On avait fini par s’endormir malgré les événements. Pas que ça m’avait traumatisé, en fait… Loin de là. J’avais vécu bien pire. Ce n’est pas deux petites frappes qui allaient me faire perdre mon sang-froid.

Sky, par contre, avait eu la peur de sa vie. Je l’avais senti du moment où Emilio lui avait mis son couteau sous la gorge jusqu’au moment où on avait fini au lit pour tenter de penser à autre chose. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle s’est vraiment détendue pour s’endormir tout contre moi.

J’aimais Sky. Elle n’était pas facilement impressionnable mais si elle voulait vivre avec moi, elle allait devoir apprendre quelques trucs pour se protéger un minimum. Elle l’avait compris autant que moi. Après tout, j’avais un gang entier à mes trousses sans compter d’autres gens qui voulaient ma peau. Je savais que ma petite-amie était une cible bien trop facile pour eux. Je pouvais les surprendre en faisant de Sky quelqu’un qui pourrait s’en tirer même si le danger approchait.

C’est pourquoi, aujourd’hui, j’allais l’entrainer. Lui fournir les bases pour se défendre allait passer par quelques entrainements à la salle de sport. Je savais qu’il y avait de grand risque que si je sortais à la salle de sport en pleine journée, de fil en aiguille, les Los Diablos allaient apprendre que j’étais toujours en vie.

Ce n’est pas forcément grave. Qu’ils l’apprennent. De toute façon, jouer au mort ce n’était vraiment pas mon truc. Surtout que je n’étais pas du genre à fuir la confrontation.

Donc, on ira à la salle de sport de South L.A. C’est l’idée que j’avais en tête alors que je m’étais levé avant Sky, ce matin. Elle dormait encore profondément quand j’avais ouvert les yeux et loin de moi l’idée de perturber son sommeil. Il allait falloir qu’elle soit en forme pour l’entrainement.

Je profitai qu’elle dormait pour appeler un de mes hommes et lui donner l’ordre de retrouver Emilio et Felipe et de les enfermer au QG jusqu’au soir où je viendrais leur régler leur compte.

Ceci étant fait et quand Sky fut levée, on prit une douche avant de prendre la direction de South L.A. et de la salle de sport déjà en tenue d’entrainement. Dans un sac, j’avais des bandages pour les mains, de l’eau et tout ce qu’il fallait pour que l’entrainement ne soit pas trop fait à l’arrache. Pas besoin que mes hommes nous suivent. On allait dans une salle de sport en pleine journée. Les risques de se faire prendre en embuscade étaient vraiment très limités. Surtout qu’on y allait à une heure où les Los Diablos et autres petites frappes du genre dormaient, en général.

On arriva à South L.A. après que j’ai mis The Army dans la voiture. Sky adorait The Army. Moi, j’avais même eu l’occasion de rencontrer Sniper ce que je n’avais pas révélé à Sky étant donné qu’elle m’aurait demandé à savoir dans quelles circonstances ça c’était fait. Or, il ne valait mieux pas qu’elle sache les circonstances.

Arrive à la salle de sport, je ne pus m’empêcher de passer mon regard sur toute la salle. Il y avait quelques personnes. Aucune que je connaissais. Des pères venus avec leurs gosses… Des gars chétifs qui essayaient de se muscler un minimum. Des gars musclés qui étaient ici pour frimer devant des filles qui regardait plus ces derniers qu’autre chose.

Pour l’instant, aucun danger et aucune possibilité d’être pris à parti.

J’avisai donc un sac de frappe.

-On va prendre ce sac de frappe-là.

Je posai le sac à terre et en sorti les bandages.

-Donne ta main, bébé.

Quand elle me la donna, je commençai à bander ses mains tout en parlant.

-On va commencer par la base : savoir frapper comme il faut tout en se protégeant. C’est la base de la boxe mais c’est aussi la base de tous les combats de rues. Si tu te fais attaquer et que tu sais frapper, c’est déjà un bon début.

Je lui souris vérifiant si ses bandages étaient bien mis avant de mettre les miens. Quand ce fut fait, je me plaçai derrière le sac de frappe.

-Vas-y, frappe. Frappe et parle-moi en même temps. Pour savoir se défendre, il faut garder les idées claires alors, je vais te parler en même temps pour voir si tu sais fait deux choses à la fois. Tu as déjà frappé quelqu’un ?

Son ex, peut-être…

@ Billy Lighter

Quand je me réveillais, j’allongeais un peu la jambe pour frôler celle de Ward mais ne rencontrais que le vide.  J’inspirais profondément et je soulevais sur mes coudes en regardant autour de moi dans la chambre. J’étais seule et je n’aimais pas ça. Pas avec ce que nous avions vécu hier soir.  Je me retournais sur le dos et m’asseyais tout en m’étirant.

- Aïe !

J’étais complètement courbaturée ! Probablement parce que je m’étais contractée longtemps la veille alors que j’étais prise en otage, un couteau sur la gorge ! J’étais sous tension et… et ensuite le stress est retombé c’est probablement ce qui explique pourquoi j’ai mal partout, même à des muscles que je ne pensais pas avoir.

- Bébé ?

En soupirant, je repoussais les couvertures et je me levais, sans prendre la peine de me vêtir et je sortie de la chambre et allais tout de suite me blottir dans les bras de mon petit ami.

- Je déteste me réveiller seule !

Mon front contre son torse, je l’enlaçais de toutes mes forces. La nuit d’hier avait créer un sentiment troublant qui n’allait pas s’estomper en claquant des doigts.  Je ne me sentais bien que dans ses bras et voulait y être à chaque instant. Il m’amena sous la douche et ensuite, nous prîmes la direction de la salle de sport. J’avais un peu oublié ça, dans la foulée.

Oui, bien sûr que je voulais encore apprendre à me défendre et savoir comment réagir en cas d’une autre situation comme hier mais devions-nous vraiment le faire tout de suite, si tôt après la nuit que nous venions de vivre.

Je ne rouspétais pas et le suivis, heureuse de grimper à bord de sa voiture pour la toute première fois. C’était aussi notre première activité de couple à l’extérieur de notre appartement.  J’y trouvais de l’enthousiasme là où je le pouvais !

La salle de gym n’était pas trop bondée, c’était un soulagement.  J’avais déjà peur que Ward désespère en voyant combien je pouvais être nulle en sport et, forcément, en technique de défense, je n’allais pas exceller comme ça, du premier coup. Il a besoin d’une femme forte et qui saura le suivre. J’avais très peur qu’il se lasse de moi, qu’il me voit comme un boulet à traîner.

Je lui tendis mes mains quand il me le demanda, sans lâcher le sac de frappe qu’il m’avait désigné.

- Ok, je peux faire ça !, dis-je en regardant le sac de haut en bas et en me disant que je pourrais transposer l’image de l’homme de hier soir dessus pour m’aider à frapper.

Je regardais mes mains bandées et laissais Ward faire pareil avec les siennes puis il se plaça derrière le sac et me demanda de frapper. Je pinçais des lèvres en ouvrant grand mes yeux puis je balançais mon poing dans le sac qui ne sembla même pas avoir bouger.  J’étirais mes lèvres et recommençais mais le second coup de poing fut pire que le premier. Il me parlait en même temps, sous prétexte de savoir si je savais faire deux choses en même temps et je répondis en haussant des épaules en frappant encore dans le sac.

- Hein ? Quoi ?  Si j’ai déjà frappé quelqu’un ?

Je ne bougeais plus, je réfléchissais.

@ Billy Lighter

Ce que j’avais eu vite fait de comprendre, avec Sky, c’était qu’elle détestait être loin de moi. La preuve encore, ce matin, avec ses petites réflexions et la façon dont elle m’avait enlacée. Et j’aimais ça. J’aimais savoir que, sans moi, elle se sentait mal. Un peu comme A.J. mais elle l’exprimait d’une toute autre manière. Parce que c’était une preuve qu’elle n’allait pas me quitter de sitôt. On était ensemble, jusqu’à la fin. C’était ce que je me disais depuis le premier jour où je l’avais rencontré.

Mais pour vivre dans le monde où je vivais, Sky devra apprendre à se défendre. C’est pour ça que je l’avais emmené à la salle de sport. Pour commencer à lui apprendre les bases qui lui permettront de se défendre, voir même de surprendre les gens qui pourraient vouloir lui faire du mal. Je devais partir du principe que Sky allait devenir ma faiblesse et que je devais faire mon possible pour en faire un force ou bien, au moins, de la protéger au mieux. Elle comblait le vide laissé par A.J. et se vide devait continuer à rester comblé.

Donc, on allait commencer par quelques bases en boxe. Pour ça, le sac de frappe présent dans la salle de sport fera largement l’affaire. Je commençai par mettre des bandages sur les mains de Sky pour les protéger avant de lui expliquer ce qu’elle aurait à faire et qui se résumait assez facilement : frapper dans le sac. Il n’y avait rien de difficile à ça. La difficulté était plutôt d’arriver à frapper comme il faut dans le sac. Il fallait que le coup porte sans pour autant mettre Sky à découvert. C’est ce que je lui expliquais en quelques mots.

Elle se disait capable de faire ça. J’hochai de la tête gardant mon sérieux. J’attendais de voir.

J’allais ajouter une difficulté en lui parlant en même temps. Quand je lui donnai le coup d’envoi, elle balança son poing dans le sac. De l’autre côté, j’avais à peine senti qu’elle avait frappé. Son coup n’avait aucune force. Mes lèvres se pincèrent.

Il y allait avoir du boulot…

Je n’avais jamais entrainé personne à la boxe et encore moins une fille. J’aurais imaginé que ça serait plus facile mais, à l’évidence, ça n’allait pas être si simple. La preuve avec son deuxième coup qui fit autant d’effet que le premier… Et ce fut pire quand je lui posai une question pour vérifier si elle savait deux choses à la fois…

Visiblement non… Parce qu’elle venait de complètement s’arrêter pour réfléchir à sa réponse. Mes lèvres se pincèrent.

-Je ne t’ai pas dit d’arrêter de frapper…

Je penchai légèrement la tête sur le côté et regardai Sky faisant une moue.

-Si tu réfléchis à la réponse, c’est soit que tu n’as jamais frappé quelqu’un, soit tu ne l’as pas fait assez fort pour t’en souvenir.

Je lâchai le sac et vint me placer à côté d’elle.

-Il faut que tu mettes plus de conviction dans tes coups et frapper comme ça.

Je lui fis une démonstration en frappant fort dans le sac qui bougea bien plus que quand Sky avait frappé. Je me redressai pour regarder Sky.

-Il faut toujours garder cette position.

Je me mis en position mes poings devant mon visage.

-Et porter ton coup comme ça.

Je lui montrai à nouveau avant de me remettre derrière le sac.

-Vas-y. Fais-le. Frappe comme je viens de te montrer et parle-moi en même temps. Tu n’as qu’à me parler, je ne sais pas moi… De pourquoi tu as décidé de faire babysitter et pas autre chose.

C’était un sujet banal. Mais ça me permettra de voir si Sky gère deux choses en même temps… Mieux que sur une question qui lui demanderait de se souvenir de quelque chose.

@ Billy Lighter

Je savais que je devais prendre l’entraînement au sérieux mais j’avais beaucoup plus envie de me retrouver dans les bras de Ward qu’avec un sac de frappe entre nous deux. Qui plus est, je ne suis pas un gros gabarit, je n’ai pas une grande force de frappe et  mon esprit par sans arrêt dans tous les sens ce qui fait que je suis distraite facilement.  Et puis il me testa en me demandant si je savais faire deux trucs en même temps et moi, je voulais tellement lui plaire que bien sûr, je répondis que oui !  Mais je tombais dans le piège alors qu’il me demanda si j’avais déjà frappé quelqu’un et je stoppais tout pour réfléchir.

- Oh !

Je sursautais quand il m rappela à l’ordre en disant qu’il ne m’avait pas dit d’arrêter de frapper.
Je m’en tordis les lèvres, confuses et gênée et je soupirais alors qu’il penchait sa tête sur le côté affirmant que si je réfléchissais, c’est que je n’avais jamais soit frapper quelqu’un ou soit que ce n’était pas assez fort pour que je m’en souvienne.

- Si ! Si j’ai déjà frappé quelqu’un !

On se tapait souvent sur la gueule avec mon ex et parfois, je lui faisais assez mal pour qu’il me laisse tranquille. Si je réfléchissais, c’était parce que je me demandais si j’avais déjà frappé quelqu’un  comme ça, juste pour le fun ou si ça avait toujours été par instinct de protection.

Ward passa de mon côté du sac et j’en frissonnais d’envie de l’enlacer et de l’embrasser. Il n’avait pas l’intention de se laisser aller à la tendresse alors qu’il devait me montrer les bases de la boxe.  

- Quelle force !

Il m’avait fait la démonstration de comment me placer puis avait frappé le sac qui valsa et fit gémir les chaînes qui le retenaient. J’analysais sa position, la façon dont il déplia son bras pour porter son poing dans le sac, comment il avait positionné sa main, fermé son poing. Je pouvais paraître un peu nunuche mais j’avais cette grande capacité d’observer et imprimer.

Je parvins tout de même à lui voler un baiser avant qu’il ne se replace derrière le sac et qu’il me demande de frapper à nouveau tout en lui parlant. Je ne voulais pas lui parler en même temps, je ne comprenais pas pourquoi il insistait pour que je lui parle et encore moins que je lui parle de pourquoi j’avais choisit de faire du baby sitting comme travail. Mais j’allais faire exactement comme il le souhaitait parce que, toujours, je ne voulais pas lui déplaire.

- Ok… comme tu veux bébé.

Je regardais le sac comme s’il s’agissait de mon ex. Je repensais à notre relation, à tout ce qu’il avait pu faire pour me faire mal et me détruire, petit à petit, sans perdre de vu la question de Ward sur mon métier.

- Je n’ai pas choisis le babysitting…

Je pris une grande inspiration et je frappais, comme Ward venait de me le montrer, dans la même position et avec autant de force que je pouvais en dégager et le résultat fut là.

- … c’est lui qui m’a choisit !

Je frappais encore, aussi fort, les chaînes grincèrent.

- Les enfants ne sont pas comme les adultes. Les adultes blessent volontairement, pas les enfants.

Je me déchaînais contre le sac, je n’arrêtais pas, seulement je n’arrivais plus à parler, je faisais que ça, frapper le sac jusqu’à en être couverte de sueur, et même à bout de force, je n’arrêtais pas.  En dedans, j’avais vraiment très mal. Mon ex petit ami, celui d’avant et l’autre. Le coup d’un soir et l’homme d’hier soir qui m’avait placé un couteau sur la gorge. Je ne voyais même plus clair, c’était flou.

@ Billy Lighter

Je déclarai que si elle réfléchissait si longtemps à la question c’était qu’elle n’avait frappé personne ou bien pas assez fort que pour qu’elle puisse s’en rappeler. Mais elle répliqua déclarant qu’elle avait déjà frappé quelqu’un. Je souris un peu.

-C’est une bonne chose. Ça veut dire qu’il y a déjà eu une première fois.

Et que donc, elle hésitera moins quand elle se retrouvera devant le fait accompli et qu’elle devra envoyer les coups.

Mais avant ça… Il fallait qu’elle sache porter un coup. Je lui fis une démonstration qui sembla l’impressionner. Frapper fort, je savais faire. La plupart de mes adversaires, lors des matchs de boxe, le savait très bien. Ceux dans la rue aussi, le savaient. Il faut dire que je m’entrainais à ça depuis que j’avais 14 ans.

Avant que je ne reprenne ma place, Sky réussit à me voler un baiser. Je souris un peu avant de rapidement reprendre mon sérieux lui expliquant qu’elle allait devoir frapper et me parler en même temps. Elle ne broncha pas acceptant l’exercice.

Elle commença à parler disant qu’elle n’avait pas choisi le babysitting, je plissai les yeux essayant de comprendre avant d’être légèrement surpris par la force qu’elle mit dans le coup de poing qu’elle envoya dans le sac.

Ça y est. Ça, c’était un vrai coup !

Mais je ne dis rien pour ne pas la déconcentrer. C’était le babysitting qui l’avait choisi. Ça restait vague mais, alors, que ses coups étaient de plus en plus fort, elle précisa sa pensée disant que les enfants n’étaient pas comme les adultes. Que les enfants ne blessaient jamais volontairement. Si Sky était babysitter c’est parce qu’elle se sentait mieux avec des enfants qu’avec des adultes. Tout simplement. Sky était une fille qui avait été souvent blessée. Ça se voyait. Même si, de mon avis, les enfants peuvent faire volontairement mal. Quand j’étais plus jeune et que j’allais à l’école, certains enfants venaient m’emmerder rien que parce que je n’étais pas comme eux. Ils faisaient, donc, volontairement mal.

Les enfants sont aussi terribles entre eux que les adultes entre eux. Les adultes ne sont jamais que des enfants plus vieux.

Mais Sky pensait autrement. Alors, je dis simplement :

-Je comprends. Ton choix de métier est donc logique.

Mais c’était comme si elle ne m’avait pas entendu. Elle continuait de frapper de plus en plus fort.

-Sky ?

Elle ne répondit pas. Elle continuait de frapper.

-Sky ?

Elle était trop concentrée sur le fait de frapper qu’elle en oublier l’autre partie de l’exercice. Alors, je finis par lâcher le sac pour me placer de façon à rattraper son poing dans le creux de ma main avant qu’il ne frappe le sac. Je tenais fermement son poing qui était, maintenant, enfermé dans ma main.

-Bébé… Stop.

J’attendis qu’elle sorte de ses pensées pour poser son regard sur moi.

-Tes coups sont bons… Tu les portes bien. Mais il ne faut pas oublier d’avoir les idées claires. Si tu n’as pas les idées claires, tu ne sauras pas réfléchir comme il faut et tu risques de faire des erreurs qui te seront fatales.

Je savais de quoi je parlais. J’avais déjà fait des erreurs et ça m’avait été préjudiciable. Il fallait que Sky puisse garder les idées claires.

Je regardai vers le sac avant de reposer mon regard sur sac. Je lâchai sa main.

-Tu pensais que tu frappais quoi ? Ton ex ? Ou bien c’était quelqu’un d’autre ?

Je penchai légèrement la tête sur le côté. Ça faisait une semaine que je vivais avec Sky mais jamais on n’avait vraiment parlé de nos vies respectives. Tout ce que je savais, c’était qu’elle était très seules. Jamais de coup de fil à ses parents ou à des frères et sœurs. Ni même à des amis.

-Si c’est ton ex, j’imagine que pour que tu y mettes autant d’ardeur c’est qu’il a fait bien pire que simplement te plaquer, je me trompe ?

Si je voulais essayer de faire quelque chose de toute cette rage qu’elle avait, je devais savoir son origine.

@ Billy Lighter

Ward ne rigolait pas avec l’entrainement, je l’avais déjà compris et je voulais lui montrer que je pouvais apprendre. N’était-ce pas moi qui lui en avais fait la demande ? Je voulais qu’il soit fier de moi, qu’il voit que je pouvais être à hauteur et non pas une petite fille fragile qu’il devait constamment protéger.

Seulement, ça n’allait pas être simple. Je n’arrivais pas à dégager de la force en frappant dans le sac. C’était à peine si le cuir plissait quand j’y enfonçais… ou appuyais le poing. En fait, m on coup d’avait aucune portée et ça sembla découragée Ward qui passa du même côté que moi pour me faire la démonstration de ce que je devais faire.

Je pouvais le faire.

Et je m’exécutais, après l’avoir embrassé et fixé le sac comme si ce dernier voulait me sauter au visage.  Je frappais un premier coup qui eu une meilleure portée que mes précédent essais puis à nouveau tout en répondant à la question de mon petit ami sur mon métier. Je répondais, sans trop y réfléchir, et probablement que je répondais n’importe quoi. Quelque chose se passait en moi, quelque chose de vraiment pas agréable et qui égratignais là où ça faisait mal. Plus je le sentais, plus je frappais, jusqu’à ne savoir faire que ça, sans m’arrêter, pas avant que ce soit Ward qui ne m’arrête en refermant sa main sur mon poing.

J’en tremblais et j’étais épuisée.

- Non… je ne ferai pas d’erreurs fatales…  

Je ne voulais pas en faire, j’avais peur d’en faire.

- Je ne sais plus… oui mon ex, et celui d’avant, et le type d’hier soir. Pleins de mecs qui m’ont fait du mal.

Ils s’étaient tous gravés à moi d’une façon où d’une autre et je les traînais comme des boulets sans vraiment m’en rendre compte. D’avoir pu les frapper, sans me délivrer d’eux, m’avais quand même fait du bien.

Ward voulait savoir, ce que m’avait fait mon ex, il voulait aller là, moi, pas. Alors je dégageais mon point du sien et je me retournais pour aller prendre l’un des bouteilles d’eau qu’il avait apporté avec nous. Je n’avais rien à dire et non plus l’envie d’ouvrir des bobos qui tardaient à guérir.

- Et toi ton ex ?

Il est beau, il baise comme un Dieu, il n’est pas compliqué comme mec. Pourquoi alors sa petite amie s’est barrée ? À cause de situation comme ce que nous avons vécu ? Parce qu’au fond, c’est un salop lui aussi et que je ne vais pas tarder à le découvrir ? Après avoir bu, je passais une main sur mon front puis j’haussais des épaules tout en repoussant mes cheveux vers l’arrière.

- Il était… tu vois…  il aimait me frapper quand il avait la haine et je le frappais pour qu’il cesse et ça le faisait me frapper plus fort. Ils ont tous été un peu comme ça.

Et moi tout ce que je voulais c’était d’être aimée et protégée.  Je rigolais doucement en me disant que cette fois, les choses ne seraient peut-être pas différentes mais que lui, il m’aurait apprit à me défendre.

- C’est pour ça que… les enfants c’est plus simple. Pour moi en tous les cas. Tu en veux, des enfants, bébé ?

@ Billy Lighter

Les coups de Sky étaient bien meilleurs. Elle y mettait beaucoup plus de conviction ce qui était déjà un bon avancement par rapport à il y a quelques minutes où le sac ne bougeait pas d’un pouce. Ici, ça bougeait. La seule chose qui n’allait pas c’était que Sky n’était plus là du tout. Elle n’était concentré que sur ses coups et n’avaient absolument plus les idées claires.

Alors, je la ramenai à la réalité en retenant son poing avant qu’il ne touche encore une fois le sac. Sky revint alors à elle captant mon regard et mon discours alors qu’elle déclara qu’elle ne fera pas d’erreurs fatales. J’hochai de la tête alors que je voyais bien sur son visage qu’elle était déjà épuisée. Elle avait tout donné dans les coups qu’elle venait de mettre. Alors, je lui demandai si c’était à son ex qu’elle avait pensé à frappant dans le sac. C’était ce qui me paraissait le plus plausible. Mais c’était plus complexe que ça. Elle pensait à son ex, celui d’avant, à Emilio aussi. Tous ceux qui lui avaient fait mal.

C’était bien pour ça qu’elle n’avait pas les idées claires.

-C’est pour ça que tu n’as plus eu les idées claires. Trop d’émotions. Tout s’est confondu dans ta tête… Alors tu as frappé avec ton cœur. Pas avec ta tête. En situation où tu es en danger, il ne faut pas y impliquer tes émotions. Il faut garder ton sang-froid. C’est comme ça que tu t’en sortiras.

Alonso m’avait raté parce qu’il voulait tellement ma mort qu’il en avait oublié de vérifié si j’étais bel et bien mort. Pareil pour Alice. Jimmy Reed aussi n’avait pas réussi à me tuer parce que j’avais réussi à impliquer ses émotions dans l’équation en ajoutant la donnée « Livia ». Moi, quand je tuais, aucune émotion n’était impliquée hormis celle du plaisir immédiat que me procurait l’action même de tuer.

C’était pour ça que je ne me faisais pas prendre. Parce que j’arrivais à réfléchir à toutes les données.

Sauf quand j’ai tué A.J..

D’ailleurs, A.J. vint subitement dans la conversation ce qui me fit légèrement froncer les sourcils.

-Quoi mon ex ? Si je pense à elle quand je frappe ? Non. Quand je frappe, je ne pense à personne en particulier. Si je me fais attaquer, je pense à sauver ma peau. Si je me bats pour le sport, sur un ring, je pense technique de combat. Pourtant, des gens à qui j’en veux, il y en a beaucoup aussi.

Jimmy, Alonso, Carlos, mon propre père… J’en passe et des meilleurs.

-Et si mon ex m’a fait du mal ? Elle m’a plaqué. La vie que je mène n’allait plus avec la vie qu’elle voulait mener. J’imagine que ça voulait dire qu’on n’était plus fait pour être ensemble. Est-ce que je lui en veux ? Oui. Surtout à cause de la manière dont tout s’est fini.

C’était faux. Et en partie vrai en même temps. J’avais détesté la façon dont ça s’était terminé.

Terminé pour toujours.

Quant à l’ex de Sky, je penchai légèrement la tête sur le côté quand elle avoua que son ex la frappait. Qu’elle le lui rendait… Mais qu’il frappait, ensuite, encore plus fort. Mon cœur battait plus vite. Pourquoi ? Parce que j’avais envie de tué ce type. Et les précédents aussi parce que Sky semblait ne tomber que sur des types violents.

J’en étais un aussi…

Mais jamais je ne frapperais Sky. J’étais violent avec A.J… Mais elle le voulait bien. Notre relation était comme ça. Sky… Sky, je ne la frapperais pas. Je ne voulais pas lui faire de mal.

-Bébé… Ces connards ne te méritaient pas.

Je m’approchai d’elle et j’étais prêt à lui dire que, moi, je ne la frapperais pas quand elle pose une question qui me déstabilisa un peu.

Des enfants… Si je voulais des enfants ? Non. La lignée des Fleming doit disparaitre. Je posai mes mains sur ses hanches.

-Si je te dis non… Tu vas me quitter ?

Je pris un air soucieux certainement dans le but de l’amadouer, d’amener sur moi son empathie, qu’elle voit que j’avais peur de la perdre rien que parce que j’allais lui avouer ce qu’elle ne voudrait peut-être pas entendre.

-Parce que je n’en veux pas. Je ne me vois pas avec des enfants. Je te vois toi et moi. Rien que nous deux. Seuls au monde. Je ne suis pas doué pour partager des sentiments. Je ne veux que les donner à toi.

Pas à un enfant en plus d’elle. Je savais que je n’y arriverais pas. Je me connaissais.

-Un enfant, ça compliquerait tout. Si tu veux une confidence, je n’ai que mon père comme mode d’emploi… Et il purge une peine de prison à vie. Autant te dire qu’il n’était pas tendre… Ni avec moi, ni avec ma mère, ni avec mon petit frère. Je ne ferais pas un bon père parce que je n’ai aucun exemple valable.

Je brodais… Je ne voulais pas d’enfant parce que je n’en avais clairement pas envie. Les pleurs m’horripilaient et je savais que, si j’aimais Sky, elle était probablement la seule personne au monde que j’arriverais à aimer.

J’avais toujours mes mains sur les hanches de Sky.

-Tu sais maintenant la vraie raison qui a poussé mon ex à claquer la porte… Tu vas faire comme elle, bébé ?

La question était bien placée. Trop bien placée. Il fallait que Sky reste avec moi. Pour toujours. Et je ne voulais pas que la question des enfants me la fasse perdre pour toujours.

@ Billy Lighter

Je n’allais pas faire d’erreurs fatales ! Je ne pouvais pas en faire puisque je frappais encore et toujours plus fort dans le sac mais Ward, qui m’avait stoppé dans ma lancée, expliqua que je n’avais pas la tête vide de mes pensées et qu’elle parasitait ma capacité à réfléchir au moment opportun.

Ma respiration était rapide alors que je l’écoutais et ma tête, encore pleine de pleins de mauvais souvenirs que je m’efforçais d’enterrer chaque matin quand la nuit venu, ils sortaient de nulle part pour me hanter.

Je restais accroché à sa dernière phrase.

- C’est comme ça que tu t’en es sortis ?

Il m’amena à parler de mon ex, je ne voulais pas aller là alors je lui retournais la question pour qu’il me parle de sa dernière petite amie. J’avais du mal à croire qu’il avait pu être largué. On ne largue pas un mec comme lui, c’est plutôt lui qui largue les filles.

Ward me répondit, un peu brusquement qu’il ne pensait pas à son ex quand il frappait, qu’il pensait à sauver sa vie ou a la technique a adopter. C’était peut-être ce qui allait m’arriver, moi aussi. Quand je me sentirais en danger, ma tête ne serait pas parasitée de pensées inutiles. Je  ferai en sorte de sauver mes fesses.

Il disait que son ex l’avait larguée parce qu’elle ne désirait plus les même choses que lui. Qu’elle voulait une vie qu’il ne pourrait pas lui offrir. Ou qu’il ne voulait pas…

Sa confidence entraîna la mienne. Je lui racontais ce que j’avais vécu, en général avec les hommes que j’ai fréquentés. C’était toujours un peu le même schéma de fois en fois, en tous les cas, le résultat était le même. Je finissais seule, complètement paumée avec en tête la certitude d’être la plus grande ratée que la terre avait jamais  portée.

- J’en sais rien… Sœur Ana disait qu’on attirait que ce que nous méritions.

Je devais être un aimant à connard.

C’est pour cette raison que je me sentais bien avec les gamins. Je les comprenais, ils me comprenaient, il n’y avait rien de compliqué avec les eux et c’était ce que j’aimais. Je pouvais être complètement libre et ne pas constamment être sur mes gardes.

Et des enfants, moi, j’en voulais. Et j’en voulais avec Ward. Parce que c’était lui que j’aimais et  il me semble que c’était une raison suffisante. J’avais cru qu’il allait me prendre dans ses bras mais au lieu de ça, il s’arrêta pour pencher légèrement la tête, comme il le fait chaque fois que quelque chose l’énerve ou le fait réfléchir.

Il me demanda si je le quitterais s’il devait me répondre non. Ça je n’en savais rien. J’aurais mal, vraiment très mal. Alors je lui répondis en haussant des épaules tout en faisant oui et non avec ma tête.

Il ne voulait pas d’enfant, parce que son père n’avait pas été un bon modèle, parce qu’il ne s’en sentait pas capable, parce que pleins de bonnes raisons mais pour chacune de ses raisons, j’en avais au moins une pour le rassurer.

Je serais là, et je serais une excellente mère. Il apprendrait à être père au travers de moi, avec mon aide et mon amour.  Personne ne pouvait être prêt à être parent, à embrasser les changements que cela pouvait représenter.

Puis il me demanda si j’allais le quitter, comme son ex.

- Non. Mais si moi j’en veux, et que toi tu n’en veux pas,  c’est toi qui voudra me laisser parce que je ne changerai pas d’idée.

Je penchais ma tête, légèrement sur le côté, pour le regarder.

- Tu continu à me montrer comment me défendre ?

@ Billy Lighter

-Oui, c’est comme ça que je m’en suis sorti.

Et de plus d’une situation délicate. La dernière en date, c’était quand Reed m’avait tiré dessus. J’avais gardé mon sang-froid ce qui m’avait permis d’appuyer au bon endroit pour ne pas qu’il m’achève. Si je n’avais pas appuyé sur sa corde sensible, je ne serais pas ici aujourd’hui. Sky devait toujours garder les idées claires. C’était vital.

C’est ce que je lui expliquai avant d’enchainer sur son ex. Mais avant de parler du sien, elle me renvoya sur la mienne et je lui répondis du tac au tac. J’essayais de ne pas trop penser à A.J. parce que chaque fois que je le faisais, j’avais cette drôle de sensation qui revenait et que je détestais.

Mais Sky finit par parler un peu plus de son propre ex qui la frappait, apparemment. Rien que de savoir ça me donnait sérieusement envie de tuer ce type… Mais Sky n’était pas aussi sûr que moi quant au fait que son ex n’était rien d’autre qu’un connard tout comme le précédent. Elle disait que Sœur Ana lui avait dit qu’on attirait ce qu’on méritait. Je levai un sourcil penchant légèrement la tête sur le côté.

-Sœur Ana ? Tu as été dans un couvent ? Tu sais quoi, Sky ? Sœur Ana se trompe. Sœur Ana est certainement une petite religieuse frustrée qui aime terroriser les gens parce qu’elle se sent puissante en faisant ça. Ces enfoirés ne te méritaient pas. C’est ça la vérité.

Beaucoup de grandes manipulatrices étaient des religieuses frustrées en mal de pouvoir. Et on trouvait ce genre de femme dans trois endroits : les églises, les couvents et les orphelinats. Sky était peut-être orpheline…

Mais de là, et certainement parce que j’avais parlé de son métier plus tôt, Sky me demanda, comme ça, si je voulais des enfants. Ma réponse était catégorique… Mais j’avais quand même justifié tout ça par mon enfance difficile. Le fait était que je ne voulais pas d’enfants parce que je n’en avais pas envie. En fait, je voulais être celui qui réduirait à néant la lignée des Fleming.

Je m’en sortais plutôt bien pour l’instant… Et j’essayais d’appuyer sur la corde sensible pour que Sky adhère à mon choix.

Mais elle ne le fit pas… Elle était plus maligne que ça. Elle me renvoya mon chantage affectif en pleine figure. Parce qu’elle en voulait, des enfants. Je m’en doutais… Elle était babysitter. Ça faisait sens.

Je posai mes mains sur ses hanches la regardant dans les yeux.

-Non. Je ne te quitterais pas. Quoi qu’il arrive.

Je l’aimais. Je trouverais un moyen de la dissuader de faire des enfants. Je n’étais pas en manque d’idées et je savais les faire passer subtilement.

Elle pencha la tête sur le côté de la même manière que moi et demanda à reprendre l’entrainement. J’esquissai un petit sourire en coin.

-D’accord.

Je me reculai un peu. Penchant la tête comme elle avant de la redresser.

-Savoir frapper est une chose… Mais il faut aussi savoir éviter et retenir les coups. Mets-toi en position, tes bras bien devant ton visage. Je vais t’envoyer un poing droit vers ta figure. Tu vas devoir le parer ou l’éviter. D’accord ? Tu es prête ?

Quand elle me donna son accord et une fois qu’elle fut en position, j’envoyai mon poing vers sa figure. Pas trop fort et pas trop rapidement mais assez pour que ça porte quand même.

@ Billy Lighter

De toute évidence, mon petit ami sait mieux que moi ce que je dois faire et surtout, ce que je ne dois pas faire pendant que je frappe. Seulement, le contexte n’est pas le même !  Nous sommes dans une salle de sport, il n’y a aucun danger réel, c’est un jeu plus que autre chose. Je n’arrive pas à me mettre dans les disputions qu’il me demande et je perds rapidement de vu ses consignes en entrant dans ma tète et en ne faisant rien d’autre que de frapper sur le sac.

J’arriverai à faire la part des choses le moment venu, j’en suis certaine.

Puisqu’il me parla de son ex, je lui parlais du miens.

Ou des miens.

Toutes mes relations étaient un peu pareilles au final.  Je ne savais pas ce que je faisais d’incorrect pour mérité ça mais Sœur Ana disait que nous attirions ce que nous méritions, en gros nous étions l’artisan de notre propre malheur.

- J’ai grandis dans une crèche. Je n’ai jamais connu mes parents.

Du peu que j’en savais, c’était beaucoup mieux ainsi de toute façon.

Ward décrivit parfaitement bien Sœur Ana ! C’est exactement comment elle était pour moi ! Petite et frustrée qui assouvissait son besoin  d’oppression en nous terrorisant et en nous parlant des limbes et de l’enfer.  J’en avais peur, parfois !

J’haussais des épaules alors qu’il ajoutait que ces enfoirés ne me méritaient pas.

- Mark me répétait souvent que je ne trouverais jamais mieux que lui. Il aimait surtout me blesser avec ses mots en me racontant avec qui il me trompait.

Cette conversation grattait un peu trop profondément des plaies dont je ne tenais pas plus que ça revoir s’ouvrir.  Et de fils en aiguille, en passant parce les raisons qui m’ont poussées à faire du babysitting une profession, j’en vins à lui demander s’il voulait des enfants, parce que moi, j’en veux !

Son histoire d’enfance malheureuse lui sert de bouclier pour se convaincre qu’il n’est pas fait pour ça mais moi, je suis persuadée du contraire !

Son ex petite amie l’a quitté parce qu’il refusait de fonder une famille et il me croit capable d’agir de la même manière. Jamais je ne le quitterai mais, lui, peut-être que c’est ce qu’il fera quand il verra que je n’en démords pas.

Je penchais ma tête légèrement sur le côté et lui souriais alors qu’il affirma que, quoi qu’il arrive, il ne me quittera pas. J’étais satisfaite et certaine que je venais d’acquérir quelque chose. Une certitude qu’il m’aimait déjà assez pour combler mon rêve.

Ensuite, il fallait continuer mon apprentissage. Nous étions ici pour cela et à ma demande, qui plus est. J’aurais dû y réfléchir plus longtemps quand je lui ai demandé de m’apprendre. Il me faudra me souvenir de ne jamais rien demander sous le coup de l’émotion !

Je me plaçais en position comme il me le demanda et j’écoutais attentivement ses consignes. Je devais parer son coup ou l’éviter.  Amusée, parce que je crois que je ne prenais pas la chose très au sérieux, je lui souriais tout en le regardant dans les yeux.  Et Ward m’envoya son poing à la hauteur du visage et… Je l’attrapais de mes deux mains et je pivotais sur moi pour que mon postérieur  se plaque contre son bassin puis je tirais vers l’avant en me penchant et je projetais mon petit ami au sol.

- Et toi ? Tu étais prêt, bébé ?

J’ai vu beaucoup de film dans lequel ils faisaient un truc comme celui là et j’ai toujours voulu le faire, cela dit, je ne pensais pas aussi bien le réussir !

@ Billy Lighter

Sky avait grandi dans une crèche. Voilà pourquoi elle me rapportait les dires d’une religieuse frustrée qui aimait terroriser les petites filles. C’était intéressant de voir que Sky, tout comme moi, avait été lâché par ses géniteurs. Pas de la même manière… Mais lâché quand même. Et je commençais à me dire que ce n’était pas pour rien que tout avait collé du début entre elle et moi. J’étais certain qu’avec le temps, je pourrais lui faire voir les choses de la même manière que je les voyais. D’ailleurs, quand elle me révéla ce qu’elle venait de me révéler, je penchai légèrement la tête sur le côté avec un air presque… Compatissant.

-Ça explique peut-être pourquoi on s’entend si bien.

Parce qu’on était tous les deux des enfants que personne n’avait jamais vraiment aimé. Ma mère avait, après tout, essayé de me tuer quand j’avais 12 ans.

Mais pour ce qui était de Sœur Ana, je donnai mon avis à Sky. Un avis qui ne changera pas, quoi qu’elle dise. Mais elle semblait plutôt d’accord avec ce que je disais. Pour le reste, ces exs n’étaient que des enfoirés et ils avaient plutôt intérêt à ce que je ne les rencontre pas. Même si Sky ne semblait pas vraiment ressentir quoi que ce soit de haine contre eux. Ou, en tout cas, elle ne le montrait pas. Comme si elle se disait que, quelque part, elle le méritait. Mais quand elle déclara que son ex s’appelait Mark, je ne pus m’empêcher de tiquer. Mark… Ce n’était pas le nom qu’avait donné A.J.. Le type qu’elle avait au moins fréquenté une fois pendant que je n’étais pas là ? Ce n’était probablement pas le même Mark. Il devait il y en avoir plein à L.A.. Mais tout de même…

-Laisse-moi deviner… Il te disait souvent qu’il te trompait avec des blondes, aux yeux bleus… Soit, des filles qui étaient à l’opposé de toi. Des filles auxquels tu n’arriveras jamais à la cheville et il te faisait ensuite croire que tu avais bien de la chance qu’il t’accepte comme petite amie car personne d’autre ne voudrait de toi… Je me trompe complètement ou j’ai vu juste ?

C’était classique. Une façon pour Mark de garder sa mainmise sur Sky qui, je le comprenais de plus en plus, n’avait pas du tout confiance en elle. Je fixai Sky.

-Donc, ce que je dis est bien vrai : Mark est un enfoiré.

Tous ceux qui avaient fait du mal à MA Sky étaient des enfoirés. Que ça soit Mark ou Sœur Ana. Des enfoirés qui feraient bien de ne jamais croiser ma route.

Et tout ça nous amena à parler d’enfants. Jamais je n’aurais pensé que la question vienne aussi vite. Avec A.J., la question n’était jamais venue parce qu’A.J. savait que je n’aurais jamais voulu d’enfants. Elle n’en voulait pas non plus à mon avis. Mais Sky… Sky en voulait, c’était clair. Elle l’avait plus que laisser entendre. Mais si elle ne comptait pas même lâcher malgré mon refus, je n’allais pas la lâcher même si elle insistait.

Restait à voir, à long terme, qui gagnera cette bataille-là.

En attendant, il fallait que j’apprenne à Sky à survivre. Elle savait déjà donner des coups, restait à lui apprendre à parer les coups. Je savais qu’elle n’apprendrait pas parfaitement tout ça en une séance mais je comptais la faire revenir ici tous les trois jours au moins. Si elle travaille, on ira en soirée.

J’attendis, donc, qu’elle se mette en position avant de lui balancer mon poing vers sa figure. Elle le rattrapa. A deux mains. C’était pas mal. Pas parfait… Mais pas mal. J’allais lui dire ça et lui expliquer pourquoi ce n’était pas parfait avant qu’elle ne me surprenne en pivotant avant d’utiliser mon poids et toutes la force de ses petits muscles pour me mettre au sol.

Je la regardai surpris parce que je ne m’y étais pas attendu. Evidemment, tout ça la faisait bien marrer alors que je faisais la moue en fronçant les sourcils, un peu frustré de m’être fait avoir par un débutante.

-Visiblement, je n’étais pas prêt.

Je me redressai un peu mais restai au sol levant les yeux vers une Sky fière d’elle.

-Tu as appris ça où ? Si tu me dis dans un film, je te jure que je ferais durer l’entrainement jusqu’au soir…

Mais avant qu’elle ne réponde, je me relevai d’un coup pour prendre rapidement ses bras que j’immobilisai dans son dos d’un seul bras. Je serrai Sky contre moi, son dos et ses bras contre mon torse alors que l’autre de mes bras était autour de son cou même si je ne serrai pas pour ne pas lui faire mal.

-Seulement, il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers. Si jamais tu mets ton agresseur à terre, soit tu fuis, soit tu le mets K.O.. Parce que s’il bouge encore ou que tu n’es pas encore partie, il peut utiliser ton petit moment de fierté pour t’attaquer. C’est ce que je viens de faire. Et maintenant, bébé… Tu fais quoi ?

Dans sa position elle n’avait plus qu’une seule chose à faire : me demander de la lâcher. Elle était bien moins forte que moi et vu comme je l’immobilisais, elle aura bien du mal à bouger ne serait-ce que le petit doigt.

@ Billy Lighter

Ma brève  réflexion sur mon enfance laisse croire à Ward que c’était peut-être pour cela que l’on s’entendait aussi bien. Devais-je comprendre qu’il avait lui aussi vécu dans une crèche ? Tout est possible, il n’y a rien de facile en ce bas monde.  Ward me regarda, de cette manière si craquante, la tête légèrement  sur le côté comme il le fait si souvent, comme si chaque fois il prenait le temps d’analyser et je ne pu faire autrement que de l’imiter.

Je lui parlais ensuite de mes précédentes relations, de comment c’était avec mes ex, l’espèce de cercle vicieux dans lequel je semblais me complaire puisque toutes mes relations prenaient le même schéma.  Mark, mon dernier petit copain, m’a blessé plus que les autres.  Je plissais des yeux , écoutant Ward me faire le parfait résumé de mes derniers moments de couple avec Mark, comme s’il avait été témoin de tout ça.

- Ouais… Ouais c’est… tu as vu juste.  Il y en avait une, comme tu l’as décrit. Il n’arrêtait pas de me dire combien elle était intelligente, une psy. Et moi je n’étais rien qu’une babysitter.  Je ne peux pas rivaliser avec des femmes comme ça.

Mark était un enfoiré, je voulais bien le croire. En tous les cas, il ne m’aura jamais fait autant de bien de tout le temps qu’aura duré notre relation que m’en a faite Ward depuis le peu de temps que l’on se connait.

Ward, l’homme de ma vie, avec qui je veux fonder une famille bien qu’il ne soit pas prêt à cette éventualité. Je suis certaine qu’il ne verra plus les choses de la même manière le jour où il tiendra notre fils ou notre fille dans ses bras et qu’il verra que dans un tout petit humain, réside quelque chose de plus fort que tout. Ce doit être indéfinissable et hautement gratifiant que de voir ce que l’amour entre deux personnes, peut créer.  Je voulais vivre ça avec lui, je voulais être celle qui lui donne cette chance.

Nous reprîmes la leçon et je me plaçais, comme il me le demanda, attentive à ses directives puis, quand il avança son poing vers mon visage, j’eu pour réflexe de l’attraper puis…  je pivotais et utilisais mon corps comme levier pour le propulser au sol. Rien n’avait été calculé, je l’ai fait comme ça, sans réfléchir et d’après la surprise affichée sur le visage de mon petit copain, je comprends qu’il  ne l’avait même pas imaginé possible.

Je me retenais difficilement de rigole alors qu’il affirmait qu’effectivement, il n’était pas prêt pour ça.  Il voulait savoir où j’avais pêché cette idée mais ne me laissais pas le temps d’y répondre qu’il se redressait et m’agrippait férocement pas les bras pour me garder captive contre lui tout en m’expliquant comment j’avais faire merder mon super coup d’éclat.  J’étais prisonnière de son étreinte dont un bras passait autour de mon cou et sa bouche tout près de mon oreille me chuchotait l’analyse de nos derniers mouvements.

- Je pourrais essayer de dégager une main et te caresser… ce serait discret, tu crois qu’on nous verrait ?

Je souriais à cette perspective. Il y avait quelque chose de très excitant dans la façon dont Ward me tenait en ce moment même. Jamais je ne ressentirais la même chose si c’était un psychopathe qui me retenait de la même manière.  Mais avec mon petit ami, oui, c’était très stimulant.

- Ou je pourrais hurler et espérer qu’on m’entende…

Ou alors je pourrais lui donner un coup de pied sur le mollet. C’est ce que je tentais mais collée comme j’étais contre lui, je n’avais pas assez de jeu d’espace pour prendre assez d’élan pour que mon talon lui fasse à ce point mal pour qu’il me lâche.

- D’accord… Tu as gagné, bébé.

@ Billy Lighter

Je tiquai à nouveau quand Sky confirma que j’avais bel et bien raison sur ce que lui avais dit son ex et sur le profil type des filles avec qui il trompait Sky. Mais ce qui me fit le plus tiquer au point que je plissai les yeux c’est quand Sky disait qu’une des filles en question était psy. Je savais que les coïncidences existaient… Mais à ce point-là, j’avais quand même de gros doutes. Et je commençais du coup à penser que le Mark de Sky était me Mark d’A.J..

C’était une double raison de tuer Mark.

Sky qui croyait ne pas pouvoir rivaliser avec une psy parce qu’elle était babysitter. Si elle savait… Si elle savait qu’il y avait bien plus de similitudes entre elle et la psy en question que de différence. Si elle savait que le métier est loin de faire la personne. A.J. était une psy… Mais c’était aussi une psychopathe. Est-ce que ça voulait dire qu’elle faisait mal son métier ? Je n’en savais rien. La règle entre A.J. était moi avait toujours été de ne jamais se psychanalyser.

Mes mains sur les hanches de Sky, je plongeai mon regard de le sien.

-Ce n’est pas le métier qui fait la qualité de quelqu’un, Sky. Pour moi, aucune fille n’arrive à ta cheville peu importe ce qu’elles font.

Et Sky était intelligente au même titre qu’A.J.. C’était Mark, l’enfoiré. Mark qui allait mourir. Mon cerveau réfléchissait d’ailleurs à cent à l’heure… Si Sky savait qui j’étais vraiment. Si elle l’acceptait… Peut-être que je pourrais la conduire à se venger elle-même. A rendre à Mark la monnaie de sa pièce. L’idée même me fit frissonner.

Mais Sky ne devait pas savoir qui j’étais vraiment.

Après une discussion sur les enfants, on reprit l’entrainement. Et, à ma grande surprise, Sky réussit à me mettre à terre. Certainement parce que je ne m’attendais pas à ce qu’elle tente le coup de répliquer à mon coup de poing qu’elle avait rattrapé à deux mains.

Et elle était fière autant que j’étais surpris. Alors, je profitai de ce moment où elle avait complètement baissé sa garde pour la neutraliser en bloquant ses bras derrière son dos et en la serrant tout contre moi.

Elle n’avait plus d’issue. A part me demander simplement de la lâcher. C’est ce que je lui dis à l’oreille avant qu’elle n’essaye de trouver une alternative en disant qu’elle pourrait essayer de dégager une main pour ma caresser. Je chuchotai toujours à son oreille :

-J’avoue que c’est tentant… Tu essayes de me tenter, bébé ?

Oui, elle me tentait réellement. Mais je ne la lâchai par pour autant attendant son aveu de défaite.

Elle proposa alors de hurler pour qu’on l’entende. Je jetai un regard autour de nous avant de parler, encore une fois, à l’oreille de Sky.

-Pour que qui vienne te sauver ? Les gamins qui s’entrainent avec leur papa chéri ? Dans la rue, ça sera pareil. Il n’y aura pas toujours quelqu’un pour venir te sauver.

Et elle tenta de frapper mon mollet. Mais elle n’avait pas assez d’élan pour me faire essayer mal. Tout ce qu’elle réussit à faire c’est que je resserre mon étreinte.

-Pas mal essayé…

Mais pas suffisant.

Et elle le fit enfin, l’aveu de défaite. Je la lâchai alors la laissant, à nouveau, me faire face.

-Oui, j’ai gagné. Si jamais tu mets ton agresseur à terre met le K.O. ou fuit. Tu pourras savourer ta victoire quand tu seras hors de danger. Sinon, tu vas titiller son orgueil et il risque de te tuer.

Je m’approchai d’elle mettant mes mains sur ses hanches.

-Et je ne veux pas qu’on te tue, Sky.

Ma main remonta sous son t-shirt avant que je n’embrasse langoureusement Sky. Un baiser qui dura longtemps devenant plus torride.

-Ward… Y’a des gamins ici.

C’était la voix de Vern juste derrière moi. Je brisai le baiser soupirant d’un soupire agacé. Je me retournai vers Vern.

-Tu n’es pas aussi à cheval sur ce genre de principes le samedi soir, Vern…

Il soutenait mon regard.

-Il n’y a pas de gamins le samedi soir.

Je ricanai. Ouais…C’est surtout qu’il ne faudrait pas choquer tous ces parents qui viennent avec leur gamins et qui payent l’affiliation à la salle de sport, hein, Vern ? Parce que Vern aimait le fric, il suffisait de voir la tronche de sa bagnole.

Je lâchai Sky levant les mains en l’air avec un petit sourire en coin avant que Vern n’hoche la tête de ne passe son chemin.

Je me tournai vers ma petite-amie.

-Je crois qu’on s’est assez entrainé pour aujourd’hui.

Je me rapprochai d’elle chuchotant à son oreille.

-On devrait aller prendre une douche à la maison.

Ouais, loin de Vern et de ses foutus principes.

@ Billy Lighter

Je n’avais pas vu l’ex de Ward. Je ne savais pas de quoi elle avait l’air, ni comment elle s’appelait et je n’avais aucune idée de comment ils vivaient leur relation. Tout ce que je savais, c’est qu’elle lui avait brisé le cœur en le quittant et qu’aujourd’hui, il se consolait dans mes bras en jurant qu’aucune fille ne m’arrivait à la cheville.

Bien sûr, ce compliment me fit sourire mais ce n’était qu’une goutte d’eau dans l’océan de mes doutes. Il faudrait beaucoup plus que ça pour me convaincre que je pouvais être la bonne pour lui, la femme de sa vie. Pourquoi ? Parce que d’autres avant lui ont anéantis tout opinion favorable que je pouvais avoir de moi.  Il faut des années pour bâtir sa confiance en soit et une seconde à un individu pour nous la ruiner.  Et moi et bien, ils se sont mis à plusieurs pour me la piétiner donc  je ne sais pas s’il m’est encore possible d’avoir confiance en moi un jour.

Avec Ward, cependant, je me sentais différente, un peu comme s’il m’insufflait une force que je ne soupçonnais pas posséder. Il me donnait des ailes, carrément ! Et j’adorais ce sentiment qui me faisait vibrer de la tête aux pieds moindrement qu’il me touchait.

C’est probablement ce qui me poussa à tenter de le surprendre en le propulsant au sol, sans même avoir l’idée que cela puisse fonctionner. Je suis un tout petit bouchon de femme, en comparaison avec mon petit copain hyper bien entraîné, au corps plus que parfait. Je suis aussi surprise que lui et je m’en réjouie, ce qui entraîna ma distraction et lui permit de se relever rapidement pour me tenir tout contre lui, non pas dans un corps à corps amoureux mais pour me faire comprendre qu’il me tenait prisonnière et que cette erreur aurait pu m’être fatale, si je m’étais battue avec un véritable agresseur.

Je m’en voulais d’avoir négligé cette possibilité et je tentais de le séduire en proposant de libérer l’une de mes mains pour que je puisse le caresser.  Je savais que l’idée lui plairait mais bien qu’il soit tenté, il ne céda pas. Crier pourrait fonctionner mais dans une ruelle, de nuit, dans l’Eastside, je doute que quelqu’un ne se risque pour moi.

Il me restait l’option de lui frapper le tibia d’un coup de pied mais je ne disposais pas d’un espace suffisamment grand pour que je puisse bien dégager ma jambe et le frapper assez fort pour qu’il me lâche.  Je n’eu donc d’autre choix que de lui offrir la victoire sur un plateau d’argent mais je ne fus pas en reste alors qu’il me fit me retourner pour m’enlacer et m’embrasser et, tout en me parlant doucement, il glissa sa main sous mon haut et me caressa juste assez pour me donner envie de beaucoup plus.  Je le regardais avec tout mon amour, comme si nous étions seuls au monde et je jouais avec le cordon de son short de sport. J’avais envie de lui là, tout de suite, ça ne pouvait plus attendre.

- Non ! , soufflais-je alors que nous venions de nous faire interrompre.

Je m’en mordis la lèvre inférieure de dépit, puis je passais une main dans mes cheveux avant d’être soudainement prise par l’angoisse du samedi soir. Quoi le samedi soir ?  Il se passe quoi le samedi soir, ici ? Ward s’envoie des filles ? C’est une salle de sport le jour et un bordel le soir ?

Cette pensée me faisait vraiment mal. D’imaginer des filles tourner autour de Ward, qu’il puisse les reluquer me faisait mal.  Il allait faire comme les autres… un jour pas si lointain. Il allait voir à quel point je ne rivalise pas avec les blondes à longues jambes et  d’opulentes poitrines, comme son ex. Je suis certaine que son ex était belle à coupe le souffle.

- Oui… rentrons. J’ai envie de prendre une douche avec toi.

Et lui montrer à quel point je l’aime et que je suis prête à absolument tout pour le garder à jamais dans mes bras.

@ Billy Lighter