J’allais mieux. Je m’étais réconcilier avec Ruby et, depuis, j’allais mieux. Lenny me permettait désormais de pouvoir sortir de mon appartement. C’était déjà ça… J’avais eu l’impression d’être un petit gamin qu’on avait enfermé dans sa chambre parce qu’il n’avait pas mangé toute son assiette.

Soit, cette histoire était passée et la date de début d’enregistrement de notre second album était pour la semaine prochaine. Il fallait donc que je remettre les choses en ordre avec mon groupe. Et ça, ça n’allait pas être facile. Je n’avais plus vu Cash depuis qu’il était revenu prendre ses affaires chez moi après notre dispute dans les locaux de MTI. Je ne savais même pas où il était…

J’avais réfléchis toute la journée à comment me réconcilier avec. Faire une grosse fiesta avec tous ses amis ? Non, il risquait de se droguer. Faire un gros concert au Crazy Ginger avec comme public les gens en qui le groupe avait confiance ? Non, il risquait de se droguer. Faire un road trip avec uniquement le groupe et nos copines ? Non, il risquait de se droguer et, à la longue, on risquait de s’entre-tuer complètement.

J’avais enfin mis le doigt sur le véritable problème de Cash : la drogue. S’il arrêtait de se droguer, complètement, notre relation allait peut-être s’améliorer. J’avais donc pris mon téléphone (ce qui, en soi, est un miracle) et je m’étais atteler à appeler tous les amis douteux de Cash ainsi que ses anciens dealers. Je leur disais de ne plus l’approcher et que s’ils leur vendaient de la drogue je leur enverrai mes avocats. Il n’en fallait pas plus pour qu’ils flippent.

Il me restait un contact à appeler sur ma liste, une certaine Angie DeVine. C’était une dealeuse de luxe… Le gens à ne pas vendre dans la rue mais à côtoyer les rockstars. Je ne l’avais plus vue depuis un moment mais ça ne voulait pas dire qu’elle ne vendrait plus rien à Cash. Je lui téléphonai mais personne ne me répondit. ET JE DETESTAIS TOMBER SUR UN REPONDEUR ! Soit… Il fallait pourtant que je règle toutes ces histoires de dealer aujourd’hui. Parce que demain j’aurais d’autres idées dingues en tête…

Fallait donc que je me déplace jusqu’à chez elle… Je téléphonai à Liam mais, là encore, je tombai sur un fichu répondeur… Tant pis, j’irai tout seul…

Je me levais, donc, de mon divan et enfilai ma veste en cuir noir. Je pris mon flingue au cas où et sortis de mon immeuble mes clés de voiture en main. Une voiture toute neuve qui m’avait été livrée hier. J’avais repris exactement le même modèle que la voiture que j’avais crashé à la plage. Je n’aimais pas le changement… C’était nul le changement…

Je roulai jusqu’à chez Angie et me garai juste devant son immeuble. J’y montai et me planta devant la porte de son appartement. J’espérai qu’elle soit là parce que je détestais me déplacer pour rien. Et j’espérai, aussi, qu’elle n’avait pas déménagé sinon j’allais faire un scandale. Je sonnais à la porte.

-Angie, c’est Billy Lighter. Ouvre, je dois te parler !

Fallait qu’elle soit là, bordel pourvu qu’elle soit là… Et seule, si possible…

Les cartons étaient faits, et presque bouclés pour la plupart. Cela me fendait le cœur d'abandonner ainsi mes ravisseurs de colocataires. Je m'étais vraiment attachée à cette bande de loufoques. Mais j'étais bel et bien décidée à tirer un trait sur toutes ces années de soûlerie.. Pour un certain temps, soit. Mais plus de business, je me le défendais. Je devais maintenant prendre en main ma vie et partir à la poursuite de mes rêves. Cela pouvait paraître naïf de ma part, ou bien même complètement débile.. Mais on étais bien à Los Angeles, non ?

Il étais tard, et après avoir passé la journée à m'activer, j'avais fini par piètrement m'endormir devant une émission à deux balles, qu'ils passaient à cette heure là. A cette heure-ci, mes colocataires avaient tous déserté l'appartement, et je me retrouvais donc seule, à roupiller tranquillement devant la télévision.

La sonnerie stridente de l'appartement retentit, et c'est alors que je me réveilla en sursaut. Prise de panique aux premières secondes, je me leva inconsciemment pour venir éteindre la télévision. Après avoir éliminé tout bruit parasite de la pièce, je tendis l'oreille à la porte, pour m'assurer qu'il ne s'agissait pas d'un flic, où bien encore d'un inspecteur.

Je m'approcha donc de la porte d'entrée, et à tes dires, je soupira de soulagement, même si les raisons pour lesquelles tu t'étais rendu ici me paraissaient assez louches. Et d'ailleurs, pourquoi voulais-tu me parler ? D'habitude, c'était moi qui me déplaçait pour aller livrer mes clients, et non pas le contraire.

J'actionna donc la poignée de la porte d'entrée pour ouvrir sans retenue celle-ci, et pour bientôt te faire face.

- Bonjour Billy.

A vrai dire j'étais peu d'humeur à parler, et j'avais encore les idées vagues étant donné que je venais tout juste de me réveiller. Mais cependant, je t'invita tout de même à entrer, en m'écartant quelques peu de l'entrée.

- Entre je t'en prie.

J'accompagna mes paroles d'un mouvement de tête, en désignant le salon, qui désormais paraissait très vide.

J’avais l’impression que ça faisait des années que j’attendais devant cette porte. Faut dire que j’avais toujours eu une drôle de vision de temps qui passe. Et j’espérais vraiment qu’Angie vive toujours ici. Sinon j’allais tomber devant quoi ? Un vieillard taré ? Un fan complètement dingue ? Non, Billy, arrête de penser à des trucs aussi débiles…

La porte finit par s’ouvrir alors que j’allais sonner à nouveau (ou prendre la fuite je savais plus très bien). Angie me fit face en me saluant. Je la regardais, de haut en bas, les sourcils légèrement froncé. Ouais, parce qu’après tout, ce n’était pas vraiment une visite de courtoisie.
J’avais l’impression qu’elle n’était pas spécialement heureuse de moi voir. Elle allait encore moins l’être quand j’allais lui dire pourquoi j’étais venu jusqu’ici.

Elle m’invita à entrer. Je crois que j’étais rarement venu jusqu’ici, où alors je ne m’en rappelais pas. Il y avait des cartons un peu partout et l’appartement était presque vide. J’étais désormais dans son salon.

-Tu déménages ?

Simple question rhétorique. C’était évident qu’elle déménageait. Heureusement que ce n’était pas déjà fait parce qu’à quelques jours près je la loupais.

Je m’installai dans le premier siège venu et fixai la jeune femme. Ca faisait un peu incruste, c’est vrai. Mais j’avais chopé de sales tics de star… Et m’installer où je le voulais, quand je le voulais me paraissait évident.

-Je suis pas ici pour t’acheter de la drogue. Je voulais juste savoir si tu en vendais toujours à Cash Izbel…

J’étais très sérieux et mon ton de voix l’était aussi.

À voir l'expression mécontente qui trônait sur le visage de Billy, je me sentis rapidement mal à l'aise face à lui. Mais bon dieu, pourquoi étais-t-il là ? Cette question me tracassait, d'autant plus que je n'avais jamais vraiment fait connaissance avec Billy. Et donc, je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre. Les rares occasions où j'avais pu le croiser étaient les seules fois où Cash avait fait appel à moi lors de tournées, où bien encore de soirées, et qu'il désirais se mettre minable. J'en déduisis alors, assez rapidement, que le problème venais de Cash. Ce qui me mis encore plus mal à l'aise.

En poussant la porte derrière moi, j'eu le droit à la question de Billy concernant mon départ. C'est vrai qu'aujourd'hui, je ne m’étais pas vraiment préparée à recevoir de la visite, et que l'état du salon étais assez pitoyable. C'est alors que je passa ma main dans mes cheveux d'un air confus, puis je me dirigea assez rapidement vers le salon pour pousser à l'aide de mon pied, les quelques cartons qui encombraient l'espace.

- Euh.. ouais. Désoler pour le bordel, je m'attendais pas vraiment à avoir de la visite..

Aucun étonnement n'anima mon visage lorsque je te vis t'installer ainsi à ton aise. Et te faire une remarque aurait été mal placé de ma part, car j'avais moi même de fâcheuses tendances à m'installer un peu n'importe où chez les gens lorsque j'y étais conviée.

Je m'installa donc sur un carton trônant face au divan sur lequel tu venais de t'installer, et je reposa toute mon attention sur toi.

Je fis un peu surprise lors de ta demande, quoique je m'y attendais un peu. Puis je soupira, avant de baisser le regard au sol et de rétorquer vivement.

- J'ai arrêté de vendre, il y a déjà une semaine.

Je venais donc plisser brièvement les yeux, un peu perplexe, avant d'enchaîner.

- Pourquoi est-ce que tu veux savoir ça ?

Angie s’excusa pour le bordel plus que présent dans la pièce à cause des cartons. Faut dire qu’aujourd’hui, le bordel ne me dérangeait pas vraiment et puis ce n’était pas chez moi donc je m’en fichais. Elle disait ne pas s’attendre à avoir de la visite…

-Ouais j’ai voulu téléphoner mais ça ne répondrait pas… J’ai peut-être plus le bon numéro.

Ca semblait pas l’avoir dérangée que je m’installe sans gêne aucune dans un des sièges qu’il y avait dans le salon remplis de cartons divers. La jeune femme s’installa sur un carton en face de moi alors que je me mis à l’aise en posant mes pieds sur l’un de ces mêmes cartons qu’il y avait devant le siège sur lequel j’étais assis.

Elle me regardait comme je la regardais. Ma première question me permis de toute de suite engager la conversation dans le vif du sujet que je voulais aborder, c’est-à-dire Cash et son addiction. Mais ma question sembla la surprendre. C’était une dealeuse, je ne voyais pas pourquoi ça la surprenait ? Son regard s’abaissa et je penchai légèrement la tête comme pour essayer de voir son regard braqué sur le sol.

Elle ne vendait plus… Quoi ?! Je ne savais pas vraiment si je devais la croire… Dealer ça gagnait bien pourtant, surtout qu’Angie ne vendait pas à n’importe qui d’après ce que je savais. Je la fixai les sourcils légèrement froncés. Est-ce qu’elle disait vrai ? Ou alors elle disait ça pour que je n’aie rien à lui dire. Difficile à dire…

Mais c’était, tout d’abord, à son tour de me demander ce qui me poussait à demander ça… Ok, j’allais la joué franc jeu.

-En fait, j’essaye de trouver tous les anciens et nouveaux dealers de Cash pour les obliger à ne plus lui vendre de la drogue. Cette merde est entrain de ruiner le groupe et Cash en premier. Je suis venu jusqu’ici parce que tu étais sur ma liste des dealers à menacer d’arrêter. Mais comme je vois… J’ai pas besoin d’appeler les flics et mes avocats vu que t’as arrêté…

Je remettais les problèmes de communication qu’il y avait au sein de The Lightening sur la drogue et sur Cash. Je ne me sentais pas du tout coupable de tout cela. J’avais même l’impression d’être le seul à prendre tout au sérieux.

Je fixai toujours Angie avec encore des questions plein la tête.

-Pourquoi t’as arrêté ? Tu devais gagner pas mal en faisant ça…

Je voulais qu’elle m’explique pour être vraiment sûr qu’elle ne me mentait pas. Je sortis une cigarette du paquet que j’avais dans ma poche et l’allumai. J’en fumai une bouffée sans détacher mon regard sérieux de celui d’Angie.

Billy avait essayé de m’appeler et disait n'avoir eu personne à l'autre bout du fil. Et pour cause, je dormais. Même la sonnerie du téléphone n'avais réussi à me sortir de mon sommeil. C'est un coup de chance que je me sois réveillée à temps pour l'accueillir.

- Non, tu as le bon numéro. C'est moi, je dormais avant que tu arrives..

Ça me paraissait pourtant évident, rien qu'à en voir ma tête fraîchement réveillée. Mais visiblement pas pour les autres. J'écoutais alors attentivement Billy m'expliquer la cause de sa venue ici.

En l'entendant parler, je cacha mon amusement. Contacter tous ses dealeurs ? Ça allais pas être une mince affaire. Même s'il parvenais à tous les contacter.. qui empêcherais Cash de descendre dans la rue pour en prendre de nouveau ?

Ce n'étais pas le commerce de substances qu'il manquais à Los Angeles. Il suffisait simplement de sortir de chez soi pour en croiser une ribambelle à chaque coin de rue. Quoiqu'il en soit, je répondis du plus sérieusement qu'il m'étais donné d'être.

- J'te souhaite bonne chance, il te reste encore.. quelques centaines de dealeurs à menacer.

Il faut dire qu'il étais d'autant plus difficile, dans le domaine de la musique, de faire face à toutes les propositions qui s'offraient aux rockstars. C'était d'ailleurs le milieu le plus convoité par les dealeurs. Mais Billy avais l'air déterminé, et sur de lui.

Je me retint alors de toutes remarques désagréables qui auraient pu le mettre de mauvaise humeur.

Puis vint l'heure du questionnaire. Evidemment, je m'y attendais. Comment aurais-t-il pu me croire sur parole alors qu'il ne me connaissait qu'à peine ? Je me hâta donc d'y répondre en toute sincérité.

- C'est vrai, je gagnais même très bien ma vie. Mais j'y ai été dépendante pendant un moment. Et sans te le cacher, la dernière fois que j'ai vu des personnes s'injecter de l'héro, pas plus tard qu'hier soir.. ça me démangeais d'aller les rejoindre. J'veux pas retomber là dedans.

Et là encore, je cachais une bonne partie de mes ambitions pour après. Mais j'estimais que ça n'avais aucune importance de tout lui déballer. Il étais là pour s'assurer de la bonne santé de son ami, pas pour m'entendre lui raconter ma vie.

Angie dormait et n’avait pas entendu son téléphoner sonner… Mince… Dommage, ça m’aurait évité de devoir me déplacer jusqu’ici. Ouais, on n’aurait pas dit qu’elle venait de se lever… Mais bon, les filles avaient le pouvoir d’avoir l’air toujours fit, peut importe ce qu’elles ont fait.

Je lui expliquai les raisons de ma visite. Je voulais m’assurer moi-même que tous les dealers n’approcheraient plus Cash, plus aucun ! Ni ses soi-disant potes qui lui donnaient de la drogue pour que dalle. J’aurai pu enfermer Cash, ça aurait été plus simple et plus efficace. Mais j’étais dans l’un de ces passes où j’avais l’impression de pouvoir faire plein de trucs impossibles et que personne ne sera capable de m’arrêter.

Par contre, Angie semblait consciente que je m’embarquais dans un truc impossible. Quelques centaines ? Bah ça va encore… Bon ok, je suis en mode complètement taré. Je fronçai les sourcils et fixait la jeune ex dealeuse.

-Je mettrais L.A. à feu et à sang s’il le faut, mais je les aurais tous.

Enfin ça c’est ce que je croyais à cet instant même. Il y avait sûrement une tonne de dealers que je ne connaissais pas et que Cash connaissait… Ou même de simple dealer de rue qui pourrait aborder Cash (ou que Cash pourrait aborder, ce qui est potentiellement plus crédible). En gros, je n’étais pas sorti de l’auberge mais je m’en fichais complètement.

Mais avant ça, je devais m’assurer qu’Angie avait bien arrêté de dealer. Je ne la croyais pas vraiment… A vrai dire, je ne la croyais pas du tout.

Elle s’expliqua disant qu’elle gagnait bien plus avant. Mais elle était tombée dans la drogue et ne voulait plus que ça arrive.

-Quand on en a été accros une fois, on fini toujours par l’être à nouveau un jour ou l’autre…

Phrase pessimiste, mais c’est ce que j’en relevais de l’expérience que j’avais eu avec mon groupe. Ils étaient tout accros… Sauf moi. Et j’avais pourtant mainte fois essayé de les faire arrêter…

Mon regard sceptique était toujours posé sur Angie. Et je me rendais compte à quel point je la connaissais peu… C’est dommage… Elle était jolie…

-Ok, disons que je te crois.

Non… Mais on va dire…

-Mais tu vas faire quoi maintenant ? T’as trouvé un boulot réglo ?

Ce n’était pas une question pour la fliquer… Juste pour faire connaissance. Après tout, ce serait con de repartir tout de suite après tout le chemin que j’avais fait jusqu’ici.

Mettre à feu et à sang Los Angeles ? Finalement, on se ressemblais pas mal tous les deux. Deux grands rêveurs..

Enfin.. ouais. Même si la façon dont Billy idéalisait L.A me foutais carrément les pétoches.. Mais ça ne tenais qu'à moi. A vrai dire depuis que j'avais quitté le domaine familial, je vivais constamment dans le trafic. Et donc m'imaginer cette immense ville sans la drogue, et mes amis, entre autres, me foutais la trouille, et je n'étais en aucun cas d'accord avec lui, ce qui me fis froncer légèrement les sourcils.

"Quand on en a été accros une fois, on fini toujours par l’être à nouveau un jour ou l’autre…"
Bon.. qu'il ne me fasse pas confiance, c'est une chose. Mais qu'il sous-estime mes capacités à me battre contre cette merde. C'en est trop, non ?

- Tu semble bien informé dis donc.. Tu l'as toi-même été ?

Je posais cette question sans pour autant exprimer une once de provocation où bien de méchanceté. Simple curiosité. Je le trouvais juste très sur de lui, ce qui me poussait à me poser tout pleins de questions.

Une fois achevée ma question, je m'étais penchée pour attraper un paquet neuf de Marlboro gisant au sol. J'ouvrais alors celui-ci avant de coincer une cigarette entre mes lèvres et de fouiller mes poches à la recherche d'un briquet. Qui en vain s'annonça introuvable.

En entendant ta question, j'esquissa un sourire amusé, avant de lâcher un léger rire.

- Un boulot réglo ? Non.. à vrai dire je me vois mal caissière de supermarché.

Evidemment, je prenais un exemple plutôt con, alors que j'aurais pu en prendre bien d'autres.. mais le terme travailler, pour moi, étais associé au mot ennui.. où lassitude. Et je ne voulais pas de ça. Mais bon, Billy semblait s'intéresser à ce que je voulais faire. Où bien, m’interrogeais-t-il simplement pour me fliquer ?

Peu importe, je me lançais.

- J'aimerais former un groupe, et tourner avec, et gagner ma vie de la musique, c'est mon rêve depuis que je suis gosse.

Bon j’y allais peut-être un peu fort avec cette histoire de choper tout les dealers… Surtout que, plusieurs d’entre eux devaient être des amis d’Angie. Ou pas… En fait j’en savait rien. En tout cas, elle avait froncé les sourcils. Mais je faisais tout de même ce que je voulais.

Elle avait arrêté la drogue et moi j’étais persuadé qu’on ne pouvait jamais se débarrasser de cette merde. Quand on y était devenu accros un jour, c’est à la vie à la mort. Comme une maladie incurable qu’on essayerait d’oublier, jusqu’à ce qu’elle revienne nous faire souffrir au moment où on s’y attend le moins. Elle me disait bien informé et me demanda si j’avais déjà été moi-même dans cette situation. Mon rapport avec la drogue était… Spéciale.

-Accros… Non, jamais. Mais par contre les autres membres de mon groupe oui. Et je peux te dire que toutes les fois où ils ont arrêté, ils sont retombé dedans dans le mois qui suivait… Alors excuse mon pessimisme.

Cash notamment, avait arrêté il y a peu. Mais j’avais l’impression qu’il avait replongé. Ou, en tout cas, s’il l’avait fait cela ne m’étonnerai pas du tout. Et comme je voyais tout en blanc ou en noir, j’étais persuadé qu’Angie subirait le même sort. J’étais comme ça moi… Toujours dans les extrêmes.

Elle avait pris un paquet de cigarette qui trainait et en sortis une. Elle semblait chercher quelque chose, probablement du feu pour l’allumer.

C’est là que je posai ma question sur : « Bah si tu fais plus ça, tu fais quoi alors ? ». Et ça la faisait rire. Pas de boulot réglo… C’est vrai qu’avec un style pareil, moi non plus je la voyais pas caissière. Elle me révéla alors son rêve de gosse… Devenir musicien et gagner sa vie comme ça. Le rêve de beaucoup de monde… Ce n’était plus le mien…

Je sortis mes propres cigarettes et le briquet qui allait avec. Après avoir allumé la mienne, je tendis mon briquet à Angie afin qu’elle puisse fumer la sienne.

-Tu sais, il y a des boulots réglos bien plus fun que caissière, suffit de trouver…

Bordel voilà que je parlais comme ma grand-mère. Et je détestais ça.

-T’as envie de devenir musicienne… Une dealeuse qui se reconverti en musicienne… La belle histoire…

Je souris ironiquement. Je ne me foutais pas de son rêve. Parce que j’avais eu le même quand j’étais plus jeune. Je me disais juste que les gens qui rêvaient de ça ne rêvaient que des bons côtés des trucs.

-Si tu réussis, prépares-toi à ne plus jamais avoir la paix de toute ta vie !

Je marquais une pause pour fumer une bouffée de ma cigarette avant de reprendre.

-Mais si tu as du talent tu peux y arriver je pense. Puis t’as l’air d’avoir un sacré caractère. J’y suis bien arrivé moi…

Mais au fond… C’était quoi la différence entre dealer et musicien. Dans les deux cas, t’avais la drogue qui te pendait au nez… La tentation d’en reprendre à tous les coins de rues et les raisons de le faire à chaque coup de fil de ton manager.

-Mais je ne sais pas si devenir musicien est le meilleur moyen d’échapper à la drogue.