout en buvant tranquillement une bière, bien plus lentement que je ne l’avais fait lors de la dernière visite de Daniele ici même, debout devant un micro qui n’était même pas branché, je lisais les notes qu’un des ingénieurs du son avait écrites. Mais la check-list était pratiquement complète, en fait. Ne restaient que des petits détails qui relevaient plus du l’ingénieur du son lui-même que de moi.

Les autres étaient déjà partis faire les courses afin de préparer comme il se devait la fête qui signerait la fin concrète de l’enregistrement de ce premier album studio de Roadtramp. Moi, j’étais resté, avec pour seule compagnie, les notes et mon casier de bière survivant (plus pour longtemps).

Je sursautai quand la porte du studio s’ouvrit à la volée, se refermant aussi vite sur un tout petit gars. Je le regardai, bouche bée, alors que mon cerveau se rappelait doucement où il avait déjà vu cette tronche-là.

-Julian Hughes ?

Je le regardais, les yeux écarquillés. Attends… Il était pas de chez MTI, lui ? Il avait un rapport avec MTI, je savais…

Il m’expliqua, essoufflé et le dos plaqué contre la porte, qu’il cherchait Olivia Cortez pour lui donner des notes. Mais que le gardien allait le foutre dehors.

-Heu…

Je me retournai et lui désignai un énorme ampli, largement assez grand pour qu’il puisse se dissimuler derrière. La surprise en moi commençait à faire place à l’amusement.

-Tu peux te planquer là-derrière.

Le garçon fut à peine hors de vue que la porte du studio s’ouvrit une nouvelle fois à la volée sur l’agent de sécurité des studios. Avec tout le bon matériel qu’il y avait ici, il n’était pas de trop pour éviter les vols.

Je lui fis mon plus beau sourire innocent.

-Salut Ty ! Les autres sont pas encore revenus avec les bières, tu sais. Laisse leur encore une heure ou deux…

Ty me regarda et secoua la tête.

-Je cours après Julian Hughes ! Tu l’as pas vu ?

Je haussai les épaules.

-Ah si, la dernière fois c’était dans L.A.People que je l’ai vu…

Il grommela, ferma la porte et parti à la recherche de l’adolescent. Moi, je lançai ma check-list sur une petite table, à côté de ma bière, et me laissai lourdement tomber sur l’ampli derrière lequel se planquait Hughes.

-Il t’aime vraiment pas, le Ty. Tu sais, je crois que Olivia a quitté les studios y a une demi-heure… C’est quoi, cette histoire de notes ?

@ Billy Lighter

Je m’étais réfugié dans le premier studio qui n’était pas en plein enregistrement. Et je tombai, nez à nez, avec Eddy Cort. Il sursauta au moment de me voir… Mais, comme le gardien, il ne tarda pas à me reconnaitre. Ça faisait bien longtemps que je ne pouvais plus me promener quelque part sans que quelqu’un me reconnaisse. Les photos de moi, à tout âge, s’étalaient dans les divers magazines people… Et ça, même si ma mère y mettait du sien pour éviter que les photos ne filtrent.

J’expliquai, brièvement, la situation à Cort avec l’espoir qu’il ne me donne pas au gardien de sécurité. Il m’avait l’air d’être un type bien quand on l’entendait en interview… J’espérais que ce n’était pas qu’une façade…

Il hésita… Avant de me montrer du doigt un gros ampli et m’invita à me cacher derrière. Je bondis derrière l’ampli me recroquevillant assez que pour éviter qu’un bout de mes vêtements ne dépasse. Je retins ma respiration quand j’entendis la porte s’ouvrir. Je ne voulais pas me faire jeter dehors !

Cort prit la parole et parla à Ty… Il disait que les autres n’étaient pas encore revenus avec les bières. J’écoutai attentivement en retenant, toujours, ma respiration. Comme si le gardien de sécurité allait m’entendre respirer. Ty, c’était le nom du gardien… Et il demanda à Cort s’il ne m’avait pas vu. J’hochai négativement, inconsciemment, la tête. Et je failli rigoler quand j’entendis la réponse de Cort. Il venait de me sauver d’une humiliation.

Je repris brutalement ma respiration quand le gardien de sécurité s’en alla. Mais je ne bondis pas tout de suite hors de ma cachette. J’avais peur qu’il revienne d’un seul coup.

Cort s’approcha alors de moi constatant que Ty ne m’aimait pas. Ce n’est pas vraiment moi qu’il n’aimait pas… C’était mon affiliation à MTI. Une affiliation que je n’avais même pas demandée… Elle m’avait été donnée à ma naissance.

Je me redressai alors que Cort déclara que Livia était partie depuis une demi-heure. Je fis une moue de mauvaise humeur. Je l’avais raté de peu…

-Merde !

Je mis ma main devant ma bouche par réflexe après ce gros mot. Et je la retirai bien vite à la question de Cort.

-Livia est dans ma classe. Elle a raté quelques cours à cause des enregistrements et je suis chargé de lui remettre mes notes pour qu’elle puise se remettre en ordre.

C’était un mensonge… Mais je n’avais pas vraiment le choix. Je regardai le studio autour de moi avant de reposer mon regard sur Eddy en croisant les bras avec autant de prestance que Jimmy Reed.

-Ty ne m’aime pas parce que je suis le fils de Don Hughes. Cet idiot croit que je suis ici pour espionner pour mon père. Mais je ne rabaisse pas à ce genre de pratique.

Je parlais d’une façon très maniérée essayant d’être aussi percutant que Reed.

-Roadtramp a fini d’enregistrer son album ?

Ma question contredisait ce que je venais de dire mais ce n’était pas grave. En fait, c’est par curiosité personnelle que je posais la question. Et puis, que Roadtramp sorte, très bientôt, un album n’était pas un secret. La rumeur courait que le bébé de Roadtramp était prévu pour les fêtes.

@ Billy Lighter

J’avais sauvé la mise à Julian Hughes ! C’était pas tous les jours que je pouvais donner un coup de pouce à une star ! Il s’était planqué derrière un ampli et petit comme il était, Ty n’y vit que du feu et je le déviai en plus de la bonne route. Bah, c’était pas comme si Julian allait faire du grabuge.

Enfin je crois pas…

Le petit gars, et je dis petit juste parce qu’il était vraiment petit, pas parce qu’il était jeune, me dit qu’il était là pour apporter des notes à Olivia, mais je lui dis qu’il l’avait raté de peu… Je l’avais croisée alors qu’elle partait une demi-heure plus tôt avec Apolline Mclagan… Mais je ne pouvais pas parler d’Apolline Mclagan, Daniele avait dit que c’était Top Secret et que Jimmy Reed allait nous couper les couilles si on le disait à quiconque.

Je croyais pas trop à cette histoire de castration… Mais dans le doute, abstiens-toi, petit Cort.

J’eus un grand sourire quand, appuyé sur l’ampli pour observer Hughes qui se redressa, il me précisa que Livia était dans sa classe, qu’il était venu lui apporter les notes des cours qu’elle avait ratés à cause des enregistrements.

Je le pointai d’un index amusé :

-Aaaah t’es le petit copain de Livia, en gros.

L’adolescent disait que Ty ne l’aimait pas parce qu’il était le fils de Don Hughes et qu’il pensait qu’il venait ici pour espionner.

Je pouffai de rire et me redressai à mon tour, ce qui, sans que je m’en rende vraiment compte, bousilla tout l’effet que Julian, les bras croisés et la tête haute avait voulu donner. Maintenant, s’il levait la tête, c’était uniquement pour pouvoir me regarder parce que j’avais quelques têtes en plus que lui…

-Ah ouais…

Je me dirigeai vers le casier de bières et en décapsulai une avec mes dents avant de revenir vers l’adolescent.

Julian me demanda alors si on avait terminé notre album et je rigolai.

-Parce que c’est pas de l’espionnage ça ?

Je lui tendis la bière que j’avais décapsulée.

-Tiens, prend ça.

Puis j’allais récupérer celle que j’avais entamée avant d’aller m’asseoir sur l’ampli qui avait servi de cachette au petit gars.

-Ouais on a fini. Ça s’appelle Sanitarium.

Je pris une bonne gorgée de ma bière.

-A moi, maintenant : t’es amoureux d’Olivia. Hein ? Pas vrai ?

@ Billy Lighter

Cort m’avait sauvé la mise. Je n’allais pas me faire virer par le gardien de sécurité. C’était tant mieux parce que je n’avais pas envie d’être sorti d’ici comme un malpropre.

Je pus sortir de ma cachette et expliquer à Eddy la raison de ma visite. La raison que j’avais inventée de toute pièce. La vraie étant que j’étais ici avec la seule envie de voir Livia.

Cort me pointa du doigt en disant que j’étais le petit copain de Livia. Je secouai la tête négativement. Qu’est-ce qu’il venait de dire là ? Ça ne pouvait pas se voir ce point-là quand même ! J’essayais de ne pas rougir.

-Non, pas du tout.

Pour changer de sujet, j’expliquai pourquoi Ty voulait absolument me mette dehors. Etre le fils de Don Hughes avait ses avantages mais aussi ses inconvénients comme celui d’être facilement reconnu par tout le monde. Je parlais à Eddy avec toute la prestance possible. Mais il pouffa de rire cassant tout mon effet. Je fis une petite moue. Se moquait-il de moi ?

Il s’éloigna un peu pour ouvrir une bière pendant que je lui demandais si l’album de Roadtramp allait bientôt sortir. Ok, c’était malvenu de lui demander ça juste après avoir dit que je n’étais pas ici pour espionner… Mais j’avais envie de savoir par curiosité uniquement. Et parce que j’aimais la musique de Roadtramp.

Eddy Cort, en rigolant, me demanda si ce n’était pas de l’espionnage. Je me défendis :

-Non, c’est juste de la curiosité.

Il me tendit la bière. Je la pris en la regardant un long moment. Je n’avais jamais bu de l’alcool et ce n’était pas aujourd’hui que j’allais commencer. Je gardai la bouteille en main regardant Eddy prendre la sienne et me dire que l’album était fini et s’appelait Sanitarium. J’avais une information importante mais il n’y avait que le fan de musique en moi qui parlait.

-Superbe titre. J’aime déjà !

Je prenais encore mon petit air à la Jimmy Reed. Mais Eddy me ramena vite sur terre en me demandant si j’étais amoureux de Livia. Je fis la moue fronçant les sourcils.

-Non, pas du tout. C’est une collègue d’école, rien de plus. On a été mis en équipe toute l’année, c’est donc moi qui suis chargé de l’aider à se remettre en ordre. Je ne suis pas amoureux. J’ai d’autre chose à penser que ça.

Je rougis malgré moi et m’écartai un peu d’Eddy pour poser la bouteille de bière sur un ampli.

-Et je ne bois pas d’alcool... Ça grille les neurones.

Je croisai les bras en regardant Eddy.

-Tu connais bien Livia ?

C’était une simple question. Livia côtoyait beaucoup de vedette comme… Stone.

@ Billy Lighter

Je fis une moue sceptique quand Julian affirma qu’il n’était pas du tout le petit-ami d’Olivia. Mais je n’eus pas le temps d’argumenter qu’il changea de sujet en parlant de Ty et d’espionnage. Sérieusement ? De l’espionnage ? Moi, ça me faisait marrer parce que je n’imaginais pas que les maisons de disques pouvaient se faire des coups pareils.

J’imaginais même pas… Comme quoi, même si Daniele disait que j’avais évolué, je n’avais quand même pas mis toute ma naïveté au placard.

Mais n’empêche que j’avais quand même demandé au garçon en rigolant si c’était pas de l’espionnage, peut-être, les questions qu’il posait. Il répondit que ce n’était que de la curiosité et ça, je voulais bien le croire.

Je lui avais donc dit que notre album allait bel et bien sortir et je lui avais même donné le titre. Et une bière aussi que je lui avais donné. Parce que c’était comme ça. C’était un gars, il était avec moi, fallait qu’il ait une bière en main.

Il aimait bien le titre. Assis sur mon ampli, ma bière en main moi aussi, je lui souris :

-Merci ! Ça nous fait déjà un album vendu.

Je pouffai de rire.

-Et chez MTI en plus ! C’est Daniele qui va être content !

L’adolescent se donnait des grands airs… mais il était sérieusement petit… je savais pas qui il voulait impressionner surtout que dès que je parlais de Livia, il perdait tous ses moyens pour redevenir juste un petit garçon.

Je lui souris. Ça me rappelait des souvenirs pas si lointains de quand Zoey et moi, on était à l’école… Sauf que je lui ramenais pas ses notes et qu’elle me ramenait pas les miennes. Moins on entendait parler de l’école, mieux on se portait et quand on y était, on faisait que se serrer les coudes parce que les profs étaient pas tendres avec nous.

-« Non pas du tout »… Mouais. Crois-en ma faible expérience, un « non pas du tout » peut vite devenir un « non pas encore » et finir par se transformer carrément en un « oui tout à fait ! ».

Je finis ma bière d’une traite alors que Julian s’écartait un peu pour poser la sienne à laquelle il n’avait même pas encore touché en annonçant qu’il ne buvait pas d’alcool parce que ça grillait les neurones. Je rigolai.

-Bah file-la-moi alors… La laisse pas là toute seule… Mes neurones à moi baignent dedans.

Julian, lui, revint sur Livia… Mais à part ça, il était pas amoureux.

-Tout dépend de ce que tu veux savoir… Elle boit de la bière avec de la grenadine dedans, déjà.

@ Billy Lighter

Eddy m’avait dit le titre de l’album et je le trouvais très bien. J’avais hâte de pouvoir l’écouter… Avec Livia, par exemple. J’adorais écouter des albums avec elle.

Tout en parlant, je me retrouvai avec une bière en main. Je ne buvais pas d’alcool. Tyler, à chaque « sortie », me proposait toujours une bière ou un verre d’alcool fort… Mais je refusais toujours. Je voulais garder toute ma tête. Je n’y touchai, donc, pas alors qu’Eddy disait que ça faisait déjà un album de vendu. A MTI qui plus était. Je repris mon air à la Jimmy Reed. En levant la tête bien haute. Même si c’était un peu inutile étant donné la taille de Cort.

-Mon père est chez MTI. Moi, je suis au-dessus de toutes ces rivalités. Elles ne m’intéressent pas.

Mais, alors qu’on parlait de musique et de maisons de disques, Eddy revint sur Livia en déclarant que j’étais amoureux d’elle. Ce que je niai catégoriquement. Mais Cort déclara que tout ça pouvait changer. Qu’un « non pas du tout » pouvait devenir un « oui, tout à fait ! ». Je fronçai les sourcils.

-En attendant cet improbable dénouement, c’est un « non pas du tout » ! Livia est juste une collègue de travail…

Je fronçai les sourcils. Je prenais les suppositions de Cort comme des intrusions. Je n’avais pas envie que mon amour pour Livia éclate au grand jour. Sinon, ça allait arriver aux oreilles de ma mère.

Je finis par déposer ma bière en clamant que je ne buvais pas parce que ça grillait les neurones. Cort voulait la boire pour moi disant que ses neurones baignaient déjà dedans. Je levai un sourcil avant de lui donner la bière.

-C’est stupide… Mais c’est comme tu veux…

Il était grand. S’il voulait se détruire à coup d’alcool, c’était son problème.

Dans un autre élan de curiosité, je demandai à Cort s’il connaissait Livia. Ma petite-amie connaissait beaucoup de gens dans le monde de la musique. Presque autant que moi. Elle avait même côtoyé Howard Stone pour mon déplaisir… Elle était même allé très loin avec lui. C’est pour ça que je demandai à Eddy s’il la connaissait… Et il me répondit qu’il savait qu’elle aimait mettre de la grenadine dans sa bière. Je levai un sourcil. Je n’avais jamais vu Livia boire de la bière. Il faut dire qu’hormis chez moi ou chez elle, on était jamais allé trainer en ville ou des trucs comme ça. J’haussai les épaules.

-Ah… Je ne savais même pas qu’elle aimait la bière…

Je supposai que ça me donnait une preuve que je n’étais qu’un « collègue de travail ».

-Alors tu as déjà fait la fête avec elle ? Je suppose que c’est ce qu’on fait quand on est célèbre comme elle et qu’on fréquente des rockstars.

J’essayais, par mes affirmations, d’obtenir plus d’informations. Mais je ne savais pas si ça allait marcher.

Je m’installai sur un ampli. Et je sortis mon paquet de cigarette de ma poche pour en griller une.

@ Billy Lighter

Je regardais Julian lever la tête avec une moue sceptique. Il avait mal au cou ou quoi ? Ou même assis sur l’ampli, j’étais encore trop grand et fallait qu’il lève la tête pour me regarder dans les yeux ? Mais non, en fait, il se donnait juste des grands airs. C’est ce que je compris quand il affirma haut et fort qu’il était au-dessus des rivalités entre les maisons de disque… Ah ouais, je voyais ça puisqu’il cherchait désespérément Livia.

Je haussai les épaules, et rotai avant de sourire :

-Ok, ok ! T’excites pas comme ça… Comme t’es le fils de Don Hughes, je croyais que t’étais rival de BSC tout pareil… Et c’est ce que Ty crois aussi apparemment. Peut-être tu devrais lui expliquer ça…

On avait parlé de Livia et du « non, pas du tout » qui pouvait se changer en un « oui, tout à fait ». Mais Hughes, il y croyait pas à ma théorie et que Livia, c’était juste sa collègue de travail.

-Ouais bah je disais juste ça parce que c’est ce qui m’est arrivé à moi, hein… C’est juste une issue possible…

Je voulais pas l’énerver le gars, moi… Et puis tiens, puisqu’il voulait pas de sa bière, qu’il me la donne. Julian trouvait ça stupide et je haussai encore une fois les épaules.

-Bah non, le gaspillage c’est juste mal.

Il était peut-être pas amoureux, mais il avait quand même que Livia à la bouche, ce gamin. Il me demanda si je connaissais bien Livia et la première chose qui me vint à l’esprit, c’était que contrairement à lui, la jeune fille buvait de la bière, elle. Avec de la grenadine dedans, ok, mais ça allait évoluer en grandissant et bientôt, elle en aurait plus besoin, comme quand on enlève les petites roues à un vélo…

Le garçon sembla déçu et affirma qu’il ne savait même pas qu’elle aimait la bière. Je pris une grande gorgée de la mienne avant d’ajouter.

-Elle aime pas vraiment ça en fait, puisqu’il lui faut de la grenadine dedans. T’aurais dû voir sa tête quand on lui en a fait boire.

J’en rigolais encore rien qu’à y repenser.

Julian, lui, continua ses questions.

-Ouais, une fois. La première fois qu’on l’a rencontré en fait. Elle venait de signer chez BSC, si je me rappelle bien. Elle avait voulu fêter ça et était entrée au Stryge…

Je grattai ma tête…

-Je crois que c’était au Stryge, je suis plus sûr. Enfin soit… Elle était là au Stryge, bien sympa et tout. On croyait qu’elle était majeur, nous, du coup… Clepto, mon pote, avait complètement flashé sur elle…

Je regardai Julian qui s’était assis sur un ampli et se grillait une clope, tranquille.

-Mais il s’est jamais rien passé entre eux, je crois… Au cas où tu voudrais savoir…

Je désignai sa clope.

-Et tu sais que ça tuera tes neurones aussi sûrement qu’une bonne bière, ce truc ? Espèce de petit hypocrite…

Je rigolais, bien évidemment. Il faisait ce qu’il voulait…

@ Billy Lighter

Je clamai haut et fort que j’étais bien au-dessus des rivalités entre MTI et BSC. Je savais que mon père, une fois à la retraite et moi majeur, me donnera les rennes de MTI. Il me le répétait sans cesse. Mais je n’en avais pas vraiment envie. Je voulais créer tout autre chose ! J’avais plus d’ambition que de diriger une simple maison de disques. Je ne voulais pas être un simple homme d’affaire ! Je voulais créer des choses !

Eddy croyait que comme j’étais le fils de mon père, j’étais du même coup rival de BSC. J’hochai négativement de la tête. Je ne suivais pas le troupeau ! Il disait que je devrais expliquer ce que je venais de lui dire à Ty.

-Je le lui ai déjà expliqué la dernière fois… Il ne m’a pas cru.

Ty ne voulais rien entendre. Ce n’était qu’un homme qui suivait les ordres.

La conversation revint très vite sur Livia. Et je clarifiai les choses en disant qu’on était que collègue de travail. Mais Eddy restait quand même sceptique. Je fis la moue. Personne ici ne voulait me croire. J’étais un si mauvais menteur ? Il expliqua qu’il avait dit ça parce que ça lui était arrivé à lui.

-Oui, possible mais pas obligatoire.

J’abandonnai la bière qu’il m’avait offerte. Je ne buvais pas d’alcool et je le lui expliquai. Il s’empara de la bière disant que le gaspillage, c’était mal. Je levai un sourcil.

-L’alcoolisme aussi…

Et je ne pus m’empêcher de demander à Eddy ce qu’il savait de Livia. S’il la connaissait bien ou non. Ce n’était pas par jalousie… Enfin, je crois… Et il déclara que Livia aimait la bière avec de la grenadine. De quoi me rendre perplexe parce que je ne savais pas que Livia aimait ça. Mais le chanteur de Roadtramp ajouta que si elle mettait de la grenadine, c’était qu’elle n’aimait pas tant que ça.

-Quel est l’intérêt de boire quelque chose qu’on n’aime pas ?

Moi, je ne savais pas si j’aimais l’alcool ou non. J’avais juste toujours refusé d’en boire pour les effets.

Ma curiosité n’était pas encore rassasiée et je posai d’autres questions sur Livia et Roadtramp. Eddy disaient qu’ils s’étaient rencontrés au Stryge. Je levai un sourcil. Livia avait réussi à entrer au Stryge malgré son âge. Je ne crois pas qu’elle m’ait déjà raconté cette histoire. Je passais pour un enfant un peu trop sage à côté d’elle. Je fis une petite moue qui s’agrandit quand il disait que Clepto avait flashé sur ma petite-amie. Mais rien ne s’était passé entre eux, apparemment ce qui me rassura un peu. Une histoire comme celle de Stone, ça suffisait.

-Je ne veux rien savoir… Je lui demanderais juste comment elle a fait pour s’introduire au Stryge sans se faire prendre. Ça pourrait me servir.

Je venais de me griller une cigarette. C’est souvent ce qui arrivait quand je me sentais pris au piège. Et qu’Eddy Cort pense que je puisse aimer Livia me donnait l’impression d’être pris au piège.

Evidemment, que je fume une cigarette me valut la dénomination d’hypocrite. Cort riait et je crachai la fumée vers lui.

-Peut-être mais je garderais les idées claires, moi.

Je désignais ses bières.

-Les bières ça fait perdre la raison.

Je me relevai de l’ampli faisant quelques pas dans le studio. Les installations ici étaient fort similaires à celles de chez MTI. Pourtant, l’une et l’autre maison de disques disaient avoir un meilleur matériel que l’autre.

J’allais me retourné vers Cort quand la porte du studio s’ouvrit à la volée pour faire apparaitre Ty. Mon regard croisa le sien. Et le temps fut comme suspendu quelques secondes.

-Sale petit gamin !

Il regarda Cort.

-T’aurais pu me le dire que le petit fouineur était ici…

Il s’approcha de moi d’un pas décidé alors que je reculais jusqu’à atteindre le mur derrière moi. Je ravalai ma salive alors que Ty m’empoigna le bras. Pas spécialement violement mais assez pour appuyer sur un de mes hématomes. Je criai de douleur. Ty leva un sourcil.

-J’ai pas appuyé fort, petit…

Je réussi à sortir mon bras de l’emprise de Ty.

-Je sais où est la sortie… Pas besoin de me tirer par le bras.

Une larme de douleur coula le long de ma joue mais je n’y prêtai pas attention.

@ Billy Lighter

Je penchai la tête, amusé, entre deux gorgées de bière.

-La dernière fois ?

Ce n’était donc pas la première fois que le petit Hughes s’introduisait dans les studios de BSC. Mais je n’en sus pas plus. Julian semblait obsédé par Livia et voulait en savoir plus, même s’il affirmait toujours que la blondinette n’était que sa camarade de classe ou sa « collègue de travail », comme il disait.

Moi, je pensais qu’ils allaient devenir plus que ça avec le temps, comme ça s’était passé pour Zoey et moi. Mais lui, il disait que c’était pas obligatoire. Je levai ma bière vers lui, comme si je portais un toast.

-Ben tu sais pas ce que tu rates.

On parla donc d’Olivia Cortez, quand même, puisqu’il ne voulait parler que de ça. Je ne savais pas trop si avoir ce genre d’information sur la jeune fille comptait comme espionnage industriel, mais je supposais qu’en tant que camarade de classe de Livia, à la longue, il allait quand même finir par en savoir plus que moi sur elle.

Alors j’avais juste raconté à Julian comment s’était passé notre première rencontre avec la jeune fille. Je haussai simplement les épaules quand le petit demanda quel était l’intérêt de boire quelque chose qu’on aimait pas.

-L’univers est plein de questions sans réponses. Qu’est-ce tu veux que je te dise… ?

Je continuai mon histoire mais ce que Julian trouva particulièrement intéressant, ce fut de savoir comment elle s’était introduite au Stryge.

-Bah je vais te dire, j’aurais jamais cru ce soir-là qu’elle avait 16 ans.

J’avais pas trop les yeux en face des trous, ce soir-là, fallait dire.

Julian s’alluma une cigarette et l’odeur empli directement le studio et je me permis quand même de lui faire remarquer que c’était pas mieux de fumer que de boire. Mais l’adolescent avait des arguments, disant que lui, il garderait les idées claires. Je rigolai.

-J’ai les idées claires moi ! C’est juste que t’as pas l’habitude…

Mais nos réflexions furent interrompues par un Ty furieux qui avait refait son apparition dans le studio. Même qu’il me fusilla du regard moi aussi en me disant que j’aurais pu lui dire que Julian était ici.

-Wow… Relax, c’est pas comme si on était au Pentagone…

Je me levai de l’ampli au moment où l’agent de sécurité empoigna l’ado.

-Hey ! Calme ! Lâche-le, il a rien fait de mal. Toi, tu lui fais mal par contre !

Mais ce fut Julian qui arriva à se défaire de l’emprise de Ty. Et là, ce fut à mon tour de fusiller Ty du regard. Il avait déconné pour la cause. Et comme je dominais Ty d’une tête au moins, il fit un peu moins le malin quand il vit que j’étais pas forcément content de voir ça.

-Tu te crois où ? C’est qu’un môme, Ty !

Je marquai une pause.

-Tire-toi. Moi, je vais raccompagner Julian dehors. Et m’excuser pour toi au passage.

Je me baissai pour ramasser la cigarette de Julian qui était tombée par terre dans l’aventure et la lui rendit alors qu’elle de consumait toute seule avant de poser une main dans son dos pour l’accompagner vers la sortie, mais surtout loin de Ty. J’avais remarqué la larme qui avait coulé le long de la joue de l’ado, mais je ne relevai pas.

-Je suis désolé, Julian. Je sais pas pourquoi ça leur fout autant les jetons de te voir là…

@ Billy Lighter

Dans mes explications, je laissai filer le fait que j’étais déjà entré ici auparavant. Et ça amusa et intrigua Cort. La dernière fois datait d’il y a un moment mais je ne pris pas le temps de l’expliquer à Eddy. Ma mère m’avait toujours dit de ne pas trop en dire aux gens que je rencontrais. Que toute information pouvait, un jour, se retourner contre moi. Qu’on ne pouvait faire confiance à personne dans ce monde. Sauf à elle… Elle, je pouvais lui faire confiance parce qu’elle était ma mère et qu’elle ne voulait que mon bien. C’est ce qu’elle me disait toujours.

Eddy essayait de me faire comprendre que je risquais, un jour, de finir avec Livia. Chose que je réfutai complètement. Il disait que je ratais quelque chose et je fis la moue en haussant les épaules montrant que je n’en avais rien à faire.

Mais ça ne m’empêcha pas de poser des questions sur Livia et Roatramp jusqu’à apprendre que ma petite-amie avait bel et bien fréquenté le groupe. J’appris que le batteur de Roadtramp avait flashé sur Livia mais que rien ne s’était passé entre eux. J’appris aussi que Livia buvait de la bière sans aimé ça ce qui souleva beaucoup d’interrogations en moi qu’Eddy n’arrivait pas à résoudre. Peut-être que Livia avait bu ça pour faire comme tout le monde… Tyler faisait ça parfois… Moi, je ne trouvais aucun intérêt à suivre le troupeau.

Mais ce n’était pas la seule question que j’avais. Je me demandais aussi comment Livia avait fait pour entrer au Stryge malgré son âge. Mais Eddy disait, lui-même, qu’il n’aurait pas cru qu’elle avait 16 ans. J’haussai, à nouveau, les épaules.

-Elle fait ses 16 ans, je trouve… Je ne lui donnerais pas plus.

C’était peut-être parce que je la voyais souvent et parce que je la connaissais. Mais je ne trouvais pas qu’elle faisait plus âgée que ses 16 ans.

Mais il fallait dire qu’Eddy Cort buvait beaucoup et qu’il avait dû faire pareil le jour de sa rencontre avec Livia. C’est peut-être pour ça qu’il n’a pas su déduire l’âge de ma petite-amie. Alors, quand il me fit remarquer que fumer grillait autant les neurones que l’alcool, je me défendis en disant que fumer ne m’empêchait pas de garder les idées claires. Il rétorqua en disant qu’il avait les idées claires et que ce n’était qu’une question d’habitude. Je levai un sourcil.

-Je doute qu’en buvant ne serait-ce que trois bière on ait encore les idées bien claires. Que l’on soit habitué ou non.

J’avais déjà vu ma mère, mon père ou encore Hank boire de l’alcool. Ils commençaient à ne plus avoir les idées très claires après trois ou quatre verres. Alors qu’ils avaient l’habitude tous les trois même si on ne pouvait pas les considéré comme des alcooliques…

Mais peut-être avais-je un alcoolique face à moi ? Dans ce cas, je doute qu’il ait les idées claires tout court que ça soit avec ou sans alcool dans le sang.

Mais je ne pus pas parler plus avec Cort parce que Ty entra dans la pièce. Il était furieux sur moi et sur Cort. Eddy essayait de se défendre de n’avoir rien dit mais Ty m’empoigna quand même par le bras ce qui m’arracha un cri de douleur parce que Ty était en train d’appuyer sur l’un de mes nombreux hématomes.

Cort protesta disant que Ty me faisait mal. Entre temps, je réussi à sortir mon bras de l’emprise du gardien de sécurité qui avait été surpris de mon cri de douleur.

-J’ai à peine appuyé !

Ty se défendait mais ça n’empêcha pas Cort de le fusiller du regard. Je me frottais le bras disant que je trouverais bien la sortie seule après que Cort ait engueulé Ty à sa façon. Le chanteur acheva la conversation en disant qu’il allait me raccompagné dehors.

Je me frottai toujours le bras, une larme de douleur ayant coulé le long de ma joue. Cort ramassa ma cigarette que je repris entre mes doigts.

-Merci.

Je tirai une fois dessus suivant Eddy hors de la salle où Ty était resté marmonnais que je jouais la comédie.

Je marchai vers la sortie pendant que Cort s’excusais pour Ty. J’haussai les épaules, le visage fermé et le regard vers le sol.

-Ce n’est pas grave… Je pense que la rivalité entre les deux maisons de disques monte à la tête de tout le monde dans cette ville. C’est tout.

Etre une star, ça avait ses inconvénients. Et ils étaient désagréables. Arrivé dehors, je me tournais vers Eddy.

-Merci de m’avoir raccompagné… Ça aurait été moins drôle si ça avait été Ty qui l’avait fait.

J’hochais la tête en signe de reconnaissance avant de jeter ma cigarette au sol et de l’écraser avec mon pied. Je relevai le regard vers Cort.

-On se reverra peut-être. A bientôt.

Je lui fis signe avant de tourner les talons pour rentrer chez moi.

@ Billy Lighter

Soit ce petit gras croyait tout savoir, soit il en savait réellement plus que moi, ce que j’étais prêt à accepter. Je le trouvais quand même sympa, le Julian Hughes… Puis la seule chose qui semblait l’intéresser, c’était Olivia Cortez.

Bon, je le laissais dire qu’il était pas amoureux la jeune fille, même si j’étais persuadé du contraire ! J’étais peut-être un grand imbécile avec pas grand-chose dans le crâne et beaucoup trop de bière dans l’estomac, mais j’étais pas totalement con quand même. Si Livia ne l’intéressait vraiment pas, il poserait pas autant de questions sur elle. D’autant que vu les questions qu’il posait, je doutais que ce soit de l’espionnage industriel.

Mais notre rencontre fut brusquement interrompue par le zèle mal placé de Ty. Moi qui le trouvais sympa, jusqu’ici, apparemment, il était allergique à tout ce qui touchait de près ou de loin à MTI. Et il ne fut vraiment pas cool avec le garçon en l’empoignant comme un malpropre alors qu’il n’avait rien fait de mal.

Ça eut le don de me mettre en colère, surtout que Julian sembla avoir vraiment mal.

Et très sincèrement, j’étais gêné du comportement de l’agent de sécurité. Qu’il soit là pour éviter les vols, je comprenais avec tout le matériel qu’il y avait ici. Mais éjecter un gamin sous prétexte qu’il était le fils de Don Hughes, c’était un peu déconner.

J’engueulai Ty avant de raccompagner Julian jusqu’à l’extérieur en m’excusant pour le comportement de l’agent de sécurité.

-Il avait pas à te faire mal.

Si je le recroisais à l’intérieur, j’allais probablement l’engueuler bien plus fort que je ne l’avais fait jusque-là.

Mais Julian mettait ça sur le compte de la rivalité qui montait à la tête de tout le monde. Je secouai la tête négativement.

-Pas moi. Je te ferai parvenir des places pour la tournée. Si ça te dit de venir.

Je souris quand après avoir écrasé sa clope à terre, il releva son regard vers moi.

-Sûr qu’on se reverra.

L’adolescent me fit un dernier signe avant de s’en aller pour de bon. Je me retournai vers les studios.

-TY !!!

Ty allait passer un sale quart d’heure.

@ Billy Lighter