Aujourd'hui, c'était le grand jour ! Je m'étais rendue à l'agence IMG Model pour concrétiser d'autant plus ma venue à LA.

Un sentiment étrange s'était entiché de moi. J'étais pressée et tourmentée à la fois. J'espérais au plus profond de moi ne pas être venue pour rien. Cet appel avait beaucoup de sens une fois le téléphone reposé mais en avait-il, maintenant que tout se concrétisait ? Il le fallait. Aucun doute là dessus. Une partie de moi se rassurait. Car l'espoir d'être venue pour convertir ma carrière française en carrière américaine me tenait réellement à cœur. C'était un grand pas pour ma notoriété qui ne cesserait de croître.

Il n'a fallu qu'une heure, une fois là dedans pour éclaircir mon avenir. Juste une heure ! Le temps est parfois étrange parce qu'on en connait pas ses limites.

J'avais souris pendant une heure, une masse tortillant mon ventre quant à l'attente de ce que j'allais devenir. Mais je n'avais pas imaginé ça. Du moins j'en avais eu envie mais je ne pensais pas que ça pourrait se matérialiser véritablement.

J'allais être en couverture de magazine de VOGUE.

Si j'avais eu la chance d'être dans des magazines Français très connus, même ici. Il n'empêche qu'ils n'étaient pas aussi importants que VOGUE à l'échelle mondiale.
C'est pourquoi, quand je suis sortie de l'agence je n'ai pas pu m'empêcher de laisser échapper un grand sourire, immobile devant l'entrée.

Tandis que je descendais les marches, consciente plus de la nouvelle que je venais d'avoir que ce qui m'entourait réellement, je manqua de tomber quand aussi soudainement que ce que je venais d'apprendre, une boule de poils me tomba dessus.

-Putain... marmonnais-je en Français.

Si j'avais bien appris une chose grâce à mon métier, c'est que les animaux ne m'aimaient pas et moi non plus, d'ailleurs ! Si ce n'est des éternuements et les yeux rouges, ils ne m'apportaient pas grand chose ! Pourtant ce n'était pas faute d'avoir expérimenter lors d'un shooting photo, malheureusement j'ai bien cru que j'y laisserai ma carrière.

Il venait d'où ce clébard ? Au moins ce n'était pas un caniche de grand-mère que je voyais partout lorsque j'étais encore à Paris. Il n'empêche qu'il faisait quoi, là ? D'où il se permettait de gâcher ma journée après une si bonne nouvelle ? Il voulait que je le tue ou quoi ?! La colère commençait sérieusement à m'envahir.

@ Billy Lighter

ft. Aimée Salles

Billy Lighter

Une journée d'hiver ensoleillée, une joyeuse nouvelle et...un putain de chien. Si on m'avait répété plusieurs fois que la perfection n'existait pas, j'en avais bien la preuve aujourd'hui ! Quoi qu'il en soit, j'essayais malgré mon énervement de garder mon calme. Parce que de passer d'une émotion extrême à un autre c'était franchement déstabilisant, surtout si brutalement !

J'essayais de me frotter toutes les parties de mon corps qui étaient touchées, mais je sentais mes yeux s'humidifier et devenir rouges. Je ne devrais pas crier au scandale, là peut-être ?! Si j'avais bien un défaut, c'était de ne pas savoir garder mon calme, j'étais même trop impulsive parfois.

N'importe qui aurait trouvé cet espèce de masse de poils mignonne, avec sa bouille de jeune chiot. Mais c'était très compliqué pour moi. Un chien ça sent mauvais, ça doit se faire sortir et en plus de ça ils sont pas tous très intelligents...En bref, ça sert pas à grand chose si ce n'est bouffer, pisser et d'autres termes en ER.

Quoi qu'il en soit, je compris très vite qui était sa maîtresse, qui avait l'air d'avoir beaucoup de mal à le canaliser. Lorsque ses paroles glissèrent dans mes oreilles j'avais presque envie de lui balancer "Non mais t'as vu un peu mes yeux ?! C'est quoi ta question débile, là ?!" Mais au lieu de ça, j'avais décidé de jouer l'étiquette de l’hypocrisie, un sourire aux lèvres.

-Bonjour, ne vous en faites pas, ça arrive. C'est pas évident de les canaliser ces bestioles là...

Surtout que là...Mais bon elle avait l'air de bien se venger car voilà qu'elle criait dessus...en français ! Bah tiens, quelle coïncidence ! Bon après en français, en français... ça restait à voir ! Elle possédait un sacré accent québécois quand même ! Bien que j'avais envie d'étriper son chien, je trouvais que son accent lui ajoutait un charme très humoristique et j'étais presque prête à mourir de rire.

Mon regard ne pu s'empêcher de s'arrêter sur le chien, un regard très noir. Si elle pensait vraiment ce qu'elle venait de dire, ce serait une sacré bonne vengeance !

-Peut-être que ça la calmerai... s'échappa de ma bouche, en français.

Au moins elle était désolée, je ne pouvais pas lui en vouloir pour ça. J'en voulais surtout à ce truc poilu. Je me mis à me frotter les yeux mais j'avais quand même repris mon sourire.

-Pas de souci, je suis Aimée Salles, enchantée !

@ Billy Lighter

ft. Aimée Salles

Billy Lighter

Faut croire que je n'étais pas la seule surprise du comportement de la touffe. Bien au contraire. Ça me toucherai presque, l'espèce de tristesse que sa maîtresse a pour elle. Mais bon trêve de sensibilité, j'étais toujours un peu agacée même si je le cachait par mon amie l'hypocrisie.

Lorsque j'avais prononcé mes mots en français, qui m'avaient échappés, elle n'avait pas relevé. Tant mieux d'ailleurs parce que c'était sorti tout seul tant j'en voulais à cette créature maladroite par son jeune âge. Mais c'était amusant de voir qu'il y avait pas mal de personnalités différente à Los Angeles. Parce que concrètement je ne me serais pas doutée que je croiserai une québécoise à Hollywood ! Au moins, le dialogue serait établi plus facilement que lorsque je devais réfléchir à mon anglais. Toutefois ce petit accent chantant a toujours été quelque chose que je trouvais drôle. Non pas que je me moquais mais c'était comme entendre sa langue parfaitement dîtes avec un petit défaut amusant.

Elle avait continué en français, tant mieux. Je sortais d'une heure de blabla en anglais interminable. Et bien que ça valait le coup pour ce que ça allait m'apporter pour mon avenir ici, c'était franchement fatiguant.

J'avoue que mon fort intérieur s'était munit d'un sourire atrocement diabolique en voyant la tête du mini cabot se baisser. Je me serais presque laissée aller en lui criant "Vengeance !", mais j'avais plus trois ans. Et finalement, elle avait bien entendu ce que j'avais dit mais le fait qu'elle me donne raison, confirma un quelconque intérêt que je pourrais peut-être avoir pour elle.

Au lieu de crier vengeance, voilà que je me mis a éternuer comme une sauvage. Je me suis retenue de froncer les sourcils avant de me munir d'un mouchoir, tout droit sorti de mon sac.

Sa question était légitime, c'est vrai que j'avais l'air un peu idiote, plantée là.

-Je suis venue ici pour voir évoluer ma carrière de mannequin. Je sors tout juste de l'agence et il s'avère que vous me verrez en première page du prochain numéro de VOGUE.

Je gardais un sourire humble. Fallait pas non plus abuser en montrant à une parfaite inconnue que tu étais clairement géniale. Même si c'était le cas. Mais cesse de penser à toi !

-Et vous ? Que faites-vous ici ?

J'étais un sujet très intéressant mais désormais il fallait quand même retourner la question.

@ Billy Lighter

ft. Aimée Salles

Billy Lighter

Si j'étais restée sur place, c'est parce que je me satisfaisais du traitement du chien, après coup. C'était comme un enfant voyant son frère ou sa sœur se faire disputer après une bêtise. Je m'en délectais.

De toute façon, j'étais un peu perdue depuis que j'étais arrivée ici, je n'avais aucun repère et je n'en cherchais pas spécifiquement. Alors, il est clair que j'étais toujours ailleurs sans réellement faire quoi que ce soit qui puisse paraître assez normal.

Désormais, une autre forme de satisfaction s'était crée, la réaction de la Québécoise, en ayant connaissance de mon emploi me comblait. C'est pourquoi, soudainement, je me suis mise à enfin marcher dans l'espoir qu'elle me suive. Autrement, je serais là à marcher en parlant toute seule. Mais ça avait un sacré charme et c'était un bon moyen de culpabiliser un peu plus la jeune femme.

Je l'écoutais tout de même m'exprimer ce qu'elle faisait, je ne voyais pas en quoi ce n'était pas glamour. Y'avait tellement de gamins qui fantasmaient sur leur profs...Si ça se trouve, elle en faisait partie !

-C'est chouette ! Je ne savais même pas qu'ici on souhaitait parler Français.

En même temps, je ne m'étais pas franchement renseignée non plus puisque je m'en fichais.  

Je me suis arrêtée subitement à sa question. Je n'avais même pas en tête de la remercier pour l'achat du magazine car elle ferait partie d'une personne sur tout un tas d'autre, justement. Cette question était tellement courante dès lors que je rencontrai quelqu'un que je finissais par me demander si c'était pas fait exprès. Il ne fallait pas que je m'énerve, c'était normal de la poser. Il n'empêche que je donnais toujours la même réponse. Bon avec différents registres de langue selon mon interlocuteur mais tout de même !

-Tous les univers sont compliqués, il suffit de comprendre ce qui est compliqué pour passer outre. Qu'avez-vous comme stéréotypes sur les mannequins ?

Là, ça devenait intéressant. Car je savais que je serais fortement d'accord avec elle sur pas mal de points.

@ Billy Lighter

ft. Aimée Salles

Billy Lighter

J'étais satisfaite de voir la peluche à allergie loin de moi. D'autant que mon allergie semblait s'apaiser mais il est clair qu'il fallait vite que je rentre pour pouvoir me laver de tout cet amas de poils dégoûtants.

J'aimais bien ce petit bout de femme. Julie était assez amusante à entendre que ce soit pour son accent ou pour les mots qu'elle choisissait. Au moins j'en avais appris, je ne pensais pas que le français faisait parti des langues utilisées par les petits bourgeois. Après c'était pas si, si étonnant que ça étant donné la difficulté qu'on a ne serait-ce que pour nous, à la parler. Je me demandais si ses élèves possédaient le même petit accent Québécois. Si j'avais été une souris, je me serai faufilée sans hésiter dans la salle de classe pour pouvoir entendre du français, québécois, anglais. Heureusement pour moi j'avais autre chose à faire, même si ma curiosité, elle s'en fichait pas mal.

Visiblement, je n'étais d'ailleurs pas la seule à être curieuse. On a tous des archétypes de métiers en tête. Pour la rivalité, je me suis rassurée depuis des années en pensant que c'était présent dans tous les métiers mais comme je n'avais pas encore croisé de rivales, c'était plus vraiment le cas, si ?

-Pour la rivalité ça dépend, mais ça peut être un jeu amusant, du piment dans notre assiette. Car bien entendu, on mange à notre faim. C'est juste qu'on mange pas des fast-foods tous les jours !

D'ailleurs, je sentais mon ventre gargouiller. J'avais tellement stressé pour mon rendez-vous que mon stress avait mangé mon appétit. Celui-ci étant revenu, il fallait que j'en profite ! D'autant qu'il était plus qu'urgent que je me débarrasse des ses bouts de chiens partout sur moi.

Pour ne pas paraître impolie et parce que j'avais apprécié discuter en français, j'ai sorti un morceau de serviette en papier, que j'avais pris la veille au bistrot du centre commercial de Downtown. J'ai sorti également un stylo avec lequel j'ai écrit le numéro de téléphone de l’hôtel.


-Tenez, j'ai passé un bon moment. N'hésitez pas à m'appeler, c'est mon numéro de l’hôtel. Ce serait sans doute un plaisir de vous revoir pour parler français !

Peut-être que le "sans doute" était de trop mais n'ayant pas beaucoup de contact féminin, c'était pas vraiment ce qui me rendait la plus à l'aise. Si on était amenées à se voir, j'espérais que ce soit sans ce satané chien ! J'ai souris et je suis partie en direction de l’hôtel, ravie de pouvoir enfin prendre une douche et surtout manger !

@ Billy Lighter

ft. Aimée Salles

Billy Lighter