La fête battait déjà son plein alors que nous venions à peine d'arriver! Et nous nous étions laissé entraîner par la joyeuse bande de Nathan Williams qui était déjà passablement bourré après quelques verres seulement! J'avais essayé de résister à la tentation en disant que j'avais du boulot, moi, demain, que mon travail ne commencerait pas, comme pour les rockstars, à la fin de l'après-midi ou en début de soirée!

Non, j'allais devoir me lever! Comme la plupart des roadies, d'ailleurs!

Mais ça faisait tellement plaisir de revoir The Burning Fire en bien meilleure forme que lorsque nous nous étions brièvement séparés pour la pause à Los Angeles! A croire que la canicule les avait requinqués! Personnellement, j'étais ravi de pouvoir profiter de la relative fraîcheur de l'hiver australien...

Du coup, c'était toutes mes bonnes résolutions qui avaient fondu et je me retrouvai embarqué avec le groupe et toute une bande d'autres roadies.

Seule Apolline Mclagan avait la mine très sombre et les rumeurs couraient salement à son sujet parmi les roadies. Elle serait prête à quitter le groupe? Cependant, son professionnalisme la poussait à rester jusqu'à la fin de la tournée...pour les gens, pour les fans.

Et je n'arrivais pas à savoir s'il s'agissait d'un simple ras-le-bol, des répercussions de la rupture de la guitariste avec le batteur ou d'une rancune due à la naissance de Fireworks.

Etant donné que j'avais pu passer une soirée à Fairfax, lors de la pièce de théâtre donnée par l'école, avec elle, j'avais bien essayé de l'approcher, de l'amener à participer à la fête, mais tout ce que j'avais réussi à faire, c'était à me faire remballer.

Je choisis alors de me tourner vers une compagnie plus amicale et dans ces cas-là, c'était toujours vers la même personne que je me tournais: Delfino Alvarez à qui je tendis la bière que j'avais au départ réservée à la guitariste, comme un appât.

-Tiens...

Je désignai discrètement la guitariste par-dessus mon épaule. Je pouvais parler normalement, voire fort parce que la musique résonnait fort dans les couloirs de l'hôtel que tout ce beau petit mon Made In MTI venait de littéralement investir sans trop se soucier des résidents qui n'avaient rien à voir avec la tournée.

-J'ai bien essayé de la faire rire un peu mais sans aucun succès...

Quelques fans et groupies avaient réussi à se payer le même hôtel que nous et s'étaient bien évidemment mêlés à la fête sans que personne ne les en empêche et c'était vraiment pas mal.

Je souris à Delfino.

-Tu te sens capable de prendre une cuite puis d'aller bosser demain? Parce que je t'avoue que...

Je pris une bonne gorgée de ma propre bière que je vidai avant de regarder fièrement la bouteille vide.

-Moi, je suis bien parti pour.

@ Billy Lighter

La tournée avait repris avec une bien meilleure ambiance que lors de la partie asiatique. The Burning Fire avait repris du poil de la bête comme je pouvais le constater à cette fête qu’ils avaient organisée à l’hôtel même où on résidait pour la date à Melbourne.

Nathan J. Williams était très motivé et racontait des histoires rocambolesques à gauche et à droite. Je prenais plaisir à discuter avec les autres roadies qui participaient à l’ambiance de cette fête. Le seul bémol était de voir Apolline Mclagan aussi distante par rapport aux autres. Je pouvais comprendre la guitariste. Sa rupture avec Stone, le single de Fireworks et maintenant Peyton Davis qui suivait le batteur comme son ombre depuis qu’ils étaient en couple, ça devait être difficile à vivre pour elle.

Je ne la connaissais pas assez pour aller lui parler et essayer de la réconforter mais les rumeurs à son égard m’inquiétaient quand même pour le groupe qui avait déjà vécu pas mal de bas. La mort de Kayden en faisait partie mais voir Apolline partir ne serait pas facile pour les fans qui aimaient le nouveau The Burning Fire. Je blâmais un peu Stone sûrement parce que mes préjugés envers lui n’avait que très peu changés depuis ce qu’il s’était passé entre lui et Olivia. Kenzie n’avait fait qu’arrondir un peu les angles en me faisant part des meilleures facettes du batteur.

J’étais dans mes pensées quand Abel m’avait frappé dans le dos. Je ne l’avais pas vu essayer d’aller vers Apolline. Il venait m’apporter une bière.

-Merci.

Abel était devenu, depuis notre premier rencontre il y a quelques années, un ami fidèle sur qui je pouvais compter. On était souvent fourré ensemble quand on travaillait.

Il m’avait montré Apolline. Son intervention auprès d’elle n’avait rien donné. Pourtant, je savais qu’Abel avait un don particulier pour remonter le moral des troupes.

-Elle n’a pas le moral depuis sa rupture avec Stone… Mais je crois que c’est pire depuis que le batteur s’est remis en couple. Lola est là, en plus… J’imagine que ça ne donne pas vraiment envie à Apolline de faire la fête.

Les raisons pouvaient aussi être ailleurs. Je ne connaissais pas tous les rebondissements de la vie privée des membres du groupe.

J’avais commencé à boire la bière qu’Abel venait de m’offrir. Il était prêt à boire beaucoup ce soir étant donné l’ambiance qu’il y avait. Je pouvais le comprendre.

-Je crois que je saurais facilement me lever après une cuite pour aller bosser. Je l’ai déjà fait beaucoup de fois.

Souvent quand j’étais dealer c’était ce qui arrivait. La vie au sein des Los Diablos n’était pas toujours facile et chacun trouvait son moyen de décompresser. Souvent la drogue et l’alcool était la solution toute trouvée et celle que j’utilisais à l’époque.

-Je pense qu’on a mérité de s’amuser un peu. La tournée n’à pas toujours été facile surtout en Asie. Ben Masters était un vrai con.

Je n’avais pas apprécié le comportement de Masters vis-à-vis des roadies. Il se prenait pour ce qu’il n’était pas et ça a été le cas pendant toute la durée de son remplacement.

-Je n’ai pas d’affection particulière pour Stone mais il est quand même bien plus sympa que Masters.

Abel savait très bien pourquoi je n’appréciais pas Stone. Il était là le jour où Olivia s’était retrouvée seule et droguée dans l’Eastside.

@ Billy Lighter

Delfino avait pris la bière que je lui avais offerte. Bien que "offerte" était un bien grand mot étant donné que nous étions tous en train de picoler sur le compte de MTI... Un comble quand on savait que celui qui avait initié cette fête, d'après ce qui se disait, était un artiste de BSC, Sniper. A croire que c'était du sabotage financier.

N'empêche que c'était une excellente idée! Il était tôt encore, mais l'ambiance était plus qu'au rendez-vous et tout le monde s'y mettait, sauf Apolline Mclagan qui râlait dans son coin. Comme si elle n'arrivait pas à se résoudre à aller s'enfermer dans sa chambre, comme si elle voulait garder un œil sur Lola.

Et Delfino fit les mêmes observations que moi.

-Oui, ça fait beaucoup en quelques mois seulement. Mais c'est elle qui l'a quitté parce qu'il la trompait, non?

Alors moi, je dis, assume, quelque part. Tu pars, tu pars... Faut pas venir pleurer après. Et encore moins montrer de la jalousie en voyant son ex avec une autre. Ça aurait été Howard qui aurait plaqué Apolline, j'aurais encore compris. Mais là, la mauvaise humeur d'Apolline était injustifiée, sauf si ça avait trait à Fireworks. Là, je pouvais comprendre le différent au sein du groupe. Même si j’adorais vraiment Fireworks.

Mais Nathan, ça n'avait pas l'air de le perturber, lui... Enfin... Est-ce qu'il y a quelque chose qui perturbe vraiment Nathan? Lui qui vit dans un monde envahi par les aliens?...

Je portai ma bouteille de bière à mes lèvres, mais avant de boire, fis cette réflexion à Delfino:

-C'est quand je vois ce genre de truc que je suis bien content d'être célibataire...

Ou alors, je disais juste ça pour me rassurer... Pour l'instant, avec la tournée, je n'avais pas le temps de me sentir seul, mais de retour à Los Angeles, ce serait une autre histoire.

Tout ça pour dire que Delfino était prêt à faire la fête! Et je ris en lui tapant un bon coup dans le dos.

-Parfait! Il faut terminer en beauté cette tournée mondiale, après tout...On a accompli pas mal de travail, je trouve. Surtout vous en pyrotechnie... Le spectacle est magnifique à chaque fois! Je crois qu'on peut être fier du résultat malgré les petites embuches qui se sont trouvées sur notre chemin.

Et justement, Delfino souligna que Ben Masters était un vrai con. Je hochai vigoureusement la tête.

-Je crois même que "con" est un peu faible pour le qualifier. Heureusement que Nathan est pas du genre à se laisser faire. C'est son attitude avec Mcavoy qui m'a le plus dégoûté.

Il fallait le voir lancer des insultes au pianiste... Ou lui changer ses affaires de place pour le perturber quand il avait le dos tourné. Heureusement, David avait un véritable ange gardien avec lui, la jeune Sydney Grey. Enfin...je crois qu'elle était jeune, plus jeune que moi. Je ne savais pas quel âge elle avait, mais elle faisait jeune. Bref, en tout cas, Masters n'osait pas la ramener quand elle était dans le coin, alors même que la jeune femme ne me semblait pas plus agressive que ça.

Mais elle était en pleine possession de ses moyens, elle. Ça ne m'aurait pas étonné que Masters n'ose s'en prendre qu'aux plus faibles.

Je m'installai sur une pile de casiers de bière. On était bien mis ici, on pouvait voir tout le monde et on était pas trop près des amplis ce qui faisait qu'on arrivait encore à se parler plus ou moins sans gueuler. Et je désignai vaguement Lola de ma bouteille de bière, toute petite coincée entre Stone et Kurtz.

-J'ai jamais rencontré Lola avant aujourd'hui... Mais j'ai pas l'impression de voir en elle tout ce que la presse en dit...

@ Billy Lighter

Apolline n’avait pas eu de quoi se réjouir ses derniers temps entre Stone qui l’a trompé, sa rupture avec ce dernier et Fireworks. Je pouvais comprendre sa mauvaise humeur.

-Oui, c’est elle qui l’a quitté… Mais ce n’est pas toujours facile de tourner la page même si on est celui qui met fin à la relation.

Je savais de quoi je parlais parce que j’avais vécu ça avec Bailey. C’était moi qui avais mis fin à notre relation parce que je savais que je n’aurais pas pu l’aider sans avoir du ressentiment pour ce qu’elle avait fait. J’en avais souffert aussi même si j’avais été l’initiateur de la rupture.

Etre célibataire était parfois un peu triste mais il y avait des avantages. J’avais passé de très bons moments avec Bailey mais aussi des moments très difficiles. Je regrettais les bons moments probablement plus que je n’étais soulagé des moments difficile. Je ne savais donc pas si j’étais aussi content qu’Abel d’être célibataire.

-Quand on voit ce genre de chose oui. Mais être en couple apporte des choses magnifiques aussi.

Pour l’instant, l’heure n’était pas à se morfondre mais à faire la fête après tous le travail abattu au cours de cette tournée. Comme l’avait dit Abel, on pouvait être fier du show que donnait The Burning Fire et dont on était, en partie, les artisans. On formait une très belle équipe qui se serrait les coudes. Je ne regretterais jamais d’avoir quitté le Dizzy Warhol pour venir travailler pour MTI. Cette vie m’avait changé et avait fait de moi un homme nouveau. Ma mère aurait aimé cet homme que je suis devenu.

-Oui, on peut être fier. On a tous très bien travailler que ça soit nous ou le groupe. Il faut qu’on continue comme ça.

Une cuite n’allait pas être un obstacle au spectacle de demain. Je savais encore facilement me lever avec une gueule de bois.

Notre avis sur Ben Masters était le même. Je préférais Stone à lui. Son attitude envers les membres du groupe et les roadies étaient détestable surtout celle envers David McAvoy.

-Moi aussi… J’espère qu’on ne le reverra plus avec le groupe. Il n’a pas arrangé l’ambiance avec son attitude.

On s’était assis tous les deux sur des casiers qui jonchaient le sol. Lola n’était pas très loin mais je ne voulais pas la déranger alors qu’elle était avec Stone. Elle voulait sûrement profiter de la soirée avec lui. Je pourrais sans doute lui demander plus tard comment elle se porte même si je pouvais voir qu’elle allait beaucoup mieux qu’à notre dernière rencontre à Los Angeles quand j’avais veillé sur elle le temps qu’elle se remette de sa blessure.

Abel avait l’impression que Lola n’était pas comme la presse la décrivait.

-Moi j’ai eu la chance de lui parler un peu maintenant qu’elle travaille pour MTI. Elle n’est pas du tout comme les médias le disent. C’est une fille émotive et fragile comme le sont beaucoup d’artistes. Je crois que les médias exagèrent vraiment où alors qu’elle est comme ça avec les gens pour se protéger. En tout cas, avec moi, elle est vraiment sympathique.

Je n’avais pas raconté à Abel ce qu’il s’était passé avec Peyton parce que Timmy Evans ne voulait pas que ça s’ébruite. Je n’aimais pas cacher des choses à mon ami mais je devais respecter ce que souhaitais Timmy et Peyton.

-Par contre, je n’aurais jamais imaginé qu’elle puisse sortir avec Stone… Même s’ils vivent dans le même monde.

J’avais déjà bien entamé ma bière qui se buvait très facilement.

-Ok, je sais… J’exagère avec Stone… Mais je n’ai pas encore digéré ce qu’il a fait à Livia.

Livia ça faisait longtemps que je ne l’avais plus vue parce qu’elle parcourt les routes avec Roadtramp de son côté. J’essayerais de prendre de ses nouvelles quand je serais rentré.

-Tu crois que tu peux descendre autant de bière que le latino que je suis ?

J’avais de l’expérience en la matière et c’était l’occasion de s’amuser.

@ Billy Lighter

Merde... J'avais tapé là où ça faisait mal sans réfléchir. A vrai dire, l'effervescence de ce qui se passait autour de nous alors que de plus en plus de gens nous rejoignaient, dont des personnes qui résidaient simplement à l'hôtel sans faire partie de la tournée, avait fait que j'avais parlé sans faire le parallèle entre Apolline qui tirait une gueule jusque par terre en regardant Stone et Lola qui avaient entamé un concours de shots et la relation de Delfino avait celle qui était désormais Bailey North.

Peut-être aussi ne l'avais-je pas fait parce qu'il n'y avait rien de comparable.

Je repris un coup de bière avant d'annoncer à Delfino:

-Je crois, mais ce n'est que mon avis, que tu compares deux choses qui ne sont pas comparables. Bon, ok, on ne sait peut-être pas tout sur la rupture entre Stone et la guitariste. Mais les circonstances font que ce n'est pas aussi grave que ce que tu as vécu toi.

Ok, être trompé, c'était jamais drôle. Mais au moins, le batteur et la guitariste de The Burning Fire n'avaient pas d'enfant en jeu. Pas plus que l'un d'eux n'était en train de péter les plombs! Enfin... Pas plus que d'habitude quoi.

Quant à ma vision d'un couple, elle n'était pas aussi idyllique que celle de Delfino mais... Je rigolai en passant une main sur mon visage.

-A vrai dire, je ne sais même pas de quoi je parle, je n'ai jamais vécu d'histoire d'amour. Ni vécu en couple.

A mon âge, j'en étais encore aux amourettes d'adolescents qui duraient deux semaines et en plus, c'était deux semaines tous les trois ans...plus ou moins.

Je n'étais pas un roadie, j'étais un moine. Pourtant, ce n'était pas les filles qui manquaient, en tournée... Ni l'envie qui manquait. Mais c'était comme si je m'arrangeais pour n'avoir jamais le temps. Comme si j'avais peur de quelque chose.

Alors histoire de parler de choses que je connaissais, j'en conclus qu'on avait vraiment pas mal bossé sur cette tournée, ce avec quoi Delfino était d'accord. Il n'y avait plus qu'à fêter ça dignement. D'autant plus que Ben Masters était hors-jeu et mon ami d'espérer qu'il le resterait, cet enfoiré.

-Ne t'inquiète pas trop. Les fans de The Burning Fire risquent de faire une émeute s'il revient un jour. Evans est quelqu'un d'intelligent, il ne fera pas deux fois la même erreur. Le public a détesté Ben Masters, globalement.

C'était ce que la presse disait, et c'était ce que j'avais ressentis moi-même en observant ledit public.

Observant Lola plus attentivement tout en sirotant ma bière, je remarquai qu'elle avait beaucoup moi l'air d'être la pimbêche capricieuse que dépeignaient les médias. Elle était en train d'enchaîner les shots et, hormis une bataille d'égo entre elle et Stone, et ils se valaient bien à ce niveau-là, elle n'avait pas l'air aussi froide qu'on ne le disait. Ni de remballer tout le monde sous prétexte d'être ennuyée, ou de vouloir trier sur le volet les gens qui voulaient participer à cette fête improvisée.

Mon regard fut quand même surpris quand je le reposai sur Delfinon qui disait qu'avec lui, elle n'était pas comme ça. Qu'il avait eu l'occasion de lui parler. Il la disait émotive et sensible. Je finis par lui sourire.

-Et ben t'en as de la chance, toi!

Je lui tapai dans le dos en rigolant.

-Ouais, dommage qu'elle sorte avec Stone. Mais bon... Tu sais, dans leur monde, rien ne dure jamais vraiment... Je dis pas ça parce que je crois que tu veux sortir avec Lola, hein... Bien que, pourquoi pas?

Mais je savais pourquoi il en avait après Stone, même s'il me le précisa.

-Tu pourras jamais digérer ça. Et Je l'oublierai jamais non plus. C'était trop glauque comme histoire. Et j'espère sincèrement qu'Howard ne fait plus ce genre de chose.

Et s'il le fait, je ne veux pas le savoir.

Sur ce, Delfino me lança un défi, voir si je pouvais boire autant que lui. Je bondis du casier sur lequel j'étais assis et abandonnai mon premier cadavre.

-Je suis prêt! Tu ne feras pas le poids parce que justement tu es latino... Je fais au moins trente centimètres et trente kilos de plus que toi. T'es minuscule, mon pote.

Je l'emmenai avec moi jusqu'à la table apprêtée par Stone, mais il y avait tellement de gens autour, qui commençaient à tomber comme des mouches déjà, qu'on ne sut pas se mettre à proximité directe des deux stars qui, de toute façon, avaient déjà enterré la moitié des effectifs de MTI.

Mais on était proche de plusieurs casiers et caisses contenant des boissons plus alcoolisées les unes que les autres et je sortis une bouteille de whisky.

-Et on ne va pas faire ça à la bière! On va faire ça sérieusement!

Je souris et posai avec grand fracas la bouteille entre nous sur la table.

@ Billy Lighter

Abel avait raison. Ce que j’avais vécu avec Bailey n’était sûrement pas comparable avec ce qu’il s’était passé entre Apolline et Stone. Déjà parce que les contextes étaient très différent. Apolline et Howard ne vivaient pas dans le même monde que celui dans lequel on avait évolué Bailey et moi.

-Tu as raison.

Les histoires d’amour étaient souvent des choses très belles mais aussi très compliquées. Abel n’était pas familier de ce genre de chose mais j’étais sûr qu’il trouvera l’amour un jour. C’était un type bien et facile à vivre.

-Ça viendra.

Abel et moi parlions de tout ce qu’on avait devant nous et donc principalement de The Burning Fire. Le retour de Stone allait faire du bien au groupe parce que Ben Masters avait fait plus de mal que de bien. Abel était sûr qu’on n’allait plus revoir le batteur de sitôt dans les parages. Il avait été peu aimé par les fans et par les roadies.

-Oui, je crois qu’on peut dire qu’on n’est pas prêt de le revoir…

C’était ce que j’espérais parce qu’avec ce monde qu’est celui du business on ne pouvait jamais en être vraiment sûr. Timmy Evans était intelligent, c’était vraiment là-dedans que je plaçais mon espoir de ne plus jamais revoir Ben Masters.

Stone n’était pas prêt d’être remplacé, de toute façon. Il avait retrouvé la forme et se faisait un concours avec Peyton qui était bien loin d’être la fille dépeinte par les médias. C’était une jeune femme avec un grand cœur qui avait été infiniment reconnaissante de ce que j’avais fait pour elle. Ce n’était pas une diva et pas non plus une fille méchante. Elle avait eu plus d’égard envers moi que des gens moins haut placés que j’avais rencontré dans ma vie.

Abel trouvait que j’avais de la chance d’avoir pu lui parler. J’étais même resté à son chevet mais tout ça devait rester un secret. J’avais quand même éclaté de rire quand Abel avait évalué mes chances de pouvoir finir en couple avec Peyton. Je ne prétendais pas avoir la moindre chance.

-Je ne pense pas que j’ai mes chances. Une star comme elle qui sort avec un roadie, ça n’arrive que dans les contes de fées et je ne crois pas aux contes de fées.

Je la prenais plutôt comme une amie. C’était ce qu’elle m’avait laissé transparaitre pendant le temps où je veillais sur elle. Maintenant, elle allait mieux et j’étais heureux pour elle. Je ne voyais juste pas comment elle pouvait sortir avec quelqu’un comme Stone. Je n’avais toujours pas digéré ce qu’il avait fait à Olivia et Abel pouvait comprendre ça.

-J’espère aussi… Mais je ne suis pas prêt de lui pardonner ça, qu’il ait fait ça par inconscience ou autre. Il n’a pas d’excuses.

Les stars se croyaient parfois au-dessus des lois. Stone avait sûrement dû avoir cette impression quand il a, entre autre, drogué Olivia au beau milieu de l’Eastside.

Je voulais penser à autre chose et le défi que j’avais proposé à Abel allait pouvoir m’aider à ça. Mon ami croyait pouvoir me battre parce que son gabarit était plus avantageux que le mien pour ce genre de concours.

-Ce n’est pas la taille qui compte. C’est l’expérience. J’ai été barman et dealer ! J’ai rivalisé avec des gens qui pouvaient descendre beaucoup de bouteilles !

J’avais sûrement perdu un peu la main mais je ne me voyais pas perdu d’avance pour une histoire de gabarit.

On s’était mis à la table de Stone et Peyton mais bien loin d’eux. Abel voulait faire ça au whisky pour complexifier la chose.

-Je suis prêt !

Le concours était entre nous deux. Les autres roadies participaient à celui organisé par Stone et Peyton qui était déjà commencé avant qu’on arrive. Je buvais chaque verre en regardant mon ami dans les yeux. Je retrouvais mes marques par rapport à mes expériences similaires. J’avais déjà gagné à ce genre de concours contre Alonso. Je n’avais pas peur d’Abel.

Je tenais toujours bien mais mon ami, au fil des verres, déclinait. Je riais parce qu’il était drôle à voir.

-Tu vas vomir, Abel. Tu vas être beau demain.

Je riais sans m’arrêter.

-Je te l’avais dit que ce n’était pas la taille qui compte.

L’expérience primait toujours en tout.

@ Billy Lighter

Je bus à la santé de ce que venait de dire Delfino, à savoir que l’amour viendrait pour moi aussi. Oui… Enfin parfois, j’imagine qu’il faut pousser un peu les choses… Ce que je ne faisais pas vraiment. Pour ne pas dire que je ne pensais qu’au boulot.

Nos digressions allaient d’un sujet à l’autre, Ben Masters, notamment dont on était d’accord de dire qu’il était un gros connard et qu’on espérait bien ne plus jamais le revoir, tout comme la majorité des fans… Tout du moins ceux qui n’étaient pas fan du groupe auquel appartenait Masters.

Pour terminer avec beaucoup d’amusement sur les chances potentielles de Delfino de sortir avec l’actuelle petite-amie de Stone, qui n’était nulle autre que la grande chanteuse Lola ! Mais pour mon ami, cela relevait du conte de fées et il n’y croyait pas…

-Nous vivons à L.A., Delf ! Nous parcourons le monde avec les plus grandes stars de la musique ! Nous sommes déjà dans un conte de fées ! Alors pourquoi pas ? Tout est possible !

Je finis ma bière.

-Et puis il n’est pas interdit de rêver ! De toute façon… Et…

Je le regardai avec un air encore plus amusé…

-Et tu n’as pas dit qu’elle ne te plaisait pas !

Mais elle sortait avec Stone… Et Stone, depuis que j’avais retrouvé Livia errant dans la rue, c’était un peu la bête noire du latino… Tout comme le batteur était un peu descendu dans mon estime… Voire même beaucoup.

-Ouais… Il n’a pas d’excuse… On est bien d’accord…

Mais, allez ! L’ambiance était à la fête ! Tout le monde était en train de boire autour d’une table où Howard et Lola avaient commencé un concours de shot et je lançai le même défi à Delfino qui se vantait d’avoir vécu dans des endroits un peu malfamés et avoir acquis une résistance hors norme.

-Oui oui oui… Je ne crois que ce que je vois, mon vieux Delf…

Oui… Sauf que je n’avais pas pris en compte l’éventualité qu’il puisse avoir raison. Mais effectivement, après une dizaine de verres, je commençai à décliner. Mais je continuais, par orgueil et malgré les mises en garde de Delfino qui suivait le rythme et qui, hormis ses yeux de plus en plus brillants et fuyants, ne semblait pas manifester les mêmes symptômes que moi qui commençais à pencher dangereusement d’un côté.

-Non… Non je vais pas… vomir…

Je tendis le bras pour prendre un nouveau verre alors que j’étais aussi hilare que Delfino… Mais il se renversa quand je tombai carrément sur mon flanc, à terre. Et j’arrivais pas à m’empêcher de rire.

-Ok… Ok t’as gagné, gringo… Oh j’en peux plus… Comment je vais faire maintenant ?...

@ Billy Lighter

Je ne me voyais pas sortir avec une rockstar telle que Peyton. Je pensais que la vie m’avait déjà donné ma part de rêve en devenant roadie pour un grand groupe. J’étais parti de très loin et je pensais que c’était déjà une grande réussite d’être là où j’étais arrivé. La vie m’avait offert tout ça et je n’en demandais pas plus.

Peyton était amoureuse de Stone et ça se voyait. Jamais elle ne sortira avec un roadie comme moi. C’était impossible mais pas pour Abel qui voyait toujours la possibilité de voir des choses impossibles se réaliser car on vivait dans un conte de fée. Mon ami avait toujours le tour pour me prouver que bien des surprises pouvaient encore nous arriver.

-Tu as certainement raison.

J’avais quand même rougi un peu au moment où il avait remarqué qu’elle me plaisait tout de même un peu.

-C’est une jolie et fille et elle est très gentille. Je n’y suis pas insensible mais je la vois avant tout comme une amie.

Je ne savais pas si c’était tout à fait réciproque mais de toute façon elle était en couple avec Stone. Il avait fait bien des choses répréhensibles et n’était toujours pas remonté dans mon estime depuis. Pour Abel, il n’avait pas non plus d’excuses. Il avait mis en danger une jeune fille et avait fait bien pire encore.

Mon ami nous avait ramené à la fête. C’était quand même plus agréable que de parler de Stone. On était prêt à faire un concours de shots que j’avais beaucoup de chance de gagner. Je ne savais pas quelle était la résistance d’Abel mais je connaissais la mienne et elle avait été entrainée au milieu des Los Diablos dont la plupart buvaient de l’alcool comme si c’était du petit lait. Mon ami devrait se méfier de ma résistance mais il voulait le voir pour le croire.

Je lui avais prouvé que mon affirmation était vraie en ne lui laissant aucun répit pendant le concours. Les verres s’enchainaient et mon ami avait du mal à tenir debout pendant que j’étais pris d’un fou rire mais que je tenais encore sur mes deux pieds. J’étais sûr qu’il allait vomir s’il continuait à boire même s’il disait le contraire.

Abel était tombé par terre dans sa tentative de reprendre un autre verre. On avait ri de la situation.

-C’est toi le gringo.

J’avais ri de plus belle mais mon pauvre ami était bien mal embarqué maintenant. Je m’étais penché pour l’aider à se relever mais je n’étais pas très sûr sur mes jambes parce que j’avais bu beaucoup aussi.

-Je crois que je vais te ramener à la chambre…

Je riais encore et je marchais bras dessus, bras dessous avec Abel jusqu’à notre chambre après une soirée mémorable.

@ Billy Lighter