Olivia et Julian semblaient filer à nouveau le parfait amour. C’était bon de les revoir ensemble, souriant, en pleine forme et je les remerciais au moins une dizaine de fois d’avoir voulu s’occuper de Jesse pendant que j’allais à mon rendez-vous.  J’étais partie l’esprit tranquille, et j’en étais revenue intérieurement dévastée. Épuisée, j’avais refusée l’invitation à diner des tourtereaux en prétextant avoir encore des courses à faire et que j’avais de toute manière, promis à Jesse que nous irons manger un hot dog sur la promenade longeant la plage et que même, ensuite, nous irions marcher un peu dans l’eau question de se dégourdir les jambes un peu.

Ce n’était que partie remise et puis, la prochaine fois, Jack pourrait se joindre à nous, mais aujourd’hui, il travail. Il allait rentrer plus tard ce soir et nous aurions une discussion pas facile qui ébranlerait notre couple mais j’avais foi en nous et je nous savais fort pour passer au travers de cette tempête bien que je me questionnais sur la prédisposition à la malchance à s’abattre sur nous depuis ces derniers temps.  Oh, loin de moi l’idée de comparer mon malheur à ce qu’ont vécues Maritza Reed et Olivia Cortez mais…  je ne m’en sens pas moins blessée.

Jesse, ce petit homme plein de vie, me redonne vite le sourire et comme promis, je l’amène déguster un savoureux hot dog avec même des frites et une boisson gazeuse, ce que je j’interdis formellement à la maison parce qu’une alimentation saine est à la base d’habitudes de vie équilibrées.

Mais, de temps en temps, une petite tricherie n’a jamais fait de mal à personne !

Installés à une table extérieure,  nos pieds déchaussés dans le sable je ne mangeais pas. Je n’avais pas faim, l’émotion me bloquait encore la gorge, c’était difficile de faire autrement, alors que Jesse dévorait joyeusement son repas.

- Attend… viens là, tu as un peu de ketchup sur la joue ! dis-je quand il déposa les armes, repu mais pas pour longtemps !

Jesse a toujours faim, surtout pour des friandises ou du chocolat et je me doutais qu’il devait avoir aperçu non loin, le stand de crème glacée.  Mais avant de s’empiffrer encore, je voulais aller marcher un peu sur le bord de l’eau. Pouvoir faire un peu de place dans ma tête, dans mes idées, profiter de ce moment avec Jesse qui m’apportait toute la sérénité dont j’avais réellement besoin.

Je le tenais par la main, je faisais parfois éclabousser l’eau sous mes pas pour le taquiner, je le laissais se venger en rigolant de bon cœur.  Il faisait mon bonheur au quotidien, il m’offrait la chance de vivre ma maternité que je ne connaitrai jamais autrement.

- Regarde Jesse, ton empreinte de pied entre dans la mienne  parfaitement !

L’image me fascina, le temps qu’elle resta sur le sable avant qu’une vague ne vienne l’effacer, et même, m’apporta beaucoup de réconfort.

- Tu sais, je t’aime très fort Jesse. De tout mon cœur et chaque jour, je me répète à quel point j’ai de la chance que tu m’aies choisie pour être ta maman. Ça me rend très fière.

J’ai crains au début qu’il ne m’accepterait jamais comme tel. Jesse avait une maman qui l’aimait et qu’il aimait et pour rien au monde je ne voudrais qu’il l’oubli. C’est important pour moi qu’il continu de l’aimer, de penser à elle-même si parfois je me demande s’il préférait l’avoir elle, plutôt que moi avant de soudainement réaliser que mes songes sont horrifiantes. Jesse ne pourrait pas choisir entre sa  mère et moi, il n’aurait pas à le faire, il nous aurait, toutes les deux et nous aimerait tout aussi fort, toutes les deux.

Je nourrissais cette pensée malgré moi et probablement que c’était pire maintenant que je venais d’apprendre que je n’aurai jamais d’enfant.  Après tous ces mois à me demander pourquoi ça ne collait pas entre Jack et moi. J’ai peur de l’annoncer à Jack, non pas que je craigne sa colère, il ne se mettrait jamais en colère pour une chose comme celle la. Non en fait, j’ai peur de voir la déception sur son visage. Il est si bon avec les tous petits, nous avions des rêves, des projets. Donner des frères et des sœurs à Jesse…  Ça ne sera pas possible, pas de la façon  dont j’aurais voulu le faire, c’est ce qui me cause autant de chagrin.

- Tu veux jouer un peu dans l’eau avant d’aller chercher une glace ? Ton short peut te servir de costume de bain et j’ai le miens sous ma robe, j’avais prévu le coup !

J’avais un deuil à faire et j’allais le faire en donnant encore plus d’amour et de soins à Jesse.

@ Billy Lighter

Maman était revenue de son rendez-vous. Moi, j’étais trop heureux de la revoir ! Oh boh, elle m’avait pas tant manquée parce qu’elle était pas partie longtemps et que je me suis trop trop bien amusé avec Julian et Livia. Mais elle m’avait promis qu’on irait manger un gros gros hot-dog alors j’étais trop trop pressé.

Quand Maman rentra, elle avait l’air plus triste… Moi, c’est ce que je voyais. Moi, je savais toujours quand Maman ou Jack était triste. Mais je dis rien… Peut-être qu’aller manger le hot-dog lui fera du bien. Parce que c’était trop bon les hot-dog et que ça rendait heureux.

On y alla et on mangea dehors parce qu’il faisait très beau. Moi, je mangeai vite et avec de grosses bouchées parce que c’était bon. Chez Maman et Papa on mangeait jamais de hot-dog, ni de burger… Juste de la salade et des trucs paaaaas bon. Boh, c’est triste… Moi, je dis toujours à Maman que c’est triste et que j’aime pas la salade mais elle dit que c’est pour ma santé. Boh, je vais bien, moi…

Moi, j’avais mangé presque tout le hot-dog et les frites mais j’avais plus faim pour ça. Moi, j’avais vu des glaces plus loin et je voulais des glaces. C’est trooooop bon les glaces. Je m’approchai de Maman en souriant quand elle disait que j’avais du ketchup sur la joue. Oh boh, le ketchup, il va partout partout.

Pendant qu’elle m’essuyai la bouche, moi, je montrai du doigt le marchand de glace plus loin.

-Oh ! On pourra aller manger une glace, Maman ? Moi, je veux trop une glace à la vanille !!

Maman voulait bien mais, avant, elle voulait aller sur la plage. Oh oui, la plage !! Moi, je voulais bien y aller et je levai les bras pour montrer que je voulais trop ça.

Alors, on alla sur la plage et je tenais Maman par la main. Moi, je sentais que Maman était triste alors je voulais la rendre heureuse. Parfois, Maman éclaboussait et je criais et riais quand elle le faisait avant de faire comme Maman.

Maman qui regarda nos emprunte. Mon pied, il rentrait dans celui de Maman. J’avançai ma figure vers la trace pour voir de plus près.

-Oh oui, c’est trop drôle.

Et l’eau, elle vint effacer les traces.

-Au revoir, trace.

C’est ce que je dis en faisant signe à l’eau qui repartait. L’eau, elle efface tout sur le sable. C’est beau et triste.

Puis, Maman me regarda et disait qu’elle m’aimait très fort. Elle disait qu’elle avait de la chance d’être ma Maman. Oh… Pourquoi elle disait ça maintenant ? Pourquoi elle a l’air heureuse et très quand elle disait ça ? Moi, je savais pas. Mais je lui souris et la serrai fort contre moi.

-Moi aussi je t’aime trop trop fort. Moi, je t’aimerais jusqu’à la fin de ma vie, Maman.

Oui, moi je l’aimais. C’était ma Maman. Moi, j’avais eu le droit à une deuxième Maman et à un Papa. Moi, j’étais trop trop heureux. Même si mes amis me manquent parfois, moi, je préfère vivre avec Papa et Maman. Moi, j’aimerais que mes amis puissent aussi avoir un Papa et une Maman. Ils auraient plus besoin de travailler et auraient plus jamais peur.

Moi, je n’ai plus peur depuis que je suis avec Papa et Maman.

Maman proposa d’aller dans l’eau maintenant et je fis un grand sourire.

-Oui !!! Je veux trop bien !

Et j’enlevai mon t-shirt pour garder mon short. Maman aussi avait son maillot. Avant ça, je couru vers l’eau et Maman me rejoignis. L’eau était bonne. J’aimais bien ça.

-Moi j’aime trop bien la mer !

Je rigolai et éclaboussait un peu Maman et m’éclaboussait aussi. Les vagues étaient belle et je m’amusais bien ! Et, après un moment, j’étais une peu faaatigue alors je revins près de la plage pour m’asseoir sur le sable avec Maman.

Je levai le regard vers elle.

-Dis, Maman… Pourquoi tu es triste ? Moi, je vois que tu es triste. Tu ris mais moi, j’ai l’impression que tu es triste.

Oui, moi, je savais quand les gens étaient tristes. Moi, je savais quand Isabel était triste. Elle l’était quand Manuel rentrait pas. Moi, je savais quand Manuel était triste. Il l’était quand Isabel rentrait pas Pareil pour Ugo et Alejandra, ils avaient peur que l’autre rentre pas. Et Alvaro aussi, je savais. Lui, il était parfois triste parce que sa Maman lui manquait. Ernesto, il était triste quand le chat de la maison partait trop longtemps. Et Guillermo… Boh, c’est Guillermo. Il est pas triste Guillermo. Il dit qu’être triste, c’est pour les loosers.

Oh boh, Guillermo a pas raison. On est triste quand on est triste.

Je mis ma main sur la cuisse de Maman et je la regardais avec des questions dans les yeux.

@ Billy Lighter

Passé du temps avec Jesse me faisais beaucoup de bien. De voir son visage extasié devant un simple hot dog, son  barbouillé de ketchup et ses grands yeux moqueurs… cet enfant là m’avait charmé dès la première seconde.  Je me souviens combien j’avais été choqué de par la façon cavalière qu’avait eu Jimmy Reed, le patron de Jack, de nous confier le petit, comme s’il s’agissait d’une banale marchandise.  Ensuite, j’avais eu le cœur brisé d’apprendre le parcours difficile de ce petit bout adorable comme tout. Il ne m’en avait pas fallu d’avantage pour vouloir en prendre soin, comme la chair de ma chair. Il ne se passait pas un seul jour sans que je remercie le seigneur de l’avoir mis sur mon chemin.

Jesse était ce que j’allais connaître de plus près de la maternité.  J’aurais tant aimer lui donner un petit frère, ou une petite sœur, connaître l’expérience unique que ce doit être de pouvoir sentir la vie grandir en moi mais le destin en avait voulu autrement et je digérais plutôt mal cette fatalité. Pourtant, je savais que ça ne compromettait aucunement  mon rêve de fonder une belle et grande famille. Les choses allaient être différente, peut-être un petit peu plus compliquées, mais pas impossible.

Je lui avouais, bien que ce n’était pas un secret, l’aimer plus que tout au monde et d’être très fière d’être sa maman et il me répondit par la réciproque et j’en eu les yeux bordés de larmes. Il savait me faire gonfler le cœur de fierté et d’amour.

Puis je proposais à Jesse d’aller jouer dans l’eau. Il ne faisait pas très chaud mais sous le soleil, c’était parfait.  Je n’eu pas besoin de le proposer deux fois à Jesse pour qu’il s’emballe et se retrouve avec déjà, je l’eau jusqu’aux genoux ! J’éclatais de rire devant toutes ses exclamations de surprise et de plaisir. Il n’y avait plus beau son au monde que celui d’un enfant qui rire de bon cœur.  Je le pris ensuite par les mains et le soulevais pour le faire sauter par-dessus les vagues, encore et encore.

Cette petite aventure dans les vagues nous faisait du bien. Je n’allais pas lui parler d’épellation de mots, d’aditions ou de soustraction. Que du plaisir pur. Il fallu tout de même sortir de l’eau après un  moment, la température n’étant pas optimal, je commençais à grelotter et, même s’il ne l’admettra jamais, je savais que Jesse aussi, commençait à ressentir le froid.

J’installais des serviettes de plages que j’avais amenées dans mon sac et nous pûmes nous y assoir et planter nos pieds dans le sable.  J’ai toujours adoré la sensation du sable qui passait entre mes orteils. Jesse me prit par surprise avec une question que je ne m’attendais pas recevoir, pas de lui. Mais en même temps, c’était  de sous estimer Jesse que de croire qu’il n’allait pas se rendre compte de quelque chose.

- Tu sais, mon lapin, parfois, les choses ne vont pas toujours comme nous le souhaiterions. J’espérais très fort quelque chose qui n’arrivera pas. Ça me rend triste mais  quand je regarde ce que j’ai déjà, je sais que je suis tout de même une maman très chanceuse.

Je le serrais contre moi tout en jouant dans ses cheveux puis le l’embrassais sur la tête.

- Dis donc toi ! Je pense a nos emprunte de pieds de tout à l’heure ! Tu as encore grandit ou alors c’est moi qui rétrécie ?  Il faudra bien retourner faire les boutiques avant… la rentrée scolaire…

Je serrais un peu les dents en fermant les yeux et en faisant un décompte dans ma tête. Jesse n’aimait pas que je parle de l’école et de tout ce qui s’y rattache. Il n’avait pas très envie d’aller à l’école tous les jours mais, il n’aurait pas le choix.

- Tu es prêt pour ta glace à la vanille ? Avec pleins de bonbons dessus ? Ceux qui éclatent sur la langue, même, si tu veux !

Enrober une mauvaise nouvelle par quelque chose de plus joyeux… si ça pouvait fonctionner pour moi, ça ne pouvait pas nuire avec mon fils !

@ Billy Lighter

On s’amusait trop bien dans l’eau ! Moi, j’adorais les vagues ! Et j’adorais quand Maman me faisait sauter au-dessus des vagues. Je rirais tout le temps parce que c’était trop drôle. M’amuser avec ma Maman, c’était la meilleure chose que j’ai jamais faite de ma vie !

Mais après avoir bien couru et sauter dans l’eau, moi, j’étais faaatigué. Alors, on sortit de l’eau. Brr, il faisait très froid. Maman aussi avait froid. Elle tremblait. Pauvre Maman.

Elle mit les essuies sur la plage et je m’installai dessus. Oh, les essuies étaient tout chaud et le sable aussi. Alors, je mis mes pieds dans le sable. J’aimais bien ça. Ça chatouillait mes pieds.

Mais quand je reposai mon regard sur Maman, je vis qu’elle était toujours un peu triste. Alors, je lui demandai pourquoi elle était triste. Elle disait que, parfois, les choses allaient pas comme on voulait. Maman, elle espérait quelque chose mais ça n’arrivera pas. Je pris un air triste. Oh boh ? Mais pourquoi ? Mais elle trouvait quand même qu’elle était une Maman chanceuse. Je souris et l’enlaçai fort quand elle me prit contre elle.

-Moi, je t’aime fort fort Maman.

Mais je savais pas ce qu’elle voulait et qu’elle pouvait pas avoir. Mais je pus pas trop poser la question parce que Maman disait que j’avais troooooop grandi. Oh oui, je suis tout grand maintenant. J’ai 8 ans ! C’est grand ! Et Maman disait qu’il faudra retourner dans les magasins avant la rentrée.

Oh… La rentrée…

Oh boh… L’école… Là où on fera des calcules tooooooooout la journée ? Oh boh, moi, je suis pas pressé… Et en même temps si… Parce qu’il y aura d’autres enfants pour me faire des amis. Moi, j’aime bien me faire des amis.

-Oh boh, je peux pas juste y aller pour les récrées ? Moi, je fais de la musique la journée… Je sais pas si j’ai trop le temps d’aller faire les cours en plus des récrées.

Oh boh oui, moi, je suis fort fort occupé. Moi, je dois faire des tournées et des albums.

Oh mais je veux bien acheter des nouveaux habits quand même…

Mais Maman parla, ensuite, de glace et je me levai d’un coup.

-Oui !!! Une glace ! Moi, je veux une glace à la vanille avec des bonbons dessus !

Je pris la main de Maman et me levai pour nous diriger vers le marchand de glaces. Mais, moi, j’avais encore une question…

-Dis, Maman… C’est quoi que tu voulais et que tu peux pas avoir ? Moi, je peux peut-être t’aider à l’avoir, non ?

Oui, moi j’aime bien aider mes amis. Moi, j’ai aidé ma grand sœur, Livia en lui montrant où habitait mes amis pour qu’elle puisse retrouvé l’homme à qui elle voulait dire « merci », alors je peux bien aider Maman aussi. Moi, je crois que tout tout est possible.

@ Billy Lighter

Après un bon moment à patauger, sauter par dessus les vagues, à s’éclabousser, même, je commençais à avoir froid et je ne voulais pas non plus que Jesse n’attrape un rhume.  Alors tous les deux, nous allions nous installer sur la plage, sur nos serviettes, le temps de se sécher un peu avant de décider de la suite. Pour un soleil d’avril, ce n’était ni trop chaud, ni trop frais, juste parfait pour se reposer et perdre son regard dans l’immensité des vagues.

Mon petit Jesse, perspicace comme personne, demanda pourquoi j’étais triste. J’aurais aimé pouvoir trouver la meilleure façon  de lui expliquer mon chagrin, c’était des problèmes que vivent les adultes et qui ne devraient pas inquiéter les enfants. Je tentais alors de le lui expliquer le plus simplement possible et en lui disant que, malgré tout, j’avais beaucoup de chance parce que j’étais sa maman et que ça me comblais et me rendais  heureuse et fière chaque jour. Et Jesse d’ajouter que lui aussi, il m’aimait fort, fort !

Il avait le don de me faire sourire, de mettre du soleil dans mon cœur, avec ses mots tous simples mais pleins de sens.

Jesse grandit à vue d’œil. Mon petit garçon haut comme trois pommes avait doublé de taille, ce qui est normal à son âge et avec un appétit comme le sien ! Alors, j’amenais doucement le sujet de la rentrée des classes, encore très loin mais qu’il faudrait continuer de préparer et de lui acheter de nouveaux vêtements allait donc être un passage obligé.

- Oh, Jesse !, m’esclaffais-je ! Tu ne peux pas y aller que pour les récréations. Tu verras, tu te feras des camarades et tu vas découvrir pleins de choses à l’école. Je suis certaine que tu vas aimer ça mais je comprends. C’est normal d’avoir de l’inquiétude pour quelque chose que tu n’as jamais vécu.

Cela dit, je commençais de plus en plus à envisager à mettre ma carrière d’enseignante en veilleuse pour accompagner Jesse à la maison, dans son apprentissage, surtout avec sa carrière qui n’allait pas faciliter les choses. Je ne voulais pas freiner son élan artistique sans non plus le privé d’une éducation digne de ce nom. Il y avait tant à réfléchir, mais c’était encore trop tôt pour en parler devant Jesse. Il n’avait pas besoin de se faire de fausses idées sur quelque chose qui n’était pas encore concret même pour son père et moi.

Un pas à la fois… c’était plus sage.                  
 
Je proposais ensuite que nous allions prendre une glace à la vanille et même qe je ne dirais pas non à ce qu’on y ajoute des bonbons dessus. Il n’en fallu pas plus à Jesse pour se lever et être prêt à courir jusque là-bas.  Seulement, en route, Jesse me demanda qu’est-ce que je voulais vraiment avoir et que j’avais apprit qu’il ne serait pas possible.

Comment lui expliquer concrètement ce qui était encore si abstrait pour moi.

Samain dans la mienne, je l’arrêtais de marcher pour me mettre à sa hauteur et le serrer contre moi, de l’embrasser sur la joue et pour passer ma main dans ses cheveux.

- J’espérais qu’un jour, je pourrais te donner un petit frère ou une petite sœur. Mais le docteur à découvert que maman ne pouvait pas.

Je ne suis pas malade,  ma tuyauterie a simplement mal été installée à la base.  Je sais que je peux me compter chanceuse d’être en santé et d’avoir un fils et un fiancé qui m’offrent tout le support et l’amour dont j’ai besoin au quotidien. J’ai simplement besoin de temps pour faire le deuil de quelque chose dont je rêvais déjà toute petite, quand je jouais avec mes poupées et mon service à thé.

- Ce n’est pas grave, je t’ai toi. Ça fait de moi une maman heureuse !

Puis Jack et moi  pourrions agrandir notre famille en adoptant à nouveau. C’était vraiment au niveau de mes rêves de femmes qu’il me fallait du temps, mais ma mère vous dirait que si la vie ferme une porte, c’est qu’il y a une fenêtre quelque part qu’il faut explorer !

@ Billy Lighter

Maman parlait maintenant d’habits et de rentrée des classes. Oh boh, moi, j’étais pas très motivé à faire des calculs touuuuute la journée. Boh, j’aimais pas trop faire ça… Puis, ça prend du temps de donner les réponses au calcul et il faut beaaaaaucoup réfléchir. Après avoir fait trois calculs, moi, j’étais toujours très faaaaaatigué… Moi, je voulais aller à l’école que pour les récrées… Oh boh, mais Maman, elle voulait pas que j’y aille que pour les récrées. Elle disait que j’allais aimer fort ça, l’école. Je fis une moue.

-Oh boh, moi, je pense pas que je vais aimer les calculs un jour. Mais je veux bien y aller pour te faire plaisir et pour me faire d’autres amis.

Oui, je voulais bien faire ça pour Maman et Papa et pour me faire des amis. Oh boh, pour les calculs, on verra.

Mais Maman ne parla plus de l’école. Elle parla de glace. Moi, j’avais trooooop envie d’une glace. J’aimais bien les glaces à la vanille et c’était encore pluuuuus bon avec des bonbons dessus.

Mais sur le chemin, moi, je demandai à Maman de m’expliquer ce qu’elle pouvait pas avoir et qu’elle voulait. Oui, parce que moi, je pouvais peut-être l’aider à avoir ce qu’elle voulait. Je voulais qu’elle ne soit plus triste et l’aider pour ça comme j’avais fait avec Livia. Moi, je crois que Livia va mieux maintenant. Elle vit à nouveau avec Julian. Moi, j’aimais bien quand elle vivait avec nous mais je sais qu’elle est encore plus heureuse avec Julian.

Maman se mit à ma hauteur et me serra contre elle et me fit un bisou. Je souris un peu mais ne sourit plus quand Maman expliqua qu’elle aurait voulu me donner un petit frère ou une petite sœur mais que le médecin avait dit que Maman ne pouvait pas.

Je pris un air très triste.

-Oh… Maman peut pas faire de bébés ?

Oui, moi, je savais comment ça fonctionnait tout ça, moi. Alejandra me l’avait expliqué. Oh boh, je sais plus pourquoi elle me l’avait expliqué.

-C’est triste…

Oui, moi, j’aurais bien voulu avoir un petit frère ou une petite sœur. Moi, j’ai toujours été le plus petit partout partout. Même avec mes amis, j’étais le plus petit… Moi, je voulais bien être un grand frère. Mais Maman pouvait pas…

Moi, j’étais triste pour Maman.

Mais elle disait qu’elle m’avait moi et qu’elle était heureuse de ça. Moi, je la serrai fort contre moi et lui fit un bisou sur la joue.

-Merci Maman.

Mais moi, je voulais quand même aider.

-Oh mais moi, je suis ton fils. Alors ça veut dire que toi et Papa vous pouvez avoir d’autres Jesse ?

Oh boh, pas vraiment des Jesse mais des enfants qui ont plus de Papa et de Maman. Comme moi.

-Oh moi, je veux dire des enfants qui ont plus de parents comme Jesse...

Il y avait mes amis dans l’Eastside mais ils savaient vivre sans Papa et Maman. Sauf parfois Alvaro qui était triste…

-Il doit sûrement il y en avoir pleeeeeein dans le monde.

Oh boh, on était déjà beaucoup dans l’Eastside alors il doit il y en avoir beaaaaaaaaucoup dans le monde.

Je souris à Maman.

-Mais sinon, moi, je t’aimerais très fort. Moi, je t’aimerais mille fois beaucoup plus.

Oui comme ça, Maman sera jamais plus triste.

@ Billy Lighter

J’ai accompagnée beaucoup d’enfant à diverses étapes de leur parcours scolaire et je sais par expérience qu’en général ils finissent par bien aimé parce que l’école n’est pas comme ils le percevaient avant de réellement l’intégrer. Jesse croit qu’il y fera que des calculs, parce qu’en ce moment, à la maison, lorsque nous faisons des travaux de mise à niveau, il s’agit de beaucoup de calculs, beaucoup de dictées et qu’il n’y a pas là dedans le côté social qu’il retrouvera en classe. Il n’inter agit qu’avec moi pour l’instant alors qu’à l’école, il pourra parfois faire des travaux avec un camarade, il y aura beaucoup plus de diversité dans les apprentissages, certes, beaucoup de mathématique et d’anglais mais il aura aussi des clases de sciences, de gym et même de musique !

- L’école n’est pas faite que de calculs, tu sais mon cœur. Tu apprendras pleins de choses différentes, tu rencontreras des amis.  Enfin, tu verras bien par toi-même.

L’inconnu peut faire peur, je le comprends tout à fait. Jesse pourra compter sur Jack et moi pour l’accompagner là-dedans. Mais pour l’instant, tout ceci était encore loin, il n’était question que d’acheter des habits parce que Jesse grandit tellement vite, c’est normal à son âge, et quand on aime manger comme lui, surtout des glaces.

J’allais lui acheter une glace à la vanille avec des bonbons dessus et, en chemin, il me demanda ce que je souhaitais avoir et que j’avais apprit qu’il me serait impossible. Alors, en m’agenouillant pour le regarder dans les yeux, et avec des mots à sa portée, je lui expliquais simplement ce que j’avais apprit un peu plus tôt dans la journée. Je ne pourrais jamais donner naissance, connaitre les joies de porter la vie en moi. Mais je pouvais, au travers Jesse, m’accomplir en tant que mère et c’était là-dessus que j’avais choisis de me concentrer. J’avais quand même un deuil à faire mais je n’étais pas désemparé, en miette, à pleurer sur mon triste sort.

Jesse affirma que c’était triste.

Il avait raison, la nouvelle était triste et le sentiment qui l’accompagnait l’était tout autant. J’aurais besoin d’un peu de recul pour faire complètement mon deuil mais avec Jack pour me soutenir et Jesse pour mettre du soleil dans mon cœur, je ne craignais pas l’avenir. Et Jesse alla dans le sens où allaient déjà mes réflexions. Nous pourrions adopter d’autres enfants, nos cœurs étaient bien grands.

- C’est quelque chose dont ton papa et moi allons discuter. Nous pourrons donner autant d’amour à un enfant qui n’a pas de famille.

Et il avait raison ! Il y avait tant d’enfants abandonnés, les orphelinats en sont pleins, des enfants qui ne demandent qu’à être aimé.

Jesse fit se chavirer mon cœur avec ses mots d’une tendresse infinie.

- Et moi aussi mon poussin, je vais t’aimer de toutes mes forces jusqu’à mon tout dernier souffle.  Tu es mon petit trésor à moi.

Je le serrais encore contre moi avant de l’embrasser sur chacune de ses joues et de me relever.

- Bon alors, on y va pour cette glace ? On fait la course ? Attention à go… 3…2…1… GO!

Même à toutes jambes, je ne courrais jamais aussi rapidement qu’une Jesse en manqué de glace a la vanille enrobée de bonbons !

@ Billy Lighter