Je fus jadis la reine de Hollywood ! Mon nom était sur toutes les lèvres et les producteurs s’arrachaient mon curriculum pour leurs projets cinématographiques. J’étais de tous les projets, à toutes les fêtes, sur toutes les couvertures de journaux. Mais un jour, j’ai connu le pire revers de fortune que l’on puisse imaginer. Mon agent a tout perdu en jouant mon argent, pire, même mon nom et je me suis retrouvée à la rue, comme une malpropre.  Une indigente vivant maintenant de la générosité des gens. J’arrive à peine à me payer un repas par jour, la majorité du temps, je fouille dans les poubelles. Il y a cependant ce  journaliste, plutôt beau gosse qui vient de temps en temps me payer un repas digne de ce nom en échange de quelques ragots. Je vis certes dans la rue mais j’ai encore deux yeux pour voir et deux oreilles pour entendre. On ne se méfie pas de Aunt Betty qui  dort sur le banc du parc ou qui tend la main tout près. J’écoute tout ce qui se dit. Je mémorise tout ce qui est pertinent. J’suis une vieille malcommode  bavarde au plus offrant. Habituellement, je parle contre un bon repas ou une nouvelle paire de chaussettes propres.