Je n’avais pas suivi The Burning Fire en Asie. J’avais été recontacté par ce bon vieux Lenny Knowles. D’entendre sa voix au téléphone, au départ, m’avait fait frissonner d’effroi. Parce que le dernier coup de fil que j’avais reçu de sa part avait été pour m’informer de la tentative de suicide de Billy Lighter. Heureusement, le chanteur s’en était sorti après un petit séjour à l’hôpital. Le tout pendant que je suivais The Burning Fire en Europe.

Mais cette seconde fois où Lenny m’avait contacté, c’était pour m’annoncer une excellente nouvelle ! The Lightening revenait au bercail ! Ils reprenaient Lenny, qui serait épaulé par un second manager ou plutôt, une seconde manager ! Une femme, qu’il me tardait de rencontrer. D’après ce que j’en avais entendu, non seulement, Samantha Mancini était très compétente, mais en plus, elle était très belle.

The Lightening avait donc repris Lenny et Lenny, lui, m’avait repris. J’avais été un peu désolé de laisser de nouveau Luke se démerder avec Howard Stone qui, bien que sympathique, était une véritable horreur pour un garde du corps.

Mais Billy avait besoin de moi et j’avais trop de bons souvenirs, de forts souvenirs avec le chanteur de The Lightening que pour ne pas accepter directement la proposition. Je crois que si j’avais hésité, en fait, Lenny serait venu jusqu’en Belgique pour me supplier à genoux, mais il n’en avait pas eu besoin. J’avais accepté, ma seule condition avait été d’honorer mon accord avec Timmy Evans jusqu’à la fin de la tournée européenne.

Je n’étais donc pas reparti pour l’Asie, restant à Los Angeles. Et aujourd’hui, c’était le grand jour ! Celui où j’allais revoir le groupe et qui plus est, dans les premières phases de l’enregistrement de leur nouvel album ! J’en étais extrêmement heureux car il n’y avait rien de plus agréable à vivre que ces périodes-là, avec The Lightening.

Dans le couloir, en entrant dans les studios, je croisai d’abord les membres « secondaires » de The Lightening et les saluai avec chaleur. J’étais heureux de tous les revoir et en forme, en plus. Tous avaient le sourire et ne cachaient pas qu’ils étaient contents et rassurés de constater que leur groupe était toujours en vie, ce qui ne tenait en fait qu’à l’humeur des deux acteurs principaux, Cash Izbel et Billy Lighter.

Après avoir discuté un moment avec eux, qui m’expliquèrent qu’ils avaient déjà enregistré leurs propres lignes pour les premières chansons de l’album, ils m’indiquèrent que Cash et Billy étaient en train d’enregistrer leurs parts dans le studio 4.

Ce fut donc là que je me rendis, entrant dans la salle de régie, y saluant Lenny Knowles et regrettant l’absence de Samantha Mancini. Nous allions certainement nous rencontrer une autre fois, tant pis. Puis je regardai Cash et Billy qui, pour une fois, enregistraient en même temps guitare et voix. Ce n’était pas courant… The Lightening, c’était plutôt le genre à enregistrer chacun de leur côté et aux ingénieurs du son à recoller ensemble tous les morceaux.

Mais pas aujourd’hui. Et j’admirai le spectacle bien que les paroles hurlées par Billy au micro me firent grimacer. Ohlà… Il y a des gens pas contents ici… Et les femmes en prenaient plein la figure. J’espérais que ce n’était pas pour ça que Samantha Mancini était absente…

Quand ils s’arrêtèrent, je demandai à pouvoir parler au micro et on me laissa faire…

-Salut, les gars !!... Ravi de vous revoir en forme et en colère…

Je rigolai et fis signe aux deux musiciens…  

Spoiler:

@ Billy Lighter

Le studio 4 était à nous. Cash et moi l’avions envahi avec notre envie de composer. Les autres avaient déjà enregistré leurs parties. Il restait à Cash et moi de faire le reste. L’album avançait vite. L’envie de créé était là. J’avais toutes les paroles. Elles m’étaient venues naturellement et s’accordaient parfaitement à la guitare de Cash.

La symbiose était parfaite !

Je me sentais bien. Ma voix était revenue après quelques sessions, elle qui n’avait plus travaillé depuis des mois. Elle était à nouveau flamboyante comme aux débuts de The Lightening. On était reparti pour des années laissant derrière nous l’émeute, les morts et les échecs. Non sans pour autant les oublier. Ils resteront gravés en moi mais je pouvais expulser la douleur à travers la musique.

C’est comme ça que j’avais toujours procédé.

Il n’y avait pas meilleure façon d’enregistrer que quand Cash et moi enregistrions ensemble. C’est ce qu’on faisait là, au milieu du studio 4. Moi debout devant mon micro et Cash un peu en retrait avec sa guitare.

Directement ses riffs de guitare m’emportèrent. Et les paroles sortirent directement :


Sans une seule fausse note. Juste avec la rage qui m’animait. Les paroles étaient crues et sans équivoque. L’album était là pour provoquer. L’album était là pour dire clairement ce qu’on pensait. Pour expulser cette haine hors de nous tout en nous faisant entendre. C’était le seul moyen d’exorciser cette année infernale où bien des managers s’étaient joués de nous.

Je n’envoyais aucun regard à Cash. Notre symbiose se faisait à travers la musique. Il n’y avait pas besoin de regard pour qu’on se comprenne et qu’on s’accorde.

Il n’y en avait jamais eu besoin.

Quand la chanson prit fin. Je voulais enchainer sur la suivante. Je voulais continuer. Je me tournai vers Cash.

-On fait la suivant.

Il savait de quelle suivante je parlais.

Mais j’entendis la voix très reconnaissable de Liam. Je souris regardant à travers la vitre qui nous séparait des ingénieurs du son. J’avais demandé à nos managers de ramener Liam.

C’était chose faite !

Je fis un « salut » à Liam avant de parler dans le micro.

-Passe de ce côté-ci, Liam !

Je voulais le voir en chair et en os et pas à travers une vitre. Il ne deviendra vraiment tangible que quand je le verrais réellement en face.

Et quand il vint parmi nous, je lui sortis mon plus beau sourire angélique. J’étais heureux de le voir.

-Je suis content de te revoir parmi nous. Maintenant, tes vacances chez The Burning Fire sont finies.

Il parait que j’étais ingérable… C’était ce que les médias disaient. Ces langues de vipères détestables. Alors, je supposais que le retour de Liam signifiait la fin de ses vacances.

-Qu’as-tu pensé de la chanson ? On a bien fait ça, n’est-ce pas Cash ?

Je me tournai vers mon guitariste en lui souriant.

@ Billy Lighter

Billy surfait littéralement sur les riffs de cette nouvelle chanson… Je souriais en jouant, les yeux plongés dans le vide derrière mes boucles de cheveux noir. Je me rappelais pourquoi j’existais aussi dans ce monde et pourquoi cette existence était indissociable du chanteur aux cheveux flamboyants.

Nous avions les capacités, le talent et l’imagination pour faire de magnifiques chansons… De temps en temps, l’une d’elle venait au monde… Still Love You, Nothing Lasts Forever ou encore Talkin’ To Yourself en étaient quelques exemples.

Mais celle-ci… Celle-ci était de l’acabit de Be Mine ! en plus direct encore. Exactement ce que nous aurions dû dire à des Maria Watson ou des Madison Dekkers… Et un avertissement envoyé à cette nouvelle Harpie qu’était le bras droit de Lenny, Samantha Mancini.

Qu’est-ce qui leur arrive à toutes ? Où sont passées les filles qui aiment à papillonner dans le monde sans se tracasser de jeux de pouvoirs ? Où sont les filles qui cultivent l’amour pur, simple et innocent ?

Où sont nos Muses ?

Elles étaient toujours là… Mais nos chansons étaient à leur image : haineuses, violentes, une compétition pour la domination du monde à travers les chimères de leurs forme et l’attrait de leur sexe.

Face of an angel with the love of a witch

Et Billy leur hurlait de reculer… Pas avec de la peur dans la voix, mais une rage qu’on pouvait entendre et sentir jusque dans mon Désert.

L’album prenait forme… Et il allait faire mal. Je souriais d’avance en pensant à la censure, aux interviews qui nous demanderait de nous justifier pour les propos tenus. Je savais déjà la réponse que je réserverais aux journalistes : « Tout est dans le texte. Il n’y a pas d’autre interprétation que celle du texte. Et Bach Off Bitch n’est pas une phrase compliquée à comprendre. »

La chanson tira à sa fin avec un long cri discordant de ma guitare. J’en frissonnai tout le long de l’échine.

Billy voulait faire la suivante. Je hochai la tête, sans le regarder, mes yeux cachés derrière mes cheveux. Jusqu’à ce que la voix d’un roadie me fasse relever la tête… Et la seule chose en dessous de mes cheveux que l’ont pu alors voir furent mes dents alors que je me targuais d’un beau et grand sourire à l’instar de celui du chanteur, que je sentais sans avoir besoin de le voir.

Il dit au garde du corps de passer de notre côté et je déposai ma guitare pour allumer une cigarette et boire un coup de Jack Daniel’s à même une bouteille qui trainait… J’étais clean depuis la tentative de suicide de Billy… Il fallait que je compense pour ne pas trembler.

Je m’avançai pour me mettre à la hauteur de Billy que le chanteur invita à faire passer de notre côté… The Lightening retrouvait ses anciens gardiens… Lenny… Liam… Je pouvais mieux tolérer la présence de la Harpie si nos piliers étaient là pour nous soutenir.

Je rigolai quand Billy dit que les vacances de Liam étaient finies…  J’approchai du garde du corps et d’une main, clope entre mes lèvres, je fis pencher sa tête pour l’examiner…

-Ils ne t’ont pas brûlé ?

Billy lui demanda ce qu’il pensait de la chanson… Ma clope bougea entre mes lèvres comme si elle était dotée de vie et que c’était elle qui parlait.

-Ouais… La chanson est un talisman… Elle va nous protéger de toutes ces salopes qui trainent partout…  Où sont les filles qui veulent juste nous charmer pour qu’on les aime, Liam ? The Burning Fire les a toutes prises ?

Ma voix était éraillée comme celle d’un adolescent qui n’avait pas fini sa mue… Inégale parce que j’étais saoul… Mais c’était un sourire qu’on y entendait alors que je me détournai des deux autres pour aller m’asseoir sur un ampli et boire encore un coup.

@ Billy Lighter

Je quittai la régie pour passer de l’autre côté quand Billy m’y invita. Le sourire qu’il avait sur le visage était la plus belle chose que j’aie jamais vue. C’était rassurant aussi, surtout après l’avoir entendu, même brièvement, tout donné dans une chanson qui… qui en mettait plein la gueule à la gente féminine… Mais ne pouvais-je pas comprendre ? Après tout, j’avais bien suivi tout ce qui s’était passé pour The Lightening depuis qu’ils avaient quitté le nid MTI pour s’aventurer en terrain inconnu avec Maria Watson… puis avec Madison Dekkers…

Alors oui, je pouvais comprendre qu’ils aient la haine. D’autant que ces femmes n’ont probablement pas compris la chance qu’ils leurs offraient en leur faisant confiance, tout ça pour être trahis ensuite…

Et une trahison, pour des personnes aussi sensibles, chacun à leur manière, que Billy et Cash, c’était impardonnable…

Mais ça faisait quand même beaucoup de dommages collatéraux.

Cependant, j’étais ravi de les voir dans une telle forme ! Je leur souris à tout deux alors qu’ils s’approchaient de moi. Parfois, ils avaient l’air d’être encore des gosses… Certes, ils étaient encore tous les deux très jeunes… Mais ils avaient vraiment comme gardé leur sensibilité d’enfant… Tout en affrontant un monde d’adultes… Et ça créait comme une sorte de décalage… Des émotions trop fortes pour leur résistance trop faible.

Billy avait l’air heureux… Et Cash avait l’air clean… Clean… pas sobre. Mais clean était une bonne chose.

Je rigolai quand Billy affirma que mes vacances chez The Burning Fire étaient terminées.

-Crois-moi, The Burning Fire, c’était tout sauf des vacances. C’est maintenant que j’ai l’impression d’être à la maison…

Cash s’approcha… Et me toucha pour me regarder, me faire pencher la tête. Je le laissai faire en rigolant… Rectification, Billy était un enfant… Cash était un animal à la fois farouche et curieux et il était rare de le voir approcher spontanément de quelque chose ou quelqu’un qui ne le fascinait pas. Or, je ne le fascinais pas… Mais il était habitué à ma présence et approchait donc…

-Non… ils ne m’ont pas brûlé. Ils se font plus de mal à eux-mêmes qu’aux autres… Stone est intenable… Une vraie anguille. Impossible de le garder à l’œil. J’espère que Luke s’en sortira…

Mais Luke semblait plus avoir le caractère pour s’occuper d’un Stone que d’un Izbel… Alors que moi, je préférais de loin Lighter qui avait besoin de stabilité et de calme… Chose que je pouvais lui procurer…

Billy me demanda ce que je pensais de la chanson qu’ils venaient de jouer et Cash enchaîna directement en expliquant que la chanson était plus une protection qu’une arme, au final… Je rigolai et pris place sur un ampli à l’instar de Cash…

-Et bien… C’est à l’image de votre ressenti, je suppose. Cette chanson ne laissera personne indifférent, c’est clair. Vous dites ce que vous pensez, c’est ce qu’a toujours fait The Lightening, il n’y a pas de raison que ça change…

Je souris et écartai les mains… pour dire moi aussi ce que je pensais.

-Vous êtes durs avec les femmes… Vous auriez très bien pu tomber sur des hommes qui vous auraient fait les mêmes coups bas…

Puis, vers Cash en souriant…

-Non, je ne crois pas que The Burning Fire ait pris toutes les gentilles jeunes femmes, Cash… Disons que vous n’avez pas eu de chance… Mais peut-être que celles qui gravitent dans le monde de la musique et du business qui va avec ne sont pas faites pour vous…

Je les regardai tour à tour…

-Ce sera la trame de fond de votre album ?

@ Billy Lighter

Liam était de retour. Sans lui, la renaissance de The Lightening n’aurait pas pu être possible. J’étais heureux de le voir et quand il entra dans le studio tout fut très réel.

Liam était là. Tout était redevenu comme avant en mieux.

Je déclarai que les vacances étaient terminées pour lui. Mais, apparemment, suivre The Burning Fire n’était pas aussi simple que ça en avait l’air pour moi. J’eus un petit sourire.

-Tu veux dire qu’on a perdu notre place de groupe le plus ingérable du monde ?

Je rigolai un peu. Je ne lisais pas beaucoup L.A.People. Quand je le faisais, je m’énervais surtout que ça parlait de The Lightening. Les journalistes avaient l’art de me mettre hors de moi quels qu’ils soient. Mais j’étais assez de bonne humeur que pour relativiser et rire de notre réputation. Pour l’instant, c’était comme ça. Pour l’instant, mon monde en entier était stable.

Et Liam, avec sa présence, ajoutait une touche de stabilité supplémentaire.

Cash s’approcha de mon garde du corps pour demander si The Burning Fire l’avait brûlé. Liam déclara que « non » mais que ça n’avait pas été facile. Ils se faisaient plus mal à eux-mêmes…

-Oublie ça… Tu es de retour maintenant.

Que Stone se débrouille ! Liam était mon garde du corps. Pas le sien. Maintenant qu’il était de retour, il n’aura plus jamais à partir ailleurs.

Plus jamais.

Moi, ce que je voulais, c’était l’avis de Liam sur la chanson qu’il venait d’entendre. Elle était née de notre frustration et de notre rage. Elle était née de choses  qui nous étaient arrivées comme toutes les chansons de The Lightening. Chacune d’entre elle avait un écho dans la réalité. Chacune d’entre elle était une photo d’un fait qui s’était passé.

Cash expliqua que la chanson était un bouclier et j’hochai la tête pour confirmer. Je connaissais des filles exceptionnelles… Mais cet album étaient destinées à toutes les autres. Celle qui avait tenté de détruire The Lightening à cause de leurs ambitions puériles et démesurées.

J’écoutai attentivement l’avis de Liam. Il confirma que la chanson n’allait laisser personne indifférent et je souris. Mais il trouvait qu’on était dur avec les femmes. On ne l’aurait pas été si elle ne l’avait pas été en premier ! Il ajouta que des hommes auraient très bien plus faire la même chose.

-Peut-être bien… Mais c’est des femmes qui l’ont fait alors c’est elles la cible. C’est un fait réel.

Savannah, Maria, Madison… Les déceptions de ma vie. Toutes des femmes qui avaient utilisées ma célébrité pour agrandir la leur. Toutes des femmes…

L’album allait exorciser tout ça !

Liam répondit à Cash disant que The Burning Fire n’avait pas pris toutes les filles gentilles. Non… C’était juste une question de malchance. Je fronçai les sourcils alors que Liam disait que c’était peut-être à cause de monde de la musique. J’hochai négativement de la tête.

-Non… C’est une tendance récente. On vit dans ce monde depuis plusieurs années. Jamais on n’avait été autant déçu. Quant à la malchance.

Je ne pouvais pas encaisser cette raison.

-Je ne VEUX pas y croire.

Parce que c’était quelque chose qu’on ne pouvait pas contrôler. Quelque chose d’effrayant.

Mais mon visage se radoucis quand Liam demanda si ça allait être la trame de fond de notre album. Un sourire s’afficha sur mon visage.

-Plus que la trame de fond. Ça sera l’âme entière de l’album. Chaque parole, chaque mélodie aura ça comme thème central. C’était un exorcisme cet album. Un cri de rage. Cette chanson n’est qu’une pièce dans un puzzle plus grand.

Mon sourire s’agrandit.

-Tu veux en entendre plus ?

Je me tournai vers Cash.

-On lui en montre plus?

J’avais envie de lui en montrer plus. J’avais envie que cet album sorte. Tout comme j’avais envie de tourner ce clip sans plus aucune réticence, cette fois.

@ Billy Lighter

Ma bouteille en main, mes yeux suivaient vaguement la conversation entre Billy et Liam. Comme si je voyais les mots allaient de l’un à l’autre, tourbillonner autour d’eux. Mais tranquillement, pas comme s’il se fut agi de projectiles qu’ils se seraient balancés l’un à l’autre. Au contraire… Je les écoutais en souriant, bien caché derrière mes cheveux.

Je penchai la tête quand Liam affirma que The Burning Fire n’était pas facile à gérer et haussai les sourcils quand Billy demanda si on avait perdu notre statut de groupe le plus ingérable du monde…

-Il est temps qu’on revienne, Billy…

Liam était de retour… Tout allait reprendre comme avant. Tout.

Billy demanda au garde du corps ce qu’il pensait de la chanson et je souris en l’écoutant répondre avant de reprendre une bonne lampée de Jack Daniel’s. Liam… Liam était un idéaliste qui vivait dans un monde faits d’espoirs plus ésotériques encore que mon propre monde, mon Désert.

Liam rêvait d’un monde fait d’égalités, de paix et d’entraide.

Ce monde-là n’existait pas… Pas ici. Pas sans poudre.

En retour, Billy fut sans équivoque, direct, et dur. Je souris à nouveau. Nous étions sur la même longueur d’onde, notre colère et notre déception au même niveau. Notre cible, identique.

Je regardai William et lui dit de ma voix naturellement cassée et sifflante.

-Et nous serons sans pitié… Comme elles l’ont été avec nous.

Liam demanda si ce serait la trame de fond de l’album… Et je répondis, en cœur avec Billy même si j’usai de moins de mots que lui.

-C’est l’album.

Je descendis de l’ampli alors que le roadie s’était installé, lui… Et récupérai ma guitare en hochant ma touffe de cheveux à l’attention de Billy… Je pris le temps d’allumer une cigarette avant de gratter les cordes de ma guitare de façon chaotique, comme un préliminaire aussi brutal qu’excitant.

On allait lui en montrer plus… qu’il le veuille ou non… Parce que cet album verrait le jour bien assez tôt, au rythme où on le mettait au monde.

Je tirai sur ma clope qui dansait entre mes lèvres… Me plaçait et laissai Billy compter avant de commencer en arpèges très calme…

Les paroles étaient égrainées avec nonchalance… Avec des airs de country…

Mais elles n’en étaient pas moins acérées.

@ Billy Lighter

Cash et Billy semblaient presque touchés dans leur orgueil en sachant que The Burning Fire était peut-être pire qu’eux. Cela dit, je pensais qu’excepté les frasques d’Howard Stone, ils devaient être un groupe plutôt calme. Sauf que, pas de chance pour moi, j’étais arrivé parmi eux durant une période sombre…

Du coup, j’étais bien content d’être de retour auprès de The Lightening, même si j’appréciais aussi beaucoup les membres de The Burning Fire. Oui, même Howard Stone ! C’est un très gentil garçon, son problème n’est pas là. Son problème, c’est qu’il n’a même pas conscience des actes qui peuvent l’amener à se retrouver dans la merde jusqu’au cou.

Je ris avec les deux musiciens qui comptaient apparemment reprendre leur place et leur réputation. Non seulement vis-à-vis de moi, mais aussi aux yeux du monde.

-Ouais… revenez. Je parie que vous n’avez même pas idée de combien vous manquez à votre public.

Un public dont je faisais partie et donc, Billy s’empressa de me demander ce que j’avais pensé de la chanson que je venais d’entendre. Je donnais donc mon avis sincère à Billy. Si j’avais été dans son sens uniquement pour lui faire plaisir, il l’aurait senti et il n’aurait pas apprécié.

Je préférais de loin le voir argumenter pour me prouver que j’avais tort.

La question n’était peut-être pas tant de savoir qui de l’homme ou de la femme était le pire. La question était plutôt dans la déception que le groupe avait ressenti au travers de leurs dernières expériences.

Des femmes leur avaient fait du mal… Et bien maintenant elles allaient en prendre pour leur grade. C’était une réaction naturelle, dans le fond. Ils auraient été déçus par des pandas, ils auraient écrit des chansons sur les méchants pandas.

Et Cash de renchérir dans le sens du chanteur… Beaucoup de gens avaient peur de se frotter à l’imprévisible Billy Lighter… Pourtant, c’était probablement le serpent qui lézardait paisiblement en plein soleil dont il fallait se méfier le plus.

-Je comprends… Votre album n’est pas tant un pamphlet envers les femmes qu’une expression de rage brute et incontrôlée. Une réaction à chaud… ?

Et Dieu sait que The Lightening pouvait rester chaud longtemps.

Ils me proposèrent d’en entendre plus et c’était quelque chose que je ne pouvais pas refuser ! Je restai assis sur l’ampli, qui n’était de toute façon pas branché. Et comme nous venions de parler de rage et de réaction à chaud, je m’attendis à quelque chose de l’acabit de la chanson précédente ou de Be Mine ! qui résonnait maintenant comme un prélude à ce nouvel album.

Je pouvais bien tenter bon gré mal gré de défendre les femmes… Je ne les connaissais certainement pas aussi bien que Cash et Billy.

Et cette chanson qu’ils me jouèrent me fit sourire. Pas de riff violent… Plutôt quelque chose de lent, comme joué sous la chaleur étouffante de L.A. Une chanson qui avait quelque chose d’une ritournelle.

Mais les paroles… Les paroles.

Les paroles allaient écorcher vives toutes celles qui s’y reconnaîtrons.

Je ne pus m’empêcher de rire pendant la chanson, qui était entraînante en plus et risquait de me rester en tête longtemps après.

Lorsque la chanson se termina, j’applaudis. C’était bon, personne ne pourrait le nier !

-C’est odieusement excellent… A la hauteur de ce qu’elles vous ont fait vivre, j’imagine…

Je rigolai…

-Je comprends pourquoi je n’ai pas rencontré le nouveau bras droit de Lenny maintenant… Ça va aller avec cette Samantha, vous pensez ?

@ Billy Lighter

The Burning Fire semblait avoir pris notre place… Pas dans l’univers musical mais au niveau de la réputation. Cash voulait qu’on revienne pour régler ça se qui m’arracha un sourire. Quant à Liam, il disait qu’on manquait au public. J’hochai la tête. Revenir était bien notre intention.

Et on allait revenir avec un album qui fera polémique. Je le savais… Beaucoup de gens allaient être choqués par les propres envoyés aux femmes. Beaucoup de gens n’allaient pas comprendre… Beaucoup de gens allaient vouloir nous descendre au nom de la bien-pensance (chose encore plus destructrice que n’importe quel coup ou insulte).

Mais on n’en avait que faire !

Liam lui-même se posait des questions. Et j’expliquai que tout ça venait de notre déception par rapport à ces femmes. Cash répliqua qu’on sera sans pitié comme elles l’avaient été. Une vengeance sous fond de musique et j’hochai la tête pour confirmer.

-Oui. Sans pitié !

Et j’ajoutai que cette haine sera bien présente dans l’album. Elle en sera même le sujet principal. Cash réduit même les choses en disant que c’était l’abum. Et je fixai Liam avec cette détermination qui montrait que j’irais jusqu’au bout de cette idée. Qu’il fallait que je le fasse pour que ça sorte.

Parce qu’il fallait que sa sorte de cette façon et pas d’une autre.

Liam comprenait que cet album sera l’expression d’une rage. Je souris hochant la tête.

-Oui ! Une bombe qui éclate ! Quelque chose qui doit exploser de cette manière et pas d’une autre. Il faut qu’elles comprennent le mal qu’elles ont fait.

Une réaction à chaud… Oui, c’était ça. Quelque chose dans l’instant. Quelque chose qui vient de loin. Une haine provoquée par des faits soudains comme l’abandon de Maria ou les restrictions de Madison.

Et j’avais envie d’en montrer plus à Liam. Je voulais lui montrer un autre titre qui sera sur l’album. Cash accepta et me mis en place devant le micro. Quand les riffs de guitare commencèrent, je me mis directement dans cette ambiance légèrement country du titre qu’on avait créé. Et j’envoyai les paroles. Des paroles cinglantes qui dénotaient avec la mélodie.

Je en montai pas dans les aigus pour cette chanson pour rester dans le style. Il n’y avait pas besoin de grande performance vocale pour faire passer ce qu’on voulait faire passer.

Et à la fin, Liam applaudit ce qui me fit sourire d’un grand sourire. Il trouvait ça excellent et à la hauteur de ce qu’elles nous ont fait vivre.

-Oui ! Plus qu’à la hauteur !

Et Liam n’avait encore vu qu’une petite partie de ce que l’album sera réellement.

Mon garde du corps rigola et parla de Samantha, le bras droit de Lenny… Je ne la connaissais pas encore bien… Cash était réticent à son sujet. Moi, je faisais confiance à Lenny sur son choix. Et l’histoire de cette Samantha m’a touché.

-On verra… Elle a l’air de vouloir le bien du groupe.

Comme toutes les autres…

Je chassai cette pensée non sans tiquer.

-Elle est discrète, pour le moment. On interagit surtout avec Lenny. Mais ils discutent beaucoup entre eux. Elle ne cherche pas à être sous le feu des projecteurs.

Pas comme les deux autres…

-Elle n’est pas ici sûrement parce qu’elle a du travail ailleurs. Lenny et elle se partagent les tâches si j’ai bien compris… Enregistrer, on sait le faire sans nos managers.

Ce n’était pas leur travail. Le côté artistique, c’était nous.

-Pour l’instant, ça se passe bien…

Mais je savais que les choses n’étaient pas toujours immuables. Parfois, les choses changeaient du jour au lendemain en un claquement de doigt.

@ Billy Lighter

Liam comprenait, Billy ajoutait des détails à ses explications et moi… J’observais, silencieux et souriant. Nous voilà revenus aux grandes heures de The Lightening, ce moment où les sentiments, les ressentis, prennent une autre forme, presque tangible, dans la musique que nous jouons. Rage, colère, réaction à chaud… J’aurais ajouté une forme de haine pouvant mener à l’extinction totale de l’humanité.

Mais comme Liam le comprenait très bien, tout ça n’irait pas jusque-là. Parce qu’une fois tout ça canalisé sous la forme d’un album, nous pourrions à nouveau réapprendre à aimer… Peut-être pas à faire confiance… Mais à aimer, certainement. Si pas les femmes pour ce qu’elles étaient, au moins la beauté extérieure qu’elles dégageaient.

Pour le reste… La Justice est une Déesse Aveugle, dit-on… Avec notre album, nous allions faire d’Aphrodite une Déesse Muette, la bâillonnant sans autre forme de procès.

Nous les avions assez entendue, c’était à notre tour de nous exprimer désormais.

Et avec nous, pas de vaines promesses, pas  de beaux discours, pas de paillette…

Quelque chose d’aussi brut que parfait.

Une bombe qui éclate !

-Quelque chose qui les laissera sans voix. Parce que si c’est pour dire des conneries, autant se taire.

Et pour en donner un aperçu à Liam, nous avions joué une autre chanson… Qui l’avait faire applaudir malgré que Liam était un utopiste fervent défenseur de l’égalité pour tous. Mais il avait compris. Il avait compris que tout ça n’avait rien de politique ou d’idéologique. C’était juste un coup partit tout seul. Une claque en pleine figure pour leur faire comprendre qu’elles avaient dépassé la limite de ce que nous pouvions supporter.

La chanson terminée, je repris ma bouteille, buvant un coup en écoutant Liam s’inquiéter de savoir si nous allions nous en sortir avec Mancini. Je savais qu’en réalité, c’était pour elle qu’il s’inquiétait, mais ça ne me dérangeait pas. S’il s’inquiétait pour elle, cela signifiait que ce que nous voulions faire passer via ces deux chansons que nous venions de joué était clair et net.

Je rallumai une cigarette après avoir posé ma bouteille.

-Si ça continue à se passer bien… Elle finira par faire partie des meubles.

Et quand elle aura accepté de faire partie des meubles… Peut-être que je m’en approcherai sans m’en rendre compte.

Je haussai les épaules.

-Billy a raison. On a besoin ni de Lenny, ni de Mancini pour faire de la musique. On crée. Ils diffusent. On a même pas besoin de communiquer avec eux.

Parce que The Lightening… The Lightening était ici et maintenant. Billy et moi.

Personne d’autre.

@ Billy Lighter

Est-ce que ce que je voyais et entendais m’inquiétait ? Non, que du contraire. Les deux membres principaux de The Lightening était certes virulent. Mais de un, ce qu’ils faisaient et écrivaient n’était pas dénué de sens… Ou pour être plus correct, ce n’était pas gratuit. Ils ne faisaient que contre-attaquer. Sans se soucier des dommages collatéraux, certes, mais pour l’instant, ils n’étaient pas à même de les voir.

De deux… je ne savais que trop bien que pour Cash comme pour Billy, cet album serait thérapeutique. Ils allaient déjà se prouver à eux même qu’ils savent encore produire un album, ensuite, expulser tout ce qu’ils avaient de mauvais dans le corps pour le moment et enfin, probablement, tourner la page de l’émeute mortelle de Saint-Louis, sans pour autant l’oublier.

Ils avançaient. Et je n’allais pas m’inquiéter de l’indignation féministe que cela allait provoquer et encore moins de la censure qui allait sans doute crucifier cet album. Cash et Billy allaient s’en donner très certainement à cœur joie quand cela arriverait. Parce que question provocation, ils aimaient y aller et répondre aux critiques.

C’était Lenny qui allait avoir plus de mal à gérer ça. Mais ce sera peut-être à ce moment-là qu’avoir Samantha avec eux allait être important. Et en parlant d’elle, je voulais savoir ce que le groupe en pensait.

Et ils marchaient sur des œufs… Enfin Billy marchait sur des œufs et Cash les écrasait littéralement. Je souris, parce que même Cash laissait une chance à Samantha. Celle de faire partie des meuble d’abord. Tout ça ne serait qu’un jeu de patience pour Mancini si elle voulait apprivoiser The Lightening.

Et c’était ce qui avait cruellement manqué aux autres femmes, probablement : la patience. Dans une quête de renommée et de reconnaissance que je pouvais cependant leurs comprendre, elles que beaucoup d’homme pensaient incompétentes juste parce qu’elles n’étaient pas munie d’un service trois pièces entre les jambes.

Le tout, c’était de ne pas leur donner raison en se précipitant, ce qui arrivait malheureusement souvent… Ce qui était arrivé deux fois à The Lightening avec les femmes managers  avec lesquelles ils avaient eu contact.

Ils ne fermaient pas toutes les portes, donc… Mais au moins, ces mauvaises expériences avaient-elles eu ça de bon de renvoyer le groupe dans les studios.

-Très bien. Chacun sa place, donc. Vous sur scène ou derrière les micros, en pleine lumières. Eux dans l’ombre…

Je leurs souris, à l’un comme à l’autre.

-Tout va bien se passer, vous allez faire un triomphe et rappeler au monde ce qu’est The Lightening.

Mon sourire s’allongea.

-Et en cas de besoin, je serai là. Comme avant. Fidèle au poste.

Je me levai et écartai les bras.

-Vous m’en jouez une autre ?

@ Billy Lighter

Oui, notre album allait être une bombe qui explose, quelque chose qui laissera tout le monde sans voix. Même si je savais que les journalistes n’allaient pas être sans voix longtemps. Ils allaient venir avec leurs questions et leurs polémiques. Ils viendront et brandiront la carte de la bien-pensance pour tenter de nous entrer.

Mais on résistera.

On illustra encore notre propos par une autre chanson. Quelque chose de plus calme mais avec des paroles qui ne laissaient pas de place à l’interprétation. Les paroles étaient crues mais elle ne faisait que refléter un sentiment que Cash avait déjà ressenti, que j’avais déjà ressenti et que certainement bien d’autres ont déjà ressentis. En général, ce qui était cru était vrai.

Après la chanson, Liam nous questionna sur Samantha. Elle restait dans l’ombre pour le moment et travaillait beaucoup d’après ce que j’en savais et ce que Lenny avait dit. Pour le moment tout se passait bien. C’est ce que j’affirmai alors que Cash pensait la même chose même s’il l’exprimait à sa manière. On laissait une chance à Samantha. De toute façon, on avait Lenny comme bouée de sauvetage. Cette fois, on n’allait pas retomber comme les deux fois précédentes.

Je déclarai que, de toute façon, on n’avait pas besoin de manager pour faire de la musique. On avait juste besoin d’eux pour la commercialiser. C’était, hélas, quelque chose qu’on ne pouvait pas faire seul. Cash confirma et j’hochai la tête pour l’approuvé ainsi que Liam qui semblait d’accord avec l’idée. Mon garde du corps ajouta que tout allait bien se passer. Un sourire s’afficha sur mon visage.

-S’ils ont oubliés qui on était, ils vont vite s’en rappeler.

Mais ce qui me donna encore plus de force m’enfonçant dans cette phase créative, c’était que Liam promettait d’être fidèle à son poste. J’hochai la tête, souriant. Liam faisait partie de The Lightening. Le groupe ne pouvait pas fonctionné sans lui. Sa promesse me prouvait que le groupe était bien de retour.

Et il en redemanda une autre. J’esquissai un sourire.

-D’accord ! Accroche-toi bien !

Je m’approchai de mon micro avant de me tourner vers Cash. D’un regard on sut laquelle on voulait montrer à Liam. Et quand il commença à jouer, je me mis à chanter avec la même force qu’aux débuts de The Lightening.

@ Billy Lighter