ft. Tuomas Holopainen

Histoire

Une enfance normale.

Je suis né un matin de novembre 1960 dans la ville de Rovaniemi, capitale de la région de la Laponie finlandaise. Ma mère, Sanna est professeur d'anglais au sein de l'université de Laponie. Mon père, Antti est lui directeur d'une petite radio locale de Rovaniemi.

Étant fils unique, j'ai passé une enfance plutôt tranquille. Très vite, mes parents ont remarqué que j'étais en avance par rapport à mon âge. Je savais déjà lire alors que j'avais à peine deux ans et j'ai commencé à écrire peu avant mes trois ans. En plus du finnois, je parle également un anglais pratiquement parfait, grâce notamment à ma mère.

Ma mère m'a fait prendre des cours de piano pendant mon enfance et j'ai même étudié la musique classique et le jazz pendant l'université. J'étais aussi un grand fan de cinéma, plus particulièrement des compositeurs de musique de film comme Ennio Morricone ou Jerry Goldsmith. On ne peut pas dire que mes goûts étaient à la mode alors que la plupart des jeunes se dirigeaient vers le style à la mode, le rock.

L'adolescence, les découvertes et les expériences.

Attiré par le milieu de la musique, j'avais très tôt eu une idée de "son nouveau" qui me ressemblait parfaitement. Un peu "futuriste", un poil "épique" voir "fantastique", j'étais toujours à la recherche de ce petit quelque chose qui manquait à mon "son".

C'est alors que j'avais 15 ans, un de mes meilleurs amis Jari, me fait découvrir un nouveau genre de musique. Le metal. En me faisant écouter un vinyle qu'il avait acheté en Allemagne, d'un groupe qui ne demandait qu'à être de plus en plus connu. Scorpions et leur guitariste, Ulrich Roth. C'était la première fois que je m'intéressais vraiment à ce nouveau style qu'on appelait le metal et je dois avouer que ça me plaisait bien. Mais c'est en allant à un concert de Deep Purple que j'ai trouvé ce qui manquait à mon "son nouveau" et c'était exactement ce côté metal qui semblait prendre de plus en plus d'ampleur.

Malheureusement, le service militaire en Finlande est obligatoire, et à 18 ans, je suis entré au bataillon Jaeger de Laponie, la branche militaire arctique de l'armée finlandaise, en compagnie de mes deux amis d'enfance, Jari et Petteri. Là-bas, on a rencontré un autre fan de musique, Teemu, de trois ans notre aîné. On a servi pendant 1 an dans la base militaire de Sodankylä dans la région de Rovaniemi.

Dès notre retour à la vie normale, j'ai demandé à mon père si mes amis et moi on pouvait utiliser le studio d'enregistrement de sa radio pour enregistrer de la musique. En effet, pendant cette année passée en camp militaire, j'ai eu un tas de temps libre pour penser et écrire quelques musiques et paroles.
Du coup, je me suis installé derrière le synthétiseur et j'ai commencé à jouer. Le son était épique, tel une musique qui aurait pu paraître dans une version cinématographique d'un livre de Tolkien. Petteri à la batterie et Jari à la guitare, changeait complètement ce style très classique et le transformait dans un son plus brut et encore plus épique et Teemu parfaitement le reste avec sa basse.

Le son était pratiquement parfait et tout le monde était certain que ce style différent de tous les autres styles de metal populaires à l'époque allait trouver sa place et son public. Mais personne ne voulait voir un groupe de metal instrumental. Il nous fallait un chanteur. Jari proposait de faire passer un casting dans la ville pour trouver une voix masculine puissante. Mais, j'ai très vite rejeté sa proposition. J'ai jamais été comme tout le monde et mon groupe sera pas comme les autres groupes. Je voulais une femme comme chanteuse pour me différencier du reste du monde.

Malheureusement, les femmes n'étaient pas très emballées à venir passer le casting pour notre groupe. Faut dire qu'à cette époque-là, les filles finlandaises préféraient beaucoup la pop suédoise qu'au heavy metal. C'est alors que j'ai proposé à ma petite amie, Hanna de venir passer le casting pour le fun. Et ce que j'ai entendu... c'était une révélation.

Hanna, elle avait une formation en musique classique comme moi, mais également en chant lyrique, ce qui lui donnait une voix digne d'une chanteuse d'opéra. Et quand elle a commencé à chanter sur notre chanson, j'ai regardé directement les gars et d'un regard, on était tous d'accord pour dire que c'était exactement ce qu'on cherchait. Si on voulait être différents, on ne peut pas ne pas être plus différents que ça en prenant Hanna comme chanteuse.

C'est ainsi que mon groupe, Wanderlust, est né.

L'âge adulte, l'espoir et le drame.

La machine était lancée... on a passé pratiquement toute l'année 1981 à enregistrer des chansons afin d'avoir une démo potable pour envoyer dans différentes maisons de disques finlandaises. Et c'est en février 1982, qu'une maison de disques de Helsinki nous contacte pour qu'on aille les rencontrer, car ils sont intéressés.

Cependant, mon rêve allait être brisé dans l'espace d'une journée. Alors qu'on se dirigeait vers l'aéroport de Rovaniemi, sur une route extrêmement glacée, la voiture dans laquelle je me trouvais en compagnie de Jari et de Hanna a fait une sortie de route et a fait plusieurs tonneaux en dévalant une pente. Teemu a rapidement appelé les secours avant de venir, avec Petteri, à notre rescousse. Ils ont réussi à m'extraire de la voiture, tout comme Jari. Tous les deux, on avait des blessures légères mais on était bien par rapport à la gravité de l'accident qu'on a eu. Par contre, dès qu'ils ont retiré Hanna de la voiture, ils ont tout de suite compris que c'était plus grave pour elle.

À l'arrivée des secours, ils ont vu qu'ils devaient nous ramener d'urgence à l'hôpital pour nous faire opérer. Après, c'est le black-out. J'ai quelques images qui me reviennent de temps en temps, mais je sais juste que je me suis réveillé à l'hôpital avec mon bras dans le plâtre. Malheureusement, je pensais que nos blessures et le fait d'avoir manqué ce rendez-vous très important pour le groupe était le pire qui pouvait nous arriver, mais j'étais pas prêt pour les nouvelles que Petteri allait me donner.

En voyant sa tête, lorsqu'il est entré dans la chambre d'hôpital, j'ai tout de suite remarqué que quelque chose n'allait pas. Et c'est là que mon monde s'est brisé en mille morceaux. Il m'a expliqué qu'Hanna n'avait pas survécu à l'accident. Elle s'était brisé la nuque lors des tonneaux et les médecins n'ont pas réussi à la sauver.

Les mois qui ont suivi ont été très difficiles pour moi et pour tout le groupe. À l'enterrement de Hanna, on était dévastés et personne ne pensait à la suite de Wanderlust. La maison de disques nous a rappelé pour nous dire qu'ils étaient toujours intéressés, mais on a refusé leur offre car on ne voyait plus aucun avenir pour le groupe, du moins pour l'instant.

Les autres garçons ont repris leurs activités musicales après quelques mois, pendant que moi, je m'envolais pour les États-Unis, pour m'échapper de cette région qui était devenue monotone pour moi.

Et maintenant ? Le rêve américain ? Ou la volonté de renaître ?

Relations

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