Mon père fut mit en terre ce matin.

Je savais que ce moment serait encore plus pénible que tous les autres puisqu’il mettait un point final à toute notre histoire. J’ai eu très mal en voyant descendre le cercueil et les fleurs qui tombaient dessus comme une pluie d’amour.

Ce fut aussi un moment de rapprochement, entre Olivia et moi. Nous avons pleurés dans les bras l’une de l’autre. Je lui ai dit combien je l’aimais et a quel point elle était importante pour moi et que rien ne devait se mettre entre elle et moi.  J’ai espoir que ce moment privé entre elle et moi aura suffit à mettre un baume sur nos blessures respectives et qu’elle ne craindra plus de venir me voir quand bon lui semble.

Ce passage à Tijuana à replacé certaines choses en perspectives dans ma vie. Des choses que j’ai perdues de vu, je ne sais trop comment c’est arrivé d’ailleurs. Et après discussion avec Enrique, nous avons convenu que je pourrais amener Maximo et Rosalynn avec moi à Los Angeles au moment des vacances et des longs congés et que, de mon côté, je ferais en sorte de venir les voir à Tijuana au moins uns fois par mois.

Mes bagages sont maintenant prêts, il est temps de retourner auprès de Jimmy. Mais avant, je dois lui téléphoner pour lui faire part de certaines choses.  Mes enfants seront mis en avant plan dans ma vie et je veux être certaine que tout sera fait en sorte de les recevoir convenablement. Je veux que tous les gens que j’aime puissent graviter autour de moi en harmonie. Qu’elle soit sincère ou non, ce n’est plus discutable.

Je m’installe sur le lit de ma chambre d’hôtel, le dos bien droit, et soulève le cornet du téléphone avant de faire tourner la roulette des chiffres composant le numéro de chez Jimmy… chez moi.  La sonnerie se fait entendre longtemps au point où je me dis qu’il n’y a personne à la maison, même pas John.  Mais finalement, c’est Frances qui  me répond alors que j’allais raccrocher.

- Bonsoir, Frances. J’aimerais parler à Jimmy, sil-vous-plait.

Le ton entre nous deux est froid.  Cette femme ne m’apprécie pas le moins du monde, pourtant, elle s’efforce de maintenir un minimum respectable pour bien paraître.  J’aimerais connaître les vraies raisons de son comportement à mon égard bien que… j’en ai de gros doutes. Je préfère tout de même ne pas me faire de scénario. Je crains que la vérité me mette définitivement inconfortable et ajoute à ce qui est déjà bien compliqué et tendu.

Le silence s’installe à nouveau au bout du fil, le temps que Jimmy ne prenne mon appel et cette attente me rend soudainement tr`s nerveuse.

Comment vais-je lui annoncer mes intentions ?  

Comment va-t-il réagir ?

Quand enfin je l’entends à l’autre bout du fil, je me surprends moi-même à sourire, signe qu’il me manque et qu’il me tarde de me retrouver dans ses bras.

- Bonsoir mon amour ! Tu me manques, tu sais?

@ Billy Lighter

J’étais sur le point de finir ma conversation avec Daniele au téléphone lorsque Frances passa sa tête dans l’embrasure de la porte de mon bureau. Elle me fit lire sur ses lèvres qu’il y avait un autre appel sur la ligne secondaire. L’appel était donc parvenu dans le bureau de Frances vu que j’étais déjà au téléphone.

D’un signe de la main, je lui signifiai de mettre l’appel en attente le temps que j’en ai finis avec Daniele.

Moi qui détestais le téléphone, j’étais servi.

Mais j’avais de choses de première importance à régler. La première, éloigner Daniele et Anthony de la villa Ricci autour de laquelle la Casa Nuova allait se mettre à circuler. L’Italien n’avait qu’à partir en Australie avec le petit afin de me laisser le temps, ici, de trouver comment continuer à les protéger sans donner à la Casa Nuova et à Fleming les armes pour faire du mal aux Pequeñas Manos.

Ward était celui qui m’inquiétait le plus. Oh certes, il n’était qu’un homme de main même si d’après ce que j’en savais, il était le second d’Angelo Conti. Sauf que cet enfoiré détenait une information de taille, une information que Conti devait désormais avoir, lui aussi : j’étais la véritable tête des Los Diablos.

Pas Alonso.

J’étais exposé et en intimidant les Pequeñas Manos, Ward me l’avait bien fait comprendre.

Donc tous ceux qui m’entouraient, et ceux qui m’étaient chers en particulier, étaient exposé.

Je finis par raccrocher avec Daniele. Mais pas le temps de penser au prochain mouvement que j’allais devoir faire en vue du retour de Daniele d’Australie, ce qui me laissait en réalité, très peu de temps. Mais avant, il fallait que je prenne l’appel suivant.

Si c’était Daryll qui m’appelait pour une connerie, il allait bien vite aller se faire f…

Bonsoir mon amour ! Tu me manques, tu sais?

J’écarquillai les yeux, mon cœur battant beaucoup trop vite au doux accent reconnaissable entre mille de celle que j’aimais à l’autre bout du fil.

-Maritza…

Je passai une main sur mon visage, nerveusement.

-Où es-tu ? Je t’espérais déjà sur le chemin du retour…

Je déglutis, me repris. Mon ton de voix sonnait beaucoup trop « tu me manques et je m’inquiète » à mon goût.

Elle était seule… Et j’avais l’impression que là tout de suite, plus aucun endroit au monde n’était sécurisant pour elle. Nous avions exposé notre relation en tournée et dans une déclaration faite par moi-même à L.A.People. Je m’inquiétais moins pour Olivia qui était protégée par le fait que je me refusais à la reconnaître, même par de simples allusions.

Je pris le temps de respirer, essayant que cela ne s’entende pas.

-J’espère que cela s’est bien passé… Si tout est terminé, prends le premier avion. Viens me rejoindre. Je t’enverrai un taxi.

Pas un Los Diablos, pas John avec la Cadillac. Un vrai taxi tout ce qu’il y avait de plus banal comme une centaine d’autres hommes en prendraient depuis l’aéroport en même temps qu’elle, pour ne pas attirer l’attention.

Il y avait des années de cela, je l’avais éloignée de moi pour la protéger. Aujourd’hui que tout le monde savait qu’elle était celle que j’aimais… je ne voyais pas plus sûr pour elle que la villa Reed. Chez moi. Chez elle. Chez nous.

@ Billy Lighter

Mon cœur s’emballe au simple fait que d’entendre sa voix.  Comme j’ai hâte de pouvoir à nouveau  l’entendre me parler au petit matin, quand il me croit encore endormie. J’en frissonne rien que d’y penser et entortille le fil du téléphone autour de mon doigt.

- Je suis encore à Tijuana, Jimmy, je prendrai le prochain vol, mais je devais t’appeler avant.

Pour me rassurer.

Pour pouvoir discuter avec lui de ce que je veux, à court terme, et qui forcément, influencera notre avenir. Je ne peux penser au ‘’je’’ mais au ‘’nous’’ et maintenant, le ‘’nous’’ à prit beaucoup d’expansion au cours des dernières heures.

Je pousse un petit soupire alors qu’il me demande si tout est terminé et si ça a bien été.

- Oui, enfin, j’imagine que ça a été aussi bien que cela peut l’être dans les circonstances. Le notaire me fera parvenir les détails pour la succession mais de ce que j’en sais, il a tout laissé aux enfants.

Ça me va très bien.

De toute façon, hériter de mon père ne me le ramènera pas et n’effacera pas le chagrin qui me reste lié à notre dernière conversation.

Cependant, je fronce un peu des sourcils quand il me dit de prendre le premier avion et qu’il me fera envoyer un taxi pour me prendre à l’aéroport.

- Un taxi ?

Je n’ai rien contre les taxis mais je m’attendais à être accueillie pas mon homme ou, s’il ne pouvait vraiment pas se libérer, par John. Mais pas par un inconnu en voiture jaune. Qu’importe, je suis certaine que ça amusera Maximo et Rosalynn.

- Mon avion devrait atterrir vers  7h15 demain matin. Jimmy, je ne reviens pas seule.

J’ai lâché le morceau !

De le dire me donne un petit peu mal à la tête et je me masse le front de ma main libre, craignant de l’entendre s’objecter, s’offusquer ou je ne sais quoi et bien pire encore. J’ai conscience qu’il n’appréciera peut-être pas la présence de mes enfants mais je ne peux et je ne veux pas être une mère fantôme.

Dorénavant,  c’est un package deal.

- Avec Enrique nous avons convenus qu’ils viendront nous visiter pendant les vacances et les longs congés et que je m’y rendrais au moins une fois par mois, en contre partie. Les enfants ont hâte de te rencontrer.

Il n’en est rien, en fait, je n’ai pas abordé la question avec eux quand, Enrique et moi leur avons annoncés qu’ils viendraient en voyage à Los Angeles avec moi, ce qui  implique que je n’irai pas en Australie pour la suite de la tournée, du moins, je ne partirai pas en même temps qu’eux puisque je devrai retourner à Tijuana pour rendre les enfants à Enrique.  J’ai quand même dit ça un peu en espérant que ça adoucisse la réaction de mon fiancé.

@ Billy Lighter

Maritza était toujours à Tijuana et moi, je n’avais pas les idées claires. J’en étais encore, alors même que je parlais, à cogiter en même temps sur la manière la plus sécurisante de la rapatrier au plus vite auprès de moi.

J’étais d’ailleurs toujours debout dans le bureau, le cornet du téléphone en main, comme si je devais absolument aller quelque part sauf que je n’avais nulle part où aller. Et Maritza qui ajouta qu’elle devait me téléphoner avant de rentrer, avec un ton inquiet.

-Quoi ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui se passe, mon amour ?

Ma paranoïa déjà naturellement bien installée venait d’en prendre un coup et je n’avais même pas eu le temps de souffler, ni de réfléchir, entre le coup de fil que je venais de passer à Daniele et celui-ci.

Et quelque chose d’irrationnel, alors que tous ces maudits coups de fil s’enchaînaient, me faisait croire que tout avait un lien. Que même si je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus tout de suite, il y avait un lien !

Mais si Maritza semblait angoissée, elle n’avait pas pour autant l’air en état d’urgence quand elle me dit que les funérailles s’étaient bien passées et que le notaire lui ferait parvenir les informations pour la succession.

Je me détendis un rien et finis par me laisser tomber dans le fauteuil de mon bureau en me frottant les yeux très fort d’une main.

-D’accord… d’accord… C’est très bien pour tes enfants, j’imagine…

Je n’en savais foutre rien… De toute façon, le vieux Cortez ne devait quand même pas avoir grand-chose. Ou tout du moins, pour quelqu’un comme moi, ce n’était pas grand-chose. En fait, cela m’importait peu, j’en étais toujours à délibérer avec moi-même sur la meilleure façon de ramener Maritza ici.

Et son hésitation quant au taxi suffit à me décontenancer… Parce que je n’étais pas sûr moi-même que cette solution soit la meilleure. J’étais dans le rouge comme je ne l’avais plus jamais été depuis le matin où j’avais envoyé Maritza à Tijuana, chez sa mère.

-Ou peut-être que je viendrai… Que j’arriverai à me libérer. Je ne sais pas encore.

Mais je ne viendrai pas avec ma voiture, alors. Je viendrai avec une voiture de location. Je n’avais pas peur pour moi-même, c’était pour elle que j’avais peur. Mais d’un autre côté…

D’un autre côté, si j’y allais moi-même… Si j’y allais moi-même, la cible, ce serait moi, pas elle. Ils s’en prendraient à moi, pas vrai ?

-Je viendrai. Mais… j’aurai une voiture de location la Cadillac a un problème moteur.

Je ne voulais pas alarmer Maritza et je ne me rendais même pas compte que mes hésitations et mes changements d’avis pourraient suffirent à lui mettre la puce à l’oreille.

-7h15. D’accord… Pardon ?

J’attendis, mais pas longtemps. Elle ne revenait pas seule… Mais avec ses enfants. Ses deux plus petits, Rosalyn et Maximo.

Je soupirai, laissant tomber ma tête dans ma main, me frottant fort le front. Il ne manquait plus que ça : deux enfants de plus à protéger en redoutant un mouvement de la Casa Nuova.

J’aurais pu refuser… Après tout, est-ce que j’étais encore là-dessus ? Mais…

-Bien sûr… Je vais dire à John de leur préparer des chambres d’ami…

Je tendis la main vers le tiroir de mon bureau pour en sortir une bouteille de whisky et me servir un verre. J’en pris une gorgée avant de continuer.

-Je comptais de toute façon t’annoncer à ton retour que nous ne pourrons malheureusement pas suivre Livia en Australie. Moi, en tout cas, je ne pourrai pas. Mais si tu veux y aller avec tes enfants, pour qu’ils voient leur sœur sur scène, vous pourrez voyager sans problème avec Livia.

A la limite, pourquoi pas ? Tout le monde en Australie pendant que je fais le ménage ici. En sachant tout de même que chaque déplacement était un danger pour Ritza. En fait… En fait, j’avais énormément de mal, puisque je réagissais à chaud au coup de fils d’Alonso, puis à celui à Daniele, à évaluer quelles étaient les attitudes à éviter.

-Même si je préfèrerais que tu restes avec moi.

Parce que tant qu’elle sera avec moi… Je serai la cible la plus tentante à abattre.

@ Billy Lighter

Si j’étais un tout petit peu plus paranoïaque, je croirais que quelque chose ne va pas en me fiant uniquement à la voix de Jimmy qui me paraît… hésitante. Oui, c’est le mot.  Même dans nos moments intimes, il n’a jamais montré une quelconque hésitation. La légère et très subtile oscillation dans sa voix a de quoi me surprendre.

Possiblement… de la fatigue ou des problèmes avec BSC, rien qui ne me concerne, du moins je ne crois pas. Cela dit, je sens que je vais lui donner une raison de plus de s’en faire, autre le fait que je ne suis pas encore dans l’avion supposé me ramener auprès de lui.

- Bon alors ce sera une surprise, à savoir si ce sera toi où si je prendrai un taxi…

La Cadillac à un problème de moteur et c’est ce qui explique que Jimmy ne saurait peut-être pas venir me chercher.  Ce n’est pas très grave, je comprends aussi très bien qu’il ne puisse pas se déplacer jusqu’à l’aéroport pour venir me prendre. Je le sais très occupé surtout peu de temps  avant le départ de la tournée vers l’Australie.

C’est dans le même souffle que je lui annonce que je reviens en compagnie de mes enfants et Jimmy, contre toute attente, ne s’y oppose pas. Au contraire, il fera leur préparer des chambres, ce geste me touche, grandement.

Jimmy me confie ensuite que, malheureusement, nous ne pourrions pas nous rendre en Australie pour la suite. Les grands esprits se rencontrent, faut-il le croire ?

- Oh, et bien… C’est gentil de me proposer de me rendre en Australie avec les enfants mais… je ne sais pas.  Enfin, nous pourrons encore en discuter quand je serai rentrée, avec eux, d’accord ?

À mon avis, ce serait plutôt le bon moment pour que mes enfants et Jimmy se rencontrent et développe un semblant de relation. Quelque part en moi, je me demande si ça ne sera pas plus facile avec eux puisqu’il n’est pas leur père, alors qu’avec Olivia, il y a ce blocage dû à ce lien qui les unit.

Qui sait ?

Jimmy me fait rougir, c’est aussi bête que ça, simplement en me disant qu’il préférerait que je demeure avec lui.  Il n’a aucune idée de combien ce genre de confession me font du bien.  Il n’y a pas qu’une seule façon de dire à quelqu’un qu’on l’aime.

- Je préférerais aussi rester avec toi mon amour.

Un rapide coup d’œil à l’horloge de ma chambre tout en cessant de jouer avec le fil du téléphone pour refaire le même geste avec une mèche de mes cheveux.

- Je dois finir de me préparer et me rendre chez Enrique pour prendre les enfants et m’assurer qu’ils ont tout ce dont ils auront besoin. On se voir demain ? … oh, et, mon amour ?  Merci !...

Je pourrais très bien resté au téléphone avec lui des heures, simplement pour l’entendre respirer ou me parler de tout et de rien, tant qu’il me parle. Sa voix me fait toujours un effet indescriptible. Mais si je veux rentrer et pouvoir me blottir dans ses bras…

- Je t’aime mon amour, à demain !

@ Billy Lighter

Oui, voilà. Excellente idée, Maritza. Une surprise. Si ni elle, ni moi, n’étions sûrs de la procédure que nous allions suivre pour la ramener de l’aéroport à la maison, la Casa Nuova ne pourra pas non plus le savoir. Mais il y avait de grandes chances que je vienne la chercher, avec une voiture aux vitres teintées qui ne serait pas la mienne. Sans traîner, juste le temps de l’embraquer pour démarrer et venir nous réfugier ici.

Et pendant que je cogiterais… Maritza aurait de quoi s’occuper avec ses enfants qu’elle m’annonça vouloir reprendre pour les vacances. Toutes les vacances scolaires. Je n’y voyais pas d’inconvénient et je n’en aurais pas vu même si je n’avais pas eu le problème de la Casa Nuova à régler. Elle me téléphonait pour me prévenir et je trouvais moi-même extrêmement important qu’une mère soit là pour ses enfants.

Un père… un père, c’était autre chose. Mon père avait été la plupart du temps absent même lorsqu’il était physiquement là et lorsqu’il se rappelait que j’existais, c’était pour souligner à quel point j’étais un moins que rien.

Mais ma mère m’avait toujours été précieuse, même encore aujourd’hui. Alors bien loin de moi l’idée d’éloigner à jamais Maritza de ses enfants.

J’esquissai un sourire malgré tout.

-J’apprécie que tu m’aies prévenu.

Si elle avait débarqué à l’aéroport avec les enfants sans me prévenir, sans rien me demander, je ne savais pas comment j’aurais réagi… Probablement en prenant la chose comme une invasion en plus d’une perte de contrôle encore pire de la situation. Mais heureusement, Maritza avait décidé de m’en parler avant, du coup, je savais  quoi m’attendre, je ne serais pas pris par surprise.

Quant à les emmener en Australie, Maritza ne savait pas encore ce qu’elle comptait faire. Mais apparemment, elle n’avait pas spécialement un besoin catégorique d’y aller, ni un désir particulier de faire découvrir l’autre bout du monde à ses deux jeunes enfants. Elle préférait que l’on en parle de vive-voix.

-Ok…

Je repris une gorgée de whisky, m’accrochant à sa voix parce que dans ma tête, une petite voix bouffée de paranoïa me hurlait que c’était peut-être la dernière fois que je l’entendrais.

Elle préférait rester avec moi… Je souris un peu plus franchement. Cette phrase suffisait à effacer la froideur de Mariza ces derniers temps. A croire que ce petit voyage à Tijuana, malgré le deuil, lui avait un peu rappelé qui elle était vraiment. Une Maritza qui ne devait pas se laisser museler, et certainement pas par moi.

Maritza déclara alors qu’elle devait se rendre chez son ex-mari pour préparer les enfants. Je hochai la tête même si elle ne pouvait pas me voir.

-Oui… On se voit demain. Ne me remercie pas. La place d’une mère est avec ses enfants, je n’aurais jamais pu te refuser ça.

Je passai une main sur mon visage.

-Je t’aime. Sois prudente.

Elle raccrocha et je gardai encore deux ou trois secondes le cornet du téléphone contre mon oreille avant de le reposer… en priant pour qu’il ne se remette pas à sonner. Mais non.

Je pris une cigarette, l’allumai, en soufflai la première bouffée et m’étalai, les deux bras tendu et la joue contre le bois vernis de mon bureau en soupirant.

Je me sentais à la fois piégé…

Et étrangement vivant.

@ Billy Lighter