Les New Soldados commençaient à sérieusement prendre forme. J’avais beaucoup de soldats qui avaient réussi à passer le test et qui était animé d’une colère envers un Los Diablos ou l’autre. Je les galvanisais grâce à cette haine ce qui faisaient qu’ils m’étaient loyaux.

Comme Gonzalez commençaient à s’impatienter, je lui avais permis de mener l’offensive et d’aller voler une cargaison des Los Diablos. On s’était assez renseigné pour savoir où et quand la marchandise allait être apportée et la mission fut un succès. La drogue était maintenant à notre QG ne South L.A., un endroit que les Los Diablos ne connaissaient pas bien qu’ils savaient, désormais, l’existence des New Soldados. J’avais bien fait en sorte que ça soit le cas à travers Gonzalez.

Le pouvoir de mon gang grandissait. South L.A. était notre terrain de jeu pour l’instant mais j’allais faire en sorte qu’on s’étende pour obtenir l’Eastside et écraser les Los Diablos. C’était l’objectif final. Le seul objectif qui comptait autant pour moi que pour mes membres soigneusement choisis.

J’avais une certaine satisfaction à faire ça de cette façon même si ça me manquait de ne pas pouvoir faire les choses moi-même. Mais c’était trop tôt. Je voulais d’abord que la réputation d’El Lider se fasse et ça, sans qu’on puisse mettre un visage dessus. Ça renforçait la peur des ennemis ce genre de chose et j’aimais ça.

Le problème c’est que ça réduisait ma possibilité de mouvements. Seul inconvénient de mon plan. Je ne pouvais pas mettre les pieds dans l’Eastside et je devais faire attention de ne pas croiser Samantha quand je me rendais chez moi à Santa Monica même si j’aimais que maintenant qu’elle était avec Ricci, elle devait plutôt se promener du côté de Beverly Hills. Je devais aussi être prudent quand je me rendais dans un lieu public.

Comme ce soir…

-La voie est libre, boss. Aucun Los Diablos ou apparenté dans le secteur.

C’est ce que venais de me dire Gonzalez alors que j’étais installé dans ma voiture non loin du Crazy Ginger.

-Ok.

Je sortis de ma voiture dont j’avais fait modifier la plaque et la couleur. Autrefois rouge, elle était maintenant noire. On n’était jamais trop prudent. Les Los Diablos savaient quelle voiture j’avais auparavant. Moi-même je n’étais pas habillé comme d’habitude arborant toujours une barbe de plusieurs jours et une casquette.

J’entrai dans le bar avec la ferme intention de me détendre et… De voir si je ne pourrais pas encore repérer des gens pour grossir mes rangs. Plus on sera, plus on enterrera les Los Diablos.

Je regardai autour de moi faisant signe à Gonzalez de rester proche de l’entrée si jamais quelqu’un capable de me griller entrait.

Je scrutais l’endroit m’approchant du bar où j’y repérai un visage inattendu : Tobby Cooper… Pas le genre d’endroit où j’aurais cru trouver la star de la boxe. J’esquissai un sourire en coin avant de rejoindre Cooper et de m’installer à côté de lui commandant, au passage un verre de whisky.

Je me tournai vers le boxeur.

-Salut Tobby… Comment tu vas ce soir ?

On se connaissait Cooper et moi. Il m’avait aidé à foutre une raclée à des South Panther il y a quelques années.

@ Billy Lighter

La bière, y’a qu’ça de vrai. J’en bois une puis une autre, assez pour cumuler une jolie petite forteresse de bouteilles vide devant moi sur le comptoir du Crazy Ginger, mon nouveau QG. C’est quand même le seul  trou à rat respectable qui  accepte Diablo. J’crois en fait que c’est parce qu’il est moins pire que bien de leurs clients qu’ils le tolèrent. Ou parce que mon nom veut encore dire quelque chose a quelques rares endroits dans cette ville.

Je suis en grand débat avec moi-même sur la différence entre une Pilsner et une Stout. Bon, les connaisseurs savent à l’œil la différence mais je commence ma vie d’ivrogne, j’en suis encore à me créer des repaires mais ce n’est pas facile puisque plus je bois, moins je vois de différence.

Même Diablo couché entre mon tabouret et le bar ne fait plus attention à ce que je marmonne en vidant mes verres.  Mon discours s’effritent aussi sûrement que je cumule les verres pourtant dans ma tête, tout est de plus en plus clair.

En arrière plan, un band joue des reprises de groupes connus. Des tubes passés et plus actuel qui meublent la trame sonore de mes pensées. C’était un complot ! Ma défaite, je veux dire. Ça ne peut être qu’un coup monté. Je n’aurais jamais  perdu mon titre aux mains d’un aspirant novice.

Je ne fais pas attention au type qui s’est installé sur le tabouret  voisin du mien, je regarde juste, en baissant la tête, que Diablo ne veuille pas lui mordre les souliers mais mon chien ne bouge pas d’un poil, sauf pour son ventre qui se soulève au rythme de sa respiration. Il commence à prendre un peu du bide, le gros !

- Salut Tobby… Comment tu vas ce soir ?  Comment je vais ce soir ?  Je transpire la joie de vivre, ça se voit pas ?

Putain, les gens et leurs questions à deux balles. Qu’ils les écrivent sur papier, les roulent et se les enfoncent là où il fait jamais clair ! Voilà comment je me sens vraiment. Je secoue de la tête avant de la retourner pour toiser le mec qui  est entrain dans mon espace vital.

- Ah ben c’est mon pote  Ward !

J’renverse mes verres vides qui roulent sur le comptoir en me retournant pour serrer la main de Ward en tapant sur ton épaule et en beuglant pour couvrir la musique de merde que je suis contente de le voir au cas où il ne s’en serait pas encore aperçu. Ça fait un moment qu’on ne s’est pas vu. En fait, j’sais plus trop si on c’est quand la dernière fois qu’on s’est vu mais je me souviens du jour où on s’est rencontré.

- Il boit sur mon bras, tout ce qu’il veut hein !

Le barman  lève les yeux au ciel, bon c’est certain que ma facture commence à grimper mais ce n’est pas quelques verres de plus qui feront une grosse différence !

- T’as la tête dans l’cul toi aussi, vieux !  Tu as embrassé un mur ?

Il a l’air de moi, en moi beau gosse, quand je sors(tais) du ring.

- Hey, vieux ! Si on allait tabasser quelques têtes de glands pour le fun ?

Je me sens d’une humeur massacrante là, ça ferait du bien d’aller taper sur tes tronches pour le fun. Faire monter un peu la testostérone puis boire encore et recommencer.

- Ouais, moi ça va nickel, vieux !

@ Billy Lighter

Je n’aurais pas pu prévoir de tomber sur Cooper, ce soir. En réalité, c’était le dernier endroit sur Terre où j’aurais pensé le retrouver. Cooper était réputé (et j’avais pu le constater moi-même) pour avoir une hygiène de vie irréprochable et un entier dévouement à l’entrainement physique en général et à la boxe plus particulièrement.

Et moi, je le retrouvais ici, au comptoir d’un bar et vu le nombre de cadavres de verres qu’il y avait devant lui et l’odeur qu’il dégageait, il avait pas mal picolé. Je ne remarquai que quelques secondes plus tard le chien à ses pieds. Certainement son chien qui semblait se reposer paisiblement.

Il me répondit de sa voix pâteuse de bourré pour me dire qu’il transpirait la joie de vivre. De l’ironie bien sûr. Je bus un coup de mon verre qu’on venait de me servir.

-Je constate.

Je suivais Cooper et je devais avouer que ça faisait un petit moment que je n’avais plus entendu parler de lui à la télé et à la radio. Plus depuis qu’il avait perdu son titre comme un type qui n’était même pas outsider. Un gamin qui perçait. Ça avait été une véritable surprise.

Est-ce que l’état de Cooper aujourd’hui était la cause de ça ? Ça pouvait être un ensemble de choses…

Le boxeur finit par me regarder et me reconnaitre lâchant mon nom de sa voix qui s’élevait au-dessus de la musique ce qui m’arracha un sourire pincé. Pas trop fort. Je suis censé être mort, merde…

J’hochai la tête alors que, dans son mouvement, Cooper renversa ses verres vides sous le regard dépité du barman. Il serra ma main alors que je lui souris et quand il tapa amicalement sur mon épaule, ça m’arracha une grimace. J’avais encore mal, bordel…

Il commença par me payer les verres. J’esquissai un sourire le regardant d’un signe de tête alors que le barman semblait en avoir sérieusement marre du boxeur.

Je le regardais avant qu’il ne constate à sa manière que j’avais une sale tête. J’avais encore les cicatrices en pleine figure des coups que j’avais reçus. Il faudra encore du temps pour qu’on n’y voie plus que du temps.

-Ça, c’est les aléas de la vie dans la rue…

C’était surtout le résultat d’une trahison gratuite et les suites d’une massacre dont je n’avais ni était l’instigateur, ni l’exécuteur.

Mais Cooper, bourré comme toute la Pologne, était, lui, d’humeur à mettre sur la gueule de quelqu’un. J’esquissai un sourire. Il n’agissait définitivement plus comme le boy-scout qu’il était à notre première rencontre.

-Si on fait ça, je ne ferais que regarder. Mes côtes ne sont pas encore remises de la dernière fois que je me suis fait tabasser dans une ruelle…

Il disait qu’il allait bien. Ouais, son humeur venait tout d’un coup de changer en me voyant. Et le trouver là, bourré et prêt à casser des tronches, me donnait pas mal d’idée. Mais je devais la jouer tactique et ne pas aller trop vite. D’abord, tâter le terrain.

-Et, sinon, la boxe, ça va comment ? Ça fait un moment que je n’ai plus suivi les matchs. J’étais pris ailleurs comme tu le vois à ma tronche. T’es toujours le champion incontesté?

Je savais que je venais de taper ou ça fait mal. Mais c’était voulu. Je savais que ce sujet ferait peut-être ressortir toute la merde qu’il s’était accumulé en Cooper. Je voulais savoir s’il était assez loin sur la pente descendante que pour lui offrir ce que je pouvais lui offrir : des combats à volonté pour passer sa frustration. Et une fois qu’il se sera embarqué dans cette voix, il ne pourra plus en sortir.

Pas indemne en tout cas.

@ Billy Lighter

La vie est nulle ! Mais au moins parfois, elle ramène quelques spécimens  intéressant dans mon  champ de vision comme c’est le cas ce soir avec mon grand ami Edward. Moi je considère être proche de quelqu’un quand on tabasse un type ensemble. Nous avons rayés ce fait de la liste y’a un moment déjà ensuite, je ne l’ai pas vraiment revu mais ce n’est pas grave ! On reconnait les amis quand on revoit quelqu’un après un certain temps et que ça semble être comme hier.

Il a toujours une salle tête, faut dire que la vie ne l’a pas gâté d’avance mais, ça, ce n’est quand même pas sa faute.

- Les putains d’aléas de la vie, tu veux dire.

C’était une sacré chance alors que je tombe sur lui par hasard quand une ruelle, y’a un bail de ça parce que vu sa tronche de balafré, il ne sait clairement pas se battre. Un poisson dans un noyau de piranha.

- T’as une ossature de chat, quoi.  Faut que tu te muscle, vieux.

Je me perds dans mes pensées, je fixe le vide et rumine mes idées sans vraiment savoir comment les diriger. J’ai beaucoup trop de colère et de rancœur en moi pour prendre des décisions  sensées sur ce que je dois ou devrais faire.

Mais quand il me parle de boxe, quand il me question sur mon titre, je sais ce que je dois faire. Je dois lui foutre mon poing à la figure, le démolir. Montrer à tout le monde présent dans ce bar que je suis encore aussi fort que j’étais ! Que j’ai été victime d’un coup monté ! Excès de confiance qu’ils ont dit !

- Qu’ils aillent se faire foutres ! Un jour, ils vont payés pour ça !

Puis je rigole sarcastiquement avant de finir ma bière et de me tourner sur Edward.

- Ils m’ont eu, comme ils t’ont eu, vieux ! Il faut s’unir pour se venger !

Ouais ! Ça peut le faire ! On va organiser un faux combat, comme celui avec lequel ils m’ont piégés, je vais me battre contre Edward et je vais gagner et tout le monde verra que je suis encore au sommet  sauf que…

- Putain, vieux ! T’as pas de ceinture de champion !

Mon plan est naze, au final, alors je commande une autre bière, et une pour mon pote aussi naze que mon plan.

- Et toi ? Tu traînes toujours dans les rues ? Tu as fini par trouver du blé pour ta copine malade ou pas ? J’ai jamais su, finalement ce qui était arrivé, pour de vrai, je parle.

Ouais je suis lent à donné le change mais je sans quand c’est une arnaque et lui c’est un arnaqueur.  Mais, dans le fond, je suis incapable de lui en vouloir vraiment. Il a une bouille sympathique, même pour un enfoiré.

- J’boxe plus.  J’suis out et la vie est vraiment trop nulle !

@ Billy Lighter

Les aléas de la vie… Cooper parlait d’expérience j’imagine. Après tout, il n’était pas en train de se saouler comme un malade pour rien. Il y avait une raison et je pensais bien savoir où elle était.

Je lui avouais m’être fait tabasser et il répliqua qu’il fallait que je me muscle plus. Ça m’arracha un sourire en coin. Je savais me battre. Je n’étais certainement pas un aussi bon boxeur que le pro que j’avais à côté de moi mais j’étais un bon boxeur amateur et j’étais redoutable en bagarre de rue parce que je n’hésitais pas à donner des coups potentiellement fatals.

-J’ai été pris par surprise…

C’était vrai. J’avais été pris par surprise. J’avais fait aveuglément confiance à la fille que j’aimais pour ensuite me faire massacrer par la gamine pourrie gâtée d’Angelo. Enfin, par ses sbires pour être tout à fait correcte.

Cooper est complètement à côté de ses pompes et quand je l’interrogeai sur son titre de champion faisant mine de ne pas avoir suivi l’actualité sportive, son discours devint plus incohérent à mesure qu’il s’emballait.

Je vais de toucher le point sensible. Je savais que je le toucherais avant même d’ouvrir la bouche.

« Ils vont payer pour ça ! », « Ils m’ont eu ! ». Des phrases qui pourraient passer pour les phrases d’un mauvais perdant… En tout cas, il était clair que Cooper ne se remettait pas de sa défaite.

-Ouais. Se venger.

Je connaissais ça. Et les désirs de vengeance et, surtout, de violence de Cooper pouvait sans aucun doute servir mes intérêts.

Il déclara que je n’avais pas de ceinture de champion repartant dans son délire d’alcoolique. Je le regardais le regard planté dans le sien qui était vitreux. Le Cooper que j’avais rencontré en 79 était bien différent de celui-ci.

Je préférais celui-ci. Je sentais que je pourrais en faire quelque chose, de celui-ci.

Il me posa alors toute une salve de questions. Sur ma copine. Sur moi. Avant d’avouer qu’il ne boxait plus.

-Je suis désolé pour ça… Tu étais un bon boxeur.

Le meilleur. Mais un combat semblait avoir tout changé d’un coup.

Tant pis pour Cooper.

Tant mieux pour moi.

Je fis mine d’être désolé avant de répondre à ses questions mon visage s’assombrissant alors que je buvais un coup de whisky.

-Ma copine n’était pas malade, tu te rappelles ? J’avais menti pour essayer d’avoir de l’argent pour payer des dettes.

Je soupirai.

-J’ai finis par rembourser mes dettes… Et j’ai fini par trouver un emploi de serveur… Avec ma copine on avait enfin une vie stable. Un appartement merdique mais une vie stable. On était prêt à fonder une famille…

Je construisais mon histoire petit à petit en fixant mon verre, le regard comme dans le vide.

-Mais elle est morte… Un petit connard de Los Diablos l’a tué pour voler son foutu portefeuille… J’aurais dû être là… Mais je travaillais. Je croyais avoir une vie correcte mais le Destin est venu me prendre tout ça.

Je bus le reste de mon verre d’un coup avant de regarder Cooper.

-Alors j’ai envoyé le Destin se faire foutre. La vie normale et bien rangée, je l’ai foutu à la poubelle. Cette vie m’a pris la seule fille que j’aimais. Depuis, je ne veux qu’une chose : me venger de ces foutus Los Diablos. Comme toi, je veux une foutue justice.

Je le regardais droit dans les yeux.

-Ça te dirais de te défouler ? De montrer à des gens que tu sais encore te battre mieux que personne ? D’être à nouveau le champion de quelque chose ?

J’attendais ses réponses. Et s’il répondait par l’affirmative, je savais précisément où j’allais l’emmener.

@ Billy Lighter

Les gens posent beaucoup trop de question, toujours les mêmes qui ne veulent pas dire grand-chose, sauf pour nourrir leur curiosité malsaine. Ils me tournent tous autour, comme des mouches attirées par le miel et bourdonnent dans mes oreilles avec leurs insipidités.  J’ai découvert qu’avec l’alcool, c’était beaucoup plus facile de les supporter, parce que je m’abaissais à leur niveau.

Edward me déçoit d’être un des leur. Je l’aurais pensé juste un petit peu au dessus de la moyenne.

Mais juste un petit peu hein parce qu’un mec qui se fou dans les emmerdes pas possible qui va jusqu’à vouloir truquer un match, il ne faut pas être le crayon le plus aiguisé de sa boîte !

J’ai des envies de vengeances vis-à-vis de mon combat, de la façon dont les choses se sont déroulées et la rapidité avec laquelle toute ma vie a foutue le camp !

- Ouais désolée, ouais, ouais…  Merci, vieux.

J’en crois pas un mot mais on s’en fou. Qu’il le soit ou non, ça ne changera rien à ma situation actuelle. À moins qu’il puisse m’aider à m’en sortir ?  Ça me semble être l’idée du siècle jusqu’à ce que je réalise qu’il n’a pas de ceinture, MA ceinture de champion et que finalement, il ne me sera d’aucune aide.

C’est vraiment trop nul !

Tant qu’à être dans la valse des déceptions, je lui demande comment va sa copine, celle pour qui il voulait que je l’aide en trichant.

- ‘tain… mec, désolé ! J’savais pas !

Elle est morte sa copine, avoir su tout ça à ce moment là, je l’aurais fait. Elle ne serait peut-être pas morte. Ah mais non, elle n’était pas malade en vrai. Ouais bon quand même.

- J’aurais dû t’aider ce jour là, vieux !  Au moins j’aurais fait un truc cool dans ma putain de vie de merde.

Plus rien de tout ce que j’ai accompli dans ma carrière n’a de sens maintenant qu’elle est terminée et que je me retrouve comme un con, sans avenir, sans savoir quoi faire de moi sauf boire. Ça, j’sais pas !

- La justice, y’en a que pour les autres, t’sais !

Pour les bons mecs comme nous, y’en a pas de justice ! Ça, je l’ai bien appris et je suis pas près de l’oublier !

Je termine ma bière, intéressé parce qu’il amène. Sans trop en dire, il en dit quand même assez pour piquer ma curiosité.

- Cause toujours, on verra après.

Tout dépend de ce qu’il a en tête.  Me battre, ouais, ça j’aimerais, et surtout montrer au monde entier que je ne suis pas fini. Putain on ne m’a même pas appelé pour un combat revanche !  Rien, juste, sombré dans l’oublie le Tobby !

-   Don’t call us, we’ll call you qu’ils ont dit, ouais !  Alors j’suis là, t’vois, à attendre comme un con en buvant ma bière et le téléphone sonne pas.

J’lance un billet sur le comptoir pour payer les consommations et je m’accroupie pour  prendre la laisse de Diablo qui s’étire en comprenant qu’on s’en va.  J’suis peut-être saoul, mais je ne suis pas tout à fait givré non plus. J’suis pratiquement certain que ce qu’Edward  en tête n’est pas tout à fait légal.

- On va aller discuter ailleurs !

@ Billy Lighter

Mon histoire l’avait touché… Ou du moins, il semblait quand même vraiment triste pour la mort prématurée de ma copine imaginaire. A moins que ça ne soit l’alcool qui lui fasse montrer cet élan de compassion… Non… Non, je pensais bien qu’il était sincère. Ce type avait des sentiments et ce n’était pas un mauvais gars au fond. Au contraire. Il était peut-être même de cette race de gens trop gentil au point que la vie les détruits à petit feu justement parce qu’ils sont trop gentils.

Il y en avait beaucoup des gens comme ça sur cette planète.

Je n’en faisais pas partie.

Moi, j’étais d’une toute autre race.

Cooper disait qu’il aurait dû m’aider, le jour où on s’est rencontré. Je ne crois pas que ça aurait changé la fin fictive que j’avais donnée à ma petite amie tout aussi fictive mais Cooper était complètement bourré.

-Je ne crois pas que ça aurait changé grand-chose…

Cooper était complètement désillusionné. J’étais en train de voir, en direct, la descente aux enfers d’une star de la boxe. J’admirais le spectacle tout en cherchant le bon angle pour essayer de tirer la situation désespérée du boxeur à mon avantage.

Alors que je dévoilai peu à peu mon jeu en restant relativement prudent, Cooper déclara que la justice, il n’y en avait que pour les autres.

-Peut-être… N’empêche que je reste convaincu qu’on peut se faire justice soi-même.

Je me faisais toujours justice moi-même. Je n’avais jamais eu recours à aucune autre forme de justice que la mienne rythmé par ma propre morale bien à moi.

Je finis par lui proposer un combat. Pas contre moi mais bien contre mon soldat le plus résistant et qui en faisait baver aux éventuelles nouvelles recrues. Cooper pouvait être une nouvelle recrue. Mieux, il pouvait remplacer ce soldat en le détruisant et en prenant sa place.

Combien de gamins qui pourraient me servir de chair à canon seraient séduits à l’idée de rejoindre un gang où travaillait Tobby Cooper ? La pub en attirera plus d’un.

Il semblait intéressé. Tout du moins, il voulait en savoir plus. Il se perdit encore un fois dans sa frustration avant de dire qu’on devait aller discuter ailleurs. Il avait bien compris que je ne pouvais pas en dire plus ici.

-Très bien. Je sais où on peut aller discuter.

A mon QG. Je savais la manœuvre risquée mais on ne gagnait rien sans prendre de risques. Et je savais comment faire le ménage au cas où tout merdait.

J’étais doué pour faire le ménage.

On se leva et je fis signe à Tobby de me suivre alors que Gonzalez nous suivait de quelques mètres une fois qu’on eut passé la porte du Crazy Ginger.

-On va prendre ma voiture.

Je lui montrais ma voiture et on embarqua alors que Gonzalez avait pris place dans la sienne qui était garée plus loin. Je démarrai sans attendre une fois que Cooper fut installé lui aussi.

-Tu veux en savoir plus ? J’ai un gang. Suite à la mort de ma petite amie, j’ai décidé de montrer que moi aussi je pouvais être craint. Mon but est de liquider tous ces Los Diablos.

Je jouais franc jeu face à un Cooper que je savais passablement bourrer et donc plus prompt à oublier le lendemain matin.

-Pour entrer dans mon gang, il faut combattre mon meilleur soldat. Ce n’est pas un enfant de chœur. Il ne retient pas ses coups.

Je fixai Cooper.

-Mais je pense que tu es meilleur que lui… Et je veux quelqu’un de meilleur que lui pour mon test d’entrée. Alors ? Ce combat te tente ? Ou bien tu as peur parce que tu ça n’a rien de légal ? Bien sûr tu seras payé. Tu auras tout l’argent, tous les combats, tout l’alcool et toutes les filles que tu veux. Il n’y aura jamais de triche. Jamais de matchs truqués. Juste de la force brute et tes compétences de boxeurs.

Je le regardais sérieusement, attendant sa réponse.

@ Billy Lighter

Se faire justice soi-même.

Si au moins j’en étais capable !

Je suis encore trop bon, trop con pour en arriver à ce genre de mentalité là il faut croire. N’empêche que j’aimerais trop défoncer des tronches, là, tout de suite juste pour le plaisir de me sentir encore puissant, pour montrer que je sais encore vaincre et surtout, encaisser. Que je ne suis pas devenu la larve geignarde qu’on a dit que j’étais devenue suite à ma cuisante défaite.

Et puis je suis peut-être saoul mais il me semble qu’Edward a quelque chose à me proposer qui irait en ce sens. Je n’ai plus rien à perdre, alors ça ne me coûte rien de l’écouter, pas vrai ? Sauf qu’ici, il y a trop d’oreilles indiscrètes pour nous permettre de discuter à la hauteur de l’attention que je peux lui accorder vu mon état d’ébriété avancée.

C’est dans sa voiture qu’on alla s’isoler pour discuter.

Et ce n’est pas qu’une petite histoire que me sort Edward. Il est entrain de monter un gang,  un truc plus fort et plus puissant que ce que sont les Los Diablos. Je les connais, enfin, pas personnellement mais assez pour savoir qu’on ne se frotte pas à ces types là si on ne veut pas attirer les emmerdes.

J’écoutais attentivement ce qu’il me disait, tout en hochant de la tête de temps en temps comme pour faire signe que j’étais encore avec lui. Mais, l’étais-je vraiment ? Ce que j’entends est loin d’être fait pour moi. C’est même tout à l’opposé de qui je suis, ou que j’étais arghhh! Putain je ne sais plus quoi penser !

Je serais là pour tester ses nouveaux soldats.

Mais si l’un d’entre eux me défaits, comme l’autre connard encore en couche culotte qui m’a eu vicieusement, il va faire quoi de moi, Edward, parce que je saurai tout, du moins, assez de ses plans.

L’argent, des filles, des combats.

J’avais le premier et le troisième, je pourrais ajouter le second et c’est quand même un truc qui compte dans l’équation. Me faire des filles, vivres une vie de truand, changer de traque complètement, voir si c’est mieux de l’autre côté de la voie ferrée.

- Putain, ça me tente !

Mais mes garantis, elles sont où ?

- Il m’arrive quoi si y’en a un qui m’a ?

Parce que j’ai appris plutôt mal que je n’étais pas la machine de guerre indestructible que je pensais être, un esprit saint dans un corps saint. Juste un homme qui s’est cru trop fort et qui s’est foutue dedans, tout seul, comme un grand con.

- Et les combats ? Que du propre ! Pas d’armes, pas de drogue. Autrement, je veux pas !

Ultimement, je veux remonter sur un ring. Mais si on croit que je me shoot, que je ne suis pas clean, je peux dire adieu a ma réputation qui bat déjà de l’aile.

Je regarde Edward dans les yeux.  Une voix dans ma tête de supplie de foutre le camp, de ne pas embarquer là dedans et je sais que je devrais l’écouter.

- On commence quand ?

@ Billy Lighter

Je jouais un jeu très dangereux. Je le savais. Mais l’envie d’avoir Cooper dans mes rangs était très forte. Et une fois dans ma voiture, je lui avais raconté l’essentiel. Pour mon gang, pour l’épreuve de passage, pour les combats, pour le rôle que je lui réservais s’il acceptait, pour la façon dont je comptais le payer. Je ne savais ce qu’il lui restait de bonne morale. C’était une totale inconnue. Et s’il refusait, il s’en allait avec des informations capitales.

C’était ça le danger.

Mais si je ne prenais jamais de risques, je n’irais jamais nulle part. Alors ce soir et alors que Cooper était bourré, je décidai de prendre ce risque. Je lui promettais des filles, de l’alcool et du fric. Je savais qu’il ne manquait pas d’argent avec tous les matchs de boxe et les titres de champions qu’il avait eus mais je ne pouvais pas lui proposer autre chose que les trois fondamentaux. Et en plus de tout ça, il pourra faire ce qu’il aime le mieux : se battre et prouver qu’il est le plus fort.

C’était mon deal.

Et quand je l’entendis dire que ça le tentait, j’esquissai un sourire.

-Parfait.

Mais il avait quand même des questions et elle était légitime. Il voulait savoir ce qui lui arrivera s’il perd. Mon meilleur champion avait déjà perdu. Il était toujours là.

-Rien. Il n’arrive rien si tu perds. Mais si un a une chance de gagner contre toi, il aura la chance d’avoir un ticket d’entrée direct pour mon gang. Après chaque combat que tu gagnes, ça sera à toi de me dire si celui que tu as battu s’est assez bien battu pour nous rejoindre. Si c’est un nul pleurnichard, il sera foutu dehors sans avoir eu l’occasion de me voir. Je veux garder mon anonymat un maximum.

J’y tenais. C’était mon avantage face à Reed cet anonymat. Et c’était une façon de ne pas me faire à nouveau poursuivre par les survivants des Conti. Parce que je savais que dans cette ville, les nouvelles allaient très vite.

Cooper avait encore des questions mais cette fois, c’était sur les combats en eux-mêmes. Il avait envie que tout ça soit clean. Sans drogue, sans arme. Il sera satisfait à ce niveau.

-Tout est clean. Personnes n’a le droit d’utiliser d’armes et il n’y a aucune drogue. Gonzalez, mon bras droit, s’en assure. C’est juste de la force brute. La seule différence avec la boxe c’est que tous les coups sont permis.

Il demanda alors quand on commençait et ça m’arracha un sourire en coin.

-On commence maintenant.

C’est ce que je dis en me garant près de l’entrepôt qui me servait de QG. Je sortis de la voiture laissant Cooper faire de même et embarqué son chien qu’on avait mis à l’arrière. Je lui fis signe de me suivre alors que Gonzalez était quelques pas derrière nous.

On entra dans l’entrepôt où se trouvaient quelques membres de mon gang dont mon champion, Bishop. C’était un ex membre de la Confrérie Aryenne. Ouais… Les convictions ne peuvent parfois rien contre les promesses de combats, de filles, d’argent et d’alcool. Mon gang était probablement le plus multiculturel de L.A.. Il y avait une majorité de latinos mais aussi des blacks et des blancs. Il n’y avait pas plus blanc que Bishop mais depuis qu’il s’était fait viré de la Confrérie pour avoir consommé de la coke, il m’avait rejoint. C’était un grand baraqué et tout tatoué. Un cliché sur patte comme bien des gens ici. Il fallait avouer aussi que son rôle de champion lui plaisait. Nul besoin d’expliquer pourquoi il détestait les Los Diablos, c’était écrit partout sur sa peau.

Les fanatismes des uns servaient les intérêts des autres. Dans ce cas-ci le fanatisme de Bishop servait mes intérêts.

Mais aujourd’hui, il allait peut-être être détrôné par Cooper. Si c’est le cas, j’aurais un tout autre boulot pour Bishop. Il aimera aussi.

-Bishop. J’ai besoin de toi.

Il s’approcha alors que je me tournais vers Cooper.

-Tu connais sûrement Tobby Cooper ?

Oui, il le connaissait et vu son enthousiasme, il l’admirait même.

-Tobby, je te présente Ryan Bishop. C’est lui que tu vas devoir combattre. C’est mon champion.

Je lui montrai le ring de fortune au milieu de l’entrepôt.

-C’est là que tu combattras. Si tu es prêt, tu peux t’y mettre.

Bishop était tout excité à l’idée de pouvoir se mesurer à un champion comme Cooper. Trop respectueux du boxeur, il n’osait pas vraiment le chambrer. Dommage, ça aurait pu motiver un peu plus Cooper.

Je regardais encore Cooper.

-Des questions ?

S’il n’en avait pas, j’étais prêt à admirer le spectacle.

@ Billy Lighter

Edward conduisait tout en m’expliquant les grandes lignes de ce qu’il avait en tête. On ne peut pas dire qu’il manquait d’ambition, loin de là mais je ne peux pas non plus dire que tout cela me rejoignait parfaitement bien.  J’écoutais attentivement retenant surtout que je pourrais me battre aussi souvent que j’en avais envie et plus encore et que je pourrais prouver ma force à nouveau.

Je n’en demandais pas plus.

Sauf peut-être une certaine garanti que je ne me retrouverai pas les deux pieds dans un bloc de béton coulant au fond de l’océan si je devais ne pas être à la hauteur.  Mais Edward avait des réponses à mes questions et dans l’était où je me trouvais, je pouvais difficilement  argumenter ou voir passer les failles, si failles il y avait.

Je réfléchis à la vitesse de l’escargot mais je sais quand même que je ne me battrai pas avec quelqu’un qui est armé ou sous l’influence de substance. Je veux du propre, l’idée de base est de me garder en forme et de préserver ma force pour le jour ou je ferai mon come back sur l’arène professionnel.

Edward gara sa voiture près d’un entrepôt a priori abandonné mais en dedans, ça ressemblait à un petit QG aménagé à la va vite, cependant, au travers de tout ça, un ring plus ou moins safe était installé en plein centre sous un spot de lumière dont la poussière dansant dans le faisceau.

Les conditions optimums,  de toute évidence !

Edward appela un homme qui s’approcha de nous, comme le vaillant petit soldat qu’il se devait d’être. On lui donne un ordre, il obéit. Je devrai obéir au doigt et à l’œil moi aussi ? Même Diablo sembla trouver ça ridicule en penchant sa tête et en ramenant sa patte sur son museau.

Les présentations faites, je compris que le type que j’avais devant moi serait mon premier adversaire alors je me redressais, adoptant une posture droite et saluait Ryan Bishop, l’évaluant mentalement.

- Ex champion

Ouais, le but est de jouer dans son mental d’entré de jeu, question de voir sa confiance se dégonfler un peu. Tout ce que je peux dire ou faire pour le faire pisser dans son froc, je le ferai, je vais pas me gêner !

- Y’a eu combien de combat là-dessus ?

Je doute que ce ring tienne longtemps, mais je suis prêt à monter dessus et à donner une bonne raclé à Bishop. J’étais ivre, je le suis certainement encore, mais mon taux d’alcoolémie chute drastiquement quand vient le temps de me battre.

- Non, pas de question.

J’avançais vers le ring puis grimpais dessus et en fis le tour.  Il semble plus solide une fois dessus que de loin, c’est un peu rassurant.  Je sautillais et fit quelques feintes puis retirai ma veste que je balançais par-dessus les cordes puis mon t-shirt et fis signe à Bishop de s’amener.
Ça passe, ou ça casse.

Je peux sentir la nervosité de Bishop avant même qu’il ne soit sur le ring. Il ne s’attendait pas à ça, c’est marrant. Le champion du leader ne devrait-il pas être prêt à combattre à n’importe quel moment, même le moins opportun ?

Je le suis, moi, alors dès qu’il est là et en place, j’attaque sans attendre. Il se défend plutôt bien mais il a devant lui un adversaire saoul.  Il ne devrait arriver à me déjouer plus facilement pourtant, je donne le premier coup, puis le second. C’est bon de sentir la douleur quand je lui écrase mon point sur la mâchoire.

Nous  nous évaluons ensuite, il s’essuie le visage du revers de la main puis crache une giclée de sang.

- Tu t’es mordu la langue, fiston ?

Je le frappais à nouveau, au même endroit avant de boxer ses côtes, puis à la hauteur de son foie. Diable, à l’extérieur du ring, aboie et tournois sur lui-même. Même mon chien est heureux de me revoir sur un ring, même si ce combat n’a absolument rien d’officiel.

Ça dure un bon moment.

Ryan me touche de quelques bons coups qui me laisseront de belles marques mais pas assez pour m’affaiblir totalement. C’est lui qui, alors qu’il esquivait ma droite, reçu un coup qu’il n’avait pas prévu, un coup de la gauche sur la tempe et ce fut la fin.

Bishop au sol, je me tournais vers Edward.

- C’était ça, ton champion ? Sérieux ?

@ Billy Lighter

Si Bishop ne chambrait pas Cooper, Cooper, par contre, ne se gênais pas ce qui m’arracha un sourire en coin. Le néo-nazi avait peut-être un peu trop de respect pour le champion de boxe. Ça risquait de lui être préjudiciable pendant le combat.

Le ring était prêt pour eux. Je devais avouer que de voir un combat entre une star de la boxe et mon champion allait sérieusement m’amuser. Je préférais frapper moi-même mais pour l’instant, j’étais toujours relégué au banc de touche le temps que mes blessures soient totalement rétablies. Si je me remettais à me battre trop vite, mes côtes encore fragiles risquaient de se briser à nouveau.

Cooper me demanda combien de combats avaient eu lieu sur mon ring de fortune. J’haussai les épaules.

-Quelques-uns. Je n’ai pas tenu de compte. Mais il est plus solide qu’il en a l’air.

Bishop ne s’en était jamais plaint en tout cas donc j’imagine que ça fera l’affaire même si j’étais sûr que Cooper avait vu des rings bien meilleurs que celui-là.

Pour moi, ils pouvaient commencer à se battre. Je voulais voir le spectacle et j’étais assez content de voir que Cooper n’avait aucune question. J’aimais les gens qui ne posaient pas trop de questions et qui préféraient agir que de parler. Cooper semblait être ce genre d’homme. Bien. On allait bien s’entendre.

Les deux hommes se préparèrent et grimpèrent sur le ring. Je les regardais, les bras croisés alors que les membres de mon gang faisaient déjà des paris entre eux.

Et quand le combat commença et Cooper prit rapidement l’avantage en martellement Bishop de coup à la fois précis et puissant. Même saoul le champion de la boxe s’en sortait bien mieux que mon champion. Je souriais en regard les deux combattants donner ce qu’ils avaient. La défense de Bishop avait tenu un moment mais quand Cooper a commencé à prendre l’avantage, le néo-nazi n’a plus eu aucune chance.

Le sang commença à couler alors que Bishop perdait pieds et que Cooper le provoquait. Je savais que mon champion n’avait plus aucune chance. Tant mieux ! Je pourrais l’utiliser à autre chose et laisser Cooper s’occuper de la sélection. Ça rendra l’épreuve encore plus compliquée ce qui n’était pas plus mal. Et ça donnera peut-être même des combats plus sanglants.

Le chien de Cooper aboyait au bord du ring alors que moi, je me délectais du spectacle.

Bishop essaya de revenir en envoyant quelques coups à Cooper mais un dernier coup bien placé sur la tempe de Bishop eut raison de mon champion qui s’écroula au sol sous les sifflements des latinos et autre blacks qui regardaient le combat. Ils commencèrent à scander le nom de Cooper à tout vas.

Cooper se tourna alors vers moi alors que je fis un signe de tête à Gonzalez pour qui dégage Bishop du ring.

Je regardai alors Cooper qui dénigrait mon ex-champion et ça me fit sourire.

-Ouais, c’était ça. Mais ça ne l’est plus maintenant. Mon champion, c’est toi maintenant.

Bishop aura un autre rôle. Et j’étais sûr qu’il lui plaira.

-Maintenant, tu fais partie des Los Soldados. Des combats, tu pourras en avoir tous les jours… Pareil pour les filles. Je t’en fournirais si tu veux, tout comme l’alcool.

Mais il allait devoir se plier à certaines règles.

-En échange de tout ça, il faudra juste te plier aux règles dont la plus importante est qu’en dehors des moments où on sera entre nous tu devras m’appeler El Lider et plus Ward. Je tiens à mon anonymat.

Du reste, il comprendra bien vite, au contact des autres, comment ce gang fonctionne.

-Alors ? Tu es toujours intéressé ? Si tu dis « oui », tu ne pourras plus revenir en arrière.

Je le regardais droit dans les yeux attendant sa réponse tenant en haleine toute l’assemblée. Ils étaient tous impatient de savoir s’ils allaient avoir une star de la boxe comme « collègue ».

@ Billy Lighter

Je m’attendais à un combat de titans, à un truc complètement dingue qui allait me marquer pour des semaines.  Bishop n’est pas un poids plume, on voit qu’il s’entraîne, qu’il a du muscle mais, être musclé n’est pas tout, encore faut-il savoir s’en servir et c’est là-dessus que j’ai pu avoir raison de lui, en interceptant ses coups parce que beaucoup trop prévisible. Je peux analyser mon adversaire, prédire presque sans me tromper ses prochaines attaques. Ma seule bête noir à vie à toujours et restera toujours Amon Sørensen… et peut-être ce petit merdeux sortit de nulle part qui m’a volé mon titre ! Mais lui, je l’aurai, oh, ça, j’y compte bien !

Bishop donc, se retrouve au sol après un ultime coup à la tempe qui, limite ne le fait pas ronfler au tapis.  Puis je me tourne vers Ward l’interrogeant sur ce prétendu champion, me faisant la réflexion que s’il comptait vraiment sur ce type pour sélectionner des mecs assez fort pour faire partit de son gang, il aurait pu aussi bien mettre un écriteau sur lequel nous aurions pu lire Admission Volontaire devant la porte et ça aurait été du pareil au même !

J’hochais de la tête quand il me dit que je fais maintenant partit des Los… je sais plus quoi, ce n’est pas grave je lui demanderai une autre fois ou quelqu’un finira bien par le mentionner que je m’en souviendrai.

- Combats, filles, alcool et tu me paies combien déjà ?

Parce que ma réputation, mon nom, ma sécurité, tout ça a un prix ! Mon but ultime demeure de revenir sur les arènes professionnelles.

- Pas de soucis pour ton nom, je préférerais aussi qu’on ne m’associe pas trop, t’sais, c’est bien beau tout ça, le gang et les combats mais moi je vais pas faire ça toute ma putain de vie, El Lider ! Je veux retrouver ce qui m’est dû !

C’est ma seule et unique condition. Le reste, je m’en fou ! Je vois ça comme un entraînement, un passe-temps, une façon d’occuper mes temps libre.

- Alors ouais, pour te répondre, vieux, je suis intéressé mais comme ça, tu sais à quoi t’attendre, et moi aussi.

Je passais entre les cordes et sautais en bas du ring, Diablo me rejoignit tout de suite en aboyant et en sautant autour de moi. Mon chien aime me voir me battre, il veille sur moi comme personne ne saurait le faire.

En avançant vers Ward, ou El Lider, comme vous voudrez, Diablo grogne comme s’il voulait m’avertir de quelque chose. En fait, y’a Bishop qui roule sur lui même et qui se laisse tomber hors du ring et qui s’avance vers nous tant bien que mal, probablement pour chercher la clémence de son chef.

- T’as quand même bien combattu, t’sais ! Mais t’es juste pas de mon calibre.

Ma tête commence à me faire mal, mine de rien, l’alcool que j’ai ingéré et le combat ne font pas bon ménage.

- Si c’est tout, j’vais rentrer dormir et, demain, j’imagine que je reviens ici ? C’est quoi en fait, du 9-17 ?

Ok, non je me doutais bien que ça n’avait rien à voir avec un horaire d’usine mais  si au minimum je pourrais savoir avec quelle régularité il veut me voir me pointer, je ferai en sorte de m’y tenir et, ce point réglé, je lui tendis la main.

- C’est comme ça qu’on conclu un partenariat, chez moi, El Lider !

@ Billy Lighter

J’avais un nouveau champion et, surtout, un nouvel allié capable de se battre mieux que personne. Il avait une technique que les petits délinquants des bas quartiers n’avaient pas. Avoir Cooper dans mes rangs était un gage de qualité auprès de mes propres petits larbins que ceux des autres gangs.

J’avais de quoi payer Cooper. Pas autant qu’il n’aurait gagné en tant que champion de boxe, évidemment, mais largement de quoi vivre plus que décemment et avec des filles et de l’alcool en prime. Je savais que pour garder Cooper auprès de moi, j’allais devoir aligner les billets.

-Tu seras bien payé. On discutera salaire en privé.

Pas devant tous les autres. Parce que je ne comptais pas payer Cooper comme je payais un petit dealer. Il fallait que je paye la marque…

Il voulait bien se plier à la règle de mon nom et souhaitait lui aussi que le sienne ne sorte pas trop. J’approuvai d’un hochement de tête alors que le boxeur disait que, de toute façon, il ne ferait pas ça toute sa vie. Il ne savait pas encore qu’il venait de rentrer dans un cercle vicieux. Mais il l’apprendra… Et quand il le saura, il sera trop tard. Combat, alcool, fille et gang… Combiner les quatre c’est assez pour ne jamais en sortir.

Je me contentai de sourire hochant à nouveau la tête.

-Je m’en doute, ne t’en fais pas. Je ne te retiendrais pas quand tu remonteras sur un vrai ring.

Ça n’arrivera pas… Pas si l’un de mes prix était l’alcool. Cooper était arrivé au sommet parce qu’il avait du talent mais aussi parce qu’il avait une hygiène de vie parfaite… Sans compter qu’il ne va pas en rajeunissant. Plus le temps avancera, plus j’aurais de chance de le garder ici.

Il était donc intéressé ce qui était une très bonne chose. Il descendit du ring son chien aboyant à tout vas jusqu’à-ce qu’il change d’attitude et ne grogne une fois à ma hauteur. Je regardai brièvement le chien avant de l’ignorer et de fixer Cooper alors que Bishop avait repris ses esprits et revenait péniblement vers nous. Cooper lui fit un compliment ou du moins un demi-compliment alors que d’un signe de tête, je fis comprendre à Bishop que je le verrai après.

Cooper était prêt à s’éclipser mais avant, il voulait savoir quand il devait revenir.

-Oui, reviens demain vers 18h. Tu combattras souvent en soirée… Disons que c’est du 18h-minuit. Si j’ai besoin de toi à d’autres moments, je te préviendrais à l’avance.

Le boxeur tendit alors sa main et, en le regardant dans les yeux, je la serrai concluant ainsi notre alliance.

@ Billy Lighter