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Je ne sentis qu’à peine la gifle de la nymphe alors même que ma tête tourna d’un bon 45°, pas plus que sa langue humide à la commissure de mes lèvres, là où je bavais une écume de junkie qui en a trop pris. Assis sur les chiottes, tout ce que j’entendis encore, ce fut le mot « salope »… le titre de notre dernier album. Le mot qui qualifiait en quoi nous avions l’art de transformer toutes les femmes que nous touchions. La malédiction de The Lightening.

Je ne sentis pas les secousses de l’ambulance qui m’emmenait. Non… J’étais dans le Désert, à ramper et lover mes écailles dans le sable chaud du désert, remontant une dune vers une lumière aveuglante.

Mes yeux aux pupilles biseautées se contractèrent et je poursuivis ma lente ascension en zigzaguant. Peut-être qu’au bout du chemin m’attendait Gaïana, ma panthère noire et féline, couverte d’autant de tatouages que de cicatrices laissées par la vie.

Peut-être trouverai-je au bout du chemin ma guitare, pour faire résonner le monde de mes riffs emplis de colère et de haine… Révolté contre los Angeles qui prenait, mais ne donnait rien. Rien d’autre que du malheur. Gaïana partie, les deux morts de Saint-Louis.

Peut-être au sommet trouverai-je ma mère, bienveillante et calme, comme toujours. Peut-être qu’elle me prendra dans ses bras et m’étreindra jusqu’à ce que je me décide à rouvrir les yeux sur Los Angeles. A l’accepter et à oublier le Désert.

Mais non. Quand j’arrivais en haut de la dune, ce que la lumière cachait, c’était la voix de Billy Lighter. La voix de Billy qui m’appelait. Je m’approchai en rampant de cette lumière. Billy ne chantait pas, il appelait.

-Billy… viens me rejoindre.

Nous serions tellement mieux, ici, ensemble, à créer de la musique sans personne pour critiquer ou comprendre de travers. Nous serions si bien ici, à ne faire que de la musique et plus rien d’autre.

Mais plutôt que d’attirer Billy à moi, ce fut moi qui fus attiré par lui… Je m’approchai, encore et encore, jusqu’à ce que la lumière blanche englobe tout mon champ de vision, me faisant froncer les sourcils.

Puis dans la lumière se dessinèrent lentement des lignes et des couleurs, dont l’orange des cheveux de feu de Billy…

-Billy… Non…

Que lui vienne, je ne voulais pas aller vers lui… Retourner à Los Angeles. Je voulais rester ici, au chaud… Et pas dans le froid de la pièce blanche dans laquelle j’étais allongé, sur un lit d’hôpital.

Je marmonnai.

-Pourquoi je dois chaque fois revenir… Los Angeles nous tue, Billy…

@ Billy Lighter

J’avais été réveillé en pleine nuit par la sonnerie du téléphone. Mais contrairement aux autres fois que ça arrivait, c’est en sursaut que je m’étais réveillé auprès d’April. Et avant même que je ne décroche, un mauvais pressentiment se fit ressentir dans tous mon corps.

J’hésitai à décrocher…

Avant de finir par le faire et d’entendre la voix d’une femme m’annoncer avec toutes les pincettes possibles et avec une voix désolée que Cash était à l’hôpital parce que Cash a fait une overdose. Elle déclara que les médecins l’avaient stabilisé. Rapidement, ça commença à bouillonner en moi. Un mélange de colère et d’inquiétude. Ça faisait un moment que Cash n’avait plus pris de drogue…

Mais il venait de replonger… Et de finir à nouveau à l’hôpital. Encore une fois, Cash avait voulu me laisser seul. Encore une fois, il avait été sur le point de m’abandonner ! Alors même que le clip, dont le montage était terminé, n’allait pas tarder à sortir !

Ce sentiment ne semblait pas vouloir partir et tendait tous mes muscles. Je sortis du lit. Il fallait que je file à l’hôpital !

Je m’approchai d’April toujours à moitié endormi et j’embrassai sa joue.

-Cash est à l’hôpital… J’y vais… Je te donne des nouvelles très vite.

Et je partis en enfilant les premiers vêtements qui me tombaient sous la main avant d’embarquer dans ma Lamborghini et de foncer jusqu’au Good Samaritan. Je roulai vite. Extrêmement vite… Il fallait que je vois Cash ! Il fallait que je vois de mes yeux qu’il était en vie !

Une fois arrivé, je fonçai à l’intérieur et exigeant, à l’accueil, de voir directement Cash. La fille sembla déstabilisée et passa un coup de fil pour transmettre mon exigence. Quand ce fut fait, elle me regarda avec un air un peu ennuyer avant de me dire qu’il fallait encore patienter parce que Cash n’était pas encore en état pour recevoir des visites. Que je pouvais patienter dans la salle d’attente et qu’un médecin viendra me chercher quand ce sera le cas. Je fronçai les sourcils.

-Je veux le voir tout de suite !!!

Elle se mordit la lèvre et s’excusa encore avant de tenir sa position. Je tapai du poing sur le comptoir ce qui la fit sursauter. C’est là qu’un médecin arriva en renfort.

-Monsieur Lighter… Monsieur Izbel est hors de danger mais dors pour le moment. Dès qu’il sera sur le point de se réveiller, je vous conduirais personnellement à sa chambre. En attendant, suivez-moi, je vais vous montrer l’endroit où il se repose.

Il parlait d’une voix calme et posée et j’hochai la tête pour le suivre. Il me montrant la porte de la chambre de Cash et demanda à une infirmière à ce qu’on m’apporte une chaise pour attendre devant. Je le fis et attendit les bras croisés avant que je puisse, un temps après, entrer dans la chambre de Cash.

Je pris place au bord de son lit. Il dormait encore et des tuyaux lui ressortaient de partout. Je commençai à appeler après Cash d’une voix pas trop fort mais sur un ton ferme. Je voulais qu’il revienne. Je voulais qu’il ouvre les yeux ! Je voulais être sûr qu’il était toujours le même ! Je voulais que tout redevienne comme à nos débuts !

Et finalement, ce n’est pas ses yeux noirs qui me prouvèrent qu’il était en vie mais sa voix éraillée. Il voulait que je ne rejoigne. Mes lèvres se pincèrent. Non ! Je ne voulais pas mourir ! Je ne voulais pas finir dans le néant ! Je ne voulais pas qu’il y aille non plus !

-Non ! Je veux que tu reviennes !

Petit à petit, ses yeux s’ouvrirent. Cash revenait doucement à la vie, dans le monde réel. Celui auquel je m’accrochais avec toutes mes forces.

Mais il ne voulait pas revenir… Pourtant, une force extérieure semblait tout de même le sortir de son sommeil. Je me sentais un peu plus soulagé alors que ses yeux s’ouvrirent de plus en plus jusqu’à être grand ouvert sur moi.

Et il demanda pourquoi il devait revenir à chaque fois… Cette simple phrase tordit mon cœur qui me fit mal. Mes sourcils se froncèrent et Cash déclara que Los Angeles nous tuait.

-Non… Los Angeles ne nous tue pas ! Ce qui nous tue, c’est la drogue que tu prends. Pourquoi tu as fait ça Cash ? Pourquoi tu veux absolument mourir ? Pourquoi il faut chaque fois que ça recommence ?

Ma voix grave et éraillé tremblait d’inquiétude et de colère. Je voulais savoir pourquoi il replongeait à chaque fois !

-On avait tout : l’album, le clip ! On avait l’inspiration ! Pourquoi tu as pris cette merde ? Qu’est-ce qu’il te faut de plus ?

Je ne comprenais pas ! Je ne comprenais pas ce qui l’avait poussé à reprendre de la drogue alors qu’on était en symbiose !

@ Billy Lighter

Billy voulait que je revienne, il me tirait hors du Désert, par une porte invisible que lui seul était capable d’ouvrir. Lui seul était capable de me sortir d’un voyage tellement profond que c’était au risque que je m’y perde.

Ce n’était pas normal, et c’est probablement pour ça que je suivis la voix de Billy pour finalement ouvrir les yeux. Il y avait quelque chose d’anormal. Je ne pouvais pas aller si loin avec si peu de poudre.

Alors je rampais vers Billy, jusqu’à sentir à nouveau mon corps lourd et en sueur allongé sur un lit d’hôpital.

Billy criait maintenant, il ne voulait pas que j’accable L.A. de tous les maux, que c’était à cause de la drogue que nous en étions là.

Je répondis mollement.

-Je ne veux pas mourir.

Ce n’était pas le but, ça n’avait jamais été le but. Le fait était que j’avais mon propre monde sur lequel régner.

-C’est toi qui veux mourir, pas moi.

Et la dernière fois, nos rôles avaient été inversés. C’était moi qui était resté au chevet de Billy jusqu’à ce qu’il rouvre les yeux, en le maudissant pour avoir manqué de m’abandonner, seul au milieu de Los Angeles, avec un groupe qui, sans lui, serait sa voix et sans intérêt.

Billy s’emportait de plus en plus. Selon lui, nous avions tout : un album, un clip que nous essayions de sortir depuis longtemps. Il ne comprenait pas ce qu’il me fallait de plus. Ma voix eraillée, bien que faible, lui répondit avec une détermination non dissimulée dans le ton :

-La route, Billy… Il faut qu’on reprenne la route. Chanter et jouer aux quatre coins du monde, monter sur scène et vivre. Il n’y a que là que nous vivons vraiment. Pas en studio où nous ne sommes que les pantins d’une harpie qui veut se faire un nom grâce aux nôtre… Pas dans un clip qui ne sera qu’un pâle reflet de tous tes regrets.

Je secouai lentement, très lentement la tête.

-La scène, il n’y a que ça de vrai.

Je tendis la main… une main qui glissa aussi sûrement sur le drap que je ne rampais dans le sable du Désert, si chaud que j’en suais encore, pour attraper doucement la main de Billy.

-Je n’ai pas voulu mourir… La poudre avait un problème. Je n’en ai presque pas pris.

Je me rappelai alors du visage du passeur qui me l’avait vendue. Trop vieux, un visage inconnu…

-La poudre avait un problème.

@ Billy Lighter

Cash ne voulait pas mourir… C’est ce qu’il disait… Je fronçai les sourcils. Et bien s’il ne voulait pas mourir, il ne fallait pas prendre de drogue ! Tout le monde sait que ce genre de merde, ça conduit tout droit au cimetière. Surtout que ce n’était pas la première fois que le cœur de Cash avait failli lâcher ! Pas la première fois qu’il avait failli m’abandonner !

Et mes sourcils se froncèrent encore plus quand il disait que c’était moi qui voulait mourir et pas lui. J’avais voulu mourir ! Mais ce n’était plus le cas maintenant.

-Je ne veux pas mourir ! Et je ne veux pas que tu meurs non plus !

Et chaque fois qu’il risquait de mourir, il m’emmenait sur la même pente… The Lightening ne pouvait pas vivre sans lui… Je ne pouvais pas vivre sans The Lightening. Alors je ne pouvais pas vivre sans Cash. Et si, effectivement, il n’avait pas voulu mettre fin à ses jours alors c’était d’autant plus stupide !

Surtout qu’il n’avait même pas l’excuse de n’avoir aucun projet alors même qu’on était sur le point de sortir de clip. On venait à peine de terminer la post-production ! Mais ça ne semblait pas encore assez pour satisfaire Cash !

Non… Cash voulait une tournée. Il voulait reprendre la route. Mon cœur s’accéléra. Chaque fois qu’on parlait de tournée, je revoyais Saint-Louis. Chaque fois qu’on parlait de tournée, je revoyais les morts… Ceux qu’on avait faits sans le vouloir. Ceux que le Midwest avait tués pour nous punir d’y être revenu sans lui offrir ce qu’il voulait : mon âme. Celle de William… Le Midwest voulait récupérer William… Mais j’avais refusé et il avait fait des morts.

Je voulais L.A…. Cash voulait la route… Cash qui crachait encore sur Samantha…

Cash qui voulait retourner sur scène comme si cette overdose était une façon de me faire céder.

La scène me manquait aussi… Mais les morts me hantaient. Je savais que si on refaisait une tournée et qu’on retournait au Midwest… On allait encore y laisser des plumes.

Et je ne voulais pas… Je ne voulais plus de morts.

Mais je ne voulais pas non plus perdre Cash.

Et quand il attrapa ma main, je serrai la sienne relevant mon regard sur le sien.

-Samantha n’est pas une harpie. Elle fait du bon boulot. Elle complète bien Lenny. Je veux qu’elle reste.

Ce n’était pas négociable. J’aimais bien Samantha. Elle avait réussi à faire en sorte que le clip sorte. Elle avait fait en sorte de trouver le bon acteur pour remplacer Moriarty.

Mais il restait cette histoire de tournée…

-Je veux bien faire un concert… A L.A… Pour commencer. Mais si on refait une tournée, Cash… Pas de Midwest !

Surtout pas d’Indiana ! Je ne voulais pas y mettre les pieds. C’était mon exigence.

Et Cash déclara encore qu’il n’avait pas voulu mourir… Que la poudre avait un problème. Je fronçai les sourcils.

-C’est que tu as encore acheté cette merde n’importe où ! Qui te l’a vendu ? Où tu l’as acheté ? Et puis, de toute façon, la drogue, je t’ai déjà dit que c’était de la merde. Quelle qu’elle soit d’ailleurs. Ça tue des gens !

Je fixai Cash droit dans les yeux.

-Si on repart… Il ne faut plus que tu en prennes. Parce que si on est sur les routes et que tu en reprendre. On rentre tout de suite !

C’était une autre de mes conditions !

@ Billy Lighter

Je voulais partir, je voulais chevaucher le long serpent qu’était la route, traverser de vrais désert, quitter Los Angeles pour un temps, fuir l’ennui. Il fallait que Billy sorte de son trou, qu’il ose faire quelques pas au grand jour. Qu’il laisse derrière les morts de Saint-Louis et avance enfin un peu vers l’avenir.

Je ne voulais pas mourir, que du contraire, je voulais vivre ! Et il n’y avait que sur scène que je me sentais réellement vivant. A Los Angeles, c’était toujours la même chose : boire, bouffer, baiser… Mais ce n’était qu’une errance sans fin.

-Je ne veux pas mourir. Nous avons l’album BITCH ! qu’il faut que nous fassions entendre au monde, Billy. Nous devons déverser notre colère à travers le monde.

Je secouai doucement la tête.

-Sinon, tout ce que nous faisons n’a aucun sens. Ni l’album, ni le clip.

Même si je ne considérais pas le clip comme étant le nôtre. C’était le clip de Samantha Mancini. Je serrai la main de Billy et il serra encore plus fort la mienne en retour.

Billy voulait que Samantha reste. Je roulai des yeux, avant de les fermer puis de dire dans un faible murmure.

-D’accord, qu’elle reste. Mais qu’elle se calme un peu. Je ne suis pas à son service. C’est elle qui est à notre service. Elle travaille pour nous, pas l’inverse.

Billy voulait bien partir en tournée, mais il ne voulait pas de Mdiwest.

-D’accord. Pas de Midwest. Mais nous avons besoin d’air, Billy.

Ce ne serait pas pour aujourd’hui, ni pour demain… j’en avais pour un bon moment à me remettre de mon overdose... Et Billy en avait d'ailleurs après la drogue. Sauf que j’étais persuadé que je n’avais pas fait une overdose.

-C’est un empoisonnement, Billy… J’ai acheté cette poudre à un homme qui avait la trentaine. Brun aux yeux bruns mais pas latino… Il a dit que c’était de la bonne, que c’était de l’italienne.

Je soupirai et regardai le plafond.

-Dieu que je hais les italiennes.

Mes yeux s’emplirent de larmes et quand je me tournai vers Billy qui disait que si je voulais qu’on reparte, il fallait que j’arrête la dope, elles coulèrent sur mes joues.

-Je n’y arriverai pas tout seul, Billy. Il faut que…

Ma gorge se serra…

-Je n’y arrive plus tout seul… Il faut que j’aille en désintox’.

@ Billy Lighter

Cash voulait partir. Cash voulait reprendre la route. Au fond, je le voulais aussi mais les morts de Saint-Louis hantaient toujours mes pensées. Pourtant, j’aimais chanter sur scène. J’aimais extérioriser tout ce que j’avais à l’intérieur sur scène.

Et Cash ne voulait pas mourir. Il voulait faire entendre notre album au monde. Il voulait que tout le monde l’entende. Il ne voulait pas se contenter de ce qu’on faisait maintenant. Il disait que si on ne tournait pas, l’album et le clip n’avaient aucun sens. Mes lèvres se pincèrent. Il avait raison. Je savais qu’il avait raison. Mais je savais que les routes étaient parsemées de dangers.

-Je sais que ça n’a pas de sens… Je sais qu’il faut que le monde entende cet album.

Et je serrai plus fort la main de Cash cédant petit à petit à sa demande mais clamant toujours que Samantha devait rester. Que ce n’est pas parce que Cash n’était pas d’accord avec elle et qu’il voyait partout le mal en elle que j’allais céder à ça. Je voulais qu’elle reste. Cash accepta mais déclara qu’elle travaillait pour nous. Je fronçai les sourcils.

-Elle le sait. Tu verras qu’elle n’est pas celle que tu crois qu’elle est.

Moi, je voyais en Samantha quelqu’un qui était capable de tout nous arranger en un claquement de doigt et c’était ça qu’il nous fallait. Si on reprenait la route, c’était quelqu’un comme elle qu’il nous faudra pour que toutes nos exigences soient remplies. Comme celle de ne pas passer par le Midwest maintenant que j’avais accepté qu’on reprenne les routes.

-On peut aller partout ailleurs mais pas là.

C’était scellé. On repartira… Je ne savais pas encore quand mais on repartira. Il était évident que ça ne serait pas pour tout de suite. Cash devait d’abord se remettre et en finir avec son addiction lui qui clamait toujours qu’il n’avait pas voulu mourir et que c’était la drogue qui avait un problème.

La drogue en soit était un problème ! Mais ça, il ne semblait pas le comprendre ! Il continuait de dire que c’était un empoisonnement avant de faire une brève description du dealer qui semblait sortir de l’ordinaire alors que la description qu’il en faisait pouvait définir les trois quart de L.A..

Et il trouva encore à redire sur les Italiennes rien qu’en partant de son overdose. Je soupirai d’exaspération.

-Il t’a bien eu, ce dealer. Il avait de la merde, il le savait et il te l’a vendu pour se faire de l’argent. Qu’elle soit italienne ou pas, la drogue reste de la merde.

J’avais d’autres exigences et la principale était que, si Cash voulait repartir sur les routes, il fallait qu’il arrête la drogue.

Et mon cœur se serra… Il se serra quand les larmes commencèrent à border les yeux de Cash. Comme si c’était contagieux, les miens se bordèrent aussi de larmes sans que je puisse faire quoi que ce soit.

Il déclara, alors que ses larmes coulaient, qu’il n’y arriverait pas seul. Mon cœur se serra un peu plus... Et les larmes coulèrent sur mes joues aussi jusqu’à ce que Cash déclare qu’il devait aller en désintox’.

Dans mon regard, toujours embrumé de larmes, s’afficha une pointe de détermination.

-Alors tu iras. Dès que tu iras mieux, je te conduirais en désintox’. Et dès que tu ne seras plus accro à cette merde… On reprendra la route !

Je serrai encore plus fort la main de Cash.

-The Lightening revivra entièrement. On montrera à tout le monde qu’on n’est pas mort et qu’on ne veut pas mourir. On redeviendra le meilleur groupe de L.A. et, surtout, on ne se laissera pas abattre par cette instance supérieure qui semble vouloir nous mettre des bâtons dans les roues.

Je fixai le regard de Cash.

-On fera ça ensemble. Tu es partant, Cash ?

Il fallait qu’il le soit. Il fallait qu’on soit uni pour que The Lightening revive.

@ Billy Lighter

Billy comprenait. Il savait que produire des chansons sans pouvoir les jeter à la figure du monde n’avait pas de sens. Billy comprenait mon besoin malgré sa peur, de retourner sur les routes, de chevaucher le Serpent de bitume… Il comprenait tout ça mais cela ne se ferait pas sans condition. Pas sans ses conditions et la première d’entre elle était que Samantha Mancini soit de la partie car c’était elle qui rendait nos idée concrète… Qui faisait de pensées quelque chose de tangible.

Et je devais lui laisser ça qu’effectivement, le clip était sorti. Il était fait, alors que cela faisait plus d’une année que nous essayions, sans succès, qu’il vienne au monde.

Je ne l’aimais pas. Je détestais Samantha Mancini. Je la ressentais comme un danger, comme la représentante de toutes les femmes dont nous parlions dans BITCH ! mais elle était aussi la condition sine qua non d’une nouvelle tournée.

Alors je hochai la tête.

-Qu’elle vienne alors.

Une autre condition était d’éviter le Midwest. Ce n’était pas un problème pour moi, surtout après ce qui s’était passé à Saint-Louis. Je ne pouvais pas refuser ça à Billy. Nous avions essayé de combattre ses démons une fois et cela s’était terminé par un drame.

Alors je hochai la tête pour toute réponse à cette évidence.

J’essayai d’expliquer à Billy que la poudre était mauvaise, que c’était de l’Italienne et qu’elle était mauvaise… Un peu comme Samantha Mancini… Mauvaise et traitre. Mais pour Billy, n’importe quelle drogue était de la merde.

Alors j’abdiquai, les larmes aux yeux. Je savais très bien qu’essayé une nouvelle crue maison ne fonctionnerait pas. J’étais trop loin, trop dépendant, alors qu’avant, je n’avais même pas besoin de poudre pour voyager.

Les larmes de Billy coulèrent aussi mais il allait m’aider…. Il faudrait le temps que j’aille mieux, puis après, il m’accompagnerait en désintox’ pour une période indéterminée que j’imaginais déjà comme très difficile. Mais j’en avais besoin.

J’en avais besoin parce que ça allait finir par me tuer. Et je savais que Billy ne survivrait pas à ça.

-Ok… Ok… On ira ensemble… Tu m’y conduiras…

Je serrai à mon tour la main de Billy et réussi à lui sourire à travers mes larmes.

-Ouais. On fera ça ensemble.

@ Billy Lighter