Après avoir bu quelques verres de softs dans le hall de Fairfax, après avoir discuté un peu avec ma sœur qui avait l’air rayonnante et étrangement raisonnable au bras de sa rockstar, déchue mais en meilleure forme que je ne l’avais jamais vue, et après avoir aidé un peu, quand la foule avait commencé à se disperser, à ranger les tables, Maria nous avait donné l’adresse d’un restaurant italien sur Downtown.

Mais avant ça, Olivia était revenue me trouver durant la soirée et j’avais laissé un moment les deux cousines ensemble le temps de discuter un peu avec ma protégée, à l’écart et en privé. Elle avait l’air légèrement perturbée mais m’avait affirmé qu’elle m’expliquerait plus tard. Je n’arrivais pas à déterminer si ce qu’elle allait me révéler plus tard, donc, était positif ou négatif.

Mais elle comptait m’en parler et venant d’une adolescente de 16 ans, j’estimais que c’était déjà pas mal. Ce qu’elle voulait réellement me dire maintenant, c’était comment elle avait arrangé sa soirée. Apparemment, ni Enrique, ni Maritza n’allait passer la nuit à l’appartement et ça devait jouer sur le regard étrange qu’Olivia avait.

Elle disait qu’Enrique allait rentrer à Tijuana… Quant à sa mère… Olivia ne semblait pas savoir ce qu’allait faire sa mère… Et je l’avais serrée contre moi pour la rassurer. D’autant que je n’avais plus vu une seule trace de Reed après avoir quitté les coulisses avec les deux cousines.

Elle m’avait alors demandé si elle et Julian pouvaient disposer de l’appartement pour la nuit… Et je n’avais pas pu le lui refuser. Parce que je sentais qu’elle en avait besoin et qu’en plus, je culpabilisais de l’abandonner dans un moment où elle semblait complètement perdue et ne pas savoir vers qui se tourner. Mais j’imaginais que si elle avait vraiment voulu que je reste avec elle, elle me l’aurait demandé. Apparemment, elle préférait la présence de son petit-ami à la mienne.

Alors, j’avais accepté, que voulez-vous que je fasse ? Mais avant qu’elle ne me quitte en m’embrassant encore une fois sur la joue, je l’avais retenue par la main et lui avait dit en cafouillant un peu et en rougissant de gêne que, dans l’armoire à pharmacie de la salle de bain, elle trouverait… ce qui leur fallait… a cas où… Dans une petite boîte à son nom.

C’était la seule façon que j’avais trouvé… Plutôt de d’en parler parce que je ne savais pas comment en parler à Olivia. J’avais la vague impression, mais sans certitude, que j’aurais eu plus facile à lui expliquer certaines choses si elle avait été un garçon. Mais bon, soit… Plutôt que de nous embarquer dans une conversation qui nous aurait gêné tous les deux, j’avais opté pour une autre option : lui confectionner un kit avec ce qu’il fallait comme… protections… et mis à sa disposition au cas où.

Bref, j’essayais de faire de mon mieux, quoi…

Je l’avais laissé aller, mais j’avais quand même passé le reste du temps à penser à elle… à espérer que tout irait bien… Et à ce qu’allaient bien foutre Maritza ce soir, si elle n’était pas à l’appartement. Ok, ce n’était pas mon problème. Mais Olivia, là-dedans ?

Du coup, j’étais un peu pensif et absent… Mais je profitai que le temps passait pour essayer, aussi pénible que ce soit, de ne plus trop y penser afin de ne pas assombrir la soirée de Brooke qui était rayonnante rien qu’à l’idée de passer la soirée avec sa cousine et moi.

Maria nous avait donc donné une adresse sur Downtown et nous avait dit de partir devant le temps qu’elle se change et que Daniele nous rejoindrait au restaurant. J’avais donc embarqué Brooke dans ma voiture et on avait pris place à une table pour quatre, affirmant au chef de salle que des amis allaient nous rejoindre.

Il s’agissait d’un très beau restaurant italien et je n’avais aucun doute que Maria et Daniele y avait déjà passé bien des soirées en amoureux. Le cadre était vraiment beau et d’un tout autre standing que le petit restaurant thaï où j’avais emmené Brooke lors de notre première rencontre.

Nous étions là d’un quart d’heure seulement quand la cousine de Brooke arriva à son tour, vêtue d’une robe noire et relativement simple, mais qui mettait bien en valeur toute sa féminité. Je lui souris quand elle s’installa en affirmant que Daniele n’allait pas tarder.

-Les stars se font attendre… Je pense que ça doit être sa règle numéro 2 ou quelque chose comme ça.

Je rigolai et regardai Brooke, enlaçant nos doigts puis reportai mon regard sur la manager de The Lightening.

-En effet, je vois un air de famille maintenant. Sans la casquette, c’est plus facile. Même si à mon humble avis, comme Brooke, vous êtes le genre de femme à pouvoir porter n’importe quoi et être ravissante quand même.

@ Billy Lighter

Pouvais-je sincèrement espérer passer une meilleure soirée que ce que je vis présentement ? Je ne le crois pas ! Je viens de vivre une première expérience incroyablement parfaite en tant que metteure en scène de la pièce annuelle de Fairfax, ma cousine est venue me féliciter en personne et mon petit ami nous accompagnera pour un diner à 4, complètement improvisé.

D’expérience, je sais que les hommes en général ne sont pas amateur de ce genre de sortie à 4, d’autant plus que j’impose à mon petit ami la présence de ma cousine et de son amoureux, qui sont eux, managers, tout comme lui. Ce qui fait que, forcément, le travail sera quelque part au travers de nos discussions.

Jack est bon prince et accepte de se prêter à tout ça bien que, pour une raison qui m’échappe, je  le sente légèrement préoccupé. J’en saurai probablement plus quand nous nous retrouverons tous les deux seuls, chez moi puisqu’Olivia ne nous rejoindra vraisemblablement pas. Bien sûr, je suis heureuse de passer la soirée avec des adultes et la nuit qui suivra dans les bras de l’homme que j’aime, sans retenue mais Jack est attaché à Olivia  alors je me sens concernée aussi par ce qui se passe.

Je ne suis pas fâchée de quitter Fairfax et de faire le trajet Downtown jusqu’à ce sympathique restaurant Italien chaudement venté par ma cousine. Une fois installés à notre table et prévenu que nous attendions des amis pour compléter notre tablée,  je plonge mon regard dans celui de Jack et le sourire que j’affiche doit irradier la pièce tant je suis heureuse a cet instant précis.

- Je n’ai pas encire eu le temps de te le dire mais, merci d’avoir été là pour moi avant, pendant et maintenant.

Et parce qu’un simple merci n’est pas assez intense pour appuyer ce que je veux vraiment lui dire, je me penche vers lui pour l’embrasser. Un délicieux baiser dont je rêvais depuis le dernier échangé.  C’est bien simple, je passerais mon temps à l’embrasser !

Maria arriva, sublime dans sa robe du soir. Je reconnais son goût vestimentaire impeccable qui doit  assurément faire d’elle l’une des femmes les mieux habillées du tout Los Angeles… quand elle ne revêt pas d’uniforme emprunter pour faire une blague.

Je me lève pour l’accueillir et, ceci fait, et de nouveau assise, j’acquiesce en rigolant quand Jack  suggère que les stars se font attendre.

- En fait je crois que la règle numéro un veut qu’ils aient toujours raison et qu’en cas de doute, la règle numéro deux suggère de se référez à la règle numéro un.

Mais Daniele Ricci a beau être légèrement en retard, il est déjà tout pardonné en ce qui me concerne puisqu’il s’agit d’une invitation de dernière seconde et, de toute façon, la soirée est encore jeune, non ?

Je crois que je rougis maintenant que Jack soulève notre air de famille, à Maria et moi. J’ai toujours cru que la beauté naturelle de ma cousine éclipsait tout autour d’elle alors que je ne ressemble à rien sans avoir ma panoplie de crème de nuit.

- Je pourrais me trouver un uniforme de fleuriste.

À nous deux, nous pourrions créer une mode… ou semer un vent de panique chez les fleuristes de la région. Quoi que dans l’immédiat j’ai une toute autre idée de comment je pourrais utiliser un uniforme, seule avec Jack… Je secoue la tête pour chasser mes pensées inappropriées dans l’instant présent, réprimant mal un petit gloussement de gêne que je tente de dissimuler en prenant une gorgée d’eau.

- C’est quand même un drôle de hasard, n’est-ce pas Maria ? Que toutes les deux ayons jetés notre dévolu sur des collègues de la même maison de disque… Quand on dit que le monde est petit…

@ Billy Lighter

Maria était partie… Elle était allé voir une pièce mise en scène par sa cousine – un truc scolaire, si j’ai bien compris. Je n’avais émis aucune objection à ce qu’elle parte – Maria a bien le droit d’aller où elle le souhaite, quand elle le souhaite - mais je ne l’avais pas suivi pour autant. J’étais le nez dans mes papiers et divers contrats pour la tournée et je n’avais pas le temps pour un spectacle d’étudiants. Ni l’envie – à vrai dire… Voir des gamins déclamer sur scène, trop peu pour moi. J’avais déjà Tony à la maison, j’avais ma dose de gosses pour le siècle à venir…

Elle y était – donc – allée seule me laissant, tout aussi seul, dans mon bureau. Je descendais ma bouteille de whisky plus vite que je ne lisais et signais les papiers. J’en venais – même – à faire de longues pauses pour boire exclusivement. De longue pause où j’essayais de trouver – vainement – un moyen de protéger Tony et Maria pendant ma tournée.

La seule solution qui me venait à l’esprit impliquait Jim mais ça impliquait – donc – aussi que Jim connaisse tous mes petits secrets.

Je n’en avais pas envie…

Seulement, j’étais à court d’idées…

Quelques heures plus tard, le téléphone m’avait sorti de mes papiers et de mon alcoolisme. C’était Maria qui souhaitait que je vienne la rejoindre à notre restaurant italien préféré pour souper avec sa cousine et le petit-amie de cette dernière. Quelle bonne idée – j’avais accepté directement.

J’avais faim et un petit tour au restaurant me changera les idées. Surtout que je n’avais – encore – jamais rencontré la cousine de Maria. Ça sera une très bonne occasion !

Maria m’avait ordonné de ne pas être en retard… C’était contre nature mais je voulais bien faire un effort pour elle.

Je m’étais changé, coiffé, habillé – plus facile à énumérer qu’à faire. En réalité, j’avais pris un certain temps à choisir ma tenue et à camoufler mes cernes. J’étais Daniele Ricci, je devais tenir les apparences.

Fin prêt, j’étais descendu au salon pour prévenir Erik de mon départ. Il était sur le point de mettre Tony au lit. Mauvaise idée de passer à ce moment-là…

-Papa !, lâcha Tony en me voyant et en tendant ses petits bras vers moi – Erik le tenant dans ses bras.

Il avait les yeux pleins de larmes – il détestait aller dormir le soir comme tous les gamins de son âge.

J’allais tourner les talons pour ignorer ma vile créature de l’Enfer qui gémissait. Seulement, c’était sans compter sur Erik.

-Vous devriez lui dire bonsoir. Ça l’aidera à s’endormir plus facilement, dit mon majordome.

Putain, Erik… J’avais levé les yeux au ciel.

-C’est bien parce que c’est toi qui demande, dis-je en soupirant à Erik. Bonsoir, Tony, rajoutais-je – formel - à l’encontre de Tony et en lui faisant signe.

Il avait refait signe avec un sourire aux lèvres.

S’il ne lui fallait que ça !

Après, j’avais – enfin ! – pu m’en aller !

J’avais conduit jusqu’à Downtown assez vite – pour ne pas dire « très vite ». J’avais pris du retard et j’avais essayé de le rattraper – vainement – en chemin.

Je m’étais garé près du restaurant italien. J’adorais ce restaurant – ils faisaient les meilleures pâtes de toute la ville. Il était tenu par un vieil ami de Dominic Brooklier – donc, j’étais le bienvenu chez lui et j’avais même le droit à des ristournes. Etre proche de la mafia locale à ses petits- grands ? – avantages.

J’étais entré et avait rapidement repéré Maria. Elle était en compagnie d’une autre femme – sa cousine, je présume – et de Jack Perry. Allons donc ! Jack Perry était le petit ami de la cousine de Maria ? C’était un sacrée coïncidence !

-Bonjour tout le monde, dis-je en arborant mon plus beau sourire. Je suis en retard. Je sais, chérie, rajoutais-je à l’encontre de  Maria. C’est la faute de Tony…, dis-je pour me justifier auprès de Maria.

Pas de « les stars se font attendre » ce soir étant donné que j’avais promis à Maria de déroger à cette règle.

Je m’étais installé à table.

-Jack Perry ! Je n’aurais jamais imaginé vous voir ici au bras de la cousine de Maria. C’est une bonne surprise !, dis-je sincère. Quant à vous, Brooke, je suis ravi de vous rencontrer. Maria m’a beaucoup parlé de vous mais vous êtes encore plus ravissante que dans mon imagination.

C’était les balivernes classiques mais ô combien importantes. D’autant que Maria m’avait – réellement – beaucoup parlé de sa cousine.

@ Billy Lighter

Un peu avant l’arrivée de Maria, Brooke m’avait remercié d’avoir été là pour la conception de la pièce de théâtre qu’il nous avait été donné de voir ce soir. J’avais pris sa main dans la mienne, enlaçant nos doigts et lui avait souri.

-Ça a été un plaisir partagé…

Et pas qu’un peu puisque ça nous avait servi de prétexte pour nous revoir après la réunion de parents qu’elle avait au départ organisée en tout innocence et dans un but purement professionnel. Elle s’était penchée vers moi et ce fut toujours souriant que j’avais fait de même pour échanger avec elle notre premier vrai baiser depuis notre brève aventure du placard à balais de l’amphithéâtre.

Puis Maria était arrivée, annonçant que Daniele ne devait pas tarder. J’avais annoncé sur le ton de l’humour que, de toute façon, le retard était l’une des caractéristiques de Daniele. Et si j’étais pointilleux sur la ponctualité dans le domaine professionnel et même parfois dans le privé (mais surtout parce que Natacha exagérait), cette soirée échappait à la règle. Un chapitre venait de se tourner pour Brooke, un autre allait commencer pour moi et Livia avec la tournée et, entre les deux, je comptais bien profiter avec ma petite-amie de tout ce dont on pouvait profiter. Et puisque cette rencontre au restaurant lui faisait plaisir, c’était avec un plaisir égal que je me prêtais au jeu.

Jeu qui était d’autant plus amusant que Maria et Daniele ne m’étaient aucun des deux inconnus et qu’il me tardait de les voir sous un jour autre que celui du travail… Enfin si j’arrivais à ne pas parler travail dès le premier quart d’heure.

Les deux femmes enchaînèrent sur les règles de Daniele, dont je connaissais déjà certaines comme le fait de ne pas lui tendre des choses. J’écoutais leur échange en rigolant quand Brooke affirma que la règle numéro 1 de… Daniele, des stars ou des hommes ? Je ne savais pas très bien… était d’avoir toujours raison.

Je me tournai vers Brooke et affirmai sur le ton de l’humour… Bon, d’accord, peut-être que je le pensais un peu beaucoup quand même :

-Si tu parles des hommes en générale, Brooke, ce n’est pas une règle, c’est un fait : nous avons toujours raison.

Mais j’enrobai cette affirmation d’un peu de sucre en enchaînant directement avec un compliment pour les deux Watson. Ce à quoi Brooke affirma qu’elle devrait se trouver un uniforme de fleuriste avant de… s’étrangler ? De glousser puis boire… En tout cas, ça me fit rire de la voir rougir d’un coup. Qu’est-ce qu’elle voulait faire avec un uniforme de fleuriste ?

-Ça va ?

Mais elle se reprit bien vite en affirmant à sa cousine que c’était un drôle de hasard qu’elles se retrouvent toutes les deux à sortir avec des managers de chez BSC… Et ça lui demanda le temps que son histoire d’uniforme fasse « tilt ! » chez moi, et ce fut mon tour de prendre une gorgée d’eau.

Daniele était arrivé à ce moment-là, alors que les deux cousines s’étonnaient du hasard qui les avait menées non seulement dans la même ville, mais à aimer deux collègues de travail dans l’un des points les plus stratégiques de Los Angeles. Je me levai pour l’accueillir lorsqu’il eut embrassé sa compagne non sans rejeter la faute de son retard sur le petit Anthony. Mais je souris de constater qu’il avait plus de contact, apparemment, avec son fils qu’il ne voulait bien le laisser entendre.

Je lui serrai la main juste avant qu’il ne s’installe et m’assis à mon tour à nouveau.

-Ravi de vous voir aussi, Daniele. J’espère que le petit Anthony se porte bien.

Je souris à Brooke quand Daniele lui dit son speech à l’italienne en la complimentant.

-J’ai beaucoup de chance, en effet. Et je n’ai appris qu’elles étaient cousines il n’y a que quelques heures à peine. Et comme elles le disaient si bien à l’instant, le hasard fait bien les choses et le monde est petit.

A peine Daniele installé, un serveur était accouru pour prendre la commande des apéritifs. Je laissai Brooke et Maria commander d’abord et demandai ensuite un Kir Royal.

Puis, nous pûmes reprendre la conversation là où nous en étions avec Maria qui affirmait qu’elle aurait voulu éviter que sa cousine sorte avec une célébrité et que c’était raté, pour le coup… Je ris en secouant la tête.

-Je suis bien loin d’être une célébrité, Mademoiselle Watson. Beaucoup de monde à Los Angeles connait maintenant le nom d’Olivia Cortez mais bien peu savent le nom de son manager, je pense.

La seule fois où ma tête avait paru dans les magazines, c’était non seulement dans L.A.People, mais en plus, c’était pour dire que j’avais un peu malmené Howard Stone. Bref, rien de bien glorieux.

@ Billy Lighter

Je suis trop distraite pour déjà prêter attention à la carte des vins, préférant discuter avec Jack et Maria tout en rigolant de petits sous entendus, comme pour l’uniforme de fleuriste puis sur les règles sacro saintes des gens de la Jet Set respectent et s’attendent qu’on leur prête le droit de le faire.

Je peux bien me plier a ces exigences qui ne sont sommes toutes pas très compliquées à respecter !

L’ambiance est parfaite dans ses moindres détails. Ou peut-être est-ce simplement parce que je suis trop heureuse de pouvoir vivre se moment avec deux des personnes que j’aime le plus au monde : Ma cousine et Jack, dont mes sentiments pour lui ne laisse aucun doute maintenant sur la place de choix qu’il occupe dans mon cœur.

Et vu comment l visage de Maria s’illumine quand son amoureux se pointe le bout du nez – pas si en retard que ça selon moi – il est clair qu’elle aussi, a trouvé son prince charmant. Daniele s’excusa pour l’attente en disant que c’était la faute de Tony. Je me souviens que Maria m’a parlé du fils de son amoureux qu’elle aime comme son propre enfant. C’est tout en son honneur et ne la rend que plus merveilleuse.

Le manager Italien (étant à table avec trois je ne puis faire autrement de les nommer avec un adjectif plus précis, non ?) se plis aux salutations d’usage et ne manque pas de me gratifié d’un jolie compliment au passage. Charmeur en plus ?

- C’est un réel plaisir de vous rencontrez enfin, Daniele, je me permis de l’appeler par son prénom puisque lui-même avait emprunté cette formule, tout en conservant le vouvoiement d’usage cependant.

Je regarde mon trio de manager en fronçant légèrement des sourcils puisque ça semble devenir  la blague redondante, ma relation avec un célèbre manager. Je n’ose avouer que, mes connaissances dans le monde artistiques sont si pauvres que, sauf pour quelques noms qui ont marqués l’histoire, je ne saurais pas vraiment reconnaître une célébrité même si on me la présentait. Il me faudrait une référence cinématographique ou un titre de chanson pour que dans ma tête le lien se fasse.

Il n’y a qu’à pensé à ma rencontre avec Jack. Je le pensais être le père d’Olivia et non son manager.

Jack n’a pas tord non plus en disant que les gens reconnaitrons l’artiste bien avant de mettre un visage sur le manager, sauf peut-être pour quelques exceptions et sans rien retirer à mon amoureux, j’imagine facilement que ce doit être le cas de Daniele puisque moi-même savais avant de le voir de quoi il avait l’air.

Nos cocktails furent servis et je pu, pour la première fois de ma vie, et assurément la dernière, déguster un martini. Je jette plutôt mon dévolu sur l’olive dans le fond du verre et camouffle chacune de mes gorgées par une gorgée d’eau.  Je supporte très mal l’alcool fort mais j’ai toujours eu l’envie d’en demander un dans un restaurant un peu plus chic alors, j’assumerai mon choix jusqu’à la dernière goutte mais quand le serveur passe, je lui demande discrètement de ramener quelques olives…  ce qui me vaut un regard confus de sa part mais il se dirige tout de même vers la cuisine.

- Quel âge à votre fils, Daniele ? , demandais-je pour ramener la conversation sur une autre voix que celle du travail. Maria m’a parlé de lui. Il paraît qu’il vous imite mais c’est normal pour les enfants de prendre exemple sur les gens qu’ils aiment.

Ce doit être un bon père, ça ne peut pas faire autrement ! Je ne pousserai pas ma curiosité à lui demander si, à tout hasard il aurait une photo du petit dans son portefeuille mais  j’admets que j’aimerais bien le voir.

- J’adore les enfants, ce qui est quand même une bonne chose puisque je suis enseignante.

Glissant ma main dans celle de Jack, je ne peux m’empêcher d’ajouter qu’un jour, j’espère fonder ma propre famille. C’est une chance pour Maria de pouvoir élever le fils de son amoureux avec sa propre santé. Ça me désole pour elle et je sais que ma cousine ne m’en voudra pas d’avoir exprimé ce souhait devant elle.  Et si un jour j’ai la chance de devenir mère, elle sera évidement dans le haut de la liste des marraines !

@ Billy Lighter

Maria n’avait pas l’air en colère vis-à-vis mon retard – c’était déjà une très bonne chose. Nous nous étions embrassé et ses murmures étaient venus confirmer qu’elle était contente que je sois là. Maria – depuis qu’elle était en couple avec moi – était plus conciliante comparé à l’époque où elle était ma secrétaire.

De toute façon, j’avais anticipé toute possibilité de me faire engueuler en retapant la faute sur l’infâme Tony. Ça avait – largement – bien marché. Maria m’avait donné l’absolution. Comme quoi, ce môme pouvait parfois bien servir. Jack Perry en avait profité pour me saluer et demander des nouvelles de Tony.

-Il va bien, dis-je tout simplement sans entrer dans les détails.

J’avais marqué ma surprise – après m’être installé – de voir Jack Perry à notre table. Fort était de constater que c’était lui l’heureux élu de la cousine de Maria. J’avais – d’ailleurs – largement plus salué cette dernière en lui servant une ribambelle de compliments. J’étais un incorrigible charmeur mais c’était – malheureusement ou heureusement – une maladie incurable. Brooke était ravissante et – petit bonus – elle était contente de me rencontrer enfin. Jack Perry savait quelle chance il avait de sortir avec la cousine de Maria. Lui aussi avait su que Maria et Brooke étaient cousines il y a peu – les filles étaient doués pour les secrets.

Le serveur nous avait coupés pour prendre notre commande. J’avais opté – naturellement – pour un whisky. Je crois qu’il me faudrait une perfusion de ce breuvage étant donné les litres que je m’enfilais sur la semaine… Avant même d’arriver ici j’avais bu pas mal mais – apparemment – pas assez pour que ça se remarque forcément. Ma résistance à l’alcool m’impressionnait moi-même. C’était grâce à des années d’entrainement.

Le serveur parti, Maria avait témoigné – aussi – de sa surprise de voir Jack Perry au bras de sa cousine. Apparemment, Maria aurait préféré que sa sœur de cœur – c’est ainsi qu’elle la considérait – ne sorte avec une célébrité. Jack Perry n’était pas encore une célébrité en tant que telle mais je voyais bien ce que Maria voulait dire.

-Tu n’aime pas les célébrités, Maria ?, demandais-je en faisant la moue mais en utilisant le ton de l’humour.

Elle savait surtout tout ce que ça impliquait. Les journalistes étaient toujours à l’affût des célébrités – j’étais loin d’échapper à la règle – et elle ne souhaitait pas ça pour sa cousine. Par chance pour elle, j’avais de grands doutes quant au fait que Jack Perry devienne un jour une vraie célébrité. Il n’en avait pas la fibre – il était trop honnête pour ça et trop attaché aux sentiments. Il suffisait de le voir parler de la petite Cortez… D’ailleurs, c’est sur ce sujet qu’il était parti pour illustrer le fait qu’il était loin – très loin – d’être célèbre. C’était ses poulains qui l’étaient – pas lui – et il aimait cet état de fait. Jack Perry – en affaire – était mon opposé.

-Jack est le genre de manager de l’ombre, dis-je avec un sourire en coin et en regardant Maria. Il ne sera pas le genre à faire la une de L.A.People, si ça peut te rassurer, chérie.

Il ne l’avait jamais faite bien que je crois l’avoir entre-aperçu dans le torchon de L.A. pour une affaire avec Stone – le pire merdeux de la ville.

Le serveur s’était représenté à nous avec nos boissons. Mon whisky était sans aucun glaçon et le verre était assez bien rempli – la maison connaissait parfaitement mes goûts.  Aussitôt mon verre avait été placé devant moi – aussitôt j’en avais bu deux longues gorgées. Brooke – elle – avait laissé quelques mots à l’oreille du serveur mais c’est sur la question qui avait suivi que je m’étais concentré.

-Tony a 10 mois, dis-je pour répondre très brièvement et très concrètement à la question.

Il semblerait que Maria ait parlé longuement à Brooke de Tony – assez pour qu’elle sache que le gosse m’imitait sans cesse. La cousine de Maria trouvait normal qu’un môme imite les gens qu’ils aiment.

-Ils imitent surtout ceux qu’ils voient le plus souvent, dis-je en haussant les épaules. Je pense que ce n’est que ça. Puis, Tony ne retiens que ce qu’il croit utile. N’est-ce pas Maria ?, demandais-je pour avoir confirmation par ma petite amie.

Rendons-nous à l’évidence – Tony ne retenait que ce qu’il voulait et ce qu’il voulait, c’était les gros mots. Son vocabulaire se résumait à « merda » et « cazzo ». Les seules choses polies qu’il savait dire c’était « papa », « mama » et « Rick » et c’était uniquement pour avoir de l’attention sur lui. Le reste n’était que des onomatopées incompréhensibles.

Brooke – contrairement à moi – aimait les gosses. Son travail d’enseignante en était une preuve. Elle avait – même – exprimé le souhait de vouloir fonder une famille.

-Bonne chance, Perry, dis-je avec un sourire en coin. Les mômes ça braille, ça crie et ça pue.

Je le pensais – n’allez pas croire que je blaguais. Seulement, après avoir dit ça, je m’étais tourné vers Maria en espérant que tout ça ne la peinait pas. Mon regard la questionnait – d’ailleurs – sur ce fait là. Elle qui ne pouvait plus avoir de gosses, je savais qu’en parler n’était jamais facile pour elle. Pourtant, je continuais de penser que si elle avait pu en faire, ça aurait – probablement – conduit notre couple à sa perte tant un seul me suffisait largement. Surtout dans les circonstances actuelles où tous mes proches étaient menacés de mort.

@ Billy Lighter

Daniele était arrivé, les amoureux qu’étaient Maria et le manager italien s’étaient embrassés brièvement avant qu’il ne se tourne vers nous. Formel bien que décontracté, j’avais serré la main à mon voisin de bureau que je voyais pour la toute première fois en dehors de notre cadre professionnel.

La soirée s’annonçait décontractée, chacun y allant de son petit trait d’humour et contrairement à ce que je croyais, il fut facile, une fois Daniele installé, d’éviter de parler tournée, contrat ou autres projets artistiques en cours, tout du moins pour l’instant. En effet, l’Italien ayant parlé de son fils d’entrée de jeu, il en faisait un sujet de conversation agréable et tout trouvé.

Agréable, oui, parce que même si nous avions eu une conversation un peu bizarre Daniele et moi lorsque l’article révélant l’existence de l’enfant était paru dans L.A.People, j’étais ravi, ce soir, de le voir en parler sans complexe apparent devant nous… Même si c’était pour tenir Tony responsable de son retard. Lorsque je demandai comment allait son fils, Daniele affirma qu’il allait bien.

La conversation dériva brièvement sur moi et sur ma célébrité inexistante. Daniele acheva de remettre l’église au milieu du village en précisant à sa petite-amie que j’étais un « manager de l’ombre ». Et il avait entièrement raison. Maria, quant à elle, affirmait qu’un jour, je deviendrais célèbre et elle y alla même d’une gentille petite provocation pour Daniele en disant que je pourrais lui piquer Roadtramp, ce qui me fit rire de bon cœur.

-Qui sait ?

Je pris une gorgée de mon apéritif, non sans remarquer avec amusement que Brooke, elle, grimaçait en faisant de même avec son Maritini. Elle me donna à ce moment l’impression d’être aussi âgée que ses élèves. Et ce fut avec un léger sourire que je reportai, sans commentaire, mon attention sur Maria Watson.

-Mais pour être tout à fait franc, mon ambition n’est pas de me faire réellement connaître. Enfin, pas à la façon de Daniele.

Je regardai brièvement Daniele.

-N’y voyez-là aucune offense.

Puis, à nouveau à Maria.

-Mon ambition réside plutôt dans les projets artistique de qualité à faire aboutir. Aider les artistes comme Olivia à réaliser physiquement ce qu’ils ont en tête. Après, si je finis par en retirer une forme de célébrité, je ne la renierai pas, bien sûr. Mais je n’en suis qu’au début de ma carrière. Un pas à la fois.

Je regardai Brooke…

-D’autant que le management n’est peut-être pas ma seule ambition dans la vie.

Et si je devais faire une croix sur certaines choses, des choix qui pourraient rendre mes ambitions professionnelles plus modestes afin d’avoir une vie de famille stable, je savais que je n’hésiterais pas une seconde.

Je repris une gorgée de ma boisson, laissant l’occasion à Brooke de revenir sur le petit Tony dont sa cousine lui avait apparemment longuement parlé. En tout cas, Brooke savait déjà que l’enfant imitait son père et j’eus un sourire à l’attention de Daniele qui confirma non seulement en donnant l’âge du petit du tac au tac sans hésitation, mais en plus en affirmant que les enfants imitaient juste les gens qu’ils voyaient le plus.

J’en déduis que Tony voyait donc beaucoup son père. J’avais l’impression d’avoir face à moi un Daniele complètement différent de celui avec qui j’avais parlé la dernière fois de ce sujet… Si ce n’était l’éternel verre de whisky.

Quant à Maria, elle me fit bien rire quand elle soupira avec dépit qu’elle n’avait jamais vu un enfant parler aussi bien l’italien si tôt en ajoutant qu’il ne connaissait que des gros mots.

-Et bien, il faut bien commencer par quelque part !

Brooke, elle, avait passé sa main dans la mienne en affirmant qu’elle aimait les enfants et qu’elle espérait un jour fonder sa propre famille. Je lui souris, pinçant mes lèvres, amusé, avant de dire.

-Message reçu.

Ce ne serait bien sûr pas pour tout de suite puisque nous avions encore tout à construire à commencer par notre relation qui n’était que naissante. Quant à Daniele, il me souhaita d’emblée bonne chance à sa façon. Et je rigolai en retour.

-Un bébé ne peut pas être pire qu’une adolescente de 16 ans, croyez-moi. Et je vous dis ça avec toute l’affection que j’ai pour ma protégée.

Au moins, si Brooke et moi avions un enfant un jour, j’aurai le temps de voir venir…. Et je ne serais pas tout seul.

Je me tournai vers Maria, souriant.

-Vous verrez quand votre Tony aura 16 ans, ce sera une autre paire de manches !

@ Billy Lighter

Je supporte très mal les alcools forts. Quand j’en bois, même un tout petit peu, c’est suffisant pour me faire dire des âneries ou  pire encore, à rigoler bêtement pour la moindre petite chose. Quand nous étions jeunes filles, Maria et moi et que nous sortions dans les clubs en cachette (parce que nous n’étions pas toujours sages comme des images) elle terminait toujours mes verres.

Ce soir, j’ai voulu tenter l’expérience avec un drink uniquement parce que l’olive dedans me faisait envie. Ça aurait été plus intelligent de prendre un cocktail de légumes et des olives en dégustations dans un petit plats à part.  Discrètement, j’offre un petit regard à ma cousine qui veut tout dire « Dès que tu en as la chance, débarrasse m’en ! »

Les enfants, j’adore ça ! Des plus petits aux tous grands comme ceux à qui j’enseigne, je m’y connais.  Je ne saurais imaginer ma vie sans enfants et je sais que ma cousine les aiment tout autant que moi. La vie, cependant, a injustement privé Maria de son droit de femme le plus légitime.  Heureusement, elle peut goûter à ce bonheur au travers du fils de son amoureux.

Chaque fois que nous nous retrouvons, que ce soit au téléphone ou pour un petit café vite fait, elle me parle du petit Anthony et ses yeux brillent alors comme rarement.  Ce petit a beaucoup de chance d’avoir une maman de substitution comme Maria.

J’éclate de rire quand elle ajoute à la suite de Daniele que le petit parle vraiment bien Italien, surtout quand vient le temps de dire des gros mots mais tout compte fait, si c’est en Italien, le mal est un petit peu, très légèrement moins percutant que s’il parlait anglais… Au moins, les gens au centre commercial ou à la garderie ne risquent pas de comprendre ce qu’il dit, prenant cela pour un doux babillage de gamin.  Enfin, c’est ce que moi je croirais à l’entendre, à moins que le petit à déjà la gestuelle à l’Italienne !

Les enfants, c’est mignons. C’est de l’amour à l’état pur. Et si les heures incalculables de bonheurs qu’ils apportent son un côté de la médaille, l’autre, décrite par l’amoureux de ma cousine semble être une toute autre paire de manche.

Le regard complice qu’on s’échange avec Jack ne me fait pas craindre ce petit revers possible. J’ai la ferme conviction que tout vient du cœur et des valeurs inculqués par les parents. Attention, je ne dis pas que Daniele est un mauvais père… il ne s’y prend peut-être pas de la bonne façon. Mais qui suis-je pour juger ?

Jack lui, crois qu’à 16 ans, ce n’est pas mieux et, pardonnez-moi mais je m’y connais sur cet âge en particulier !

- C’est l'âge des questionnements, l’adolescence est remplis de nouveautés et ce n’est pas simple à gérer.  Pour la plus part, ils vivent déjà avec la pression des standards exigés par la société d’aujourd’hui.

J’ai en tête Olivia, justement. Et Julian aussi. Ils naviguent en eaux troubles. L’une avec une carrière prometteuse et l’autre, avec  son bagage génétique. Heureuse, l’un comme l’autre ont une tête sur les épaules et sont bien encadrés mais n’en demeure pas moins qu’ils  n’ont pas encore vu neigé, comme on dit !

- Quand ils sont tous petits,  vous avez encore la chance de décider ce qu’ils vont manger, ce qu’ils vont portés et là où ils doivent jouer.  Quand ils entrent au lycée,  vous ne décidez plus de grands choses sauf sur ce qu’ils veulent bien vous laisser décider.

Je n’ai pas d’enfant à moi, certes mais je suis passé par là il n’y a pas de ça 5 décennies non plus.

- Tout ça pour dire que, j’ai hâte de faire la connaissance de ce petit ange qui braille et qui pue

Les vacances de Noël commencent à peine. En temps normal, je quittais demain matin pour ne rentrer qu’après le jour de l’an mais mes plans ont légèrement changés et je serais à Los Angeles entre les deux fêtes. Ce qui fait que…

- Nous pourrions prévoir un diner quelque part pendant la semaine, avec le petit ? Tu en penses quoi, Maria ?

Bon, ça peut être qu’un thé partagé en après-midi ave cou sans les hommes. Avec, ce serait  plaisant seulement, j’imagine bien que Daniele et Jack doivent avoir beaucoup à préparer avant de partir.

Plusieurs projets donc et beaucoup de questions. Du moins, de mon côté. Avec Jack, nous n’avons pas parlé de comment ce sera quand il sera en tournée et j’imagine que Maria doit elle aussi vivre avec une certaine appréhension, même si elle est du milieu et qu’elle sait comment ce genre d’évènement fonctionne. Au moins, ce qui me rassure, c’est que j’aurai ma cousine près de moi et mes étudiants pour meubler mes journées. Ça passera vite jusqu’à l’été.

- Si vous me permettez, j’aimerais bien lever mon verre. Pour le début de cette nouvelle année qui s’annonce prometteuse avec la tournée de vos deux groupes. À une année remplis de succès !, dis-je en levant mon verre espérant ne pas avoir l’air un peu « rose bonbon » avec ma formulation.

@ Billy Lighter

L’ambiance générale du dîner était à la dérision et à la légèreté – tout ce qui me fallait en ces temps troublés. J’arrivais même à faire de l’humour sur ma propre célébrité en entrant dans le jeu de ma petite amie – qui avait continué en faisant l’étalage de ce qu’elle détestait chez les célébrités.

-Tu as raison, Maria. Ces célébrités sont vraiment imbues d’elles-mêmes. Un vrai cauchemar, dis-je sur le ton de l’autodérision grandement exagérée.

J’étais célèbre et je le revendiquais. Jack ne pouvait pas en dire autant. Même sa dernière artiste en date – la petite Cortez – était déjà bien plus connue que lui. Pourtant, Maria voyait déjà le blond devenir célèbre tôt ou tard. Seulement, Maria n’avait aucune idée que Jack n’avait pas le caractère d’un Daniele Ricci et que le sien était plus propice à une carrière de manager de l’ombre. Seulement, ma petite amie était joueuse et avait envoyé l’idée que Jack pourrait – un jour – me voler mon groupe phare actuel. Le grand voleur de talent – moi – qui se ferais détrousser son meilleur groupe par Perry ? Ça ferait un beau conte de fée. Le manager de Cortez avait joué le jeu.

-Pas besoin de me les voler, Perry. Prenez-les, je vous les donnes, dis-je sur le ton de l’humour et en souriant. J’aime faire des cadeaux à mes amis.

Les apéritifs étaient arrivés et je m’étais rué sur mon whisky pendant que Perry était redevenu plus sérieux en faisant l’étalage de ses – réelles – ambitions en tant que manager. Il ne voulait pas être un Daniele Ricci – sans m’offenser, bien sûr.

-Ne vous en faites pas, Perry. Il en faut plus pour m’offenser, dis-je avec un sourire en coin.

Un manager ambitieux en moins sur l’échiquier était un rival en moins à abattre – j’avais assez avec Evans… Perry n’était qu’un Dustin amélioré – c’est-à-dire qu’il avait les mêmes ambitions que Dustin mais la haine envers moi en moins. Jack avait – aussi – dit qu’il avait, en plus du management, d’autres ambitions ailleurs. Une famille, certainement – son regard vers Brooke était plus qu’éloquent.

-Tu sais Jack. Il est possible d’allier famille, travail et célébrité, dis-je en regardant vers Maria avec un sourire. Mais j’approuve tes ambitions. BSC a aussi besoin de managers de l’ombre, dis-je avec un sourire et en regardant – maintenant – vers Perry.

Il ne faut juste pas pousser le vice jusqu’à allier famille, travail, célébrité, mafia, différents familiaux – là, c’était tout de suite moins gérable. J’avais laissé échapper un soupire à cette pensée – que j’avais noyé dans quelques gorgées bien senties de whisky.

La conversation était revenue sur Tony et sa capacité – hallucinante – à enchainer les gros mots en Italien dans le texte. Maria avait montré son désespoir face à cet état de fait incontestable.

-Rassure-toi, chéri… C’est ces mots-là qui lui seront utiles quand il sera plus grand, dis-je avec un sourire en coin et en posant ma main sur la cuisse de Maria par-dessous la table.

Putain – ouais – les gros mots en Italien, c’était utile ! Surtout quand vous avez Daryll Rogers en face de vous !

Jack et Brooke étaient amusés par les anecdotes qui concernaient le vocabulaire « élaboré » du môme qui squattait chez moi. Jusqu’à ce que Brooke soumette l’idée à Jack de fonder – un jour – une famille à eux deux. Ce n’était pas le printemps pourtant…

Jack avait eu la – malheureuse – idée d’accepter presque directement ce future. Je lui aurais bien présenté mes condoléances mais je m’étais retenu pour opter pour de simples mises en garde. Seulement, Jack croyait qu’une adolescente de 16 ans, c’était bien pire…

-Surtout quand on sait d’où vient la tienne, marmonnais-je en buvant mon whisky.

Jack avait dit qu’on verrait ça quand Tony aurait 16 ans. Putain, je faisais quoi – moi – à 16 ans ? Je me pavanais de fêtes en fêtes en me nourrissant d’alcool et de drogue en rentrant rarement chez moi après m’être bien mis mal – rien, donc, qui ennuyait mon père, si je puis dire. Ça ne pouvait pas être pire que de devoir sentir l’odeur de Tony quand il souillait son lange ou de glisser dans un de ses mares de bave.

-Je doute que ça soit pire que la bave sur le sol…, dis-je en faisant une moue.

Brooke – en tant qu’experte des adolescents avec son statut d’enseignante – avait fait une description de ce qu’était un gamin de 16 ans. Moi, étant ado, j’avais adopté toutes ces nouveautés avec brio – ça expliquait pourquoi j’étais, aujourd’hui, le grand Daniele Ricci. Brooke avait terminé sa comparaison en exposant le fait que les gosses comme Tony, on pouvait encore décider pour eux, pas les adolescents.

-Croyez-moi, Brooke… Plus vite Tony pourra décider pour lui-même, plus vite je pourrais souffler, dis-je sur un ton léger pour atténuer la dureté de ma phrase.

La cousine de Maria avait hâte de rencontrer le monstre qui avait pris ses aises chez moi. Elle prévoyait une sortie avec Maria et Tony – la semaine prochaine… Je ne pouvais pas mettre mon veto malgré mes craintes qu’ils ne rentrent jamais – j’allais amener bien trop de suspicions sur un éventuel problème, sinon… J’avais laissé Maria répondre et j’avais achevé mon verre.

Cette dernière action n’avait pas été une bonne idée parce que Brooke avait porté un toast à cette année qui serait – assurément – remplie de succès. J’avais trinqué avec mon – misérable – verre vide.

-Au succès et, aussi, à vous, les plus belles femmes de tout Los Angeles, rajoutais-je avec un grand sourire avant de porter un regard charmeur à ma tendre Maria.

Succès et amour – ça aurait pu être les mots de l’année 83 si l’ombre d’Angelo ne planait pas au-dessus de ma famille.

Le serveur était venu apporter les olives et prendre notre commande – j’avais commandé une assiette des meilleurs spaghettis de la ville ainsi qu’une bouteille entière de vin rouge pour moi seul…

@ Billy Lighter

J’avais exposé ma vision du management… Tout en relativisant celle-ci en affirmant que si venait un jour le temps de fonder une famille, celle-ci passerait en priorité. La célébrité ne m’intéressait pas vraiment, moins en tout cas que le travail bien fait. Et puis, si je savais gérer l’image des artistes que je prenais sous mon aile, je n’aurais probablement aucune idée de comment gérer mon image à moi.

Et si Maria Watson pensait comme moi, qu’il fallait choisir l’un ou l’autre, Daniele, lui, pensait qu’on pouvait allier famille, travail et célébrité. Je souris.

-Sauf que je n’ai pas de secrétaire pour faire le travail à ma place, en ce qui me concerne.

BSC ne m’avait pas encore débloqué les fonds nécessaires pour engager quelqu’un… Et je voyais mal ce que je donnerais à faire à une secrétaire, de toute façon. Je n’aimais pas vraiment déléguer. On était jamais mieux servi que par soi-même.

La conversation avait vite tourné du travail à l’éducation des enfants. Et bizarrement, si Daniele et Maria étaient plus âgés que nous, c’étaient eux qui avaient à charge un enfant en bas-âge et nous qui, dans nos boulots respectifs, nous occupions d’adolescents.

Je rigolais en regardant et en écoutant Maria et Daniele échanger au sujet du petit Tony dont le hobby pour l’instant consistait apparemment à jurer en italien. Et j’aurais donné n’importe quoi pour voir ça. De temps en temps, il arrivait à Olivia de jurer en espagnole et je trouvais ça, bizarrement, beaucoup plus beau que lorsqu’elle jurait en anglais. Probablement juste parce que je ne comprenais pas ce qu’elle disait.

Distraitement, ma main glissée dans celle de Brooke, je la caressais doucement… Et elle avait relativisé, un peu comme moi, les difficultés que représentaient un bébé par rapport à des adolescents, elle qui en avait une vingtaine à gérer en même temps dans sa classe.

Je la regardais en souriant tandis qu’elle parlait parce que :

-On rigolera peut-être moins si un jour on a un bébé, Brooke…

Peut-être que là, on se dira que les ado, c’était pas si mal… Un peu comme Daniele le pensait même si, concernant Livia, il fit un commentaire qui me fit faire une moue un peu dépitée… Mais il avait raison.

-Oui… en effet…

Mais ni lui, ni moi n’en dîmes plus. Maria, elle affirma qu’au fur et à mesure, elle se voyait avoir le mauvais rôle de maman sévère parce que Daniele et son fils feraient les 400 coups et que ce serait ça ou revenir elle-même à l’adolescence. Et que là, ce serait à Tony de courir derrière elle.

-Et bien, ça promet, tout ça.

D’autant que Tony, comme Livia, avait de qui tenir. Je haussai les épaules quand Maria affirma que Los Angeles n’était peut-être pas le meilleur endroit où passer de l’état d’enfant à l’état d’adulte.

-Je ne sais pas… Je pense que l’entourage et l’éducation peut faire bien plus que l’environnement. J’ai moi-même grandi à Los Angeles, je n’ai jamais eu ou créé de problème.

J’avais eu une bonne éducation, sans qu’elle soit forcément stricte. Ça devait être une question de caractère parce que Natacha avait eu un parcours plus compliqué, elle.

Les filles planifièrent alors de se rencontrer à nouveau dans la semaine pour que Maria puisse présenter l’enfant à Brooke. Puis, ma petite-amie porta un toast sur lequel Daniele enchaîna à sa manière, bien évidemment.

Nos verres s’entrechoquèrent, et le repas proprement dit pu commencer et se terminer avec tout autant de légèreté. Jusqu’à ce qu’on se quitte tous satisfaits et détendus… Un petit moment de bonheur bienvenu avant que les choses sérieuses ne commencent en même temps que l’année 1983.

@ Billy Lighter

Les opinions, bien que divergentes sur les enfants, demeures respectueuses et teintées d’humour.  On sent que le petit ami de Maria n’avait pas planifié sa paternité et qu’il compose avec  un certain recul. Mais bon, il a de la chance d’avoir ma cousine pour l’épauler à la tâche et avec un peu de patience, développer sa fibre paternelle.

En ce qui me concerne, je sais que mon horloge biologique tourne et que l’appel de la maternité se faire sentir. Je comble ce besoin d’une certaine manière avec l’enseignement mais avoir un petit qui nous tends les bras en disant « maman! » me fait rêver.  Loin de moi l’idée de brûler des étapes mais n’empêche que Jack est l’homme avec qui je voudrais bien concrétiser ce rêve.

Et comme s’il lisait un peu dans mes pensées, Jack  affirme que nous rirons probablement moins si un jour nous avons un enfant. J’avoue sans mal que ça semble toujours plus facile vu de l’extérieur mais je refuse de croire qu’un tout petit bébé serait pire qu’une classe de 20 ados !

Maria est d’accord pour que je passe bientôt chez elle faire la connaissance du petit Tony et en profite pour me débarrasser de mon verre, chose qui passe le plus inaperçue du monde ! Comme quoi, Maria est et sera toujours la personne qui me connait le mieux sur terre !

La conversation tourne encore autour des enfants et l’éducation qu’on leur inculque. Et encore une fois, Jack et moi sommes du même avis. Donner à un enfant de l’attention de l’amour et du respect et vous lui offrez les meilleures bases pour bien partir dans la vie. Jack a grandit à Los Angeles et est devenu quelqu’un de respectable avec de bonnes valeurs.

Je jugeais le moment opportun pour porter un toast qu’améliora Daniele ce qui ne manqua pas de me faire rougir, l’alcool aidant, fort probablement.

Le repas fu servit et fut tout aussi délicieux qu’il en avait l’air. Il faut dire qu’en bonne compagnie, un simple hamburger aurait prit des airs de hautes gastronomie.  Des éclats de rires et des anecdotes en tous genres ponctuèrent le reste de notre soirée.

Quand vînt le temps de nous dire au revoir, je fis la bise à ma cousine en lui promettant de l’appeler dès le lendemain. Nos bonnes habitudes devaient être reprises afin de se garder à jour dans nos histoires, puis je saluais Daniele qui, avec toute sa prestance Italienne, ne manqua pas de me faire rougir de nouveau.  Cet homme dégage un charme indéniable !

Dans la voiture, je regarde Jack alors qu’il a ses yeux rivés sur la route et, rêveuse, je lui parle de mes sentiments vis-à-vis de cette soirée plus que parfaite. La pièce, mes étudiants, la surprise de Maria, ce souper improvisé qui fut des plus plaisants.

- C’est tout un phénomène, le petit ami de Maria !  En tous les cas tu ne risque pas de t’ennuyer avec lui pendant la tournée !

C’est le moins qu’on puisse dire…

@ Billy Lighter