Je suis un vrai petit gars de L.A.! J'ai grandi dans ses rues bondées et chaudes, comme si c'était les veines d'une créatures déchaînée. J'ai appris à vivre avec sans m'en rendre compte... Je suis l'enfant de cette ville autant que celui de mes parents. Parce que L.A., on l'a dans la peau ou elle vous bouffe tout cru.

Très jeune, j'ai échappé à la vigilence de mes parents, de bons chrétiens sans pour autant être extrémistes, tout du moins à cette époque, mais ils allaient être de plus en plus proches d'une secte au fil des années, ce qui finira par nous éloigner. Et à 11 ans, je flânais avec ceux de mon âge dans le skate park du quartier. Certains de mes potes faisaient du BMX, d'autres, du skate... Mais il y en avait toujours au moins un pour emporter avec lui un transistor portable... Et un autre, "Clepto", qui nous sortait toujours de ses poches les derniers albums de nos groupes favoris en version cassette.

On en passait, des heures, à traîner là à écouter de la musique. Tellement que je pense que si on avait passé mon adolescence en accéléré, on aurait pu me voir grandir, attrapant simultanément des boutons et de la barbe alors que mes cheveux blonds devenaient de plus en plus longs, le cul assis sur le banc du skate park.

C'est Clepto qui, quand on a eu 14 ans, m'a un jour proposé de venir chez lui pour qu'il me montre sa batterie. Evidemment, j'ai pas pu résister à l'envie d'essayer! J'ai eu vite compris que j'étais né pour ça. Le rythme, je le captais assez vite et je pouvais le reproduire... Mais l'instrument qui m'attirait le plus, c'était la guitare...

Je me suis donc mis à faire des petits boulots comme livreur de journaux puis vendeur dans un magasin de disque quand j'eu 16 ans. Ca ne plaisait pas à mes parents qui recevaient de plus en plus de cartes d'absence de la part de l'école... Mais j'avais beau me faire engueuler, ça entrait par une oreille et ça ressortait par l'autre... D'autant qu'en cachette, mon père me soutenait, étant lui-même un grand fan de Johnny Cash.

Enfin, j'ai pu m'acheter une guitare, une imitation Les Paul noire que j'adorais! Et du coup, je me mis à passer encore plus de temps chez Clepto, dont les parents étaient des acteurs de seconde zone à Hollywood et n'en avaient rien à foutre de ce qu'on faisait. On a donc commencé à composer nos propres chansons une fois que j'eus appris rapidement à jouer en reprenant les plus grands!

Un bassiste fini par nous rejoindre, ainsi qu'un autre guitariste, ce qui m'a permis de me concentrer sur la partie rythmique. Et on a vite découvert un truc: jouer du metal attirait des filles. Et c'était pas pour nous déplaire. C'est d'ailleurs l'une d'elle qui nous a fait remarqué qu'il nous manquait sérieusement quelque chose: un chanteur. Quelle poisse! On était tellement à fond dans nos riffs qu'on en avait complètement zappé de raconter quelque chose. Car pour nous, nos instruments parlaient d'eux-mêmes... Et quand cette fille a eu soulevé le problème, tous les regards se sont tournés vers moi. j'ai levé les deux mains devant moi comme pour me protéger. AH NON! J'étais déjà mort de trouille quand un petit public se formait devant le garage de Clepto alors j'allais certainement pas en plus ouvrir ma gueule...

Malheureusement, je l'avais probablement déjà ouverte un peu trop, ma gueule. Car plus on passait du temps ensemble, plus on picolait... Et quand j'étais mort plein, j'étais beaucoup moins timide... et je me mettais à gueuler les derniers titres de metal que j'avais entendu en radio ou sur les cassettes volées par Clepto... Du coup, je fus forcé d'essayer... Car les autres n'accepteraient de chercher un chanteur qu'une fois qu'ils auraient décidé qu'avec moi, ça n'irait pas.

J'essayai donc et au début, j'eus beaucoup de mal à jouer et chanter en même temps. Mais à force, j'avais fini par y prendre goût et on se mit à écrire de plus en plus de textes. Bon, j'étais pas un chanteur hors-pair, mais ça convenait pour ce qu'on voulait faire comme musique.

Pour finir, avec le bouche à oreille, les contacts avec d'autres artistes, on a commencé à se produire dans des clubs de L.A. On avait pas de grandes prétentions, notre but, c'était avant tout de jouer, de nous éclater, de nos prendre des cuites d'enfer et de draguer des filles. On décourvit assez vite qu'on avait un bon contact avec le public et puis on a commencé à voir que certains venaient à presque tous nos "concerts". Et tout ça était grisant au possible!

Bref, ROADTRAMP était né, commençait à avoir des fans et des projets assez aboutis pour sortir un album, voire deux... Restait à se faire repérer par les types capable de concrétiser tout ça...

ROCK ON!!!