Aujourd’hui, il y avait un gala…

Je n’étais plus sorti à une fête de ce genre depuis un an au moins. J’aurais û dire « non » et ne pas y venir… J’aurais préféré pouvoir faire ça. Mais je ne pouvais pas. Parce que ce gala comptait pour moi. Il se tenait pour mettre en lumière plusieurs associations qui luttent contre la maltraitance faite aux enfants. Je savais que plus il y aurait de célébrité, plus il y aurait de dons et plus les associations seront mises en lumière. Et j’avais été invité parce que je versais régulièrement de l’argent pour ces associations. On m’avait proposé de faire une petite représentation en solo au piano lors de la fête… J’ai accepté…

Mais qui dit célébrité, dit journaliste…

Je ne voulais pas voir les journalistes… Pas seul… Je ne voulais pas y aller seul et je savais que Cash ne sera pas d’une grand aide à ce genre de fête. Et je ne voulais pas briser la symbiose qu’il y avait entre nous depuis le début de l’enregistrement de l’album.

Alors, j’avais pensé à April…

Je m’étais rapproché d’elle ces derniers temps. J’avais confiance en elle. J’avais envie d’être avec elle. Et, en dehors de Cash, elle était mon soutien… Quelqu’un qui me permettait de demeurer dans cette phase créative qui me permettait d’aller aux bouts des choses.

Je lui ai proposé, par téléphone, si elle voulait y venir… Elle accepta…

J’étais un peu plus soulagé mais ça ne m’empêcha pas de prendre du temps à me préparer psychologiquement pour le gala. Je trouvai une tenue à la fois chic et rock n’roll… Une veste rouge avec des fioritures. Le genre de chose qui me permettait de rester moi-même. Je laissai mes cheveux détacher et j’avais ajouté un bandana rouge et des lunettes teintées mauves pour compléter le look. Et, après avoir tourné en rond dans ma villa, j’avais réussi à rejoindre ma Lamborghini pour passer prendre April chez elle.

Le gala avait lieu à 20h… Il était 20h15 quand je quittai Malibu. J’avais prévenu April que je passerais la prendre chez elle à 19h45… Je ne serais pas à l’heure mais l’heure avait toujours était quelque chose de très abstrait pour moi. Le stress de cette soirée ne me permettait en rien d’être à l’heure déjà que j’y étais rarement même quand je n’avais aucune pression.

Je finis par arriver chez April à 20h40. J’avais klaxonné pour montrer que j’étais là et elle m’avait rejoint dans ma voiture. J’avais posé un baiser sur ses lèvres avant de lui souffler :

-Désolé du retard…

Elle était très belle et je ne manquai pas de lui en faire la remarque avant de démarrer pour nous conduire à la salle des fêtes sur Downtown. J’avais mis de la musique pour me détendre même si la présence d’April me détendait en soit.

On arriva devant la salle des fêtes. D’ici, on pouvait déjà voir une marée de journalistes et paparazzi autour de l’allée qui menait à l’entrée de la salle. Je me figeai. Pas de peur mais d’appréhensions…

-Ils vont poser des questions… Ignore-les…

Mes lèvres se pincèrent. Ils allaient poser des questions pour savoir qui elle était. Ils allaient vouloir investir sa vie privée. Elle devait les ignorer.

-Tu es prête ?

Je souris un peu pour nous donner du courage avant qu’on ne sorte de la voiture et que je donne mes clés à un employé pour qu’il aille la garer. Je tendis mon bras à April pour qu’elle le prenne.

@ Billy Lighter

Je flottais littéralement quand Billy m’a proposé de l’accompagner pour un gala. Il ne s’était passé qu’une toute petite semaine entre la nuit que nous avons passées ensemble et son invitation. Ça m’a semblé être une éternité.  J’espérais toujours le voir arriver au Wild, comme une apparition soudaine mais il s’est fait plutôt très discret.  J’ai préférée aussi lui laisser du temps, plutôt que de le relancer de peut de passer pour la fille qui s’accroche trop rapidement.

Donc, son coup de fil me rassurait et, en même temps, me réjouissait grandement. Jamais je n’ai prit part à ce genre d’évènement dans ma vie avant.  Il m’a fallu beaucoup de self control au téléphone pour ne pas qu’il entende mes cris de joie ou même, qu’il ne se rende compte que je sautillais sur place, toute excitée que j’étais.

Il m’avait fallu réfléchir une fois l’appel terminé puisque Billy ne me laissait pas un délai vraiment long pour me préparer. Je devais penser à mes cheveux, mon maquillage, ma robe et les accessoires.

Oh ! Mon Dieu !

Qu’allais-je porter ?

J’eu vite fait le tour de mes placards sans trouver une seule tenue digne pour un gala ! J’étais complètement paniquée… juste avant que ma tante, avec toute la sérénité du monde et les plus grands efforts, me fasse comprendre qu’elle avait peut-être la robe parfaite dans ses placards.

Et elle avait raison ! Un modèle classique, rouge, pas trop décolleté. Elle avait beaucoup de goût pour ses vêtements ma tante.

Elle aurait besoin d’un petit rafraîchissement et heureusement il y avait un nettoyeur pas très loin de chez moi qui accepta de la prendre en ‘’urgence’’ pendant que je retournerais à la maison prendre une douche et installer bon nombres de rouleaux dans mes cheveux pour leur donner un peu de volume.

Bref, une journée on ne peu difficilement plus épuisante mais dont les efforts seraient récompensés par une magnifique soirée en la compagnie du beau Billy.

J’étais prête à 19h30.

J’étais nerveuse à 20h.

Je commençais à stresser à 20h15.

À 20h30, je me suis dit que j’avais stupidement dû mal comprendre et j’étais prête à retirer ma robe; j’avais déjà abandonné mes talons.  Des phares en reflets dans les fenêtres de la cuisine avaient ravivés mon espoir.

Billy était enfin là et quand je le rejoignis, il me fit rougir autant que ma robe en me disant que j’étais magnifique. Nous étions bien assortis, ça ajoutait à la beauté de la chose.

- Tu es très joli aussi, Billy

J’étais nerveuse pendant le trajet qui me sembla tout aussi long que beaucoup trop rapide. Je n’arrive pas à me décider.  Ce fut pire en voyant les flashs des photographes mitrailler la voiture de Billy qui me disait que je n’avais qu’à les ignorer…

- Ouais… je serai aveugler s’ils continuent comme ça, je devrais être en mesure de le faire.

C’est la première fois de ma vie que je vis un moment comme celui là et j’avoue que je ne suis pas franchement à l’aise. C’est stupide mais je n’avais pas une seule fois pensé à ce genre de choses pendant que je me préparais pour le gala et que j’imaginais  le déroulement de la soirée.

Hors de la voiture,  Billy m’offrit son bras et nous traversâmes le tapis rouge avant d’entrer dans la salle de réception. Il y avait beaucoup de gens, des visages connus tant dans le monde de la musique que celui du cinéma ou même de la politique.  Je réalise à peine que je viens de faire un plongeon en chute libre dans un univers que je n’ai connu qu’au travers les pages des journaux, comme le commun des mortels.

Je me presse à Billy, refermant ma main sur la sienne.  J’ai peur qu’il me laisse planter là, toute seule pour aller parler a d’autres personnes. Je sens de nombreux regards sur nous. J’en suis certes intimidée mais en même temps, je garde la tête haute parce que le bonheur de me retrouver publiquement au bras de Billy est plus grand que tout le reste !

@ Billy Lighter

April était encore plus belle quand elle rougissait. Elle avait ce petit air timide qui renforçait sa beauté naturelle. J’aimais la regarder. Elle m’apaisait à sa façon.

Ce qui était moins apaisant c’était les flashs des photographes qui s’infiltraient à travers les vitres de la voiture alors même qu’on n’en était pas encore sortis. Je les détestais eux et leur manie de vouloir s’infiltrer dans ma vie sans y avoir été invité. Je dis à April de les ignorer autant que possible et elle déclara qu’elle serait en mesure de le faire surtout s’ils continuaient à l’éblouir de la sortie. Mes lèvres se pincèrent.

-J’aurais dû te conseiller de prendre des lunettes de soleil…

C’était efficace contre les flashs. Moi-même, je n’en avais pas pris mes lunettes teintée de mauve seront inefficace contre ça.

On finit par sortir et je tendis mon bras à April et elle me prit par la main pour qu’on subisse ça ensemble. On s’avança le long de l’allée à se faire mitrailler par tous ses photographes. Comme si une photo chacun ne pouvaient pas leur suffire ! J’étais tendu. Ma main se referma un peu plus sur celle d’April. Je me raccrochais à elle comme si elle était mon unique bouée de sauvetage.

Et les journalistes y allèrent de leur question criées haut et fort : « à quand un nouvel album, Monsieur Lighter ? », « le clip, quand sortira-t-il ? », « quels seront, finalement, les acteurs principaux », « pourquoi être retourné chez MTI ? ». Mais surtout et avant tout des : « qui est cette jeune femme ? », « vous êtes la petite-amie de Billy Lighter ? »… C’était oppressant. Heureusement ça ne dura que le temps de l’allée, une fois la porte passée et mon invitation donnée au portier, on eut le droit de s’éloigner définitivement de cette marée de rapace en quête d’une information en or.

Je me détendis même si mes oreilles bourdonnaient encore. Je souris à April.

-Le plus dur est passé.

On entra dans la salle main dans la main. Il y avait déjà beaucoup de monde. Pour la plupart, des gens fortunés ou influents. Alors qu’on fit quelques pas pour pénétrer un peu plus dans la salle, une femme fondit sur nous un grand sourire aux lèvres :

-Oh Billy, je suis ravie que tu sois là!

Son regard se tourna vers April.

-Oh tu es accompagné. Je ne m’y attendais pas. Bonjour Mademoiselle, je m’appelle Jane Anderson, je suis l’organisatrice de ce gala. Seriez-vous la petite-amie de Billy ? Vous êtes musicienne, vous aussi ?

Jane était la marraine d’une de l’association mise en lumière mais aussi une grande créatrice de mode. Mais ses questions étaient déjà bien trop intrusives à mon goût même si Jane avait l’habitude d’être extravagante. Ça me tendit au point que je serrai un peu plus la main d’April.

@ Billy Lighter

À première vue, l’univers de Billy est terrifiant. À peine a-t-il éteint le moteur de sa voiture que nous sommes mitraillés par les flashs des photographes qui nous encerclent comme des vautours autour d’un corps fraîchement tombé au sol.  Je comprends un peu mieux déjà pourquoi Billy est un ermite. Ils me donnent le goût de me cacher sous mon siège mais  je sors tout de même de la voiture, la tête haute, prenant le bras de Billy quand il me rejoint pour passer au travers ce premier obstacle.

Les questions fusent de toute part mais je les ignore. Il n’y a que ça à faire puis je comprends aussi très vite que si je commence à répondre à un, je devrai répondre à un autre puis au final, j’aurai fait que ça de ma soirée.  Je ne lâche pas la porte d’entrée de la salle des yeux, comme étant mon objectif à atteindre avant ma prochaine mission.

Une fois dans la salle, là où je pensais que nous serions plus à l’aise, je me rends bien vite compte que je nage dans un océan d’inconnu.  Heureusement, Billy demeure à mes côtés et me soutient en serrant ma main dans la sienne.  Je mentirais si je disais que je ne tire pas une toute petite satisfaction à voir les regards des gens sur nous.

J’allais demander à Billy si nous avions une table réservée ou s’il voulait voir des gens pour le gala auquel il a été convié mais une dame  se dirige droit sur nous pour saluer Billy et, du même souffle, se présenter à moi et assouvir sa curiosité.

- Enchantée, Madame Anderson !

J’hésite un bref instant à lui répondre que je suis la sœur de Billy avant de lui rouler une pelle ou de simplement dire que je suis sa partenaire sexuelle du moment, une phrase que je dirais le plus sérieusement du monde pour lui faire comprendre que ça ne la regarde pas, qui je suis mais je ne connais pas assez bien Billy pour prétendre de sa réaction si je répondais de cette manière à la Dame qui,  en fait, se montre sympathique.

- Je suis une amie. Et, non, je ne suis pas musicienne je suis danseuse.

Libre à elle de choisir le type de danse qui lui plaira. Et puis, je ne prétendrai rien sur ce le lien que je partage avec le célèbre chanteur puisque de toute façon, ça ne regarde que lui et moi et que de toute manière, je ne saurais pas le définir.

Madame Anderson semble légèrement perplexe puis reprend son sourire assuré avant de nous offrir de nous diriger vers le bar et de nous prendre un verre de champagne. Ça ne sera pas de refus !

- C’est plus stressant que de rencontre les parents, je crois !

Pas besoin de m’être arrivé pour le savoir !  Les parents, il n’y en a que deux à rencontrer alors que là, la salle est pleine de monde et ils continuent tous à nous observer comme si nous étions sous leur loupe.  La première gorgée de champagne  m’aide grandement à diminuer un peu le malaise, le reste de la coupe me permet presque de l’oublier.  Je suis ici pour accompagner Billy et je tiens à ce que cette soirée soit parfaite autant pour lui que pour moi. La meilleure attitude à adopter demeure de rester intègre et fidèle à qui nous sommes sans se soucier de ce que les gens autour vont en penser.

- Merci de m’avoir invité. C’était stressant au début mais je suis vraiment heureuse d’être ici avec toi.

Et pour joindre les gestes à la parole, je l’embrasse gentiment, laissant une trace de rouge à lèvres sur sa joue.

@ Billy Lighter

April avait parfaitement ignoré les journalistes. Elle avait réussi cet exercice malgré l’insistance de certains d’entre eux. On put enfin soufflé une fois à l’intérieur. Je savais que des journalistes étaient conviés pour couvrir l’évènement mais ils avaient été tirés sur le volet et Jane Anderson m’avait assuré que les seuls questions qu’ils poseront seront sur le gala.

En parlant de Jane, elle ne tarda pas à nous repérer à et venir nous parler. Son exubérance m’oppressait mais je gardai contenance devant April qui était bombardée de question dont une sur celle de la relation qu’on entretenait. Je n’arrivais pas à vraiment la définir alors avoir une question là-dessus me faisait réfléchir pour donner une réponse probablement bien trop longue et bien trop explicative que pour être une réponse valable. C’est April qui me devança expliquant qu’elle était mon amie et qu’elle n’était pas musicienne mais danseuse. Amitié… Est-ce comme ça qu’on pouvait définir notre lien ? Oui, c’était une façon de le voir. J’hochai de la tête pour appuyer ce que disait April. Anderson la regarda alors un peu mieux avec cet air perplexe qui me fit froncer légèrement les sourcils.

-Elle est danseuse de ballet. C’est une artiste.

Je disais ça à Anderson parce que je la voyais ce faire pas mal d’idée sur April.

L’organisatrice retrouva son sourire et nous proposa d’aller au bar boire un champagne. J’hochai la tête bien content de me débarrasser d’elle. Je ne voulais plus que personne ne nous dérange à partir de maintenant.

Sur le chemin vers le bar, April déclara que c’était plus stressant que de rencontrer les parents. J’esquissai un sourire. Je me mettais à penser que si April devenait plus qu’une amie, elle n’aurait pas à rencontrer mes parents et je n’aurais, fatalement pas à rencontrer les siens. J’avais déjà rencontré sa tante et c’était la seule famille qui lui restait. Moi, il me restait que ma demi-sœur. Mes parents respiraient encore mais ils ne faisaient plus partie de ma vie du tout.

-Je ne saurais pas dire, je n’ai jamais rencontré de parents. Mais c’est vrai que ce genre d’évènement est horriblement stressant.

Je souris alors que le champagne nous fut servi. Je bus une gorgée alors qu’April me remerciait pour l’invitation. Elle posa un baiser sur ma joue ce qui me fit frissonner. Je plongeai mon regard dans le sien passant mes doigts sur sa joue.

-Je tenais vraiment à ce que tu viennes.

Personne d’autre, hormis elle, n’aurait pu être un meilleur soutien pour ce genre d’évènement.

-D’habitude, je ne viens pas aux galas… Je refuse les invitations. Mais ici, je devais venir. Les associations pour lesquelles l’argent est récolté me tiennent à cœur. En général, je n’aime pas qu’on utilise mon nom et ma personne pour récolter de l’argent mais, pour ça, c’est différent. Si mon nom peut donner un peu de bonheur à un seul enfant, alors je l’utiliserais.

Parce que personne n’était venu aider William… Mais je pouvais faire en sorte que d’autres « William » soient sauvés à travers ses associations.

Ma main descendit sur celle d’April. J’entrelaçai nos doigts doucement.

-Je sais ce que ces enfants ont vécus… Alors, je veux les aider autant que je peux.

Quand je parlais de ça, j’étais un peu tendu. Assez que pour faire un peu plus pression sur ses doigts.

-Et s’il ne suffit que d’une chanson et d’une présence pour ça, alors je veux bien le faire tous les soirs.

Même si je détestais ce genre d’évènement.

-Ta présence ici, c’est un soulagement pour moi.

J’étais sincère.

@ Billy Lighter

J'ai survécue aux photographes qui nous ont mitraillés alors que nous foulions le tapis rouge pour entrer dans la salle de gala.  J'ai gardé la tête haute au bras de Billy, la dernière chose que je voulais était bien de lui faire honte. Mais leur lentilles éblouissantes étaient loin d'être aussi pénétrante que le regard de Jane Anderson qui nourrit une curiosité beaucoup trop grande pour elle même en posant LA question qui brûle les lèvres de tout le monde.  Loin de moi l'idée de la décevoir mais Billy et moi sommes que des amis, officiellement. À savoir si nous serons plus que ça, l'avenir nous le dira.

Billy précise que je suis danseuse de ballet, puisque Madame Anderson, de son sourcil surélevé voit sa curiosité piquée à vif de nouveau. Ça sembla la contenter, pour le moment du moins et nous dirigea vers le bar.  Le champagne est rafraîchissant et me permet de reprendre un peu mes esprits, étourdie que je suis par toute cette effervescence entourant ma présence au bras du séduisant chanteur.

Je confis à Billy que ce fut une épreuve plus stressante que celle de rencontrer les parents d'un nouveau petit copain, ce à quoi il me répond qu'il n'a jamais eu a rencontrer de parents avant. Je ne connais pas les détails de sa vie personnel.  Je ne saurais pas dire s'il a fréquenté une personnalité aussi connue que lui avant ou s'il a même été marié mais je suis certaine qu'il a déjà vécu ses propres histoires.  D'un côté, je suis contente de me dire qu'il a pu rencontrer ma tante, ma seule famille.

Du bout des doigts, Billy caresse ma joue après que je l'eu remercié de m'avoir invité à prendre part à cet événement avec lui. La cause qu'il endosse ce soir est noble et juste ce qui rend ma présence à son bras encore plus significative pour moi. je suis fière d'être présente ici ce soir avec lui.

- Il ne suffit pas que d'une chanson. Mais de ta voix. Faire entendre ta voix pour cette cause apporte un soutient inestimable à ces enfants. C'est un message d'espoir, Billy.

Billy entrelaça nos doigts et, je cru un moment qu'il resserra plus fort sa prise sur moi. Je relevais les yeux pour le regarder puis lui sourire,  voulant le rassurer, qu'il sache que je ne le laisserait pas tomber.

J'approchais nos mains de mes lèvres pour embrasser ses doigts puis les porter à ma joue.  J'avais autant besoin que lui de cette caresse symbolique et tant pis si ça fait jaser un peu plus sur notre statut de simple ami.

Le maître de cérémonie prit le  micro et la salle devînt étrangement  silencieuse le temps de son introduction. Les convives s'installèrent tous et toutes à leur table, et j'eu la désagréable surprise de constater que Madame Anderson s'était prise une place à notre table avec qui je crois être son conjoint ainsi que le Gouverneur de Los Angeles, Jerry Brown et sa femme.

Je me sens soudainement toute minuscule à cette table avec des personnalité aussi importante et imposante.  Les lumières se tamisèrent puis on projeta sur le mur des images touchantes et criantes de vérité qui font que ce genre de soirée, bien que très extravagante, ont un but précis : celui de venir en aide aux enfants démunis. Je suis touchée et émue. Je me rapproche de Billy, sur ma chaise pour poser ma tête contre son épaule sans  désunir nos mains.

- J'ai envie de m'implique moi aussi, Billy !

@ Billy L

Je ne cachai rien à April sur ce qui m’avait conduit à accepter cette invitation alors même que je n’étais pas à l’aise à ce genre de fête. Mais refusé aurait été lâche… Je ne pouvais pas refuser de m’impliquer pour une cause qui me touchait de si près. Parce que je savais ce que ressentaient tous ces enfants. Je savais tous les sentiments qu’ils ressentaient. L’abandon. La peur. La colère. La tristesse. L’incompréhension. Tout ça en même temps…

Alors, il avait fallu que je vienne ici pour eux. Pour les aider de la seule manière que je pouvais : avec mon nom et l’argent gagné grâce à ma seule volonté. Et April déclara qu’il ne s’agissait pas que de la chanson mais de ma voix. Faire entendre ma voix pour cette cause. J’hochai la tête. Elle avait raison. On pouvait toujours faire plus. Je pouvais faire plus.

-C’est vrai… La chanson ne suffit pas. Il faut que je fasse plus.

Il y avait d’autres moyens que cette chanson et ce gala. Je le savais. Mais ce n’était pas toujours facile de se focaliser sur quelque chose quand mon humeur changeait aussi vite que mes objectifs. Mais à l’instant, je me sentais capable de pouvoir m’impliquer plus. Peut-être grâce à April, peut-être grâce à l’album à venir. Certainement grâce à la combinaison des deux.

April embrassa mes doigts et je fermai les yeux pour ressentir la fraicheur de ses lèvres, puis de sa joue. Je les rouvris en souriant avec que le maitre de cérémonie n’entre en scène jetant un silence sur l’assemblée. On fut réparti à nos tables… Manque de chance, c’était loin d’être des petites tables. Du coup, on se retrouva avec Jane et son mari ainsi que le Gouverneur démocrate Jerry Brown. On ne pouvait pas avoir une pire table que celle-ci. J’étais tendu. Je savais que Jane n’allait pas me lâcher quant à Brown, il allait certainement jouer au jeu du racolage pour obtenir mon vote et celle d’April aux prochaines élections. Les politiciens sont tous pareils. Des rapaces aussi virulents que les journalistes.

Mais avant de commencer, on nous fit passer des images projetées sur le mur. Des images qui rappelaient à tout le monde ici pourquoi il était là… Même si beaucoup d’entre eux venaient pour se montrer et non pour la cause en elle-même. C’était toujours comme ça. Le paraitre.

Ma main toujours dans celle d’April, elle posa sa tête contre mon épaule. Un geste qui n’échappa pas à Jane d’un seul coup plus intéressée par nous que par les images. Je croisai son regard pour qu’elle détourne le sien. Celle qu’elle fit juste avant qu’April disait vouloir s’impliquer. Le film prit fin et je souris à April.

-Il y a plein de façon de s’impliquer autre qu’à travers l’argent. On travaillant pour l’association en allant sur le terrain ou bien en créant des évènements pour récolter de l’argent.

J’esquissai un sourire.

-Faire notre propre association…

J’y avais déjà pensé à plusieurs reprises. Mais je n’aurais pas su le faire seul. Une association ça demandait du travail… J’étais un musicien et un chanteur. Je n’étais pas fait pour ça. Mais je n’étais plus seul. Il y avait April.

Jane parlait à Brown de politique ce qui les faisait un peu se désintéresser de nous.

-Ça demande du travail… Mais…

Je regardais vers le mur où avait été diffuser les images.

-Mais si tu veux t’impliquer, c’est une solution.

Elle semblait touchée par ce qu’elle venait de voir. Ils avaient trouvé les bonnes images pour émouvoir l’assemblée. Pour la plupart, ils seront ému pendant la durée de la soirée et, le lendemain, ils reprendront leur vie de VIP comme si de rien n’était.

J’entrelaçai un peu plus nos doigts mon regard plongé dans le sien.

@ Billy Lighter

Les images sont percutantes. Il m’est impossible de demeurer indifférente à tout ce que je vois, bien que j’étais gagnée d’avance par la cause.  Mais parfois, même avec toute la bonne volonté du monde, on ne se rend pas compte de l’ampleur  dont il est question. De tous ces enfants qui tendent désespérément la main et qui demeurent dans l’ignorance de la société.

Billy a cette chance de pouvoir faire, à sa façon, la différence en utilisant sa voix et son talent.

Je me demande, en regardant discrètement tout autour de moi, combien sont ici pour les bonnes raisons. Combien ont payés leur place ici, pour se donner bonne conscience, se faire voir mais pour tirer au fond l’éclairage sur eux, le temps de se faire voir.  Monsieur Brown, assit à notre table semble être un de ceux-là.

J’ai envie de m’impliquer. Donner de mon temps, de mon énergie pour aider les enfants. Et comme le dit Billy, il n’y a pas que l’argent qui compte.

- Tu pourrais écrire une magnifique chanson et tourner une vidéo dans lequel je danserais.

Ça nous ferait un projet commun.

- Notre association ?

Ok, c’est un bien plus gros projet que celui de faire une vidéo que j’ai lancé comme ça. N’empêche, c’est un beau projet qui me parle franchement beaucoup.

- Ça ne me fait pas peur de mettre la main à la pâte, tu sais !

Je lui murmure ça, rigolant doucement à son oreille, les lèvres l’effleurant presque sensuellement.  Puis, quand je me redresse, tout en replaçant une lèche de ses cheveux, Billy resserre l’étreinte de nos doigts, plongeant son regard sur le mien. Il me faut un grand contrôle de mes gestes pour ne pas finir sur ses genoux et l’embrasser à en perdre le souffle. Il vient d’ouvrir quelque chose en moi, quelque chose de beau, de grand et de magnifique que je souhaite vivre avec lui. Et lui seul. C’est peut-être pour ça que je reste sur ma chaise.

Les allocutions se poursuivent, mais les gens sont déjà un petit peu moins attentifs, distraits par les serveurs qui distribuent le premier service.

- Nous… il y a un repas de servit ?

Je croyais bêtement que nous assisterions à un genre de cérémonie sans plus, qu’il y aurait des mises en bouches offertes sur des plateaux mais non pas un repas tout entier à partager encore convives autour d’une table.

On dépose devant moi un bol dans lequel semble être un potage de légumes. C’est orangé, ce doit être ça, sinon je ne vois pas ce que c’est.  Je regarde autour de moi, plusieurs ont déjà commencé à avaler leur soupe, se gavant aussi de petits pains  qui sont aussi apportés sur les tables au moment de servir.

- Je… j’ai mangé avant de venir, je ne savais pas…

Je cache mon angoisse sous un sourire, puis je me dis que je n’aurai qu’à goûter un peu à chaque assiette et qu’ensuite, j’irai à la salle de bain.

- C’est un peu ridicule de ma part. Je dis que je veux m’impliquer mais je vais gaspiller un repas qu’un enfant aurait mangé avec appétit.

Je me sens vraiment coupable, ce n’est pas un mensonge, cependant, je ne peux pas manger tout ça, ça fait beaucoup trop.

@ Billy Lighter

April voulait s’impliquer dans l’aide aux enfants maltraités. Je lui donnai quelques idées pour le faire de la façon qu’elle voulait. Je voyais qu’elle était sincère et qu’elle voulait vraiment faire quelque chose. Je ressentais toute la sensibilité d’April. Je m’en nourrissais parce que ce n’était pas une sensibilité remplies d’émotions négatives capables de m’engloutir. Non, c’était une sensibilité mesurée qui me motivait.

Elle proposait que je fasse une chanson et qu’elle danse dans un clip. Je souris tellement l’idée me plaisait. La musique était une des façons avec laquelle je pouvais aider tous ces enfants. April, elle, avait la danse. On pourrait combiner nos talents pour faire quelque chose qui rapporterait pour les associations tout en portant un message.

-C’est une bonne idée.

Je proposai aussi de faire notre propre association. C’était encore une meilleure façon de savoir si l’argent va bien là où on veut qu’il aille. C’était toujours le problème. Quand je donnais de l’argent, j’avais toujours peur qu’il soit utilisé à tout autre chose que pour ce à quoi je l’ai destiné. C’était quelque chose qui me mangeait à l’intérieur pendant plusieurs jours. Ce soir, je savais exactement à qui je donnais. C’était des associations que je connaissais bien. Mais les trahisons sont si courantes que je ne pouvais jamais être sûr à 100% de rien.

-Oui notre association. Avec nos noms pour porter notre message et savoir exactement ce qu’on fera de l’argent. Mais ça demande du travail. Je ne peux pas faire ça seul… En fait, je ne saurais presque pas m’en occuper.

La musique me prenait toute ma vie. C’était le centre même de mon existence. Je ne pourrais pas gérer une association seul en même temps. April non plus si elle voulait se centrer sur la danse. Il faudra, donc, du personnel. Même si April n’avait pas peur de s’y mettre ce qu’elle confirma à mon oreille alors que je frissonnai. Je souris et hochai la tête.

Elle replaça une mèche de mes cheveux alors que je lui offrais mon sourire angélique. J’avais envie de l’embrassé mais on est censé être ami pour la soirée.

On servait les repas ce qui surpris April. Je ne lui avais pas dit qu’une repas serait servi.

-Oui, il y a un repas…

On nous servi la soupe alors que je sentais l’angoisse monter chez April. Je le regardais soucieux alors qu’elle déclara avoir mangé avant de venir. Ce n’était sûrement pas la seule… Mais c’était certainement la seule qui s’inquiétait de gaspiller. Elle trouvait ça contradictoire par rapport à ses paroles précédentes. Comme si elle se mentait à elle-même d’une certaine façon. Je lui souris pour faire taire son angoisse.

-J’achèverais tes assiettes. A ce genre de réceptions ils aiment faire des repas gastronomiques. Manger deux assiettes ne me tuera pas vu ce qu’ils mettront dedans.

Je commençai à manger ma soupe. Contrairement à April, je n’avais pas mangé depuis midi. Sur scène, je voyais qu’ils avaient arrêtés leurs allocutions pour préparer un piano. Mon angoisse revint d’un seul coup alors que je jetai un œil à ma montre. Je fronçai les sourcils avant de regarder vers Jane.

-Normalement, je ne dois monter sur scène que dans 1h, Jane.

L’angoisse monta en moi alors que Jane me regarda d’un seul coup.

-Je sais, Billy… Seulement, j’ai dû changer le programme à la dernière minute. Tu passeras dans 10 minutes.

Elle aurait dû me le dire ! Je fronçai les sourcils la foudroyant du regard. Il fallait que je me prépare psychologiquement à monter sur scène ! Dix minutes, c’était beaucoup trop court. Je me tendis tout d’un coup incapable d’achever ma soupe.

-Tu aurais pu me prévenir ! Je ne serais jamais prêt dans dix minutes !

Jane leva un sourcil.

-Tu n’aurais jamais été prêt dans 1h, non plus, Billy. Tu es toujours en retard…

Je tapai du poing sur la table ce qui fit sursauter la femme de Brown. Je me tournai vers April alors que mon visage s’était complètement assombri.

-Je vais devoir te laisser… Je… Il faut que je monte sur scène… Il faut que je fasse cette chanson…

Je l’embrassai sur la joue mais je n’arrivais pas à partir…

@ Billy Lighter

La ligne est mince entre notre statut d’ami et celui d’amoureux qui se retiennent de s’embrasser ‘’à bouche que veux-tu ’’ devant des yeux beaucoup trop curieux pour le spectacle que nous offririons. L’attirance est bien présente, de plus en plus intense, en ce qui me concerne, en tous les cas pourtant, ni lui ni moi ne semblons prêt à franchir cette ligne. En tous les cas, pas maintenant, pas devant Jane Anderson qui, visiblement, nourrit une curiosité presque perverse à nous observer.

Ça ne nous empêche pas de rêver et rêver grand.

Lancer notre propre association, aider à notre façon en donnant aux enfants dans le besoin, c’est quelque chose que je veux faire avec Billy. Je m’en sens capable. C’est un défi qui me donne envie de foncer.

- Je le ferai avec toi. Et nous trouverons des gens pour nous conseiller.

Je connais beaucoup de gens à l’hôpital, des travailleurs sociaux entre autres. Des gens qui pourraient cibler des cas spécifiques, offrir des conseils. Puis petit à petit, nous établirons  les bases de notre projet et je suis certaine que des gens ayant le cœur sur la main viendront d’eux même se greffer à nous.

Front contre front, nos lèvres s’effleurent presque, et nos doigts d’une main entrelacés alors que de ma main libre, je replace une mèche de ses cheveux. C’est un plateau de service de potage qui m’aura fait me redresser sur ma chaise.  Je ne veux pas manger, je ne peux pas manger devant les gens, grossir et… je me parle, et fort, pour ne pas céder à la panique, mentant à Billy en confidence, disant que j’ai déjà mangé avant de venir parce que je ne savais pas…

- D’accord, je te passerai mes plats.  

Si je retrouve mon calme et me détend, Billy lui, se crispe à son tour quand il se rend compte qu’on prépare un piano, et qu’il devra aller sur scène dans  une dizaine de minutes, ce qui fait quand même toute une différence. Et Anderson qui semble s’en amuser, je trouve ça odieux de sa part.

- Un esprit artistique ne peut être confiné dans une grille horaire, Madame Anderson !

Billy frappa sur la table de son point avant de se retourner vers moi dont le cœur s’est emballé avec sa vive réaction. La femme du Sénateur aussi, d’ailleurs, semble choquée par le geste.

Je n’ai pas envie de le laisser partir, de rester seule à cette table sans lui, de gérer le regard d’Anderson qui, depuis quelques instants, me semble tenir plus d’une vipère mal baisée qu’à la sympathique organisatrice de gala de charité.

- Je viens avec toi, je peux ? Je resterai sur le bord de la scène, derrière le rideau.

Je pourrais le soutenir, il me sentira tout près de lui. Il en a besoin et moi aussi puis je n’attends pas son accord pour me lever de table et lui tendre la main.

@ Billy Lighter

Je souris à April quand elle déclara qu’elle fera cette association avec moi. Je serrai un peu plus ses petits doigts pour lui montrer une certaine reconnaissance. Parce que je voyais dans ses yeux qu’elle croyait à ce projet et qu’elle voulait en faire pleinement partie.

Elle s’était rapprocher mais l’arrivée de la soupe nous fit nous reculer l’un de l’autre. Je balayai les inquiétudes d’April d’un revers de la main en lui proposant d’achever ses assiettes si elle ne se sentait pas capable de manger tout. Elle sembla se détendre et accepta me proposition. Je lui souris sentant qu’elle était rassurée…

Mais tout bascula à nouveau… La sérénité qu’April m’avait donné depuis le début du gala s’envola à la vue du piano qu’on installait sur scène.

Ce n’était pas l’heure !

Ce n’était pas le moment !

Je ne voulais pas !

Furieux et angoissé, j’exprimais tout ça à June qui trouva comme banale excuse un changement de programme. Je lui en foutrais, moi, des changements de programmes ! J’étais furieux alors qu’April répliqua à Anderson une chose extrêmement vraie ! Comment voulait-elle que je fasse une bonne prestation si je n’étais pas prêt ! Putain !

-Je sais, Mademoiselle, mais nous n’avions pas d’autre choix que d’organiser des tranches horaires. Si on doit faire au bon vouloir de chaque artiste, on ne s’en sort plus.

Je frappai du poing sur la table pour montrer à Jane que ça n’allait pas se passer comme ça mais elle continuait de soutenir mon regard essayant tant bien que mal de masquer un sourire en coin.

Je me retenais d’exploser et de lui envoyer mon poing en pleine figure. Je serrai les dents tellement je me retenais. Je finis par prévenir April que j’allais devoir la laisser un moment pour faire cette foutue chanson. Et elle demanda alors si elle pouvait m’accompagner au bord de la scène.

-Oh comme c’est mignon !

C’est ce que déclara Anderson que j’ignorais pour ne pas commettre l’irréparable. Je me concentrai sur le regard d’April pour ne pas craquer.

-D’accord. On y va.

Je la pris par la main pour rejoindre l’arrière de la scène et grimper sur le côté encore à l’abri des regards. Je me tournai vers elle prenant ses deux mains dans les miennes. J’étais crispé comme à chaque fois que je devais monter sur scène contre mon gré à un moment que je n’avais pas choisi. Regarder April me détendait un peu, c’est pour ça que je n’arrivais pas à décrocher de son regard.

-Merci…

C’est ce que je lui soufflai avant de l’embrasser brièvement sur les lèvres juste avant qu’un technicien ne m’appelle.

Je ne répondis pas restant mon regard plongé dans celui d’April.

Et il m’appela encore…

Je levai les yeux au ciel avant de lâcher le regard et les mains d’April pour me diriger vers le piano. J’entendis des applaudissements alors que le stress grimpait en flèche. Je m’installai derrière mon piano et me raclai la gorge. Il n’y avait pas le silence total. Certains convives n’en avait rien à faire et continuaient de parler.

Qu’importe…

Si en réalité, ça m’emmerdait !

Mais qu’importe…

Parce que la chanson était pour April et elle seule. Pas pour tous ces connards !

Je pris une inspiration presque silencieuse avant de m’y mettre.


Les notes résonnèrent dans la pièce suivies de ma voix. C’était une chanson déjà très connues mais, ici, j’en faisais une version inédite. J’avais modifié légèrement quelques paroles… Et, surtout, il manquait la guitare de Cash. Il n’y avait que mon piano et moi… Rien d’autre…

Et je ne regardais pas le public. Juste April quand je ne fermais pas simplement les yeux. Parce que cette chanson lui était destinée même si elle n’avait pas été écrite pour elle à la base.

Elle portait un message… Un message qui était pour April.

Je me détendis au fur et à mesure de la chanson même si j’avais toujours cette façon bien à moi de martyrisé le piano en appuyant très fort et presque violemment sur les touches.

Et quand tout fut fini, certains applaudirent… D’autres étaient toujours en train de discuter.

Qu’importe !

C’est April que je regardais et je vins la rejoindre là où elle était reprenant ses deux mains dans les miennes.

Il n’y avait que son avis qui comptait et c’est ce que je lui demandais d’un seul regard.

@ Billy Lighter

Je fais abstraction de Madame Anderson qui y va d’un commentaire qui pourrait être interprété de bien des façons.  Que je sois l’amie de Billy, ou sa petite amie, ou même un membre de sa famille, j’aurais réagit de la même façon.  Avoir été appelé à monter sur scène avant l’heure prévu m’aurait ébranlée, moi aussi. La préparation mentale y est pour beaucoup, le moindre stress peut anéantir une prestation, même pour une pièce qu’on connait sur le bout des doigts.

Billy à besoin de moi.

Il n’a pas besoin de me le dire pour que je le comprenne.

Je le ressens, nous sommes pareils.

Billy se lève et m’amène avec lui jusqu’aux abords des coulisses et, avant qu’il n’aille s’installer au piano, m’embrasse doucement sur les lèvres puis plonge son regard dans le mien. Nous restons quelques instants en silence, à nous regarder, comme une communion symbolique. Puis Billy me tourne le dos et va s’installer sur le banc de son grand piano.

Chacune de ses notes semblent voler jusqu’à moi. Elles font voler mon âme, elles font voguer mon cœur sur cette mélodie que je connais bien pour l’avoir écouter, encore et encore.  Je ne le lâche pas des yeux, complètement hypnotisée par sa prestation.

J’en suis presque blessée d’entendre encore les cliquetis des couverts et les éclats de rires des gens dans la salle. N’ont-ils donc aucun respect ? N’ont-ils donc aucune conscience ?  Je voudrais m’avancer sur scène et les toiser tous d’un regard qui veut tout dire. Un regard glacial qui les scotcherait sur leur siège.

La pièce continu de me faire vibrer, alors même que Billy s’est levé et venu me rejoindre, entrelaçant nos doigts.

- Billy…

Ma voix, qui n’est qu’un murmure, trahit toute l’émotion qui m’habite. Ma peau s’est hérissée, plus encore maintenant que le chanteur est revenu tout près de moi.  

- Touche…

Là où il peut sentir mon cœur.

Il comprendra, bien mieux qu’avec des mots.

Les quelques applaudissent qui persistaient dans la salle finirent par se taire complètement, laissant place à une nouvelle allocution et une nouvelle préparation. Quelqu’un d’autre viendra prendre la place de Billy et fera face à une presque totale indifférence de la part du public, beaucoup plus préoccupé par le paraître.

- Si on s’en allait ?

Est-ce qu’on remarquera vraiment notre absence ? Billy a livré sa chanson, avec toute la sincérité au cœur que cette cause lui inspire. Malheureusement, les gens ici n’étaient pas dignes de l’entendre.  Notre présence, ce soir, aurait eu plus d’impacte en allant visiter des enfants dans des foyers ou des hôpitaux plutôt que dans cette salle avec ces gens.

- Amène moi dans un endroit qui est significatif pour toi, s’il-te-plait.

@ Billy Lighter

J’avais mis tout mon cœur dans cette chanson. J’en oubliais même les gens irrespectueux dans la salle tellement j’étais concentré sur ce que je faisais et sur le regard d’April. Parce que cette chanson, je la faisais, ici, pour les enfants et pour April pas pour cette bande de connards qui remplissaient la salle.

Je crois que sans April, j’aurais explosé… J’aurais pris mon micro pour faire un discours bien senti destinée à critiquer les gens qui étaient ici. Leur dire que ce n’était pas étonnant que des enfants crevaient dans l’indifférence tant qu’il y aurait des gens comme eux.

Des William Lighter, il y en avait des milliers… Des milliers qui attendant d’être sauvé des griffes que gens comme Edward Lighter.

Mais je réussis à ne pas sauter dans la foule pour dire ce que je pensais. Je me concentrai juste sur April que je rejoignis une fois ma chanson terminée. Nos doigts entrelacés, je la questionnai du regard parce que seul son avis comptais sur ce que je venais de faire.

Et elle m’invita à poser ma main sur son cœur ce que je fis le sentant battre plus vite. Ma peau se hérissa et je ressentis toute son émotion à travers ce simple geste.

Elle avait aimé…

Elle avait été touchée…

Je souris glissant à nouveau ma main dans la sienne alors qu’on passait à autre chose sur la scène. April voulait s’en aller… On n’avait plus rien n’à faire ici… Cette fête ne rimait à rien à part à donner bonne conscience à tous ces gens.

Je n’étais pas ici pour eux.

-Oui, allons-nous-en.

Elle voulait que je l’emmène dans un endroit significatif pour moi. J’hochai la tête et la pris par la main pour sortir de la scène. Je n’avais pas envie de repasser par devant où devait attendre les journalistes. Alors, je conduisis April vers la sortie à l’arrière où ses rapaces étaient là aussi mais en plus petite quantité.

-Cours !

C’est ce que je dis en tirant April pour courir jusqu’à ma voiture qui avait été parqué dans un parking un peu plus loin. Les journalistes nous couraient après mais étaient ralentis par tous l’attirail qu’ils portaient sur eux.

On atteignit le parking où un employé fut surpris de nous voir déjà sortit. Je m’adressai rapidement à lui.

-Vite, les clés !

Il hocha la tête sans d’aller chercher les clés de ma voiture. Il me les tendit et on rejoignit ma voiture alors que les quelques journalistes nous bombardaient à nouveau de flashs et de questions.

Je démarrai.

-Bande de rapaces !

Et reculai violemment pour sortir de ma place de parking avant de démarrer en trombe manquant de peur d’écraser l’un d’entre eux. Une fois sur la route et alors que je respirais plus vite un peu à cran, je m’adressai à April.

-J’aurais dû les écraser !

Je le pensais. Deux ou trois des leurs en moins, ça ne ferait pas de tort au monde ! Je serrai fort le volant essayant de me détendre.

Un endroit significatif… Il fallait que je pense à ça. A ça et à April. Je me détendis légèrement.

-L’endroit le plus significatif pour moi, c’est ma villa… Elle représente mon rêve accompli… Celui d’être devenu une rockstar. Le reste de L.A… Ça des significations aussi… Mais ce n’est pas aussi significatif que l’accomplissement d’un rêve.

Chez moi, c’est bien… C’est calme… On y est en sécurité.

-Et toi ? Il est où ton endroit significatif ?

Je voulais savoir… Pour mieux la connaitre encore.

@ Billy Lighter

Le genre humain me répugne déjà d’avance. Et à voir comment ils sont plus intéressés par leur petites personnes, à se remplir l’estomac et élargir leur réseau de contact plutôt que de vraiment porter attention à la vraie raison de leur présence ici ce soir, je perds définitivement foi en l’humanité.

Comment prétendre qu’ils puissent venir en aide aux enfants quand ils n’ont même pas la capacité de lever les yeux vers la scène le temps d’une chanson. Je ne leur demande pas de cesser de manger, s’ils ont faim à ce point, plus que ces enfants qui ne mangent rien depuis des semaines, mais qu’ils aient au moins un peu de respect pour ceux qui ont encore le cœur à la bonne place.

Le mien bat fort et vite suite à la magistrale performance de Billy.

Il m’a complètement transportée ailleurs, là où il voulait que je sois pour bien saisir son message.  Je suis probablement même entrain de tomber raide dingue amoureuse de lui.

Sa main sur mon cœur, je n’ai pas besoin de plus pour lui faire comprendre qu’il m’a touché moi et si le message peut suffire à convaincre une seule personne, il aura atteint son objectif.

Nous n’avons donc plus rien à faire ici. L’idée plaît à Billy qui ne fait ni une, ni deux et m’entraîne avec lui vers l’arrière des coulisses pour nous évader vers le stationnement, en empruntant une porte de service. Je rigole de mon cœur alors qu’il me dit de foncer, à la course, au travers des journalistes qui faisaient le pied de gru dans la ruelle menant au stationnement privé de la salle de gala.  Ils savent probablement que certains préfèrent les éviter et essaieront en passant par l’arrière.

Les clés de la voiture récupérées, nous fonçâmes jusqu’à elle avant de nous y engouffrer. Le stress de la course folle me quitte dès que Billy sort du stationnement. Je n’aurais pu rêver mieux comme péripétie pour une soirée en tête à tête.

Je fais tout de même une drôle de tête quand Billy tonne qu’il aurait dû les  écraser.

- Pour t’abaisser à leur niveau ? Tu vaux mieux qu’eux, Billy !

Il vaut mieux que n’importe qui d’autre en ce bas monde !

Quelques mètres plus loin, sur la route,  il m’explique que l’endroit le plus significatif pour lui est sa villa. Pour le rêve, pour l’accomplissement, sa villa revêt plein de sens pour lui et il me tarde de pouvoir les constater de moi-même.

- Le studio de danse, là où tu m’as vu danser le ballet, c’est le seul endroit assez significatif pour moi pour que je m’y sente vraiment bien, là et dans ma tête.

Je n’ai aucun autre endroit au monde où je puisse me sentir libre comme lorsque je danse ou quand je m’évade dans mes pensées.

- Tu es venu chez moi, je veux aller chez toi.

@ Billy Lighter

On avait réussi à fuir ces rapaces de journalistes qui se damneraient rien que pour obtenir ne serait-ce qu’un seul cliché de nous. Tout ça pour de l’argent… De l’argent gagné à coup de harcèlement. Un harcèlement totalement légal et accepté par tous.

Je déclarai, une fois dans la voiture et après avoir démarré en trombe, que j’aurais dû les écraser. Ils n’apportaient rien au monde ! Rien du tout ! Hormis une dose de stress inutile pour les gens comme moi. Mais April fit descendre la pression me disant de ne pas m’abaisser à leur niveau. Je croisai brièvement son regard, voyant dans le sien que ce que j’avais dit l’avait surpris.

-Oui… Mais ils l’auraient mérité.

Je me détendis un peu me focalisant sur la suite. Je voulais l’emmener à ma villa qui était le lieu significatif pour moi parce que c’était la représentation de ce que j’avais accompli. Quant à April, c’était le studio de danser, chez elle, qui était significatif. J’avais déjà vu cet endroit. C’est là que je l’avais vu danser le ballet pour la première fois. Je souris alors qu’elle déclara qu’elle voulait aller chez moi.

-D’accord.

Et c’est là que je nous conduisis filant à travers les rues de Los Angeles jusqu’à rejoindre la route qui nous menait à Malibu. Au calme. Un peu plus loin du bruit d’un L.A. qui ne dort jamais.

Et on y arriva quelques minutes plus tard alors que je remontai l’allée vers ma villa isolée de toutes les autres sur l’une des collines de Malibu. Loin de la mer où il y avait un peu plus de vie.

Je pris April par la main pour entrer dans ma demeure énorme à la décoration intérieure très sobre. Les murs étaient blancs et décoré ça et là de cadre d’art abstrait. Tout était bien rangé et j’emmenai April dans le living où se trouvait mon piano mis en valeur près de la grande fenêtre.

-C’est ici… L’achèvement de tout ce que j’ai fait… J’ai acheté cette villa que j’ai cru que Ruby était la bonne.

Je regardai April droit dans les yeux et mes lèvres se pincèrent en me rappelant comment Ruby était partie du jour au lendemain… Presque sans laisser d’adresse.

-Mais ce n’était pas la bonne… Savannah non plus n’était pas la bonne.

Il me fallait la bonne et c’est ce qu’on pouvait lire dans mon regard que j’adressais à April.

-Je la trouverais un jour.

Je soufflai ça alors que ma figure était proche de la sienne. Peut-être même que je l’avais déjà trouvée. Et peut-être même que je l’avais devant moi à l’instant même…

@ Billy Lighter

La villa de Billy semble nous attendre, plongée dans une semi obscurité dont seul le halo de la lune l’éclaire d’une lueur bleuté. Elle est beaucoup plus reculée du chemin que les autres, à croire que son propriétaire cherche à s’assurer du maximum d’intimité. Je ne le vois pas, non plus, sortir le matin saluer son voisin en prenant son courrier dans sa boîte.

À l’intérieur, tout est… aseptisé. Blanc pure avec une décoration raffinée et épurée. Ça donne presque l’impression qu’il y fait froid.  Je n’ai eu le temps que de voir l’entrée et le living mais l’une comme l’autre, les pièces suivent la même ligne directrice.

Je me tourne pour regarder Billy alors qu’il m’explique qu’il a acheté cette demeure  pour y bâtir quelqu’un avec une fille, Ruby, qu’il croyait être la bonne.

Ce ne fut pas le cas.

Puis ensuite, avec une autre Savannah.

Elle non plus, n’était pas la bonne.

Billy se tient maintenant tout près de moi, murmurant qu’il comptait bien la trouver un jour, celle qui sera la bonne. Il me fait presque un peu peur, tant l’intensité de son murmure me laisse sous entendre que je pourrais peut-être être la bonne.

Qu’en sais-je ?

Je ne connais pas l’avenir.

Personne ne le connait.

Mais j’aurais envie d’y croire. Et pour y croire, il faut quand même essayer. J’approche à mon tour jusqu’à prendre les mains de Billy dans les miennes puis de doucement poser mes lèvres sur les siennes, puis, guidant l’une de ses mains sur ma hanche.  Je me sens vraiment bien, pressée contre lui, goûtant ses lèvres comme j’en ai eu envie tout le temps que nous fûmes au gala de charité.

Quand le baiser prend fin,  je délaissais sa main pour aller replacer ses cheveux derrière son oreille puis l’embrasser sur la joue.

- J’ai envie de danser pour toi.

Non pas comme je danse au Wild ! Mais comme je l’ai fait pour lui et ma tante, quand il est venu chez moi.  J’ai envie de danser, de me laisser porter par sa musique alors qu’il jouera du piano.

- Si tu veux jouer pour moi, ça serait magnifique.

Sans quitter son regard du mien, je retire mes chaussures à talons qui de toute façons, me martyrisaient les pieds depuis le début de la soirée. J’ai eu envie de les retirer discrètement sous la table à plusieurs reprises.

Mes chaussures retirées, je laisse tomber sur le plancher mon sac à main qui contient qu’un tube de rouge à lèvres, quelques dollars et mes clés pour rentrer. Heureusement que l’infirmière a accepté de prendre le relais pour la nuit !  Je peux compter sur les doigts d’une seule main le nombre de fois où c’est arrivé que je m’absente, autre que pour le travail.

Je fais un pas en arrière, pour laisser Billy aller s’installer à son piano et, profitant d’un rayon de lune qui pénètre dans le living, je m’en sers comme s’il s’agissait d’un projecteur tourner sur moi.

@ Billy Lighter

Cette maison était destinée à mon avenir avec Ruby. Un avenir qui n’avait jamais eu lieu. Après, il était devenu celui avec Savannah… Mais là encore, elle est partie… Deux fois j’avais espéré… Deux fois, j’avais échoué…

Mais je retrouvais, dans le regard d’April, l’espoir que ça puisse encore arriver. Peut-être parce que je ne voulais plus de cette solitude. Pour l’instant, je ne voulais qu’April auprès de moi parce qu’avec elle, je me sentais bien.

Je fermai les yeux quand elle prit mes mains avant de poser ses lèvres sur les miennes. Ses baisers étaient doux parfois presque timides mais ils étaient significatifs pour moi. Je la laissai guider ma main sur sa hanche alors que je prolongeai le baiser.

Je voulais qu’il dure…

Je voulais qu’il ne s’arrête jamais…

Je voulais qu’elle dise qu’elle sera peut-être celle que j’attendais…

Mais le baiser pris fin. Peut-être était-il une réponse en soit, une affirmation de ce que je ressentais pour elle, elle le ressentait aussi. Je l’interprétai comme tel pour éviter tout doute ou toute hésitation. Parce que je n’aimais pas le flou… Je n’aimais pas les doutes.

Je lui souris quand elle déclara qu’elle voulait danser pour moi. Juste pour moi. Et elle voulait que je joue en même temps. J’hochai la tête prenant place au piano pendant qu’elle tirait ses chaussures. Je réfléchis de longue secondes au morceau que j’allais jouer. Je connaissais de nombreux morceaux classiques. J’avais appris le piano quand j’étais petit en étudiant les grands compositeurs. Certains me touchaient plus que d’autres. Et le rockeur que j’étais adorait la musique classique. C’était une base surtout au piano.


Je fis quelques notes pour m’échauffer martyrisant déjà le piano de mon jeu très dur. Après ça, je me mis à jouer un opus de Chopin. Une musique qui, pour moi, n’était pas triste. Comme s’il y avait une note d’espoir.

Parce qu’il me fallait de l’espoir.

Je jouais regardant très peu les touches parce que je regardais April. J’aimais la voir danser ainsi même si je ne connaissais rien en ballet. Quand elle danser, on sentait qu’elle était dans son élément et qu’elle était faite pour ça.

Je ne sais pas combien de temps elle a dansé et moi jouer… Ça a duré un long moment. Et quand on était à bout de force, j’arrêtai de jouer pour relever la tête vers April.

-Tu étais magnifique…

Je pensais chaque mot. Je la trouvais magnifique et apaisante.

Je me levai de mon piano pour m’approcher d’elle.

-Tu peux rester pour cette nuit ?

Je voulais qu’elle reste… Il fallait qu’elle reste.

@ Billy Lighter

La villa de Billy, faiblement éclairée par la lune,  est l’endroit parfait pour laisser libre court à la danse, encore plus s’il m’accompagne au piano. C’est l’effet romantique par excellence.  Pour mon plus grand bonheur, Billy accepte de jouer du piano pendant que je danserai pour lui.  Je retire immédiatement mes chaussures et le regarde s’installé, puis quand il se lance après s’être dégourdie les doigts, je me laisse aller, à mon tour, au rythme de sa mélodie.

Il me donne des ailes, me fait frissonner, alors que je virevolte  dans la pièce, les yeux clos. J’ai parfaitement confiance en mon instinct pour m’orienter, sans craindre d’heurter un meuble. La musique me transporte complètement ailleurs, comme si j’étais sur un nuage et que rien au monde ne pouvait m’atteindre.

Cette musique qu’il interprète avec brio me fait vibrer par en dedans.

C’est si bon…

Tellement bon !

Je n’ai jamais fait l’amour mais je suis certaine que ce que je ressens est comparable.  Mieux, même !  Le jour où je le ferai, je voudrais que ce soit avec quelqu’un comme Billy. Quelqu’un qui a la sensibilité du cœur au bout des doigts, qui sait créer les émotions qui font pousser des ailes au cœur.

Je ne sais pas si Billy a joué la même pièce tout le long.

Je ne sais pas non plus combien de temps j’ai dansé.

Longtemps, assurément vu combien mon cœur bat rapidement et que mon corps commence à supplier de prendre un temps d’arrêt.

La dernière note n’a pas fini de résonner dans la pièce que Billy se lève et vient m’enlacer puis me demande si je veux bien rester pour la nuit.  Il y a cette petite voix en moi qui me supplie d’accepter, tout comme j’entends son contraire qui elle, me dit que ce n’est pas raisonnable. Il y a des années que je ne fais que ça, être raisonnable.  Je travail, puis je rentre.  Je m’occupe de ma tante et rien d’autre. Je n’ai jamais senti la pression de mes responsabilités avant ce soir, en tous les cas, pas de la même manière. J’ai envie de penser à moi, pour une fois, une seule fois.

Ai-je le droit de penser à moi, pour une nuit, une seule nuit ?

- Je vais rester.

Je capture son visage entre mes deux mains, l’amenant au miens tout en douceur et l’embrasse, sans pudeur. Un baiser qui va au-delà de tous ceux que nous avons échangés jusqu’à présent.  Un baiser pendant lequel je laisse mes mains lui caresser les bras, depuis ses poignets jusqu’à ses épaules, puis de ses épaules à ses mains que je prends ensuite pour les placer sur mes hanches.

- J’ai besoin qu’on y aille lentement, Billy. Je ne suis pas…

Je ne sais pas comment le lui dire.

Comment lui avouer que le sexe, pour moi, est quelque chose que je conçois comme une preuve d’amour ultime entre deux personnes.  

Non pas comme un passe-temps aussi banal que de jouer aux cartes.

Les hommes, on dirait qu’ils perdent la tête quand il est question de sexe. J’ai peur, je l’avoue que Billy se fasse des idées sur mes intentions. J’ai envie qu’il me prenne dans ses bras, qu’il m’embrasse.

Nous pourrions même aller au lit, se retrouver complètement nu, mon corps, jusque là, n’a été qu’un objet de convoitise, je n’ai aucun malaise à me retrouver toute nue devant lui. C’est ensuite…

Je ne me sens pas encore prête.

- Je n’ai jamais couché avec un homme Billy.

@ Billy Lighter

Sa danse et ma chanson au piano avait duré de très longues minutes. Mais le temps m’avait pourtant semblé filer aussi vite qu’une étoile filante. Il n’y avait rien, pendant ce moment, qui comptait autre que nous deux, la danse et la musique. Un moment d’art pure qui me procurait énormément d’émotions positives et d’apaisement.

Et ce moment pris fin alors que j’avais joué la dernière note et qu’April me semblait à bout de souffle. Je me levai allant la rejoindre pour l’enlacé et lui faire ma demande de rester.

Je ne voulais plus être seul.

Je voulais être avec elle et personne d’autre à cet instant.

Mais je savais qu’il y avait toujours tout un tas d’obstacles à ce genre de demande. Des obstacles imaginaires la plupart du temps même si, pour April, il s’avérait que c’était un obstacle concret. Sa tante dépendait beaucoup d’elle et elle ressentait chaque fois de la culpabilité quand elle la quittait.

Mais pas aujourd’hui.

Aujourd’hui, elle accepta de rester ici avec moi.

Je souris lui montrant par cette expression ce que je ressentais : un infini soulagement. Et elle m’embrassa… Un baiser intense, pur et fougueux. Je le lui rendis plus fort encore alors qu’elle guida mes mains sur ses hanches. Et j’allais enchainer en passant sous son t-shirt. Mais le baiser se brisa alors quand elle déclara qu’elle voulait qu’on y aille doucement.

Elle n’acheva pas sa phrase.

Je la lui laissai achever attendant impatiemment la suite. Attendant de voir ce qui bloquait. Et la réponse arriva alors que je penchai légèrement la tête sur le côté d’un air pensif. Elle n’avait jamais fait l’amour et ça semblait lui faire peur.

Compréhensible ? Oui… Même si de mon point de vue tout ça me semblait abstrait. J’avais fait l’amour à de nombreuses femmes. Mes petites-amies… Des coups d’un soir… Pour moi faire l’amour n’était pas, en soi, une preuve d’amour. C’était juste une façon de se faire plaisir. Sinon, ça voudrait dire que j’ai aimé tous mes coups d’un soir ce qui est totalement faux. Faire l’amour n’est qu’une activité. Il n’y avait rien de mystique, ni même de transcendant dans la chose, de mon point de vue.

Aimer quelqu’un était transcendant. Aimer quelqu’un était quelque chose de fort et d’unique.

Mais April devait voir les choses autrement. Comme si son propre corps lui faisait peur ou qu’elle n’osait pas se lancer. Je ne savais pas ce qui l’avait empêché, jusqu’ici de faire l’amour à quelqu’un.

-Ce n’est pas grave.

Non, ça n’avait rien de grave. Qu’elle l’ait déjà fait ou non ne changeait rien à ce que je ressentais pour elle.

-On ira à ton rythme.

J’étais patient. C’était une bonne phase et j’arrivais à pouvoir être patient et à laisser April faire pas par pas sans brûler les étapes.

Je lui souris et pris sa main avant de l’emmener dans ma chambre. Elle était à l’image du reste de la villa avec un grand lit king-size. Je regardai April en souriant toujours.

-On fera comme les autres jours si tu le souhaites… Mais… Je me demande pourquoi tu n’as jamais voulu essayer…

C’était juste une question pour mieux la comprendre.

@ Billy Lighter

Je sais qu’en ce moment, je suis entrain de tomber amoureuse de Billy. Autant cette sensation est agréable, autant elle donne le vertige. Inévitablement, j’ai peur de le décevoir, de ne pas être à l a hauteur de ses désirs d’homme et de me faire rejeter, même s’il y a cette petite voix qui me parle fort, dans ma tête et qui me cri que Billy n’est pas un salaud.  S’il y a bien un homme qui peut comprendre, me comprendre en fait, je sais que c’est lui.

Alors je mets fin au baiser pour le lui expliquer, même si je ne trouve pas les mots, même si j’ai peur de les dire.

Puis je me confis, en toute humilité, et de le faire me fait me sentir encore plus vulnérable. Combien de femmes couchent pour garder un homme ? Combien de gens font l’amour par envie, sans éprouver le moindre sentiment ? Combien ne se respectent pas mais continu de le faire simplement parce que leur instinct le leur ordonne ?

Je ne veux pas que ce soit comme ça.

Parce que je ne suis pas comme ça.

J’ose à peine regarder Billy dans les yeux après ça. Jusqu’à ce qu’il parle et qu’il me rassure en disant que ce n’est pas grave et que nous irons à mon rythme. J’hoche de la tête, affichant un petit sourire soulagé.

Je ne pourrai jamais être certaine que Billy était parfaitement à l’aise et qu’il n’a pas ressentit une certaine déception. Mais je ne doute pas de sa sincérité quand il me guide jusque dans sa chambre, là où il y a le plus grand lit que j’ai vu de toute ma vie. Nous pourrions y dormir a plusieurs là dedans sans jamais se taper sur les nerfs.

Et sa chambre à elle seule pourrait contenir tout le premier étage de ma maison ! Elle est immense ! Je ne saurais jamais y dormir, ayant trop peur que mes soupirs me reviennent en écho à l’infini.

- Je vais devoir t’emprunter un t-shirt pour dormir.

Je n’ai pas tant envie de dormir dans ma robe de soirée qui, à la longue, est un petit peu inconfortable.

Puis Billy me surprend par sa question.

- Je danse nue, 6 soirs par semaine, devant plein d’hommes. Mon corps  est devenu impersonnel, comme s’il ne m’appartient plus. Le sexe représente pour moi la seule chose de vraiment intime et qui n’appartient qu’à moi.

Je ne le dis pas franchement, même si je n’ai pas honte de le dire. Tout le monde le fait ! Certains plus souvent que d’autres mais levez la main celui ou celle qui peut prétendre ne jamais s’être masturbé ?  Personne ?  Je m’en doutais…

- Quand je le ferai, je ne danserai plus au Wild, mon corps m’appartiendra en entier de nouveau et je serai prête à l’offrir à l’homme qui m’aimera autant que je l’aimerai.

Je mentirais cependant si je disais que là, tout de suite, je ne meurs pas d’envie de balancer mes beaux principes par-dessus bord et de sauter dans le lit avec Billy. Mais je suis plus forte que mes impulsions. Ce n’est quand même pas la première fois que j’y suis confrontée.

- Si pour toi c’est trop compliqué, je peux m’en aller. Je vais comprendre.

Parce que ça aussi, on me l’a fait et ça a probablement renforcis mon besoin de m’accrocher encore plus à mes convictions. Se faire jeter parce qu’on ne veut pas coucher avec quelqu’un démontre que la personne n’était pas la bonne.

@ Billy Lighter

Je sentais que la révélation d’April était quelque chose d’important pour elle. Et me le dire lui avait enlevé un poids. Ou plutôt ma réponse et mon acceptation de cet état de fait lui avaient enlevé un poids. Son sourire soulagé en était la preuve.

Et même si je n’arrivais pas à comprendre ce choix sans explication, je l’acceptai et emmenai April dans ma chambre. A l’intérieur, elle put découvrir toute la grandeur de l’endroit. Tout était grand ici. Certains diront que c’est bien trop grand pour une seule personne mais j’avais besoin de cet espace.

April déclara qu’elle aura besoin de mon t-shirt. J’hochai la tête me dirigeant vers ma garde-robe. Je l’ouvris sur une multitude de vêtements divers. Niveau t-shirt, il y avait largement le choix et, le temps que je cherchais celui qui allait appartenir à April, je lui posai une question qui me taraudait l’esprit. Se donner à quelqu’un, pour moi, n’avait rien de transcendant. C’était une chose qui arrivait. Mais pour April, ça avait une autre signification. Et elle me l’expliqua alors que je mis la main sur un t-shirt large blanc avec Mickey imprimé dessus.

Je me tournai vers elle comprenant pourquoi elle donnait tant d’importance à l’acte. Son corps n’était plus le sien et se réserver le droit de choisir avec qui elle fera l’amour était une façon de se la réapproprié d’une certaine manière. J’hochai la tête.

-Je comprends… L’homme que tu choisiras aura de la chance.

Je mentirais (et je détestais ça) si je disais que je ne voudrais pas que ça soit moi. Je voulais que ça soit moi. Ce sentiment était de plus en plus présent. Je tombais amoureux d’April petit à petit avec toutes les conséquences qui découleront de ce sentiment qui se faisait de plus en plus fort.

Mais April était prête à partir si je trouvais ça trop compliqué. Quoi ? De ne pas lui sauter dessus ? Mes lèvres se pincèrent et mes sourcils se froncèrent.

-Ce n’est pas trop compliqué pour moi. Je sais dormir avec une fille sans lui sauter dessus…

Je le lui avais déjà prouvé… Je m’approchai d’elle et lui tendit le t-shirt.

-Je veux que tu restes.

Et mon sourire revint avant que je ne l’embrasse langoureusement. Un baiser auquel je mis fin pour la laisser se changer en paix alors que j’enlevai mes vêtements pour ne laisser que mon boxer. Je m’installai dans le lit du côté gauche là où, sur la table de nuit, trainaient des boîtes de médicaments parfaitement alignées.

Quand April vint me rejoindre, je l’enlaçai. Ses révélations ne m’empêchèrent pas d’être spontané comme je l’avais toujours été avec elle avant de savoir.

-Promets-moi que ce n’est pas la première et dernière fois que tu viens ici…

Je voulais qu’elle revienne… Encore et encore…

@ Billy Lighter

Pour moi,  ce qui me pousse à conserver ma virginité me semble être des raisons complètement légitimes alors que pour une autre personne, ça pourrait passer pour des caprices ou bien, encore, une façon de se faire remarquer. Je ne crains cependant pas le jugement de Billy en lui confiant ma principale raison. J’ai toutefois peur que ça le repousse. Entretenir une relation platonique sur fond d’histoire d’amour, ça peut devenir frustrant, j’imagine, à la longue.

C’est ce qui me fait le plus peur, en ce moment et qui me fait mal m’exprimer en lui disant que je peux partir, si pour lui ce genre de situation était compliqué.  Je ne pensais pas qu’il ne saurait pas se retenir, j’ai confiance en lui. Mais plutôt que s’il pouvait vivre une relation plus épanouissante avec une autre que moi je m’en voudrais de le faire attendre je ne sais combien de temps.

- Je sais ça, Billy. Et c’est pour ça que je me sens aussi bien avec toi. Je ne veux tout simplement pas te décevoir. J’ai peur de te perdre, tu comprends ?

Je prends le t-shirt qu’il me tend, un amusant vêtement à l’effigie de Mickey Mouse et l’embrassais avec amour, puisque c’est ce que je ressens pour lui. Un baiser  qui dura un bon moment avant que Billy n’y mette fin pou que je puisse aller me changer.

Quand je reviens dans la chambre, Billy était déjà installé au lit et je viens me blottir dans ses bras, ma tête su son torse puis j’entrelaçais nos doigts d’une main. J’adore le contact de mon corps contre le sien et le besoin presque vital de le toucher, comme si j’avais besoin de créer une connexion permanente entre nous.

- Je reviendrai, Billy. On trouvera comment faire pour qu’on puisse le refaire aussi souvent que possible.

Depuis la première nuit que nous avons passées ensemble, je suis devenue complètement accro, si je peux le dire ainsi, à nos moments partagés. Billy dégage quelque chose de sécurisant et d’apaisant. Je ne me sens pas la même avec lui, j’irais jusqu’à dire que je me sens ‘’meilleure’’ en sa présence.

Je me relève, appuyant un coude su le matelas et ma tête dans ma main et je le regarde, là que mes yeux se sont habitués à la noirceur de la pièce.

- Qu’est-ce qui nous arrive, à nous, Billy ? Je veux dire … est ce que nous sommes…

Je n’ose presque pas le dire.  J’ai peur que de le formuler à haute voix chasse la magie que la croyance naïve apporte à note ‘’couple’’. Comme si de nous faire entrer dans un moule  pouvait banaliser la chose pourtant,  si nous ne sommes pas un couple, que sommes nous ?

- Sommes-nous un couple ? Officiellement ?

On pourrait croire que je l’embrasse précisément à ce moment là pour lui donner envie de me confirmer ce que j’espère mais, en fait, non. Je l’embrasse parce que c’est devenu plus fort que moi, dès que je me retrouve dans ses bras, j’ai envie de l’embrasser.

- J’ai très envie d’être ta petite amie, Billy.

@ Billy Lighter

Elle avait plus peur de me décevoir que je ne lui saute dessus. Elle avait peur que je puisse être frustré de ne pas vivre une relation avec tous ce qui pouvait la composer. Mais pour l’instant, c’était la solitude que je craignais bien plus que d’être frustrer de ne pas pouvoir assouvir quelques pulsions. Ce que je ressentais pour elle était plus fort que mon envie de sexe qui n’est pour moi qu’une activité qui peut être désincarnée et ne pas se relier à l’amour.

-Tu ne me perdras pas pour ça. Tu ne me décevras pas pour ça.

On s’embrassa amoureusement alors qu’on acta le fait qu’elle dormirait bien ici avec mon t-shirt Mickey. Elle alla se changer pendant que je me déshabillais pour me mettre à l’aise.

Quand elle revint ce fut pour me rejoindre dans mon lit et se blottir contre moi. Elle entrelaça nos doigts et je souris un peu. Je voulais qu’elle me promette que ça ne sera pas la dernière fois qu’elle viendra ici. Je savais qu’elle culpabilisait chaque fois qu’elle laissait sa tante. Mais elle déclara qu’elle reviendra. Je passai mes doigts sur sa joue lui offrant mon sourire angélique.

-Oui, on trouvera.

En fait… Je ne veux plus passer une seule nuit loin d’elle. Je veux l’avoir constamment à mes côtés. Je veux vivre avec elle. Je continuai de la caresser en devant de plus en plus accro à sa présence.

Elle reprit alors le contact visuel même si la pièce était plongée dans l’obscurité. Et elle nous demanda ce qu’il nous arrivait. Comme si ce qui nous arrivait était quelque chose de mystique. C’est alors qu’elle déclara tout haut ce qu’il nous arrivait sans arriver à savoir si c’était vraiment ça. J’allais répondre par l’affirmative, sûr de moi, sûr de ce qu’il nous arrivait. Sûr qu’elle était la bonne. Une certitude inébranlable.

Mais elle m’embrassa avant que je ne puisse parler. Je souris contre ses lèvres avant que le baiser ne se brise de lui-même et qu’elle déclara vouloir être ma petite-amie.

-Tu l’es depuis longtemps pour moi.

Depuis ce jour où nous nous sommes revus au Wild. Depuis ce moment où je l’ai suivi chez sa tante.

-Mais maintenant, c’est officiel.

Et le monde le saura certainement très bientôt…

@ Billy Lighter