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 Partners For A Day [PV Jordan Keller] [Terminé ]

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Anonymous
Rafaela Torres
Invité



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MessageSujet: Partners For A Day [PV Jordan Keller] [Terminé ]   Partners For A Day [PV Jordan Keller] [Terminé ] I_icon_minitimeSam 27 Avr - 19:45



Partners For A Day
ft. Jordan Keller


Il est six heures, comme tous les jours mon réveil sonne et je me réveille non sans mal, extirpée brutalement d’un rêve dont je ne me souviens jamais. Je travaille dans deux heures et comme la ponctualité est quelque chose de très important pour moi je m’assure de toujours pouvoir arriver avec quinze minutes d’avance, après avoir fait tout ce j’ai à faire ; aujourd’hui ne fait pas exception même si je sors de quelques jours de vacances et que me lever fut plus difficile que d’habitude.  

Après m’être levée, avoir fait des étirements pendant cinq minutes et un court passage aux toilettes, je me rends à la cuisine manger rapidement quelque chose, généralement des fruits secs ou une barre protéinée – que du bon sucre, en tout cas,  avant d’enfiler mon survêtement pour partir courir une demi-heure dans le quartier qui se réveille à peine. Le jogging matinal, j’adore ça ; il n’y a rien de mieux pour se réveiller, pour préparer mon corps aux efforts que j’aurai à faire pendant la journée et parce que le temps est idéal – il y un léger vent frais et vivifiant et il ne fait pas chaud du tout. Après ça, je rentre, prends une douche froide (ce n’est pas toujours agréable mais c’est ce qu’il y a de mieux après le sport, croyez-moi) et un vrai petit-déjeuner, puis je m’habille et me prépare.

C’est comme ça tous les jours – je suis quelqu’un d’assez routinier. Je n’aime pas l’imprévu, du moins pas dans ma vie personnelle ; dans le cadre de mon travail c’est différent, évidemment. Aucune journée n’est comme les autres et c’est en partie pour ça que j’aime tant mon boulot. Être flic à Los Angeles c’est passionnant, jamais monotone et souvent risqué – et c’est ma vocation. Ma vocation, oui … et la seule chose que je sais faire. Je ne me suis jamais imaginée autre chose que policière alors je n’ai jamais réellement pris la peine de m’intéresser à d’autres boulots, mis à part les jobs alimentaires que je faisais avant de pouvoir intégrer la police et qui m’ont tous permis, mine de rien, d’acquérir des compétences qui me servent plus ou moins tous les jours, au travail ou dans la vie.

***


Mais peu importe. Je viens d’arriver au commissariat. Il est huit heures moins dix, j’ai un peu de temps pour saluer rapidement les collègues et prendre un café avant d’aller mettre mon uniforme et d’attendre Andy, qui arrive toujours quelques minutes après moi - en étant essoufflé parce qu’il est tout le temps persuadé d’être en retard, étant au moins autant à cheval sur les horaires que moi.

Andy, c’est Andrew Wallace, mon partenaire depuis six mois. Il est nouveau et encore inexpérimenté, mais il est enthousiaste et il a envie d’apprendre alors c’est un plaisir de travailler avec lui – même s’il a un faible pour moi. C’est l’impression qu’il me donne, en tout cas. Il n’arrive pas à me parler en me regardant dans les yeux et il n’arrête pas de rougir quand je lui fais un compliment – mais peut-être n’a-t-il simplement pas l’habitude de côtoyer des femmes. Il n’a pas de sœur, ni même de mère (elle est morte dans un accident de voiture quand il était gamin, je crois) et il n’y a pas beaucoup de femmes au commissariat. Ça ne m’étonnerait pas qu’il n’ait jamais eu de petite amie non plus, mais je ne me risquerais pas à lui demander car premièrement ça ne me regarde pas et parce qu’il y verrait sans doute une proposition de ma part, chose qui n’arrivera jamais. Mais cela, il l’ignore et il s’attend probablement à ce que je lui tombe dans les bras un jour. Le pauvre garçon …

Il n’empêche qu’Andy est le meilleur équipier avec lequel j’ai travaillé, je trouve. Pas en termes de compétences, mais en termes d’humanité. Avant lui, je devais me coltiner de véritables beaufs, des espèces de clichés vivants du gros flic bouffeur de donuts qu’on voit dans tous les films au cinéma, qui passaient leur temps à faire des « blagues » lourdes sur moi ou sur les femmes en général, essayaient maladroitement de me draguer même si j’avais l’âge d’être leur fille et ne me laissaient quasiment rien faire parce qu’ils ne croyaient pas en mes compétences et en mes capacités.

Alors que j’étais meilleure qu’eux, mais qu’ils ne voulaient pas le voir et encore moins l’accepter.

Enfin … c’est du passé. Je travaille avec Andy maintenant et nous nous entendons très bien, j’ose même dire que nous sommes amis même si nous ne nous voyons que très peu en-dehors du travail parce que je n’aime pas mélanger vie personnelle et vie professionnelle. Et aussi parce qu’il me collerait vingt-quatre heures sur vingt-quatre et qu’il en deviendrait très vite insupportable.

- Ah Rafaela vous êtes là, je voulais vous voir justement, s’écrie une voix que je reconnais immédiatement. C’est le chef McCoy, mon supérieur. Il veut me voir ? Très bien, mon café attendra.

- Bonjour Chef, lui réponds-je poliment, droite comme un piquet et les bras le long du corps.

Qu’est-ce qu’il peut bien me vouloir, le chef ? Est-ce qu’il a des reproches à me faire ? Je n’espère pas, je viens d’arriver, je ne suis même pas encore en uniforme ! Et je n’ai rien à me reprocher, je n’ai jamais rien à me reprocher, je fais bien mon travail – je le fais toujours bien ! Je n’aime pas quand il me dit qu’il veut me voir, car ce n’est qu’à moi qu’il le demande aussi souvent – à chaque fois que je le croise il veut me voir, à chaque fois il a un truc à me dire ! Il ne m’aime pas ou quoi ? Moi je l’aime bien pourtant, je crois … je ne me pose pas la question … c’est mon patron, est-ce qu’on doit aimer son patron ? Je ne sais pas, je ne fais vraiment pas un boulot ordinaire et – pourquoi est-ce que je stresse autant ? Il faut que je me calme, bon sang, je sais que je n’ai rien fait de mal et McCoy le sait aussi. D’ailleurs, il n’y aucun agacement, aucune colère dans sa voix. Donc tout va bien, n’est-ce pas ?

- Wallace a appelé pour me dire qu’il ne pouvait pas venir aujourd’hui. Il vous faut un autre coéquipier pour la journée, en somme.

Ah … d’accord. Ce n’est que cela. Andy ne peut pas venir et donc il me faut un autre équipier. Bien, très bien. Ce n’est pas un souci, je m’adapterai. Comme je le disais, le boulot de flic est imprévisible.

- Très bien chef. Il vous a dit pourquoi il ne pouvait venir ?

Ce n’est pas que la réponse m’intéresse vraiment. Andy n’est pas vraiment du genre bourreau de travail et un simple mal de tête peut le dissuader de venir bosser – les hommes se font un drame de tout, de toute manière ! Un pauvre rhume et on a l’impression qu’ils sont à l’agonie – une petite migraine parce qu’ils ont trop bu la veille, et hop ! à les entendre ils souffrent le martyr et ils ne seront plus capables de rien pendant huit jours. Nous les femmes, c’est différent, sans doute parce qu’on a plus l’habitude de souffrir – mais je ne vais pas rentrer dans les détails.

- Il est malade apparemment. A mon avis, il a juste trop fait la fête hier soir et il n’a pas voulu me le dire, réponds le chef avec un sourire.

Bon, eh bien je n’étais pas très loin de la vérité apparemment.

- Quoiqu’il en soit il vous faut un autre équipier pour la journée et j’ai déjà mon idée sur qui sera l’heureux élu, mais … comment dire ? Hum … je peux vous voir un instant dans mon bureau ?

Tiens, il paraît un peu embarrassé, le chef. Pourquoi ? Il est si terrible le partenaire provisoire qu’il m’a trouvé ? Putain, j’espère que ce n’est pas un de ces parasites inutiles qui ne savent rien faire de leurs foutus doigts à part boire en service et se servir de leur flingue à la moindre occasion. On en a plein des comme ça ici et je me demande encore comment ils ont fait pour ne serait-ce qu’être acceptés dans la police … à tous les coups ce sont tous des maris du frère de la cousine d’un ami du voisin du chef, ou bien ce sont des flics autrefois compétents qui se sont un peu trop laissés allés.  

Je n’espère pas tomber sur un équipier de ce genre en tout cas. Quoique ça m’étonnerait que McCoy fasse ça parce qu’il a toujours été bienveillant et protecteur envers moi – un peu trop sans doute, comme s’il me prenait pour une petite chose fragile, sur le point de craquer à tout moment.

- D’accord chef, je vous suis, dis-je.

***


Argh, le bureau du chef McCoy. Je n’aime pas y aller car c’est typiquement le genre d’endroits où on annonce de mauvaises nouvelles. La pièce en elle-même n’augure rien de bon, elle est relativement petite, surchargée, à moitié plongée dans la pénombre. Et il y fait relativement froid aussi, à cause de la climatisation. Un climatiseur dans une si petite salle … j’imagine que c’est aussi pour disperser un peu les persistances odeurs de café et de tabac froid qui me donneraient presque la nausée.        

- Bon, commence le chef tout en s’asseyant sur son fauteuil en cuir qui n’est plus de première jeunesse. Connaissez-vous l’agent Keller, Rafaela ?

Hum … l’agent Keller, qu’il dit ? C’est le nom de mon partenaire pour aujourd’hui ? Probablement … en tout cas ce nom ne me dit pas grand-chose. Je crois que je l’ai entendu quelques fois, notamment lorsqu’il y a eu la fusillade au Great Nachos avec les South Panthers. Le Great Nachos, c’est un restaurant tex-mex de l’Eastside, pas mal populaire parmi les flics de L.A, même si je n’y vais personnellement pas souvent, je préfère les endroits un peu plus classe et je trouve ça trop gras. Et puis de toute façon, personne ne cuisine mieux mexicain et texan que ma mère !

- Je crois que j’en ai entendu parler. Pourquoi ? C’est avec lui que je vais travailler ?
- En effet. Je voulais vous voir parce qu’il est un peu … disons, rude et que je voulais m’assurer que vous n’auriez pas de problème à travailler avec lui. Non pas que vous ayez le choix.  

Bon, d’accord … Keller est rude. Ça me fait une belle jambe … ça veut dire quoi, rude ? Qu’il va me gueuler dessus à chaque fois que je dirais un truc ? Qu’il n’a aucune patience ou aucune one de sympathie dans son corps ? Tout ça à la fois, ou rien du tout ? « Rude », ça ne veut rien dire.

- Rude ? C’est-à-dire ? demandé-je, histoire d’avoir quelques précisions.

McCoy sourit nerveusement. Visiblement, lui-même ne savait pas trop comment répondre à cette question. Bon … j’espère qu’il va me répondre quand même, histoire que je sache à qui j’ai à faire.

- Disons qu’il n’est pas toujours très subtil, pas toujours très patient et qu’il n’a pas l’habitude de travailler avec quelqu’un d’autre que son coéquipier habituel. Comme vous j’imagine.
- Je n’aime pas non plus travailler avec quelqu’un d’autre qu’Andy et ça ne m’empêche pas d’être subtile ou patiente, réponds-je du tac au tac.
- Oui, je …

Il cherche ses mots un instant, puis reprend :

- Ecoutez, Rafaela, je veux juste vous prévenir car je tiens à vous. Je sais que vous avez déjà vécu quelques, euh … erreurs d’affectation par le passé—
- Ça on peut le dire, l’interrompis-je.
- … et je tiens à ce que vous sachiez avec qui vous allez bosser cette fois-ci pour ne pas que vous soyez vulnérable.  

Putain, non. Pas ce mot là … vulnérable. Putain, je l’attendais celui-là. Dans le bingo des mots qu’il faut pas me dire, celui-là apparaît dans chaque foutue colonne.

- Vulnérable ? C’est ainsi que vous me voyez ?

Je serre les dents, mais je garde mon calme. Je ne veux surtout pas faire croire à McCoy qu’il m’a blessée. Ce serait lui faire croire d’autant plus qu’il a raison.

- Non, Rafaela, vous voyez bien ce que je veux dire, je—
- Je sais que vous voulez me protéger de je ne sais quoi, chef, me ménager … mais je ne suis pas une petite chose fragile, Monsieur, j’au choisi d’être ici, je l’assume parfaitement et je sais me défendre. Je n’ai pas besoin de votre … « protection », ou peu importe ce que c’est. Sans vouloir vous manquer de respect, bien sûr.

Ouais. J’espère que c’est clair comme ça au moins. Je sais que « sans vouloir vous manquer de respect » est une manière polie de dire « ta gueule », mais je ne veux réellement pas lui manquer de respect – la hiérarchie et l’autorité, c’est très important pour moi. Et McCoy le sait. En fait, il semble même content que je l’ai un peu secoué, ou que j’ai essayé de le secouer tout au moins.

- Pourtant un jour vous avez fondu en larmes dans ce bureau, me répond-il avec un sourire narquois.

Quel enfoiré … cela n’a absolument rien à voir. N’importe qui aurait réagi comme je l’ai fait …

- Vous veniez de m’annoncer que mon père était mort.

McCoy me regarde fixement, tout sourire a disparu de son visage. Il semble désolé de ce qu’il m’a dit, d’avoir vu la tristesse passer une seconde dans mon regard. Il hausse les épaules avant de reprendre la parole :

- Ecoutez, Rafaela … nous en reparlerons. Keller doit être arrivé et je dois aller lui dire que c’est avec vous qu’il va travailler aujourd’hui. Profitez-en pour aller vous préparer et retrouvez-moi dans le hall.
- Très bien, chef.

***


Quelques minutes plus tard, je reviens donc dans le hall du commissariat, en uniforme et mes cheveux coiffés en chignon. Je suis un peu nerveuse, je l’avoue … je me demande si ce Keller va être sympa avec moi ou s’il va m’envoyer balader dès qu’il me verra en déclarant ne pas vouloir travailler avec moi ; je ne sais pas. Mais de toute façon ce n’est pas comme s’il avait vraiment le choix.

J’arrive devant le chef et devant Keller, qui a meilleure allure que ce que je m’étais imaginé, ce qui est un bon point. Il ne ressemble certainement pas à un mannequin mais a l’air d’avoir un peu plus de prestance que les cafards en surpoids avec lesquels j’ai dû être amenée à travailler.

- Bon, commence le chef McCoy, nous y voilà. Rafaela Torres, Jordan Keller. Jordan Keller, Rafaela Torres.

Je tends poliment ma main à Jordan, tout en essayant de le regarder dans les yeux – ce qui n’est pas facile étant donné qu’il est plus grand que moi. Je vois en tout cas qu’il n’a pas franchement l’air enchanté qu’on doive collaborer – il a la même tête que si son canari venait de se faire bouffer par un chat juste sous ses yeux. Bah tant pis, même s’il ne veut pas de moi il va falloir qu’il fasse avec.

- Je ne vous demande pas d’être amis, reprend le chef, mais je suis sûr que vous arriverez à bien travailler ensemble. Vous êtes tous les deux compétents et capables. Alors euh … au travail !

Le chef s’éloigne non sans m’adresser un dernier sourire. Bon, eh bien nous y voilà. Jordan Keller donc. Très bien. Ça va me changer d’Andrew Wallace, pour sûr.

- Ravie de vous rencontrer, dis-je pour entamer la conversation même je n’étais pas tant enchantée que cela, on va essayer de … euh, nouer une amitié productive.

Et, comme je suis un peu curieuse, je ne peux m’empêcher de lui demander :

- Vous travaillez avec qui d’habitude ? Je le connais peut-être …

Même si ça m'étonnerait.

@ Billy Lighter


Dernière édition par Rafaela Torres le Lun 20 Mai - 23:45, édité 2 fois
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Jordan Keller
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MessageSujet: Re: Partners For A Day [PV Jordan Keller] [Terminé ]   Partners For A Day [PV Jordan Keller] [Terminé ] I_icon_minitimeLun 29 Avr - 19:29



Partners For A Day
ft. Rafaela Torres


J'avais pas dormi, tiens, pour changer... sauf que, pour une fois, ça avait rien à voir avec les cauchemars ou un foutu stress venu du fin fond de mon cerveau toujours en train de ressasser cette connerie de Vietnam. Non, j'avais simplement pas dormi parce que la veille, je m'étais fait plaqué comme une vieille merde et que je l'avais eu mauvaise.

Je l'avais eu mauvaise surtout parce que j'avais rien vu venir. Je bossais beaucoup mais pas non plus de quoi dire que j'avais plus de vie, les tensions entre les gangs s'étant un peu apaisées depuis qu'on avait bouclé quelques South Panthers, dont ceux qui m'avait bousillé l'épaule. Bref, tout ça pour dire que moins de tensions signifiait moins d'heures sup' et plus de temps pour Alexie.

Ouais, sauf qu'Alexie avait "d'autres projets" et que les "autres projets" en question voulaient que notre relation prenne fin. Tu peux dire aussi que tu t'es lassé de moi, ça marche aussi.

Je l'avais eu mauvaise, donc, puis fallait avouer que sans m'être mis à chialer comme une madeleine, j'étais quand même triste. Parce que si elle ne m'aimait plus, moi, je l'aimais toujours.

Et Duncan qui était parti en Australie le jour avant...Putain...

Bon, au moins, celle-ci était partie simplement en me tournant le dos, elle ne s'était pas suicidée comme Roxxy… Y avait de l'amélioration, Keller, c'est bien.

Restait Conrad...mouais... Sauf que, le pauvre, il en pouvait rien, mais il avait placé ses congés ces jours-ci pour aller rendre visite à de la famille en Irlande. Ce qui voulait dire que je savais pas qui j'allais devoir me coltiner au boulot... J'allais essayer de sauter sur la fonction de garde cellule. Tout seul dans un couloir vide, avec deux trois épaves en cage ou des petits merdeux en train de trouiller rien qu'à penser au moment où leur paternel allaient venir les chercher, c'était exactement ce qui me fallait.

Heureusement que c'était qu'un putain de 8-17. Bien que je savais quand même pas trop ce que j’allais pouvoir faire après…. Vu qu’Alexie avait « d’autres projets », que Duncan était en Australie et que Conrad était en Irlande.

Mon réveil avait sonné... pour rien, puisque j'avais passé la nuit à regarder le plafond et à ressasser tout ça. Alors je m'étais levé et avait pris mon petit-déjeuner: café-clope. Je laissais les barres protéinées, les bons sucres et le jogging matinal à ceux qui rêvent encore qu'être flic signifie frôler la perfection. Ils finiraient, comme tout le monde, par réaliser que c'était de la connerie et que d'être clean, avoir un uniforme impeccable et une hygiène de vie saine suffisait pas à faire un bon flic.

Non, ça, c'était bon pour la propagande de recrutement.

Un bon flic, c'est celui qui, face à un problème, arrive à le résoudre et pas forcément par la procédure écrite dans les manuels théoriques de l'instruction, mais tout en restant dans la légalité.

J'avais pris ma Ford, avait roulé jusqu'au commissariat, fait un détour par le vestiaire et avait enfilé mon déguisement pour la journée.

J'adorais mon job, faut pas se méprendre. Mais je ne l'idéalisais pas. Je savais très bien qu'on sauverait pas le monde. Et si aujourd'hui, je faisais que faire plaisir à une petite vieille en l'aidant à retrouver son chemin, ben ma journée serait réussie.

Je serai mort que les Los Diablos, les South Panthers et autres noms d'équipes de délinquants seraient toujours bien en vie, eux. Alors je vais pas aller au casse-pipe pour le plaisir. J'ai déjà pris une balle… ça faisait mal, pour info. J'avais vécu tout le Vietnam sans en prendre une seule... Et là où je me faisais mettre du plomb dans l'aile, c'était à pratiquement deux pas de chez moi.

Je saluai deux-trois gars dans la salle de briefing, tapai dans les mains de ceux avec lesquels j'avais le plus d'affinités puis me laissai tomber dans un siège en soufflant et en frottant mes yeux. Et Kurt de lancer:

-Oooouh...Dure nuit et d'humeur massacrante.

Je lui accordai un sourire quand même.

-Tu lis en moi comme dans un livre ouvert... Et en plus, Conrad est pas là.

Kyle, plus jeune et encore presque neuf, que rien qu'à voir son regard, je sentais qu'il avait une idée derrière la tête, me demanda:

-Tu veux les cellules? Je t'échange cellule contre patrouille! Tu veux?

Même lui il commençait à me connaître. Et puis garde cellule, c'était pas ce qui branchait les plus jeunes d'entre nous. Du coup, ça fonctionnait bien: les vieux briscards prenaient les cellules, en générale, histoire d'avoir la vie pépère, et les jeunes allaient courir dehors après les méchants en se prenant pour des super-héros.

Je le regardai en fronçant les sourcils avec un sourire en coin...

-Comment ça se fait que tu te retrouves aux cellules, toi?

Et ce fut le chef McCoy, qui arrivait dans mon dos, qui me mit au courant.

-Kyle est et restera aux cellules pour mettre ses rapports à jour.

Je ricanai et regardai Kyle...

-Aaaah...ben c'est ce qui arrive quand on veut jouer à super flic. Super flic tape aussi beaucoup de supers rapports.

Pourquoi, à votre avis, sauf véritable délit ou crime, ou quand vraiment on me poussait à bout, j'essayais de régler les problèmes à l'amiable, hein? Pour taper moins de rapports, moins de PV et le citoyen, lui, me respectait en retour pour cette façon de faire. Et du coup, quand j'étais dans le coin, vu qu'ils m'avaient à la bonne, ils se tenaient tranquilles.

Par contre, ils adoraient emmerder des casse-couilles procéduriers comme Kyle qui, pris à son propre jeu, se retrouvait avec un tas de rapports à taper.

Sauf que par extension, il nous emmerdait aussi puisqu'on pouvait pas, nous, ceux qui avions pas envie de courir, bosser pépère aux cellules.

Je plantai une clope entre mes lèvres et le chef reprit:

-Keller, vu que Greenly n'est pas là, j'aimerais bien que tu travailles avec Torres pour aujourd'hui. Je sais que tu ne supportes pas les nouveaux mais j'aimerais que tu lui montres ta façon de travailler...

Je levai un sourcil et crachai un peu de fumée en levant mon regard vers lui.

-Je veux bien, mais c'est qui Torres?

Il sourit en coin et me tapa sur l'épaule.

-Merci... Je reviens dans deux minutes pour te tuer le suspens, ne t'en fait pas.

Je le regardai, sceptique.

-C'est vous le chef, chef...mais ça pue quand même l'arnaque, cette histoire.

De fait...

J'eus qu'à regarder "Torres" quand elle entra dans le bureau... Ouais... J'ai bien dit: "elle"...et ma première pensée fut...

A quoi ils pensent, au recrutement?!

Je rappelle que je viens de me faire plaquer. La dernière chose que j'ai envie de voir, c'est une paire de lolo en uniforme. Voire même une paire de lolos tout court. Mais en uniforme, ça frôle l'aberration.

Tous les autres étaient en train de baver, déjà... Mais pas moi...ce qui était probablement exactement la raison pour laquelle le chef m'avait choisi pour cette mission de merde. Parce qu'il savait que j'allais pas la draguer, pas lui faire les yeux doux à longueur de journée et...

Pas lui faire de cadeaux non plus.

-Salut, Torres.

Bon, je fis un effort quand même parce qu'elle avait l'air dans ses petits souliers un peu et lui serrai la main, ma clope pendant de mes lèvres. Le chef nous présenta, nous demanda pas d'être ami et moi, je jouais à la locomotive avec la fumée de ma clope.

La fille, elle, voulait nouer une "amitié constructive". Je savais pas trop ce que c'était. Je lui souris.

-Ouais... on va surtout patrouiller, pour ce que j'en sais.

Je pris les clés de mon véhicule, écrasai mon mégot dans le cendrier sur le bureau et me levai. Elle était minuscule. Seigneur...

Le chef, lui, opta pour un "courage, fuyons" en règle.

-Bon...

Je m'étirai.

-T'as bu ton café? T'as fait pipi? Si oui alors on y va...

Et la fille de me demander avec qui je bossais d'habitude.

-Conrad Greenly mais il est en vacances. Vivement qui revienne.

Je traçai mon chemin jusqu'au parking, sans vraiment me soucier de si elle suivait ou non mais balançai quand même.

-Tu viens d'où? Eastside? En tout cas, si t'es pas de Downtown ou de Beverly Hills, laisse tomber ton parler avec les chichis et les froufrous, là... Sinon, dans la rue, ceux à qui t'auras à faire penseront que tu parles chintoque. Ou que tu te fous de leur gueule et que tu te penses supérieure à eux.

Je me tournai vers elle, une fois à la bagnole, pour ouvrir la portière côté conducteur où j'allais prendre place.

-Et c'est vraiment pas le cas.

@ Billy Lighter

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MessageSujet: Re: Partners For A Day [PV Jordan Keller] [Terminé ]   Partners For A Day [PV Jordan Keller] [Terminé ] I_icon_minitimeMer 1 Mai - 0:14



Partners For A Day
ft. Jordan Keller


Jordan Keller est donc mon coéquipier pour aujourd’hui. Très bien ; je ne sais rien de lui mais il me laisse une bonne première impression pour le moment même si lui n’a pas l’air vraiment enchanté de devoir travailler avec moi … il s’y fera, il n’a pas vraiment le choix de toute façon. Bon, je ne dirais pas que moi-même je trépigne de joie à l’idée de passer toute une journée avec lui mais il m’a l’air un peu mieux que les larves que j’ai dû me traîner à l’époque ; ne serait-ce que d’un point de vue physique. Il est objectivement plutôt beau et il a l’air d’avoir un peu plus d’allure que mes anciens équipiers d’avant Andy. Ça n’a pas l’air important comme ça mais comme notre apparence est souvent le reflet de notre personnalité, ou plutôt de ce qu’on veut bien en montrer, on peut se faire une première impression. Et ma première impression de Jordan Keller, en l’occurrence, est plutôt bonne. Il me donne l’image d’un homme un peu froid qui ne parle pas beaucoup. Il est un peu comme moi, donc.

- T'as bu ton café ? T'as fait pipi ? Si oui alors on y va ...

Oui papa … enfin je veux dire : oui, je suis prête. Le chef est arrivé avant je ne puisse ne me faire mon café mais ce n’est pas grave, je peux m’en passer, je suis suffisamment réveillée - prête à l’action même s’il y a de fortes chances qu’il n’y en aura pas beaucoup, de l’action. Pour être honnête, c’est rare qu’il se passe vraiment quelque chose de palpitant en patrouille mais ce n’est pas un mal, nous sommes aussi et surtout là pour dissuader. Pour rassurer, aussi. Les citoyens se sentent toujours mieux lorsque nous sommes à proximité, même dans les quartiers où ils savent qu’ils ne risquent pas grand-chose en plein jour. Evidemment le risque zéro n’existe pas mais il n’y a qu’à South L.A et à la rigueur dans l’Eastside que notre présence n’empêche pas infractions, délits et crimes de se commettre – parce que ce sont les territoires des gangs et qu’ils savent très bien qu’on peut pas toujours faire quelque chose contre eux sauf si on tiens à engager une fusillade que, en sous-nombre, nous sommes quasiment certains de perdre. Mais peu importe. Keller et moi n’aurons probablement pas à nous soucier des gangs aujourd’hui ; enfin, ça va dépendre d’où on va aller.  

- Ouais, je suis prête.

Bon, nous y voilà. Torres et Keller, un duo improbable. Quoique, peut-être pas tant que cela - il se peut qu’on ait des points communs, sait-on jamais. Et pour les trouver, il va falloir que j’apprenne à le connaître un peu ; sans trop entrer dans les détails même si je suis curieuse de nature. D’ailleurs, je lui demande avec qui il travaille d’habitude, juste pour savoir. Un homme, j’imagine – et dans ce cas-là il y a au moins soixante-dix ans pour cent de chances qu’il ait essayé de me draguer au moins une fois. Ça arrive … quelquefois. Moins que lors de mon arrivée dans la police, mais ça arrive. Des compliments plus ou moins bien sentis, des petites blagues (mauvaises ou pas d’ailleurs, je n’arrive pas à faire la différence car je n’ai pas d’humour), de simples regards. C’est agréable parfois, agaçant le reste du temps – mais j’ose avouer que c’est pratique, aussi. Beaucoup d’hommes au commissariat sont prêts à me rendre de petits services pour le seul motif que j’ai un vagin parce qu’ils pensent que je vais coucher avec eux s’ils vont me chercher un café ou m’aident à remplir des rapports. C’est ridicule, je sais.

- Conrad Greenly mais il est en vacances. Vivement qui revienne, me répond Jordan.
- Ah oui, je vois qui c’est.

Un grand musclé aux cheveux bruns, du genre beau parleur. Il a essayé de me draguer une fois ou deux alors que je suis sûr qu’il ne connaît même pas mon nom mais il n’est pas du genre lourd.

Peu importe, il n’est pas là et c’est moi qui le remplace, en quelque sorte. Alors au travail ! Je suis Jordan jusqu’au parking sans trop oser dire quoi que ce soit, à part répondre aux questions qu’il ne manque pas de me poser :

- Tu viens d'où? Eastside ? En tout cas, si t'es pas de Downtown ou de Beverly Hills, laisse tomber ton parler avec les chichis et les froufrous, là... Sinon, dans la rue, ceux à qui t'auras à faire penseront que tu parles chintoque. Ou que tu te fous de leur gueule et que tu te penses supérieure à eux. Et c'est vraiment pas le cas.

Euh … quoi ? Pourquoi il me dit ça ? Je hausse les épaules et lui réponds :

- Je viens d’Hollywood. Enfin je suis née au Mexique mais ce n’est pas important.

Pourquoi, qu’est-ce qu’elle a ma manière de parler ? Je parle toujours comme ça … verbe, sujet, complément, comme tout le monde, non ? Qu’est-ce qu’il veut dire par là ? Il veut qu’j’cause comme ça, dire putain à chaque putain d’mot, ou quoi ? Ben désolé l’ami, mais ce n’est pas vraiment ma manière de faire … ni ma manière de penser.

- Pour être honnête, lui réponds-je, je ne suis pas vraiment d’accord avec vous. Bien parler à quelqu’un, c’est en quelque sorte le valoriser, car il aura l’impression qu’on le prend pour quelqu’un d’intelligent et il aura envie de prouver qu’il  l’est.

Enfin c’est mon avis. J’imagine que nous ne voyons pas les choses de la même manière. Moi, je me dis qu’il y a du bon en chacun et qu’il suffit d’aider cette bonté à s’exprimer, de n’importe quelle manière. Je pense qu’il faut valoriser les gens, pour qu’ils aient envie de montrer le meilleur d’eux-mêmes ; et même si cela n’a l’air de rien ça passe aussi par le langage. On n’obtient rien de quelqu’un en lui parlant comme un à enfant ou comme à son meilleur ami si c’est un inconnu. Je crois ; c’est probablement vrai dans certains cas. Pour d’autres personnes, il faut s’abaisser à leur niveau j’imagine. Je n’en sais rien … je n’ai pas envie d’y réfléchir, pas plus que je n’ai envie de me lancer dans des débats philosophiques avec Jordan d’ailleurs. Alors changeons de sujet.

- J’aurais bien aimé conduire, mais j’imagine que vous avez le privilège de l’ancienneté …

Parce que Keller s’est installé à la place du conducteur sans poser aucune question et que j’aurais bien voulu conduire, moi … il aurait moins pu demander « qui conduit ? » pour la forme, parce que j’ai l’impression d’être une foutue stagiaire ou je ne sais pas quoi, là … il est au courant que je ne sors pas tout juste de l’école de police, le Keller ? Ça fait trois ans que je suis là – même s’il ne le sait pas, évidemment. Bah, c’est un homme voilà tout … les hommes et les voitures c’est une grande histoire d’amour … mais j’aime les voitures moi aussi. J’ai une Buick Regal de 1975, de couleur rouge, dont je prends grand soin. Typiquement une voiture d’homme, mais je suis un peu garçon manqué - pour certaines choses. Et je conduis bien …  mais ça le Keller ne le verra jamais parce qu’il s’est tout de suite installé au volant … pff. Non je ne suis pas vexée.

Alors à défaut de pouvoir montrer à Keller mes compétences au volant, je me laisse conduire. C’est un peu chiant …

Ne sachant pas trop quoi faire de mes mains, je joue avec mes cheveux mais j’arrête rapidement car j’ai l’impression que ça agace Keller et parce que ça m’agace aussi, surtout. Bon … il n’y a pas grand-chose d’autre à faire dans l’immédiat alors je reprends la parole pour demander à mon équipier :

- Ça fait combien de temps que vous êtes dans la police ?

Vu sa tête, son côté désinvolte et mes impressions personnelles, je dirais au moins dix ans. C’est difficile à dire en réalité, vu que je ne sais pas son âge et que de toute façon je ne compte pas lui demander. Il n'a plus l'air très jeune en tout cas.

- Je suis sûre que j’ai beaucoup de choses à apprendre de vous, en tout cas ! reprends-je.

C’est vrai, je suis un peu lèche-bottes, mais je suis sincère. Sérieusement. C’est peut-être même pour cela que le chef m’a mis avec Keller, pour apprendre quelques petites choses de lui – c’est une des raisons en tout cas, les autres étant qu’il a voulu me tester, voir si je pouvais supporter quelqu’un comme Keller, et me sortir un peu de ma zone de confort. J’imagine. Ses motivations ne sont pas toujours claires – ou bien c’est simplement qu’il l’a décidé ainsi parce que c’est le chef, au choix.

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Jordan Keller
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MessageSujet: Re: Partners For A Day [PV Jordan Keller] [Terminé ]   Partners For A Day [PV Jordan Keller] [Terminé ] I_icon_minitimeJeu 2 Mai - 20:48



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ft. Rafaela Torres


Bon... La fille était prête, c'était déjà une bonne chose, parce que j'allais pas l'attendre 50 ans. Puis elle voyait qui était Conrad aussi, ce qui me fit hausser les épaules au passage.

-Ouais... ça m'étonne pas.

Conrad adore les gonzesses. Pas qu'il ait envie de coucher avec tout ce qui bouge, c'est pas le genre. Mais c'est un putain de beau-parleur... Même quand il a pas de réelle attente, il faut qu'il fasse le beau. Enfin bref... Il fait ce qu'il veut... Moi, j'ai déjà du mal avec les filles dans la rue ou au Green Goat et notre rencontre avec Alexie avait été légèrement forcée par les circonstances vu que je l'avais aidée après qu'elle se soit crashée en bagnole.

Mais déjà qu'une femme est synonyme d'emmerdes (vu mon humeur du jour, je sais pas si je suis objectif), alors une femme qui est en plus une collègue, on appelle ça une putain de boîte de Pandore !

Jamais je draguerai une collègue, pour la simple et bonne raison, pour commencer, que je suis contre les femmes à la police ou à l'armée. Nom de Dieu, Duncan fulminerait s'il m'entendait penser. J'adorais la musique de BleedingHeart mais fallait bien que je me rende à l'évidence que de mon point de vue old-school, certaines choses n'étaient belles qu'en musique.

Pas en vrai.

En arrivant à la voiture et avant d'y grimper, je lui signalai que sa façon de parler était à abandonner. Mais madame, qui m'informa qu'elle était d'Hollywood mais d'origine mexicaine, avait son petit avis là-dessus. Manquerait plus qu'elle soit végétarienne avec ça. Si on parle bien au gens, ça leur donnera pas l'impression qu'on les prend pour des cons et ils auront envie de prouver quelque chose… Mouais… C’est une façon de voir.

Je m'installai derrière le volant, laissant ma portière ouverte pour le moment.

-Ouais...chez les Bisounours, peut-être. Dans le vrai monde, c'est une autre histoire. T'inquiète, les désillusions viendront avec le temps.

Ouais... Il y avait des exceptions, bien sûr, comme Delfino Alvarez qui avait fini par s'en tirer. Mais c'était pas parce que je lui avais bien parlé. Tout seul comme un grand qu'il avait fait ça.

En vrai, ce genre de réflexion me permettait de cerner aussi un peu Torres que je connaissais ni d'Eve ni d'Adam. Le but d'une équipe n'est pas d'être pareil, que du contraire. Conrad et moi n'étions pas pareils, nos avis divergeaient sur beaucoup de choses, ce qui ne nous empêchait pas de nous entendre. Là où c'était intéressant, c'était que là où des interventions pouvaient tourner au vinaigre avec moi, Conrad pouvait les désamorcer avec sa tchatche (que moi, je n'avais pas) et quand à l'inverse, la tchatche permettaient trop à nos clients de jouer avec nos couilles, c'était moi qui prenait le relais pour remettre tout le monde  à sa place. Et je parle même pas de frapper ou quoi, simplement d'employer un langage plus simple et plus direct.

Ce que je cherchais donc  à faire, c'était cataloguer Torres, savoir où elle se situait et dans quelle situation elle serait plus à même de gérer ou dans quelle situation ce serait à moi d'être en première ligne.

Je pris une clope dans mon paquet et en frappai le bout contre la boîte en la regardant.

-Commence avec moi, déjà. Arrête de me vouvoyer. On a le même grade et je me sentirai moins vieux.

J'allumai ma clope et en soufflai la première bouffée en ajoutant:

-Et si t'es mexicaine et que tu causes espagnole, ça, ça peut être un vrai atout.

Ça peut même changer la donne sur certaines interventions, ici à Los Angeles.

Je fermai ma portière, moulinai pour ouvrir ma vitre et démarrai la bagnole, ma clope entre les doigts de ma main droite. Je grimaçai légèrement en passant la première, pas parce que Torres me disait qu'elle aurait bien voulu conduire mais parce que mon épaule me faisait mal.

J'eus une esquisse de sourire quand elle dit que je devais avoir le privilège de l'ancienneté. La blague.

-Non. J'ai juste le privilège que c'est moi qui conduis. Conrad peut pas non plus.

J'ai mes habitudes, ma grande, et je suis trop vieux pour les changer. Je quittai la place de parking pour monter sur la rue, ma clope pendant entre mes lèvres. On était parti pour un petit tour du propriétaire... Direction l'Eastside. On était lundi... Madame Stone serait en train de faire ses courses et tout, pépère... peut-être qu'elle allait encore se faire taxer son portefeuille par des gosses... On allait retrouver les mêmes SDF aux mêmes endroits, les mêmes junkies qui savaient plus où ils habitaient ni leur nom, les bandes de jeunes qui sèchent les cours...

Mais Torres avait pas fini avec les questions et comme j'avais que ça à foutre quand même, j'y répondis.

-Ça fait 6 ans... J'étais à l'armée avant.

Je jetai un bref regard à la fille quand elle affirma qu'elle allait apprendre beaucoup de moi... Et je crois que même lors que je conduisais, c'était la première fois que je la regardais vraiment... et qu'est-ce que je voyais? Bah une fille... Jeune...avec un uniforme qui aurait jamais dû être taillé pour ses formes... mais clean, sérieuse... le genre qui veut prouver quelque chose. A qui? Je sais pas.

Et je finis par reposer mes yeux sur la route en haussant les épaules... même s'il y en avait toujours une qui remontait légèrement plus haut que l'autre maintenant, à chaque fois que je faisais ça.

-C'est pas moi qui vais t'apprendre. C'est la rue qui va t'apprendre. Moi, j'ai ma façon de bosser. Y a des trucs que tu trouves bien dans ce que je fais? Tant mieux. Prends. C'est gratuit. Après, je prétends pas être parfait et je prétends sûrement pas tout savoir. Je hais ce qu'on me fait faire aujourd'hui parce que je déteste être un exemple. Tu veux bien me tutoyer, nom de dieu?

Je pris ma clope entre mes doigts pour balancer la cendre par la fenêtre.

-Et ça veut pas dire que je te piquerai pas des trucs à toi si y a des trucs que tu fais que je trouve bien. Je suis un vieux con, probablement, à tes yeux, mais je peux encore apprendre des trucs.

Je roulais relativement lentement, balayant les rues du regard en même temps, en mode patrouille quoi...

-Toi, t'es là depuis combien de temps? Et plus important encore, tu faisais quoi avant?

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MessageSujet: Re: Partners For A Day [PV Jordan Keller] [Terminé ]   Partners For A Day [PV Jordan Keller] [Terminé ] I_icon_minitimeSam 4 Mai - 18:20



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ft. Jordan Keller


Jordan Keller est plus intelligent qu’il n’en a l’air au premier abord, plus subtil en tout cas. C’est sincèrement très intéressant de parler avec lui même si je préfère généralement effectuer mon travail en silence, et qu’il m’a l’air un peu fermé - ce que ne me gêne pas outre mesure puisque je ne suis pas non plus un modèle de sympathie, d’ouverture et de légèreté. Enfin, la plupart du temps. J’essaye de changer de ce côté-là, de paraître un peu moins coincée, de m’ouvrir davantage aux blagues et aux bons mots, de mieux exprimer mes sentiments, d’être plus empathique. Est-ce que c’est la bonne solution ? Je ne sais pas ; je n’y réfléchis pas vraiment car c’est quelque chose qui m’est venue de manière spontanée parce qu’être toujours sérieuse, froide, à cheval sur les protocoles et les règlements n’est pas si facile et parfois même usant ; mais c’est en même temps ce que je suis censée être – je crois ? A vrai dire il me serait peut-être plus simple d’être naturelle, de moins réfléchir, d’être plus spontanée en somme. En tout cas Keller, lui, ne manque pas de spontanéité. Il n’est pas de mon avis sur l’importance de parler aux gens de manière à ce qu’ils se sentent intelligents et valorisés et il me le fait bien savoir :

- Ouais ... chez les Bisounours, peut-être. Dans le vrai monde, c'est une autre histoire. T'inquiète, les désillusions viendront avec le temps.

Ah. Ses propos sont assez durs, tout de même. Il insinue que je ne connais rien au vrai monde, que je me fais des histoires, que ce que je pense n’est valable et réel que dans ma tête ? Mais pour qui il se prend ? J’ai bien le droit d’avoir mon avis, non ? Ce n’est pas parce qu’il a plus d’expérience que moi dans ce boulot qu’il a forcément raison, hors ses dires sonnent pour moi comme une vérité générale ; sans doute parce qu’il est persuadé qu’il a raison et qu’il ne cherche pas à ce qu’on essaye de le convaincre du contraire. Bon … c’est compréhensible. J’imagine qu’il sait de quoi il parle … mais en même temps je n’ai pas envie de lui dire qu’il a raison. Je ne suis pas autant pessimiste que lui ; pour l’heure … j’imagine qu’après avoir vu et vécu trop de drames et d’horreurs comme c’est probablement son cas je verrais le monde d’un autre œil, qu’avec ce changement de perspective et les « désillusions », comme il dit, à venir je serai une flic (et une femme) complètement différente … qui peut le dire ? Je n’ai pas envie d’y réfléchir, pas pour l’instant. Je veux garder foi en l’humanité et en ma conviction qu’il y a du bon en chacun. Les désillusions … ça viendra plus tard.

- Le plus tard possible j’espère, lui réponds-je.

Bon, c’est bien sympathique la philosophie mais je ne suis pas d’humeur à ça et on a un travail à faire. Jordan s’est mis au volant le plus naturellement du monde sans me demander mon avis et alors que je m’apprête à lui en faire la remarque il reprend :

- Commence avec moi, déjà. Arrête de me vouvoyer. On a le même grade et je me sentirai moins vieux.

Ouais … euh … je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée. Je tiens à ce qu’il y ait une certaine distance entre lui et moi – par principe. Et puis il est plus vieux que moi, non ? Je respecte les aînés, moi. Même si le terme « aîné » est sans doute mal choisi pour Keller, c’est vrai, il n’a pas soixante ans non plus, même s’il parle un peu comme un vieux. Il n’empêche qu’il n’a pas tort ; j’imagine. On est partenaires, certes provisoirement, on est tous les deux sur le terrain alors j’imagine qu’on peut se permettre un peu de familiarité entre nous. Ça me gêne un peu, cependant … mais j’imagine que je vais devoir me faire violence. Bon, très bien. Je vais lui dire « tu » à partir de maintenant … quoique, non. Ça me gêne un peu … mais je vais m’y faire. La prochaine fois qu’il me fait la remarque, je le fais.

- Et si t'es mexicaine et que tu causes espagnol, ça, ça peut être un vrai atout, reprends Keller en soufflant la fumée de sa cigarette.

Il a tout à fait raison mais … pouah, il fume ? Ce n’est pas très sérieux, ça. Le tabac c’est mauvais pour les poumons, donc la respiration, donc les capacités sportives – qui sont très importantes pour un flic. Comment poursuivre un type à pied alors qu’on tombe rapidement à bout de souffle ? On ne peut pas toujours rester dans la voiture. Comment se planquer et se mettre à couvert rapidement lorsqu’on subit un feu nourri, aussi ? J’ai dû le faire une fois et c’était difficile, sous le coup du stress, malgré mon excellente condition physique. Avec en plus l’effet de tunnel à la con, et la peur qui te paralyse une seconde. Une seconde qui peut t’être fatale … je ne m’imagine pas comment tu peux gérer ça avec des substances toxiques dans ton corps en plus. Enfin, Jordan fait ce qu’il veut, je ne suis pas là pour lui faire la morale. A chacun son vice je suppose – même si je  ne pense pas en avoir un moi-même. Le sexe peut-être, mais c’est le vice de tout le monde.

En tout cas il a raison sur un point. Parler espagnol est un atout à Los Angeles, dans certains quartiers particulièrement. L’Eastside et South L.A regorgent de nombreux immigrés et descendants d’immigrés mexicains, colombiens, portoricains, sud-américains de tout poil et tous ne maîtrisent pas forcément l’anglais – alors leur parler dans leur langue native est un bon moyen de les faire parler un peu plus, de leur faire dire ce qu’ils ne savent pas dire autrement, de les faire se sentir plus à l’aise car on n’est jamais plus à l’aise qu’en parlant sa langue de naissance avec d’autres locuteurs.

- Je parle espagnol, oui. Et j’ai déjà pu me rendre compte de l’utilité d’être bilingue, c’est vrai.

Entendre et comprendre ce que certains essaient de tenir secrets, communiquer facilement avec des gangsters qui essaient de nous la mettre à l’envers, comprendre ce qui se dit dans les rues, ou même juste négocier des réductions auprès d’un vendeur de tacos. Ce genre de choses.

Bon, mettons-nous au travail. Keller a décidé qu’il conduisait sans me demander mon avis et je lui fais remarquer, un peu vexée, que j’aurais bien voulu conduire aussi. J’imagine que comme il a plus d’expérience que moi il peut se permettre de se passer de mon avis, mais il me répond que c’est comme ça avec son équipier habituel aussi. Bon, ça me va. Ça veut dire que ce n’est pas parce que c’est moi ou parce qu’il ne fait pas confiance – même s’il y a sans doute un peu de cela, j’imagine. Ce n’est pas grave. Je pense qu’il finira par ne plus douter de moi ni de ce dont je suis capable.

En attendant, je fais un peu connaissance avec lui. Ainsi donc, ça fait six ans qu’il est entré dans la police. Six ans seulement ! Sérieusement, je pensais qu’il était là depuis une dizaine d’années au moins ! Mais non. Comme quoi, il ne faut pas toujours croire en son instinct – sachant que Keller m’a l’air d’avoir au moins trente-cinq ans, ma théorie était plausible. Mais non, ça ne fait que six ans qu’il est là ; et même si c’est littéralement le double de moi, il n’est en fait pas si expérimenté que cela. Si ? Je ne sais pas – six ans c’est beaucoup et si peu à la fois. Par exemple, il est difficile pour moi de me projeter dans six ans. Dans six ans, ben … j’aurais trente ans. Ah, merde. C’est bien vrai que le temps passe vite …

Sinon, il dit qu’il était dans l’armée, avant ? Oh, j’imagine qu’il a dû faire le Vietnam … je me demande tout ce qu’il a bien pu vivre là-bas. C’était sans doute beaucoup plus difficile que dans la police, en tout cas ; il a dû perdre beaucoup d’amis, se prendre des balles, manquer plusieurs fois d’y passer tout ça pour ne même pas gagner, au final. Moi, je n’ai jamais connu tout ça, évidemment. Je suis trop jeune et je suis une femme, mais honnêtement si j’avais eu la possibilité de servir mon pays je l’aurais fait – c’est à l’Amérique que je dois ma vie et je suis prête à lui rendre la pareille. Je ne comprends pas tous ces hippies et tous ces pacifistes … si tu n’acceptes pas de te sacrifier, de donner ta vie pour protéger ton pays, c’est que tu ne l’aimes pas. Et si tu ne l’aimes pas, pourquoi y rester ?

Bah, je n’ai pas envie de penser politique. Je ne suis pas là pour ça, mais pour faire mon travail. Alors je regarde avec attention autour de moi tout en continuant à discuter avec Jordan. Je lui dis que je suis certaine d’apprendre beaucoup de choses de lui, il me répond que c’est la rue qui va m’apprendre et que lui-même peut apprendre de moi – c’est ce qu’il dit en substance. Hum, c’est plutôt vrai. Lui, de par ses six ans d’expérience sait mieux que moi comment gérer certaines situations, et il a sans doute plus de contacts que moi ; et moi, euh, je suis certaine que j’ai des qualités qu’il n’a pas. Probablement. Mes capacités sportives peut-être ? Parce que franchement il n’a pas l’air d’un athlète, le Keller. Je tire très bien, aussi, mais j’imagine que je ne peux pas rivaliser avec un ancien militaire sur ce terrain-là. Quoique, ce n’est pas sûr ! la dernière fois que j’ai regardé c’était toujours mon nom tout en haut du tableau des scores au stand de tir. Ça fait longtemps que je ne suis pas retournée m’y entraîner, d’ailleurs, j’irai sans doute demain si je peux.

- Toi, t'es là depuis combien de temps ? Et plus important encore, tu faisais quoi avant ? me demande Jordan.
- Rien. Enfin si, j’ai fait des petits boulots. Du genre serveuse, baby-sitter, professeur particulier d’espagnol, j’ai donné des cours de piano. D’autres choses aussi, j’aime bien apprendre de nouvelles choses. Je suis entrée au LAPD dès que j’ai pu, il y a trois ans.

Et puis me voilà. Quand j’y pense, je me rends compte que je suis chanceuse : devenir flic était un rêve d’enfant et je suis parvenue à le réaliser. Combien de personnes peuvent en dire autant ? Bien sûr, devenir flic à Los Angeles ce n’est pas si difficile en soi, il suffit de ne pas avoir de casier judiciaire, d’être équilibré et de réussir les tests, mais c’est quand même un accomplissement. Même si ce n’est que le début – moi je vise la brigade criminelle, je veux être enquêtrice ; le FBI ou la DEA ne me déplairaient pas non plus mais je sais bien que c’est quasiment inaccessible pour moi. On verra bien, j’ai encore le temps. Dans deux, trois ans je pourrai commencer à gravir les échelons si j’en ai le courage et les capacités. Et si on accepte de me laisser ma chance bien sûr.

- Au début, je ne faisais que du travail de bureau parce que le chef ne me croyait pas capable de faire du terrain. Il a un peu trop tendance à me protéger, même encore aujourd’hui. J’imagine que tu n’as pas ce problème-là ? Moi, j’ai l’impression que tout le monde s’attend à ce que je me plante, alors j’essaie de donner le meilleur de moi-même et d’être irréprochable. Ce n’est pas toujours facile.

C’était vrai surtout au début, ça. Maintenant on m’accepte un peu plus, même s’il y a encore des réticents qui se croient drôles à me demander pourquoi je ne suis pas à la maison à m’occuper des gosses pendant mon mari travaille. Je sais qu’il y avait du bon dans les années cinquante, mais je suis contente de ne pas les avoir connues pour le coup.

- Mon père croyait en moi et comme il s’entendait plutôt bien avec le chef celui-ci a décidé de me faire confiance. Il a vu qu’il avait bien fait, reprends-je.

Décidément, je suis bavarde aujourd’hui. Ce n’est pas mon genre d’habitude, mais je dois avouer que c’est plaisant. Manquerait plus que je me mette à sourire, tiens. Ça, ça ne risque pas d’arriver – je ne vois pas l’intérêt de sourire pour rien, ce n’est pas en montrant ses dents comme un con qu’on arrive à quelque chose dans la vie.

- Mon père, vous l’avez peut-être connu ? Fernando Torres ? Il était flic aussi.

Ça m’intéresse, vraiment. Mon père ne nous parlait jamais de son boulot, de ce qu’il y faisait, des gens avec lesquels il travaillait. J’imagine que nous parler d’histoires de meurtres, de viols et de cambriolages le soir au dîner n’était pas très approprié.

Soudain, un bruit de tir interrompt notre conversation, suivi d’un cri désespéré :

- A l’aide !  

@ Billy Lighter
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MessageSujet: Re: Partners For A Day [PV Jordan Keller] [Terminé ]   Partners For A Day [PV Jordan Keller] [Terminé ] I_icon_minitimeJeu 9 Mai - 22:08



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ft. Rafaela Torres


Bon… Cette fille parlait espagnol. Ça lui faisait un atout en plus par rapport au binôme que Conrad et moi formions. Vu que nous, on parlait l’anglais et… l’anglais. Bref… Elle avait conscience que ce serait utile, parce qu’elle avait déjà eu l’occasion de s’en rendre compte. Magnifique… mon neveu de quatre ans aurait pu s’en rendre compte aussi.

On est à Los Angeles… C’est écrit dessus, que c’est un peu utile.

Bref… Je gardai mes réflexions pour moi, conscient que cette fille voulait bien faire… Et se faire bien voir aussi.

Et puisqu’on avait que ça à foutre et que j’avais pas spécialement envie de lui tirer la gueule sous prétexte que je pensais qu’elle n’avait rien à foutre là, je me dis que lui donner sa chance de me faire changer d’avis (bonne merde) serait pas du luxe.  

Du coup, on joua un peu aux questions réponses. Et donc, avant, cette fille était…

Un peu tout et rien. « Rien » c’était même elle qui le disait. Moi aussi, avant d’entrer  l’armée, j’étais rien. J’avais aussi fait des petits boulots, agricole pour la plupart, pour aider ma mère à arrondir les fin de mois.

Je secouai la tête quand elle me demanda si j’avais eu le problème qu’on ait tendance à me préserver, au début. Je secouai la tête en ricanant pour toute réponse.

Je suis pas une gonzesse, de un… J’étais militaire avant, de deux.

Et donc, Rafaela était là depuis trois ans… Au début pour de l’administratif puis on l’avait laissée sortir. Selon elle, le chef avait bien fait.

-Donc… T’es pistonnée, quoi…

Bah ouais, son père « s’entendait avec » le chef… pistonnée qu’on appelle ça.

-Quant à savoir s’il a bien fait… Je serais toi, j’attendrais d’être à la pension et de pouvoir regarder derrière moi, pour savoir s’il a bien fait.

C’est pas sur trois ans, ni sur six, ni vingt, qu’on sait dire si on a réussi carrière ou non. C’est quand tout est bouclé et qu’on a plus qu’à crever.

Puis elle me demanda si je le connaissais, moi aussi, son paternel, Fernando Torres. Ouais, je le connaissais. Il était mort y avait quoi ? Deux ans ? Poignardé en service. C’est ce qui s’appelle manquer de bol… J’en avais eu juste un petit peu plus que lui. Et je la sentais encore brûler dans mon épaule, cette chance.

Mais entre nous… je vais pas chialer. On sait tous dans quoi on s’engage.

-Ouais, un peu.

Je la regardai.

-Mais ça change rien.

J’allais pas la chouchouter plus parce que son père était mort en service. Si elle était là, c’était que « techniquement », elle avait encore tous les neurones valables pour aller sur le terrain.

Objectivement…

Si on va par là, j’ai pas assez de mes dix doigts pour dénombrer les frères d’arme que j’ai perdu au Vietnam. Ça change quelque chose ? Non. Faut toujours bien que je bouffe à la fin du mois.

J’allais lui demander ce qu’elle voulait bouffer à midi, tant qu’à faire de poser des questions qui seraient utiles. Mais on fut brusquement interrompus par un coup de feu et un appel à l’aide.

Je soupirai, balançai ma clope par la fenêtre et braquai le volant pour me diriger vers le bruit. Puis j’ouvris la portière de la voiture en dégainant et restai à couvert de mon propre véhicule. Je supposais que Rafaela savait ce qu’elle devait faire, vu que le chef « avait bien fait de lui faire confiance ».

Je pointai le type qui portait l’arme et la victime, tétanisée jusqu’ici, pris la fuite vers le fond de la ruelle.

-Police ! Lâche ton arme !

Il ne lâcha pas… Que du contraire.

Alors je tirai trois coups de feu. Deux poitrines, une tête. Army style. Intervention terminée.

Mon cœur battait très vite, très fort et j’étais essoufflé sans avoir couru. Mais le danger était écarté.

Mais on était partis pour des heures de rapports…

Je jetai un œil à Rafaela.

-Garde un œil sur les alentours.

Je fis un appel radio, expliquant ce qui s’était passé, demandant renfort pour faire un périmètre autour des lieux où gisait le corps de notre target. Puis, je regardai encore mon équipière d’un jour et il me fallut deux ou trois secondes pour aligner mes idées.

J’avais tout fait en respectant ce qui devait être fait dans ce genre de cas où si ce n’était pas nous qui le butions, c’était l’inverse qui allait arriver. Mais j’étais pas bien quand même d’avoir buté quelqu’un, même si ce n’était pas la première fois.

-Faut qu’on retrouve la victime. On va en avoir besoin.

Et moi, c’est d’une clope que j’ai besoin.

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MessageSujet: Re: Partners For A Day [PV Jordan Keller] [Terminé ]   Partners For A Day [PV Jordan Keller] [Terminé ] I_icon_minitimeMar 14 Mai - 16:24



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ft. Jordan Keller


Les rues de l’Eastside sont calmes, pour le moment. Je ne devrais pas penser cela, mais j’ai hâte qu’il se passe quelque chose pour pouvoir prouver à Jordan que j’ai ma place ici, des compétences et rien à envier aux autres. Alors en attendant, j’essaie de le connaître un peu mieux ; même si je ne suis pas une grande bavarde d’habitude, ça permet de faire passer le temps. Bon, donc il est là depuis six ans – seulement, alors que j’avais l’impression qu’il était là depuis dix ans au moins. Ce n’est pas tant que ça, six ans, et pourtant il donne déjà l’impression de ne plus avoir grand-chose à foutre de rien, si vous me passez l’expression. Et il était dans l’armée avant ? Qu’il soit maintenant dans la police  ne me surprend pas – après le Vietnam, la plupart de ceux qui ne restaient pas dans l’armée étaient devenus soient des flics, soient des criminels. Pour certains le choix était vite fait – mal considérés et abandonnés par tout le monde ou presque, n’arrivant pas à se refaire à la vie civile ou à trouver un travail ils tournaient mal et se lançaient dans le braquage de banques, le cambriolage ou devenaient des tueurs à gages. D’autres se disaient que leurs compétences acquises dans l’armée pourraient être utiles dans la police et d’autres encore y entraient parce qu’ils pensaient qu’ils n’avaient pas leur place ailleurs. Je soupçonne Jordan d’être dans cette dernière catégorie, mais après chacun fait ce qu’il veut. S’il est là, c’est qu’il avait sa place d’y être, tout comme moi et la plupart de nos collègues.

A moi ensuite de répondre ce que je faisais avant la police. Des petits boulots, plus ou moins intéressants, qui m’ont été tous plus ou moins utiles pour la suite, dans mon travail ou dans ma vie. Puis j’ai rejoint le LAPD en 1980 et comme le chef ne m’estimait pas capable d’aller sur le terrain j’ai passé mes premiers six mois à remplir des papiers de merde et à m’occuper des archives avant que mon père n’intervienne en ma faveur parce qu’il savait tout autant que moi que je mourrais d’envie de faire mes preuves et que mes compétences n’étaient pas franchement mises en valeur, quand j’étais consignée au fond d’une salle sombre à ranger des cartons et trier des dossiers.

- Donc … T’es pistonnée, quoi, me dit Jordan.

Je soupire malgré moi. Non … non. Je m’y attendais un peu à ce qu’il me dise ça. Merde, j’aurais pas dû en parler, ou tourner ça autrement ; parce que j’ai déjà l’impression qu’il pense que je ne suis pas à ma place et pour l’instant mes propos lui donnent raison. Et en même temps … j’ai l’impression qu’il dit cela pour me provoquer. Pourquoi ? Je l’ignore – mais il y a quelque chose d’irritant dans sa façon de parler, en tout cas, avec ses sourires en coin à la con et son foutu sarcasme. Bon, calme-toi Rafaela. Utilise des arguments, ne te laisse pas faire. Fais comme d’habitude, quoi. Montre-lui que tu as des couilles, certes métaphoriques, et essaie de lui faire fermer sa gueule pour une fois.

- Non, lui réponds-je un peu crispée, c’est uniquement parce que je me donnais à fond et que j’en voulais que mon père a parlé en ma faveur. Si je n’avais été que sa fille et que je donnais l’impression d’en avoir rien à faire, il ne l’aurait pas fait. J’ai dû faire mes preuves auprès de lui tout autant qu’auprès des autres.

J’avais dit cela de façon très naturelle, car c’était vrai. Après, si le Keller refusait de me croire par orgueil ou fierté ou je ne sais quoi, ben qu’il aille se faire foutre. C’est pas le premier et ce sera pas sûrement le dernier à me dire ce genre de choses. C’était facile pour lui ! Les anciens militaires c’est du pain béni pour la police – ils sont compétents avec un flingue, ils connaissent le travail en équipe, ils savent ce que c’est que de perdre un pote et j’ose même ajouter qu’ils n’ont pas beaucoup de cervelle non plus, la plupart du temps. Moi, je suis différente d’eux alors forcément on s’est méfié de moi et on a pas voulu me donner ma chance tout de suite. On voulait me protéger, me couver, me préserver de je ne sais quoi. Tout ce que je déteste. Si je voulais me faire chouchouter, je serai devenu un caniche, pas une flic. Bon, comparaison foireuse mais c’est l’idée générale.

- Pour résumer avec des mots simples, reprends-je, parce qu’apparemment ma façon de parler ne convient pas : Rafaela pas pistonnée, Rafaela dû faire preuves auprès de père pour que père confiance Rafaela et père parle chef. Ensuite chef fait confiance Rafaela, et c’est tout. Entendies ?

Bon, je me fous clairement de sa gueule et je ne fais jamais ça d’habitude mais j’avoue que ça fait un bien fou. Il ne faut pas que je le fasse une seconde fois cependant, je n’ai pas envie qu’il fasse un rapport sur moi. Même si c’est possible qu’il en fiche ou que cela le fasse se marrer – il ne sait faire que cela, s’en foutre ou ricaner.

- Plus sérieusement, reprends-je, quand on s’entend dire en boucle qu’on n’a pas sa place ici et qu’on ne sait rien faire on finit par croire que c’est vrai, puis on se rend compte que l'important c'est de croire en soi-même pour ne plus entendre les autres. Alors je crois en moi-même et en ce que je sais faire. Ce n’est pas de la vantardise ou quoi que ce soit et tu vas sûrement dire que c’est trop idéaliste ou que ça ne dure qu’un temps, mais tant pis.

La conversation continue, malgré tout. Je finis par demander à Jordan s’il a connu mon père – après tout, ils étaient au LAPD au même moment et pouvaient avoir travaillé ensemble.

- Ouais, un peu, qu’il me répond.

Il se met à me fixer et rajoute que ça ne change rien. Oh … bon sang. J’ai presque envie de mettre mon poing dans sa gueule, sérieusement. Je ne vais pas le faire, bien sûr, mais je réponds sèchement :

- Non, ça ne change rien. Je ne te demande rien de toute façon. Je posais juste une question. Franchement si répondre à mes questions t’emmerde, dis-le-moi tout de suite, ça m’arrange, je préfère bosser en silence.

Non mais vraiment. C’est toujours un connard d’habitude ou c’est juste avec moi ? Il s’imagine que je lui vais lui demander un traitement de faveur parce qu’il a connu mon père. J’étais juste curieuse moi, ça m’apprendra à papoter comme une adolescente idiote, tiens. Puisque c’est ça je ne vais plus rien dire tout le reste de la patrouille, ce sera mieux pour tout le monde. Quoi que, c’est peut-être un peu puéril ? Bah, je m’en fous. Tout ce qui compte, c’est qu’il arrête avec ses insinuations, son sarcasme de merde et tout ça. Il a un problème avec moi ou quoi ? C’est quoi le truc, il a surpris sa femme en train de coucher avec son meilleur ami sous ses yeux ou quoi ?

Il allait me répondre un truc quand soudain on entend un tir suivi d’un appel à l’aide. Ok, fini de rigoler cette fois-ci, il est temps de se remettre au boulot. La main sur l’étui de mon arme prête à la dégainer, j’attends que Jordan nous conduise jusqu’à ruelle proche d’où le bruit provenait, avant de me précipiter vers le mur à côté de moi pour me mettre à couvert. Le suspect ou la suspecte tire une seconde fois – cette fois-ci je sors mon arme et, toujours à couvert, je la pointe vers lui en lui criant :

- LAPD ! Lâche ton arme et mets les mains en l’air !

Mais le type n’en a rien à foutre et me vise. Bon … j’entends qu’il ne cède pas plus à l’injonction de Jordan alors je me décide à faire usage de mon flingue. Il l’aura cherché – je lui tire dans le ventre ce qui le fait s’affaisser un peu et je le vois finalement s’effondrer sous les tirs de Jordan. Deux tirs dans la poitrine, un dans la tête, du bon boulot même si ce n’est peut-être pas très approprié de dire cela – je veux dire, on vient de tuer un type, et même si on a fait ce qu’il fallait faire c’est quand même dommage d’en arriver là. Mais bon, c’était lui ou nous, et mieux valait lui que nous. Quel gâchis quand même.

- Garde un œil sur les alentours, m’ordonne Jordan alors que je sors de mon couvert.
- Ok.

On ne sait jamais, il pourrait y avoir un autre tireur, ou un danger quelconque – les ruelles de l’Eastside ne sont jamais sûres. Sans compter qu’il va falloir tenir les badauds à l’écart du corps du type, en attendant qu’on puisse mettre en place un périmètre de sécurité, même s’il n’y a pas foule pour le moment et qu’on est dans l’Eastside - les tirs passent inaperçus dans ce coin de la ville, ça fait partie du lot quotidien de certains, et c’est un peu effrayant quand on y pense. Mais bon, ça va encore par rapport aux quartiers sud et c’est encore pire la nuit.

Sinon … il tirait sur qui, le type ? Il y a quelqu’un qui avait crié au secours – une femme, d’après la voix. Il faut savoir où est-ce qu’elle est car on va avoir besoin de sa version des faits pour faire notre rapport d’intervention. Les infos habituelles : qui est-elle, connaissait-elle l’agresseur, que s’est-il passé, tout ça – c’est assez important même si l’incident est déjà réglé. Mais ce qui compte, c’est de savoir si la victime n’est pas blessée ou si elle n’a pas besoin d’aide, de quelque manière que ce soit. Alors il faut qu’on la retrouve ; je me mets en marche avant même que Jordan ne le dise. Elle n’a pas dû aller bien loin, encore moins si elle est blessée.

Ce qui est peut-être le cas.

- Il y a une légère traînée de sang juste ici, remarqué-je, il faut faire vite.

Une blessure par balle peut avoir des conséquences désastreuses si on ne s’en occupe pas au bout de dix minutes, et en plus ça varie selon la morphologie de la personne, le type de munition, l’endroit de la blessure et – pas le temps de penser à tout ça, il faut agir vite !

- Il nous faut une ambulance, dis-je à Jordan d’une voix assez forte pour que la victime, que j’ai à présent en visuel, comprenne que nous ne sommes pas venus pour lui faire du mal.

Je m’approche doucement – la victime est là, assise contre un mur, visiblement en état de choc, blessée à la jambe gauche. C’est une jeune fille, de dix-huit dix-neuf ans tout au plus, aux cheveux noirs et aux yeux bleus embués de larmes. Elle a l’air d’avoir mal et c’est compréhensible, j’ai eu la chance de ne jamais encore m’être pris de balle mais j’arrive à concevoir la douleur que cela procure, je crois. Mon père m’en parlait parfois, pour me mettre en garde et peut-être pour me faire un peu peur, aussi. Je sais qu’on ne s’en remet jamais vraiment, que cela continue à faire un peu mal pendant au moins quelques années et que je n’ai pas le temps de réfléchir à ça puisque je dois m’occuper de victime. Je me le permets parce que je veux montrer que je suis utile que s’il me faut la toucher, elle sera sans doute plus à l’aise qu’entre les mains d’un homme, surtout d’un homme comme Jordan.

- Ecoutez … mademoiselle, vous m’entendez ? C’est la police. Vous savez ce qu’il s’est passé ? Vous savez où vous êtes ? Je suis là pour vous aider … vous m’entendez ?

Je parle à la jeune fille d’une voix douce pour ne pas la brusquer plus qu’elle ne l’est déjà. Elle n’a pas besoin de répondre à toutes mes questions, il s’agit surtout qu’elle reste éveillée et attentive pour ne pas qu’elle tombe dans l’inconscience ; elle cherche ses mots, j’en profite pour jeter un œil à sa blessure. Une balle dans la cuisse. Hum … je me demande comment elle a pu aller aussi loin sans que la douleur ne la paralyse – l’énergie du désespoir j’imagine. En tout cas ses jours ne sont pas menacés, du moins pas pour l’instant. Tant qu’elle ne tombe pas les vapes, ça ira – et il faut stopper cette hémorragie aussi.

- C’est quoi votre nom ? Prénom ? Vous faites quoi dans la vie ? demandé-je à la victime tout en cherchant sur moi de quoi empêcher sa plaie de saigner encore plus.
- Sarah … je, je suis à l’université. J’étais … il voulait me prendre mon argent, j’ai … résisté … on … on s’est battus et il  a tiré et …

Bon, je vois. Le cas typique. Un type menace une personne avec un flingue pour son argent, elle ne se laisse pas faire, ils se battent, le coup part tout seul ou bien le type tire volontairement, la police arrive, à cause de l’adrénaline il ne sait plus ce qu’il fait et tire dans tous les sens, il meurt. Classique.

- Très bien … écoutez-moi Sarah, quoi que vous fassiez il faut que vous restiez consciente le temps que les secours arrivent, d’accord ? Je sais que ça fait mal mais il faut que vous restiez parmi nous.

Je la vois acquiescer d’un signe de tête. Bon sang, elle est toute pâle … et ça ne va pas aller en s’arrangeant si elle continue de saigner. Bon. Je presse de toutes mes forces sur la blessure, mais ça va pas durer – en fait je commence même à trembler, à cause du stress et de l’adrénaline accumulées ; on a tiré sur un type après tout, et je ne peux plus vraiment ignorer que ça m’a fait un truc, physiquement parlant. Moralement ça va, je m’en fous, mais je suis encore un peu fébrile. Et avoir littéralement du sang sur les mains, ça n’aide pas non plus – mais il faut que je me concentre. L’ambulance n’est pas encore là et il faut que je trouve quelque chose pour panser la blessure de la victime, à défaut de pouvoir faire mieux.

- Sarah ? Vous me permettez de regarder dans votre sac pour voir si je peux trouver quelque chose pour votre blessure ?
- Oui … il doit y avoir … des mouchoirs.

Son sac à main est non loin d’elle, son contenu s’est à moitié répandu sur le sol crasseux de la ruelle. Je jette rapidement un œil – c’est le contenu habituel d’un sac de femme ; je suppose, moi je m’emmerde pas avec me balader avec ça toute la journée. Bref, trucs de maquillages, stylos, des, euh, comment dire, trucs de femmes, et des élastiques pour les cheveux. Et un paquet de mouchoirs, ça ça va être utile. Un petit peu – en en empilant quelques-uns je peux faire un bandage de fortune temporaire pour empêcher le sang de continuer à couler, le temps que les secours arrivent. Bon, ça ne va clairement pas tenir longtemps mais c’est mieux que de ne rien faire du tout.

Je n’ai rien pour garrotter la plaie alors je serre le bandage de fortune le plus fort possible avec les quelques élastiques pour cheveux que j’ai trouvé dans le sac à main de Sarah (enfin par terre plutôt). On dirait vaguement un truc moche qu’on fait en maternelle avec des matériaux de récupération ou je ne sais pas quoi, mais ça fera l’affaire pour le moment. Je crois. Pour faire un bandage un peu plus efficace j’aurais peut-être dû lui enlever son short mais je ne tenais pas à ce qu’elle se retrouve à moitié nue dans la rue et avec un peu de chance le tissu comprime un peu la plaie, alors dans le doute …

- Tenez bon Sarah, les secours arrivent, dis-je à la jeune victime pour la rassurer.

Puis je me tourne vers Jordan qui n’étais pas très loin et lui dit :

- J’espère que l’ambulance va vite arriver.

J’aurais voulu lui dire autre chose, comme : « tu vois, je ne suis pas si inutile ! », mais ce n’est pas la peine d’aggraver mon cas. Je vais continuer d’attendre en ignorant l’odeur du sang sur mes mains qui commence à me donner la nausée.

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MessageSujet: Re: Partners For A Day [PV Jordan Keller] [Terminé ]   Partners For A Day [PV Jordan Keller] [Terminé ] I_icon_minitimeVen 17 Mai - 21:37



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ft. Rafaela Torres


Je pouffai de rire derrière mon volant quand Rafaela me parla « petit  chinois » pour être sûr que je pige ce qu’elle disait… Elle disait qu’elle n’était pas pistonnée… Alors je lui répondis du tac au tac :

-« Pistonner : Aider quelqu'un à obtenir quelque chose, en usant de son influence ou de sa position. » C’est la définition de ce putain de dico.

Je me tournai vers elle et lui répétai ses propres mots.

-« Mon père a parlé en ma faveur. » Ton père avait de l’influence de par sa position puisqu’il était déjà placé. Résultat : tu es pistonnée. Que tu le veuilles ou non. Quelles que soient les raisons qui aient poussé ton paternel à parler en ta faveur.

Je marquai une pause, les yeux rivés sur la route.

-Après, tu es la seule dans ce véhicule à considérer l’adjectif « pistonné » comme péjoratif.

Ouais… Parce que j’avais juste constaté qu’elle l’était, sans poser de jugement, sans dire : « Ooooouh tu es pistonnée ! Vade Retro, Satanas ! »

-Pourtant, après trois ans dans la police, tu devrais déjà avoir appris que rien ne s’y obtient, sans un bon piston.

Je souris en coin.

-Quelles que soient tes compétences, dans la police, sans piston, tu n’iras pas loin. Qui que tu sois… Homme, femme, gay, hétéro, extraterrestre ou même un de ces putains de hippies…

Je haussai les épaules.

-Et si tu crois en toi-même, tant mieux, c’est le principal. T’as rien à prouver à personne alors.

Mais c’était pas une marrante, Rafaela, le genre avec assez d’égo pour se prendre au sérieux. Et puisque mes réactions étaient pas celles attendues, et bien elle affirma qu’elle préférait fermer sa gueule. Bah, elle faisait comme elle voulait, que j’allais lui dire. C’était moi qui étais en train de m’adapter à elle, là. Si elle la bouclait, j’allais la boucler aussi et on mettrait la radio FM, c’était pas un problème pour moi.

J’allais lui dire tout ça, mais on fut interrompu. L’intervention fut brève, le target neutralisé à jamais en quelques munitions. Trois de ma part, une de celle de Rafaela. Au moins, question d’être mort, il était sûrement bien mort.

J’avais appelé les renforts pour un périmètre. La menace principale et visible était hors-jeu, restait à retrouver la personne qui s’était enfuie… Histoire qu’on se demande pas si on avait pas buté quelqu’un pour des couilles… S’il y avait victime, ça légitimerait notre action. Ouais ouais, la personne était aussi potentiellement blessée. Je penserai à l’altruisme quand je serai sûr de ne pas me retrouver devant un tribunal.

On avança dans les ruelles et j’avais déjà le doigt sur le PTT de ma radio portable pour passer un appel quand Rafaela me dit qu’il nous fallait une ambulance… Je grommelai entre mes dents.

-Sans… dec…

Bon, je passai mon appel, on me signala à l’autre bout du « fil » que c’était bien reçu.

Finalement on arriva en vue de la victime et je laissai Rafaela prendre contact avec celle-ci avant de rappeler le dispatching par radio pendant que ma partenaire d’un jour s’occupait des premiers soins, de rassurer et tout le toutim. Moi, je donnai une description plus précise de notre localisation, de la victime elle-même et des lésions que je pouvais voir.

J’avais les yeux rivés sur l’entrée de la rue, quand Rafaela déclara qu’elle espérait que l’ambulance rapplique dare-dare.

-Sans blague…

Moi aussi, mais c’était un peu inutile de le dire. Ces types-là se téléportaient pas encore. La jeune policière avait pris la fille en charge alors moi, je me contentais des garder les yeux ouverts sur les alentours. Je reconnus les sirènes des collègues qui s’arrêtèrent plus loin dans l’entrée de la ruelle et s’agglutinèrent autour du corps. Je repris ma radio pour leur parler, connaissant leur indicatif étant donné qu’ils venaient d’annoncer au dispatching leur arrivée sur place.

-L.A.NORTH541 je suis au bout de la rue avec la victime, tu me vois ? Envoie-moi l’ambulance quand elle arrive. Over…

Il me répondit que c’était bien reçu. Quelques minutes plus tard, alors qu’il y avait plus de flics qu’autre chose dans cette rue maintenant, l’ambulance arriva et fut acheminée jusqu’à nous par les collègues. Ils descendirent de leur ambulance et je m’écartai un peu. Cette gonzesse était leur job maintenant. Moi, je dis juste à l’un d’eux :

-On vous laisse faire votre job, les gars, on viendra plus tard à l’hosto pour faire son audition.

Ouais enfin, « on », probablement une autre équipe, mais ça revenait au même. Dans un premier temps, c’était surtout des soins qui lui fallait à cette fille.

Et s’il y avait quelques mots rassurants à dire à la fille, c’était à Rafaela de le faire. C’était elle qui avait établi un contact avec la victime, c’était à elle de lui expliquer la suite de la manœuvre. Jamais parler à quelqu’un à deux en même temps. Surtout à une victime sous le choc, sinon, elle s’y perd.

Quand Rafaela fut de nouveau disponible, je m’adressai à elle.

-Bon… Ben la récré est finie pour nous. Fin de patrouille. Toi qui aimais pas l’administratif, tu vas être servie maintenant. Et moi aussi, putain…

Jouer les héros, c’est tellement cool… Yep… sauf que ça dure plus ou moins 13 secondes… Pour 13 heures derrière une putain de machine à écrire.

@ Billy Lighter


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MessageSujet: Re: Partners For A Day [PV Jordan Keller] [Terminé ]   Partners For A Day [PV Jordan Keller] [Terminé ] I_icon_minitimeLun 20 Mai - 23:44



Partners For A Day
ft. Jordan Keller


J’ai persisté mais rien à faire, Jordan Keller veut toujours avoir le dernier mot, toujours avoir raison. Ce n’est pas grave, je vais me la fermer tout le reste de la patrouille, comme une gamine vexée. C’est puéril, peut-être, mais je crois que je n’ai pas vraiment le choix – j’ai l’impression qu’il me prend pour une conne. J’essaie de lui faire comprendre que je ne suis pas « pistonnée », comme il dit, avec des arguments, j’essaie de le bousculer un peu en se foutant de lui, mais il n’en a rien à foutre et ne fait que répliquer d’avantage avec son sourire narquois à la con qui me donnerait presque envie de serrer mes minuscules mains autour de son cou et de serrer jusqu’à ce que – wow, faut que je me calme. Je crois que j’ai bien fait de ne pas prendre de café ce matin ; bref. Peut-être que Jordan a juste un problème avec moi, je l’ignore et je n’ai pas envie de continuer à perdre mon temps avec lui. Il dit que je suis « pistonnée », je lui ai répondu que non et il ne veut pas me croire, pas grave. Moi je sais que j’ai raison, ce qu’il en est réellement, c’est le plus important.

En réalité, je dois avouer que Keller me déçoit un peu. Je le pensais moins con qu’il n’en a l’air, mais je me suis trompée. Bon, il ne m’a encore fait de remarque déplacée ou je ne sais quoi, il n’a pas encore essayé de me peloter alors ce n’est pas si mal. De toute façon, s’il avait tenté quoi que ce soit, il se serait retrouvé avec son arme de service dans le … ou pas. J’exagère. Un bon coup de poing ou de genou dans les parties, ça suffit, c’est une méthode utilisée et approuvée depuis des siècles, des millénaires même sans aucun doute – mais comme je le disais je n’ai pas besoin d’en arriver à de telles extrémités. Jordan ne m’apprécie peut-être pas beaucoup mais il a l’air de me respecter un minimum, je crois. C’est le principal ; non pas que j’en ai quelque chose à foutre de son avis sur ma personne.

Heureusement, les circonstances font que j’ai pas à supporter plus longtemps les paroles de Jordan : on entend un tir, puis un appel à l’aide, on repère le tireur qu’on finit par abattre de quatre balles après deux sommations infructueuses, puis on trouve la jeune fille sur laquelle il a tiré, blessée et apeurée au bout de la ruelle.

Jordan ne dit pas grand-chose alors que je prodigue comme je peux les premiers soins à la victime, une certaine Sarah, étudiante. Tant mieux. Entre l’adrénaline de la courte fusillade et le stress de devoir m’occuper de la cuisse blessée de Sarah, je n’aurais plus été aussi patiente avec lui. Je le sens m’observer cependant, de temps à autre, guettant le moindre faux-pas, le moindre prétexte pour me critiquer … mais peut-être que je me fais des idées. J’ai toujours l’impression qu’on me juge, quoi que je fasse, alors j’en deviens peut-être parano. Peut-être … en tout cas il est certain qu’il faut que j’apprenne à me détendre un peu, à prendre les choses moins à cœur. J’imagine que c’est ce que me dirait un psy si je ne flippais pas autant d’aller en voir un. Ah … pas envie de penser à ça. Je dois mon concentrer sur ce que je fais. Et tant que Jordan ferme sa gueule et qu’il ne regarde pas mon cul, ça me va. Quoique, il peut regarder tant qu’il veut, on ne peut pas empêcher un mec de faire ce qu’il sait faire le mieux bien sûr. De toute façon, il n’y a pas vraiment grand-chose à mater, je suis plate comme, euh … une plaque.

Je termine le bandage de fortune et pousse un gros soupir de soulagement. L’hémorragie est stoppée pour le moment, mais j’aurais voulu pouvoir faire plus en attendant que l’ambulance arrive. Sarah semble avoir toujours aussi mal et je ne peux rien lui donner d’autre qu’un faible sourire. Ce n’est pas si mal, c’est vraiment rare quand je souris.

Les collègues arrivent, pour s’occuper  du type qu’on a tué, mais je ne fais pas vraiment attention à eux. Je regarde dans le sac à main de Sarah – je veux vérifier quelque chose, voir si ça valait la peine de tuer ce type ou pas, pour quoi il avait refusé de se rendre. Et je trouve finalement ce que je cherche. Le portefeuille de Sarah, avec quarante dollars dedans. Bordel. Tout ça pour ça …

- Il a failli la tuer pour quarante pauvres dollars. Quel gâchis … dis-je dépitée sans trop savoir si quelqu’un m’écoute ou pas.

Ça craint, quand même. Le gars braque une jeune femme pour sa thune, elle se débat, il lui tire dessus dans la panique, il refuse de baisser son arme lorsque la police débarque et il meurt. Pour un montant de quarante dollars ; c’est triste, un peu. Il n’aurait même pas eu assez pour se payer une prostituée juste après. Bon … au moins on a évité le pire, on aurait pu se retrouver avec deux morts sur les bras. Ce n’est pas si mal. La jeune Sarah vivra, mais j’avoue ne pas être certaine pour sa jambe. Peut-être qu’elle risque de boiter quelques temps, je ne sais pas. Je ne suis pas médecin.

A propos de ça, l’ambulance arrive enfin, et avec elle la fin de ma courte collaboration avec Jordan. C’était … intéressant. Court mais intense, comme tant d’autre choses (notamment celle à laquelle vous pensez – même si ça peut être très long entre ma copine et moi puisque … euh, inutile d’en rajouter).

- Ne vous inquiétez pas, viens-je dire à Sarah tout juste mise dans le brancard, ils vont bien s’occuper de vous. Des collègues passeront plus tard vous voir pour avoir votre version des faits.

Qui sera notre seule version des faits, par la force des choses, même si je sais déjà plus ou moins ce qu’il s’est passé. Je ne l’ai pas dit à Jordan par contre, parce qu’il ne me l’a pas demandé et que je suis sûr qu’il n’en aurait rien à foutre vu qu’il se fout de tout. Est-ce que c’est une faute ? Je ne pense pas, de toute façon il finira bien par la connaître, la raison de tout ceci. Il en aura besoin pour écrire son rapport. Et moi aussi … la paperasse c’est chiant comme la mort mais c’est un passage obligé. Du moins pour l’instant. Si un jour je monte dans la hiérarchie, je n’aurais plus à faire ça. Quoi que, si, en fait … mais ça sera plus classe.

- Bon, s’écrie Jordan revenu vers moi, ben la récré est finie pour nous. Fin de patrouille. Toi qui aimais pas l’administratif, tu vas être servie maintenant. Et moi aussi, putain …

J’ai envie d’éclater de rire pour je ne sais quelle raison. Un rire nerveux, probablement. Mais je me retiens.

- L’administratif, personne n’aime ça. Honnêtement.

Ou sinon, ceux qui aimaient ça auraient dû être secrétaires, pas flics. Enfin chacun fait ce qu’il veut.

- Hum, je reprends, je ne dirais pas que c’était un plaisir de travailler avec toi (parce que ce n’était vraiment pas le cas), mais c’était, euh … intéressant.

Ouais. Parce que ça m’a permis de mieux le connaître et de voir sa vision des choses et du monde, même si elle est un peu déprimante et merdique. Et parce que ça m’a permis de voir qu’il y a au moins un type qui tire mieux que moi, c’est déjà ça. Je veux dire, j’avais visé la jambe parce que j’aurais voulu éviter d’avoir à le tuer, mais je n’aurais eu aucun mal à le toucher à la tête ou au cœur. Juré.

Enfin bon, c’est terminé à présent. Maintenant il va falloir se mettre à la paperasse … néanmoins une dernière question reste en suspens :

- Il faut quand même retourner au poste. Et cette fois …

Je croise les bras devant ma poitrine et fixe Jordan en souriant.

- C’est moi qui conduit. Pas d’objections !

Oui, je suis une gamine parfois, c’est vrai.

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MessageSujet: Re: Partners For A Day [PV Jordan Keller] [Terminé ]   Partners For A Day [PV Jordan Keller] [Terminé ] I_icon_minitimeMar 21 Mai - 20:27



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ft. Rafaela Torres


Il a failli la tuer dans pour 40$... ben… j’ai envie de dire…

-Bienvenue dans le monde réel…

J’étais pas sûr que le type avait eu des rayons X à la place des yeux pour savoir qu’elle n’avait que 40$...

Et entre nous, soit dit en passant, pourquoi elle lui avait pas filé juste son portefeuille, si elle avait que 40$ ? Non… C’était mieux de risquer de se faire taper dessus ou de se prendre une balle, j’imagine… plutôt que de se retrouver délestée de 40$ et de juste devoir aller porter plainte au commissariat le plus proche.

Ça aurait rien changé parce que dans ce cas-là, la police aurait rien fait ? Si… ça aurait changé j’aurais pas eu à buter quelqu’un et que cette gonzesse serait pas en train de pisser le sang.

Bon… le verre à moitié plein, juste pour faire plaisir à Duncan : au moins, Torres avait l’impression, sur le moment, de servir à quelque chose en compressant la blessure de la jeune femme. Ben c’était déjà ça.

Non, trêve de plaisanterie, la réflexion de Torres faisait que souligner la dure réalité que je connaissais déjà. La vie est nulle, qu’est-ce que tu veux que j’y fasse, Torres ?

Bref, avec tout ça, tout ce beau monde fini par être emmener là où il fallait… Enfin au moins la fille qui fut transférée en ambulance vers l’hôpital. Bon, ça, c’était fait, le plus dur restait à faire : raconter ça sur papier.  L’intervention avait duré seulement quelques secondes, mais comme il y avait un mort dans l’histoire, ça allait prendre des plombes à rédiger, à justifier à… Et merde, tout ça pour dire que c’était nous ou lui… Et qu’on avait choisi le « nous ».

L’administratif, personne n’aime ça… Ouais, c’était vrai ça… Et Torres pouvait aussi écrire un bouquin sur les réflexions inutiles.

Sur quoi, alors que je regardais vers les autres au bout de la rue, dans l’idée d’aller les rejoindre et voir un peu ce qui se tramait là, autour du corps et tout… Torres affirma que c’était pas un plaisir de bosser avec moi mais que c’était « intéressant ».

-Han… Je suis ravi pour toi…

Puis, avec un sourire, elle croisa les bras en me regardant. Et en disant qu’il allait falloir rentrer au commissariat. Ouais, mon esprit était ailleurs, lui, à moitié en train de revivre le moment où je mettais une balle en pleine tête du type et à moitié à torcher déjà ce foutu PV.

Elle voulait conduire, la gosse… Parce que c’était vraiment de ça qu’elle avait l’air, là tout de suite.

Je fouillai dans la poche de mon pantalon, ma clope coincée entre mes lèvres et lui lançai les clés.

-Tiens. Oublie pas de faire le plein avant de la rentrer dans le parking.

Elle pouvait conduire la bagnole, si ça lui chantait. Mais pas avec moi dedans. Quand elle eut les clés, je repartis vers les autres, vers les bagnoles de police stationnées n’importe comment à l’entrée de la rue et qui clignotaient bleu… Si ça avait été la nuit, ça aurait été presque beau… Sauf que ça voulait jamais rien dire de bon.

Et je vins m’engouffrer à l’arrière de la voiture de L.A.NORTH541 au volant de laquelle Kurt était installé. Chauffeur de McCoy qu’il était, pour la cause. Et McCoy était en charge du périmètre à l’extérieur, là tout de suite.

Et Kurt, surpris de mon irruption, de me regarder dans son rétroviseur central.

-Putain ! Keller ! Dégagez de ma bagnole, toi et ton putain de mauvais karma !

Lui au moins, il était drôle… Je balançai mon mégot par la fenêtre tout en frappant sur la grille qui séparait l’avant de l’arrière de la bagnole, en cas de transfert de détenus.

-T’inquiète… Y a une grille qui te protège de mon karma…

Je ma calmai et soupirai.

-J’ai laissé la bagnole à la gosse qui voulait jouer avec. Tu me ramènes ?

Kurt me regardait toujours à travers son rétro…

-Sûr… T’aimes vraiment pas ça, hein ?

Je haussai les épaules.

-Quoi ?

Kurt se tortilla sur son siège avant pour me regarder.

-T’occuper des nouveaux… Ou des plus jeunes… De ceux dont t’as pas l’habitude… T’aurais un tas de trucs à leur apprendre, pourtant.

Je ne dis rien, le temps de me rallumer une clope.

-Comme quoi ?

Leur apprendre quoi ? Comment buter un mec et donner l’impression d’en avoir rien à foutre ensuite ?

-Comme… comme transmettre cette capacité que t’as à faire en sorte que les gens dans la rue te respectent malgré ton uniforme. Les SDF, les petits dealers, les délinquants, les petites vieilles,…

Il appuyé son regard sur moi et alors que j’avais tourné le mien vers la fenêtre pour observer vaguement ce qui se passait dehors, je me retournai vers lui… attendant la suite en crachant ma fumée.

-D’ailleurs, je comprends pas… t’as limite plus facile discuter tranquille avec les pires crasses qui trainent dans l’Eastside ou South L.A…. Mais avec les collègues, le contact est plus compliqué…

Je tirai sur ma clope. Plantai mon regard dans le sien.

-C’est parce qu’aux collègues, je ne mens pas.

@ Billy Lighter


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