Le soleil descendait tout doucement pour faire place à la nuit. Je le regardais et, comme chaque fois, je tendais l’oreille, amusée à l’idée que je puisse l’entendre entrer dans l’eau. J’attendais presque en retenant mon souffle, le moment parfait ou j’allais commencer à le voir disparaitre et comme à chaque fois, j’étais presque déçue de ne pas sentir l’eau un rien plus chaude sous mes orteils.  J’attendais encore quelques instants, les bras croisés sur ma poitrine et le vent faisant voler mes longs cheveux dorés, avant de me retourner et de marcher jusque chez moi.

Julian était à l’intérieur, entrain de replacer ses affaires, de vider ses sacs. J’avais fini plutôt, j’étais arrivés chez nous avant lui. Il y avait toujours cet effet désagréable de cassure entre nous deux mais nous voulions travailler là-dessus ensemble. Lui chez Hank, moi chez Jack… nous n’avions pas la chance de vraiment s’y mettre.  Et puis, un jour où l’autre, il fallait faire le grand saut.

J’entrais à l’intérieur et je fermais la porte puis tournais les cinq nouveaux verrous. J’avais insisté pour qu’ils soient installés avant mon retour à la maison même si c’était moi qui avais fait entre Ward Fleming en ma demeure. Même s’il n’y avait pas eu d’effraction. Je fis ensuite le tour des autres portes, elles aussi maintenant décorées de verrous, tout comme les fenêtres.  Je me sentais quand même plus rassurée.

- Le ciel est clair, mais à la radio, ils ont dit qu’il y aurait des orages cette nuit.

C’est ce que dis à Julian en entrant dans notre chambre et qu’il terminait de ranger ses affaires.

- J’ai vérifié toutes les portes, il ne reste qu’ici.

Je désignais les portes vitrées de notre chambre, elles donnaient sur la plage, sur un magnifique paysage à couper le souffle. J’aimais dormir les portes ouvertes et entendre le son des vagues, mais c’était avant. Les portes demeureraient fermées et le son des ventilateurs remplacerait celui des vagues. Je traversais donc la pièce et m’assurais qu’elles étaient bien verrouillées puis tapais un peu contre la vitre avec mes jointures repliées dans mon poing.

- Jack a dit que même avec un bon coup de pied, elles ne pouvaient pas casser.

En fait, nous l’avions su quand nous avions acheté notre villa, les vitres étaient faites pour résister aux intempéries qui venaient avec le fait de vivre près de l’océan.  Elles n’étaient pas à toutes épreuves mais nous aurions le temps de nous sauver si quelqu’un tentait de les fracasser.

- Tu as tout rangé ? Tu voudrais qu’on fouille dans les plats de ma mère pour voir ce qu’il y a à  manger ?

Ma mère était dans une phase de cuisine extrême. Elle cuisinait toutes sortes de petits plats au point où Jimmy Reed devait songer d’ouvrir une soupe populaire pour nourrir tous les environs, mais c’était ma mère, elle était comme ça. Quand quelque chose la travaillait, elle passait ses nerfs en hachant des légumes, en pétrissant de la pâte, en faisant revenir des morceaux de viandes.  Rien n’avait été dévoilé publiquement mais j’étais dans le secret des dieux. Quand elle était enceinte de Rosalynn, puis de Maximo, elle avait aussi fait ça, cuisiner des tonnes de petits plats sous prétexte que, lorsqu’elle aurait accouché, elle n’aurait pas envie de cuisiner. Jimmy avait du personnel pour veiller à remplir leur ventre mais ma mère resterait à jamais la reine de la maison, en particulier de la cuisine. Bref, tout cela pour dire que, lorsqu’elle avait su que je retournais vivre avec Julian, elle avait fait livrer des sacs remplis de plats déjà prêt que je pouvais congeler et sortir au besoin.

Il y avait de la variété, aucun danger que l’on crève de faim dans un avenir rapproché! Je sortais les plats du sac, je regardais en ouvrant à moitié les couvercles, jusqu’à trouvé quelque chose qui me tentais vraiment.  Ce n’était pas facile, je savais que tout allait être succulent.

- Oh Ouais ! Les enchiladas de mamita ! Tu vas voir, c’est à se rouler par terre !

Je refermais les autres plats et replaçais les sacs au réfrigérateur avant de réchauffer les enchiladas et de mettre les couverts.  Julian allait boire du lait, je le connaissais mais moi, j’avais envie d’une bière, c’était nouveau ça, mais je ne voyais pas pourquoi je m’en priverais puisqu’il n’y avait pas école le lendemain et que, bah, je pouvais le faire ! Ça allait me détendre parce qu’en ce moment, j’étais tendu comme les cordes de mon string, j’avais peur de dire ou de faire quelque chose qui allait déplaire à Julian, je ne savais pas jusqu’à quel point il était encore blessé, s’il m’avait vraiment pardonné, s’il m’en avait vraiment voulu.

@ Billy Lighter

Ça faisait dix bonnes minutes maintenant que j’étais en train de ranger mes vêtements dans la garde-robe de notre chambre. Oui, « notre chambre ». Celle de Livia et moi. Celle qu’on avait partagée pendant des mois avant que Ward ne vienne changer nos vies…

Je replaçais tout méticuleusement. Il m’avait fallu du temps avant d’arriver à sortir de ma chambre de chez Hank. Il m’avait, ensuite, fallu du temps pour la ranger pour qu’elle soit à nouveau intact. J’avais pris du temps à ne plus avoir peur de sortir. Ce qui m’avait aidé, c’était de savoir que Livia semblait avoir retrouvé ses esprits et qu’on était prêts, ensemble, à reconstruire ce qui avait été cassé.

Je savais que ça n’allait pas être facile. Mais le fait qu’on voulait que ça réussisse devait aider, je suppose…

La maison n’avait pas changé… J’avais demandé à ce qu’on la fasse nettoyer avant d’arriver et Livia avait tenu à installer des verrous. Mon père s’était chargé de coordonner ça et, une fois arrivé, tout avait été fait comme il faut.

Je replaçai mon dernier jeans quand Livia entra dans la chambre ce qui me fit légèrement sursauté. J’avais vécu pendant plusieurs semaines dans ma chambre chez Hank… Je n’étais plus habitué à ce que quelqu’un entre sans frapper… Même si, Livia n’avait aucune raison de frapper avant d’entrer.

Je me tournai vers elle alors qu’elle disait qu’on annonçait des orages alors que le ciel était clair. J’hochai de la tête alors qu’elle disait qu’elle avait vérifié toute les portes et qu’il ne restait que celle de la porte vitrée de la chambre à vérifier. Je regardai vers cette dernière me raclant la gorge avant de poser mon regard sur Livia.

-Tu as bien fait…

Et elle s’en alla vérifier la porte vitrée… Elle ne vérifiait pas à cause de l’orage qu’on prévoyait… Mais parce qu’elle avait peur que quelqu’un puisse entrer.

Je comprenais. Moi aussi, je n’avais pas la conscience tranquille. Même si… Personne n’était entré par effraction pour enlever Livia.

J’hochai la tête quand Livia ajouta que Jack lui avait dit que les fenêtres et les portes étaient assez résistantes.

-Je pense qu’il a raison… On ne risque rien, ici. Si quelqu’un essaye d’entrer, il se confrontera à nos verrous.

Et, au pire, j’avais acheté un 9MM… Je n’en avais pas encore parlé à Livia… Je l’avais rangé dans le tiroir de la table de nuit. Mais si jamais Ward, Yang ou qui que ce soit qui voudrait faire du mal à Livia, entrait par effraction, je n’allais pas hésiter à tirer.

Je ne voulais pas revivre le cauchemar que j’avais vécu !

Livia proposa qu’on aille manger l’un des plats que sa mère avait préparé. Maritza avait préparé beaucoup de choses pour nous… J’aimais bien Maritza. C’était une femme très sympathique. A se demander comment elle pouvait s’entendre avec Jimmy Reed… Depuis quelques temps, l’image que j’avais de Jimmy Reed, qu’autrefois j’admirais, avait vraiment changé. Surtout qu’il y avait encore beaucoup de choses que je ne savais pas à son sujet.

Je souris à Livia.

-Oui, j’ai terminé. J’ai justement faim.

On se dirigea vers la cuisine où Livia fouilla dans les sacs que nous avais donnés sa mère. Elle opta pour les enchiladas. J’aimais bien la cuisine mexicaine. Mais elle était encore meilleure cuisinée par Maritza.

-C’est une bonne idée.

Livia sortit ce qu’il fallait et se mis à réchauffer les plats et à mettre la table. Moi, je m’étais installé à table me versant, déjà, un verre de lait alors que Livia, elle, se prit une bière. Je ne buvais jamais d’alcool mais Livia, elle, ne s’en privait pas. Mais elle avait bien le droit de se détendre.

On en avait tous les deux le droit.

Je bus une gorgée de lait alors que Livia s’était installée à côté de moi pendant que les plats réchauffaient.

-Livia… J’ai acheté un 9MM. Je pensais que ça serait bien de l’avoir… Tu sais. Au cas où…

Au cas où ils reviendraient.

Je soupirai.

-Je sais que parler de ce qu’il s’est passé n’est peut-être pas ce qu’il y a de mieux. Mais il y a des trous dans l’histoire que je sais. Ton père… Tu as dit qu’il avait un lien avec les Los Diablos. Tu as dit qu’il avait massacré la Casa Nuova. Tu as dit que Ward est responsable de ce qui est arrivé à ta mère et à toi… Je n’arrive pas à mettre les pièces du puzzle ensemble...

Ou plutôt, les pièces pouvaient s’emboiter de diverses manières.

-Je dois savoir pour avancer.

Et il fallait que je puisse les remettre dans le bon ordre pour, à l’avenir, pouvoir protéger Livia au mieux.

@ Billy Lighter

Plus rien ne sera comme avant entre moi et Julian, j’en avais pleinement conscience. Je n’étais pas de toute façon, le genre de fille à se mettre la tête dans le sable et qui espérait que de simple excuse allait suffire. Cependant, je n’étais pas complètement responsable de ce qui était arrivé. Je n’aurais jamais agis envers Julian si Ward ne m’avait pas joué dans la tête. Je n’avais pas demandé à ce qu’il entre chez moi et me kidnappe pour supposément faire du mal à mon père alors que le seul qui avait véritablement souffert dans toute cette histoire, c’était mon mari !

J’agissais tout de même en prenant tout le fardeau de la culpabilité.  Je ne voyais pas comment agir autrement.

Julian avait terminé de ranger ses vêtements et moi, j’avais fait le tour de la maison et vérifié toutes les fenêtres et toutes les portes, même celle du garage. Ne restait que celle de notre chambre, ce que je fis à l’instant puis en répétant ce que m’avais dit Jack à propos des vitres de la maison.

- Nous aurons le temps de prévenir la police, en tous les cas…

Si l’intrus ne nous surprenait pas par l’arrière, bien sûr !

J’avais faim et, comme ma mère nous avait préparé pleins de bons petits plats, je proposais à Julian de regarder dans les sacs pour se trouver quelque chose à se mettre sous la dent.  Il accepta et je considérais cela comme un bon signe. Quand l’appétit va, tout va !

Je fis donc réchauffer des enchiladas et mis les couverts sur la table, me pris une bière et sortit le lait pour Julian.  J’essayais des trucs, c’était plus cool de boire une bière avec son repas qu’un verre d’eau, c’était comme le vin en fait,  un truc d’adulte. Comme si j’étais à ce point dans l’urgence d’en finir avec mon image de jeune fille.

Puis Julian m’avoua avoir acheté un flingue. Était-ce vraiment nécessaire ? Allions nous aussi se mettre à pointer un révolver sur quiconque nous mettra en méfiance ? Je n’approuvais pas, j’en avais eu assez des flingues, mais je ne fis que répondre un ok tout simple puis allais chercher notre repas qui en avait fini de tourner sur lui-même dans le micro-onde et le déposais sur la table.
Nous pouvions manger en paix, passés à autre chose.

J’avais tord. Julian avait des questions sur ce qui était arrivé, sur mon père, sur les Los Diablos.

- Effectivement, il y a mieux et plus agréable comme sujet. Comme… le fait que je remonte mon retard à l’école et que mes notes n’ont pas trop souffert. Comme le fait aussi que Daniele Ricci parle de m’envoyer en tourné, ça sera chouette, non ?

Je ne lui avais pas répondu sur un ton brusque, ni même hautain ou quoi que ce soit qui aurait pu sonner comme méchant. C’était simplement que je n’avais plus envie de parler de tout ça surtout que je n’avais pas toutes les réponses dont avait besoin Julian et que je ne me sentais pas dans le droit de répondre au sujet de mon père.  J’étais divisé entre ma promesse d’honnêteté envers Julian et  ma loyauté envers mon père.  Réflexion faites, si Julian courrait un danger à cause de Ward, des Los Diablos, de mon père et tout ce qui gravite autour de ça, je crois qu’il avait le droit de savoir.

- Ok…  Mon père est le chef des Los Diablos… tadaaaaam !  Il a foutu Ward hors de ses troupes il y a des années de ça et lui, il s’est en allé pour la Casa Nuova. Par vengeance, Ward à tiré sur ma mère et mon père a décimé le clan Conti comme riposte. Ward a ensuite trouvé judicieux de me kidnapper pour continuer de frapper mon père et donc voila ! C’est ce que je sais. Et je sais aussi que, puisqu’il n’est pas mort, Ward cherchera à se venger à nouveau parce qu’il n’aura pas eu le dernier mot.

Je n’avais pas touché à mon assiette mais je la repoussais, je n’avais plus faim.

- De ce que j’ai compris, par moi-même, c’est que jamais nous serons en sécurité parce que tant que l’un ou l’autre, mon père ou Ward, sera en vie, ça ne sera jamais terminé.  Ils chercheront à se faire du mal de toutes les façons possibles

@ Billy Lighter

La maison était très sécurisée… Assez pour qu’en cas de tentative d’infraction, on ait le temps d’appeler la police. J’étais rassuré… Mais pas encore assez que pour ne pas avoir, quand même, acheté un 9MM au cas où. Il ne me servira peut-être jamais. J’espérais même qu’il ne me serve jamais.

Mais au cas où Ward ou Yang entrait chez moi, il n’était pas question qu’ils en sortent vivant. Parce que je savais qu’on ne pouvait pas les avoir autrement. Livia avait été clair là-dessus même si je ne savais pas encore tous les tenants et aboutissants de l’histoire…

J’allais le savoir… Parce qu’une fois à la cuisine où Livia se chargea de nous réchauffer un des bons plats de sa mère, je ne tardai pas à engager la conversation… D’abord sur le pistolet sur lequel Livia ne fit aucun commentaire. Elle dit simplement « ok ». Je crois que ça ne l’enchantait pas plus que ça. Mais, moi, ça me rassurait autant que les verrous.

Après ça… Je ne pus m’empêcher d’engager la conversation qui fâche. Je savais que ça ne plairait pas à Livia. Mais il fallait passer par là… Il fallait que je sache et que tout soit mis à plat pour que je puisse aller de l’avant avec elle.  Sinon, je ne saurais jamais quel danger nous menace, à quel moment et pourquoi.

Il fallait que je sache.

Livia confirma que le sujet ne lui plaisait pas. Qu’elle aurait préféré parler de choses positives qui lui étaient arrivées… Elle avait repris l’école un peu avant moi et ses notes remontaient. J’avais repris l’école depuis peu aussi et j’espérais pouvoir rattrapé le retard que j’avais accumulé… Mais Livia avait aussi changé de cap dans sa carrière en engageant Daniele Ricci comme manager et, apparemment, ils comptaient entamer une tournée.

Je me raclai la gorge baissant un peu mon regard sur mon verre de lait. Je savais qu’elle ne disait pas ça pour me faire mal… Mais parce qu’elle aurait vraiment voulu que tout ça ne revienne pas sur le tapis.

Mais je n’avais pas le choix. Je devais combler les trous. Et autant le faire directement plutôt que plus tard. Ainsi, c’était fait.

C’est ce que je me dis.

-Je sais, Livia…

J’allais m’excuser… Mais elle décida de tout de même me répondre ce qui fit remonter mon regard vers le sien. Elle déclara que Jimmy Reed n’était autre que le chef des Los Diablos, ce gang bien connu de Los Angeles.

Je me raclai nerveusement la gorge… Je me doutais que c’était quelque chose comme ça… Même si je ne pensais pas que c’était à ce point-là.

Livia pouvait voir dans mon regard un certain choc… Un choc contenu mais un choc quand même.

Elle m’expliqua, ensuite, le lien avec Ward qui était un ancien Los Diablos mais aussi un ancien membre de la Casa Nuova. Bref, la guerre entre Ward et Reed ne datait pas d’hier. L’enlèvement de Livia n’était, en fait, qu’une énième réponse à une vengeance.

Et Livia semblait fataliste. Au point qu’elle ne voyait pas de fin à cette guerre. Pas avant qu’un des deux soit mort. Ward ou Reed. Je soupirai.

-Je n’en reviens pas… Pourquoi un homme puissant comme ton père s’abaisse à diriger un gang ? Je ne comprends pas…

C’était totalement incompréhensible. Surtout qu’il mettait en danger sa famille. La mère de Livia et Livia elle-même avait failli mourir pour ça.

-Il pourrait très bien s’en passer. Il a une maison de disques… Il met toute sa famille en danger…

Dont Livia qui était ma femme. Je soupirai avant de me racler la gorge. J’avais de moins en moins de considération pour Reed. Là, c’était vraiment trop.

-Il a fait assassiner des gens… C’est… Je n’arrive vraiment pas à comprendre.

Je crois que rien ne me permettra de comprendre. Je fixai Livia.

-Donc, tout ce qu’on a à espérer c’est que Ward meurt, c’est ça ?

Je soupirai. Ou Reed… Mais malgré tout ce que je savais de Reed, je n’arrivais pas à espérer sa mort. C’était quand même le père de Livia.

-En attendant, il faudra rester vigilant.

Je dis ça en soupirant me faisant, maintenant, aussi fataliste que Livia.

-Maintenant que je sais… Je ne t’en parlerais plus… Je… Je devais juste savoir.

Je dis ça avant de manger ma première bouchée alors que Livia semblait, déjà, n’avoir plus faim.

-Tu vas partir en tournée ?

Maintenant que je savais, je devais changer de conversation. C’était maladroit… Mais, pour l’instant, toute mes paroles envers Livia semblaient maladroites.

@ Billy Lighter

Je n’étais pas en colère contre Julian qui voulait obtenir des réponses aux questions qui ne cessaient de lui torturer l’esprit, de toute évidence. J’étais en colère contre cette situation malsaine qui perdurait, encore et encore tant et si bien que je me disais que jamais nus n’allions nous en sortir, que jamais nous n’allions reprendre un semblant de vie normale.

Alors, sans durcir le ton, sans même être brusque, je mis de l’avant des sujets beaucoup plus plaisant que les activités de gangster de mon père. Il fallait passer par là, même si j’aurais préféré ne pas divulguer rien sur les activités de mon père, mais peut-être était-ce un  mal nécessaire.

Aussi, je me disais que cette conversation, bien que peu plaisante, allait peut-être assainir
l’atmosphère en ma maison.

C’était une conversation sparadrap ! Plus vite nous vidions le sac, plus vite nous nous sentirions mieux !

- Il n’y a rien à comprendre Julian.

Mon père aurait pu faire comme les autres hommes de sa génération et prendre son pied en allant jouer au gold ou courir les ventes aux enchères et flairer les bonnes affaires. Au lieu de ça il se complaisait à diriger un réseau de trafiquant de drogue. Et avec la bénédiction de ma mère en prime ! La belle affaire !

Je pouvais voir sur le visage a Julian, toute son incompréhension, son mépris, son dégoût. Je ne pouvais pas lui en vouloir, seulement, en ce qui me concernait, c’était comme si plus rien ne pouvait me surprendre.

- Il les tues lui-même ou il en donne l’ordre. Je ne sais pas. Ward m’a dit que Jimmy avait décimé lui-même le clan Conti mais est-ce que je peux  totu croire ce qui sort de la bouche de Ward ?

En référence avec les infidélités de Julian qui n’était rien de plus qu’une façon de me faire du mal, de m’affaiblir pour ensuite me modeler comme il le voulait.

- L’un comme l’autre, ce n’est pas très glorieux, je l’admets.  Mais je n’irai pas voir Jimmy et le confronter là-dessus. Si ma mère l’accepte, c’est son problème à elle, tu vois ?

Tout ce que je voulais, c’était de rebâtir ma vie, de la reprendre là où elle avait été mise sur pause et  de regagner un peu de joie de vivre, comme avant.

- Espérer la mort de l’un ou de l’autre.  Rien ne finira autrement. Et si Ward vit, il ne se contentera pas de la mort de mon père. Il voudra l’extinction complète de sa lignée, il n’y a rien de moins sur que ça !

Je chipotais dans mon assiette, plutôt que de manger. De toute façon je n’avais plus faim.

En attendant que l’inévitable n’arrive, il fallait redoubler de vigilance ce qui, immanquablement voulait dire que de reprendre une vie comme avant était exclu. J’allais toujours ressentir le besoin de vérifier chaque porte, chaque fenêtre. Je n’oserais plus répondre à la porte si j’étais seule ou alors, je devrais être absolument certaine de l’identité de mon visiteur et de ses intentions.

- J’aurais aimé te révéler des choses plus… moins… enfin, tu vois… Mais j’ai compris que la vie n’avait rien de joyeux et que rien n’allait bien aller.

Je terminais ma bière sur cette prophétie de malheur et Julian lui, redirigea la conversation sur ce que j’avais supposé, plus tôt, être un meilleur sujet.

- C’est dans l’air, oui ! Daniele veut d’abord me faire faire quelques concerts ici et des interviews pour qu’on voie ma nouvelle image. Le temps de la gamine candide est révolu.  Il est temps de passer à la Livia 2.0 !

J’avais des idées en tête, me teindre les cheveux, ajouter de la couleur, changer de garde-robe pour des fringues plus matures, sexy même.  Je voulais qu’on oublie la petite fille qui cherchait son père et qu’on me place dans la même lignée que les Lola de ce monde ! J’avais fait mes preuves, et j’avais encore beaucoup de matériel en réserve. Je pouvais surprendre sur plusieurs fronts différents.

- Peut-être qu’on pourrait aussi arrêter de cacher que nous sommes mariés. Sans le dire publiquement, porter nos alliances à nos doits plutôt que dans une chaine accrochée à notre cou. Ça va faire parler, c’est certain mais un jour où l’autre, il faudra bien le dire. Qu’est-ce que tu en penses ?

@ Billy Lighter

Apprendre tout ce que je venais d’apprendre sur Reed provoquait quand même, en moi, un certain choc. Surtout que je n’arrivais pas à comprendre pourquoi quelqu’un comme Jimmy Reed s’était abaissé à s’empêtrer dans des affaires criminelles. C’était quoi l’utilité ? Si c’était pour s’enrichir encore plus, il y avait bien d’autres moyens bien plus sûrs !

Livia disait qu’il n’y avait rien n’à comprendre. Je pense qu’elle non plus n’arrivait pas à comprendre l’idée qu’il y avait derrière ça. Ou alors, elle ne voulait pas le savoir ce que je pouvais comprendre. Parfois, il vaut mieux ne pas savoir…

Surtout que, dans l’histoire, il y avait le fait que Reed était responsable du massacre des Conti dont la télévision n’avait pas arrêté de parler pendant des semaines. Le pire c’est que Livia ne savait même pas si son père l’avait fait en personne ou l’avait fait faire. D’après Ward, il l’avait fait lui-même ! Moi, je n’arrivais pas à imaginer Reed tuer de sang-froid une famille entière même si il y avait des criminels dans le tas.

-Non… Je ne pense pas qu’on peut croire Ward. Mais qu’il l’ait fait lui-même ou l’ait fait faire, ça reste horrible comme acte.

Et ça me faisait voir Reed d’une toute autre manière. L’idée que je me faisais de la personnalité du père de Livia venait de voler en éclat pour être remplacé par quelque chose de bien plus sombre.

Livia confirma ma pensée mais disait que ce n’était pas son problème à elle mais celui de sa mère. J’hochai de la tête.

-Oui… C’est vrai…

Mais quelque part, c’était devenu notre problème aussi. Parce que les gens qui voudraient du mal à Reed allaient s’en prendre à sa famille. Donc à Livia… Ça avait déjà été le cas avec son enlèvement… Et elle ne se faisait pas d’illusions, d’ailleurs. D’après elle, tant que Reed et Ward vivront, on ne sera pas en sécurité. Livia était même sûr que la mort de Jimmy ne suffise pas à Ward.

Je soupirai avant de me racler la gorge.

-Je ne souhaiterais jamais la mort de personne… Mais pour Ward, je vais faire une exception. Ce type ne mérite pas de vivre.

Pas après ce qu’il avait fait à Livia… Pas après tout ce qu’il avait mis dans sa tête. Pas après tout le mal qu’il avait fait à beaucoup trop de gens.

Livia déclara qu’elle aurait préféré mes révéler de choses… Plus joyeuse ? Moins pire ? Probablement. Mais la vérité n’était pas rose et elle m’avait dit la vérité. Je la regardai dans les yeux maintenant.

-La vie n’est pas toujours joyeuse. Mais on peut se créer nos moments joyeux. Et… Un jour, les choses iront mieux.

Je voulais croire à ça. Parce que si je ne croyais pas à ça alors autant s’enfermer à nouveau dans ma chambre et oublier le monde extérieur comme je l’avais fait quand j’étais chez Hank.

Et pour commencer… Il fallait parler de chose plus joyeuse maintenant que j’en savais assez. Alors, je parlai de la tournée dont Livia venait, brièvement, de me toucher un mot. C’était un peu maladroit comme transition… Mais je n’avais pas trouvé d’autre moyen de passer d’un sujet à l’autre.

Livia expliqua qu’en premier lieu, elle allait montrer la nouvelle Livia. J’hochai de la tête. J’appréciais l’ancienne Livia… Mais je devais me rendre à l’évidence que Livia avait changé… Peut-être pour un mieux… Je n’en sais rien… Je devais encore découvrir cette nouvelle Livia. Je devais aussi me rendre à l’évidence que j’avais sûrement changé aussi sans m’en rendre compte.

-Je suis sûr que les gens vont apprécier.

Je souris en disant ça avant que Livia ne propose l’idée d’arrêter de se cacher. En ce qui concernait notre mariage. Elle n’avait pas tort… Ça ne servait vraiment plus à rien de se cacher. Qu’est-ce qu’on risquait ? Que ma mère vienne nous ennuyer ? Ma mère me faisait beaucoup moins peur, maintenant, que des gens comme Yang ou Ward…

-C’est une bonne idée. De toute façon, se cacher ne protège de rien. Et puis, ça n’a plus aucune utilité de se cacher.

Je pris ses mains dans les siennes.

-Et je viendrais avec toi en tournée. Je compte faire mes études universitaires par correspondance. Je voudrais pouvoir lancer ma marque de voiture en même temps que je fais mes études… Et… Je pense que ça ne nous fera pas de tort d’être souvent ensemble.

Je tenais toujours les mains de Livia.

-Tu en penses quoi ?

Je voulais savoir si ça lui convenait. Mais l’idée de la voir partir en tournée me faisait peur… En fait, maintenant, j’avais peur de la laisser aller n’importe où toute seule. Ce qui était un peu stupide vu qu’elle s’était débrouillée sans moi depuis qu’elle était sortie de l’hôpital…

@ Billy Lighter

Tout ce que je venais de déballer à Julian, j’aurais préféré jamais n’avoir à le faire, jamais être moi-même au courant de toutes ces choses. Elles faisaient pourtant partie d’une toute nouvelle réalité dans laquelle j’étais plongée jusqu’au cou, bien malgré moi.  J’en venais aussi à l’évidence que, tant et aussi longtemps que l’un des deux vivra, Ward ou mon père, rien ne cessera. L’un comme l’autre aura toujours soif de vengeance.  Tout ce que je pouvais faire, c’était d’espérer pouvoir reprendre ma vie là où elle s’était arrêtée tout en sachant que plus rien ne sera comme avant.

Julian exprima que, dans le cas de Ward, il était prêt à faire une exception et de souhaiter sa mort. Je le regardais, un moment, sans sourciller puis, je lui demandais :

- Et si Ward n’était pas le méchant ?

Je ne le pensais pas ou pas vraiment. Mais ma question n’était pas si folle qu’elle pouvait en avoir l’air ! Ward avait tiré sur ma mère, il m’avait kidnappé, je ne l’excuse pas, oh loin de là ! Mais qu’en savons-nous vraiment de toute cette histoire ? Si Jimmy lui avait laissé sa place chez les Los Diablos ? Rien de tout cela ne se serait produit ? Peut-être… je n’en sais rien. Mais j’ai appris assez durement qu’il y avait deux côtés à une médaille.

J’aurais préféré ne pas avoir cette conversation avec Julian, nous tourner vers l’avenir me semblais plus intelligent, plus sage aussi. Et peut-être que oui, un jour les choses iront mieux, que nous seront capable de créer nous même nos moments joyeux.

- Je l’espère très fort, Julian.

La conversation se réorienta sur ce que je pensais être plus léger comme sujet, ma nouvelle image, ma nouvelle association avec Daniele Ricci, ma possible prochaine tournée.  Je voulais me détacher de la petite Livia fragile et montrer que je pouvais moi aussi jouer dans le bac à sable des grands.  Tout le monde s’entendait pour dire que mon dernier album était beaucoup plus mature, je devais montrer l’image qui allait avec ! Je ressentais… peut-être une pointe d’incertitude dans la voix de Julian, ou de l’appréhension, je n’en sais rien.

- Est-ce que toi, tu l’apprécieras ?

C’est avec lui que je suis  mariée, c’est lui que j’aime et son opinion compte pour beaucoup, je ne voulais pas non plus qu’il soit déçu par ma démarche.  Je ne savais pas moi non plus de quoi tous ces changements auront l’air, mais je savais que j’en avais réellement besoin. Il fallait donc que le résultat soit parfait.

Dans ma quête d’image plus mature, cesser de cacher le fait que nous sommes mariés était une voix que je voulais emprunter. Julian était d’accord et j’entrelaçais nos doigts quand il vînt prendre mes mains dans les siennes.

- Nous ne sommes pas obligés de le crier sur tous les toits. Commençons par porter nos alliances comme il se doit et, si on nous questionne, ne mentons pas. Qu’est-ce que tu en penses ?

J’ouvris grands les yeux ensuite alors que je réalisais que nous étions tout près d’un évènement très important.

- Julian ! Cela va bientôt faire 1 an que nous sommes mariés ! Il faut souligner ça…heu… un week end quelque part ?  Ou une fête à la maison ? Ou… Je ne sais pas tu aurais envie de quoi ?

Oh mon dieu ! Nous allions passer à côté de ça, comment cela pouvait-il être possible ?! J’étais presque sous le choc, encore maintenant que Julian me parlais de ma tournée et de son intention de m’y accompagner.

- J’espérais vraiment que tu en aies l’envie.  C’était les meilleurs moments quand tu étais avec moi, la dernière fois.  Et, j’ai moi aussi dit à Lele que j’avais l’intention de poursuivre mes études universitaires par correspondances.  J’ai choisis le droit.

Julian avait autant d’ambition que moi, c’était, je crois, la force de notre couple. Savoir viser loin, penser sur long terme et surtout se soutenir.

- Et il est possible que ce soit Jesse qui soit en première partie alors nous serions avec Jack, et peut-être Brooke si elle peut. Tu vois d’ici combien ce sera super de pouvoir vivre tout ça tout le monde ensemble ?

J’étais déjà ultra emballée ! Je me levais et allais m’assoir sur les cuisses de Julian, au diable le repas ! J’avais perdu mon appétit en cours de route et l’excitation qui me gagnait me comblait.

- Tu veux aller travailler à ta voiture ?  Je pourrais m’installer dans un coin du garage et travailler sur mes compositions.

Je crois que je serai à jamais incapable de reproduire le schéma de ’’ce soir-là’’, moi  seule dans la maison alors que Julian travail au garage…  

@ Billy Lighter

Je n’aimais pas souhaiter la mort des gens… Je trouvais que ça ne se faisait pas… Mais pour Ward, je voulais bien faire une exception. Pour moi, il était responsable de presque tous nos malheurs depuis quelques mois. Et si je devais choisir entre voir Jimmy Reed mourir pour notre paix ou bien Ward, j’avais largement choisi ! Il n’y avait pas photo.

Mais Livia, elle, me posa une question… Et si Ward n’était pas le méchant ? Je levai un sourcil. Il avait fait partie du gang de Reed, non ? Il avait tiré sur Maritza. Il avait enlevé Livia. Si Reed n’était pas tout blanc, Ward, lui, ne valait certainement pas mieux. Et même s’il avait de la rancune envers Reed, s’attaquer à la famille de celui-ci pour lui faire mal était une preuve de cruauté totale.

-Pas le méchant ? Je n’excuse en rien ton père. Il est apparemment responsable de la colère de Ward. Mais essayer de tuer ta mère, t’enlever, te faire torturer, te manipuler pour que, même libre, tu te sentes mal, je trouve que c’est une suite de preuve que ce type n’est pas un bon fond. Livia… C’est en prison qu’il doit être. Au minimum.

Parce que, d’après moi, ce genre de gens devrait être mort. Moins il y avait de gens comme Ward, mieux la Terre se portait.

Pour moi c’était clair… Ward était un « méchant ». Reed aussi à sa manière.

Maintenant que cette conversation était derrière nous, je préférais chasser la possibilité que « rien n’irais jamais » comme l’avançait Livia. Moi, j’espère que les choses iront mieux un jour. Pour moi. Pour elle. Pour nous. Elle l’espérait aussi… J’hochai de la tête.

Et pour ça… Il fallait avancer… Tourner la page. Pour ça, il fallait aussi changer de conversation… Parler de projets d’avenir. Ceux de Livia, d’abord, qui avait changé de manager et qui planifiait de montrer une nouvelle image d’elle-même à ses fans…

Je trouvais que c’était une bonne idée et que les gens apprécieront cette nouvelle « Livia »… Mais ça question me prit de court. Moi, est-ce que j’allais aimé la nouvelle Livia ? Je ne savais pas… Je voulais croire que « oui ». Mais je ne le connaissais pas encore assez. J’esquissai un léger sourire. Je ne voulais pas laisser le doute me pourrir la vie, ni pourrir celle de mon couple que j’essayais de reconstruire.

-J’en suis sûr… Je t’aime… Et si ces derniers mois n’ont pas réussi à me détourner de ce sentiment alors je doute que la nouvelle Livia y arrive.

Je voulais croire à ça. Je voulais croire que notre amour ne fanera jamais.

Du coup, l’idée de ne plus cacher notre mariage me semblait être une bonne idée. Faire passer le message discrètement. Sans le crier partout. J’étais partant pour ça.

-D’accord. Plus de mensonges.

Sur rien. C’était mieux ainsi.

C’est là que le visage de Livia changea pour afficher la surprise. Et quand elle déclara que ça fera bientôt un an qu’on est marié, ça me prit à nouveau de court. J’avais perdu la notion du temps depuis un petit moment… Si bien que ça m’était totalement sorti de la tête. Mais oui… En effet... Ça fera bientôt un an qu’on est marié si on ne comptait pas les quelques semaines où on avait été « séparés ».

Elle avait raison. Ça se fêtait. Ça serait peut-être même l’occasion de prendre du temps pour nous. Je souris entrelaçant un peu plus nos doigts.

-Je pense qu’un week-end loin de L.A. et rien que nous deux nous fera du bien. Je chercherais une belle destination.

Une plage paradisiaque ? Les Bahamas ? Quelque part de reposant, en tout cas. On en avait bien besoin.

Mais il y aura aussi la tournée de Livia… Et je déclarai vouloir l’accompagner. Les études ne poseraient pas problème. Je comptais les faire par correspondance et lancer mon business en même temps… Mais, avant tout, je voulais remettre mon couple sur les rails et, pour ça, accompagner Livia en tournée me semblait être une bonne chose.

Livia en était très heureuse et ça me fit sourire. Elle-même avait choisi de poursuivre ses études par correspondance. Preuve que, même quand on était séparé, on semblait vouloir aller dans la même direction.

-Le droit… Je trouve que ces études te correspondent bien. Tu ferais une bonne avocate.

Et je ne disais pas ça pour ça question de plus tôt sur le fait que Ward soit vraiment le méchant de l’histoire ou non… Non, je pensais ça parce que Livia avait du caractère et qu’il en fallait pour être avocat.

Livia m’expliqua alors qu’il était possible que le petit Jesse soit sa première partie. Et que, donc, Jack et Brooke seront aussi de la partie. Je souris.

-Si c’est le cas alors ça risque d’être une belle tournée.

Pas très différente de la précédente. Enfin, si, avec Roadtramp en moins ce que, j’imagine, conduira à faire un peu moins la fête. Mais bon, la fête n’était pas vraiment le plus important.

Mon repas était terminé et Livia demanda alors si je voulais aller travailler à ma voiture. Mes lèvres se pincèrent pendant quelques secondes alors que je me remémorait, brièvement, le soir où elle a été enlevée… Mais cette fois, Livia me proposait de venir avec moi au garage. Cette proposition ramena mon sourire.

-Je serais très heureux que tu viennes, oui.

Je me levai souriant toujours.

-Le garage est grand… Peut-être qu’on pourrait même le réaménager pour avoir un petit espace pour toi pour composer. Ainsi, on pourrait travailler dans la même pièce.

Je trouvais ça bien comme idée… Le genre d’idée qui renforcerait notre couple. Je pris délicatement sa main dans la mienne.

-Ainsi, je pourrais t’écouter toi au lieu de la radio. Tu en pense quoi ?

Je préférais écouter Livia plutôt que quiconque d’autre.

@ Billy Lighter

Ma pensée était toute simple. Qu’est-ce qui prouvait que, dans l’histoire, c’était Ward le méchant ?  Je n’avais plus aucun sentiment envers lui et j’avais bien en tête qu’il avait tiré sur ma mère et m’avait kidnappé et laisser torturer par son homme de main mais… Il faut être deux pour faire une guerre et de ce que j’ai su par Ward, ce n’était pas lui qui avait mis le feu. Néanmoins, je savais aussi que je ne pouvais croire aucune parole sortant de sa bouche mais avec ce que je venais de vivre et dont je me remettais tout juste,  je ne voyais plus les choses de la même manière.

Pour Julian, Ward était sans conteste le méchant de l’histoire. C’était normal qu’il le croit, les apparences ne jouaient pas en sa faveur.  Mais je maintenais mon idée qu’il y avait toujours deux côtés à une médaille et que pour l’instant, nous n’avions que celle qui montrait le mauvais visage de Ward.

- Le karma se chargera de lui, ne t’en fait pas.

De ça, j’en étais certaine.

Beaucoup de changements s’annonçaient pour moi et pour Julian, à commencer par la nouvelle image que je désirais projeter. J’espérais que Julian aimerait ce changement et il me rassura en me disant qu’il m’aimait. Je n’avais pas besoin de plus pour être comblée.  Puis je réalisais ensuite que nous étions tout près de célébrer notre premier anniversaire de mariage ! S’il y avait une date à côté de laquelle nous ne pouvions pas passer, c’était bien celle là !  Julian était d’accord pour que nous nous accordions du temps rien qu’à nous et qu’il chercherait une destination pour un week end en amoureux.

- Oh ce sera suer de pouvoir décrocher de tout et, ça tombe vraiment bien parce que nous auront un long congé scolaire alors, nous pourrions partir à ce moment là !

Nous rattrapions l’un comme l’autre notre retard, ce n’était pas le moment de saboter nos efforts, même au nom de l’amour.  À ce propos, Julian caressait comme moi, le désir de poursuivre ses études universitaires par correspondance.  C’était parfait, d’autant plus que si je partais en tournée, ce serait beaucoup plus simple. Je visais le droit et Julian jugea que j’en avais les qualités.

- Si ça se trouve, mon père aura besoin de moi dans un futur rapprocher !, dis-je en roulant des yeux avant d’éclater de rire.

Je savais bien que mon père n’aurait jamais besoin de moi à ce niveau. Il avait déjà son armée d’avocats-requins et il ne s’humilierait pas à demander à sa fille d’assurer sa défense. Dans ma tête, j’imaginais pas du tout mon père faire une chose dans le genre.

Assez parlé de Ward et de mon père, de mon image, de nos études…  Nous allions avoir chaque jour de quoi nous occuper l’esprit. Je voulais, pour le moment, m’installer au garage avec Julian et travailler sur mes compositions pendant qu’il s’occuperait du moteur de sa voiture, et l’idée lui plaisait.

- Oh ouais ! Ce serait super d’avoir mon petit coin à moi dans ton garage. Et ce serait un coin où l’huile à moteur est interdite !

Julian était quand même un beau  mystère… lui qui ne tolérait pas la moindre petite saleté dans la maison, sur lui, partout… mais qui pouvait se mettre les mains dans l’huile. C’était un truc de mec, j’imaginais.

Ensemble, nous avions donc aménagé un petit coin pour que je puisse m’installer. J’avais mon cahier de composition, ma guitare et lui, penché au dessus de sa voiture, nous avions passé le reste de la soirée à faire chacun nos trucs, parfois, il s’approchait de moi juste pour échanger un baiser ou un regard complice.

Je le retrouvais, mon Julian amoureux, je me retrouvais moi-même et c’était si bon de me sentir enfin de retour !

@ Billy Lighter