Nous allions tourner aujourd’hui, l’épisode trois de notre sitcom.  C’était un tournage plutôt particulier puisque pour la première fois, nous accueillions un invité surprise. Noud l’avions promis lorsque nous avions  parlé du concept original de notre  sitcom pour la toute première fois dans les différents médias et nous savions, Robin et moi, que les téléspectateurs attendaient avec impatience la première apparition d’une de leur vedette favorite.  Pour faire durer encore plus le plaisir, nous ne dévoilerions jamais à l’avance le nom de l’heureux ou de l’heureuse élu !

Aujourd’hui, c’était le cœur fébrile que, installée sur ma chaise de maquillage et me répétant mon texte, j’attendais qu’on m’avise de l’arrivée de la personne en question. Nous n’avions pas eu besoin de nous casser la tête très longtemps  pour lui trouver un rôle. Tous les artistes qui allaient passer sur notre plateau avaient le choix d’interpréter leur propre rôle ou d’en avoir un composé de toute pièce. Dans le cas de Daniele Ricci, il avait dit oui d’emblée, ça avait été une belle victoire, si je peux m’exprimer ici. Qui plus est, il avait sauté à pieds joints sur le concept, apportant ses propres suggestions pour rendre le personnage encore plus… enfin vous verrez par vous-même !

Mon maquillage et ma coiffure furent complétés et je rejoignis Robin, aidé par Martha, la maquilleuse en chef. Je lui faisais confiance aveuglément ! Il le fallait bien ! Et elle m’avait promis que jamais elle ne me raserait les deux sourcils en même temps ! C’était rassurant, non ?

- Tu la sens, toit aussi ? La fébrilité sur le plateau ?

Je glissais ma main dans celle de Robin, toujours à l’affût d’un contact pour me guider et parce que j’aimais bien tenir la main de Robin, il me faisait beaucoup de bien par les bonnes ondes qui émanaient de lui.

- Tu te rends compte que c’est tout de même Daniele Ricci qui a accepté de venir pour la première fois, comme premier invité ?  Si ça n’encourage pas les autres, je ne vois pas ce que ça va leur prendre d’autre !

Nous avions déjà plusieurs oui sur notre liste et les premiers résultats d’audience étaient au-delà des espérances.  C’était une victoire, une de plus. L’émission était bonne, elle fonctionnait bien et notre trio à l’écran était crédible, d’ailleurs parlant de notre trilogie…

- Tu as su si Ian venait ou pas ? J’ai cru comprendre qu’il n’avait pas apprécié ne pas prendre part au troisième épisode. Pourtant, il savait que cela pouvait arriver. À lui, moi, ou toi, selon l’intrigue… J’ai entendu un éclairagiste dire…

Je me penchais un peu vers Robin, toujours en lui tenant la main, et sur un ton moqueur je lui chuchotais :

- Il a dit que tout le monde était sauvé pour une semaine encore !

Il fau dire que Ian a son caractère bien particulier et qu’il ne prend pas de gant blanc pour dire ce qu’il pense, même si ce qu’il pense n’intéresse personne.

- Oh !  Il est là !

Je l’avais ressentit, par le bourdonnement sur le plateau qui avait changé, par l’ambiance qui avait semblée fluctuer en effervescence, puis par l’accent si particulier et agréable de Daniele Ricci.

- Notre vedette du jour est là !

@ Billy Lighter

Aujourd’hui, on allait démarrer le tournage du troisième épisode de notre sitcom. Les deux premiers épisodes avaient reçus de très bonnes critiques et on avait, déjà, pas mal de fans. Quant aux audiences, elles étaient très bonnes et n’augurait que du bon pour la suite.

Si les deux premiers épisodes avaient surtout été là pour mettre en place l’histoire principale de la sitcom. Le troisième allait mettre en place le concept même de tout ça, c’est-à-dire notre concept « d’invité surprise ». En effet, avec Sloan, on avait l’idée d’inviter le plus souvent possible des people qui marquent ou ont marqué l’histoire culturelle de Los Angeles. Il y en avait pas mal. Le choix était vaste et on avait fait fonctionné chacun notre petit réseau pour avoir les plus de guests possibles.

Et, pour cet épisode 3, c’était Daniele Ricci qui allait être l’invité surprise. J’avais eu très facile de le convaincre. Apparemment, jouer les producteurs sur le dernier film d’Hank lui avait donné envie de voir d’autre aspect du cinéma dont celui d’acteur. Et on avait conçu, tous ensemble, un rôle à son image. Celui d’un banquier qui devrait revenir dans plusieurs épisodes de la série.

J’avais hâte de voir comment le manager italien allait gérer son rôle et tous les aspects du jeu d’acteur. Parce qu’on savait, avec Sloan, que d’inviter des people sans expérience de l’acting était un peu un quitte ou double… Avec, tout de même, une sorte de sécurité parce que les gens seront quand même content de voir des gens qu’ils admirent sortir des sentiers battus.

Donc, on attendait Ricci. Moi, j’étais déjà fin prêt. Et ce fut au tour de Sloan d’être prêt étant donné qu’elle me rejoignit après être passée par la case maquillage.

Je lui souris. Même si elle ne pouvait pas le voir, je savais qu’elle ressentait mon sourire. Elle glissa sa main dans la mienne disant que les gens sur le plateau étaient fébriles.

-Oui, je le sens. Il faut dire qu’on n’invite pas n’importe qui.

Des gens célèbres, il y en avait beaucoup à L.A.. Mais certains faisaient plus de bruit que d’autres. Et Daniele Ricci faisait partie de ceux qui faisaient le plus de bruit.

Je sentais que Sloan était emballée à l’idée même que Ricci puisse être le premier invité de notre sitcom. Elle était certaine que ça allait inciter d’autres à acceptés nos propositions.

-C’est sûr ! J’espère que ça va en convaincre d’autres. Même si beaucoup ont déjà acceptés jusqu’ici. Mais Ricci pourrait peut-être nous ouvrir des portes.

Sur Samantha Mancini, par exemple, même si elle était, pour l’instant, moins connue que Ricci lui-même. J’espérais même pouvoir convaincre Ricci de laisser faire une apparition, au moins, à son fils Tony. Mais Ricci, c’est aussi une porte d’entrée vers Roadtramp !

Je regardai vers l’entrée du studio. Pour l’instant, Ricci n’était pas encore là… Les stars se font attendre comme on dit… Quant à Ian, il ne viendra pas du tout. Son personnage n’apparaissait pas dans l’épisode 3… Le petit avait fait une scène, au téléphone, quand je lui avais envoyé le scénario de l’épisode 3. Du coup, ça expliquait qu’il ne soit pas là.

C’est de ça que Sloan me parlai alors qu’elle se pencha vers moi pour me rapporter les mots d’un des éclairagistes. Je rigolai un peu.

-Tu m’étonnes ! Ian n’est pas facile à vivre pour les gens qui travaillent autour de lui. Mais, aujourd’hui, tout le monde peut souffler parce qu’il ne viendra pas… Vu comment il était fâché au téléphone, je ne crois pas qu’on le verra aujourd’hui.

Je laissais à sa mère le soin de lui changer les idées. Victoria était forte pour ça.

Soudain, je vis tout le monde bouger un peu plus vite… Et parler entre eux. Je me retournai vers l’entée où venait de faire son apparition Daniele Ricci. Sloan l’avait compris elle aussi alors que l’Italien venait de montrer qu’il était bien là. Notre vedette du jour comme l’appelait si bien Sloan.

-Oh que oui, il est là.

Je souris et, tenant toujours la main de Sloan, on se dirigea vers Ricci.

-Salut Daniele. Content de te voir presque à l’heure. Tu as bien reçu le script ?

Je lui avais envoyé le script qu’on écrivait à l’avance avec Sloan sur base des idées de chacun.

@ Billy Lighter

C’est à bord de ma rutilante voiture de sport que j’étais arrivé aux studios de cinéma où on tournait – en ce moment – la nouvelle sitcom du duo North-Perry. Je ne parlais pas là de Hank North et Jack Perry mais de Robin North et de Sloan Perry.

Ils m’avaient demandé si je voulais faire un rôle de guest sur leur série qui fait la joie de tout le monde chaque samedi soir. Je devais avouer que jouer un rôle dans une production de cinéma m’avait toujours extrêmement tenté – ça renforçait mon image du type qui savait tout faire ! Alors, j’avais accepté confectionnant un rôle à mon image – celui du banquier excentrique Francesco Rossi. Un Italien, bien sûr ! Ça me permettra de ressortir l’accent qui faisait tant les joies de Jim lorsqu’on était plus jeune et que j’avais encore du mal avec l’accent américain.

J’étais impatient ! J’avais parlé de ça à Sammy toute la soirée d’hier – la pauvre n’en pouvait certainement plus. J’avais lu le script que m’avait envoyé North des centaines de fois en y changeant quelques phrases pour rendre tout ça plus Ricci. Parce que le monde avait besoin – tout comme cette sitcom – de plus de Ricci.

J’étais entré dans le bâtiment attirant – déjà ! – tous les regards sur moi. J’aimais cette sensation de puissance ! J’aimais avoir les regards tournés vers moi.

J’étais entré dans la salle principale où bon nombre de personnes s’activaient. Seulement, j’avais l’impression qu’ils s’étaient tous arrêté au moment même où j’avais fait ma magnifique entrée. J’avais écarté les bras.

-Je suis là ! Vous m’attendiez n’est-ce pas, dis-je assez fort pour que la plupart des gens présents m’entendent.

J’avais repéré le petit North qui était en compagnie de la charmante Sloan Perry. Je connaissais sa triste histoire et les conséquences de celle-ci. Raison de plus d’être heureux de la voir reprendre sa carrière – parce que c’était une bonne actrice.

-Bonjour Robin !, dis-je en souriant. Et bonjour Mademoiselle Perry !

Je n’allais pas l’appeler éternellement Mademoiselle Perry mais autant y mettre les formes pour commencer. J’aimais avoir l’air d’un gentleman.

North était content de me voir presque à l’heure. Les stars se font attendre et particulièrement Daniele Ricci !

-Oui, j’ai bien reçu le script, dis-je en lui montrant le script que j’avais en main.

J’avais lu dedans qu’il n’y avait aucune apparition – dans cet épisode – de Ian Hunter ! C’était une aubaine ! Je n’avais aucune envie de voir ce sale gosse aujourd’hui. Fort était de constater qu’il n’était pas là –d’ailleurs !

-Mais j’y aie fait quelques modifications personnelles sur certaines de mes répliques, dis-je en souriant. Histoire que mon personnage ait encore plus la classe ! Vous verrez ! Ça donnera très bien !

J’avais regardé vers Sloan.

-On commence par le maquillage, n’est-ce pas ?, dis-je avec un petit sourire.

J’avais regardé autour de nous.

-Où sont les remontants ?, demandais-je en pensant qu’un petit whisky me ferait du bien avant de commencer.

@ Billy Lighter

L’excitation me gagnait de plus en plus alors que nous nous rapprochions de l’heure prévue pour débuter le tournage d’aujourd’hui.  J’étais debout avant même que le soleil ne pointe le bout de son nez, même si pour moi, ça ne fait plus une très grande différence que le soleil brille ou non, et j’avais été incapable de me rendormir. De toute façon, les journées de tournages débutaient toujours très tôt puisqu’il fallait toute une journée pour boucler un épisode, et même souvent, deux. Alors il n’y avait pas de temps à perdre.

J’étais déjà passé par la case maquillage et coiffure et j’avais rejoins Robin qui était là avec moi depuis mon arrivée.  Je crois qu’il était autant excité que moi parce que nous accueillions Daniele Ricci sur notre plateau et, déjà par la réputation du personnage, c’était tout un évènement, mais aujourd’hui marquait aussi  le concept même de notre sitcom, l’idée des invités surprises ! J’étais impatiente d’entendre les commentaires au lendemain de la diffusion de l’épisode !

- Je suis certaine qu’il est de ceux qui va marquer le concept. C’est Daniele Ricci !

Une fois.

Une seule fois depuis le début de ma carrière, j’avais eu la chance d’être en compagnie du plus célèbre des italiens, c’était lors d’un gala de charité et je m’en souviendrai toute ma vie. J’avais été impressionnée par la prestance, par le verbe riche, par la personnalité toute entière du manager et pas que… Il y avait sa facilité d’approche, la façon qu’il avait eu de me mettre à l’aise.  Je le retrouvai aujourd’hui et j’allais avoir la chance de partager le plateau de tournage avec lui et Robin, j’étais comblée !

Évidement, nous avions espoir que la présence de Ricci sur notre plateau donne le goût à tout le gratin de Los Angeles, voir en Amérique du Nord, de nous contacter pour nous demander si, à tout hasard, nous n’aurions pas une petite place pour eux et nous allions évidement accepter toutes les demandes le but étant aussi de rejoindre un large public ! Tout le monde à bien évidement son petit coup de cœur personnel.

- En tous les cas, nous commençons en force avec lui !

Je ne voyais pas comment le dire autrement.

Ian n’était pas du projet, aujourd’hui et ça avait semble t-il, embêté le jeune acteur. Il devait le comprendre, il semblait l’avoir déjà intégré lors du tout début, quand nous en étions encore à discuter, qu’il se pouvait que nous ne soyons pas de tous les épisodes, question de créer un bon roulement, d’éviter la redondance. Il avait été le premier à dire que c’était une évidence mais il semblerait qu’il s’excluait de ce fait.

- Il va s’en remettre…  Une petite pause va lui faire du bien, tout comme tout le monde sur le plateau !

Notre petit Ian et son caractère n’avaient plus besoin de présentation mais ce petit est à ce point douer qu’il est vital de passer par-dessus de petit inconfort.

- Il va grandir et, espérons le, gagner en tempérance.

Je serrais plus fort la main de Robin parce que l’ambiance changea soudainement, j’étais certaine que notre invité venait de faire son apparition et c’est ce que me confirma Robin tout en me conduisant vers Daniele Ricci qui nous salua amicalement et je lui aurais bien tendu la main pour pouvoir le saluer à ma façon mais la rumeur voulait qu’on ne tendait rien au manager, du coup, je me retenu un peu à regret.

- Bonjour Daniele ! Quel bonheur de vous savoir parmi nous !

Il avait bien reçu le script, il se l’était approprié en y apportant ses modifications et ça m’emballa parce que nous n’étions pas très à cheval sur les textes. Nous pouvions les réciter à notre façon, déroger des grandes lignes, tant que le contexte et l’histoire demeuraient intactes, il pouvait réciter son texte comme il le voulait, ça n’allait que rendre la scène plus vivante.

- J’ai hâte d’entendre cela ! Votre personnage n’en sera que plus réaliste.

Il était prêt à passer sous les pinceaux de notre maquilleuse mais il désirait un petit verre avant toute chose. Je savais que nous possédions une table avec de quoi grignoter et se rafraichir et nous avions certainement prévu le coup pour Daniele Ricci qui ne jurait que par le whisky, et ça, ce n’était pas une rumeur non fondée !  C’était aussi vrai que le ciel est bleu, c’est ce qu’on m’a dit, en tous les cas. Je laissais donc Robin indiquer à Ricci ce qu’il cherchait puis qu’il savait mieux que moi où trouver les choses ici.

- De toute façon vous aurez tout le temps de vous préparer puisque Robin et moi allons tourner nos scènes avant celles que nous avons avec vous. Cela vous permettra de faire plus ample connaissance avec notre petite équipe.

Quand Robin fut près, et qu’on nous en donna le signal, nous pûmes prendre place ensemble dans le salon d’Alice alors qu’elle (moi) partageait un café avec Casey, avant de se rendre ensemble au rendez-vous avec le banquier interprété par Ricci.

- Bientôt, je l’espère, je t’offrirai un café digne de ce nom ! Ce n’est pas évident de tout faire sur ce petit réchaud de camping, cela dit, je te suis reconnaissante de me l’avoir prêté !

La cuisine d’Alice avait été le théâtre d’un petit incendie, rien de trop grave, mais assez pour donner de quoi créer plusieurs situations dignes de sitcom. Le rapprochement entre Alice et Casey en découlait. Casey avait par la suite réuni son courage pour aborder Alice et lui offrir son aide dans les démarches découlant de l’incendie.

- Ce rendez-vous me rend nerveuse. J’avais l’habitude de faire affaire avec la petite banque, lorsque je vivais au Kansas. Ici, c’est différent, nous sommes des numéros. J’espère que ça ira !

Nous n’avions que quelques phrases à échanger dans cette scène dans le salon d’Alice ensuite, nous changerions de décor et serions transportés, comme pas magie, à la banque.

@ Billy Lighter

Oui, c’était certain que Daniele Ricci allait, certainement, marquer le concept. Ce n’était peut-être pas un acteur mais il avait pas mal de charisme qui marquera très certainement notre sitcom. On pouvait déjà voir, alors même qu’il n’était pas là, que ça allait certainement être grandiose. Il suffisait de voir comment tous les gens étaient autour de nous. Ils étaient à la fois excités et, en même temps, ils appréhendaient sûrement le moindre faux pas.

Je voyais que Sloan était tout aussi excitée autant par le concept que par le fait que ça soit Daniele Ricci, le premier de la liste. D’après elle, commencer avec Ricci était commencé en force. Je souris.

-Ça, c’est sûr !

Hank, mon oncle, n’aurait pas été du même avis. Il n’avait pas spécialement beaucoup de sympathie pour Ricci même si j’avais l’impression que ça allait mieux depuis que Ricci avait été producteur de son dernier film. Mais ça n’était qu’une impression, peut-être.

Pour ma part, je n’avais rien contre le manager italien. Ce qui allait être un avantage, je présume, pour travailler avec lui.

Quant à Ian, lui n’était pas présent aujourd’hui parce qu’il n’avait pas forcément apprécié ne pas faire partie de l’épisode du jour. Sloan déclara que ça allait lui faire du bien de se reposer.

-Oui, espérons-le. Mais c’est vrai que ça permettra aux gens, ici, de souffler un peu.

Sloan était certain qu’avec le temps, Ian allait gagner en sagesse. Peut-être oui… Bien que j’étais sûr que l’adolescence, pour lui et ceux qui l’entourent, n’allait sûrement pas être un long fleuve tranquille.

C’est là que, enfin, le grand Daniele Ricci fit son apparition. Je disais « enfin » parce qu’il était légèrement en retard, ce qui était à prévoir. Il nous salua à sa manière un peu théâtrale alors qu’on fit de même avant qu’il ne confirme avoir reçu le script. Un script auquel il avait apporté quelques modifications. Ça ne m’étonnait pas vraiment. Mais il faut dire qu’on s’était dit, avec Sloan, qu’on allait laisser un maximum de latitude aux acteurs et que, donc, ce genre de modifications ne posaient pas problème. Sloan le confirma disant que le personnage de Daniele n’en sera que plus réaliste.

-J’ai hâte de voir ce que ça donnera aussi !

Ricci semblait motivé ce qui était une très bonne chose. Il voulait déjà passer au maquillage avant de demander après des remontants. Je traduisais ça par « whisky ». C’était de notoriété publique que le manager raffolait un peu trop du whisky. On avait prévu le coup en prenant tout ce qu’il fallait pour satisfaire tout le monde. Je souris à Ricci.

-Le maquillage, c’est par là.

Je lui montrai l’endroit avant de me retourner vers un autre endroit.

-Et tu trouveras le whisky par là. On a tout prévu.

Et j’étais assez fier de ça comme en témoignait mon sourire alors que Sloan déclara que Ricci aura tout le temps de se mettre à l’aise étant donné que la première scène de la journée sera entre elle et moi. Je souris à Ricci.

-Oui, prends le temps de prendre tes marques. J’imagine que, pour toi, ça ne sera pas trop difficile.

Il n’avait pas de problème à se faire remarquer et à aller vers les autres. C’était dans sa nature.

Après ça, Sloan et moi, on se mit en place pour notre scène. C’était une scène qui avait lieu dans l’appartement d’Alice. Elle précédait la scène avec Ricci et son personnage que tout le monde allait pouvoir découvrir assez vite.

J’étais assis à table alors que Alice et Casey prenait un café ensemble. Je bus une gorgée de café qui était, pour la cause, du vrai café.

-Il est très bon ce café. Et, pour le réchaud, tu peux le garder autant de temps que tu en auras besoin.

Je souris. Enfin, plutôt, Casey sourit. Et la scène se poursuivit alors que Casey rassurait Alice sur le rendez-vous à la banque à cause de l’incendie qui avait eu lieu lors de l’épisode 1.

-Tout ira bien, Alice. Tu verras.

Je conclus tout ça par un petit clin d’œil alors qu’on quitta le décor de l’appartement d’Alice. Je revins vers Sloan lui prenant la main.

-C’était parfait ! Maintenant, les choses sérieuses vont commencer.

Je souris et me tournai vers Ricci.

-On va faire la scène à la banque. Tu es prêt ? Tu as bien tes répliques en tête ? Si ça ne marche pas du premier coup, ce n’est pas grave, on recommencera autant de fois qu’il le faut.

Recommencer faisait partie du métier.

@ Billy Lighter

Tout le monde, ici, semblait très heureux de me voir – et ça faisait plaisir ! La charmante Sloan la première ! La journée commençait absolument bien !

Je n’avais pas caché avoir fait quelques modifications dans le script pour rendre mon personnage plus « Daniele Ricci ». Ça n’avait pas contrarié les deux réalisateurs – surtout Sloan qui semblait impatiente de voir les modifications.

-Vous allez voir ! Ça va vous épater !, dis-je sûr de moi.

Seulement, je savais qu’avant toute chose, il fallait passer par le maquillage. C’était la même chose avant une interview télévisée – j’avais déjà fait quelques apparitions sur des plateaux de télévision pour des interviews diverses tout au long de ma carrière. Je savais donc comme les choses fonctionnaient. Seulement, je n’étais pas contre un petit remontant avant de passer aux choses sérieuses. Robin m’avait montré où se trouvait le maquillage et l’alcool. Ils avaient vraiment pensé à tout – j’aimais ça !

-Parfait !, dis-je plus que satisfait.

J’avais le temps de prendre mon temps. Sloan et Robin devaient d’abord jouer une scène avant que le grand Daniele Ricci ne montre de quoi il était capable.

-En effet, je ne pense pas que prendre mes marques soit trop dur pour moi, dis-je avec le sourire. Mais d’abord, le whisky !, rajoutais-je avant de les laisser tous les deux se mettre en place pendant que j’allais me prendre mon remontant.

Je m’étais servi un verre que j’avais pris avec moi pour passer au maquillage. J’avais entrevu – un peu – quelques répliques de Sloan et Robin qui maitrisaient parfaitement leur jeu. Ce n’était pas tellement surprenant venant de deux acteurs comme eux. Robin avait une carrière qui parlait pour lui malgré son jeune âge et Sloan – même si elle avait plus à prouver que son comparse – semblait parfaitement en confiance malgré le handicap qu’elle avait. Cette femme devait avoir un mental d’acier.

J’avais laissé la maquilleuse faire son travail – non sans taper la causette avec elle en bon Ricci que j’étais. Elle était sympathique et semblait véritablement sous mon charme. J’aimais que les femmes me regardent – même si j’étais sur le point de me marier. Ça flattait mon ego.

J’étais fin prêt à prendre part à la série. Sloan et Robin en avaient terminé avec leur scène et nous allions pouvoir prendre place dans le décor de la banque. Seulement – avant ça – Robin voulait s’assurer que j’avais tout bien en tête.

-Ne t’en fais pas petit North, dis-je en tapant amicalement sur son bras. Ce n’est pas la première fois que je joue un rôle. Je suis un homme d’affaire. Je joue un rôle très souvent.

Or, ici, j’allais devoir jouer l’Italien excentrique – c’était un rôle qui me connaissait.

-Puis, je sais comment les choses fonctionnent. J’ai produit un film, après tout, dis-je avec un grand sourire et en faisant référence au dernier film de son oncle.

J’avais ainsi pris place dans le décor devant le bureau et la scène avait pu commencer une fois Robin et Sloan prêts.

Alice et Casey étaient entrés dans le bureau. Francesco – le personnage que j’incarnais – était bien conscient de leur visite.

-Bonjour Mademoiselle Scott, dis-je avec un accent italien à couper au couteau. Prenez place vous et Monsieur…

J’avais attendu que Casey me donne son nom de famille comme écrit dans le script.

-Monsieur Johnson ! Installez-vous et expliquez-moi ce qui vous amène, dis-je avec un petit sourire.

Mon personnage n’était pas au fait du handicap d’Alice ce qui allait – durant la scène – amener quelques gags.

@ Billy Lighter

C’est toute excitée et avec un large sourire que je m’installais sur le plateau représentant le salon d’Alice Scott, mon personnage, et qu’avec Robin, entrepris le tournage de notre première scène de la journée.  L’effet Ricci y était pour beaucoup mais il fallait aussi avouer que c’était aussi le fait que notre idée un peu fofolle du tout début, quand nous parlions de développer notre série et d’en faire un concept encore jamais vu en y invitant des artistes de tous les paliers à ce joindre a nous de temps en temps, se concrétiser qui me rendais autant euphorique.

Robin et moi avions caressé se rêve, l’avions mis sur papier, puis avions lancé la ligne pour voir si nous aurions des réponses à notre appel et voilà que nous y étions. Daniele Ricci, le seul et l’unique allait être notre premier invité officiel à venir se tailler une petite place bien à lui dans notre folle aventure. Il y avait de quoi être fier et, j’espérais bien que Robin allait accepter de célébrer ça avec moi, une fois la journée terminée.

Notre scène était toute simple, une causerie entre Casey et Alice qui lui était reconnaissante pour toute l’aide qui lui avait apporté, le jour de l’incendie et encore ensuite, en lui prêtant un réchaud entre autre chose et en l’accompagnant à son rendez-vous chez le banquier. La scène c’était terminé sur le regard interloqué de Casey alors qu’Alice proposait de prendre sa voiture pour se rendre au rendez-vous.  Bien évidement, Alice ne possédait pas de voiture mais elle ne manquait pas une seule occasion de rigoler de son handicape, tout comme moi.

C’était donc le moment de faire entrer Ricci sur le second plateau, celui qui avait été préparé pour ressembler a un bureau de banquier. Je n’avais pas vraiment prit le temps de me situer sur ce plateau, puisque je serais assise pour le plus gros de la scène, Robin allait me diriger vers la chaise sur laquelle j’allais prendre place.

Robin, avant de commencer, avait tenu à rassurer notre invité pour le déroulement de la scène, il n’y avait pas de pression mais Daniele se disait prêt et que de toute façon, il en avait l’habitude puisqu’il avait déjà produit un film Il y avait un monde entre se tenir devant la caméra et derrière la caméra mais qui suis-je pour le lui faire remarquer, après tout ?

- Alors tout est parfait, nous pouvons donc commencer.

Comme chaque fois, je cherchais la main de Robin, comme si à force, c’était devenu mon petit rituel avant de débuter un tournage…  et puis il y avait quelque chose de réconfortant là dedans, ça me rassurais de toujours le savoir pas très loin de moi.

C’est donc sur l’image de Francesco le banquier accueillant Alice et Casey que la scène allait commencer.  Je me laissais guider par Robin, alias Casey et prit place dans le fauteuil devant le bureau sur lequel je pouvais imaginer qu’on avait déposés des accessoires pour bien créer le décor.  

J’adorais l’accent que prenait Daniele, il faut dire que ça devait lui être facile d’aller puiser dans ses racines pour rendre sa performance encore plus vibrante et je devais me parler, intérieurement pour ne pas éclater de rire, même si mon amusement devait transparaitre sur mon visage. Au pire, on nous demandera de recommencer la scène.

- Et bien, Monsieur Rossi,  ma cuisine a été endommagée par un léger incendie et les dommages ne pourront être couverts par mon assurance parce que… c’est moi qui aie mis le feu !  Oh mais c’était un accident, je vous l’assure ! Une étourderie toute bête avec de grosses conséquences, heureusement, le pire a pu être évité.

Je regardais droit devant moi pendant que je lui parlais mais, en réalité, j’aurais du avoir le regard beaucoup plus sur la droite. Casey devait s’en rendre compte et tourner le visage d’Alice dans la bonne direction.

@ Billy Lighter

Pendant que Ricci passait au maquillage et se sirotait son whisky, Sloan et moi on fit notre première scène de la journée ensemble. C’était une courte scène qui se finissait sur une touche d’humour. Le plus difficile quand je tournais des scènes comiques c’était de ne pas rire moi-même. J’étais extrêmement bon public et du genre à rire de tout et de n’importe quoi même si c’était une blague que je disais moi-même ou bien que j’avais déjà entendu des dizaines de fois.

Après la petite scène, Daniele nous rejoignit et on ne tarda pas à lui demander s’il était prêt. Je voulais le rassurer en disant qu’on pourrait recommencer plusieurs fois la scène si jamais il y avait besoin. Je continuais à vouloir que ce tournage soit sans pression. Mais il disait que ce n’était pas la première fois qu’il jouait un rôle parce qu’il était homme d’affaire. Je voyais bien ce qu’il voulait dire par là… Bref, Daniele Ricci pensait bien qu’être acteur, il n’y avait rien de plus facile.

-Si tu es sûr de toi alors je suis rassuré.

Ou pas… Les gens trop sûr d’eux, je m’en méfiais quand même. Surtout quand Daniele ajouta qu’il savait comment les choses fonctionnaient parce qu’il avait été producteur d’un film… Je le regardai avec un petit sourire en coin. Oui, il avait été producteur du dernier film d’Hank… Mais il n’était quasi jamais sur les lieux du tournage… Pour le plus grand bonheur de mon oncle, d’ailleurs.

-C’est vrai… Comment ai-je pu oublier ça ?

Mon ton était légèrement moqueur. Il n’y avait rien de méchant dans ma remarque mais elle était de bonne guerre.

Mais comme Ricci était prêt, je fis signe à tout le monde de se mettre en place. Sloan, elle aussi, était prête et je la sentis essayer de trouver ma main. Je pris sa main dans la mienne alors que Daniele s’était mis en place.

On entra dans le décor avec Sloan alors que j’avais gardé ma main dans la sienne pour aller dans le décor. Le personnage d’Alice étant aveugle, c’est des petits rapprochements qu’on pouvait faire entre les personnages sans pour autant dire que c’était parce qu’ils s’aimaient déjà.

C’est Daniele qui lança la scène en prenant un accent italien exagéré. Ok, je devais avouer qu’il semblait bien dans son rôle et il y était à l’aise.

Tant mieux ! Je n’en attendais pas moins de lui.

On s’installa face à lui alors qu’il demandait à Alice pourquoi est-ce qu’elle avait pris rendez-vous. Alice expliqua la situation mais ne regarda pas vers Francesco. Ce qui était totalement joué, bien sûr. Je me mordis la lèvre. Enfin, Casey se mordit la lèvre et tourna doucement la tête d’Alice vers le personnage que campait Ricci. Casey se racla alors la gorge et souris.

-Elle a raison. C’était un accident. Je suis le pompier qui est intervenu pour éteindre l’incendie. Je peux confirmer que c’était totalement non-intentionnel. Mais les dégâts sont nombreux et Alice aimerait savoir ce que la banque proposerais pour financer les réparations.

Dans les sitcoms comme dans la réalité, les banques n’étaient jamais très prêteuse… Mais ce qui sera drôle, dans la scène, ces toutes les interactions entre Alice et Francesco parce que ce dernier n’est pas au courant qu’Alice est aveugle.

@ Billy Lighter

Le petit North s’était efforcé de me rassurer – alors que c’était tout bonnement inutile. Je n’étais pas stressé à l’idée de faire mes premiers pas en tant qu’acteur. J’avais pleinement confiance en mes capacités à faire un rôle qui m’allait à ravir ! En plus, le monde du cinéma ne m’étais pas inconnu – j’avais été producteur d’un film ! A ce sujet, Robin s’était un peu moqué de moi.

-Ce n’est pas parce que je n’étais pas tellement présent que je n’étais pas là d’esprit, dis-je avec un sourire en coin.

Parce qu’il se moquait très certainement parce que j’étais en tournée pendant le tournage du film d’Hank et Christopher North. Seulement, ça ne voulait pas dire que je n’avais pas mes yeux et mes oreilles sur le plateau de tournage ! J’avais des moyens de savoir ce qu’il s’y passait.

Nous étions prêts à commencer et je m’étais installé dans le décor sans tarder. J’avais rapidement pris mes marques pour rentrer directement dans mon rôle – et je m’amusais déjà ! Quand Robin et Sloan étaient entrés à leur tour et que la scène avait débutée, j’avais pris mon meilleur accent italien et j’avais lâché mes répliques avec grand enthousiasme.

Le couple qui n’en était pas encore un – dans la série comme en vrai vu que les deux acteurs n’étaient pas ensemble non plus – s’était installés et la jolie Alice avait expliqué à mon personnage les dommages causés à sa cuisine. L’assurance n’avait pas voulu intervenir et la pauvre femme se demandait si la banque ne pouvait pas l’aider. Seulement, Alice n’avait pas regardé vers moi une seule fois – et c’était voulu. Elle était aveugle et j’avais mimé la perplexité – en exagérant beaucoup ! - pendant tout son discours avant de rester perplexe face au geste de Casey qui avait retourné la tête d’Alice vers Francesco. Ça devait provoquer le rire chez les téléspectateurs.

Casey avait repris pour celle qu’il voulait conquérir. J’avais écarté les bras exagérant tous mes gestes pour nourrir le bon vieux cliché de l’Italien extraverti.

-Mademoiselle Scott, vous avez mis le feu à votre propre cuisine ?, dis-je en affichant un sourire moqueur. C’est très fâcheux ! Mais vous avez beaucoup de chance d’avoir, dans vos plus qu’amis, un pompier qui puisse venir avec vous à la banque pour témoigner en votre faveur, dis-je en insinuant que les deux étaient en couple parce qu’ils étaient entrés main dans la main.

Pendant toute la scène, je faisais mine d’essayer de capter son regard – chose difficile étant donné qu’Alice était aveugle.

-La banque pourrait vous faire un prêt pour les réparations à un taux avantageux. Que faites-vous dans la vie, Mademoiselle Scott ?, demandais-je avec un sourire commercial sur le visage. Cuisinière ?

Ce n’était pas de le script que de demander si elle était cuisinière – j’avais rajouté ça moi-même. C’était juste pour faire un petit sarcasme sur la cuisine brûlée et le supposé emploi de la pauvre Alice.

@ Billy Lighter

Nous y étions !

Notre première scène officielle avec un artiste invité et, je ne pouvais pas nier être excité comme au matin de Noël ! J’avais hâte d’entendre  Daniele Ricci, comment allait-il se débrouiller, découvrir les modifications qu’il s’était permis d’apporter, en toute légitimité, je voulais que nos invités soient le plus à l’aise possible.

Robin, alias Casey m’avait guidé afin de prendre place dans le décor. C’était nécessaire pour moi en tant qu’actrice aveugle mais aussi cela ajoutait à la scène. Les téléspectateurs en général, rigolaient bien des exagérations, quand elles étaient bien dosées.

J’expliquais donc le fâcheux incident, ne regardant pas dans la bonne direction puis Casey me fit tourner la tête vers Francesco avant d’enchainer dans les explications.

- C’est exact, j’ai mis le feu à ma cuisine, oh mais je vous rassure, je n’ai brûlé absolument rien d’autre !

Fort heureusement pour mon personnage, Casey et ses collègues pompiers avaient pu maîtriser rapidement l’incendie qui  s’en était tenu au périmètre de la cuisine.

- J’ai eu beaucoup de chance, dans ma malchance, la preuve étant assise à mes côtés ! et je tapotais l’épaule de Casey avec un  petit peu trop d’insistance, Casey est un pompier et ami très dévoué !

Je savais que le personnage de Francesco tentait d’attirer le regard d’Alice qui ne regardait pas toujours au bon endroit, sauf quand Casey lui replaçait la tête et, chaque fois que Robin le faisait, je devais me parler intérieurement pour garder mon sérieux. Je savais, dans la réalité, vers où tourner ma tête pour regarder dans la bonne direction mais cela était dans le script car nous savions que porter à l’écran, cela amuserait le public.

- Oh ! J’en suis soulagé ! Quelle bonne nouvelle !

Alice allait avoir son prêt, c’était une bonne nouvelle pour elle, et une continuité dans le script, seulement, notre artiste invité, tel qu’annoncé avait modifié un peu le scénario et de fait, son personne interrogeait Alice sur comment elle gagnait sa vie.

- Non !  J’ai tendance à faire brûler mes steaks !  Je suis une artiste peintre.  Je me spécialise dans l’abstrait.

Bien évidement, Alice n’aurait pu faire de portraits mais nous avions trouvés ça amusant de lui donner un métier non conventionnel, et, plus encore, à cause de son handicap’.

- J’ai de très belles toiles, d’ailleurs, je serais heureuse de vous en offrir une qui irait très bien avec la décoration de votre bureau !

Un bureau dont Alice ne voyait pas la moindre parcelle de couleur !

@ Billy Lighter

On était tous les trois dans notre personnage. Casey était le soutien d’Alice dans cette scène et c’est pour ça qu’on était entré main dans la main étant donné la condition du personnage de Sloan. Bien sûr tout ça était fait exprès pour porter la confusion dans le chef du banquier Francesco Rossi.

Et je devais avouer que Ricci se débrouillait bien. Même très bien. Il faut dire que le rôle était taillé pour lui. Il n’avait pas peur de se tromper. Il lâchait ses répliques comme si c’était naturel. Il a peut-être raté une belle carrière d’acteur. En tout cas, pour l’instant, je n’étais vraiment pas déçu de notre idée d’inviter des gens qui n’étaient pas acteur pour faire un rôle dans la sitcom.

Le banquier s’exclama insinuant des choses sur la relation entre Alice et Casey qui n’était, bien sûr, pas encore aussi loin à l’épisode où nous étions. C’était un tas de choses destinées à amener des quiproquos pour que le public puisse en rire.

Francesco tentait d’attirer le regard d’Alice et, moi, je m’amusais, chaque fois, à remettre sa tête droite ne m’arrêtant que quand Alice mis les points sur les « i » en ce qui concernait la relation qui unissait nos personnages. Je pris un air gêné me grattant l’arrière de la tête après qu’Alice ait tapoté sur mon épaule avec insistance.

-Oui. C’est bien ça. Je suis un ami.

Francesco finit par proposer de faire un prêt ce qui fit s’exclamer positivement Alice. Casey, et donc moi, sourit devant cette bonne nouvelle.

Et c’est là que Ricci rajouta son petit grain de sel personnel. Dans ce genre de situation, il fallait savoir s’adapter et improviser ce qui faisait partie intégrante du métier d’acteur. Et ce fut donc sans aucun mal que Sloan s’adapta trouvant directement la bonne réplique. Moi-même je m’étais adapté en tournant ma tête vers Sloan pour prendre un air interrogateur. En effet, à ce stade, Casey n’a pas encore idée de ce que fait Alice dans la vie.

Et je lui offris un sourire quand elle déclara être artiste peintre. Cette idée venait de Sloan qui trouvait très drôle de donner un métier visuel à Alice.

J’essayai de ne pas rire aux répliques de Sloan. Parce qu’elles étaient vraiment très bonnes. Surtout celle sur la décoration du bureau qu’Alice, bien sûr, ne pourrait pas voir.

-En effet, Alice est très douée pour assemblée les couleurs entre-elles.

C’était une façon de rajouter une couche mais, aussi, de mettre un brin de complicité entre Alice et Casey. Je laissai, ensuite, l’occasion à Francesco de réagir.

@ Billy Lighter

Le sourire très moqueur sur mon visage était destiné à montrer que Francesco Rossi trouvait cet incendie bien cocasse – surtout exprimé de la manière dont Alice l’exprimait. Pour mon personnage, Alice était quelqu’un d’extrêmement maladroit ce qui prêtait à rire pour lui.

Francesco n’était pas – non plus – sur une insinuation ou l’autre. Pour lui, Alice et Casey était ensemble, rien de plus rien de moins. Je jouais à fond sur cette carte que je trouvais très drôle – et que tout le monde trouvera très drôle. Il faut dire que les gestes d’Alice envers son ami était à ce point exagéré – de par la fait qu’Alice ne voyait rien – que ça ne faisait que renforcer l’avis de mon personnage.

Les deux futurs tourtereaux étaient pourtant unis pour dire qu’ils n’étaient qu’amis.

-Des amis trèès proches, dis-je avec un sourire moqueur.

Je m’amusais de jouer ce genre de situation – autant que mon personnage s’amusait de la situation. Il n’était pourtant pas si horrible parce qu’il avait proposé à Alice de faire un prêt. Mon personnage était bien plus sympathique en affaire que moi.

Seulement, il était bien de savoir le métier d’Alice. J’avais rajouté une touche d’humour – que je trouvais bien placée. Je n’avais même pas réussi à déstabiliser Sloan le moins du monde. Elle avait de la niaque, la petite Perry ! Moi, j’étais beaucoup moins préparé à sa réponse. Elle était artiste peintre ? Je n’avais fait que lire le script de l’épisode pour lequel j’étais engagé – je ne savais pas ce que faisait Alice dans la vie.

Seulement, mon personnage ne devait pas rire ! Je devais rester dedans !

J’avais réussi à garder mon sérieux – normal, j’étais Daniele Ricci !

-Artiste peintre !, dis-je avec un grand sourire. Et bien, j’espère que vous regardez vos tableau en face, eux, rajoutais-je en faisant référence à son regard fuyant. Si vous en avez les revenus, je peux vous proposer un prêt. Il me faudra une fiche de salaire et, bien sûr, une petite signature sur ces papiers.

J’avais dit ça en sortant un énorme contrat plein de pages à parapher – c’était une exagération pour ridiculiser l’administration en général. Une très faible exagération selon moi. Les mots étaient écrits en tout petit pour forcer encore plus le trait.

-Voici un stylo, dis-je en avançant un stylo vers Sloan.

Je savais qu’Alice allait avoir du mal à signer – seulement, Francesco ignorait toujours sa condition.

@ Billy Lighter

J’étais plongée à fond dans mon interprétation d’Alice qui, nerveuse mais éternellement de bonne humeur et fort probablement un petit peu trop naïve, espérait obtenir un prêt à la banque pour rénover sa cuisine qu’elle avait malencontreusement et surtout très accidentellement incendiée.

Daniele avait de l’assurance, je la percevais dans sa voix malgré son fort accent italien, caricatural même, pour l’occasion. C’était merveilleux de l’entendre, je pouvais ressentir le plaisir qu’il avait et, pour le moment, nous n’étions pas loin d’atteindre un sans faute pour le tournage de cette scène !  Ce serait un fait incroyable et une anecdote qu’il sera bon de se remémorer dans plusieurs années, voir décennies !

Alice expliquais donc à Francesco qu’elle avait incendiée sa cuisine et que sans l’aide de son ami, Casey, elle serait bien en peine. J’aimais la façon dont Daniele s’amusait, par le biais de son personnage, à douter de l’amitié entre Casey et Alice, à supposer qu’il y ait plus que ça. Nous ne voulions pas que nos personnages concluent trop rapidement non plus, il fallait conserver le suspens pour le public !

Et quand le prêt fut accordé, Francesco posa une question qui n’était pas prévu au scénario et, pire encore, peut-être une erreur de débutant de jeunes scripteur, mais nous n’avions jamais parlé de comment Alice gagnait sa vie.  Mais loin de me laisser démonter, je répondis du tac-o-tac que j’étais une artiste peintre et j’offris mes services de décoratrices au banquier avant que Casey ne surenchérisse en ajoutant qu’Alice savait très bien assembler les couleurs entres elles.

C’était très drôle comme échange surtout avec Casey qui aidait toujours le plus discrètement possible, ou pas du tout, Alice à regarder dans la bonne direction.

- J’aime regarder les choses en profondeur. Je m’en imprègne pour bien en saisir l’essence, l’âme.  Et, oh ! Oui ! J’ai apporté tous les document pertinents laissez moi… juste… les sortir… de mon sac…

Alice, avec toute l’agilité de sa condition, cherchait a atteindre son sac posé sur le sol et a en extirper les documents demandés par Francesco. Évidement, de son sac, sortait les bouts de papier mouchoir, baume à lèvres, petite monnaie et une paire de lunettes que je gardais dans ma main,avant qu’elle parvienne à déposer sur le bureau l’enveloppe avec les papiers dedans.

- J’espère que c’est bien ça et pas mon  journal intime, ce serait gênant !

Puis Francesco tendis un style à Alice, qui, bien sûr ne le vit pas. Alors j’avançais ma main et fit exprès d’aller trop sur la gauche, puis trop sur la droite. Avant que, peut-être aidé par Casey qui aurait lui-même placé le style à porté de la main d’Alice, elle ne parvienne à l’attraper et  le prendre entre ses doigts, le touchant pour en déterminer ou en était la pointe.

Il fallait ensuite signer le document… Un beau défi.

- Pouvez-vous m’indiquer les endroits, je vous pris ? demandais-je en plaçant la paire de lunettes complètement inutile  et qui me donnait l’air de regarder au travers de fond de bouteille, sur mon nez.

- COUPEZ ! C’était parfait, on prend une pause et on continu ensuite !

J’éclatais de rire et me penchais vers l’avant pour ajouter un accessoire que j’avais gardé dans ma poche puis j’offris des grimaces de tous les genres à Daniele et Robin, parce que l’accessoiriste m’avait dit que j’étais complètement loufoque avec ça sur le visage et que ça ferait certainement rigoler tout le monde.

@ Billy Lighter

Daniele jouait à fond toutes les cartes qu’on lui avait dit sur lesquelles jouer quand on avait discuté du script ensemble avec lui. Et, je devais avouer que, même si son jeu n’était pas subtil comme le demandait, bien entendu, notre concept, il le tenait parfaitement bien.

Tout comme Sloan ne se laissait pas démonter par les improvisations de notre invité. On savait que ceux qu’on invitait été des gens qui étaient déjà connus pour une chose ou l’autre et que, de ce fait, ils auraient leur mot à dire sur leurs répliques. Daniele était le premier et il avait déjà fait quelques modifications à sa sauce qui, je devais l’avouer, était pas mal payante vu qu’elle permettait de mettre en avant, dans la scène, le métier d’Alice.

Je renchéris sur l’humour décalé de la scène avant que Ricci ne se recentre sur la fin de la scène, celle où il demande des papiers à Alice et que celle-ci doive sortir tous ce qu’il lui fallait de son sac. Un sac bien rempli alors que le contrat, lui, était exagérément fourni.

Casey, à ce moment, devait se tourner vers Alice et la regarder, avec tout le sérieux du monde, alors qu’elle attrapa difficilement son sac en sortant tout un tas de chose avant de mettre la main sur les papiers qu’il lui fallait. Et… Si je devais garder mon sérieux pour augmenter l’absurdité de la scène, intérieurement j’avais beaucoup de mal à ne pas rire.

J’avais l’habitude de tourner des séries et des films plus dramatique, du coup, c’était vraiment un challenge, pour moi, de garder mon sérieux.

Francesco tendit alors un stylo à Alice et, évidemment, elle avait bien du mal à s’en saisir. Alors, je pris le stylo et le mis presque dans la main d’Alice pour qu’elle puisse le prendre.

Elle devait maintenant signer et, pour ce faire, elle mit sur son nez des lunettes tellement ridicules que je crus bien que j’allais rire… Mais non. Casey devait être sérieux parce que, en aucun cas, il ne voudrait se moquer de la femme qu’il essaye de draguer.

C’est là que la scène prit fin et je pu enfin, en même temps que Sloan, éclater de rire de tout ce que je m’étais retenu pendant la scène. Tout en riant, je m’exclamai.

-Ces lunettes sont vraiment ridicules. J’ai jamais eu autant de mal à garder mon sérieux.

Et je riais de plus belle quand Sloan se mit à faire des grimaces.

Je finis par me reprendre alors qu’on venait nous amener des bouteilles d’eau et une de whisky pour Daniele vu que le personnel avait bien compris ses préférences. J’aidai Sloan à se relever pour qu’on puisse sortir du décor. Je me tournai, ensuite, vers Daniele.

-C’était excellent ! Tu es fait pour tourner des sitcoms. Je crois que ça pourrait être intéressant de revoir Daniele de temps en temps dans certains épisodes. Si tu es d’accord en tout cas ?

Il avait assuré et j’étais sûr que les gens allaient vouloir le revoir.

@ Billy Lighter

J’avais beaucoup aimé rajouter mes propres répliques ! J’avais aussi aimé voir Sloan s’adapter parfaitement à mes répliques – c’était une actrice sous-estimée, de mon avis. Le personnage de Robin, lui, parlait peu mais le charisme que dégageait le petit North faisait qu’il parlait sans même ouvrir la bouche. Regardez ça ! J’étais doué aussi pour déceler les talents chez les acteurs – une corde de plus à mon arc.

Alice avait, sur elle, les documents que désirais Francesco. Elle avait commencé à sortir tous les objets présents dans son sac. J’avais gardé mon plus grand sérieux pour le bien de la scène – m’impatientant presque en regardant ma montre à mesure qu’Alice sortait les objets.

Elle avait – au bout du compte – sorti les documents qu’il fallait. Je les avais manipulés avec la plus grande précaution comme si ces documents étaient des chèques à très haut montant.

-C’est tout ce qu’il me fallait !, m’exclamais-je satisfait.

Il ne restait qu’à signer le contrat ! Seulement, pour ça, Alice avait sorti des lunettes avec des verres tellement gros que ça lui donnait un visage horrible ! Je ne pouvais pas me moquer – je devais garder mon sérieux. Putain – ce n’était pas si facile. J’avais fait des yeux ronds – Francesco les avait fait – et j’avais entrouvert la bouche pendant qu’Alice demandait le plus simplement du monde où elle devait signer.

La scène s’était terminée ainsi et Sloan et Robin s’étaient mis à rire. J’avais ri un peu des grimaces de Sloan – bien que mon rire était plus contenu que les deux acteurs.

J’avais pris le whisky qu’on m’avait amené pour en boire une grande rasade. J’avais suivi les deux acteurs en dehors du décor. J’étais vraiment satisfait de la scène et de comment on l’avait menée.

-Je reviendrais autant de fois que vous le voudrez. J’avoue que j’y ai pris goût ! Et puis, j’aime ajouter des lignes à mon CV. Daniele Ricci : manager, producteur, musicien, chanteur et, maintenant, acteur, dis-je en souriant.

J’allais en parler toute la semaine à Samantha – je savais qu’elle adorait m’entendre parler de mes exploits.

-Sloan, tu as été parfaite, dis-je en lui souriant. Et toi aussi, Robin, comme d’habitude, rajoutais-je avant de boire encore une gorgée de whisky.

L’expérience avait été intéressante. J’avais hâte de revenir.

@ Billy Lighter

Tourner cette scène avec Daniele comme invite avait été plus complexe qu’elle n’en paraissait parce que je suis en total admiration devant cet homme et aussi parce qu’il aoutait dans de cliché à son personne, qu’il était difficile de ne pas se laisser emporter par l’envie de rigoler. Nous tenions notre place, je ne m’étais pas laissé impressionner par l’ajout de Ricci et Robin avait lui surfé sur ma propre réponse.  Il y avait une belle chimie, une excellent complicité entre nous trois comme si nous partagions le plateau depuis des ans et des ans !

À la toute fin, Alice devait signer le contrat avec avoir vidé son sac pour donner les papiers demandé par Francesco Rossi, le personnage de Daniele. Pour ce faire, avec Adèle, notre accessoiriste, m’avait fournis une paire de lunette absolument rigolote avec des verres outrageusement épais et m’avait assuré que cela me donnais un air à ce point loufoque, qu’il serait impossible que le public ne s’écroule pas de rire à la maison. Je plaçais donc les lunettes sur mon nez en prenant tout mon sérieux pour signer les documents et on sonna la fin du tournage, c’était une prise parfaite, prend ça dans les dents, Ian !

La réaction de Robin sur mes lunettes me fit éclater de rire.

- Ah oui ? Alors je ne devrais pas les porter pour sortir au restaurant, j’imagine !

Dommage, j’aimais ben les accessoires, surtout les inusités.

Daniele lui se disait heureux d’avoir prit pars au tournage et qu’il adorerait revenir si l’occasion se présentait.  Robin le suggérait, il y aurait certainement des possibilités, suffisait de se creuser un peu la cervelle. Et ça, je savais faire !

- Nous serons très heureux de vous recevoir à nouveau, Daniele ! Robin et moi réfléchirons à comment amener Francesco à nouveau.

Ce genre de chimie à l’écran ne s’invente pas. Il fallait renouveler l’expérience et si cela plaisait à Danielle d’ajouter des cordes à son arc, qui sommes nous pour le freiner ?

Ce fut au tour de Robin et moi de recevoir des fleurs de la part de Daniele, sur nos performances respectives. Cela aurait certainement l’air d’être léché mais je n’en pensais pas moi.

- Avec quelqu’un tel que vous pour donner la réplique, il est facile de donner le meilleur de soit. J’ai adoré ce moment avec vous.

Pour une première guest star, nous ne pouvions souhaiter mieux. Le départ aura été donné en grande pompe et j’avais confiance que le passage de Daniele Ricci allait donner le goût à pleins d’autres artistes  de nous solliciter à leur tout.

- J’ai un petit creux ! Vous êtes partant pour aller manger un morceau quelque part ? Je flotte sur mon nuage, je n’ai pas envie de redescendre aussi rapidement !

Nous pourrions trinquer à cette première apparition, imaginer une suite, et qui sait, faire tourner le carnet d’adresse de notre invité pour allonger notre liste de possibilité !

@ Billy Lighter