Mon histoire n’a rien d’extraordinaire si ce n’est que j’ai toujours su avoir été adoptée par mes parents dès ma naissance.  J’ai été élevée par Esther femme au foyer et Norman Grey,  médecin de bonne réputation, tous deux de bons catholiques mais…infertiles. Ils ont fait de moi leur fille adorée, bien éduquée à qui ils ne refusaient à peu près rien. J’aurais pu tirer avantage de cette situation; je ne suis pas ce genre de personne. Je garde de magnifique souvenir de mon enfance.

C’est plutôt à l’adolescence que les choses se sont gâchées. L’âge ingrat, celui des découvertes, le goût de l’aventure naît. J’ai porté un appareil dentaire au lycée ce qui a fait de moi une cible de choix pour  les gosses plus populaires, les intouchables.  Je marchais la tête basse et j’ai fait comme à peu près tout le monde qui n’a pas la quotte, j’ai attendu que ça passe.

À ma dernière année, on m’a libéré de mon sourire d’acier et je suis devenue hyper intéressante, soudainement. Mais le mal était fait et je suis resté sur mes gardes, me méfiant sans cesse d’une mesquinerie possible ou d’un coup pendable qu’on pourrait me jouer.  Je suis devenue plus solitaire que jamais alors que tout le monde, ceux par qui j’étais rejetée avant, ne demandait qu’à me connaître.

Je me suis dirigé vers le journalisme à l’université. Je me suis inscrite au club de débat, au journal de l’université, au club de natation, j’étais partout. Petit à petit, je me suis mise à crouler sous la pression de la performance, mettant la barre toujours trop haute et j’ai craquée.  J’ai commencé à piger dans la boîte d’anti dépresseur de ma mère. Il m’a suffit d’emprunter un carnet de prescription du cabinet de mon père pour me prescrire moi-même mes dragées miracles.  J’ai pu passer au travers mes années en journalisme à l’université de Calgary et j’ai obtenu un stage à Los Angeles pour le LA Free Press.

À la fin de mon stage, n’ayant aucun poste à m’offrir et désireuse de poursuivre ma vie dans ma nouvelle ville d’adoption, je me suis tournée  vers le journalisme radiophonique. J’ai été engagée rapidement chez L.A.Rocks au début pour faire de petites interventions, puis en me confiant des interviews plus sérieuses et enfin, j’ai eu droit à mon propre micro pour assurer l’heure du midi.

Cette case horaire me permet de sortir le soir, assister à des galas, des fêtes, des premières de film ou des lancements, qu’importe ! On ne sait jamais où et quand le scoop frappera. J’entretiens d’assez bonne relation avec mes collègues de travail mais qui sait si je peux vraiment leur faire confiance ?  

Je vie seule et c’est très bien ainsi. Quand je rentre, c’est pour enfiler mon pyjama, et me cacher sous mes couvertures pour… dormir. C’est le seul endroit où je me sens réellement bien.