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 Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE]

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Jimmy Reed
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MessageSujet: Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE]   Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE] I_icon_minitimeJeu 30 Aoû - 17:03



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ft. Olivia Cortez


Au lever du jour, quand je m’étais réveillé dans notre suite de luxe, Maritza dans mes bras, à l’aube du concert qui verrait la consécration officielle de Roadtramp, j’avais longuement regardé le plafond richement piqueté de décorations fines et dorées.

Les réglages et autres détails techniques devaient être fait au PalaEUR dans l’après-midi, ce qui signifiait que la matinée était libre pour tout le monde ou presque, étant donné que les roadies, eux, avaient du pain sur la planche dès le matin et avaient déjà probablement commencé leur journée depuis une heure ou deux.

Je m’étais doucement levé, pour ne pas réveiller Maritza qui dormait du sommeil du juste. Depuis notre rencontre avec Olivia dans la Death Valley, elle semblait plus sereine, moins froide aussi vis-à-vis de moi. Rassurée, peut-être, que je ne sois pas aussi dur avec Olivia que je ne l’étais avec elle. Je n’en savais rien. Mais si j’étais moins dur avec l’une qu’avec l’autre, c’était juste parce que ma fille me donnait moins l’occasion de l’être que Maritza.

Je n’aurais su l’expliquer moi-même.

J’étais allé me doucher, m’habiller et quand j’étais sorti de la salle de bain, j’avais trouvé Maritza, nue, en train de s’étirer sensuellement sur le lit. Elle m’avait offert un sourire, je lui avais souris en retour et était venu m’allonger un peu à côté d’elle en prenant soin de ne pas froisser mes vêtements. Elle se demanda pourquoi j’étais déjà prêt et pourquoi je ne l’avais pas réveillée.

Je l’avais embrassée avant de lui expliquer que je souhaitais la laisser dormir et qu’elle pouvait profiter de toutes les infrastructures qu’offrait l’hôtel… Qu’elle pouvait aller se faire masser ou d’autres soins, tout ce qui lui plairait. Le numéro de notre chambre seul lui donnait libre accès à tout.

Quant à moi, lui avais-je dit, j’avais une parole à tenir. Une parole que j’avais donnée à une jeune fille de 16 ans.

Je n’en avais pas eu l’occasion sur la tournée américaine, tout était allé trop vite et je passais pas mal de temps au téléphone avec Alonso au sujet de Los Soldados et du petit Stark. Hormis pour une courte rencontre avec Julian Hughes que Livia nous avait présenté comme étant son petit-ami, rencontre qui s’était plus ou moins limitée à une poignée de main et à un regard qui avait signifié que le gosse de Don avait pas intérêt à merder, que ce soit en divulgation d’informations ou autre.

Rome se présentait donc à première vue comme une accalmie… Et puis nous étions loin de Los Angeles, pas à l’abri des magazines people pour autant, mais les gens de Rome ne nous reconnaîtraient pas aussi facilement que des compatriotes.

Cette simple phrase avait suffi à illuminer le visage de mon amour et je l’avais embrassée une nouvelle fois avec passion, pour la laisser ensuite à ses occupations tandis que je sortais de ma suite pour me diriger vers celle de Roadtramp. Je savais que Livia avait décidé de laisser Perry profiter avec sa compagne et avait donc fait sa place dans la suite réservée à Roadtramp.

J’avais frappé. Aucune réponse. En même temps, le groupe devait encore avoir vécu une dure nuit et devaient nager dans les vapeurs d’alcool. J’avais testé la poignée de porte qui, bien entendu, était restée ouverte probablement par inattention, à moins l’un d’eux ne soit sorti.

Peu importait, j’étais quand même dans la suite… En plein milieu de ce qui devait ressembler à l’Apocalypse version métal… Et ils n’avaient encore passé qu’une seule nuit dans cette chambre.

J’enjambai un corps sans vie, celui du batteur, Frank Harrison, dans le salon, marchant à pas de loup au milieu des ronflements. Si le batteur était ici, c’était peut-être parce qu’il avait roulé du divan sur lequel il dormait pour laisser l’une des chambres libre pour ma fille.

Je me tenais au milieu des quatre portes. Une chance sur quatre, Jimmy.

Je fermai les yeux et tendis la main vers une poignée de porte que j’ouvris doucement. Il était 8 heures du matin, c’était le calme plat dans la suite si ce n’était les ronflements d’alcoolique du batteur échoué dans le salon.

Je pénétrai dans la chambre que j’avais ouverte, sans savoir si c’était la bonne avant de voir, dans le grand lit trônant au milieu de la pièce, un ange blond endormi…

J’avais du mal à réaliser que j’étais responsable de son existence… Que j’aie pu, même sans le vouloir, mettre au monde une future femme aussi parfaite.

J’avançai doucement, sans faire de bruit sur la moquette, jusqu’à pouvoir m’assoir au bord de son lit. Nous étions entre quatre murs, tout le monde dormais autour, personne ne pouvait nous voir, pas même sa mère.

Malgré tout, j’hésitai une seconde…

Avant de passer ma main dans les cheveux de ma fille en lui murmurant doucement :

-Olivia… Réveille-toi, ma belle…

@ Billy Lighter


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MessageSujet: Re: Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE]   Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE] I_icon_minitimeVen 31 Aoû - 0:31



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ft.  Jimmy Reed





J’ai adoré le voyage en avion depuis Los Angeles jusqu’à Rome.  Il y avait une ambiance un peu plus festive que les autres fois, pour la portion Nord Américaine de la tournée. Peut-être que c’est ce que ça fait que de quitter le continent pour voler vers de nouveaux horizons.  Jack s’est installé avec Brooke et heureusement qu’elle était là parce qu’à voir comment il est devenu tout blanc au décollage, il n’aurait pas tenu le reste du voyage. Puis y’a cette fille aussi, la nouvelle amie d’Eddy.

Je ne sais pas si elle est qu’une amie ou si c’est plus qu’une simple amie mais je me dis qu’on ne traîne pas une simple amie comme ça pour une tournée…  Enfin, c’est pas vraiment de mes affaires et de toute façon, je finirai bien par savoir ce qu’il en est.

Et puis l’arrivée à l’hôtel fut tout autant disjonctée que la première fois, à la Death Valley, les manigances diaboliques des Tiny Suicide en moins.  À voir combien Jack et Brooke se tiennent, mains dans la main et a tenter de se faire des câlins subtiles, je propose spontanément à mon manager de lui laisser le champ libre cette nuit puisque de toute façon, je sais très bien que je pourrai squatter un lit dans la suite de Roadtramp, sans problème.

Avec les mecs, nous faisons la fête, comme chaque fois après les concerts.  Ils font des concours de celui qui boira sa cannette de bière le plus rapidement, j’y participe, avec un coca mais je perds chaque fois parce qu’il mousse dans ma gorge et que ça fini par me ressortir par les narines.  Les fous rires qu’on se prend ! Bien vite, Clepto se retrouve saoul quoi que c’est à se demander si son alcoolémie descend vraiment assez pour dire qu’il est sobre.
Il doit être pas loin de 1h du matin quand je vais au lit.

Avant d’aller au lit, je fouille dans ma valise et en sort mon journal intime. J’ai besoin de noircir quelques pages sur mon expérience et sur tout ce que je vis. Dernièrement, j’ai été moins assidu avec mon journal, par manque de temps, pas par manque d’anecdotes.  Quand je recule de quelques pages, je me rends compte que j’ai parcouru un chemin immense en peu de temps.

Ma fugue, ma rencontre avec Jack, l’école, Julian… mon père.

Je baille en fermant la lampe de chevet puis je laisse mon journal sur mon lit, plus loin. Je suis tellement claquée que même s’ils continuent de faire la fête, je n’entends à peu près rien et fini par m’endormir rapidement.  

J’ai l’impression de sentir une douce caresse dans mes cheveux.  Ça chatouille et je plisse du nez, les yeux fermés.

‘’ Olivia… Réveille-toi, ma belle… ‘’

Je grogne en tournant mon visage contre mon oreiller.  Je croyais que Jack avait dit que nous pourrions prendre la journée de demain, aujourd’hui en fait, relaxe sans nous presser. J’enfonce mes coudes dans le matelas pour me soulever et, après avoir étiré mes jambes,  je me retourne sur le dos puis je frotte mon visage. Et là, seulement là, je réalise que ce n’est pas Jack qui est venu me réveiller mais mon père.

Je dois avoir la bouche et les yeux grands ouverts.

- Est-ce que je dors encore ?

Je suis forcément surprise mais de belle façon.  Je place une main devant ma bouche avant de bailler une nouvelle fois puis je ramène mes cheveux  du même côté.  C’est la première fois de ma vie que je me fais réveiller par mon père. Au moins, je porte mon t-shirt à l’effigie des Kings de Los Angeles et non pas mon  pyjama de Minie Mouse !

Je ris, doucement. La situation est à la fois belle et embarrassante.  Le choc de ce réveil passé, je lui souris avant de le saluer.

- Bon matin, papa !


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MessageSujet: Re: Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE]   Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE] I_icon_minitimeSam 1 Sep - 11:37



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ft. Olivia Cortez


C’était la première fois que j’avais le loisir de voir Olivia d’aussi près sans avoir à me soucier du type de regard que je portais sur elle. La première fois que je pouvais détailler ses traits et définir lesquels lui venaient de Maritza et lesquels lui venaient de moi… Mais je devais bien me rendre à l’évidence que Maritza, malgré ses gènes latinos, n’avaient pas su vraiment marquer sa propre fille de ses caractéristiques pourtant délicieuses.

Olivia était un clone aussi sûrement que Bastardo l’était pour Daniele.

Je n’avais pu m’empêcher de passer ma main dans ses cheveux ; un geste anodin et paternel que je ne me serais jamais autorisé en public. Il aurait pu être extrêmement mal interprété par la presse et me mettre sur la sellette étant donné que Livia était mineure.

Ce qui m’étonnait, par contre, c’était que cette même presse, en voyant Livia, n’ait encore jamais fait le rapprochement entre nos ressemblances physiques flagrantes.

D’où l’intérêt de nous trouver à Rome pour cette première sortie ensemble. Ici, loin de Los Angeles, personne ne savait qui était Jimmy Reed… Probablement même que Livia Cortez était un nom qui était plus familier aux oreilles italiennes que le mien.

Livia grogna, se retourna, enfouit son visage dans son coussin. Je souris. Je n’aimais pas non plus être réveillé. J’aimais dormir tranquillement.

Elle finit par se retourner vers moi et ouvrir les yeux. Je ne pus que rire brièvement, de ma voix naturellement grave, en voyant l’expression de son visage. Elle ne croyait probablement plus à une telle scène, peut-être s’était-elle résignée.

Mais j’étais bien là et plutôt fier de mon petit effet. Même pour une rencontre en tête à tête avec ma fille, je tenais à soigner mon entrée.

-Non. Tu es bel et bien réveillée.

Ce n’est pas un rêve.

Le sourire que Livia me fit un drôle d’effet… Je comprenais d’où venait l’expression « faire chaud au cœur », maintenant… Alors je caressai encore une fois ses cheveux. Sa ressemblance avec moi me fascinait et, il fallait l’avouer, flattait mon narcissisme.

Elle me souhaita un bon matin et, je supposais que, oui, les choses devaient commencer par là, même s’il était extrêmement rare que je commence par cela dans une conversation, préférant toujours prendre mes interlocuteurs à revers avec des introductions qui pouvaient souvent sembler hors propos avant que les gens ne se rendent compte que je finissais pas les mener exactement là où je voulais avec une facilité déconcertante.

Et à ce moment où ils s’en rendaient compte, en général, c’était déjà trop tard, ils étaient déjà pris au piège dans une toile d’araignée.

-Bonjour, Olivia.

Mes yeux bleus dans les siens, je lui souris…

-Je suis venu voir si tu aimerais que nous prenions ensemble un petit déjeuner dans un de ces petits cafés typiques de Rome. Je doute que nous trouvions des pancakes, mais il parait qu’ils font un excellent café.

Je rigolai.

-Si oui, prépare-toi vite avant que Roadtramp ne se réveille et que cette suite ne redevienne un champ de bataille…

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MessageSujet: Re: Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE]   Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE] I_icon_minitimeDim 2 Sep - 19:05



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ft.  Jimmy Reed




De toutes les personnes qui auraient pu venir me réveiller, Jimmy Reed est bien le dernier à qui j’aurais pu penser. Même Enrique aurait été placé sur la liste avant mon père biologique, c’est dire que la surprise est grande.  Ma journée commence donc agréablement, puisque je conclus que mon père m’a entendu et a comprit que j’avais autant envie que besoin de le voir faire sa place dans ma vie.

Le sourire que j’affiche doit lui suffire à prendre confiance en ses capacités de père ou alors est-ce simplement un acte de pure spontanéité, quoi qu’il en soit, Jimmy caresse mes cheveux. Mon visage doit irradier de bonheur. Les gestes les plus anodins sont souvent les plus important.

Mon père s’est donné la peine de venir me réveiller pour me proposer de partager un petit déjeuner dans un petit café, à l’extérieur de l’hôtel. Une sortie, que moi et lui, pour manger et bavarder, comme un père et sa fille ayant une relation normal le feraient.

- Pas grave pour les pancakes. J’ai entendu un roadie parler des … heu… comment il a dit… cornetto ?

Ma piètre maîtrise de l’Italien  ne me fait probablement pas le prononcer comme il faut sauf que mon accent espagnol doit donner l’impression que j’y suis presque, bien que ce soit deux langues complètement différentes.  Dans le bus, je me suis amusé à méduser Clepto en disant n’importe quoi en espagnole et en prétendant que c’était de l’Italien. C’était vraiment trop marrant.

- D’accord !

Il n’aura pas besoin de me le répéter deux fois avant que j’envoie les couvertures plus loin sur le lit et que je ne me retrouve sur mes deux pieds, fouillant à gauche et à droite pour trouver des vêtements à mettre. Ça, c’est plus compliquer que de sortir du lit. C’est ma première sortie avec mon père, je veux être parfaite. Sauf que nous n’allons que prendre un petit déjeuner donc on oubli les robes un peu plus chic. Je cherche quelque chose de confortable, de passe-partout mais aussi qui me ne me donnera pas l’air d’être une gamine et qui fera pas non plus honte à mon père.  Je trouve un short en jeans blanc et un chemisier sans manche turquoise. Et heureusement, il n’est pas trop froissé d’avoir passé des heures dans ma valise.

- J’en ai pas pour longtemps !

Je file dans la salle de bain attenante à ma chambre pour me laver le visage et les dents et retirer mon grand t-shirt des Kings de Los Angeles reconverti en chemise de nuit. Et quand je sors de la salle de bain, habillée, coiffé et réveillée, je rejoins mon père qui m’a sagement attendu. Ma mère le jalouserait certainement en sachant qu’il a réussit à me faire me préparer en même pas 7 minutes, ce qu’elle s’acharnait à me faire faire chaque matin, jusqu’à la limite d’être en retard pour attraper mon bus.

Mais avant de sortir de ma chambre, je me tourne pour faire face à Jimmy.

- Juste une fois. S’il-te-plait.

Personne ne peut nous voir, Roadtramp dorment encore si j’en juge pas la cacophonie de ronflement qui se fait entendre malgré ma porte fermée.   Je serre mon père dans mes bras. Au de là du fait même de le retrouver, la seule et unique chose que j’ai toujours souhaité, était de pouvoir une fois, une seule toute petite fois, pouvoir le prendre dans mes bras.


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MessageSujet: Re: Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE]   Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE] I_icon_minitimeMar 4 Sep - 17:09



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ft. Olivia Cortez


Olivia sembla d’abord surprise, puis ravie et enfin totalement enthousiaste à l’idée que nous allions prendre le petit-déjeuner à l’extérieur, ensemble. Qu’est-ce que ça me coûtait, après tout ? Une petite partie de la matinée, quelques dollars que je ne verrai même pas partir… Et qu’est-ce que ça me rapportait ? Un peu moins de froideur de la part de Ritza, quelques sourires de la part de ma fille, des informations…

Le rapport me semblait valoir largement le prix de l’effort. Alors pourquoi ne pas essayer. D’autant qu’aller prendre le petit-déjeuner à Rome avec une artiste de BSC ne voulait strictement rien dire. J’aurais pu faire la même chose avec Cort, s’il n’avait pas fallu un treuil et une tonne d’aspirine pour le sortir du lit…

Je souris à Livia en levant les sourcils.

-Je n’ai strictement aucune idée de ce que sont des Cornetto mais on peut le découvrir…

Elle avait un bel accent espagnol et les intonations de sa mère dans la voix. Pas étonnant qu’elle soit une chanteuse hors pair.

Je dis à Livia d’aller se préparer si elle voulait sortir et elle cassa d’un coup tout ce que je croyais savoir de l’adolescence en se levant de son lit d’un bon, rassemblant ses affaires avec légèreté et enthousiasme en affirmant qu’elle n’en avait pas pour longtemps.

Je lui souris. D’accord… Ça ne me laissait pas beaucoup de temps alors.

Une fois qu’elle fut dans la salle de bain, mon regard balaya l’espace… jusqu’à tomber sur un petit livre pas son de son lit… Son journal intime, remarquai-je lorsque je l’ouvris pour commencer à le lire sans que ça ne me fasse ni chaud, ni froid de fouiller dans ses affaires.

Je savais que je n’aurais pas le temps de tout lire alors mon cerveau procéda par mots clés. Les noms et les impressions liées à ces noms.

Maritza, c’était autant de positif que de négatif, mais je n’avais aucune idée de ce qu’était une relation mère-fille.

Sylvio…

Sylvio, Sylvio, Sylvio… Le neveu de son beau-père. C’était enregistré.

Je souris. Tijuana n’était pas grande… Le trouver via les Los Diablos ne serait pas un problème. Le rayer de l’existence non plus.

Fugue… Je connaissais de l’histoire tout ce que j’avais à en connaître.

Stone, je connaissais, c’était une affaire réglée.

Perry donnait bien à ma fille l’impression que j’en avais, c’était bon aussi.

Chanson, chanson, ça n’a pas d’importance…

Julian Hughes… son petit-ami… Mais à 16 ans, ces choses-là ne durent jam…

Oh… !

Je tiquai de l’œil gauche. Fort. Et mordis ma lèvre inférieure.

D’accord. Très bien. C’était toujours bon à savoir.

C’était extrêmement important à savoir, en réalité.

Si je n’avais pas été un fieffé fouineur, j’aurais pu me faire doubler.

Mais non… Non, personne ne me doublerait.

Je replaçai le journal exactement là où je l’avais trouvé, dans la position dans laquelle je l’avais trouvé en tendant Olivia s’activer plus fort derrière la porte de la salle de bain. Je lui souris à nouveau quand elle sortit et me levai du lit en époussetant mon pantalon…

-Allons-y.

J’allais lui emboîter le pas pour sortir de la chambre, mais elle se retourna pour me faire face. Je ne compris pas sa demande dans un premier temps, puis elle me serra dans ses bras. Je me raidis d’abord, surpris à mon tour, avant de me détendre un peu et de replier lentement mes bras autour d’elle, une main au niveau de son dos, l’autre à nouveau dans ses cheveux qui me fascinaient.

Mon cœur battait fort.

Mais pas à cause de l’étreinte, du contact avec ma fille, le premier véritable que nous avions.

Non.

Mon cœur battait fort parce que je venais de passer à deux doigts de me faire avoir et que c’était comme se faire frôler par une balle en plein champ de bataille.

Me reprenant petit à petit, je penchai la tête pour déposer un baiser dans les cheveux d’Olivia.

Douée. Mais pas encore assez pour me surpasser.

Je finis, après une minute ou deux, par l’écarter doucement de moi, passant une main sur sa joue en lui souriant tendrement.

-Allons voir Rome.

Nous sortîmes de la chambre, de la suite, puis de l’hôtel situé en plein centre de la vieille ville. Pas besoin de prendre la voiture, nous étions au milieu de tout et nous ne tardâmes pas à nous retrouver dans une magnifique place ensoleillée où déjà, c’était l’effervescence, sans pour autant être bondé.

Je désignai une petite trattoria qui avait l’air typique et demandai à Olivia.

-Là-bas, ça te plait ?

Nous nous installâmes l’un en face de l’autre à une table, en terrasse et j’allumai une cigarette, la regardant, regardant sa main gauche aussi. Pas d’alliance visible. C’était bien vu.

Laisser traîner son journal l’était beaucoup moins.

-Alors… Il faut que tu m’apprennes à faire connaissance. En général, j’apprends à connaître les gens en les observant, en faisant attention aux détails. Cela prend un certain temps ou cela peut aller vite selon le talent de l’autre personne à afficher ou dissimuler ce qu’elle veut ou ne veut pas qu’on sache.

J’appuyai mon regard sur elle, tirant sur ma cigarette…

-De toi… Je sais très peu de choses… Tu es très liée à ton manager, tu n’aimes pas le sirop parce que ça colle aux dents. Tu es douée pour le chant et la guitare, tu sais comment te faire apprécier. Tu n’es ni réellement douée, ni réellement mauvaise à l’école…

Je souris…

-Et tu aimes jouer à des jeux dangereux, aussi, pas vrai, Livia… ?

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MessageSujet: Re: Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE]   Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE] I_icon_minitimeMar 4 Sep - 20:37



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Mon excitation est à son comble à l’idée d’aller me balader avec mon père dans les rues de Rome. Et bien que je sache qu’il fallait quand même observer un comportement  respectable dehors, ici, dans ma chambre, je m’accorde le droit de le serrer dans mes bras.

Je n’attends pas son consentement, je le fais, c’est tout. J’ai attendu des années pour pouvoir me permettre une seule étreinte avec l’homme qui m’avait donné la vie, je saisi la chance parce que je ne sais pas si l’occasion se représentera bientôt.

Nous quittons la suite sur la pointe des pieds quoi que je sois presque certaine que, sauf pour Carolyn, nous pourrions sortir en mode fanfare et personne ne se réveillerait.  

Il est encore tôt mais il fait déjà chaud dans les rues de Rome. Plusieurs commerçant sont déjà afférés et des touristes déambules dans les rues, tout comme Jimmy et moi le faisons. Plusieurs fois, j’ouvre la bouche avec l’intention de dire quelque chose mais je me ravise et le tais.

Je n’ose pas vraiment engager la discussion. En fait, je ne sais pas quoi lui dire vraiment, c’est bête un peu quand même. Pourtant dans mon cœur, j’ai le plus beau des secrets qui ne demande qu’à voir le jour. Je voudrais pouvoir dire que j’ai confiance en Jimmy, assez pour le lui dire mais… non.  

Je ne le connais pas.

Il me désigne une terrasse et nous nous y installons après que j’ai confirmé que l’endroit me plaisait bien. Mon père s’allume déjà une cigarette, me faisant plisser du nez. Je déteste que les gens fument à tables. Enrique aussi, n’aimait pas quand ma mère faisait ça. Ils finissaient toujours par se disputer.

S’en suivis une étrange introduction dans laquelle mon père fait l’étalage du peux de connaissance qu’il a de moi. J’ai l’impression qu’il me lance une douzaine de fleurs avant de me balancer le pot avec  mon rendement scolaire.  Je me tiens dans le  ‘’B’’ et ‘’A-‘’ et vu les dernières semaines et la façon expéditives avec laquelle j’ai dû faire mes examen de fin d’année, je trouve que ça tient du miracle si ma moyenne n’a pas descendu dans l’alphabet ! Mais je ne le reprends pas. Je l’écoute attentivement, attendant de voir où il va avec ça.

Je dois avoir l’air complètement larguée avec la question qui termine son schéma.

- Des jeux dangereux ? Comme… Quels genres de jeux ?

‘’ De quel jeu dangereux il parle… ’’

Je voudrais bien avoir un verre d’eau pour me faire gagner le temps de réfléchir.  Je suis face à mon père et mon petit doigt me dit que je n’ai pas droit à l’erreur.  Me propose t-il de jouer ?  À un jeu dangereux ?  Il parlait de moi alors forcément c’est quelque chose qu’il a apprit, de par ma mère ou je ne sais qui ou comment mais je ne vois pas quoi lui répondre que :

- C’est pas normal, quand même un peu, à 16 ans ?

Sur la table, un crayon a été oublié. Un client un peu saoul la veille ? La serveuse qui a placé les tables ce matin ? Qu’importe, je l’attrape et je tourne mon napperon de bord pour avoir dessiner sur la face blanche.  Je fais toujours ça, en classe, quand on m’interroge et que je sens que je vais m’enliser. Je dessine pour me faire aller les neurones.


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MessageSujet: Re: Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE]   Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE] I_icon_minitimeMer 5 Sep - 16:16



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Une fois installés à une terrasse qui nous plaisait à tous les deux, je tentai d’engager la conversation. Mon problème étant, comme je l’exposai d’entrée de jeu, cigarette entre les doigts, que je n’avais aucune idée de comment on faisait connaissance à proprement parler. C’était une invitation pour qu’elle me guide dans un éventuel jeu de questions réponses.

Mais je ne m’en tins pas là, pour aller plus vite et que nous ne tombions pas sur des choses que je savais déjà, je lui en fis la liste. Son lien avec son manager, son aversion pour le sirop sur les pancakes, son talent que je produisais, son tempérament appréciable et enfin, son niveau scolaire qui était égal au mien au même âge étant donné que je savais que je devais avoir la moyenne pour passer de classe mais qu’autrement, j’estimais être tellement au-dessus de ça que je n’en foutais pas une.

Là se limitait mes connaissances à son sujet, si ce n’était qu’elle aimait jouer à des jeux dangereux, et ce fut ma première question.

Question à laquelle Olivia ne répondit que par des questions. Je retrouvais là une tendance qu’avait aussi Maritza depuis son retour à Los Angeles.

Vous savez comment on appelle ça ? On appelle ça « fuir ».

Une, deux… trois questions furent les seules réponses qu’elle me donna avant de trouver un crayon, de couper le contact visuel et de commencer à griffonner sur un napperon. Son non verbal en soi mettait fin à la conversation.

Je tirai sur ma cigarette.

-Ma question se contentait d’un « oui » ou d’un « non » comme réponse. Une autre question n’est pas une réponse.

Ce qu’elle venait de faire, c’était botter la balle en touche et envoyer la conversation que j’avais essayé d’initier, certes maladroitement, mais quand même, dans un dead end.

Ce n’était pas grave. Je n’avais rien demandé, personnellement. C’était elle qui était demandeuse de cette rencontre, elle qui voulait faire connaissance. Moi, je n’avais fait qu’accéder à sa demande, répondre présent et tenir par là la parole que je lui avais donnée dans la Death Valley.

Si elle ne voulait pas qu’il y ait une conversation, alors j’allais la laisser griffonner tranquillement et quand j’estimerais avoir fait acte de présence suffisamment longtemps, nous n’aurons plus qu’à rentrer à l’hôtel et passer aux étapes suivantes de nos agendas respectifs.

Un serveur arriva et prit commande. Je demandai un expresso et commandai également pour Livia en traduisant le tout dans l’italien que j’avais appris avec Daniele.

Puis, j’écrasai ma première cigarette, en allumai une deuxième et renversai ma tête en arrière, bien installé sur ma chaise, les yeux fermés pour profiter des premiers rayons du soleil de Rome, écouter les bruits qui nous entouraient…

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MessageSujet: Re: Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE]   Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE] I_icon_minitimeMer 5 Sep - 21:48



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ft.  Jimmy Reed





Il n’y  a rien d’acquis dans la vie. Mon père vient de m’en faire la preuve alors que notre promenade père/fille semble s’être prit un plomb dans l’aile parce que je n’ai pas répondu correctement à sa question. Il aurait dû me prévenir que je passais un interrogatoire.  Qui plus est, c’est lui qui m’a dit que je devais lui apprendre  à mieux me connaitre, que parfois, c’était facile et d’autre non.

Quoi qu’il en soit, pendant que je couche sur l’envers de mon napperon les traits de mon père, un peu comme je l’ai fait dans mon journal intime, je tourne et retourne sa question et ma réponse dans ma tête.

Je relève les yeux de mon dessin et je le regarde avant d’abattre la carte de l’honnêteté.

- Je n’aime pas les jeux dangereux.

Même si parfois, j’ai l’impression de me foutre dedans comme si j’avais un certificat d’excellence en la matière. Ma brève aventure avec Howard Stone en est un excellent exemple. Je crois que je me suis laissée impressionner par son identité, sa notoriété et que j’ai aussi fait démonstration de ma plus belle et grande naïveté.  

C’est du passé tout ça au point que j’ai l’impression que ça remonte à une autre vis. Une autre moi ?

Aujourd’hui, il n’y a que Julian et notre amour qui compte.

J’observe comment Jimmy fume sa cigarette, je détail ses traits, je les affine dans ma tête puis je repenche  la tête sur mon dessin pour les reproduire aussi fidèlement que possible.

- Quand je faisais des trucs qui déplaisaient à Mamita, elle disait chaque fois que je tenais ça de toi. C’était mon côté ‘’ Bastardo Gringo ‘’

Elle ne se doutait pas à ce moment là qu’elle y tenait encore à Jimmy Reed, plus qu’elle ne voulait se l’avouer. Et ça, ça me fait sourire.  Est-ce que mon père à la moindre petite idée de comment, même a distance, il a influencé nos vies ?  

De nouveau, je m’arrête de dessiner pour le regarder.  Moi aussi j’ai une question et je crois avoir le droit de la lui poser.

- Quand tu m’as vu pour la première fois dans le bureau de ton ami, Monsieur Ricci, politesse oblige, on parle d’un ami de mon père, même si c’est ce bon vieux Lele, manager de Roadtramp, tu m’as reconnu tout de suite ?  Tu as ressentis quoi ?

Je me souviens encore parfaitement de ce moment là. J’ai vécu un flot d’émotions contradictoires quand Lele a lâché le morceau pour m’avouer que cet homme qui venait d’entrer / sortir était mon père.  

C’est fou quand même quand on y songe. J’avais passé plusieurs années à me l’imaginer, à fantasmer sur des façons de le rencontrer, rêver à une vie de famille quasi parfaite avec lui et ma mère sans jamais  pouvoir avoir la certitude qu’un jour, tout ceci pouvait être possible pour autant de raisons qu’il en a eu de jeter ma mère.

Ce jour là, ce fut comme un premier pas en avant.

Je ne peux pas dire que nous avons, depuis, franchis une grande distance mais les choses ne sont plus comme elles l’étaient.  


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MessageSujet: Re: Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE]   Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE] I_icon_minitimeDim 9 Sep - 10:12



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ft. Olivia Cortez


La tête renversée en arrière, profitant du soleil de Rome sur mon visage et de ma cigarette en attendant qu’arrive notre commande, je pensais bien que nous en avions déjà fini. Qui avait mis fin à la conversation ? Si vous m’aviez demandé, j’aurais dit Olivia sans hésiter. Mais le piège que je lui avais tendu était en soit une barrière à la communication, une façon d’avorter une conversation que je ne savais pas comment mener.

Quelque part, ça m’arrangeait. Je gagnais sur tous les plans : Maritza ne pourrait pas me reprocher de ne pas avoir essayé et d’un autre côté, je n’aurais rien lâché, rien donné. Si ce n’était une nouvelle illusion.

La véritable bonne question était : est-ce que je le faisais exprès ? Est-ce que c’était conscient ? Oui et non, en réalité. Il y avait contradiction entre ce dont j’avais envie (essayer vraiment) et mon côté rationnel qui me disait (n’essaye pas, tu vas échouer). Et je détestais l’échec.

Maritza disait qu’Olivia était « notre plus belle réussite ». Oui… Si nous nous retirions de ce qui composait Livia.

Je ne relevai la tête que lorsque Livia reprit la parole pour répondre à ma question. Elle disait ne pas aimer les jeux dangereux. Alors, si elle disait vrai, c’était qu’elle n’avait pas de chance…

Et qu’elle était encore atrocement naïve.

Je hochai la tête, assimilant l’information, lui montrant par là que je l’avais reçue.

Elle se remit à dessiner tout en parlant. Preuve que Livia était encore une enfant. C’étaient les enfants qui dessinaient en parlant. Les adultes ayant une conversation importante se regardaient dans les yeux.

A moins que tout cela n’ait plus d’importance à ses yeux, maintenant qu’elle était une Hughes. Et que j’arrivais trop tard.

Je rigolai quand Olivia affirma que sa mère disait qu’elle tenait de moi quand elle faisait quelque chose qui lui déplaisait. Ah bon ? Parce que je ne me rappelais pas, si ce n’est le jour où j’avais mis abruptement fin à notre histoire, avoir jamais fait quelque chose qui aurait pu déplaire à Maritza à cette époque pré-Tijuana.

Elle releva enfin les yeux vers moi et je soutins son regard.

Elle me posa deux questions. Je pris le temps d’y réfléchir avant de répondre.

-Oui, je t’ai reconnue tout de suite.

Je bloquais un peu sur la deuxième… Qu’est-ce que j’avais ressenti ? Je ne me posais jamais ce genre de question et les gens me connaissaient suffisamment, en générale, pour savoir que c’était une question à laquelle je ne répondrais jamais réellement… Quand ils ne pensaient pas tout simplement que la réponse à cette question n’était qu’un blanc immaculé, rien.

-J’ai été surpris. Puis j’ai commencé à calibrer mon monde en t’incluant dans le schéma.

Trouver la meilleure place à lui donner dans un monde où j’étais le maître absolu.

Ça s’arrêtait plus ou moins là. C’était sans compter que Maritza réapparaîtrait elle aussi peu après pour essayer de me pousser.

Et Dieu savait que je détestais ça. Tout ce qu’elle arriverait à faire, c’est obtenir le contraire de ce qu’elle voulait, à ce rythme-là. Alors que si elle laissait couler, je ferais probablement les choses de moi-même. Lentement, certes, mais sûrement.

Mais la patience et la réflexion n’avaient jamais été les points forts de Maritza.

Je supposais que c’était à mon tour de lui poser une question… Alors je me lançai.

-Quelle est ta couleur préférée ?

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MessageSujet: Re: Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE]   Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE] I_icon_minitimeMar 11 Sep - 21:18



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ft.  Jimmy Reed




Je me sens extrêmement mal à l’aise de me retrouver en face de mon père et de se taper une discussion que nous voudrions normal alors qu’elle ne peux pas l’être, même avec toute la bonne volonté du monde. C’est un sentiment qui me préoccupe, ne sachant pas à jusqu’à quel point je dois m’en soucier. Est-ce que Jimmy aussi ressent ça ? Ou bien est-ce que pour lui, ce n’est qu’une case à son agenda qu’il a noirci en y ajoutant mon nom ?

Le naturel n’est pas là. Même en s’efforçant de se laisser croire qu’il pourrait y avoir une place pour ça entre nous deux.  La preuve étant tout le processus de questionnement que je me suis imposé avant de lui répondre.

La question était pourtant simple.

Est-ce que oui ou non j’aime les jeux dangereux.

J’ai dû passer par «  de quel genre de jeux dangereux il parle ? Celui de se mettre des menthos plein la bouche et de boire une grande gorgée de coca pour voir la réaction que ça va produire, se retrouver la bouche pleine de brou et en dégobiller même par les narines ? Ou des jeux plus dangereux encore comme ceux qui m’ont par deux fois amené à me retrouver dans les bras d’Howard Stone ?  Au premier de répondrais oui, sans hésiter. C’est drôle et complètement stupide mais au second, c’est un gros non.

Mon père n’a pas besoin d’entendre les tergiversations incertaine de mon cerveau et c’est pourquoi je préfère jouer de prudence, ce qui est quand même drôle vu sa question, et de répondre  sagement non.

À mon tour de questionner et je vais dans une toute autre direction. Le but ici est d’apprendre à se connaître et l’ordre n’est pas forcément prescrit.

J’apprends donc que oui, il m’avait reconnue lors de la toute première fois pendant laquelle nous avons été en contact. La suite de sa réponse est conforme à l’homme qu’il est.  Calibrer. Schéma.  C’est un tout dans lequel il voulait me faire cadrer et non l’inverse. On se conforme à l’univers de Jimmy Reed. L’univers de Jimmy Reed ne se conforme pas à vous.

Est-ce que j’ai un petit peu plus la puce à l’oreille comme quoi je ne serai jamais rien de plus qu’un numéro dans sa vie ?  Oui, un peu quand même.

Je termine les derniers détails du visage de mon père avant de laisser rouler mon crayon sur la table puis je réponds sans hésiter à mon père que ma couleur préférée est le violet. Dois-je ajouter de la dentelle autour de mes réponses ? Lui dire que j’avais demandé à ma mère et mon père, enfin beau-père, de peindre ma chambre en violet, jour après jour jusqu’à ce qu’Enrique n’en puisse plus et décide de le faire ? Et que ma mère par la suite lui avait dit qu’il n’avait fait que céder à mes caprices ?  Ou peut-être qu’il voudrait savoir que j’avais eu une poupée magnifique pour Noël une année et que j’avais eu la brillante mauvaise idée de lui teindre les cheveux avec du colorant alimentaire pour qu’elle est les cheveux violet ?  Elle fut toute gâchée ensuite mais elle resta tout de même ma poupée favorite à vie.

- Et la tienne ?

Le vert ? Comme celui des billets ? Le bleu ? Comme celui de nos yeux ? Celle des yeux de ma mère ?

Notre commande nous fut apportée. Les cornetto sentent divinement bon, le chocolat chaud qui l’accompagne, pour moi,  est recouvert d’une mousse et de copeaux de chocolat. Je suis tentée de me précipité sur mon petit déjeuner mais je me retiens. J’attends que mon père réponde à ma question avant de me lancer.



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MessageSujet: Re: Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE]   Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE] I_icon_minitimeJeu 13 Sep - 17:01



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La question d’Olivia était légitime, je supposais. Je n’en savais foutrement rien, en réalité. Mais elle avait posé des questions et j’y avais répondu. J’étais venu pour ça. Parce qu’elle l’avait demandé et parce que je lui avais donné ma parole.

Je mentirais si je n’avais pas effleuré un rien l’idée de pouvoir créer une forme de lien avec elle. Une complicité ? Ce serait ça le bon mot ? Ça non plus, je n’en savais foutrement rien. Je sauvais les apparences, gardant contenance, répondant logiquement aux questions d’Olivia.

Dans tous les cas, la logique sauve. Les sentiments sont ce qui nous perd.

Parce qu’ils sont subjectifs. Face à la même situation, émotionnellement, deux personnes ne réagiront jamais de la même façon. Trop de facteurs entre en jeu. Mais si on décarcasse la situation, si on l’explose pour l’analyser et n’en garder que le stricte minimum. Alors tout deviens plus clair.

C’était ce que j’avais fait avec la question d’Olivia : « Qu’est-ce que tu as ressenti, Jimmy Reed ? ».

Le besoin que 1+1=2.

Est-ce que la réponse convenait à Olivia, tout comme je m’étais contenté d’un « oui » ou d’un « non » à ma question sur les jeux dangereux auxquels elle jouait ?

Je n’en savais rien.

Est-ce que ça m’inquiétait de savoir si ça lui convenait ?

Non. Parce que ma réponse était correcte.

Pas « bonne », pas « mauvaise » mais « correcte ».

Il fallait que je ramène les choses à un niveau qui n’était pas basé sur l’émotionnel. Même si je savais que ça aurait intéressé Livia. Sauf qu’à toutes ces questions, c’était elle qui allait se retrouver dans un dead end.

J’avais fait un test de Rorschach, un jour, par pur amusement, avec un psychiatre de renom, lors d’un gala à la villa Reed. Le résultat de mon test tenait sur trois lignes, même pas. Le psychiatre avait été catégorique, bluffé… J’avais contré le test.

J’avais donc ramené les questions à quelque chose qui me donnerait des faits. Sans les émotions qui allaient avec.

A ma question, Livia répondit : « violet ». Et je devais avoir muselé jusqu’à son imagination ou son désir adolescent d’aventure, car plutôt que de chercher une autre question, elle me renvoya la mienne.

Si elle le faisait à chaque fois, ce petit jeu allait être facile.

-Rouge.

Nos boissons furent amenées et je remerciai chaleureusement le serveur avec un sourire, prenant une gorgée d’expresso, en appréciant le goût. C’était à mon tour de poser une question, mais je pris le temps, utilisant ma boisson pour gagner quelques secondes de réflexion.

J’aurais pu lui demander quelle était sa chanson préférée, par exemple ? Non. Parce que si elle me renvoyait encore ma question, je devrai également y répondre.

Et les chansons en disent souvent beaucoup plus long qu’on ne le voudrait. Même, si, en soi, j’étais sûr que certain trouveraient un tas de théories transcendantes sur la couleur favorite des gens.

Pas sa chanson préférée, donc.

-Un pays, une ville, que tu voudrais visiter un jour ?

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MessageSujet: Re: Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE]   Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE] I_icon_minitimeVen 14 Sep - 3:57



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L’échange que j’ai avec mon père prend lentement la forme d’un jeu de pingpong. Nous échangeons les questions et les réponses comme si nous tapions la balle et tentions de ne pas l’échapper. De nous deux, je suis probablement celle qui l’échappera parce que forcément, c’est moi qui passe le test.

C’est du moins ce que je commence à ressentir, sans savoir pourquoi alors que nous devrions simplement discuter et profiter du moment pour tisser un lien en apprenant à se connaître. Depuis notre brève rencontre lors de la pièce de théâtre, j’ai compris que je n’obtiendrais jamais rien de plus de lui que ce qu’il veut bien m’offrir. Je prends ce qui passe, en continuant d’espérer un jour mon rêve deviendrait réalité mais sans plus.  Parfois, certaines choses se doivent de demeurer un rêve.

Sa couleur préféré est le rouge.  Il n’y a pas de pourquoi, ni de parce que, c’est rouge et puis c’est tout.  Je n’ai pas non plus spécifié pourquoi je préférais le violet mais j’avoue que ça  me plairais qu’il ajoute un petit peu de chair autour de son os.

Mon chocolat chaud, déposé devant moi est presque trop beau pour que je m’y trempe les lèvres. De plus, je vais me retrouver avec une jolie moustache de crème.  J’y vais donc avec ma cuillère, noyant un peu de crème dans le liquide chaud avant de le savourer.  Jimmy semble tout autant savourer son café. Parait-il que c’est ici qu’on sert les meilleurs. En Italie, je veux dire… j’ai entendu dire cela quelque part.

Jimmy relance la partie en me demandant s’il y a un pays, voir une ville dont je rêve de visiter. Depuis que je suis haute comme trois pommes, je suis fascinée par les éléphants.  Ces gros pachydermes qui me semblent pourtant si fragile.

- Un continent tout entier. J’aimerais visiter l’Afrique, faire un safari, être en contact direct avec la nature.

Parfois, avec mon beau-père, nous regardions des reportages à la télévision quand le câble n’était pas coupé ou que l’appareil ne déformait pas les images en les embrouillant parce que le documentaire passait sur un poste payant. Enrique aussi rêvait de voir l’Afrique, nous partagions cette passion là au grand désespoir d’Abuelo et quand j’y repense, même après tout ce temps, ça me fait sourire encore.

Qu’en a savoir si mon père rêve de visiter un endroit en particulier dans le monde,  je me dis qu’il a déjà dû aller partout, avec les moyens qu’il a le monde ne doit plus avoir de secret pour lui, il semble aussi à l’aise assit ici que s’il était assit à son bureau ou dans son salon.

Je préfère ne pas jouer sur sa balle et faire mon service avec une nouvelle question.

- Quel est ton film préféré. Celui que tu pourrais revoir autant de fois que tu le veux et que jamais tu ne t’en lasserais ?

Je suis folle de Grease. C’est léger, c’est drôle, j’adore les chansons et j’ai eu un gros béguin pour Kenickie.


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MessageSujet: Re: Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE]   Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE] I_icon_minitimeSam 15 Sep - 10:17



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Alors que je commençais sincèrement à me demander si elle attendait vraiment mon autorisation pour entamer son chocolat chaud, Livia y alla timidement avec sa cuillère. Je lui avais posé une question, simple…

Un pays ou une ville qu’elle voudrait visiter.

Et quand elle me donna la réponse, je souris un peu malgré moi. Parce qu’elle ne s’était contentée ni de l’un, ni de l’autre, prenant tout le continent. Comment je devais interpréter ça ? Comme une marque d’ambition semblable à la mienne.

Ou comme plus négativement, à savoir que je lui donnais un peu, et elle prenait beaucoup.

Elle avait même été plus loin dans sa réponse, disant un peu le pourquoi elle aimerait visiter l’Afrique.

-L’Afrique n’est ni un pays, ni une ville, Olivia.

Et je ne foutrai jamais les pieds en Afrique. J’avais presque tendance à oublier que le reste du monde existait, en dehors des USA.

Je repris une gorgée d’expresso avant de rallumer une cigarette et Olivia lança une nouvelle question. Pas de chance, elle n’avait pas repris la mienne. C’était intelligent, pour contrer l’étouffement que j’essayais de créer. Et la question qu’elle posa revenait un peu au même que celle que j’avais évité de poser.

Mais l’intelligence était une chose que j’aimais, la stratégie aussi et, que ce soit volontaire ou non de la part d’Olivia, je me devais donc de répondre, pour récompenser l’intelligence.

Je soufflai une longue bouffée de nicotine par mes narines.

-The Godfather.

Je repris ma cigarette entre mes doigts pour porter ma tasse à mes lèvres. Je ne quittais pas Olivia des yeux. Maritza m’avait déjà dit plusieurs fois que lorsqu’elle regardait sa fille, c’était moi qu’elle voyait.

Alors pourquoi moi, quand je la regardais, c’était elle que je voyais ?

Des yeux bleus et des cheveux blonds ne suffisent pas à faire une ou une Reed. Eddy Cort n’est pas un Reed. Jack Perry n’est pas un Reed.

Et puis, elle avait déjà choisi le nom qu’elle voulait porter.

-Quel est ton livre préféré ?

J’aimais lire, je passais des heures à lire, seul dans ma grande villa. Plus encore que les films, j’aimais les livres parce que les images, bien que suggérée par l’auteur du livre que je lisais venaient quand même de ma propre imagination.

En lisant, j’avais une dimension de contrôle en plus. Ou j’aimais le croire.

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MessageSujet: Re: Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE]   Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE] I_icon_minitimeSam 15 Sep - 17:45



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Quelque part, je savais que ma réponse concernant l’Afrique ne conviendrait pas à mon père. Comme avec sa première question où j’ai cru l’avoir désappointé en ne répondant pas franchement à sa question, voilà qu’il me reprend pour me dire que l’Afrique n’est pas une ville, ni un pays. J’hésite à lui demander s’il me croit à ce point stupide pour ne pas avoir encore savoir que l’Afrique est un continent.

- Je sais très bien que l’Afrique n’est ni une ville, ni un pays. J’aurais pu te répondre Le Cap ou  Johannesbourg ou Zanzibar encore. Je n’ai pas de ville ou de pays précis dont je rêve de visiter comme je rêve de l’Afrique.

Tout n’est pas tout blanc ou tout noir. Sa question était claire mais il n’y avait pas de réponse précise. Si je lui avais répondu  ‘’ La France ’’ ou ‘’ Montréal’’ alors que je me fou complètement de mettre un jour mes pieds là-bas, même si  j’apprécierais surement ma visite, comme pour tous ces endroits où la tournée m’amène, ma réponse n’aurait jamais été honnête comme elle l’a été pour l’Afrique.  Or, ne sommes nous pas ici justement pour apprendre à nous connaître de façon honnête ?

Je commence à cerner un petit peu mieux mon père. Donnez-lui les réponses qu’il veut mais laissez-le vous fournir les réponses qui l’arrangent. Tout ceci n’est qu’un jeu, bien plus calculé qu’un simple jeu de pingpong, je m’en rends compte.  Et chacune de mes réponses sont analysées dans le centre de commandes   Reed.

Le film que mon père-patron préfère : The Godfather.  Ce choix ne me surprend guère et je souris en coin en l’imaginant plutôt bien dans le rôle de Micheal Corleone.  Trop droit pour  camper le rôle de Fredo, trop calculateur pour être Sonny dont l’impulsivité le conduira à sa perte.  C’est intéressant et je suis presque certaine que je pourrais tracer un parallèle entre l’histoire du film et la vie de mon père.  Suffirait de gratter ses couches de vernis…

Entre ses réponses et les miennes, il s’allume une cigarette, je savoure  mon chocolat chaud, portant parfois mon regard sur les gens qui déambules dans la rue. Ont-ils eu recours à ce genre de stratagème pour nouer des liens entre eux ou si c’est uniquement parce qu’ils n’ont pas de Jimmy Reed dans leur vie ?

Je dépose ma tasse alors qu’il me demande quel est mon livre préféré. Je lis beaucoup. J’adore lire. De tout, j’aime la diversité. Je peux dévorer des biographies ou me laisser prendre au jeu de l’enquête de roman policier.  Tomber amoureuse du parfait gentleman ou qu’importe, pour moi, les livres sont synonymes de liberté.

Mais là encore, je ne dois en choisir qu’un.  Répondre à un autre, il n’y aurait pas eu de bonne ou de mauvaises réponses. Mais face à Jimmy, je sens que mes réponses servent à me mettre dans une case avec une étiquette.

- Legend Of The Fall de Jim Harrisson.

Un livre qui relate la vie de trois hommes, par un seul et même narrateur.  J’aime le tracé psychologique qui diffère des trois principaux personnages, vivant à leur façon le même combat.
Ma tasse vide, mon petit déjeuner avalé,  je passe discrètement ma serviette aux coins de mes lèvres puis la redépose sur la table.  Je plis mon napperon que j’ai épargné de toutes éventuels cernes de chocolat et le tends à Jimmy.

- C’est loin d’être parfait, ce n’est qu’un dessin fait sur le coin de la table mais je te l’offre.

Je doute qu’il s’empresse d’aller l’accrocher sur son réfrigérateur dès son retour à Los Angeles, ni même qu’il ne le conserve mais j’y tiens quand même.


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MessageSujet: Re: Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE]   Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE] I_icon_minitimeMer 19 Sep - 9:44



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Je rigolai en voyant Olivia défendre son point de vue concernant l’Afrique dont je lui avais dit qu’il ne s’agissait ni d’une ville, ni d’un pays. Elle s’emportait un peu comme sa mère, sans vraiment hausser la voix (pas dans un premier temps) mais en parlant plus vite et avec un soupçon d’accent perceptible uniquement par quelqu’un sachant fort bien que la langue maternelle de l’une comme de l’autre était l’espagnol.

Souriant devant sa tentative de défendre sa réponse, je me penchai un rien vers elle, la regardant dans les yeux.

-Tous les rêves du monde ne changeront strictement rien au fait que « l’Afrique » n’est pas une réponse correcte à la question que j’ai posée, Olivia.

Rêve contre logique, deux opposés… Il fut un temps où Maritza et moi avions réussi à les rendre complémentaires, dans les années 60… Aujourd’hui, j’essayais de retrouver à tâtons, dans le noir absolu, cette façon de faire. Et plus j’avançai… Plus j’essayais de faire des efforts pour avancer, plus j’avais l’impression que ça m’échappait complètement.

La réponse d’Olivia était la vérité, une vérité qui n’aurait su se contenter des limites tracées par ma question, c’était ce qu’elle m’expliquait.

Je comprenais. Mais en réalité, je n’avais pas besoin de la vérité. Je me foutais de la vérité, je voulais juste savoir si elle savait se contenter de ce que je pourrais lui donner.

Et en cela, elle venait de me donner une réponse claire : non. Elle en voudrait toujours plus.

Un trait de Reed ? Ou un trait de femme avide ?

La combinaison des deux me faisait l’impression d’un monstre capable de tout engloutir sur son passage et moi avec. Petit monstre deviendra grand… Et pour l’instant, il était encore trop petit pour la hauteur de ses ambitions.

Je n’allais pas commencer à le nourrir pour qu’il grandisse.

Que Hughes le fasse, si ça l’amusait.

Elle avait posé une autre question, j’y avais répondu, ne lui donnant que ce que sa question demanderait.

Elle me répondit de la même manière concernant son livre préféré. Un livre très psychologique, touchant à différente facettes de l’esprit humain et à l’Histoire dans le décor de la grande plaine de jeux que sont les USA.

Aucun doute qu’en lisant le même livre, Olivia et moi n’y aurions pas vu la même chose ou tout du moins, pas via le même prisme. Elle se serait probablement basée, sur l’émotion que ce livre lui aura procurée durant sa lecture. Moi, j’en aurais appris pour en tirer avantage dans la vie réelle, jouant avec la psychologie des gens… Et brouillant mieux encore mon jeu.

To trick the tests.

Je pris une gorgée d’expresso, terminant la minuscule tasse, reprenant ma cigarette en bouche avant qu’Olivia ne me tende le napperon sur lequel elle avait griffonné. Je le pris doucement pour y voir mon visage. Je m’observai longuement, comme si je pouvais ainsi me voir à travers les yeux de ma fille qui cachait d’autres talents que le chant.

-Merci, Livia…

Je pliai délicatement le napperon pour le glisser dans la poche intérieure de ma veste, au plus près de mon cœur.

-On y va ? Je ne voudrais pas que Jack Perry t’en veuille d’être en retard pour les settings.

J’aurais voulu lui offrir quelque chose en échange… Mais le fait était…

Que je n’avais rien à offrir.

Plus maintenant...

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MessageSujet: Re: Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE]   Slow Learner [PV Livia] [ROME] [TERMINE] I_icon_minitimeSam 22 Sep - 18:18



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Argumenter avec mon père est inutile. Peu importe ce que je lui dirai, il décidera toujours de l’issu de ma réponse.  Je voulais une rencontre honnête pour mieux nous connaître. Je lui ai fournis des réponses honnêtes et par deux fois, il m’a fait comprendre qu’elles étaient incorrectes.
Soit.

Je suis blessée mais  que puis-je y faire ?

Tout ce que je voulais, c’était de le connaître, de prendre ce qu’il voulait bien me donner, pas une once de plus.  J’ai vécu 16 années de ma vie sans lui, je peux très bien attendre encore. Aussi longtemps qu’il  le jugera nécessaire. Ma vie va bien. Ma carrière va bien.  J’ai un manager en or qui comble très bien le rôle que Jimmy se refuse de prendre, j’ai un amoureux, un mari secret, tout ça pour dire que je suis bien entourée.

Mon père… demeure mon rêve le plus précieux. Mais pas au point de ramper à ses pieds, de faire des tours en espérant un candy en retour.

J’opte quand même pour garder la tête haute et ne pas baisser les yeux devant lui. Je me défoulerai plus tard dans mon journal ou au téléphone avec Julian.  Qu’importe, ça me fera du bien d’évacuer ma déception.

Le petit jeu de questions s’achève sur ma réponse sur mon livre préféré.

Pour une fois,  je n’ai pas l’impression de le décevoir et c’est probablement pour cette raison que je me décide de lui offrir le dessin que j’ai fait pendant notre conversation, si nous pouvons vraiment appeler ça une conversation.

Il m’est difficile de décrire sa réaction. Il semble toucher, mais demeure froid. J’ai droit à un merci avant qu’il ne le pli et le place dans la poche intérieur de sa veste.

- Oui, vaut mieux y aller. Jack aime s’assurer longtemps avant l’heure que tout est parfait et j’ai promis à Julian que je lui téléphonerais  à mon réveil.

Je ne tente aucune approche envers Jimmy, comme ce matin dans ma chambre ou quand je l’ai rencontré  au restaurant de l’hôtel en compagnie de ma mère. Je marche à ses côtés, conservant une distance raisonnable jusqu’à notre hôtel.

Je le regarde, au moment de se séparer et je me sens comme la fille la plus stupide au monde de rester là, à le regarder, comme si quelque part en moi, j’espérais encore un geste de sa part. Geste qui ne vient pas.

Alors je tourne les talons et monte à ma chambre en empruntant les escaliers.

Il y a une boule douloureuse dans mon estomac. Ça fait horriblement mal. Quand j’entre dans la suite, Roadtramp et cie sont encore dans les vapes. Je m’enferme dans ma chambre, me laissant glisser contre la porte et je fonds en larmes.

Je crois que c’est exactement à ce moment là que j’ai compris que jamais mon père ne m’aimerait.


@ Billy Lighter

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