Moi qui je suis jamais sortis de Los Angeles, sauf une fois pour aller à Old Orchard dans le Maine quand je devais avoir 4 ou 5 ans, de me retrouver à Tokyo semble irréel ! Pourtant j’y suis, et complètement perdue, je dois le dire.

Je pensais…

J’en sais foutrement rien en fait de ce à quoi je pensais.

Mais je m’attendais à voyager avec mon frère et Jerry. Rigoler avec le premier et rouler des pelles au second.  Ce n’est pas comme ça que le voyage s’est déroulé. Avec les roadies et tout le reste du staff, nous sommes embarqués dans un tout autre appareil que les groupes et leurs managers ce qui fait que je n’ai pas rigolé avec mon frère et roulé des pelles à Jerry. La famille ça ne compte pas chez MTI ?  Je pouvais pas avoir un léger passe droit ?

En plus, je me suis retrouvée en milieu de rangée ce qui fait que je n’ai à peu près rien vu par le hublot de l’appareil sauf quand je m’étirais le cou pour jeter un œil.

Enfin bref, c’pas très important quand même parce que j’ai dormis à peu près tout le long du trajet pour me faire réveiller par un atterrissage pas tellement en douceur. On aurait dit ma mère quand elle veut que je sorte du lit le matin et qu’elle tire sur mes couvertures avant de me tirer sur les jambes jusqu’à ce que je tombe du lit.

Je ronchonne en prenant mon sac du coffre au dessus de nos têtes puis je sors de l’avion et ce fut précisément là que j’ai eu m on premier choc culturel.

-  Oh ! Fuck ! Y’a pas de Geisha et de Samouraï ?

Ben je pensais qu’il y en aurait  pour nous accueillir et c’est bien là qu’est le choc de l’histoire !

Au lieu de ça, nous sommes sur un immense tarmac  et déjà ils sont entrain de vider l’avion de toutes les caisses du matériel pour les concerts. Et y’en a pas qu’un peu, hein ! Y’a  autant de caisses, de boites, de sacs, de valises  qu’il y aura de monde dans la salle.

Ouais bon je vais réviser mon barème des proportions mais n’empêche qu’il y a des trucs à trimballer partout et qui est-ce qui  s’en occupe ? Bah c’est nous ! Moi qui pensais que je pourrais aller direct piquer un petit roupillon à l’hôtel, je vais devoir remettre ça à dans une autre vie.

- On finira jamais ! C’est quoi c’délire !

Heureusement, y’a aussi les employés de l’aéroport, même si je comprends absolument rien de ce qu’ils racontent, qui aide et  au final, on termine beaucoup plus rapidement que ce à quoi je m’attendais. Nous pouvons monter à bord de camionnette à l’effigie de la tournée, direction l’hôtel.  Ouais, parce que nous aussi on a le décalage horaire dans le corps, Monsieur Hughes !

Faut pas nous charrier hein !

- Hey ! Je te connais toi !

Le mec assit à côtés de moi, je ne l’avais pas vu avant, ou plutôt je ne l’ai pas remarqué pendant le voyage en avion mais sa tête, je me souviens l’avoir croisé dans l’Eastside ! Je ne sais pas son nom mais nous allons au même petit resto, je le croise de temps en temps. Je ne savais pas qu’il travaillait pour MTI. Je pensais qu’il dealait…

- Moi c’est Kenzie Stone, et toi?

Je lui tends la main et la lui serre fièrement. Je sais serrer les mains ! Je n’ai pas peur d’y mettre de la conviction c’est mon père qui m’a montré comment faire, quand j’étais plus petite.

- Je vais m’occuper de la pyro entre autre chose, tu fais quoi toi ?

Bon je me la joue ‘’ Salut je suis la nouvelle, on est venue me chercher parce que je suis une pro, tu vois…’’ c’est quand même mieux que de dire que j’ai eu le job parce que mon frère est allé le demander chez le grand patron.  Faire croire qu’on est là parce qu’on est venue nous chercher ça en jette et puis j’aime me croire indispensable.

@ Billy Lighter

Les voyages en avion étaient la chose la plus éprouvante en tournée. Ce voyage vers Tokyo avait été le voyage le plus long que j’avais jamais fait de ma vie. Je n’étais pas parti en Europe avec les autres quand The Burning Fire avait fait ses dates sur le Vieux Continent parce que j’étais resté au chevet de Peyton Davis. Pour cette partie de tournée, elle m’avait donné l’autorisation de partir. La chanteuse était une femme agréable à vivre contrairement à ce que disait les journaux mais travailler avec les autres roadies pour BleedingHeart et The Burning Fire était quand même quelque chose qui m’avait manqué.

J’avais passé le voyage avec Abel. J’avais gardé pour moi ce qui était arrivé à Peyton Davis. Timmy Evans refusait que ça se sache et même si je n’aimais pas cacher des choses à mon ami, je prenais ça comme du « secret professionnel ». J’avais dit à Abel que je n’étais pas venu sur la tournée en Europe parce que MTI m’avait envoyé sur une autre mission pour un autre artiste de la boîte.

Sur le tarmac de l’aéroport, j’avais été surpris par l’étrange chaleur qu’il y avait ici. C’était à la limite du supportable mais ce n’est pas pour ça que j’avais renoncé à mettre la main à la pâte quand il avait fallu déplacer le matériel avec l’aide des employés de l’aéroport. On rigolait toujours très bien avec Abel ce qui rendait le travail plus léger même après autant d’heures de vol.

On avait dû se répartir dans les différentes camionnettes qui allaient nous amener à l’hôtel. Après tout ça, on avait bien mérité un peu de repos. Abel était monté dans une autre camionnette et je m’étais retrouvé à côté d’une jeune fille blonde que je n’avais pas vue parmi notre équipe avant mais dont le visage m’était familier. C’est elle qui avait pris l’initiative de commencer la conversation. J’essayais de réfléchir à où j’avais vu son visage. Je quittais très rarement mon quartier de Los Angeles. Je devais l’avoir croisé dans la rue ou dans un café mais elle me connaissait aussi.

Elle m’avait donné son nom qui n’était pas sans me rappeler celui du batteur pour qui on travaillait et pour qui je n’avais plus vraiment de sympathie depuis l’histoire avec Olivia.

-Delfino Alvarez.

On s’était serré la main. Elle avait une sacrée poigne pour une jeune fille toute frêle. Elle me paraissait très jeune.

Elle travaillait dans la pyrotechnie. Elle serait une de mes plus proches collègues. C’était amusant.

-Je m’occupe aussi de la pyrotechnie. C’est toujours bien de voir des nouvelles têtes. Je travaille pour MTI depuis environs un an. Tu verras, il y a une bonne ambiance.

Elle n’aura pas difficile à s’intégrer. Elle était souriante au possible.

-Je pense que je t’ai déjà vu quelque part aussi. Tu viens de L.A. ? On s’est peut-être croisé dans la rue ou dans un bar. J’habite dans l’Eastside depuis longtemps.

Los Angeles était plus petite qu’on ne pouvait l’imaginer. Kenzie m’avait peut-être vu trainer quelque part.

-Tu fais de la pyrotechnie depuis longtemps ? Tu as l’air vraiment jeune… Toi aussi tu as fait la formation proposée par MTI ?

J’étais passé par là, moi, avant d’être réellement engagé.

@ Billy Lighter

Tokyo est loin d’être synonyme de bon temps comme je l’ai cru avant de monter à bord de l’avion ! Et je le retiens bien mon frère, de m’avoir dit qu’on rigolerait bien tous les deux ! Je ne l’ai même pas vu encore ! Ni même chez lui, ou devrais-je dire chez nous puisque j’habite maintenant avec lui, ni même à l’aéroport  et encore moins maintenant qu’on a la tête à l’envers, de l’autre côté de la terre.  C’est marrant quand même, quand j’étais petite, je pensais que les chinois et les japonais marchaient la tête à l’envers parce qu’ils vivaient ‘’ en dessous de nous !’’ …

Donc je résume…

Ils marchent sur le bon sens, il n’y a pas de Samouraï, ni de Geisha et en plus, on est déjà à travailler pour tout mettre à bord des camions.  J’ai pas lu les petites clauses sur mon contrat, celles écrites en très petit caractère et qui mentionnaient que je devenais esclave.

Dès que je me trouve un petit coin tranquille, je vais piquer un petit roupillon, ni vu ni connu !
À bord de la camionnette, je rencontre un collègue dont le visage m’est familier. Je suis certaine de l’avoir croisé quelque part dans l’Eastside, un dealer ou  peut-être dans un bar mais l’Eastside est un peu comme ma main, on en a vite fait le tour.  Alors aussi bien briser la glace, là que je lui ai déclaré sans détour que je le connaissais, ce dont je ne doute pas.

Il s’appel Delfino Alvarez, travail chez MTI depuis  plus ou moins un an et lui aussi, il s’occupe de la pyrotechnie. Ah ben chouette je vais travailler avec  un visage sympathique ! Bon ok ce n’est pas le trait qui saute le plus au visage quand on lui parle mais il n’a pas non plus l’air d’un tueur. Quoi que je ne voudrais pas le rencontrer dans une ruelle sombre un soir de pleine lune.

Aucun rapport, la pleine lune mais l’effet serait plus dramatique !

- Ben c’est ça ! Surement dans l’Eastside parce que j’y vis…vais j’y vivais je viens de déménager dans Beverly Hills.  

Ça se place bien dans une conversation, de dire qu’on est déménagé dans Beverly Hills, c’est quand même pas dégeu comme coin surtout le secteur où je suis rendu, le coin des grosses baraques de riches !

- C’est ma passion depuis que j’ai genre, quoi, 12 ans !  Mon frère m’a fait sauté un pétard dans les mains, tiens, regarde !

Je relève mes manches pour lui montrer mes cicatrices encore bien visible. Pour moi, c’est un trophée, et j’en suis fière !

- Y’avait une formation ? Obligatoire ? Bah non je suis rentrée direct comme ça avec un contrat du grand patron.

Là, j’ai pas trop envie de dire que c’est mon frère qui m’a fait entrer parce que je pourrais sembler moins compétente que je le suis et en plus, comme il est une rock star, ça pourrait vraiment passer pour du favoritisme.

- Tu as fait comment toi pour être engagé ?

@ Billy Lighter

La jeune fille venait de l’Eastside comme moi. Je devais l’avoir rencontré, ce qui ne serait pas étonnant vu que j’ai été le barman du Dizzy Warhol pendant de nombreuses années. J’avais dû y voir passer presque tous les habitants du quartier. Kenzie avait la chance de ne plus habiter dans ce quartier à mauvaise réputation mais bien à Beverly Hills. J’avais beaucoup de mal à y croire. Les loyers à Beverly Hills étaient très élevés et je la voyais mal se payer ça avec un salaire de roadies. J’étais très sceptique.

-Tu habites Beverly Hills ? Tu arrives à payer un loyer là-bas avec un salaire de roadies ?

Je ne la croyais pas mais ça m’amusait un peu de la voir paraitre si sérieuses.

Elle était plus facile à croire quand elle avait dit qu’elle avait été engagée pour la pyrotechnie. C’était mon ressort aussi mais je ne pourrais pas me vanter d’être passionné par la chose depuis mes 12 ans comme Kenzie. Elle, elle semblait animée par cette passion qui était pourtant née d’un accident plutôt grave qui avait laissé des marques sur les bras de Kenzie. Ses cicatrices étaient impressionnantes.

-Ton frère ne t’a pas raté… Ça a dû faire mal.

Dans l’Eastside, les jeunes s’ennuyaient très vite et les parents travaillaient souvent beaucoup alors ils étaient livrés à eux-mêmes. Je connaissais cette vie-là mais dans le récit de Kenzie, ça sonnait comme un bon souvenir.

-Tu es la première personne que je rencontre dont la passion est née d’une blessure pareille.

C’était bien d’avoir des passionnés dans l’équipe. J’avais hâte de voir de quel bois se chauffait la jeune fille. Elle n’avait pas passé la même formation que moi mais elle a été engagée directement par le patron de MTI. J’étais encore une fois étonné et un peu sceptique.

-Par Don Hughes en personne ? Comment as-tu fais ? Tu le connais personnellement ? La formation est obligatoire… Elle l’était, tout du moins. Ça apprend surtout les règles de sécurités ce qui est plutôt important.

Pour éviter les explosions accidentelles et les brûlures graves, par exemple. Kenzie en avait été dispensée mais je commençais à me demander si elle ne disait pas n’importe quoi.

-J’ai été engagé par Timmy Evans. J’ai un ami qui travaillait déjà chez MTI comme monteur-démonteur. Il m’a recommandé à Timmy et le manager m’a engagé après ma formation. Avant j’étais barman au Dizzy Warhol.

Mon parcours pour atteindre le poste identique à celui de Kenzie était plus classique que le sien. Je pensais vraiment qu’elle m’avait inventé une histoire mais un détail m’étais revenu à l’esprit. Elle s’appelait Kenzie Stone et elle habitait, avant, dans l’Eastside. J’avais regardé la fille avec un sourire. Je pensais que j’avais peut-être mis le doigt sur quelque chose.

-Tu ne serais pas de la famille de Howard Stone par le plus grand des hasards ?

C’était la meilleure explication de toutes les incohérences que j’avais relevées.

@ Billy Lighter

C’est cher les loyers dans Beverly Hills ?  Bah ouais y’a pas de doute là-dessus sinon les gens de l’Eastside sortiraient de leur crasse pour l’étaler un petit peu plus loin dans Los Ageles. J’hausse des épaules pour répondre à la question de Delfino parce qu’il ne peut pas savoir. Peut-être que j’avais une grand-mère riche décédée récemment et qui m’a légué ses avoirs…

Ça serait trop chouette !

Mais mes grands-mères n’ont pas d’argent, en tous les cas, pas plus que moi !

Mon histoire est trop passionnante pour s’arrêter là et je raconte à Delfino que ma passion, je l’ai depuis vraiment longtemps tout en lui montrant fièrement mes bras.

- Ouais ! Ça a fait hyper mal ! Et je me souviens l’odeur de la peau cramée ! Ça a l’odeur du cochon c’est dégoutant !

Mais c’est quand même mon plus beau souvenir à vie ! He regarde Delfino un peu surprise puis je lui souris de toutes mes dents parce que ce qu’il dit est vraiment très flatteur.

- C’est parce que je suis unique !  

Et y’a rien de plus vrai que ça !  Des comme moi, y’en a pas a tous les coins de rues !  Et heureusement d’un autre côté…

Il fallait une formation pour être embauchée ?  J’en ai pas eu… et c’est surprenant, ça ! Non pas que j’en ai besoin mais Howard ne m’en a pas parlé du coup, je doute un petit peu qu’il y ait une arnaque en dessous de tout ça.

J’aurais du lire ce fichu contrat ! Surtout les petits caractères dans le bas ! Mais non je ne les ai pas lus parce que mon frère était pressé d’aller baiser ! Et là je me sens ultra bête parce que Delfino demande si je le connais personnellement, le grand patron !

J’ai l’air d’une belle menteuse.

Stone un jour…

Je veux diriger la conversation sur lui parce que je n’ai pas trop envie de dire que c’est mon frère qui m’a trouvé le deal avec ce boulot et passer pour la fille qui connait rien et qui est là parce qu’elle a eu un traitement de faveur.

Misère…

Je n’avais pas b’soin de ça !

Genre… trop pas !

Delfino, cela dit, a eu aussi une connexion pour avoir sa place  chez MTI en passant par un ami qui connaissait le manager de mon frère donc au final nous y sommes tous grâce a quelqu’un qui connait quelqu’un.

Un moment, je reste muette a réfléchir si je mens ou si je suis honnête.

- Ouais ben, en fait il est mon frère. Demi. Une moitié de frère genre, pas au complet.

De toute ma vie, je crois que c’est la première fois que de ne donne qu’une demie à Howard. C’est étrange et je ne sais pas pourquoi je fais ça.

- Mais je l’aime, mon frère, il m’a aidé a avoir le job… je…

Je baisse un peu le regard, pour avouer le reste, comme si j’avais commis une grosse faute.

- Je ne voulais pas que les gens ici croient que j’ai eu le job uniquement à cause que je suis la sœur d’Howard, tu comprends ?  Parce que, je sais que je peux le faire.

@ Billy Lighter

Je ne croyais pas tout ce que disait Kenzie mais elle était amusante. D’elle se dégageait une joie de vivre et une certaine fougue.

Elle était une mordue de pyrotechnie. C’était le fruit d’une expérience négative, pourtant. Des brûlures marquaient ses deux bras mais elle en retirait la découverte d’une passion de cette expérience. Je viens de découvrir une bien drôle de fille. Sa blessure avait été douloureuse mais c’était surtout l’odeur qui semblait l’avoir dégouté le plus. J’avais bien en face de moi une fille unique en son genre.

-Oui, c’est un fait.

Elle me faisait sourire. Pourtant, quand elle m’avait raconté son embauche, j’avais du mal à y croire. Elle avait été engagée par Don Hughes en personne et n’avait pas eu besoin de suivre une formation. C’était un peu surréaliste dans une maison de disques aussi prisée que MTI. Mon impression était qu’elle romançait un peu voire même beaucoup ou bien que s’était vrai mais qu’elle avait eu l’aide de quelqu’un pour entrer. D’une façon, j’avais été un peu pistonné par Abel parce que, sans mon amitié avec lui, je n’aurais jamais pu devenir roadie. Je serais encore au Dizzy Warhol à servir des verres. Je ne détestais pas ce métier de barman mais suivre un groupe sur une tournée et participer au show d’une façon ou d’une autre, c’était une toute autre expérience.

Doucement, j’avais fait quelques liens dans ma tête et le nom de famille de Kenzie m’était revenu. Je la soupçonnais d’avoir un lien avec Howard Stone. C’était possible parce que L.A. était beaucoup plus petit qu’il n’y paraissait.

Ce que je ne m’attendais pas c’était que Kenzie était la demi-sœur de Stone ! Je pensais qu’elle était une cousine mais je ne savais pas que Howard avait une demi-sœur. Je devais avoir une tête jusque parterre. Elle n’avait aucun trait de ressemblance avec Stone. Elle était blonde aux yeux bleus. En y regardant de plus près, c’est vrai que certaines expressions étaient les mêmes mais sans le savoir, je n’aurais pas pu le deviner.

-Là, tu me laisses sans voix !

Elle avait honte de le dire pas parce qu’elle avait honte de Stone mais parce qu’elle avait peur qu’on ne la prenne pas au sérieux dans son travail. Je pouvais le comprendre facilement. J’avais vraiment de la sympathie pour cette jeune fille.

-Je ne vais pas te juger sur la façon dont tu es entrée. Tu as eu la chance d’avoir ton demi-frère comme rockstar et c’est normal d’en profiter. Ça ne veut pas dire que tu n’es pas douée dans ce que tu fais. J’ai hâte de pouvoir voir ce que tu sais faire.

Je n’allais pas la juger sur la façon dont elle était rentrée. Je n’étais pas comme ça.

-Je ne dirais rien aux autres. Je ne pense pas qu’ils vont voir d’un premier coup d’œil que tu es la sœur de Howard. Tu ne lui ressembles pas du tout physiquement.

Je voulais bien garder son secret autant qu’elle le voudra.

On était arrivé à l’hôtel. On allait pouvoir aller se reposer un peu après ce long voyage. Ma conversation avec Kenzie avait continué en descendant du bus.

-Tu voudras que je te guide ? Je pourrais t’apprendre comment on fonctionne dans notre petit groupe. Je n’aurais sûrement rien n’à t’apprendre au niveau de la technique mais je peux t’expliquer comment on fonctionne. Tu n’auras pas à faire que de la pyrotechnie. Il y aura d’autres tâches.

On était entré dans l’hôtel.

@ Billy Lighter

Viens un moment où, au travers tout mon récit, je sème le doute dans la tête de mon nouvel ami qui commence à  visiblement un peu moins me croire pourtant ce que je dis est bel et bien la vérité. Ma grande gueule et moi-même avons bien arrangé les choses alors le mieux c’est de lui déballer le morceau et de lui avouer que je suis la demi-sœur d’Howard Stone.

Puis je sais aussi que ça semble moche de l’avoir caché mais comme je le lui explique, je ne voulais pas qu’on croit que j’étais là parce que mon frère avait exigé et que ça me donnait un poste d’emblé. Je ne suis pas une profiteuse même si je l’ai vraiment demandé à Howard mais il m’aurait dit que son patron refusait et le dossier aurait été clos.

- Ouais, ça fait ça à bien du  monde en général quand ils apprennent qu’on est frangins. C’est parce qu’on ne se ressemble pas et qu’on le dit pas forcément non plus.

C’est un truc de Stone.

On le dit quand ça nous arrange mais sinon, de toute façon on s’en fou de ce qu’on fait ensemble et de ce que pense les gens. Nous on connait l’histoire et ça fini là.

Delfino, pour mon plus grand soulagement, ne juge pas. C’est cool en plus il trouve que c’est une chance d’avoir pu avoir de l’aide de mon frère pour entrer chez MTI. Ouais ça en est une et en ce qui concerne mon savoir faire dans le métier, ben j’ai déjà réglé ça dans ma tête !

- Je saurai faire mes preuves t’façon !

Je me suis fait un nouvel ami et c’est vraiment cool en plus je vais travailler avec lui alors je vois pas ce que je pouvais demander de mieux.  Il me fait rire sur le coup puis j’hausse des épaules parce que c’est aussi un autre truc de Stone de pas avoir un gamin qui se ressemble vraiment sur les trois.

- Ouais je sais on me le dit tout le temps. Et en plus, moi, j’ai plus de couilles que lui ! Mais moi elles sont sur mon torse les miennes !

Je m’esclaffe, je rigole beaucoup trop, assez pour faire le cochonnet mais c’est la vérité quand même quand on y pense ! C’est faut de dire que les femmes n’ont pas de couilles ! Elles sont juste pas au même endroit !
Mon ami y va aussi d’une belle proposition. Une offre que je ne peux pas refuser, trop pas !

- Oh chouette ! Ouais ! Ouais je veux vraiment ! Tu es trop sympa ! En plus ça va me permettre de tout voir ce qu’il faut faire, en fait c’est comme si toi tu me la donnais la formation !  Tu es classe comme mec !

Putain ils sont trop  bien les gens chez MTI !  Ça va être cool de pouvoir me tenir avec un homme qui a déjà ses deux bottines bien plantées ici et qui veut me donner de bons tuyaux.  J’ai eu le coup de départ de mon frère mais le reste, on ne pourra pas dire que je l’ai eu tout cuit dans le bec par mon simple nom de famille !  J’ai moi-même créé un lien avec Delfino et j’ai maintenant un allié dans la place.

- Tu crois que dès le premier concert je pourrai faire mes propres trucs ? J’ai des idées d’effets, j’en ai pleins dans ma tête et j’ai hâte de les exposer ! Je vois du vert, du violet, et tu sais sur la chanson I Try To Stay je voyais une final argenté, comme une pluie d’étoile, t’en penses quoi ?

Ça fait du bien d’être enfin debout sur mes deux jambes puis d’entrer dans l’hôtel mais je me rends compte que nous sommes vraiment dans un monde à part.  Il y a le groupe, puis il y a nous. Je ne m’attendais pas à être traité en princesse de toute façon je n’en suis pas une mais, bordel on n’a vraiment pas droit à des gens pour amener nos bagages, nous ?

Ah et nous partageons les chambres aussi ?

- Oh ! Ben t’as vu ? Je suis avec toi dans ta chambre ?  Heu… dis, tu ronfle pas, hein ?

Et puis c’est un petit peu gênant parce que, ben sa femme elle aimera pas savoir qu’il partage sa chambre avec une petite jeunesse comme moi et en plus je suis bordélique dans mes affaires mais le point positif c’est que nous pourrons parler  du boulot et je pourrai poser toutes mes questions.

- On a le droit quand même de pouvoir sortir où on a des couvres feu ? Et j’ai faim, ça fonctionne comment pour la bouffe ? On a droit à des repas gratuits ? On paie quand même pas nos lunchs ?

J’ai pas un seul dollar en poche !

@ Billy Lighter

Kenzie était la demi-sœur de Howard. Ils ne parlaient pas souvent de leur relation. J’avais lu beaucoup d’interview de The Burning Fire et s’était rare quand Stone parlait de sa famille.

La jeune femme avait eu peur de faire part de cette relation parce qu’elle avait peur qu’on juge ses compétences là-dessus. Avec moi, elle ne risquait pas d’être jugée. Elle voulait faire ses preuves et je n’allais la juger que là-dessus.

Les deux Stone ne se ressemblaient pas du tout. Kenzie avait les cheveux blonds et Howard, les cheveux noirs. Je voyais quand même que Kenzie avait des expressions qu’arborait de temps en temps le batteur. Leur ressemblance s’arrêtait là, physiquement.

-C’est vrai que les femmes ont souvent plus de couilles que les hommes.

J’avais ri parce que c’était vrai. J’avais rencontré beaucoup de femmes fortes dans ma vie et j’étais persuadé qu’elles avaient plus de couilles que la plupart des hommes. Je pensais comme ça peut-être parce que j’avais été élevé par ma mère et qu’elle m’avait donné cette image des femmes.

Je voulais bien guider Kenzie pour ses premiers pas au sein de notre équipe de roadie. J’étais sûr qu’elle allait vite s’intégrer avec le caractère qu’elle avait. Elle était contente que je me sois proposé.

-Merci. Tu vas voir, tu t’intégreras vite.

Elle avait déjà des idées et voulait les mettre en œuvre très vite. Elle devait très bien connaitre The Burning Fire étant donné que son frère en était un membre phare. Kenzie était une jeune femme qui débordait d’énergie mais je devais réfréner un peu ses ardeurs.

-Peut-être pour la prochaine partie de la tournée. On a un show bien précis à faire. Tout est minuté et ajouter un nouveau show ne va pas être possible parce qu’on a un nombre de fusées précises et elles sont déjà triées pour le show. C’est pensé largement à l’avance avec notre équipe mais on redéfini tout à chaque fois qu’on revient à Los Angeles. Tu pourras nous donner tes idées pour l’Australie.

Je ne voulais pas qu’elle soit déçue mais on ne pouvait pas changer tout le spectacle comme ça. Elle avait de l’enthousiasme et c’était plaisant à voir. Les autres l’adoreront.

On était arrivé à l’hôtel. On devait prendre nos bagages. J’allais partager ma chambre avec Kenzie. D’habitude, je la partageais avec Abel mais ils avaient sûrement placé Kenzie dans ma chambre parce qu’elle était nouvelle et qu’on faisait le même métier.

-Non, je ne ronfle pas. Tu n’as pas à t’inquiéter.

Elle me faisait beaucoup rire. Je ne savais pas ce que notre collocation allait donner mais j’espérais qu’elle n’était pas autant penché sur la fête que Stone. J’aimais faire la fête mais j’aimais être en forme pour pouvoir travailler comme il faut.

-Il n’y a pas de couvre-feu. Tu es totalement libre en dehors des préparations des concerts et des heures des concerts. MTI paye les repas. Tu n’as pas à t’en fais pour ça non plus. Tu n’auras rien n’à débourser pour survivre.

J’avais porté la valise de Kenzie en plus de la mienne et on était arrivé dans notre chambre après avoir pris l’ascenseur.

La chambre était assez grande pour nous deux. Ce n’était pas une aussi grande chambre que celle des membres du groupe mais elle était bien. Il y avait deux lits une personne et une salle de bain. J’avais déposé les valises.

-Si tu es fatigué, il y a moyen de se reposer. On est libre jusqu’à demain. Je crois que la plupart des roadies vont se reposer après ce long trajet alors je ne pense pas qu’il y aura beaucoup de monde dans les couloirs pour s’amuser…

Quand on était aux Etats-Unis, on faisait plus souvent des fêtes entre nous mais là, je sentais la fatigue me gagner.

@ Billy Lighter

C’est quand même un petit peu gênant de savoir que je vais partager ma chambre avec Delfino pendant notre séjour Asiatique. C’est un ‘’Monsieur’’ et je ne le connais que depuis quelques minutes, officiellement.  Sauf qu’en regardant les choses d’un autre angle, c’est chouette parce que je vais pouvoir lui poser autant de questions que je veux et à n’importe quel moment si j’en ai une qui me vient en tête spontanément.

Déjà, y’en a une à laquelle il me rassure déjà : il ne ronfle pas ! Super parce que je suis jeune et mon sommeil est important à mon âge pour mon développement cérébral! Ouais c’est ma mère qui me répète toujours ça parce qu’elle en a marre de me voir traîner à des heures hyper tardives. C’est bien la première fois qu’un arguement de ma mère deviendra une référence, je dois impérativement noter ça quelque part !

Tout en montant à notre chambre, il m’explique les grandes lignes du fonctionnement chez MTI.
Pas de couvre feu c’est déjà bien mais ce qui est encore mieux, c’est qu’on ne paie pour absolument rien ! Chouette ! Je vais manger des trucs de dingues, genre de la pieuvre encore vivante, paraît qu’ils font ça ici, de manger ça encore vivant ! J’ai toujours eu envie de savoir si on la sentait bouger dans notre estomac.

D’avaler une pieuvre vivante, ce sera sans doute moins dure que d’avaler que je ne pourrai rien changer aux montages pyrotechniques du spectacle de mon frère parce que tout est déjà planifié et calculé à la fusée près.  Ben merde ! Je suis venue faire quoi ici alors ?

Dans notre chambre, on a une super vu sur… l’hôtel d’en face et, bonne joueuse et parce que je nous vois ici comme à l’armée, pour le code d’honneur, je laisse Delfino choisir le premier son lit et, quand s’est fait, je sautille pour me débarrasser de mes baskets puis je grimpe sur le mien et je m’y mets à sauter tout en parlant.

- Ouais… Je vais… surement… dormir… un peu… parce que le… déca…décalage… c’est dingue !!

À la fin de ma phrase, je me laisse tomber sur mon lit tout en rigolant.

- Tu devrais essayer ! Paraît que de sauter sur un lit de chambre d’hôtel ça permet d’éliminer le décalage horaire !

Ici parle la grande voyageuse qui, jusqu’à maintenant, n’est allé qu’une seule fois hors des .tats-Unis.  Mais ça, il ne fait pas le dire !

- Je devrais quand même essayer de trouver mon frère, ou peut-être mieux encore ! Je pourrais essayer de voir Nathan ce soir ! C’est bête je pensais pouvoir voyager avec lui, je ne l’ai même pas revenu depuis Londres !

Quoi qu’il va certainement se reposer.  Je suis indécise sur ce que je dois faire ! D’un côté je suis quand même fatiguée et j’ai la flemme de sortir d’ici mais d’un autre, j’ai envie de m’amuser et rigoler.

- Disons que ce soir, je reste ici sagement pour me reposer parce que je me doute que demain ça va être fou dingo, tu aurais envie qu’on se commande une pizza ou un truc typiquement d’ici et qu’on parle ?

Histoire de faire connaissance puisque visiblement, il sera mon mentor pour les prochaines semaines et que, tant qu’à partager la même chambre, aussi bien apprendre à bien se connaître.

@ Billy Lighter

Les chambres se suivaient et se ressemblaient mais je n’étais jamais déçu. Elles étaient toutes très propres et suffisamment grandes pour deux personnes comme celle-ci. Jusqu’ici, j’avais partagé ma chambre avec Abel mais un peu de changement ne pouvait qu’être bénéfique pour le renforcement au niveau des liens dans notre petite équipe de roadies.

J’avais eu l’honneur de pouvoir choisir le lit. Kenzie avait beau être la sœur d’Howard Stone, elle me semblait être plus enthousiaste que le batteur qui brillait, lui, par sa nonchalance.

J’avais choisi le lit le plus près de la fenêtre. Je prenais toujours celui-là depuis que j’étais sur les routes avec The Burning Fire et BleedingHeart. C’était devenu comme une habitude si tant était qu’on pouvait avoir des habitudes en passant d’hôtels en hôtels et de villes en villes aussi fréquemment.

Kenzie était débordante d’énergie. Elle sautait déjà sur le lit qui sera le sien jusqu’à la prochaine étape. Pourtant, elle parlait de dormir. C’était surprenant qu’elle trouve encore la force de sauter comme ça après un si long voyage.

-C’est dingue mais ça n’a pas l’air de réduire ta jauge d’énergie.

Elle m’amusait dans sa façon d’être et dans son humour bien à elle. Sauter sur un lit n’allait sûrement pas aider au décalage horaire mais j’appréciais sa façon de voir les choses qui me faisait rire.

Kenzie voulait chercher après son frère et Nathan. Elle me semblait proche du chanteur du groupe. Elle avait sûrement eu l’occasion de le voir vu qu’elle était la sœur de Stone. Ils s’étaient, en tous cas, déjà vu à Londres. Je n’avais pas eu l’occasion d’aller à Londres parce que j’étais au chevet de Peyton. Peut-être que j’aurais pu y croiser Kenzie si j’y avais été.

-Ils ne seront sûrement pas difficiles à trouver. Ils ont l’habitude de faire la fête dans l’hôtel la vieille des concerts. Je ne savais pas que tu étais si proche de Nathan aussi.

Le décalage horaire était de mise pour eux aussi alors ils récupéraient sûrement pour l’instant.

Kenzie avait choisi la solution la plus sage. Je pensais aussi que c’était mieux de se relaxer et de se reposer en vue du concert de demain. Il y aura du pain sur la planche et il faudra être en forme.

-C’est une bonne idée. Je crois qu’on va se risquer à commander quelque chose d’ici. Il faut vivre dangereusement !

Je m’étais rendu près du téléphone pour passer commande. Je n’avais pas été fou au point de commander quelque chose de totalement inconnu. J’avais commandé des sushis qui nous seront apporté à notre chambre.

Je m’étais installé sur mon lit. Kenzie était sur le sien qu’elle avait déjà bien maltraité.

-Vas-y… Raconte-moi tout sur Kenzie...

Je lui laissais la main pour qu’elle me raconte tout ce qu’elle avait envie de me raconter sur elle.

@ Billy Lighter

J’adore sauter sur les lits !

Ma mère, elle, ne veut pas que je saute sur mon lit.

Ce qui fait que, un jour, pour me punir, elle m’a retiré mon lit ne laissant que le matelas mais sans le sommier et le support de lit, ça ne rebondit jamais de la même manière, c’est nul et beaucoup moins drôle. Alors je ne l’ai plus fait à la maison.

Ma mère, s’est pas une androïde ou même une polymorphe mais je suis certaine que c’est une ninja capable de toujours savoir ce que je fais, quand je le fais et avec qui je le fais. C’est dingue ça ! Parfois, je rentrais et elle se tenait debout, me barrant le chemin, les bras croisées et en tapant du pied et savais, avant même que je dise quoi que ce soit que j’avais traînée avec Howard ou  bien que j’avais fait un coup pendable.  Parfois, j’crois que je n’avais même pas le temps de seulement penser faire un truc qu’elle le savait déjà.

Mais là, elle n’est pas là, et je paris que son intuition de mère ne va pas jusqu’ici. Et même, quand je rentrerai, ma nouvelle vie chez mon frère va l’empêcher de me casser les ovaires.

- Bah j’suis jeune moi, Monsieur Alvarez ! J’ai toujours de l’énergie, même quand j’en ai plus !

Je sais que je devrais dormir ou au moins me reposer mais j’ai envie de voir mon frère et Nathan.
Surtout Nathan !

- Ouais ! C’est mon petit ami, j’crois.

Parce que je l’ai embrassé une fois mais après, on ne s’est pas beaucoup vu pour pas dire pas du tout parce qu’à Londres j’ai passé du temps à l’hôpital pour mon poignet, c’est bête quand même ! Alors on n’a pas vraiment officialisé la chose. Je devrais lui envoyer un message et lui faire cocher oui ou non à la question «  Veux-tu officiellement être mon petit ami ? »

Dans l’ordre de mes besoins, entre celui de voir mon frère et mon peut-être officiel petit ami, dormir et manger, je crois que manger remporter le numéro un, désolée pour les autres ! Mon ventre gronde, il se prend un peu pour Godzilla ou un truc dans le genre.  

- Vas pour les sushis ! Et prends en plus que nécessaire, on pire, on les réchaufferas demain

Je rigole, en faisant encore, le cochonnet. Ma mère, la première fois que je l’ai amené mangé des sushis, la seule fois où j’ai réussis à la convaincre de faire plus exotique qu’un Italien,  elle a tiré une de ces têtes en se rendant compte que c’était froid ! Alors la blague de réchauffer demain s’il en reste, elle me fait bien me bidonner !

- Que je te…ben, y’a rien d’intéressant, j’crois !

Qu’est-ce que je pourrais bien lui raconter de moi qui vaille la peine d’être ressortit du lot ?

- Ben j’ai grandis dans l’Eastside seule avec ma mère et comme tu le sais je suis la demi sœur d’Howard parce que son père a baisé avec ma mère un soir mais il ne lui avait pas dit, je crois en tous les cas, être marié et avoir des gosses ailleurs... ‘fin !

C’est bien comme introduction !

- Les Stone se foutent plus tôt bien de moi et j’en ai rien à foutre de eux. Mon père il s’est pas trop occupé de moi parce que ma mère elle ne voulait pas mais il venait parfois passer du temps avec moi. J’ai déjà fait du camping une fois avec lui et Howard.  Et à Noël il venait aussi me voir et rarement j’allais chez lui.

En fait, je ne me souviens plus tellement si j’ai de vrais souvenirs de moi chez mon père où si je l’es ai simplement imaginés.

- Howard lui il était gentil avec moi. Il venait me chercher après les cours et on allait voler des bonbons dans les commerces des environs puis un jour, il m’a amené boire un verre et on a fait péter des fusées dans une ruelle et y’en a une qui m’a brûlée les bras. Ça l’air con dit comme ça mais c’est un super souvenir. Il a prit soin de moi et  tout et après lui il riait pas de moi quand je disais que je voulais faire ça comme métier. Il m’encourageait, tout le temps.  Mon frère c’est vraiment  le mec le plus cool du monde !

Le plus stupide peut-être mais le plus cool quand même !  

Moi je suis fière d’être sa sœur.

- Puis  heu j’ai arrêté l’école parce que ça m’embêtais plus que autre chose, c’est trop facile, je termine toujours tout avant tout le monde.  Je faisais des petits boulots de temps en temps pour avoir de quoi me payer de la poudre et des tubes pour faires es propres mélanges pour les fusées et tout et… ben j’ai rencontré Nathan, on a traqué un polymorphe ensemble et je fais partie de sa brigade c’est troooop chouette !  

Je parles, je parles, et parles encore en faisant de grands yeux par moment, en bougeant mes mains à d’autres, en me laissant tomber sur le lit pour me redresser, m’installer en tailleur puis ramener mes jambes sous moi avant de changer encore et de les balancer devant moi en bas du lit.

- Et puis aujourd’hui j’suis là ! Et j’ai un super nouvel ami, toi !  J’ai hâte à demain pour que tu me montre plein de trucs et qu’on puisse  vraiment travailler ensemble ! On va faire un super team ! Puis ben quand je serai plus meilleure, genre vraiment, on pourra faire nos propres montage toi et moi, on pourrait même créer un style et  tout ! Oh Wow !! Delfino ça serait trop cool ! Hein ? Hein ? Ça serait top !!

J’suis déjà entrain d’imaginer ce que nous pourrions faire et je sais que nous serions avant-gardistes dans notre genre et tous les groupes voudront  voir leurs effets créés par nous ! Notre nom  sera sur toutes les lèvres et peut-être qu’on aura notre boutique un jour !

- Sky is the limit !

Et je ne me rends compte que maintenant que je suis de nouveau debout sur le lit, le poing levé haut en l’air et les yeux pleins d’étoiles.

@ Billy Lighter

Je partageais ma chambre avec une jeune fille pleine d’énergie, demi-sœur d’Howard Stone et petite-amie de Nathan J. Williams.  Elle venait de me révéler sa relation avec le chanteur de The Burning Fire mais elle n’était pas sûre qu’elle était vraiment sa petite-amie. Je ne savais pas si elle l’était ou si s’était un film qu’elle se faisait mais je ne voulais pas gâcher son bonheur.

-Félicitation ! Nathan me parait être quelqu’un de sympathique.

J’avais commandé des sushis pour changer un peu de la nourriture de Los Angeles. Les sushis venaient de ce pays alors ça devait valoir le coup. C’était toujours mieux de manger des plats locaux. Kenzie, elle, n’avait pas manqué de me faire rire.

-Tu as de l’humour, toi !

Kenzie riait encore plus que moi de sa propre blague. Je commençais à voir quelques ressemblances avec son frère dans certaines expressions de son visage et dans sa façon de parler. Ils venaient du même endroit, ça ne faisait aucun doute. Je venais aussi de l’Eastside mais j’avais un accent latino.

J’avais invité Kenzie à parler un peu d’elle. J’avais vraiment ouvert les vannes parce qu’elle avait commencé à parler presque sans s’arrêter. Elle m’avait raconté sa conception. Elle avait le même père que Stone mais avait principalement été élevée par sa mère. On avait ça en commun. Son récit était décousu et elle passait d’une étape à l’autre de sa vie en s’arrêtant sur certains détails. L’influence que Stone avait eu sur sa sœur était important et pas toujours pour des bonnes choses. Elle semblait partager des délires avec Nathan. J’avais déjà pu entendre Williams parler d’androïdes et de polymorphes. Il était spécial.

Kenzie bougeait et parlait en même temps. Elle était enthousiaste et prête à relever des défis comme le montrait sa nouvelle position sur le lit. J’avais éclaté de rire mais pas pour me moquer d’elle mais parce que son récit était très bien raconté et son sourire communicatif. Elle mettait de la vie dans toutes ses paroles.

-Un style rien qu’à nous ! Ça serait vraiment une consécration.

Je ne me sentais pas encore expert surtout au niveau de la création mais avec Kenzie, qui sait si on ne pourra pas trouver des belles choses et innover. Elle était jeune et semblait avoir une imagination débordante.

-On peut dire que tu as l’air vraiment déterminée. Arrêter l’école et se concentrer exclusivement sur la pyrotechnie sans être sûr d’y décrocher un job un jour, il faut avoir du courage. Toi et moi, on vient du même quartier mais on a des vies très différentes. Je n’ai jamais réellement été à l’école. Ma mère avait beaucoup de mal à joindre les deux bouts alors j’ai vite été enrôlé dans un gang où je vendais de la drogue pour ramener de l’argent. Mais j’en suis sorti et j’en suis plutôt fier. Ma famille qui me reste, ce sont mes amis proches. De ma famille dans sang, je n’avais jamais connu que ma mère qui est morte il y a quelques années.

J’avais Abel comme meilleur ami mais aussi d’autres que je m’étais fait ici en changeant complètement de métier.

-Ma vie d’avant, c’est du passé. Je veux aller de l’avant et je crois que tu as raison : « sky is the limit » ! Et toi, tu as ça dans le sang de pouvoir aller au-delà des limites.

Stone était réputé pour ça. Sa petite sœur pouvait très bien, elle aussi montrer ce qu’elle avait dans le ventre.

-Toi et ton frère, vous êtes des artistes. Mais je suis sûr que tu montreras vite aux autres ce que tu peux faire et, en faisant ça, ils te laisseront plus de liberté artistique pour les spectacles.

C’est en bossant et en montrant ce qu’elle vaut qu’elle arrivera à faire sa place.

@ Billy Lighter

Rêver est encore la seule chose qui ne coûte rien à ce jour. Et ça tombe plutôt bien parce que des rêves, moi, j’en ai plein la tête !  Depuis toujours je m’accroche à mes rêves pour avancer dans ma vie merdique que m’offrait l’Eastside et c’est une bonne chose parce qu’ils commencent à se concrétiser.

D’abord parce que mon frère m’a trouvé ce boulot et aussi parce que j’habite maintenant avec lui. Puis aussi parce que je peux voyager en étant à l’emploi de MTI et que je viens de rencontrer un mec vraiment sympa avec qui je vais apprendre beaucoup.

C’est facile de discuter avec lui parce qu’il é-cou-te ! Vraiment ! Je n’ai pas l’impression qu’il défile tout autre chose dans sa tête en se contentant d’hocher de la tête de temps en temps pour faire acte de présence dans la conversation comme le fait la plus part de adultes à qui j’explique un truc ou un autre. Delfino il enregistre ce que je lui dis et pose des questions auxquelles j’ai envie de répondre parce que je vois bien qu’il demande parce qu’il est vraiment intéressé et non pas que pour être poli.
 
Il trouve que j’ai de l’humour et que Nathan est un type bien ! Il ne dit pas que je parle trop, que je ne suis pas sérieuse et que Nathan  n’est peut-être pas un mec pour moi pour je ne sais quelle raison.

Il est sincère !

Je ne savais pas que ça existait des adultes comme lui !

Dommage que je ne le rencontre qu’aujourd’hui parce que notre passion commune aurait déjà pu nous faire faire des projets tous les deux. Une signature particulière avec la pyrotechnie. Et, plutôt que de rabroué mon idée, comme le ferait n’importe qui d’autre en disant que c’est impossible ou que je rêve en couleur, il dit que ce serait une consécration et que j’ai de la détermination.

Je lui souris en retour, parce qu’il me touche avec ses paroles gentilles.

Mon ami s’ouvre à son tour sur sa vie. Elle est moins colorés que la mienne, triste par ses moments aussi, ont a nos propres blessures mais lui comme moi, on a su poursuivre notre chemin et tirer le meilleur de nous pour avancer.

C’est peut-être pour ça qu’on s’entend bien !

- Mais toi aussi, tu as ça dans le sang ! Regarde où tu es aujourd’hui après tes années sombres !  Tu es un battant et tu es mon mentor maintenant !  Je vais tout écouter ce que tu vas me dire, promis !

Il ajoute encore une couche à ma fierté pourtant bien trempée en me comparant à mon frère, par nos côtés artistiques. C’est vrai que nous le sommes tous les deux, chacun à notre manière mais c’est la première fois qu’on me le montre de cette manière.

- Peut-être, oui. Je vais être patiente, comme toi. Et je vais grimper les échelons, avec toi ! On va se rendre en haut ensemble, t’es partant ?

Quand nos sushis nous sont livrés,  nous nous installons à la petite table  de notre chambre tout en continuant de discuter sur MTI, sur nos goûts et sur la tournée en général. C’est tout nouveau pour moi cet univers là et j’ai un peu la tête qui tourne avec tout ce que je dois apprendre.

- Ils sont du genre à nous foutre à la porte si on fait une erreur où ils donnent des chances de se reprendre ?

Je demande.

Parce que, j’ai été mise dans l’avion sans entraînement et apparemment, sans la formation obligatoire.  Je sais pas moi si je suis sur la corde raide ou si je peux respirer et me prévaloir du statut d’apprentis.

-  Je n’ai pas les deux pieds dans la même bottine par contre ! J’apprends rapidement, ça devrait aller !

Les sushis, c’est un peu traitre. Il semble toujours pas y en avoir beaucoup mais finalement, tu te retrouve vite avec le bidon plein.

- Ola ! J’ai trop mangé ! Je vais roter toute la soirée, t’es avertis !

@ Billy Lighter

J’avais parlé un peu de ma vie à Kenzie. Je n’étais pas entré dans les détails mais je n’avais pas caché avoir fait partie d’une gang et avoir vendu de la drogue. Elle savait sûrement que dans l’Eastside la vie n’était pas facile. La sienne était plus colorée mais autant marquée par les gens de là-bas.

Je l’avais encouragé parce qu’elle était motivée à aller plus haut. Je ne voyais pas ce qu’il pouvait l’arrêter. Elle avait l’enthousiasme pour le faire mais aussi le cœur pour me dire que je pouvais faire la même chose. Elle me donnait le rôle de mentor. C’était gratifiant et j’en avais ri de joie et d’un peu de fierté.

-J’espère que je serais un bon mentor.

Son frère avait du talent. C’était parfois un petit con mais on ne pouvait pas lui retirer ce qu’il savait faire en musique. J’étais sûr que Kenzie avait la même fibre artistique pour la pyrotechnie. Mais elle ne voulait pas monter les échelons seules. Kenzie avait autant d’enthousiasme que de cœur.

-Oui, on les montra ensemble.

C’était une belle perspective. On pouvait faire notre mieux pour être reconnu pour ce qu’on faisait même si on était déjà bien haut. On travaillait quand même pour une des groupes les plus connus au monde. C’était déjà énorme pour moi.

Les sushis avaient été livrés. On s’était installé pour les déguster. On avait beaucoup parlé pendant le repas mais il y avait beaucoup à dire rien que sur le travail à MTI mais aussi sur chacun de nous. Elle avait des goûts colorés, la sœur de Howard Stone mais je l’appréciais déjà bien plus que son frère qui même s’ils étaient semblables sur certaines choses, ils étaient aussi différents sur d’autres.

Kenzie avait quand même des appréhensions sur le travail dans lequel elle s’était engagée mais je pouvais facilement la rassurer.

-Non, ils ne vont pas te mettre à la porte à la moindre erreur. Des erreurs tout le monde en fait. Le truc, c’est d’apprendre d’elles.

Kenzie venait d’être engagée, c’est normal qu’elle fasse des erreurs au début. MTI en est conscient à chaque fois qu’ils engagent quelqu’un. Surtout qu’elle savait apprendre rapidement d’après ses propres dires.

-Alors tu n’as rien n’à craindre pour ton poste.

On avait tout avalé et on était tous les deux repus. C’était vraiment très bon. Les sushis d’ici étaient bien meilleurs que ceux qu’on peut trouver au Etats-Unis. J’avais ri à la mise en garde de Kenzie.

-Je mettrais des boules quies pour ne pas t’entendre.

Il restera l’odeur par contre. On pouvait dire que Kenzie était une fille qui savait vivre sans contrainte de la bienséance. De quoi largement se débrouiller dans un environnement masculin.

-Je pense que je vais me reposer maintenant. Demain, on doit se lever de bonne heure pour que tout soit prêt pour le show.

Kenzie pouvait sortir si elle le voulait. Je voulais bien être son mentor mais loin de moi l’idée de l’empêcher de profiter des tous les voyages qui s’offraient à nous.

@ Billy Lighter

Je n’irais pas jusqu’à dire que je vivais dans l’angoisse la plus total mais c’est quand même rassurant d’entendre mon mentor me dire que je n’ai pas à craindre un renvoi si je commets quelques petites erreurs de débutantes. C’est juste que, je me disais, une tournée mondiale c’est pas tant le bon moment pour  oublier de faire péter un pétard, disons !

- Ah ben c’est cool alors ! Je ne demande que ça, apprendre !

Je fronce un peu des sourcils, mine de rien, parce que ma phrase, suite à ce que nous venons de dire, sonne légèrement comme si je promettais de faires pleins de bourdes !  Bon je sais que Delfino m’aura comprit et qu’il ne verra pas la chose de cette manière.

Les sushis que nous mangeons sont nettement meilleurs que n’importe lesquels dans notre pays. En plus, il  y a dans notre boîte repas, tellement de saveurs différentes que j’ai l’impression d’être au restaurant et d’avoir abusé de la carte.

Nous arrivons quand même à tout manger.

J’ai l’estomac si plein que je détache le bouton de mon jeans et avertis Delfino que je risque de roter toute la soirée, tellement j’ai trop mangé et lui, tout en rigolant, ajoute qu’il mettra des boules quies si nécessaire.

- Oh, ouais ! Chouette si tu en as ! Je pourrais t’en prendre, aussi ? Je trouve ça drôle d’en porter ça donne l’impression d’avoir la tête sous l’eau et, j’ai jamais dormis sous l’eau !

Ça doit être trop cool de dormir au milieu des poissons !

Je fais une moue un peu dépitée parce que Delfino annonce qu’il va se mettre au lit puisque demain, nous devrons être debout tôt puisqu’une grosse journée nous attend. J’aurais aimé continuer de bavarder avec lui tout en syntonisant des chaînes sur la télévision de  la chambre, question de voir ce que ce pays à de bon à nous proposer côté télévisuel mais il a raison. Le mieux c’est de se mettre au lit si nous voulons être en forme demain pour le grand jour !

- L’avenir appartient à ceux qui se lève tôt, vaut mieux que je dorme moi aussi, dans ce cas là ! J’ai pas envie de manquer d’énergie en milieu de matinée, ce serait bête quand même !

Et tout en préparant mon lit, je me demande si mon frère, ou même Nathan, a une petite pensée pour moi en ce moment. Demain, je pourrai les voir et leur parler. Ça sera chouette de faire la fête avec eux dans les coulisses, boire jusqu’à plus soif et faire la chasse aux Aliens !

J’ai hâte !

En me glissant sous les couvertures, j’attends que mon mentor fasse de même avant d’éteindre la lumière.

- Hey, Delfino, je sais pas dire bonne nuit en japonais mais, bonne nuit quand même !

@ Billy Lighter