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  I Swear ( I’d Rather Die) [SOLO] (From 1963 to 1978)[TERMINÉ]

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Samantha Mancini
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I Swear ( I’d Rather Die)
ft. Solo





One More Tears  June 1963



Mon regard se perd depuis des heures, des jours même,  dans l’immensité de la mer, m’emmenant avec elle dans beaucoup plus grand et troublant.  Mes pensées sont comme un tourbillon, étouffant qui m’engloutit jusqu’à ce que je me noie dans mes larmes.

À force de pleurer, cependant, je finis par être en manque de larmes et c’est un regard vide qui fixe l’eau noir au bout du quai là où je m’assoie tous les jours, meurtris et amer tout en faisant tourner autour de mon doigt, cette bague qui ne m’appartient plus mais qui, quand même, reste autour de mon doigt.

Peut-être devrais-je la laisser tomber au fond de l’océan…

La brise fait voler mes cheveux, le temps se couvre. Mon humeur est au diapason avec l’orage qui menace.

Les gens rangent leurs échoppes, ils se dépêchent à rentrer avant que la pluie ne les surprenne mais moi, je ne bouge pas. Qu’importe que les flots des cieux se déversent sur moi, ça ne fera qu’alimenter mon corps en eau et m’offrir de nouvelles larmes.  Chacune d’elles iraient alimenter l’affluent de la mer et vogueraient jusqu’à retrouver celui pour qui elles sont destinées.
Je ne l’ai plus jamais revu.

Jamais.

J’ai mis du temps, à me remettre, avoir l’autorisation de sortir de mon lit, puis de ma chambre et, enfin, de la maison, Ils ont dit que c’étaient les nerfs. Trop d’émotions qui m’avaient prises comme en otage et que seul le temps me permettrait de guérir.

Combien de temps ?

Parce que jamais, je le sais, je  serai guérie.

J’ai d’abord errée sur la plage, espérant le voir venir vers moi par le sentier que nous avons si souvent emprunté. Mais jamais il ne vînt.  Non plus que  je vis une lumière valser depuis la fenêtre de sa chambre.  C’était, pendant longtemps, comme si la villa avait été désertée. Peut-être ce fut le cas.

Puis, j’ai cessée d’y aller.

Triquant la plage pour le port et ses remparts.  Je scrutais l’horizon pendant des heures, à tous les jours, fixant le vide en espérant qu’un jour peut-être un bateau viendrait et lui, à son bord. Ça me semblait comme une évidence que si je devais le revoir, ce serait près de l’eau. Parce que c’est là même où tout a commencé.

Quand l’orage éclate, il se fait violence. Le vent pousse dans mon dos  me faisant presque plier vers l’avant et perdre l’équilibre.  Est-ce que quelqu’un remarquerait si je disparaissais au fond de l’océan ?

Chercherais t-on après  moi?

Ma main glisse sur le quai de pierre alors que mon corps, poussé par le vent, penche de plus en plus part en avant.

Je n’ai pas peur.

J’ai plutôt hâte que tout s’arrête.

Et quand je pensais que ça y était, prête à embrasser la fin, je me sens soulevé par un bras costaud puis ramener sur mes deux pieds, blottis contre un corps musclé et imposant.

- Mademoiselle,  il ne faut pas rester dehors par si mauvais temps, venez !

Nous courrons, moi, contre lui, jusqu’à nous trouver à l’abri sous un auvent, le temps de reprendre notre souffle puis nous repartons fendant la pluie sur une courte distance puis entrons dans un restaurant désert. Mes cheveux sont plaqués sur mon visage et mon dos et mes vêtements me collent au corps comme une seconde peau.

- J’ai cru que vous alliez sauter.

Je voulais sauter.


L’aurais-je vraiment fait ?

J’ai accepté le café qu’il m’offrait ainsi que son bras pour me raccompagner une fois l’orage passé. Il m'avait été secourable, peut-être qu'un jour, le lui en serait reconnaissante.Le temps, peut-être, n’efface pas la douleur mais s’en habitue, comme à la présence d’une vieille amie.

Il s’appelait Mario Conti et était de 10 ans mon aîné.


@ Billy Lighter


Dernière édition par Samantha Mancini le Mar 2 Avr - 2:59, édité 2 fois
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I Swear ( I’d Rather Die)
ft. Solo






One More Chance October 1970

Je suis devenue comme ces femmes que je déteste.

Amer, hautaine, sans âme.

Je flirt avec tous les hommes qui veulent bien de ma compagnie sans jamais me donner à aucun d’entre eux. Il n’y en aura toujours qu’un…. Il y en a toujours eu qu’un. Je suis donc une… une Giada, en moins vulgaire, c’est ce que je veux me faire croire, j’y arrive à peine. Mais je me console en me disant qu’au fond de moi, je ne trahis pas cette promesse que je me suis faite.

Cependant…

Je me sens prise en otage par moi-même dans un tourbillon devenu beaucoup trop gros et bien plus fort que moi. Je l’ai nourrie, de haine, de rancœur, d’amertume envers Daniele, envers tout ce qui de près ou de loin s’apparente aux Ricci.

Pourtant, je traîne encore, quand j’ai trop mal, sur la plage, non loin de cette villa qui ne m’appel plus. Je ne la regarde pas, d’ailleurs. Mais je sais qu’elle est là, c’est suffisant pour me blesser d’avantage alors que je cherche désespérément à en arriver à un tout autre sentiment. Je vogue entre l’eau du désespoir et celle de l’espoir.

J’ai pourtant fait quelque chose de ma vie. Je me suis instruite, j’ai fait mon droit. Je suis une forte tête qui ne s’en laisse pas facilement imposé et je n’en avais que faire des gens qui me répétaient que ce n’était pas gagné d’avance pour une femme.

Peut-être aurais-je dû les écouter. Puisque personne n’embauche de femme. ‘’ Ça ne fait pas assez sérieux !’’, qu’ils disent.  Mais pour combler le poste de la potiche qui sert le café, ça, ils ont de quoi m’offrir des heures.

Ce monde irait mieux s’il était gérer par un petit peu moins de testostérone et un peu plus de cœur.

J’ai quand même trouvé ma place, chez un avocat, comme assistante. C’est mieux que rien, j’imagine. En tous les cas, ça me permet d’apprendre des trucs du métier, de gagner de quoi vivre en attendant que le temps passe.

Quand je ne travail pas, je sors.

Beaucoup.

Et tard.

Je bois, le whisky en toutes ses déclinaisons, demeure quand même aussi mauvais gorgée après gorgée mais je suis têtue, je vous le rappel.

Accoudée au bar, un verre à la main, je suis en plein cœur d’une longue diatribe sur fond de féminisme et conscience social.  J’endosse à fond mes paroles, ne me souciant même plus qu’on puisse m’écouter. Je dis tout simplement tout ce que je pense, à tord ou à raison. À forte raison comme j’aime le croire, verre, après verre.

Jusqu’à ce que je me retourne et réponde au sourire  entendu d’un homme, installé à une table non loin du comptoir du bar où je me trouvais.  Son regard seul est une invitation claire, pourquoi aurais-je besoin de lui demander la permission avant de m’installer à sa table, ce que je fais, avec mon verre vide.

Ma bouche est pâteuse, mes pensées sont incohérentes.

Je ne me rends presque plus compte de mes actes, ivre que je suis.  La terre tourne et je me sens chavirer, entre des bras que je ne désire pas. Je le repousse, encore. Son haleine me colle à la peau, puis je le gifle, en l’insultant.

La table entre nous vole, les verres que nous avons accumulés ces dernières minutes, voir probablement heures, se fracassent au sol, tout comme mon compagnon qui s’est prit plus fort que ma gifle.

- Chaque fois que je vous rencontre, Mademoiselle, je crains que vous ne finissiez par vous noyer !

- Pourquoi me sauver ?


Mario Conti possède l’art de se trouver au bon endroit au bon moment. C’est un peu ce qui fait son charme, je ne peux mentir.  J’étais sur le point de me jeter dans la gueule d’un loup de taverne, quand il m’a sortit de là, me ramenant chez lui pour que je puisse dormir en toute sécurité et cuver l’alcool, au-delà de midi le lendemain.

Encore éméchée, et souffrant d’un mal de crâne horrible, je me suis levée du lit dans lequel j’ai dormis, et, légèrement honteuse, j’ai retrouvé mon chevalier, attablé et lisant le journal. Des draps et un oreiller abandonné sur le canapé m’a fait comprendre qu’en bon gentleman, Mario a préféré me laisser le confort de son lit et je lui en suis reconnaissante.

Il existe encore des hommes honnêtes, semble t-il.

- Je me suis mise dans un bel état… c’est lamentable et je m’en excuse.

Pour toute réponse, il m’a sourit, m’a offert à diner et a échangé une longue conversation sans réelle profondeur, passant d’un sujet anodin à un autre, me faisant rire comme il y a longtemps que je n’avais pas rit.

Si, lors de notre première rencontre, Mario Conti m’a sauvé la vie, aujourd’hui, il me redonne le goût de vivre, vraiment.


@ Billy Lighter
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ft. Solo







One More Try, November 1975



- Parfois, j’aimerais savoir à quoi tu penses quand tu es comme ça.

Je souris, gênée de m’être fait prendre dans mes pensées. Je n’ai pas besoin de répondre à Mario pour qu’il devine ce à quoi je pense vraiment. Ou plutôt à qui je pense. Je n’ai aucun secret envers mon mari qui fut mon confident au travers toutes ces années où je me noyais  littéralement dans mon chagrin.

- Peut-être que je marchais quelque part, dans les rues de la ville.

Il m’arrive encore d’avoir dix-sept ans dans ma tête, de moins en moins souvent mais il m’arrive encore de me perdre dans mes pensées, de retrouver Daniele et de revivre, l’espace de quelques instants, un souvenir que je croyais disparu à jamais.

Mario se lève et vient me rejoindre sur notre fauteuil, m’enlace par derrière puis pose son menton sur mon épaule, regardant lui aussi par la fenêtre, l’orage qui sévit.

J’adore les jours de pluie.

Tout est plus calme ensuite, en apparence du moins.

Il serait légitime de se demander pourquoi j’ai épousé Mario Conti si je suis toujours amoureuse de mon amour de jeunesse.  On pourrait croire que j’ai voulu profiter de l’argent de la famille Conti, que je me suis assurée un avenir et que j’ai évité au Mancini, les derniers déshonneurs possible.

Peut-être qu’il y a une part de vérité là dedans.  Mario et moi nous ne nous sommes pas dits oui devant Dieu et les Hommes parce que nous crevions d’amour l’un pour l’autre. Disons que ça nous arrangeais bien tous les deux, lui prenant de l’âge et désirant prouver à son père qu’il pouvait mener une vie bien rangée et moi, voulant simplement échapper à ma vie qui ne rimait à rien.

Et Mario… sans être follement amoureuse de lui, a su me faire rire, prendre soin de moi quand je ne savais pas le faire moi-même et surtout, le plus important, n’a jamais porté de jugement sur ma relation avec Daniele.  Au contraire, il respect mes souvenirs et la fragilité de mon cœur.

Ensemble, nous avons bâti quelque chose de beau.  Il y a une belle complicité entre nous deux et, oui, petit à petit, mes sentiments pour lui éclosent.

- C’est la faute de la pluie. Tu sais combien j’adore la regarder tomber et danser sur les carreaux de la fenêtre.

C’est peut-être aussi que mon état me laisse de plus en plus songeuse ou émotive ou peut-être les deux.  

Qu’importe !

Je prends la main de Mario et la place sur mon ventre, là où je sens les coups de notre bébé. Ce sera un garçon, j’en ai la certitude. C’est, je crois, ce qu’on appel l’instinct maternel. Et mon instinct me dit aussi que ce petit garçon là me comblera de bonheur. Il prendra tout ce qui reste d’amer en moi et en fera des confettis.

L’avenir ne s’annonce peut-être pas si mauvais que ça.

Puisque Mario et moi, avons créé la vie.



@ Billy Lighter
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ft. Solo




Never Again  May 1978


Est-ce qu’un jour, tout cela aura une fin ?

Je commence à en douter.

À peine je commençais à guérir, le sort s’acharne à nouveau contre moi.

Pendant des semaines, j’ai été alitée, trop meurtrie pour pouvoir me tenir sur mes pieds, dans un état limite catatonique, je n’ai pu assister aux obsèques de Mario et Tod, mon mari et mon fils.  On m’a nourrit contre mon gré, on m’a maintenue en vie contre ma volonté.

Dans ma tête, défilent les visages des gens que j’ai aimés et que la vie m’a enlevés. Ils se succèdent à l’infini, à une vitesse folle, allant parfois jusqu’à se juxtaposé, créant de nouveaux visages, décomposés, improbables, me faisant fondre d’un rire frisant la folie.

On m’a cru folle, à un pas de l’internement.

Parce que la nuit, je hurlais son nom, comme si lui seul pouvait me répondre. M’expliquer ce que j’avais donc fait de mal pour souffrir autant.

- DANIELE !!

Il m’a volé ma vie, mon innocence et mes rêves pour en faire des confettis et s’en aller refaire sa vie et en jouir, comme si jamais rien entre nous n’avait existé. S’il avait tenu ses promesses, s’il avait fait en sorte de me protéger comme un homme protège celle qu’il aime, je n’aurais pas connu tant de souffrance.  Je ne pleurerais pas l’homme que j’ai épousé, le père de mon fils, mon bébé, mort avant d’avoir pu vraiment commencer à vivre.

Angelo ne m’aimait pas plus que ça.

Parce que j’étais  ‘’à Daniele’’ avant, parce que je n’étais pas digne d’être l’épouse de Mario, trop  douce, trop pure, arguant que je le détournais de son avenir, que je rendais faible son aîné.  S’il avait écouté son fils, il aurait su. Il aurait peut-être comprit que Mario aspirait à tout autre chose, à beaucoup mieux. Il voyait grand, il voyait grand pour sa femme et son fils.

Mai sil est mort.

Et Tod aussi.

Moi, je ne serai plus jamais vivante, en dedans.

Dans sa grande mansuétude, le patriarche Conti m’a fait une offre que je ne pouvais pas refuser.
Je ne pouvais vraiment pas refuser.

Vraiment pas.

Dès que je fusse en mesure de me lever,  j’ai pu aller me recueillir sur la tombe de mes aimés avant de quitter ma patrie et de m’en aller aux États-Unis, à Los Angeles plus précisément, rebâtir une vie.
Pas la mienne, la leur.


@ Billy Lighter
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