J'avais rencontré Starky et son père hier. Alors, ni une ni deux une fois que j'ai eu l'adresse pour une maison de disque j'ai sauté sur l'occasion. Me voici aujourd'hui en face de BSC, Brown Sugar Corp. J'aime bien le nom ça sonne bien, un peu drogué mais c'est le monde de la musique et du rock après tout.

Je rentre à l'intérieur avec tout ce qu'il faut dans mon sac en bandoulière, démos, albums, flyers de tournées, contacts danois et européen, je suis au taquet, prête à conquérir les Etats-Unis et d'abord Los Angeles, étape par étape petite Hilja voyons. J'arrive à la réception en souriant, c'est pas tellement dans ma nature, admirez l'effort je vous prie.

- Bonjour, j'aimerais savoir avec qui je dois m'entretenir pour un contrat, j'ai mes démos et tout avec moi.

- Un instant s'il vous plait …… On viendra vous chercher dans un instant mademoiselle, asseyez-vous en attendant.

J'hoche de la tête et va m'asseoir tranquillement en attendant que cette fameuse personne vienne me chercher. C'est bizarre mais je suis moyennement convaincue pour le coup.

J'attends et bouquine quelques trucs, magazine de matériel, critiques et autres. J'ai du choix et entame avec un Guitar and Pen. Je feuillète un peu. Arrivée au bout, je prends un magazine technique. Le temps passe, j'en prends un autre, une fois terminé. Je soupire, je ne suis pas de nature impatiente mais un instant s'était transformé en une heure… Je me lève et retourne à la réception.

- Bonjour, c'est encore moi. Alors ça fait une heure que j'attends, j'aimerais savoir si cette personne arrivera bientôt.

- Oui dans un instant j'ai dit.

- Ca fait une heure, ne vous moquez pas de moi non plus. Je ne suis pas du coin mais je n'en suis pas plus idiote pour autant mademoiselle.

- Calmez-vous ou j'appelle la sécurité et bye bye le contrat.

QUOI?! Je suis restée calme en plus. Je ne peux pas m'énerver non plus maintenant. Aaaah je ne veux pas qu'on se foute de moi plus longtemps. Alors je commence à trépigner d'impatience et tapote le comptoir avec mes ongles. Je ne m'énerve pas mais ça peut être énervant. Jouons ma petite dame.

J'entends des pas s'approcher et je n'ose pas regarder, j'ai peur que ce soit la sécurité qui vienne me chercher. Je regarde la jeune femme de la réception qui a l'air moins sûre d'elle soudainement. Ca ne me rassure pas pour autant…

J'ai pris contact avec la réception afin de déposer mes démos. Je suis venue chez BSC comme me l'a indiqué le père de Starky. Je suis là, avec plein d'espoir et d'étoiles dans les yeux en quelques sortes. Malgré tout, tout le monde souhaite avoir son American Dream un jour ou l'autre.

Je patiente et ça prend du temps, tellement de temps… En soi c'est pas grave, mais qu'on ne me dise pas dans un instant si les personnes sont occupées, je peux comprendre. Là cela ressemble plus à un foutage de gueule qu'autre chose et je n'apprécie pas ça.

Je viens donc demander calmement où ça en est. Un instant qui se transforme en une heure on a pas les mêmes notions du temps, ou alors sommes-nous ponctuels au Danemark? Possible. Soit, je me remettre en place par la réceptionniste qui ne manquait pas de culot je dois dire. Je reste polie et réponds mais bon, ça ne mène pas très loin. Alors j'attends et tapote mes ongles. Comme ça nous serions deux énervées n'est-ce pas?

Là, la réceptionniste change de visage, des pas se rapproche et un businessman blond, typiquement américain au niveau du physique et de l'allure en passant, ce n'est pas un compliment ni le contraire, juste une remarque, bref il apparait et s'adresse à la réceptionniste, nommée Lydia, hmm pas très fan du prénom. Lui c'est Monsieur Reed, ce nom me dit quelque chose, je n'arrive pas à remettre le doigt dessus, ça vient sûrement d'un des magazine que je viens de lire.

L'homme, Monsieur Reed, s'adresse maintenant à moi et là je dois dire qu'intérieurement je tombe des nues mais je garde ma poker face. Soyons froide comme le temps de mon pays. Cet homme ne manque pas de toupet. Je ne comprends pas maintenant comment Starky et son père font pour travailler ici. Ils sont si gentils…

- Et bonjour à vous. Vous devez être la jeune femme dont ma secrétaire m’a parlé, mais je crois que vous vous êtes trompée d’endroit. … MTI, c’est l’autre tour.

- Bonjour, monsieur. MTI vous dites? Hm je n'étais pas au courant pour cette maison de disque, mon contact ne me l'a pas indiquée. Comme c'est dommage.

J'esquisse un bref sourire, histoire de rester polie et amicale envers Monsieur Reed. C'est étonnant que le manager ne m'ait pas donné cette adresse, peut-être ne voulait-il pas aider ce qui semble être de la concurrence. Cela pourrait se comprendre, après je doute qu'il s'était imaginé que j'allais tombé sur cet homme.

- Hm excusez-moi monsieur mais vous êtes manager ou bien?

Je me pose des questions quant à son rôle ici. J'aimerais savoir ce qui l'autorise à me montrer la porte de la sortie en fait… C'est pas très galant de un, ni très poli de deux.

- J'aimerai bien voir un des managers, vu que l'un d'entre eux m'a très vivement conseillé de venir ici.

Je reste toujours calme et posée, ça ne sert à rien de s'énerver après tout. On vient de me montrer la sortie, alors au fond je n'ai rien à perdre. Si je ne suis pas la bienvenue je vais tout de même tenter le tout pour le tout. Hilja Damgaard is in the place bro!

Je tombe après une attente qui s'éternisait sur un homme tout aussi désagréable, voire plus, que sa réceptionniste. J'ai vraiment du mal à imaginer Starky et son père travailler ici tellement ils sont gentils et généreux…

- Nous avons parmi nos manager et autres quelques grands rêveurs et autres utopistes, voyez-vous ? Mais je suis plus pragmatique qu’eux. Au moins, maintenant, êtes-vous au courant que MTI existe.

- J'ai du mal à le voir mais si vous le dites. Merci du renseignement dans ce cas.

Je ressortirai avec au moins ça, il existe une autre maison de disque juste en face. J'espère juste qu'ils seront moins snob, pompeux et arrogants qu'ici. Les gens peuvent vraiment être d'un désagréable parfois.

Je demande alors clairement quel est son rôle ici. Je veux savoir un peu qui se permet de me traiter de cette façon, comme une moins que rien. Si cet homme s'intéressait à autre chose que sa personne ce serait un pas vers une ouverture d'esprit et de nouveaux horizons. Il s'avère que je viens de parler à celui qui dirige BSC.

- Non. Je ne suis pas manager. Je suis celui à qui appartiennent cette tour et tous les managers qu’il y a dedans.

- Je vous conseillerai d'engager des managers qui sont restés dans le passé dans ce cas, vous aurez moins de désagréable surprises utopistes.

J'esquisse un petit sourire. Il ne sera pas déçu de son personnel tout du moins. Ca a l'air de bien fonctionner pour la réception après tout. Je demande à voir un des managers tout de même, perdu pour perdu j'essaye.

- Ce serait une perte de temps pour vous comme pour le manager en question. Je ne sais pas qui vous a renseigné, mais cet homme avait beaucoup d’espoir.

- Je vois oui… Dans ce cas dites à Starky et son père que je travaillerai en face et que je suis sincèrement désolée que l'on ne puisse pas partager le même building.

Je me sens vraiment mal pour ce petit bout… J'espère qu'il ne m'en voudra pas. En tout cas après m'avoir traité comme une sous-merde cet homme propose son bras pour me raccompagner. Il est culotté celui-ci.

- Je vous raccompagne jusqu’à la sortie ?

- Je ne veux pas vous importuner plus que nécessaire. Vous m'avez déjà indiqué le chemin après tout. Merci tout de même

Je refuse donc son pseudo acte de gentleman. Si c'était un gentleman il le serait jusqu'au bout et quand ça l'arrange n'est-ce pas? Je reste polie même s'il ne le mérite pas à mon sens. Je tourne les talons et me dirige vers la sortie, la tête haute tout de même. Il le regrettera sûrement et c'est dommage pour lui, tant mieux pour en face.