L’évidence me saute aux yeux. David a mélangé alcool et leponex et il fait une overdose ! Je pourrais lui enfoncer deux doigts dans la bouche, le faire vomir, qu’il se vide l’estomac de cette merde qui l’a plongé dans un état comateux.

Pourtant je ne fais rien.

Pas parce que je ne veux pas l’aider, c’est tout le contraire. Là, tout de suite, je donnerais n’importe quoi pour changer de place avec lui, pour qu’il soit sauve et moi… on s’en fou, de moi, l’important, c’est lui.

Sauf paniqué et demander de l’aide tout en continuant de le secouer en l’appelant, je suis incapable de faire autre chose.  C’est comme si j’avais des œillères qui ne me faisait que le voir lui et m’empêchait de regarder tout autour pour trouver une solution.

Je levais la main, tremblante pour la porter à la bouche de David mais je suis écartée, puis on m’éloigne. En fait, non, ils amènent David dans notre chambre et c’est un médecin qui prend le relais.

Je me retrouve assise sur le fauteuil de ma suite, Evan à mes côtés, son bras passé autour de mes épaules dans un geste de réconfort dont j’ai grandement besoin. Il me répète, doucement, presque dans un murmure et comme s’il lisait dans mes pensées, que je n’y suis pour rien.

Pourtant…

Dieu sait que j’ai ma part de responsabilité dans tout ça.

Mes jambes croisées,  celle du dessous tressaute contre le sol alors que je me ronge nerveusement et sans vraiment m’en rendre compte, les ongles, quand je n’essuie pas une larme furtivement avec la manche de mon pull.
Il me semble que le médecin met une éternité à revenir.

Et quand il vient me trouver, je ne suis soulagée qu’à moitié.  David ira mieux mais pas avant que son corps ait éliminé l’alcool. En attendant. Tout ce que je peux faire pour l’aider, c’est de lui passer des serviettes humides sur le corps.

J’allais entrer dans la chambre mais je suis stoppé par Evan dont j’avais presque oublié la présence, emporté par le tourbillon de culpabilité que je suis.

- Reste…  J’aimerais que tu restes.

Puis je ferme les yeux en me massant les tempes puis soupire pour le regarder de nouveau.

- Je veux dire que…  j’ai besoin d’être seule avec lui et tu pourrais aller voir Howard. Mais après, je ne veux pas être seule.

Je ne veux pas être seule quand j’aurai besoin de me retrouver seule.

C’est tout simple, non ?

Avec Evan, je sais que je pourrai décharger de ce qui me pèse, parler en toute liberté sans me sentir juger ou dans l’obligation de me justifier.
Pouvoir avoir son avis, sentir que quelqu’un me tend la main.

J’entre alors dans la chambre où est allongé David et  je grimpe sur le lit après avoir été imbibé d’eau quelques serviettes. Je les lui passer sur le front, dans le cou, sur son torse.

‘’Comment en sommes nous arrivés là…’’

J’aimerais comprendre comment ce qui me semblait être une relation idyllique à pu faire autant de dommage.

- Je suis tellement désolée, mon amour !  Tellement…

Je fini par m’allonger à côté de lui, continuant de lui passer la serviette sur le corps, partout où je le peux.

@ Billy Lighter

David…

Hey !

Daaaaaaaaaaaaaavid.

Stupide idiot.

Debout là-dedans.

DAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAVIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIID !!!!!!

Meurt.

Reste…  J’aimerais que tu restes.

Tout le monde s’en fout !

On n’est pas obligé d’être seul, mon amour.

David…

Sale Junkie.

Mais on n’est pas forcé de vivre pour plaire aux autres.

Idiot.

You shout and no one seems to hear…

Comment en sommes-nous arrivés là… ?

Divad.

David…

Je dois te dire quelque chose…

Je suis tellement désolée, mon amour !  Tellement…

Tu es schizophrène.

Tu sais ce que ça veut dire ?

N-non…

-N…

Je pris une grande…

Grande inspiration.

Le monde était passé…

Du noir…

A…

A un peu moins noir.

Sombre.

Mais pas noir.

-Nnon..

Ma voix était…

Rauque…

J’ai parlé ?

Pas sûr.

Murmuré…

-Je ne… je ne sais pas…

J’crois que David a un problème.

J’crois que David est un problème…

Tu es le problème…

-Syd ?...

Pas la solution.

J’ouvris les yeux…

Doucement.

Juste un peu.

Je déglutis.

Mes yeux bleus…

Balayèrent le plafond.

Sans vraiment le voir…

Jusqu’à ce que…

Du coin de l’œil…

Je vois Syd…

-Hey…

Je déglutis encore.

J’ai mal à la tête.

Tu as tout le temps mal à la tête, David.

Puis je sentis…

Que j’étais…

-Je suis… Heu…

Je tentai de redresser la tête.

Juste un peu…

Pour voir.

-Je suis mouillé… je…

Tu t’es pisser dessus, David !

Non…

Je clignai des yeux.

M’agitai un peu…

-Non je…

C’est des serviettes mouillées…

Un peu froide.

Je frissonnai.

Cherchai Syd des yeux.

Juste à côté de moi.

Mais c’était comme si…

Comme si j’avais du mal à la trouver.

-Qu’est-ce…. Qui s’est passé, où on est ?

Je me rappelais…

Le couloir…

La musique…

Les voix.

Les gens…

Puis plus de gens.

Juste le couloir.

Sans portes.

Sans fenêtres…

Puis plus rien…

Maintenant…

La nuit était tombée…

La musique ne jouait plus.

Le silence régnait.

Sauf dans ma tête.

Je passai une main sur mon visage…

-On… on disait quoi ?

J’ai eu une absence…  

@ Billy Lighter

Installée sur le lit auprès de David,  je passe lentement des serviettes préalablement trempées sur son corps, si délicatement, comme si je craignais de le blesser en appuyant moindrement fort. En fait, chacun de ses tremblements semblent être un reproche.

’’ Tu l’as laissé tomber, alors qu’il avait besoin de toi !’’

’’ Tu as embrasser un autre homme, pendant qu’il glissait vers l’abîme !’’

Mes mains tremblent sur le corps de David. Tout ce que je trouve à lui dire, et c’est bien faible, c’est que je suis désolée. Ces mots ne décrivent aucunement comment je me sens réellement en dedans.

David ouvre les yeux, lentement, très lentement. Ça semble lui coûter d’un effort surhumain, puis il semble scruter autour de lui avant que ses yeux, magnifiques malgré la fatigue et la peur qu’ils arborent.

Sa voix est rauque, brisé, faible. Il est confus alors qu’il me dit que son corps est mouillé.

- Oui je… J’ai passé des serviettes trempées sur son corps pour ne pas que la fièvre grimpe.

Je tente de lui sourire, pour le rassurer, puis je retire les serviettes avant de m’allonger complètement pour le regarder dans les yeux tout en passant ma main dans ses cheveux puis sur sa nuque.

J’essais moi-même de mettre mes idées en places parce que concrètement, j’ignore ce qu’il s’est passé.   A-t-il prit ses médicaments puis vidé une bouteille d’alcool volontairement où était-ce une erreur de jugement ?

En fait, c’était mon erreur.

Mon manque de jugement.

- Nous disions…  je ne sais plus.

J’essuie une larme qui trace sur ma joue, puis une autre puis…

Je les laisses glisser de mes yeux, silencieuses.

- Je ne sais pas comment nous en sommes arrivés là, David, mais je t’aime.

Je l’aime au-delà même du mot amour.

Cet amour là est beaucoup trop grand pour nous, beaucoup trop… lourd.  

- Comment tu te sens ?

Non pas physiquement mais, en dedans, sans son cœur.  Pas dans sa tête, je me doute bien que ce doit être le bordel là dedans, parce que c’est le bordel dans la mienne.  D’un côté je veux me battre, je veux y croire, nous donner la chance que cela fonctionne mais de l’autre, je ne m’en sens pas capable. J’ai peur de le faire souffrir, comme je l’ai fait souffrir, involontairement, ce soir.  Jamais je n’ai voulu ça.

David ressent et devine.

Il est loin d’être idiot.

Il a voulu me donner, ce que je voulais. Maladroitement, peut-être mais il a essayé, on s’est emballés, et nous avons chutés.  Et cette chute, cette première vraie chute m’a suffit pour me faire prendre conscience que nos besoins respectifs ne sont pas au diapason.

- Est-ce que je te rends heureux ?

Peut-être qu’à la base même de notre plus gros problème, savoir si David trouve au moins sa part de bonheur avec moi pourrait m’aider à y voir plus clair.

@ Billy Lighter

♫

J’ai passé des serviettes trempées sur son corps pour ne pas que la fièvre grimpe.

Je me détendis un peu.

-Han… ok…

Répondis au sourire de Syd.

Je levai un peu la main.

Pour effleurer ses cheveux.

Soupirant.

Fermant les yeux.

Quand elle passa sa main…

Dans mes cheveux.

Sur la nuque.

Je ne me sentais pas…

Pas bien…

Mais je me sentais…

En sécurité.

Parce que Syd était là.

Parce qu’elle faisait attention.

Je déglutis.

J’avais comme un…

Un drôle de goût dans la bouche.

L’alcool.

La fête.

On faisait la fête.

On disait quoi ?

Nous disions…  je ne sais plus.

Mes yeux roulèrent…

-Han… je ne sais plus non plus…

Les larmes de Syd…

Coulèrent sur ses joues.

Tu la fais pleurer, David.

Je fermai les yeux.

Tu la fais pleurer encore.

Déglutis encore.

Tu aimes ça, hein ?

Parce que ma gorge se serrait.

Enfoiré !

Je ne sais pas comment nous en sommes arrivés là, David, mais je t’aime.

Je fis un gros effort.

Pour rouvrir les yeux.

Soutenir son regard.

-J-je t’aime aussi… Syd… Qu’est-ce qui… ? Où est-ce que j’ai perdu le fil ?

J’ai eu une absence ?

Plus grave ?

Qu’est-ce qui s’est passé ?

Je rêve ?

On disait quoi ?

Comment tu te sens ?

Je pris une inspiration.

Soupirai.

Ecrasai une larme…

Sur la joue de Syd.

-Heu…

Clignai des yeux.

Mis ma main dessus.

-Je… perdu… Heum… Je ne sais plus comment…

Je me massai les tempes.

-J’ai jamais… jamais bien répondu à cette question…

Je soupirai…

-Mais souvent… je me sens… comme si… heum… rien n’était vraiment réel… Ou que moi, je ne suis pas réel ?

Je frottai mes yeux…

-Il y a… J’ai laissé… une porte ouverte… quelque part et tous mes… cauchemars… voyagent dans les deux sens.

Puis caressai la joue de Syd.

Est-ce que je te rends heureux ?

J’entrouvris la bouche.

Surpris par la question.

Puis la refermai.

Et hochai la tête.

Oui.

-Bien sûr…

Je souris…

Timidement.

-Tu es… tu es la seule dont je sois sûr… Tu es réelle. Mmême dans mes rêves, tu es réelle.

Je t’aime.

Je tiquai…

Baissai les yeux…

-Mmmais je sais que… que mmoi je… je ne suis pas…

Pas facile.

Pas normal.

Pas là.

Pas désiré.

Pas le bon ?

Je pinçai les lèvres.

-Est-ce que je te rends heureuse ?

@ Billy Lighter

Ma tête, mon cœur, mon âme, plus rien n’est en accord.

C’est comme si tous les trois menaient un combat à mort et que chaque fois qu’un prenait le dessus, un plus faible revenait à la charge, raviver par je ne sais quoi le rendant subitement plus fort et ainsi de suite, à tour de rôle, un truc à rendre cinglée.

Je ne sais plus ce que nous disions juste avant d’être interrompu avec Howard. Enfin,  si je me souviens mais ce n’e st plus ce qui compte pour moi, là tout de suite. C’est plutôt de savoir comment il va et ensuite…

… nous verrons.

Tout va beaucoup trop vite.

Depuis le jour où je l’ai trouvé, effrayé, en plein Beverly Hills et où j’ai cru, à tord, pouvoir l’aider.  À partir de là, il n’était plus question de lui ou de moi mais de nous et un nous mal adapté à ce que lui et moi avions besoin, individuellement.

J’ai fait abstraction de l’essentiel en croyant que l’amour était tout ce qui comptait.

- Peut-être quand nous étions dans la baignoire.

Je crois, oui, que le fil s’est déconnecté à ce moment là.

Avec une douceur infinie, je déplace sur lui les serviettes et ose lui demander comment il se sent. Je sais que ce n’est pas simple à répondre… je ne saurais moi-même pas quoi répondre.

Je l’écoute attentivement, mes yeux bordés de larmes, me répondre avec une sincérité spontané.
David n’a aucune malice, il ne saurait pas mentir non plus. Sa réponse me trouble parce qu’elle me fait comprendre que je ne peux même pas l’aider à se niveau là.

Allongée face à lui, je le regarde, tendrement, en caressant sa joue du bout des doigts. Il y a tant de choses que je voudrais comprendre, connaître à l’avance.

C’est impossible.

- Comme dans la White Room ?  Nous y sommes bien, et c’est pour moi très réel aussi.

Bien plus réel que n’importe quoi d’autre.

C’est bien ce qui est troublant.

Et je suis suspendue à ses lèvres, quand il commence une phrase qu’il ne termine pas pour me retourner ma propre question.

- David…

Je ferme les yeux, ma main toujours sur sa joue.

- Toi oui, mais ce que nous vivons, non.

Si je voulais être moins clair, je pourrais faire mieux ?

J’en doute.

- Je ne trouve pas ma place dans ce qui doit être notre réalité. Je ne crois pas que je puisse te faire du bien, à long terme. Tout ce qui se passe, ce qui s’est passé… Je te fais du mal alors que je crois te faire du bien.

Maintenant, il faut jongler avec cette grenade, savoir si elle va nous péter en pleine gueule ou bien si nous parviendrons à la lancer loin de nous.

@ Billy Lighter

Peut-être quand nous étions dans la baignoire.

Peut-être ?

Sûrement…

Daaaaaaaaaaaaaaaaaaviiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiid.

Haaaan…

Ma tête.

J’ai pourtant…

J’ai pourtant géré…

Dans la baignoire ?

On a vraiment fait l’amour ?

Je ne sais pas.

Je ne sais plus.

Tu es stupide, Davey !

Ce n’est que dans ta tête.

Stop.

Attends.

Syd déplaça les linges.

Je soupirai.

Caressai sa joue.

Ses yeux bordés de larmes.

Pourquoi tu pleures ?

Comment tu te sens ?

Même dans mes rêves, tu es réelle.

Comme dans la White Room ?

Je hochai la tête.

Syd…

Est-ce que tu es heureuse ?

Tu connais la réponse, David !

Pourquoi tu pleures ?

A ton avis ?!

Mes yeux aussi…

Se bordèrent de larmes.

Mon cœur accéléra.

Je suis schizophrène.

Pas idiot.

Oh si tu l’es !

Non !

Toi oui, mais ce que nous vivons, non.

Je comprends.

Je ressens.

Je sais.

Je te fais du mal alors que je crois te faire du bien.

Mes yeux s’écarquillèrent.

-Qu… quoi… ? Syd...

Tu sais ce qui arrive ensuite, David.

Comme tu l’as dit.

Tu n’es pas idiot.

Je saisis le visage de Syd.

Entre mes mains.

Mes larmes coulèrent sur mes joues.

-Que… qu’est-ce que tu essayes… essayes de me dire ?

Un sanglot m’échappa.

-Elle t’a… elle t’a eue, hein ?... Elle… la… schizophrénie… Je…

Je frottai mes yeux.

Essayai de me reprendre.

Mon cœur battait trop vite.

Trop fort.

-Qu’est-ce que… qu’on va faire pour le chien ? Et puis le… tu ne plieras plus les… les serviettes en forme de… de cygne sur le lit ?

Elle faisait vraiment ça, David ?

Ouais.

Non…

Je ne suis pas sûr…

Tu paniques.

-Et nos… nnos projets comme… élever des enfants…

On a jamais parlé de ça.

Si ?

Tu ne peux pas.

Ils te l’ont dit…

Au Hollywood Mental Health Center.

Il ne vaut mieux pas.

Ma voix s’étrangla.

Je caressais les joues de Syd.

De mes deux pouces.

J’avais trop peur…

De la lâcher.

@ Billy Lighter

J’aurais brandis une lame menaçante devant lui qu’il ne m’aurait semblé plus effrayé que ce que je vois en ce moment dans ses yeux. Je suis entrain de rompre avec lui alors que ce n’est pas ce que je veux mais ce que je crois être la chose à faire. Je me déteste pour ça. Je suis lâche de le laisser pour quelque chose qu’il ne contrôle en rien.

Je ne le contrôle pas non plus.

C’est juste trop gros pour tout ce que je peux lui donner en retour. Chaque fois que je crois l’aider, ça donne l’effet inverse. Et ce que nous avons vécu ce soir, je ne veux plus jamais le lui imposé.
Je ne me le pardonnerais jamais.

Ça me demande une force inestimable pour répondre à sa question.

- Je veux rompre, David. Avant de te faire encore plus mal, ce soir j’ai… ce soir j’ai vu combien je peux te blesser sans m’en rendre compte. Je te demande pardon, je m’en veux, si tu savais !

Mes larmes coulent à l’infini, mouillant l’oreiller sur lequel ma tête repose, face à David, puis je secoue la tête en signe que non, alors que ça devrait être oui.

Ce n’est pas si simple.

- Peut-être,  ou est-ce que c’est moi, tout simplement moi ?  David, je ne sais pas quoi te répondre.

Sauf peut-être que je suis désolée ?

Encore ?

Toujours !

Si je reste allongée sur le lit, je vais finir par nous noyer tous les deux dans mes larmes. Je me redresse donc, plongée dans la confusion la plus totale, parce que je cherche vraiment, une seconde, peut-être même une dizaine de seconde, le chien.

- Le chien ? Les serviettes… Nos enfants… Peut-être qu’un jour nous retrouverons tout ça. Ensemble ou chacun de notre côté.

Ma tête tourne, j’ai l’impression de jouer au yoyo avec mon corps en m’allongeant à nouveau.
Davis caresse mes joues.

Je caresse ses mains, lui souris doucement.

- Je serai toujours là. Chaque fois que tu le voudras, chaque fois que tu en auras besoin. Ça y’a personne qui va m’en empêcher, tu comprends ? Entre nous, il va toujours rester cette connexion un peu bizarre que personne ne pourrait de toute façon expliquer.

J’avance mon visage près du sien, non pas pour l’embrasser, mais pour poser mon front contre le sien, les yeux fermés, en silence, parce que de toute ¸façon, tout ce que je voudrais lui dire, il le ressent, sans mots, sans gestes. Juste en étant tout près de lui.

Que lui.

Et moi.

Que nous.

@ Billy Lighter

Je veux rompre, David.

J’ouvris la bouche.

Le reste.

Le reste, je ne l’entendis pas.

Pas vraiment.

Et c’est reparti !

Woooohoooo !

On en est à combien ?

Dans les scores, Davey ?

Je crois…

Je crois que j’ai arrêté de compter.

Des rires.

Dont un plus présent que les autres.

Un rire de fille.

Moqueur.

Comme si je…

Je personnifiais la maladie.

Et elle avait gagné encore.

Peut-être,  ou est-ce que c’est moi, tout simplement moi ?

Ou moi.

Ou personne.

Syd pleurait.

Moi aussi.

De tristesse.

De peur.

Une peur qui me faisait mal au ventre.

Personne ne veut de toi !

Tu es un idiot, David !

Tu es malade.

Qui voudrait de toi ?

Je ne voulais pas perdre Syd.

Et tout ce qu’on avait.

Le chien.

Les Cygnes.

Ce n’est pas réel.

Si…

Ça aurait pu.

Non.

Peut-être qu’un jour nous retrouverons tout ça. Ensemble ou chacun de notre côté.

Je secouai la tête.

-N-non… Non je sais bien que non…

Je sais que…

Je ne saurais pas m’occuper d’un chien.

Alors d’enfants ?

D’une femme…

La preuve.

J’avais les mains sur les joues de Syd.

Et ses mains étaient sur les miennes.

-Ne… ne me mens pas…

Je pinçai les lèvres.

Je serai toujours là.

Soufflai encore.

-Ne me mens pas.

Je secouai la tête.

Entre nous, il va toujours rester cette connexion un peu bizarre que personne ne pourrait de toute façon expliquer.

Elle posa la tête sur mon front.

Et à l’intérieur de ma tête.

Quelque chose hurlait.

Me faisant sangloter.

Mon front contre celui de Syd.

-Je… je sais que tu vas partir.

C’est ce que tout le monde fait.

Et je pouvais tenir son visage.

Autant que je voulais.

Je savais…

Que je ne pourrais rien éviter.

Je soufflai.

Essayai de me calmer.

-Juste… juste encore un concert. Reste avec moi… juste encore un concert.

Mon regard croisa le sien.

-Et tu seras… tu seras libre. Juste encore un concert…

Et tu seras libre.

Et derrière elle.

Je fermerai ma porte sur le monde.

Pourquoi m’y accrocher ?

Puisqu’il me rejette tout le temps…

@ Billy Lighter

C’est dit.

Il n’y a plus de retour en arrière possible.

C’était ma décision, je ce que je pensais être le mieux pour lui, pour moi, mais surtout pour nous, parce que nous n’arrivions pas à nous ajuster et non pas seulement avec la schizophrénie mais aussi, avec nos attentes respectives sur la vie de couple et tout ce que cela comporte.

J’ai échouée, j’en prends le blâme en entier.

David était parfait, c’est moi qui n’ai pas pu…

Des projets, nous n’en avions certes mais visiblement chacun de notre côté. C’est confus pour David qui mélange lubie et réalité.

Comment le rassurer ?

Je ne saurais même pas me rassurer moi-même pourtant je tente, quand même, en passant une main dans ses cheveux et en lui disant que peut-être un jour, nous pourrons envisager ces choses, ensemble ou chacun de notre côté, ne voulant pas lui faire croire que nous reprendrons notre histoire un jour.

- Ne dis pas ça, David. Crois-moi quand je te dis que tu as le droit au bonheur et que toutes les choses que tu as envi de vivre, tu les vivras.

David places ensuite ses mains sur mes joues et moi, les miennes sur les siennes, front contre front.

 Je lui fais la promesse que peu importe ce qui arrive, je serai toujours là pour lui. Je répondrai toujours à son appel et l’aiderai de mon mieux.

Je romps notre relation amoureuse, mais jamais je ne l’abandonnerai.

- Je ne te mens pas. Jamais je ne te mentirai. Écoute ton cœur, je sais qu’au fond de toi, tu sais que je ne te mens pas.

Ça fait horriblement mal.

C’est pire encore que n’importe quoi d’autre.

- Je vais rentrer à Los Angeles, mais si tu me dis que tu veux que je reste, je resterai.

Pour un temps ou pour tout le reste de la tournée.

Je suis prête à rester aussi longtemps qu’il dira avoir besoin de ma présence.

J’hoche de la tête à sa demande.

- D’accord, je resterai pour le prochain concert.

Mon regard s’ancra au sien, de longues minutes.

Doucement, je replaçais l’une de mes mains dans ses cheveux et lui balayais les cheveux avec délicatesse, passant sur sa nuque puis à nouveau dans ses cheveux. Je restais là toute la nuit, sans jamais cesser de lui caresser les cheveux, sans briser une seule fois l’étreinte, restant avec lui, en silence.

Je lui ai promis que je ne l’abandonnerais pas.

@ Billy Lighter