Aujourd’hui est un grand jour, si je peux dire. Howard m’a convaincu de sortir de sa maison et de me rendre avec lui au studio de MTI. Je n’ai pas été facile à convaincre mais il a eu, disons le ainsi, de bons arguments pour me faire changer d’avis. Et puis, si je reste enfermée à longueur de journée, même si c’est en agréable compagnie, je ne risque pas de reprendre le goût au travail.

Nous avons donc commencé notre journée par une douche, ensemble, puisque nous faisons tout ensemble, enfin, presque tout, puis j’ai voulu le surprendre en préparant des pancakes maison, comme le faisait ma grand-mère dans mes lointains souvenirs de jeunesse.  Ça semblait pourtant si simple dans ma tête ! Le fait est que je suis une calamité en cuisine et donc… j’ai allumé le batteur électrique dans le bol contenant la farine avant d’y mettre le lait et que j’ai créé un immense nuage de farine dans la cuisine.

- Tu sais que mon offre d’engager une domestique et de la payer moi-même tient toujours ?

Je crois que je n’aurai plus besoin de l’énerver avec cette proposition, vu l’état dans lequel nous avons laissé la cuisine avant de partir, en taxi, direction MTI. Les muffins servit à la cafétéria de notre maison de disque feront l’affaire comme petit déjeuné, ce matin !

Installée sur le fauteuil du Studio de The Burning Fire, mon cahier à écrire sur mes genoux, je regarde Howard gratter les cordes d’une guitare. Je me suis toujours moquée de lui, de ses talents de musiciens pourtant, il me surprend à savoir jouer de plusieurs instruments.  Je maîtrise parfaitement bien le piano, je gratte un peu les cordes mais c’est tout.

- Tu crois qu’un jour tu saurais m’apprendre la batterie ?

Simplement pour le plaisir, et certainement pas bientôt, puisque j’ai toujours du mal avec le bruit et la lumière trop forte.  N’empêche que ça me plairais vraiment beaucoup de faire un truc avec lui, autre que la baise.  J’aimerais qu’on puisse échanger tous les deux sur les trucs qui nous passionnes respectivement, faire l’effort de m’intéresser à ce qui le branche pour mieux le comprendre.

- Hey ! Tu es où, là ?

Il semble perdu dans ses pensées, ne me laissant d’autre choix que de lui balancer un coussin pour le ramener les deux pieds sur terre avec moi. Sa réaction me fait m’esclaffer, un rire franc et sincère comme il y a longtemps que je n’ai pas fait si pour autant je peux prétendre avoir déjà ris de bon cœur dans ma vie.

Je me demande même si je me suis déjà sentie aussi heureuse et bien dans ma peau qu’en ce moment.  C’est tellement facile d’être moi-même, être vraiment moi je veux dire.  Non pas celle que j’ai forgée au travers des années mais celle que je ne voulais pas être parce que je ne savais pas comment l’assumer.  Il est plus facile de rendre quelqu’un furieux que de lui plaire. Réussir à me faire détester  était réconfortant puisqu’ensuite, je n’avais pas besoin de répondre aux attentes de quiconque et ainsi, eux comme moi n’étions pas déçu.  C’est horrible comme façon de voir les choses, quand on y songe.

- Tu veux lire ce que j’ai commencé à écrire ? Ce n’est pas super, j’ai de la difficulté à garder ma concentration.

Y arriverais-je seulement un jour, encore ?

J’ai tellement peur de ne plus jamais être en mesure de composer quoi que ce soit. Pire, si je devais être à jamais incapable de monter sur scène… Je préfère ne pas y penser et appliquer le conseil d’Howard qui veut que tout ce joue une heure à la fois.

@ Billy Lighter

-Ouais… P’tètre bien…

P’tètre bien qu’on devrait engager un ou l’autre domestique… C’est une p’tite conclusion que j’faisais alors que Peyton avait mis la cuisine sens dessus dessous. Elle avait essayé de faire des pancakes mais ça avait pas fort bien fonctionné. Pas grave, y’avait de la bouffe chez MTI. Mais même si l’idée d’avoir quelqu’un d’autre que nous dans les pattes ne me plaisait qu’à moitié, j’pouvais pas priver Peyton d’un p’tit peu de confort en plus. Sinon, on allait faire régime pizza jusqu’à la fin de nos jours… Moi, ça me dérangeait pas tant qu’il y avait de la vodka mais j’étais plus tout seul.

Mais avant de débattre sur la chose, on allait d’abord aller un peu bosser. Peyton était plus sortie depuis des mois, fallait qu’elle sorte un p’tit peu. Qu’elle essaye de reprendre goût à la musique. Parce que, comme moi, elle vivait pour ça. Puis, l’aider, c’était aussi une manière de pouvoir réparer ce que je lui avais fait. Elle avait pas été facile à convaincre… Mais j’avais des arguments.

On prit alors le taxi jusqu’à MTI et arrivé là-bas et après quelques muffins, on alla dans le studio de The Burning Fire. J’savais pas si j’arriverais à chanter… Mais j’pouvais au moins composer des mélodies à la guitare et faire de la batterie… Peyton, elle, écrivait dans son carnet alors que j’grattais les cordes cherchant une mélodie. J’étais perdu dans mes pensées tellement j’avais des idées. J’étais devenu un compositeur compulsif ses derniers temps.

- Tu crois qu’un jour tu saurais m’apprendre la batterie ?

J’étais tellement perdu dans mes pensées que j’entendais que vaguement Peyton… Je regardais mes cordes assis dans un siège, les jambes étendue et mes pieds posées sur un ampli.

-Hmm…

J’étais une réponse et ça voulait dire « oui ». En fait, j’avais pas bien capté la question. J’avais répondu « oui » machinalement. Je l’entendis pas vraiment essayer de me sortir de mes pensées. Par contre je sentis le coussin atterrir sur ma tronche. Je relevai le regard en faisant la moue.

-Hey ! Qu’est-ce qu’il se passe ?

J’disais ça un peu perdu ce qui fit franchement rire Peyton. J’fis la moue n’arrivant pas bien à dissimuler mon sourire parce qu’elle riait vraiment de bon cœur ce qui ne lui arrivait pas souvent. Du coup, j’finis par sourire un peu plus franchement avec de répondre à sa question qui venait de tilter dans mon cerveau.

-Ouais, je t’apprendrais la batterie.

Même si j’supposais que c’était pas pour tout de suite… Parce que Peyton avait toujours du mal avec le bruit. D’ailleurs, c’était un peu une aubaine que j’aie un studio chez moi… Si j’en avais pas eu, j’aurais pas pu faire de la batterie dans le salon.

Elle me proposa de lire ce qu’elle avait écrit. Elle disait qu’elle avait du mal à se concentrer.

-Oui, j’vais lire.

Je me levai de mon siège pour venir à côté d’elle. Je me penchai vers son carnet pour lire ce qu’elle avait écrit. J’eus un p’tit sourire en lisant… Ces paroles… Elles nous allaient bien. J’posai un baiser au bord de ses lèvres avant de prendre son crayon pour ajouter un p’tit couplet… Quelque chose qui allait avec le ton de sa chanson.

-Elle est super.

Ça me touchait, en fait, ce qu’elle avait écrit. Et je relus plusieurs fois.

-J’ai toujours pensé que t’avais un don pour l’écriture.

Elle avait fait plein d’albums. Plus que je n’en avais fait. Et ses paroles avaient toujours beaucoup de sens.

-Attends…

Je pris ma guitare et commençai à gratter un début de mélodie. Mon niveau de guitare était toujours aussi nul. Peyton était largement meilleure que moi. Et j’me mis à chanter le premier couplet. Ma voix était très rauque… Plus grave que d’habitude. Et y’avait toujours des p’tit sifflements que j’forçais trop. Mais je continuais quand même avant de m’arrêter quand les dernières paroles ne sortirent plus que dans une espèce de murmure parce que j’étais essoufflé. J’fis une p’tite moue avant de jurer un p’tit peu et de regarder Peyton.

-T’en dis quoi du début ? Tu feras sûrement mieux que moi au chant et à la guitare. C’est pas difficile depuis cette foutue pneumonie...

Ouais, j’en étais encore à enregistrer phrase par phrase mes chansons de Fireworks.

@ Billy Lighter

La tête d’Howard quand il se prend mon coussin en pleine tronche valait l’effort et provoque mon fou rire.  Il me regarde à la fois confus et avec ce petit sourire tellement craquant qui le rend irrésistible. Ça valait la peine de le sortir de sa bulle, même si, quand il est concentré, il est encore plus mignon.

Autrement dit, il est beau tout le temps !

Quand Howard se ressaisi et que mon rire se calme, il accepte de me donner des leçons à la batterie. Ce sera mon objectif suprême vers une guérison totale. Le jour où je saurai taper sur des tambours sans avoir l’impression qu’un marteau piqueur me défonce le crâne me semble encore bien loin.

En attendant, je recommence à écrire même si mon attention dévie, que ma concentration parfois me joue des tours et que j’ai l’impression que je n’arriverai jamais à écrire une seule chanson digne de ce nom. Aujourd’hui, je sens quelque chose.

L’inspiration, je l’ai devant les yeux.

Je me replace sur le fauteuil pour laisser Howard s’installer  en tournant mon cahier sur mes genoux pour qu’il puisse lire mon début de chanson.  Il me vole un baiser en même temps que mon crayon et y ajoute des lignes supplémentaires. Ça semble si facile pour lui alors que j’ai passé presque une heure pour un tout petit couplet de rien. Pour ma défense, je plaiderai  qu’il est très difficile de se concentrer avec une aussi belle distraction visuelle !

- Merci. Je crois que c’est la première fois par contre que j’écris un truc de vraiment personnel.

J’ai parlé d’un tas de chose dans mes chansons, mais je n’ai jamais pour autant vécu mes écrits, laissant parler mon personnage de Lola, celle que je suis sur scène et qui, je m’en rend compte, a prit le dessus sur beaucoup trop de chose dans ma vie alors que moi,  Peyton, j’ai aussi beaucoup  de choses à dire.

Howard s’étire pour ramener sa guitare puis commence à gratter les cordes. Les quelques notes donnent bien le ton à mon ébauche, me faisant sourire. Serions nous entrain de composer notre première chanson ensemble ?

Ça y ressemble en tous les cas.

Howard chante les premières phrases, il me fait sourire. Sa voix est fatiguée des dernières semaines, lui donne une profondeur qui met l’emphase sur les paroles. C’est en tous les cas l’effet que ça me fait.

- Donne toi tu temps, c’est ce que tu me répète tout le temps, en plus !

Je lui souris en passant ma main dans son dos, le caressant depuis la naissance de ses fesses en remontant jusqu’à sa nuque.

- Et puis elle a quelque chose de sexy ta voix cassée. Quand tu gémis mon nom c’est trop excitant !

Tous les compliments sont bons pour lui remonter le moral.

-  Tu me la passe ?

Je prends sa guitare et gratte à mon tour les cordes pour enchaîné sur l’ajout qu’il a fait, essayant de reproduire la même mélodie. Ça me fait tout drôle de partager ce moment avec Howard c’est presque aussi bon que de faire l’amour.

Presque, j’ai dit !

- Je crois que si on inverse ces deux phrases là ça donnerait un meilleur rythme, tu en penses quoi ?

Je regarde Howard en chantant ma modification, attendant son avis.

@ Billy Lighter

J’avais rajouté des phrases au début de chanson de Peyton. Elle venait d’écrire un truc très beau et qui n’était pas sans me rappeler nous. Alors c’était facile d’y ajouter ma touche personnelle parce que Peyton avait bien donné le ton.

Elle déclara que c’était la première fois qu’elle écrivait un truc vraiment personnel. J’la regardai un p’tit peu étonné. Elle avait écrit un tas de chanson et j’ai toujours cru que ce qu’il y avait dedans, c’était du vécu. Mais, apparemment, bah, c’était pas le cas. Qui avait vécu tous ces trucs, alors ?

-Toutes les autres, elles étaient pas personnelles ?

Moi j’savais qu’écrire que des trucs sur moi. D’ailleurs, le prochain album de Fireworks parlait surtout de ce que ressentais pour Peyton. Il faisait très « Howard Stone ». Ça ressemblait à ce qu’écrivait The Burning Fire avant… Mais c’était quand même beaucoup plus « moi ».

J’pris ma guitare un peu après et j’commençai à gratter une mélodie. La première qui me venait par rapport à ce qu’avait écrit Peyton. Et j’commençai à chanter en même temps de ma voix complètement détruite. Chaque fois que j’chantais ça donnait un truc différent. Mes chansons pour Frirworks, c’était pareil. Y’en avait pas une où ma voix ressemblait à une autre. Aujourd’hui, j’avais la voix tellement rauque que j’atteignais des basses que j’atteignais pas avant.

Quand j’achevai la dernière phrase écrite, j’regardai Peyton me plaignant un peu de mes capacités réduites. Et elle déclara ce que j’lui répétai sans cesse ce qui m’arracha un p’tit sourire.

-Ouais, c’est vrai… Mais j’suis pas spécialement patient…

Je frissonnai d’un agréable frisson quand elle passa sa main dans mon dos. Je m’en mordis la lèvre. Elle savait comment faire pour que j’oublie quelque secondes tout ce qu’il n’allait pas dans ma vie. Puis, en plus, elle aimait bien ma voix cassée. J’rigolai à sa réflexion.

-J’le gémirais plus souvent alors.

J’lui donnai ma guitare quand elle la demanda. Et elle enchaina sur ce que j’venais de faire. Son jeu de guitare était quand même sacrément plus efficace que le mien. Elle avait même pas besoin de regarder les cordes, elle. Elle changea un p’tit peu l’ordre des phrases ce qui donnait quelques choses de mieux. J’souriais en l’écoutant tapant le rythme du pied sans vraiment m’en rendre compte.

-Ouais, avec l’inversion, c’est beaucoup mieux.

J’lui souris lui volant un baiser avant de lui faire un clin d’œil.

Et on travailla encore un p’tit peu sur les paroles avant d’avoir quelque chose du super bien. On avait fait ça en échangeant des baisers et des caresses de temps à autre faisant chaque fois un peu monter la température.

Et quand ce fut fini, j’souris à Peyton.

-On devrait la faire… Comme ça… En duo. Ça peut être cool un duo, non ?

J’regardais un moment le carnet alors que j’avais le crayon en main. J’réfléchis deux secondes avant de mettre des lettres à côté des couplets. « P » pour Peyton, « H » pour Howard et « PH » pour les parties à chanter en chœur.

-T’en dis quoi ? On essaye ? Juste pour le fun…

J’regardais la guitare.

-Et tu devrais faire la guitare… Tu maitrises mieux que moi, ça. D’ailleurs, faudra que tu me fasses des cours de rattrapage. Si tu veux bien… Moi, j’aime les cours de rattrapage.

J’souris mes lèvres proches des siennes. J’avais autant envie d’elle que de faire cette chanson. Mais la chanson d’abord, c’est mieux.

-On s’y met ?

Y’avait assez de micro ici pour ce faire ce p’tit duo.

@ Billy Lighter

J’hausse des épaules quand Howard me demande pour mes autres chansons.  Il y a un lien intimement étroit entre moi, Peyton et Lola, celle que j’interprète sur scène.  Mes chansons, ce sont elle, et non moi. Vous me suivez ?

- Mes chansons touchent toutes sortes de femmes de différents groupes d’âge.  Je chante pour des mamans qui aimeraient avoir encore quinze ans puis je chante pour des adolescentes de quinze ans qui rêvent d’être adulte. Je m’inspire d’elles et non de moi.

Si je devais chanter ma vie, je dirais quoi ?  Le titre serait probablement un truc du genre I’m A Bitch et ça se tiendrait en  une phrase : Je fais chier tout le monde et mon ex amant qui est un psychopathe a voulu tuer mon amant actuel qui lui, m’a envoyé d’un coup de poing à l’hôpital.  Bref, il m’est beaucoup plus facile de me glisser dans la peau de Lola et de chanter sur n’importe quel sujet plutôt que de rester moi-même et de m’ouvrir aux autres.

Ce que j’écris aujourd’hui, c’est ce que je ressens pour Howard et ce que notre relation, tel qu’elle est actuellement m’inspire. Je me sens bien, pour la première fois de ma vie et j’ai envie que les gens le sachent.

Il y a quelque chose de particulier à partager un moment de création. Howard gratte les cordes de sa guitare et moi je compose, jusqu’à ce que je lui demande de lire, bien sûr, parce que je veux son avis.  C’est aussi, selon moi, une marque de confiance que de lui laisser retoucher mes écrits en le laissant ajouter des phrases.  

Nous travaillons sur ce qui prend de plus en plus l’allure d’un duo, se volant quelques baisers de temps en temps, quelques regards complices.  Comme s’il lisait dans mes pensées,  Howard propose de faire de cette chanson un duo.  J’approche mon visage du sien pour l’embrasser langoureusement avant de l’enlacer et d’appuyer mon front contre le sien.

- J’adorerais faire de cette chanson un duo.

Il prend alors mon cahier de composition et ajoute la première lettre de nos prénoms  là où nous chanterons, soit seul ou ensemble.

- Faisons-le !

Puisqu’il me le suggère, je prends la guitare, croisant mes jambes et essais quelques notes.

- Howard, toute ma vie je n’ai fait que ça. Je me levais à 5h30 tous les matins et mes journées se résumaient à deux heures de chant, deux heures de piano, deux heures de guitare, deux heures de jeu et, par jeu, je parle de la scène et non pas de jouer avec des amis. Puis le reste de ma journée était consacré à mes études avant de recommencer pour  la soirée, quand je n’allais pas à des auditions pour des publicités ou que je n’enregistrais pas une chanson.  Puis, on recommençait le lendemain matin, même heure, jour après jour, après jours, après jour…  

Je n’ai pas de mérite.

Je n’ai pas non plus voulu maîtriser le piano, la guitare ou quoi que ce soit. D’aussi loin que je me souvienne, ça toujours été comme cela alors c’était normal, pour moi qui ne connaissais pas autre chose.

- Je te donnerai des cours avec plaisir !

Ça sera amusant !

Tout comme de faire notre petit duo. Je laisse Howard installer tout le nécessaire pour  lancer l’enregistrement puis quand il revient s’installer près de moi, je lui vole à nouveau un baiser avant de commencer à gratter les cordes de la guitare d’Howard selon la mélodie qu’il avait imaginé.

Il chante d’abord et qu’importe ce qu’il en pense, j’adore sa voix éraillée. Ça lui donne un je ne sais pas quoi de sexy qui se marie parfaitement bien avec une chanson acoustique.  Je chante à mon tour, alors que nous marions nos voix puis je chante seule avant que nous reprenions ensemble. Ça laisse le temps à Howard de reprendre son souffle qui manque encore, depuis sa pneumonie.

Notre premier essais terminé, je dépose la guitare et  m’installe sur les cuisses d’Howard.

-  Je ne l’ai pas entendu que je l’aime déjà.  L’avoir fait avec toi, ça prend une signification importante à mes yeux.

@ Billy Lighter

Peyton n’avait encore jamais écrit sur elle… C’est ce qu’elle m’avoua en disant qu’elle écrivait des trucs sur tout le monde. Mais jamais sur elle… J’savais que certains artistes faisaient ça. Ils écrivaient des choses qu’ils n’avaient pas vécu. Moi, j’y arrivais pas… J’arrivais pas à me mettre dans la peau d’un autre. Pourtant, j’suis un bon menteur, il parait… Mais un mauvais acteur d’après Hank. Faut dire qu’en général, je mentais sur des trucs que j’avais fait… Pas sur ce que j’étais…

Mais Peyton, elle, ne s’était jamais dévoilé dans ses chansons. A part pour celle-ci… Et j’pris un air un peu surpris.

-Moi qui croyais que t’avais vécu certains trucs que t’avais écrit…

J’arrivais bien à coller son ancienne elle sur certaine de ses chansons. Mais apparemment, c’était une fausse idée que j’me faisais. En fait, j’avais l’impression que j’découvrais la vraie Peyton… Celle que personne avait jamais vue.

Puis, on se pencha tous les deux sur la chanson. On ajouta des phrases… On en modifia d’autres. On fit quelques essais, d’abord moi et puis elle. Tout ça entre quelques baisers. Et quand ce fut terminé et qu’on avait une chanson super, j’proposai de la faire en duo. Elle m’embrassa d’un baiser langoureux que j’rendis encore plus fort avant qu’on ne finisse son front contre le mien, les joues rougies par la température qui montait. Et elle accepta le duo ce qui m’arracha un sourire.

-Super !

J’repris le carnet pour répartir les couplets avant que j’lui proposai de faire la guitare parce qu’il y avait pas vraiment photo entre son niveau et le mien. Elle était guitariste… Pas moi… Et elle m’expliqua alors comment elle en était venue à maitriser autant d’instrument. En gros, elle m’expliqua comment était sa vie avant… Une vie entièrement et uniquement consacrée à sa carrière. Une vie stricte que j’aurais vraiment détestée vivre. J’regardai Peyton. J’savais que ses parents étaient pas commodes… Mais j’pensais pas que c’était à ce point-là. J’pris un air triste. Mais triste pour elle.

-C’est horrible… J’comprends pourquoi tu détestais la Terre entière…

Et pourquoi elle était aussi méchante avant.

Elle avait jamais vraiment joué… P’tètre qu’elle avait jamais eu vraiment d’amis. Elle avait juste sa carrière qui avait commencé quand elle était toute jeune. Elle avait eu la même vie que tous ses enfants stars que les parents exploitaient pour les thunes.

Je captai le regard de Peyton passant mes doigts sur son visage.

-Mais maintenant, tu pourras vivre comme tu veux. Y’a plus personne pour te dicter ce que tu dois faire. C’est sûrement pas moi qui vais te dire quand sortir du lit.

J’souris. Ouais, j’aurais plutôt tendance à y rester avec elle toute la journée.

Mais j’compris bien que ce que Peyton essayait de me dire, c’était que son talent ne venait que d’un entrainement intensif.

-Et t’sais… Y’en a qui, même avec l’entrainement que t’as eu, qui ne serait pas aussi bon que toi. Puis, moi aussi si j’suis un bon batteur c’est parce que j’faisais de la batterie tous les jours. C’est pas tombé du ciel.

J’souris. Ça tombait du ciel que pour certaines personnes. Comme le p’tit Jesse. Lui, ça lui était tombé du ciel.

C’est pour ça que j’avais besoin de cours de rattrapage que Peyton voulait bien me donner. J’souris et lui volait un baiser avant de proposer qu’on ne fasse la chanson.

Et c’est ce qu’on fit… Je quittai Peyton trois seconde le temps de passer de l’autre côté pour lancer l’enregistrement. On avait appelé aucun ingénieur du son… C’était juste une session entre elle et moi. Personne savait encore pour nous deux. Faut dire que Timmy tirera une drôle de tête quand ça se saura. Et il viendra avec ses grands reproches aussi. Mais je m’en foutais un p’tit peu, en fait, de ce que pensait Timmy.

J’revins près de Peyton et on s’y mit. Je commençai y mettant tout ce que j’pouvais malgré la douleur que j’ressentais chaque fois que j’étais en manque de souffle. Je commençais à m’y habituer en fait… J’avais la même à chaque fois que j’allumais une cigarette…

Mais j’arrivai quand même au bout fortement aidé par les moments où c’était Peyton qui chantait et où j’pouvais reprendre mon souffle.

Et à la fin j’souriais même si j’étais complètement essoufflé. J’souriais parce que j’savais que ce qu’on avait fait était bon.

Peyton déposa ma guitare et s’installa sur mes genoux. Je l’enlaçai de mes bras alors qu'elle était vraiment satisfaite même si aucun de nous n’avait encore entendu le résultat. J’souris.

-Ouais… Pour moi aussi…

Je l’embrassai alors fougueusement la faisant se coucher sur le fauteuil. Je me mis au-dessus d’elle nos corps ne se touchant pas parce que je me soutenais de mes bras qui étaient de part et d’autre d’elle. Je lui souris avant de lui voler un autre baiser.

-Faut l’écouter !

Je lui fis un clin d’œil et la quittai le temps d’aller lancé ce qu’on avait fait. La musique envahit le studio où j’avais repris place.


Je vins me remettre au-dessus de Peyton. Dans l’exacte même position que précédemment. Et j’lui souris.

-Faudra y rajouter de la batterie et…

J’avais plein d’idée dont une en particulier.

-Et pourquoi pas la sortie en single? Ça serait cool, non ? J’sais que ça va faire parler tout le monde mais… Je m’en fiche de ce que tout le monde pensera.

L’avis des gens sur ma vie, je m’en foutais. Si je m’en foutais pas, j’serais encore dans l’Eastside à l’heure qu’il est.

@ Billy Lighter

Honnêtement, je ne me suis jamais posé la question à savoir si ça pouvait faire quelque chose que j’écrive sur mes propres expériences ou sur celles des autres ou encore, carrément les inventer.  Tant que ça faisait une bonne chanson,  je m’en foutais royalement que les gens en tirent leurs propres conclusions.

Ça me fait sourire cependant quand Howard  me dit tout bonnement qu’il croyait pourtant que j’avais vécu certaines de mes chansons.

- Je suis très curieuse de savoir lesquels !

Je crois en fait que j’ai surtout développé mon imagination à défaut de pouvoir  en jouir à proprement parler. Ma vie était réglée au quart de tour ne me laissant pas de temps pour moi et mes besoins d’enfants. Avoir des amis, aller à des fêtes ou tout  simplement fréquenter une école ne faisaient pas partit de ma vie.  Fallait compenser autrement.

- La détester ou la jalouser ? Mais oui, tu as probablement raison.

Aujourd’hui, tout est différent.

Je peux mener ma vie comme bon me semble mais il aura quand même fallu un brutal remise à la réalité pour que je le comprenne.  C’est tout de même incroyable de penser que je puisse parler de tout ça aussi facilement et librement avec Howard alors qu’il n’y a pas si longtemps,  nous aurions eu une guerre de mots sans fin uniquement parce que nous ne savions pas faire autrement.

Ça me fait quand même me demander  que si c’est son coup qui m’a fait prendre conscience de tout cela, est-ce que c’est aussi ce qui lui a donné envie de me découvrir autrement ?

Il est temps de mettre nos efforts communs en pratique. Je parle de la chanson, bien évidement. Me voilà toute existée à l’idée de recommencer à chanter, et enregistrer, qui plus est ! Moi qui  croyais ne plus jamais pouvoir le faire !  Bon, je suis loin de me sentir prête a remonter sur scène mais le chant et la guitare, en toute simplicité et intimité, ça me va.

Nos voix se complètent bien, presque aussi bien que lorsque nous faisons l’amour et ce qui rend l’expérience encore plus personnel c’est qu’elle se déroule uniquement entre nous deux. Juste Howard et moi et sa guitare pour nous accompagner.  Je suis satisfaite de ce que nous venons d’accomplir, puisque oui, on peut parler d’un accomplissement vu son manque de souffle et mes migraines récurrentes. Malgré tout ça, nous y sommes parvenus et cette petite victoire mérite d’être soulignée par un baiser passionné.

Si nous étions dans un film de série B, ce serait le moment où nous ferions l’amour, Je crois même que c’est ce que nous allons faire alors qu’Howard me fait m’allonger et qu’il se place au dessus de moi. L’attirance est vraiment forte en ce moment que j’en tremble déjà d’excitation mais il se volatilise au moment ou j’allais relever mon t-shirt.

Je rigole en le regardant se diriger vers la console de l’autre côté du mur vitré puis revenir a pas de loup et se réinstaller au dessus de moi. Nous restons silencieux, yeux dans les yeux, en écoutant notre première création ensemble.  Il y a quelque chose d’à ce point puissant alors que l’on écoute notre chanson que je pourrais facilement comparer la sensation à celle d’un orgasme.

Ma voix n’est qu’une brise soyeuse alors que j’acquiesce à ses idées de grandeurs.

- Nous y ajouterons ce qu’il faut pour la rendre encore plus génial. Et oui, bien sur, sortons là en single ! Ce serait super !

Notre petit projet à nous deux, deviendra grand.

- Ça va faire jaser le monde si on s’embrasse sur la pochette. On pourra s’embrasser sur la pochette ?

Nous avons tout le temps d’y penser mais en attendant, je mets déjà en pratique ce que j’ai en tête comme baiser en l’embrassant fougueusement.

@ Billy Lighter

-J’te ferais la liste.

Je rigolai en disant ça. N’empêche que mon mythe de Lola s’écoulait un p’tit peu… Moi qui croyais vraiment qu’elle avait vécu certaine chose écrite dans ses chansons ben, elle avait bien caché son jeu.

J’tenais en main la première vraie chanson de Peyton… De la vraie Peyton, pas de Lola.

Et quand je lui cédai la guitare et qu’elle m’expliqua comment étaient organisées ses journées depuis son enfance, j’compris un peu mieux d’où venait sa tendance à détester tout le monde et à essayer de se faire détester… Parce qu’en fait… Elle était pas heureuse du tout… Y’avait plein de gens qui avaient dicté sa vie… Moi aussi, j’les aurais envoyé chier. Mais pire que de détester tout le monde, elle les jalousait. J’hochai la tête.

Mais maintenant, Peyton pouvait faire ce qu’elle voulait. On allait faire ce qu’on voulait comme on le voulait. C’est toujours comme ça que j’vivais. Je m’infligeais aucun horaire, aucune discipline… Alors j’allais pas en infliger à Peyton.

Après ça, on fit notre chanson. Un duo qui donnait bien… Un duo qui fera parler. Ouais parce que j’avais pas envie que ce truc qu’on venait de faire reste sur une cassette qu’on garderait que pour nous deux. Je l’imaginais déjà passer sur toutes les stations de radio… Parce que j’savais qu’avec un peu de batterie et d’autres fioritures, ça sera encore meilleur. Je le pensais même avant de l’écouter.

Après ce moment que j’aurais voulu vivre encore et encore jusqu’à plus avoir le moindre souffle, je me mis au-dessus de Peyton après avoir échangé un baiser avec elle. On était sur le point de se succomber à nos envies quand j’décidai d’écouter tout de même la chanson en repassant de l’autre côté avant de revenir au-dessus de Peyton. Chaque fois que j’redécouvrais son regard, j’le trouvais chaque fois plus beau.

La musique emplissait la pièce et on ne parla plus le temps d’écouter. Ça me faisait frissonner, maintenant, chaque fois que j’entendais Peyton chanter… Encore plus quand je l’entendais chanter ces paroles qui parlaient de nous.

Et j’lui lâchai mon idée de sortir tout ça en single. Elle voulait la même chose que moi sachant très bien que ça allait faire parler. On aimait un peu la provoc’ tous les deux alors ça nous représentait bien. J’souris à son idée de pochette.

-Ouais on pourra s’embrasser sur la poche. Même si j’suis sûr que ça plaira pas à l’Anglais. L’est coincé…

C’est comme ça que j’voyais Timmy. Comme un coincé trop poli et un peu snob qui est vite choqué. En fait, en dehors de ce qu’il était comme manager, j’le connaissais presque pas même si ça faisait 8 ans que j’le côtoyais.

-Mais on s’en fout de Timmy.

Ouais on s’en fout.

J’souris et on s’embrassa longuement et fougueusement. Un baiser qui en entraina d’autres… Jusqu’à complètement oublier tout le reste pour ne faire que se donner l’un à l’autre comme on savait si bien le faire.

@ Billy Lighter