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Je n’ai aucun souvenirs de mes parents, des quelques années que j’ai passé avec eux. De ce qu'on m’a dit, ma mère m’a laissé là un jour. J’avais 4 ans. Là ? C’est un orphelinat tenu par des nonnes. Je me souviens des champs de maïs à perte de vue, morne horizon qui me laissait tout le loisir de rêver. Rêver, c'est tout ce que j’avais. Prier pour un avenir meilleur, prier pour que ma mère revienne. Prier pour vivre autre chose que la misère affective et la solitude. Prier pour mourir. Puis cesser de prier.

Fuir. Toucher du doigt la liberté. Traverser ses putains de champs en courant jusqu'à perdre haleine et tomber. Ramenée dans ma prison à moitié inconsciente, coupée et égratignée de partout par les feuilles de maïs, les pierres, pleine de terre. Une fois, dix fois, cent fois. Punie. Comme si ma vie n’était pas déjà une punition. Une punition pour quel péché ? Être née, simplement.

Alors que les autres filles rentraient dans le rang, trouvaient la paix en Jésus. Moi je trouvais mon identité dans l’ivresse de mes fugues, dans la violence et la rébellion, dans les sévères représailles du pouvoir établi. J’exprimais toute ma colère contre cette injustice de vivre dans un monde qui ne voulait pas de moi. Mais qu'y avait il derrière ces champs qui, de plus en plus, m’oppressaient ? Devais-je me contenter de rêver mes possibles ? Comme à toute chose, la réponse fut non. Alors je suis partie, pour de bon cette fois.

Après les champs, la route. Avec la route, la radio. Avec la radio, un nouveau monde s’offrait à moi : celui du rock. Mon premier chauffeur était un fan, il me fit écouter les classiques des années 60 et 70 et ces groupes parlèrent à mon âme blessée. Je fus particulièrement séduite par la brutalité sauvage du Punk. Moi qui pensait que la musique se résumait au solfège et aux cantiques des religieuses. J’étais à la fois surprise et outrageusement excitée qu’on puisse exprimer ma rage à travers un bon rif de guitare, un solo de batterie ou une mélodie accompagnée de quelques mots. Je découvrais le monde sous un jour neuf. Un monde bien plus complexe que celui de l’orphelinat et des champs de maïs, un monde en perpétuel mouvement. Un monde où se côtoyait le conservatisme de la vieille Amérique et une nouvelle vague, irrévérencieuse, rebelle, pleine de promesses.

Mais le monde que j’arpentais désormais n’était pas le moins dangereux et je l’apprit à mes dépends une nuit dans un Motel sordide de la route 66. Me rendant compte soudainement combien j’avais été naïve de croire que ce monde était meilleur que celui que j’avais connu jusqu'ici, je me promis qu’il n’y aurait pas de deuxième fois. Je parti au milieu de la nuit et volai une lame de rasoir avant de me consoler auprès d’un biker jusqu'à la prochaine ville. Et pour exorciser l’abus, ou pour ne jamais commettre la même erreur, je fis là mon premier tatouage.

Suite à cela, je n’eus que peu de problèmes. Enfin si, un tas en réalité, mais à présent, je savais y remédier. Je ne compte plus les fois où j'ai sorti ma lame ou mes poings pour me défendre, mais ça fait partie de ma vie, du punk, de ma nature. Ce monde violent, dangereux, où s'entrechoquaient les valeurs et les libertés, où l’anarchie flirtait avec le chaos, où la vie frôlait la mort et où je vivais au jour le jour. Ce monde était maintenant le mien. J’ignore s’il m’avait apprivoisé ou si c’est moi qui l’avait dompté, mais nous dansions un furieux rock n roll plein d’amour et de drames, de sang, d’alcool et de sexe.

Lancée à 100 à l’heure sur la route de l’enfer, ma peau se couvrait de tatouages, et je vivais avec ferveur la mort des seventies.

Au bout de cette route, la cité des Anges. Pourquoi L.A. ? Peut être pensais-je y trouver mon ange gardien. J’en avais entendu parler comme la ville de Satan, celle de tous les pêchers. Ce devait être un endroit pour moi, la possédée, l'irrécupérable gamine, la damnée, le vilain petit canard, la fille perdue. J’en avais aussi entendu dû bien : l’endroit de tous les possibles, de la musique, du cinémas, de l’art, des mouvements pour la liberté, de la modernité. The place to be, en somme. Là où se couche le soleil et où s’allument les spotlights.

Traînant dans les rues, je rencontrai, dès le premier soir, un groupe de punks auquel je me joignis tout naturellement. Vivant de squat en squat, je volais tout ce dont j’avais besoin et je finissais régulièrement au post pour des délits mineurs. Je découvrait la drogue et les différents moyens d’en obtenir, les violences policières et les différents moyens d’envoyer péter le système et tout ce qui représentait l’autorité. Certains d’entre eux m’initièrent à la pensée anarchiste qui bien sur me plut beaucoup.

Un soir d’été, nous avions allumé un feu sur la plage, comme souvent. Kurt, mon mec du moment, commença à jouer et, je devais être encore plus stone qu’à l’accoutumée, je me mis à chanter. Quelques mots crachés à la face du monde, Fuck you Jésus, Go Fuck your god, He’s not mine… C’était pas de la grande poésie, mais la voix semblait en avoir scotché plus d’un. Je pris la gratte et me mis à jouer, mêlant ce dont je me souvenais à ce que j’avais observé, sans même m’en rendre compte. Je m'éclatais comme jamais, je ne pensais même pas à picoler ou à reprendre du speed.
Quelques jours plus tard, Kurt fit une overdose, il mourut dans mes bras. Je fini toute la drogue qui nous restait et atterri à l’hôpital. Je ressorti avec la guitare de Kurt et le coeur brisé, une vraie loque. Je chantais souvent devant les bars pour me faire un peu de thune histoire de me payer ma dope.

Avant que je puisse me tuer, je fis la rencontre de Daniele Ricci devant le Dizzy Warhol. Je crus d'abord à un énième connard aviné venu me demander si je baisais et pour combien, mais non. Un putain de manager, peut être la chance de ma vie ! Cependant, à ce moment là, j’étais tellement mal que tout ce que je voulais c’était ma dose. Heureusement, Dany sait parler aux Junkies et pour un parachute de speed j’étais prête à le suivre n’importe où. En studio si ça lui chantait. Il me promit de quoi, remplir mes poches plus efficacement que les quelques sous jetés dans l'étui de ma guitare par les passants contre ma voix sur la bande. Reboostée par la drogue, je chantais donc. Le speed coulant dans mes veines, ma voix jetée au micro, je priais comme je n’avais jamais prié.

Puis, il me fit écouter. J'éclatai de rire, ne pouvant pas croire que c’était moi. Il fallut me convaincre que c’était bien ma voix, sans
Putain que c’était bon ! Ma voix sortait, brute, grave, un cri du coeur. Le sentiment d'infinie plénitude qui l'habita alors, c’était plus puissant que toutes les drogues que je connaissais. Un millier de cierges clignotaient dans la ville pour le salut de mon âme. Je venais d’être touchée par la grâce divine. Cette musique, chanter, c’était mieux qu’un orgasme, mieux que de péter un abribus à coups de batte. C’était le Nirvana.
Je voulais bien croire que ça pouvait rapporter gros. Il me fit travailler ma voix et surtout ma guitare qui laissait à désirer. Je me droguais toujours, mais je voulais à nouveau vivre, pour voir s’il disait vrai.

Je fis la connaissance de Sid dans la rue et Dany nous dégota Deb. Ainsi naquit Tiny Suicide. Peu de temps après, nous enregistrions un premier single et faisions nos premiers concerts. Seul problème, la BSC refusait toujours de nous signer. L’occasion se présenta alors de rejoindre Daniele sur la Tournée The Lightening/Roadtramp ce qui constitua une expérience incroyable. M’improvisant roady, je découvrit toutes les facettes du métier d’artiste et rentrai à L.A. convaincue de vouloir l’exercer.

Un nouveau single, une overdose et de nombreux concerts plus tard, on vivote, toujours sans contrat et sans domicile fixe pour ma part. Évidemment, les déboires de Daniele me font faire les montagnes russes, émotionnellement et artistiquement, comme si j'avais besoin d'un protecteur aussi bipolaire et déganté tendance addict que moi…

Prénom/Surnom: Jul'
Age: 33 ans
D'où viens-tu: île de France
Comment as-tu connu le forum: pub rpg design
Niveau RP: bon
Quelques petits trucs sur toi: j'aime le chocolat
Quelques mots sur le forum: il est en chocolat ?
Non plus sérieusement, petit coup de coeur. Trop de sous catégories, je me suis perdue (me faut un GPS) mais vraiment sympa !


Je préviens, la prochaine fois qu'on me parle de règles, je crame tout !