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 Music Is Life [PV Ross][TERMINE]

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Duncan Keller
Duncan Keller


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MessageSujet: Music Is Life [PV Ross][TERMINE]   Music Is Life [PV Ross][TERMINE] I_icon_minitimeLun 9 Avr - 11:01



Music Is Life
ft. Ross Venor Malko


Pas de concert, aujourd’hui. En fait, ça faisait un moment qu’on avait plus fait de concert. Timmy voulait qu’on se réserve pour la tournée qui arrivait bientôt… Et les concerts commençaient déjà à nous manquer, les autres et moi. Heureusement qu’on continuer d’enregistrer en studio nos toutes nouvelles créations, sinon, on s’ennuierait à mourir.

Mais je savais que Timmy savait ce qu’il faisait, alors je l’écoutais. A vrai dire, je faisais toujours tout ce qu’il disait sans aucune objection. Ça faisait des années qu’il était dans le métier et je savais qu’il connaissait le business de la musique bien mieux que moi. Il avait emmené The Burning Fire jusqu’à la gloire ! Donc, je lui faisais aveuglément confiance. Il n’y avait que Drake, notre bassiste, qui était, parfois, un peu plus méfiant. Mais Drake avait fait des études… Pas moi.

Bref, tout ça pour dire que l’ambiance des bars et clubs où on avait l’habitude de nous produire me manquait. C’est pour ça que je décidai d’aller m’imprégner de l’ambiance du Dizzy Warhol, l’endroit où tout à commencer pour nous. C’était là que je me sentais le mieux.

Je m’y rendis en voiture. Une toute nouvelle voiture que j’avais pu m’acheter avec mon salaire d’artiste. C’était vraiment une aubaine d’avoir un contrat avec une maison de disques. C’était là que tu voyais, enfin, ton travail acharné être récompensé.

J’arrivai au Dizzy quelques minutes plus tard tant le bar n’était pas loin de la maison de mon frère où on habitait encore tous avec les autres gars de mon groupe. On avait largement de quoi se louer un appartement mais je ne voulais pas quitter mon frère avant de le savoir complètement rétabli de sa blessure à l’épaule. Il avait souvent besoin d’aide pour pas mal de truc comme, par exemple, conduire. Même s’il détestait que je le conduise à droite ou à gauche.

J’entrai dans le bar avec un grand sourire aux lèvres. L’ambiance était au punk rock ici. Une ambiance qui m’envouta tout de suite. Qu’est-ce que je pouvais adorer cet endroit !

Je m’avançai dans le bar essayant de repéré des têtes connues. Le barman me fit signe, un signe que je lui rendis. C’est en balayant les gens du regard que je finis par reconnaitre Ross. Ross était à L.A. depuis peu et était passionné de musique. Je l’avais rencontré il n’y a pas si longtemps et, entre nous, ça avait accroché tout de suite.

Je m’approchai de lui venant prendre place à ses côtés avec, toujours, un grand sourire aux lèvres.

-Salut, Ross ! Comment tu vas ? Il y a de l’ambiance, ici, aujourd’hui !

J’étais très content de le voir ! Nos conversations étaient toujours intéressante et, sous fond de musique, elles l’étaient encore plus.

@ Billy Lighter

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MessageSujet: Re: Music Is Life [PV Ross][TERMINE]   Music Is Life [PV Ross][TERMINE] I_icon_minitimeLun 9 Avr - 14:21



Music Is Life
starring Duncan Keller


Los Angeles ne cessait de m'étonner par son incroyable activité et le mélange des cultures qui s'y opérait. C'était un formidable creuset de créativité cinématographique, musicale, bref, artistique en tout genre. Si j'avais reçu une éducation très complète et notamment sur le plan culturel, ma passion première était la musique. Depuis mes 14 ans, je vivais immergé dans la musique du matin au soir. Les seules plages de silence étaient mes courtes nuits, et encore rêvais-je de concerts, de sessions studio ...

Avec L.A. j'étais servi ! On pouvait tout y faire en musique. Même rechercher un emploi. Déambuler dans les rues faisait passer le promeneur d'une ambiance musicale à l'autre comme un gamin intrépide sauterait d'une flaque d'eau à l'autre. Presque toutes les boutiques avaient leur musique ou étaient branchées sur une radio locale et déversaient sur le trottoir des flots sonores se mélangeant dans une cacophonie qui aurait abruti plus d'un réfractaire. Mon oreille captait tous ces sons, les dissociait, en distinguait les harmonies, les accords dominants, et mon cerveau les transcrivait en partitions, en tablatures, les associait en de nouvelles structures. Tout ça s'opérait tandis que j'arpentais les rues de L.A. pour le travail.

Pour en chercher ou pour m'y rendre quand j'avais décroché une petite prestation dans un bar pour une soirée ... Cet après-midi, j'avais fait trois agences d’intérim spécialisées dans le spectacle, après avoir avalé le sandwich le moins cher que j'avais pu trouver. C'était aussi le moins épais que j'avais vu de ma vie. L.A. ne faisait pas de cadeaux aux migrants, c'est ce que disait le patron du bar à tapas où j'emmenais parfois manger ma princesse. Le matin, après avoir donné mes CV aux secrétariats de plusieurs maisons de disque et agences de management, j'avais déposé une petite annonce dans deux journaux à gros tirage dont un spécialisé dans la musique. J'y avais passé la monnaie qui me restait pour la semaine.

J'avais décidé de faire une pause bien méritée pour lire les offres d'emploi tout azimut dans la presse générale. Pour cela le Dizzy Warhol était tout indiqué. Non seulement on ne m'y refuserait pas un verre d'eau, voire une bière, mais ils achetaient tous les jours un bon échantillon des publications locales. La clientèle pouvait les lire à volonté. Dégustant mon verre d'eau fraîche, j'étais donc absorbé dans l'épluchage des petits annonces d'un journal lorsque Duncan fit son apparition dans le bar. Avec ma voisine Pandora Wynne, c'était le seule visage qui ne m'était pas totalement inconnu dans cette grande ville, le seul être humain qui était allé plus loin que le "bonjour, au revoir" dans la conversation avec moi.

Je ne le connaissais pas encore vraiment mais il me semblait qu'il était l'exact opposé de ce que j'étais devenu. Ouvert, à l'aise, sympathique, avenant, il semblait apprécier tout le monde et tout ce monde le lui rendait bien. Exactement le contraire de moi. Si l'univers artistique de L.A. me fascinait et que je pressentais pouvoir y être un jour comme un poisson dans l'eau, pour le moment, j'avais énormément de mal à aller vers les autres, à engager la conversation. Bien sûr, il y avait la barrière de la langue, la différence de culture, bien que je sois parfaitement bilingue et voire plus, et que mes parents m'aient élevé dans une grande ouverture d'esprit. Je lisais et comprenais parfaitement l'anglais, le français  mais quand je le parlais personne ne pouvait ignorer que je venais d'ailleurs.

Mon accent et ma voix grave avaient fait sursauter plus d'un interlocuteur. Déjà peu loquace depuis les événements qui m'avaient poussé à l'exil, j'étais devenu encore plus silencieux en me confrontant à l'éloquence des habitants de L.A. Je ne parlais que lorsqu'on m'interrogeait, replié sur mes blessures. Duncan avait spontanément pris place à côté de moi. Nous avions échangé quelques mots les fois où nous nous étions croisés ici. Il semblait être un habitué des lieux, populaire auprès du barman, du patron et de la clientèle. Il m'avait expliqué qu'il avait débuté ici et que son groupe allait bientôt partir en tournée. Je lui avais répondu que j'étais fan de musique rock et on avait un peu discuté des groupes mondialement connus, de nos goûts. Je lui tendis la main en esquissant un sourire et répondis en haussant les épaules.

-  Bonjour Duncan ! Toujours à la recherche d'un travail ... Et toi ? La date de la tournée approche... Pas trop impatient ? Vous allez faire une date à L.A., n'est-ce pas ? J'aimerai bien pouvoir aller vous voir sur scène ...

@ Billy Lighter


Dernière édition par Ross Venor Malko le Mer 2 Mai - 17:48, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Music Is Life [PV Ross][TERMINE]   Music Is Life [PV Ross][TERMINE] I_icon_minitimeMar 10 Avr - 12:14



Music Is Life
ft. Ross Venor Malko


J’étais content de voir Ross ! Je savais qu’avec lui, j’allais pouvoir discuter de beaucoup de choses parce qu’on avait beaucoup de goûts en commun. Il était un peu plus vieux que moi et il cherchait du travail dans le demain de l’ingénierie du son. J’aurais tellement voulu l’aider en lui proposant un job pour mon groupe mais, depuis que j’avais signé avec une maison de disques, ce n’était plus entièrement de mon ressort. Et je n’avais plus vu Timmy depuis que j’avais rencontré Ross, donc, impossible de le lui proposé…

Il me salua à son tour et mon sourire s’élargit alors qu’on se serra la main. Il déclara qu’il cherchait toujours du travail mais, directement, il s’intéressa à moi et à la tournée qui approchait. BleedingHeart était prêt. On n’attendait que le signal de départ. Ça allait être une toute nouvelle expérience mais je savais, d’avance, qu’elle allait être enrichissante tant sur le plan musical que personnel et professionnel. Je fis signe au barman de me servir une bière avant de reposer mon regard sur Ross pour lui répondre.

-Si, on est très impatient. On n’a plus aucun concert de prévus avant la tournée et ça nous manque déjà. Mais Timmy, notre manager, veut qu’on se réserve pour la tournée.

Même si mon impatience était grande, ça ne m’empêchait pas d’être de très bonne humeur tout le temps. Je savais que notre patience sera récompensée. Surtout qu’on faisait très confiance à Timmy.

Rosse se demandait si on allait passer à L.A. et déclara qu’il aimerait aller nous voir sur scène. Il était arrivé en ville récemment et n’avait pas, encore, eu la chance de voir mon groupe sur scène. Je savais qu’il n’avait pas de revenu et que les places de concerts n’étaient pas données. Ça m’attristait un peu. Ma musique était faite pour les gens comme Ross. Les paroles de BleedingHeart étaient ouvertement engagées et, venant d’un milieu plutôt prolétaire, je me sentais très proche de Ross et des difficultés qu’il traversait.

Je le regardais en me disant que ça serait vraiment trop bête qu’il ne puisse pas nous voir. Seulement, comme j’étais rentré dans le système, je me prenais, en pleine face, le revers de la médaille. Mais j’avais la chance, à mon niveau, de pouvoir faire quelque chose.

-Oui, on passera à L.A. Et, tu sais quoi, je t’offrirais une place pour toi et les gens que tu aimes. J’ai vraiment envie que tu puisses nous voir.

Je lui souris, en espérant qu’il accepte mon geste. Ce n’était pas la première personne à qui je voulais offrir des places. Je savais que je devais me calmer avant de me faire taper sur les doigts par Timmy. Mais j’aimais faire plaisir aux gens qui le méritaient comme Ross.

-Dommage que tu n’es pas arrivé en ville y a quelques mois. Tu aurais pu nous voir ici gratuitement.


Je rigolai un peu. Il n’était pas si loin le temps où on peinait à percer avec mon groupe.

-Tu as eu des réponses à tes demandes t’emplois ? Je veux dire, celles que tu as envoyées aux maisons de disques et aux studios d’enregistrement ? Un gars passionné de musique comme toi mérite de travailler dans ce milieu.

J’espérais qu’il ait, au moins, eu une réponse. Histoire d’être fixé sur son sort.


@ Billy Lighter

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MessageSujet: Re: Music Is Life [PV Ross][TERMINE]   Music Is Life [PV Ross][TERMINE] I_icon_minitimeMer 11 Avr - 19:32



Music Is Life
starring Duncan Keller



Croiser Duncan me changeait toujours les idées quelques minutes et c'était déjà ça. Mais en même temps, cela me rappelait furieusement le bon vieux temps où j'étais sur les routes avec Zagiel ou Devils' Heritage. Tout cela me manquait... La route, que ce soit comme musicien ou ingénieur du son. Dans ces deux groupes j'avais occupé les deux postes. Bassiste et chanteur pour Zagiel et, diable, on n'avait pas les moyens de se payer un ingé son, donc je m'y collais, réglant toutes les consoles à l'avance pour l'ouverture avant d'entrer en scène.

Et puis les variables au fil des chansons, je les déléguais à un roadie, le plus souvent un fan qui nous suivait partout. Il avait un schéma correspondant à chaque morceau. C'était subordonné à l'état de lucidité du dit fan/roadie. Autant dire que parfois il prenait des libertés avec mes schémas et qu'on devait improviser en direct avec ça. Puis Irina était entrée dans ma vie. Dans nos vies. Et elle n'avait plus laissé de place à l'improvisation en régie. C'était net, propre et sans bavure, mais toujours adapté à nos moments de folie improvisés.

Irina n'avait aucune formation dans le domaine, mais quand elle avait tout plaqué pour rester avec moi, elle avait pris le type et ses problématiques avec. Je n'ai jamais compris ce qui l'avait poussé à tout laisser partir pour rester avec moi. Elle était tellement douée ... Un ange porté par la musique ... Et là, elle s'était retrouvée à être notre manager/technicienne son adjointe/soigneuse, car des bastons on en avait un  après chaque concert. La vodka coulait à flot à cette époque chez nous. Bonne ou mauvaise, elle coutait moins cher qu'un jus d'orange.

Et il n'était pas rare qu'on tombe sur des bandes rivales. On avait dans le collimateur les Hooligans venus de Russie et nous qui étions plutôt pacifistes et anti impérialistes et tout le toutim, mais en même temps totalement désabusés par le régime rouge, on se positionnait un peu comme les woodstockiens de l'Est. Zagiel distillait une musique très violente et cash, totalement décalée des standards, que ce soit ceux prônés à l'Est ou à l'Ouest du mur,  peu assimilable à première vue et ça nous allait bien. Le problème c'est qu'elle était parfois récupérée par des mouvements extrémistes.

Ça, ça ne m'allait pas et ça n'allait à aucun des membres de Zagiel, mais j'ai été le seul à en partir, parce que c'était trop hasardeux quand on allait devenir père, de faire partie d'un groupe qui disait merde à presque tout, hormis la sincérité et la tolérance. Un groupe qui éclairait, tel un phare une jeunesse qui se cherchait. C'était le cas dans pas mal de pays d'Europe et d'Amérique. La différence, c'est qu'on ne risquait pas de partir en camp de travail quand on se faisait serrer à Woodstock ... Chez nous, la liberté d'expression ou la liberté artistique restaient encore à conquérir.

Ressasser tout ça ne me faisait pas du bien, mais je ne pouvais m'en empêcher. Les "et si" émaillaient mes nuits , mes regrets, mes remords. Mourir pour des idées, c'était bien beau. Mais après ... Quand on laissait derrière soi un être innocent et que le soin de lui expliquer pourquoi sa mère était morte revenait à celui qui était encore en vie... Quand cesserais-je de m'en vouloir et de lui en vouloir ? Iola était là et j'étais le seul à percevoir ce que je me devais de faire pour qu'elle devienne une adulte responsable et libre.

Il n'y avait guère que ma voisine à savoir un peu de cette tragique épopée, à travers ce que Iola daignait lui dire, elle qui était à peine plus causante que son père.  

Je pliai le journal et souris à Duncan.

- Je comprends que vous soyez impatients. Une fois j'ai cassé un réveil à trop le remonter pour le faire sonner à 5 heures du matin. On devait être trois cents kilomètres plus loin à 10 heures et on n'avait qu'un bus pour se rendre sur les lieux du concert ... Mais on n'en dormait plus la nuit et le jour J on avait tous dormi dans la même chambre et on était tous réveillé avant que les réveils , sauf le mien, sonnent.

Je caressai ma barbe de quelques jours et répondis à son sourire.

- Votre manager a raison. Il faut ménager surtout la voix. Un guitariste peut prendre du repos et remplacer sa guitare, et c'est vrai pour tous les musiciens, mais un chanteur qui perd sa voix ... c'est au minimum un an de galère ...

Je m'interrompis dans ma réflexion en comprenant que Duncan avait mal interprété mon envie de le voir sur scène. Je ne mendiais pas une place, encore moins plusieurs. J'avais bien l'intention de les acheter.

-  Non, c'est très gentil Duncan, vraiment. Et je sais que ça part d'un bon sentiment. Mais j'ai aussi connu le moment où ton groupe démarre. Si tu commences à faire des cadeaux à tout le monde, tu ne vivras pas de ta musique. Ne fais pas payer ta famille proche, mais fais payer ta famille éloignée et tes amis, parce que s'ils veulent se rapprocher, les premiers s'arrangeront pour payer, et tes amis ... Ma foi, les amis, c'est là pour aider non ? Pas pour être un poids.  Et tu les aideras quand tu le pourras... Ou autrement ...

Je bus une gorgée d'eau dans mon verre et consultai l'heure à l'horloge du bar. Iola devait avoir déposé son dossier à Fairfax à l'heure qu'il était. J'espérai qu'elle soit prise, même si je ne savais pas encore comment j'allais payer sa scolarité. Je répondis à la question amicale de Duncan.

- J'ai placé beaucoup d'annonces et de demandes partout. Pas de réponse pour le moment, mais je ne me décourage pas. Ca viendra. Et si cela ne vient pas, je diversifierai mes demandes: bâtiment, gardiennage, sécurité, plomberie, et musique. J'ai plus d'une corde à mon arc. Et je suis prêt à travailler comme maçon ou comme professeur particulier en musique. Ne te moque pas ... Je m'en sors à peine avec ma fille. Je me vois mal face à des gamins ...mais j'improviserai ...  C'est ça la vie !






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MessageSujet: Re: Music Is Life [PV Ross][TERMINE]   Music Is Life [PV Ross][TERMINE] I_icon_minitimeLun 16 Avr - 11:37



Music Is Life
ft. Ross Venor Malko


Ross comprenait mon impatience et celle du groupe tout entier. Il me raconta une anecdote et ça me fit sourire. Ross avait toujours des anecdotes à raconter. On avait que 5 ans d’écart environs mais j’avais l’impression qu’il avait vécu bien plus de choses que moi.

-C’est vrai que c’est difficile de dormir quand on attend quelque chose avec impatience et qu’il approche. Je suppose que la patience viendra avec le temps…

J’avais 30 ans et j’étais toujours aussi impatient. Je m’émerveillais toujours comme un petit garçon devant les choses. Et, finalement, je ne sais pas si j’espérais vraiment changer. Je pense que si on ne s’émerveille plus, c’est que quelque chose ne va pas.

Ross, qui était bien plus sage que moi, déclara que Timmy avait raison. Il valait mieux se ménager avant la tournée mondiale qui allait être sûrement plus éprouvante que je ne l’imaginais. Il déclara qu’il était difficile pour un chanteur de se remettre si sa voix était endommagé. J’approuvai de la tête et je souris.

-Tu as raison. J’essaye de prendre mon mal en patience mais je n’ai jamais été très doué pour ça. Je ressemble à mon frère à ce niveau-là.

Je le remarquais d’autant plus depuis qu’il était blessé. Il s’ennuyait et avait hâte de recommencer à faire respecter la loi et l’ordre à L.A. Je souris à cette pensée. Jordan s’était révélé être vraiment impatient depuis que son épaule avait été blessée.

Ross avait, ensuite, déclaré qu’il voulait nous voir sur scène et c’est tout naturellement que je lui avais proposé des places. C’était un chouette gars et il adorait la musique. Je voulais lui faire plaisir en lui offrant des places pour venir nous voir quand on passera à L.A. Mais Ross refusa gentiment mon offre en m’expliquant que trop de cadeaux, ce n’était pas bien. Que les amis c’était fait pour aider et qu’une façon pour eu d’aider était de payer sa place. Je souris. Il avait sûrement raison. Drake, notre bassiste, avait déjà dit que donner des places à tout va n’était pas une bonne idée. Et voilà que Ross avait le même discours. J’étais trop généreux. Je le savais. J’aimais bien faire plaisir et je n’étais pas vraiment le genre à être destiné pour faire du marketing. Je ne faisais que la musique et j’aimais partager. L’aspect économique m’échappait souvent. Je souris à Ross.

-C’est vrai… J’ai tendance à donner des places à tout va aux gens que j’aime. Depuis que j’ai ce contrat avec MTI, j’ai tendance à me dire que je peux aider mes amis en leur offrant ce qu’ils aiment. Je n’ai jamais eu beaucoup d’argent et maintenant que j’en ai un peu plus j’aime bien remercier les gens qui m’ont aidé pendant toutes ses années où BleedingHeart cherchait à percer. Leur offrir une place… C’est une façon de le faire… Mais, il y en a sûrement d’autre comme tu le dis.


Ross était, probablement, plus mature que moi. Mais il avait déjà une fille. Ça changeait toute une vie d’avoir un enfant. Surtout si on l’élevait seul. Ma mère avait élevé quatre garçons toute seul après la mort de mon père… Sans mon grand-frère qui était un peu plus vieux, la vie aurait été très compliquée pour elle. Mais elle avait toujours été courageuse et s’est souvent sacrifié pour nous. Et c’est un peu le même discours que j’entendais chez Ross. Lui aussi cherchait un travail… N’importe quel travail tant que ça lui permettait d’élever sa fille.

-Je ne me moquerais jamais de quelqu’un qui fait tout son possible pour nourrir sa famille.

J’affichai un sourire bienveillant.

-Ma mère a élevé quatre enfants toute seule. L’argent n’était pas facile à trouver mais elle bossait dur pour avoir de quoi nous nourrir tous les jours. Elle s’est sacrifié pour qu’on puisse avoir une vie décente moi et mes frères. Mon grand-frère, Jordan, s’est lui aussi sacrifier pour l’aider. Ma mère et mon frère, c’est mes héros. Je n’en serais pas là où je suis aujourd’hui sans eux.

Par ma propre histoire personnelle, je voulais dire à Ross que je trouvais ce qu’il faisait vraiment admirable. Il était prêt à tout pour élever sa fille de la meilleure des manières et je trouvais ça très beau.

-J’espère que tu vas vite trouver et t’en sortir. Et je suis sûr que ta fille sera très fière de toi quoi que tu fasses comme métier.

Je souris.

-Avec de la chance, tu trouveras une place chez MTI. Ça serait génial ! On se croisera souvent si c’est le cas.

Et peut-être qu’un jour il deviendra l’ingénieur son de BleedingHeart. On ne savait pas de quoi l’avenir était fait.

Spoiler:

@ Billy Lighter

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MessageSujet: Re: Music Is Life [PV Ross][TERMINE]   Music Is Life [PV Ross][TERMINE] I_icon_minitimeLun 16 Avr - 21:54



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J'aurai voulu pouvoir dire à Duncan que la patience venait avec la maturité mais j'étais l'exacte illustration de l'inverse. Oh, bien sûr si on me voyait de l'extérieur, en apparence, j'étais ce grand gars discret et calme, placide, mais qui me connaissait savait que j'étais le feu sous la glace et que souvent je masquais derrière une apparente indifférence des sentiments extrêmes. Si je n'étais profondément altruiste, cela aurait pu faire de moi le parfait psychopathe schizophrène refoulé. Mais heureusement pour les "autres" et malheureusement pour moi, c'était contre moi que cette ambivalence jouait et c'était moi qu'elle dévorait de l'intérieur chaque fois que je devais ronger mon frein avant d'atteindre un objectif.  Malgré ce caractère passionné et intériorisé, aucun de mes renoncements n'avait été un sacrifice. J'avais toujours renoncé par amour et j'avais reçu tellement en retour.

Tout ce que Duncan évoquait me touchait profondément. Je me reconnaissais dans cette mère dévouée qui était la sienne. Non pas que j'avais les seins qui me poussaient, mais j'imaginais sans peine les angoisses qu'elle avait dû traverser. Je me reconnaissais aussi dans ce grand frère qu'il décrivait. Je m'efforçais cependant de masquer l'émotion qui me gagnait. J'étais aussi un grand frère en plus d'être un père. A présent ma sœur cadette était une jeune femme épanouie, patronne d'un restaurant à Munich, mariée, amoureuse, mère de deux enfants. Mon petit frère un chercheur brillant que les universités les plus prestigieuses convoitaient. Il devait enseigner à Oxford à présent.

Comment la vie avait-elle pu me séparer ainsi de tous ceux qui comptaient ? Comment avais-je pu les laisser s'éloigner ainsi ? Après les avoir consolés, bercés, nourris, éduqués comme si j'étais à la fois leur père et leur mère ? Comment avais-je pu laisser la femme de ma vie tomber sous les balles de la Policie frontalière ? Il ne me restait que Iola ... Je prenais conscience du poids qu'elle portait, cristallisant toutes mes attentes affectives. La seule famille qui me restait ... Non, pas réellement. Il y avait Nikkie et Michael. Mes origines, ma fratrie. Encore fallait-il que je veuille à nouveau faire partie de leur vie.

Je hochai la tête en écoutant Duncan.

- La famille, c'est elle qui nous donne cette force ... Bien sûr, on peut se battre aussi pour soi-même ou pour sa passion. Mais que vaut une passion qu'on garde pour soi sans la partager ? Une famille, ce peut être des êtres qui ont le même sang que toi, mais aussi la même passion. C'est avant tout des personnes avec qui tu as des choses à partager.

J'adressai un clin d’œil complice à Duncan.

- Tu sais, je pense qu'on est des chanceux, parce qu'on a ce trésor que beaucoup n'ont pas. On a une famille  ...


Il fit allusion à Iola et j'eus un hochement de tête désolé.

- Je ne sais pas si elle arrivera un jour à être fière de moi ... Il y a tellement de choses dont  je n'ai pas su la protéger ...

C'était compliqué de parler de ma famille, de mon parcours accidenté et tellement improbable depuis vingt et quelques années. Vers l'âge de quinze ans ma vie avait pris un chemin étrange, comme si de la voie royale qui semblait s'ouvrir à moi, diverses bifurcations s'étaient dessinées. Celle que j'avais choisie m'avait mené à Irina. Rien n'arrive sans raison. C'est aussi ce choix qui avait fait de moi un grand chevelu souvent vêtu de jeans et de cuir plutôt qu'un fils de bonne famille en costard, ou qu'un militaire avec le grade de lieutenant de cavalerie. J'avais choisi le chemin artistique plutôt que les carrières diplomatiques ou militaires.

Cette errance avait semé le trouble dans ma famille paternelle, mais guère étonné mon grand père maternel. Mes parents avaient porté jusqu'à leur mort tragique et brutale le poids de ce"gâchis". Plus tard, je suis devenu père moi-même et j'ai compris le souci qui avait tourmenté mes parents quand j'avais tourné le dos à une voie toute tracée et facilitée par mes compétences, pour choisir la moins évidente de toutes. Celle de la musique.

- Souvent les parents veulent ce qu'ils pensent le meilleur pour leurs enfants, mais  parfois ils prennent conscience que le meilleur n'est pas ce qu'ils imaginaient. Parfois, leurs enfants les blessent en les décevant. Parfois, ils blessent leurs enfants en ne les comprenant pas. C'est tellement complexe ...  les relations humaines ...surtout entre les membres d'une famille.

Duncan espérait que je sois engagé par la maison de disques qui avait pris BleedingHeart, son groupe, sous contrat. J’acquiesçai, pensant que ce serait un plaisir de travailler avec quelqu'un d'aussi sympathique que Duncan.

- C'est vrai que ce serait génial ! D'ailleurs qui avez-vous comme ingénieur du son et producteur ? Je le connais peut-être. Tu sais bien comme le monde de la musique est petit !

Même si je venais d'Europe et que la côte californienne était bien loin des rigueurs septentrionales, les producteurs, ingénieurs du son de la côte ouest des États Unis étaient connus et encensés chez nous notamment pour forger ce son typiquement "californien", ce hard rock coloré, glam pop et provocateur ayant comme chef de file Van Truppen. J'avais entendu BleedingHeart chez les disquaires et je savais qu'ils évoluait dans un Rock pop parfois provocateur mais plus épuré musicalement.






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MessageSujet: Re: Music Is Life [PV Ross][TERMINE]   Music Is Life [PV Ross][TERMINE] I_icon_minitimeJeu 19 Avr - 15:03



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Ross et moi avions beaucoup en commun et quand il parlait de la famille, je me retrouvais dans son discours. Les notions de partage, je les connaissais. Je partageais avec ma famille et mes amis. Ross voyait les choses en large en disant qu’une famille était autant la vraie famille que ceux avec qui on partageait la même passion. Et il avait raison. Je partageais ma passion pour la musique avec les membres de BleedingHeart mais aussi avec d’autres musiciens et des roadies comme Ross. Ils faisaient tous, en quelque sorte, partie de ma famille.

Ross prenait la famille pour un trésor. Et quand je pensais à Jordan, ma mère, mes deux autres frères et les membres de mon groupe, je ne pouvais qu’être d’accord. J’approuvai de la tête un sourire aux lèvres.

-C’est vrai. Le partage c’est ce qu’il y a de mieux. Et la vie, sans une famille, n’aurait pas la même saveur. Je suis très heureux de ce que j’ai et je ne voudrais rien changer.

J’étais un homme comblé. Et, même si mon enfance n’a pas été facile tous les jours étant orphelin de père, je ne l’échangerais pour rien au monde.

Je déclarai, ensuite, que la fille de Ross devait être fière de lui. Il se démenait pour elle et pour lui fournir tout ce qu’il lui fallait pour grandir. Je trouvais ça admirable. Mais Ross n’était pas aussi sûr. Apparemment, leur vie n’avait pas été facile et ça me faisait mal au cœur de voir Ross se dévaloriser comme ça.

-Je suis sûr qu’elle prendra conscience que son père est quelqu’un qui l’aime et qui fait tout pour elle. Peu importe ce qu’il s’est passé, je suis sûr qu’elle sera fière de toi, si ce n’est pas déjà le cas.

Je souris. Moi, j’avais toujours de l’espoir. Mon frère me prenait pour un grand optimisme. Mais sans optimisme on n’avance pas. Il faut toujours voir le bon côté des choses et avancer. C’est comme ça que BleedingHeart avait avancé.

Je ne savais pas de quoi est fait le passé de Ross mais ça a l’air de ne pas être tout rose. Certaines personnes ont des vies difficiles… Ross faisait parte de ces gens-là mais semblait vouloir tout mettre en œuvre pour avancer et vivre de sa passion. J’admirais ce genre de comportement.

Ross enchaina en parlant des relations entre les parents et leurs enfants. C’était quelque chose de complexe. J’avais eu la chance d’avoir une mère qui m’avait toujours encouragé dans mes choix même quand j’ai voulu me diriger vers la musique. Elle savait, de toute façon, que je voulais faire ça et rien d’autre. Je n’avais jamais été très doué pour l’école d’où mon côté un peu rebelle et faire de la musique était quelque chose qui me rendait heureux. Et me voir heureux rendait heureuse ma mère. J’ai, aussi, eu la chance d’avoir un frère capable de m’héberger à L.A.

-Oui c’est complexe. Mais c’est cette complexité qui rend la relation si intense et belle. Ma mère ne m’a jamais dit que je l’ai déçu mais je sais qu’elle a souvent eu peur pour moi à cause des choix que je faisais. Elle ne m’a pas empêché de poursuivre une carrière musicale mais elle a toujours été inquiète que je n’y arrive pas et que je finisse sans sous et que je sois désabusé. Mais malgré cette peur, elle m’a toujours soutenu même dans les moments où le groupe était prêt à baisser les bras.

C’est en partie grâce à elle que BleedingHeart avait persévéré et avait fini par percer et obtenir un contrat.

Et j’espérais à Ross d’avoir autant de chance et de pouvoir signer prochainement avec une maison de disques. Et pourquoi pas MTI ? Ça serait génial de pouvoir bosser dans les mêmes studios que Ross ! Voir même, un jour, travailler carrément avec lui. Je souris à ses questions.

-Notre ingénieur du son s’appelle Ethan Clarke. Il a déjà une assez longue carrière. Il est surtout connu pour avoir été l’ingénieur du son de The Army pendant toute la carrière du groupe. Après la fin de The Army il a quitté BSC pour MTI. Il est devenu notre ingénieur du son quand on à signer pour MTI. C’est vraiment un chouette gars ! Rigoureux mais génial ! C’est grâce à lui si le son rend si bien sur notre premier album.

J’étais content de travailler avec des gens qui sont dans le métier depuis longtemps comme Clarke.

-Quant à mon manager, c’est Timmy Evans. Tu sais, le manager de The Burning Fire.


Mon manager n’était pas aussi connu qu’un Daniele Ricci. Mais c’était surtout parce qu’il était discret parce que Timmy est vraiment un très bon manager.

Je souris à Ross.

-Toi, tu as dû en voir des groupes, dans ta carrière, non ? Tu m’as dit, la dernière fois, que tu avais été ingénieur du son en Europe. Tu as fait des tournées ? C’était comment ?

Je n’allais pas tarder à vivre moi-même une tournée alors c’était bien d’avoir les ressentis des autres sur ce qu’ils avaient vécus.


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MessageSujet: Re: Music Is Life [PV Ross][TERMINE]   Music Is Life [PV Ross][TERMINE] I_icon_minitimeSam 21 Avr - 17:01



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starring Duncan Keller



Contrairement à Duncan, il y avait certaines choses que j'aurais aimer pouvoir changer et sa joie de vivre, sa bonne humeur, qui devaient probablement être contagieuses pour ses proches, contrastaient très certainement avec mon côté pessimiste, pour ne pas dire sombre. J'avais à peine entendu la suite de ses propos alors qu'il me parlait de son manager et de son ingénieur du son. Des noms qui ne m'étaient pas inconnus. J'avais envie de lui dire que je n'en avais entendu que du bien mais les mots ne sortaient plus.

Pourtant, concernant Iola, il n'était pas le premier à me dire d'arrêter de me culpabiliser. Comme Pandora, il le disait pour m'aider, parce qu'il me trouvait sympa, mais ça, j'étais foutrement en incapacité de le voir, de le comprendre ou de l'accepter. De même que lorsque j'avais cloué le bec à cette brave femme en lui disant qu'elle ferait mieux de se taire parce qu'elle ne savait pas de quoi elle parlait, je sentais la colère monter en moi aux paroles de Duncan qui se voulaient réconfortantes.

Ce n'était pas de la colère contre lui mais contre moi-même et je sentais que j'allais encore être injuste et blessant, mais c'était plus fort que moi. J'avais refoulé toute cette tension accumulée depuis notre fuite d'abord à travers l'Europe, avec la peur au ventre de se faire rattraper, puis à mettre le plus de distance entre nous et les sbires de Jaruzelski en traversant l'Amérique de part en part. Je sentais confusément, à présent que nous étions en sécurité Iola et moi, qu'ELLE était en train de me rattraper. La folie ...

Pour garder le cap devant ma fille, ne pas sombrer dans cette folie qui me tendait les bras, j'avais mis de côté cette intolérable douleur et maintenant qu'elle refaisait surface, le seul moyen de l'anesthésier paraissait être de se laisser sombrer, d'ouvrir les portes en grand à cette démence tapie au fond de moi. Chaque fois que quelqu'un essayait de m'apporter du réconfort, un apaisement, je partais en vrille. Je ne méritais pas d'être réconforté. Je refusais d'être réconforté.

- Tu ne sais pas ...

Mes mains tremblaient et je cherchai fébrilement mon paquet de cigarettes pour en allumer une. J'en tendis une à Duncan et hélai le barman.

- Tu as de la vodka ? Je peux avoir un verre ? Et puis tiens, non je prends la bouteille ! Tu veux boire quoi Duncan ?

Je me mis à me mordre nerveusement le pouce. Un curieux tic que j'avais depuis quelques temps quand je ne voulais pas craquer.

- Tu ne sais pas ... Elle a perdu sa mère par ma faute ... Est-ce que tu pardonnerais ça à ton père ? Moi non. J'aurais juste envie de le butter ! D'ailleurs tiens pour tout dire, j'ai envie de butter quelqu'un moi aussi ... C'est peut-être moi que je devrais butter, non ? Qu'est ce que tu en dis ?

Duncan affichait maintenant un air indéchiffrable face à ce comportement totalement imprévisible. Je tirai sur ma cigarette, les larmes au bord des yeux. Le barman nous apporta deux verres et la bouteille sur un plateau. Je m'en remplis un aussi sec et le descendis d'une traite.

- Ahh mais tu vois bien, quel con je fais ! Il nous reste dix dollars pour finir la semaine et je les bois ! Tu crois toujours que je suis le père rêvé pour une adolescente de quinze ans ?

Je remplis à nouveau mon verre et le bus cul sec une fois de plus. Je parvins à articuler péniblement, non pas que j'étais déjà bourré, mais j'avais ce putain de nœud dans la gorge :

- Ethan est un type très talentueux ... En plus d'être vraiment très ouvert d'esprit ... Vous ne pouviez pas tomber mieux ...


Je posai mon verre et me massai le front puis passai ma main sur mes yeux pour essuyer ce qui coulait tout seul.

- Timmy Evans a une très bonne réputation... C'est un fin renard à ce qu'on m'a dit ... Il saura vous défendre face aux requins que sont souvent les Majors ... Dis-je d'une voix hachée. Deux types bien ! Ce sont deux types bien ... Lâchai-je en éclatant en sanglot comme un gosse.

A vrai dire je n'avais que les "ouïe dire" du métier pour affirmer cela et je n'avais jamais eu à faire à eux personnellement ni de près, ni de loin. Mais la vérité, c'était que même le pire des enfoirés m'aurait semblé un type bien comparé à moi. J'esquissai un geste pour me servir un troisième verre.

- Bordel ! Mais quel con! Je vais pas gâcher cette vodka qui est pas mal du tout en chialant dedans !

Je détournai les yeux pour ne pas croiser le regard de Duncan qui devait être aussi mal à l'aise que le barman qui nous lorgnait d'un regard vigilant. Il avait dû en voir, des mecs qui partent en vrille et saccagent tout. Ma stature ne plaidait pas la tranquillité. Mon attitude n'invitait pas à la sérénité.

- Je suis désolé ! Tellement désolé ! Il vaut mieux que j'y aille... Je suis en train de gâcher ta journée ...
Soufflai-je en sortant un billet pour payer la bouteille.


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MessageSujet: Re: Music Is Life [PV Ross][TERMINE]   Music Is Life [PV Ross][TERMINE] I_icon_minitimeLun 23 Avr - 11:34



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ft. Ross Venor Malko


Je voulais réconforter Ross qui semblait se dévaloriser. Moi, j’avais l’impression de voir, devant moi, un père exemplaire. Mais je ne pensais pas que mon réconfort provoque la réaction de Ross. Il sembla se renfermer sur lui-même. Je le regardai, intrigué alors qu’il déclara que je ne savais pas… Mes lèvres se pincèrent. Il avait raison. Je ne savais rien de sa vie… Mais je n’avais fait que dire ce que je pensais par rapport à ce que je voyais et à ce qu’il m’avait dit concernant sa fille.

Parce que Ross, pour moi, était quelqu’un de bien.

Je voyais Ross trembler. Je n’avais jamais voulu le mettre dans cet état. C’était très loin d’être mon intention. Et je me sentais mal à l’aise par rapport à ça.

Il sortit son paquet de cigarette, il en prit une et m’en proposa une. Je la pris. J’étais loin d’être un fumeur régulier mais je ne disais jamais « non » quand on m’en proposait une. Mais je ne fis, pourtant, que la garder en main en regardant Ross d’un air inquiet. Il demanda à avoir une vodka. Toute une bouteille. Je regardai vers le barman.

-Je voudrais un verre de bière. Merci.

Je voyais que Ross était en proie à l’émotion. Et je m’en voulais vraiment d’en être arrivé là.

Il déclara que je ne savais pas. Que sa fille avait perdu sa mère par la faute de Ross. Je me raclai la gorge. L’histoire familiale de celui que je considérais comme mon ami semblait terrible. Il alla même jusqu’à se dire qu’il devrait se tuer. J’hochai la tête négativement.

-Ross… Ça n’aidera pas ta fille… Elle a besoin d’un père… Ne fait pas une chose pareille. Je suis désolé d’avoir évoqué ce sujet. Vraiment désolé.

Je ne voulais pas que cette conversation mène à un acte dramatique. Je ne voulais pas que Ross face cette erreur.

Il était sur le point de pleurer et je ne savais pas trouver les mots pour le réconforter. Il se dévalorisa encore constatant qu’il avait usé son argent en vodka. Je me mordis la lèvre me retenant de lui dire que j’allais payer de peur d’empirer les choses.

Il reprit ensuite la conversation en encensant notre ingénieur son et notre manager. Puis, il éclata en sanglot sous le regard surpris du barman et le mien. Il descendait ses verres bien trop vite à mon goût. Et j’aurais voulu trouver les mots pour le réconforter.

-Je suis désolé, Ross… Vraiment…

Il pleurait et disait qu’il gâchait toute sa vodka. Je le regardais toujours essayant de trouver de quoi lui remonter le moral. Mais je ne trouvai rien de bon avant que Ross ne veuille s’en aller.

Je me levai à mon tour.

-Ross… N’oublie pas… Ne fait pas de connerie, je t’en supplie… Et, si tu veux parler, je suis là. N’hésite pas à me téléphoner.

Il avait mon numéro de téléphone. Je lui avais donné à notre première rencontre.

-Je suis encore désolé pour tout.

Je le regardai. J’étais sincère dans mes excuses. Mais je ne pouvais pas retenir l’ingénieur du son. Il ne semblait pas aller bien et il valait mieux qu’il se repose.



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MessageSujet: Re: Music Is Life [PV Ross][TERMINE]   Music Is Life [PV Ross][TERMINE] I_icon_minitimeSam 28 Avr - 15:46



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starring Duncan Keller



J'avais toujours été plus doué pour faire le vide autour de moi que pour créer des liens. Mes parents étaient habitués à entendre les mêmes mots de mes professeurs et de mon entourage. Plus tard, dans ma vie adulte, cela s'était renforcé. Alors que la plupart des gens, mêmes ceux qui ont été des gosses timides, font des progrès relationnels en devenant indépendants et en gagnant en confiance en eux, moi je m'étais davantage renfermé. L'indépendance me permettait au contraire d'éviter les contacts non désirés avec des personnes qui ne m'étaient pas indispensables pour vivre ou avec lesquelles je n'avais rien à partager.

Enfant, j'avais dû accepter de bonne grâce, pour "faire plaisir" à mes parents, de côtoyer mes cousins, ou les enfants de leurs amis, même si j'avais envie de les ignorer au mieux, de les fuir ou au pire de les étrangler. Je devais faire bonne figure. Mais une fois adulte, je pouvais me permettre de choisir mes relations et j'écartais très rapidement tout importun. Cela me valait au choix la réputation de mec cynique, arrogant, sauvage, associable ou de cuistre, goujat, machiste auprès des femmes. C'était regrettable aux yeux de mes proches mais je m'en foutais totalement. Je n'avais plus envie de faire des efforts pour supporter des gens qui me tapaient sur les nerfs.

Jusqu'au jour où ma route avait croisé celle d'Irina. C'était à l'Opéra de Cracovie. Qu'est ce que je foutais à l'Opéra ? C'est ce que tout le monde pourrait se demander en voyant mon look. Eh bien j'étais invité à venir écouter une de mes compositions interprétée par l'orchestre philharmonique de cette honorable institution. Non, on n'allait pas donner une représentation publique d'une de mes symphonies dans cette splendide salle. D'ailleurs, je n'avais pas rendez-vous dans cette salle, mais dans le studio de l'Opéra. L'endroit utilisé pour les enregistrements des interprétations d’œuvres destinées à être gravées. Et ce n'était pas à l'enregistrement d'une de mes symphonies que je devais assister, mais à celui des parties que j'avais écrites pour un orchestre sur le premier album de Zagiel, mon groupe. Nerveux au possible, j'étais arrivé en avance ... J'avais du temps à tuer ... Je flânais dans les couloirs de l'Opéra ... C'est là que je l'avais croisée ...

Dans sa tenue de ballerine ... Elle était au milieu d'un groupe de danseuses qui avaient pouffé de rire en me croisant. Mais pas elle. Nos regards  s'étaient accrochés et elle s'était retournée tout comme moi, pour prolonger la magie... Pour vivre cette magie j'étais prêt à supporter beaucoup de choses, même certaines de ses relations qui ne me portaient pas dans leur cœur et à qui je n'avais rien à dire. Je devenais plus tolérant et sociable sans m'en rendre compte et ce n'était plus des efforts car cela me semblait naturel de m'intéresser aux gens qui comptaient pour elle. Ce faisant, je pris conscience que j'avais méjugé certaines personnes qui se révélaient intéressantes et généreuses malgré un abord qui me poussait à fermer ma coquille. J'apprenais à me laisser apprivoiser par des pipelettes de danseuses, des décorateurs exubérants, des chefs éclairagistes injonctifs, des amis possessifs qui vivaient autour de l'amour de ma vie. Cette magie me faisait aimer les gens et m'aimer moi-même. Elle ne devait plus s'interrompre durant quinze années , jusqu'à ce matin de décembre 1981.

Les paroles de Duncan me touchaient, même alors que j'avais provoqué la fin de notre conversation. J'avais été injuste et blessant envers lui. Et je savais pourquoi. Il ne m'était pas indifférent, donc ses mots m'atteignaient, même ceux qui se voulaient réconfortants. Mais il n'était pas encore assez proche de moi pour que j'accepte de lui expliquer pourquoi je m'en voulais bien plus encore que ma fille m'en voulait elle-même. Il n'était pas assez proche pour que je lui dévoile la magie qui éclairait ma vie et était morte avec Irina. Je le connaissais depuis trop peu de temps et même si je l'appréciais beaucoup, si je n'aurais pas hésiter à l'aider ou à l'écouter me parler de lui, je n'étais pas encore prêt à parler de moi. De toute façon Irina disait toujours que ce qui me racontait le mieux était ma musique.

Et elle ajoutait, pas peu fière, qu'elle avait aussi mon regard pour me débusquer. Rien qu'en plongeant le sien dans le mien, elle savait. Elle était la seule à y parvenir aussi parfaitement. Mes parents, ma sœur et mon frère n'y arrivant qu'à quelques sujets. Elle avait tout de suite perçu la panique à l'idée d'être un père pas à la hauteur, alors que tout le monde supposait que je devais être fier comme un paon d'avoir mis ma chérie enceinte, moi j'étais mort de trouille de mille choses: la perdre, perdre le bébé, perdre les deux, ne pas être un bon père, ne pas être un bon mari, ne pas être un bon Humain, un bon modèle pour notre enfant. Tout ça Irina l'avait parfaitement capté dans mon regard.

Tout comme elle captait mes états d'âmes en écoutant mes compos. Il lui suffisait d'entrer dans le studio que j'avais aménagé dans le sous sol de notre maison, de se caler discrètement dans un fauteuil et d'écouter ce que j'étais en train de jouer ou de composer au piano pour savoir dans quel état d'esprit j'étais. Elle avait beau essayer de me surprendre, je sentais plus que je n'entendais sa présente. Elle me disait que j'avais une oreille diabolique. En fait les vibrations des notes changeaient quand elle était dans la pièce. C'était tout. Rien de diabolique là dedans. Ma perception de la musique que je créais changeait suivant les personnes avec lesquelles je la partageais. Je pense que c'est certainement vrai pour tous les artistes et je pourrais en parler à Duncan. Peut-être lui aussi a-t-il ressenti ça en composant ou en jouant ? Il me donne l'impression d'être un type assez sensible et empathique pour ça.

En tout cas, je l'avais vérifié tant de fois, que j'interdisais l'accès de mon studio personnel aux cons qui me brisaient les noix et me pompaient l'oxygène. Je ne voulais pas qu'ils pourrissent les vibrations de mes compositions et corrompent mon inspiration par leurs vibrations de merde. En concert, je sentais aussi directement en entrant sur scène si le public était en phase ou s'il y avait des poches de résistance venues pour nous lancer des gadins. C'était un plaisir de partager avec des gens qui étaient ouverts et respectueux de mon travail, un état de grâce, un pur bonheur, avec ceux qui l'aimaient réellement. Mais l'envie et le courage de partager tout court m'avaient  quitté lorsque j'avais perdu Irina. Tout restait bloqué dans ma tête. Les notes et les mots. Désormais je n'avais envie que de servir les notes et les mots des autres en exerçant le métier d'ingénieur du son. Et essayer d'être encore le père d'une enfant qui me haïssait.  

Pleurer m'avait aidé à évacuer un peu tout ce que je gardais pour moi depuis plus d'un an.  La perte de contrôle passée, je me sentais lamentable et honteux. L'idée était de finir la soirée avec une bonne cuite solitaire.  Avant ça je voulus rassurer Duncan qui semblait tellement mal à l'aise qu'il ne faisait rien pour prolonger la rencontre. Il fallait reconnaitre que cela n'avait à présent rien de divertissant de discuter avec moi. Mais quelque part, c'était aussi une preuve de pudeur et de respect de sa part et j'appréciais ça. En ne tentant pas de me retenir il évitait aussi le risque que cela dégénère. C'était un service à me rendre car j'étais capable de boire quatre fois plus qu'une bouteille avant de tomber dans le coma et entre temps de commettre bien des dégâts. Ce ne serait d'aucun secours pour ma fille et moi même. Ça, Duncan avait eu l'intelligence de le comprendre, là où d'autres m'auraient encouragé à me poivrer la gueule  et l'auraient fait avec moi, rien que pour le plaisir de se mettre en vrac. Je tentais donc de le rassurer tandis qu'il se levait aussi.

- Ne t'inquiète pas ! Je vais pas jouer au con, tant que je l'aurais pas mise à l'abri de la misère. Je dois bosser un moment avant.  Tant qu'elle n'a pas un métier dans les mains et son indépendance, je dois être là pour elle. Même si elle ne veut pas de moi.


Je hélai le barman en lui demandant si le compte y était pour régler.  Il acquiesça et j'embarquai la bouteille de vodka avec moi tout en m'adressant à Duncan.

- Mec, finis donc ta bière à ma santé et fume ta cigarette tranquillement ! Fais redescendre le stress et profite de ta soirée. Tu l'as bien mérité

Je rangeai ma chaise tandis que le barman me rapportait la monnaie et lui laissai un pourboire. Lui aussi l'avait mérité. Puis avant de franchir le seuil je m'adressai une dernière fois à Duncan.

- Il se pourrait bien que je te prenne au mot et que je t'appelle pour un petit jam un de ces soirs, histoire de te détendre un peu avant ta tournée ! Et ce coup-ci, on ne parlera que musique!  Ouais j'ai connu quelques groupes. J'ai même fait partie d'un ou deux quand j'avais dix ans de moins!  



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Dernière édition par Ross Venor Malko le Mer 2 Mai - 17:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Music Is Life [PV Ross][TERMINE]   Music Is Life [PV Ross][TERMINE] I_icon_minitimeLun 30 Avr - 16:27



Music Is Life
ft. Ross Venor Malko


Ross était une boule de sentiments. Derrière ses air bourru de métalleux, il y avait un homme avait un cœur et des remords. Je ne savais rien de sa vie mais ses larmes et ses paroles me touchèrent au point que je m’en voulais d’avoir mené la conversation, sans le savoir, dans des chemins sinueux. Cet homme voulait le bien de sa fille. Il voulait son bonheur. Mais, pour des raisons qui m’étaient inconnues, il ne se sentait pas à la hauteur et il se haïssait pour ça. Et ça me mis une boule au ventre de voir un homme comme lui s’écrouler devant moi.

Maintenant il pleurait noyant son chagrin dans l’alcool. Un spectacle triste à voir. Et je ne savais pas quels mots pouvaient le réconforter… Je croyais que les phrases que j’avais dites l’aideraient à le réconforter. Mais c’était tout le contraire qui s’était produit.

Maintenant Ross voulait partir… Devais-je le retenir ? Non. Le retenir aurait empiré les choses. Le bas était rempli de choses qui pouvaient empirer son cas. Il y avait l’alcool… Mais aussi d’autres personnes qui, elles même alcoolisées, pourraient renforcer le chagrin et la déprime de mon ami. Et je ne voulais pas que ça soit pire.

L’alcool n’était pas une solution. Je le savais. Et je ne voulais pas encourager mon ami sur ce terrain-là.

Je lui disais de ne pas jouer au con. Ce qu’il ne fera pas. Sa fille avait besoin de lui. Il le savait. J’hochai la tête.

-Oui… Une fille a toujours besoin de son père.

Un enfant en général… J’espérais que la situation et les remords de Malko allaient s’arranger avec le temps. Que ce n’était qu’une mauvaise passe. Qu’une fois qu’il aura un boulot et une vie plus stable, il pourra profiter de la vie et voir le bonheur dans les yeux de sa fille. Un bonheur dont il sera en partie responsable. Un bonheur et une fierté que j’avais envie de voir dans les yeux de mon ami.

Ross paya le barman avant de me dire de boire et fumer tranquillement. Il disait que je l’avais bien mérité. Mais je trouvais que c’était lui qui méritait plus que ce qu’il lui arrivait.

-J’achèverais ma bière en pensant à toi, mon ami.

Ma phrase était sincère. J’allais pensé à lui et à sa fille et espéré le meilleur pour eux.

Ross laissa un pourboire au barman et retins ma proposition qu’il m’appelle. L’idée d’un jam me rendit le sourire et l’idée d’en apprendre plus sur les groupes qu’il avait connu m’intéressait aussi.

Je me tournai vers lui.

-D’accord ! J’ai hâte d’entendre ce que tu as à dire sur ces groupes.


Et je lui offris un dernier sourire avant qu’il ne parte. Je n’avais plus qu’à espérer qu’il rentre indemne.



@ Billy Lighter

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