-Putain, il est 14h30 !!!

C’est ce que je dis en sortant d’un bond de mon lit avec un tel mal de crâne que j’avais l’impression qu’un marteau piqueur était en marche dans ma tête.

J’avais rendez-vous avec Samantha Mancini à… Ben, 14h45… Mais j’étais clairement en retard… Je n’arriverais pas aux bureaux de MTI en 15 minutes…

J’avais été jusqu’à la salle de bain du taudis qui me servait d’appartement constatant, avec dépit, les dégâts de la nuit… Après mon concert au Stryge et la rencontre avec Samantha et Ricci, j’avais dû aller rejoindre Alonso. Enfin, pour la cause, c’était plutôt lui qui m’avait rejoint dans le coin de l’Eastside où je dealais avec Carlos. Il avait besoin de moi personnellement pour aller déloger des New Soldados qui dealaient dans des quartiers qui étaient à nous. Pour ce genre de mission, c’était toujours moi que venait chercher Alonso parce qu’il savait que je ne le décevais jamais et qu’on avait pas vraiment besoin de se parler pour communiquer entre nous.

Bref, tout ça pour dire qu’on est allé voir les New Soldados en questions. Ils étaient deux. Deux gamins. Mais comme tout New Soldados qui se respecte, ils n’étaient pas vraiment sensibles à l’intimidation. Alors, on en est venus aux poings… Et si on a réussi à les déloger de là, ça ne fut pas sans dégât pour ma figure. J’avais un œil au beurre noire et d’autres bleus, sans compte que ma lèvre était gonflée parce qu’elle avait explosée…

Alonso n’était pas au courant pour mon rendez-vous… En fait, il n’était même pas au courant qu’un manager m’avait approché. Je savais que je devrais lui dire mais je préférais attendre que tout soit officiel et que les contrats soient signés. Parce que, même si Samantha était catégorique et me voulait, j’étais le genre de type qui ne se rendait compte réellement des choses que quand elles étaient écrites sur un papier signé.

A considérer qu’elle me veule toujours en voyant ma tronche et mon retard…

Je me débarbouillai rapidement la figure avant de changer de vêtements. J’étais mort crevé… J’avais passé la nuit dehors avant de téléphoner à 8h chez MTI pour le rendez-vous. Après ça, je n’avais pas pu résister à l’envie de dormir.

J’aurais dû mettre un réveil.

Je ne pris même pas le temps de manger. Une fois changé, je grimpai dans ma voiture pour foncer jusqu’aux bureaux… Je me regardai de temps en temps dans le rétroviseur pour constater que les questions allaient certainement affluées du côté de Samantha. Il allait falloir que je trouve une bonne histoire. Parce que je doute que celle du règlement de compte entre gangs lui plaise…

J’arrivai, en retard, aux bureaux. Je me pointais devant l’accueil avouant que j’étais en retard mais ayant tout de même rendez-vous avec Samantha Mancini. Elle m’avait regardé de travers me demandant qui j’étais et si j’allais bien… Je répondis donnant mon nom et déclarant que je péter la forme. Ce n’était pas tout à fait vrai… J’avais une sale tête et je le savais… Mais elle ne fit pas de commentaire déclarant qu’elle allait prévenir Samantha et que je pouvais grimper. Elle me donna le numéro de l’étage et je fonçais même si… Je devais bien avoir trente minutes de retard, environs…

Une fois devant le bureau, je toquai à la porte et quand j’eus l’autorisation d’entrer, j’ouvris la porte me présentant devant Mancini.

-Bonjour… Désolé du retard…

C’est quoi mon excuse ? Je dormais ? Pas sûr que ça passe.

-J’ai eu un petit accident.

Je me raclai la gorge restant debout et attendant l’autorisation de Mancini pour m’asseoir.

@ Billy Lighter

Je me suis levée du bon pied ce matin. J’avais célébré avec Daniele ma très possible nouvelle association professionnelle avec Finan Quinn et l’espoir d’avoir un rendez-vous fixé  avec lui dans la journée me donnait l’impression de flotter.  J’avais donc téléphoné au bureau pour laisser un message sur la boîte vocale de la réceptionniste qui n’était pas encore en poste à 6heures le matin, que si un certain Finan Quinn demandait à me rencontrer, de bloquer n’importe quel plage horaire pour lui, quitte à annuler ce que je pourrais avoir à l’agenda. Il allait passer avant n’importe quoi d’autre.

- Imagine un peu, amore mio, quand il ira chercher son Grammy Awards découverte de l’année, meilleur vendeur et artiste de l’année… ils vont tous s’en mordre les doigt, toi y compris, de n’avoir accordé plus de mérite à sa démo !

Oh! J’étais certaine que Finan Quinn pouvait tout rafler à sa première année sur le marché! Il avait le talent pour ça et son style unique allait insuffler un vent de nouveauté sur la tangente actuelle de la musique.

Je m’étais donc rendue au bureau avec le sourire aux lèvres, rien ne saurait porter ombrage à ma journée ! Surtout qu’en arrivant au bureau, j’avais dans mes messages une note annonçant que Finan Quinn avait prit rendez-vous avec moi à 14h45. J’allais devoir patienter toute la journée mais d’un autre côté, ça me laissais le temps de faire sortir les papiers  officiels de la maison de disque, et toutes les annexes obligatoires, procurations, attestations, certifications, nommez-les ! Et puis je devais aussi bosser  sur mes projets en cours dont celui avec Shiri.  La jeune femme avait beaucoup d’entrain et de la détermination à revendre, seulement, elle devait apprendre la patience, tout venait à point à qui sait attendre. Il y avait aussi la nouvelle recrue de MTI Shanaya Kapor avec qui je voulais avoir une discussion. On m’avait venté ses talents et je m’étais attardé à son porte folio et ses créations vestimentaires m’avaient époustouflées ! J’étais certaine qu’elle saurait créer la robe de marié que j’avais en tête.

Tout ça pour dire que je n’avais pas à me tourner les pouces à attendre qu’il soit 14h45, j’avais de quoi m’occuper l’esprit mais, entre deux dossiers, je passais un petit coup de fils chez BSC, au bureau de Daniele, bien évidement, pour lui dire que j’aurais de la grande visite plus tard en journée, question de le tenir un peu en haleine. Et je lui promis de lui raconter en long et en large la rencontre dès que je rentrerais à la maison ce soir, avant ou après lui, selon nos horaires respectifs.

L’heure avançait et bien vite, il fut 15h passés et Finan n’était pas là. À 15h15, je tambourinais des doigts sur mon bureau en fixant le téléphone. Je détestais les gens en retard, j’espérais qu’il n’en était pas autrement, parce que je serais furieuse et grandement déçue si Finan devait m’avoir posé un lapin. Seulement, avant même que l’on frappe à ma porte, la réceptionniste me prévenue par un bref appel que mon invité était enfin arrivé.

- Bien ! Je vais l’attendre, merci Clara !

Je raccrochais en m’interrogeant si c’était bien Clara son nom…  J’avais un léger doute mais bon, il y avait pire que ça dans la vie… Comme d’être en retard au rendez-vous qui allait changer notre existence !

- Entrez ! dis-je à l’intention de Finan.

Ce dernier entra et s’avança vers moi s’excusant de son retard parce qu’il avait eu un accident. Pas bien  grave puisqu’il ne semblait pas blessé mais quand même assez ennuyant pour être en retard, pas un très grand retard, cela dit.

- Oh, vous me voyez désolée. Rien de très grave je l’espère ?  Je vous en pris, asseyez vous, nous avons beaucoup de choses à discuter.

Il devait être sérieux, et rigoureux ! Je n’avais pas envie d’un gamin que je devrais tenir par la main comme Timmy Evans le faisait avec The Burning Fire. Quand Finan fut installé, je lui proposais à boire.

- Café? Thé ? Eau ? Bière, peut-être ?

J’avais tout ça et certainement bien plus encore, suffisait de demander et je lui ferais apporter ici.

- Alors ? Avez-vous bien dormis ?  Je dois avouer que j’ai moi-même beaucoup pensé à aujourd’hui. J’avais hâte à cette rencontre !

@ Billy Lighter

Avant de toquer et d'entrer dans le bureau de Samantha Mancini, j'espérais qu'elle n'était pas trop à cheval sur les horaires... Parce que sinon, j'étais bien mal barré avec ma demi-heure de retard... Je regrettais vraiment de ne pas avoir mis un réveil parce que si j'avais pris le temps d'en mettre un je n'aurais pas tant de retard...

Bref, j’entrai dans le bureau quand Samantha m'en donna l'autorisation. Et la première chose que je fis fût de m'excuser et de dire que mon retard était dû à un accident. J'avais quelques marques sur la figure mais ce n'était rien comparé aux bleus sous les vêtements. Heureusement j'étais habillé...

Je souris quand elle demanda si ça n'était pas trop grave.

-Non, rien de grave. Ne vous en faites pas.

Elle ne demande pas plus de détails et ça m'arrangeait. Ça serait un peu con de devoir déjà lui mentir avant même le début de notre collaboration.

Je m'installais face à son bureau quand elle m’en donna l’autorisation. Et elle me proposa toute sorte de boissons. Mais la seule qui pourrait m'aider à tenir les yeux vraiment ouverts c'était la bière. Je souris, enthousiaste.

-Je dis pas non à une bière.

En fait, je n’aurais pas dit « non » à tout ce qui pourrait anesthésier la douleur. Mais comme alcool, rien de tel que la bière.

Je n’avais pas l’habitude des grands bureaux et des rendez-vous de ce type… Alors, je ne savais pas bien comment agir… Et comme je n’avais aucune idée de comment agir, je décidai d’agir comme d’habitude avec une posture relax et un sourire aux lèvres. J’aurais pu rire quand elle me demanda si j’avais bien dormi, mais je me retins. J’avais bien dormi jusqu’à 14h30… Mais j’avais été dormir dans la matinée… Samantha, de son côté, avait beaucoup pensé à aujourd’hui. C’était dingue comme j’avais l’impression, dans ses paroles, d’être extrêmement désiré. Je ne niais pas aimer ça.

-J’ai bien dormi… Même si la nuit a été courte. J’ai un peu fêté le rendez-vous d’aujourd’hui.

Mais je savais qu’on était ici pour parler de choses sérieuses. Je ne savais pas ce qui m’attendait. C’était un monde totalement inconnu pour moi.

-Alors… Comment les choses vont se passer ? J’imagine qu’il y a un contrat à signer et tout ça… Et quand c’est fait, qu’est-ce qu’il se passe ? Je commence à faire des albums et des tournées et je deviens riche, c’est ça ?

Je disais ça sur le ton de l’humour. Je savais que les choses étaient bien plus compliquées que ça. Pour être riche, il fallait, déjà que les gens aiment…

-J’ai un salaire de base ou bien je suis payé uniquement si ce que je fais est rentable ?

Je savais que je ne parlais que d’argent alors que, pourtant, ce n’est pas tellement ça qui m’intéressait le plus dans cette histoire… C’était surtout de pouvoir faire entendre ma musique à d’autres et m’éclater plus souvent sur scène.

-Dites-moi tout.

Je souriais toujours.

@ Billy Lighter

Finan était en retard mais comme il parait qu’il vaut mieux tard que jamais, aussi bien commencer notre rencontre plutôt que de mettre l’emphase sur son retard. Cependant, je ne manquerais pas de lui rappeler à un moment où un autre que la ponctualité est une carte à jouer non négligeable.  

Il avait, cependant, une excuse non négligeable. Finan avait eu un accident, de toute évidence pas très grave puisqu’il était quand même là, en retard mais si l’accident qu’il prétendait avoir eu avait été grave, il aurait été en retard de beaucoup plus qu’une demie heure voir même, l’aurait-il complètement raté.  Il arborait certes quelques marques mais comme il ne s’étendit pas sur le sujet, je préférais ne pas pousser d’avantage l’enquête et lui laisser le bénéfice du doute.
J’étais beaucoup trop enthousiaste devant les projets que j’avais pour lui pour en ternir cette rencontre.

- Bien alors, si vous n’êtes pas blessé et qu’aucune conséquences fâcheuses ne découle de cet accident , nous pouvons commencer !

Je lui proposais un breuvage de son choix, nous n’étions pas à cours de suggestion et il porta son dévolu sur une bière.

- Alors bière ce sera !

Je fis demander une bière pour Finan et une tisane pour moi, via l’interphone de mon bureau et avant d’entrer dans le vif du sujet et en attendant nos breuvages, je lui demandais s’il avait bien dormit parce que moi, j’avais beaucoup pensé, cette nuit. J’avais eu très hâte d’arriver au bureau et de pouvoir lancer la machine, comme nous disons dans le jargon.

- Oh ! Je ne m’attendais pas à autre chose ! C’était effectivement une excellente raison de faire la fête !

Si ça se trouve, son accident tenait beaucoup plus de la gueule de bois que d’autre chose. Et c’était on ne pouvait plus compréhensible ! Je n’allais certainement pas lui en vouloir d’avoir voulu célébrer une telle nouvelle. Il avait toute les raisons d’en être heureux.

On vînt nous porter notre bière et tisane et c’est Finan qui ouvrit le bal avec des questions on ne pouvait plus légitimes.

- Et bien, commençais-je après une première gorgée de tisane, il y a aura effectivement beaucoup de signature aujourd’hui, si toutefois vous voulez signer immédiatement. Vous aurez droit de faire analyser vos contrats avant mais si tel est le cas, vous devrez revenir ici avec votre conseiller ou avocat pour se faire. MTI garde les documents officiels à l’interne, question de confidentialité.

Ce n’était qu’une démarche administrative de base, rien de bien méchant et, pour commencer, Finan allait avoir un contrat de base qui allait évoluer en cours de route, c’était monnaie courante dans le milieu.

J’éclatais de rire devant le portrait banalisé que dressait Finan pour la suite des choses.

- C’est à peu près ça ! Mais pour y arriver, il faudra travailler, tout donner, être rigoureux, on se comprend ?

La voilà, ma carte de la ponctualité !

- MTI vous avancera une rondelette somme qui devrait couvrir vos frais pour une année. Votre appartement et ses charges, vos dépenses personnelles selon une fourchette évaluée en fonction du coût de la vie actuelle. Je ne vous mentirai pas, c’est une année de vache maigre Finan ! Ne partez pas sur un coup de folie quand vous recevrez votre premier versement car c’est sur ce montant que vous devrez vivre les trois premier mois. MTI vous versera ces même montants, 4 fois dans l’année, le premier, dès la signature du présent contrat. Rien ne vous empêche de conserver votre emploi, vous ne serez pas pénalisé sur ce que nous vous offrons. Cela dit, il vous faudra concilier le temps que vous devrez consacrer à la création de votre album et les divers engagements envers MTI.

C’est souvent là que nous voyons ceux qui ont les reins solides et ceux qui ne sont la que pour frimer. La rançon de la gloire n’allait pas lui tomber dessus dès qu’il aurait apposé sa signature sur le contrat que j’avais pour lui devant moi.

- Plus vite vous sortiez votre premier single, plus vite vous commencerez à toucher des royalties et plus le succès sera grand, plus votre pourcentage le sera. Si je me fis à ce que j’ai entendu au Stryge l’autre soir, vous ne mangerez pas des pâtes en boîtes encore très longtemps Finan.

Je pris ma tasse de tisane, je le laissais encaisser un petit peu tout ça et avançais les papiers vers lui pour qu’il puisse lui-même en prendre connaissance. J’avais fait refaire mes contrats parce que je détestais les copies de 500 pages avec de tout petits caractères illisibles. Je voulais du concret, du direct, pas de cachoterie, que ce soit claire dès la première lecture.  Je détestais me perdre dans les sous entendus juridiques, les omissions et nonobstant.

- Voici ce que j’ai pensé comme première approche…

Je sortie une feuille, rien d’officiel contrairement aux contrats qu’il avait devant lui, c’était juste des notes que j’avais fait moi-même plus tôt dans la matinée et que je n’avais pas prit le temps de faire dactylographier.

- D’abord, je veux tout entendre ce que vous avez comme matériel. Ici ou chez vous au en studio, qu’importe mais je veux tout entendre. Ensuite nous choisirons la chanson qui nous plait le plus et nous irons en studio enregistrer votre premier et officiel single qui lancera votre carrière. C’est un premier pas, une première étape.

Ensuite, nous pourrons parler d’interview ‘’ Qui est ce nouveau venu, d’où vient-il ?! ’’ Tout le monde voudra en savoir d’avantage sur la sensation de l’heure. Nous laisserons tourner son single un moment. Assez longtemps pour séduire le plus large auditoire possible mais pas assez pour que les gens perdent leur intérêt. Pendant ce temps, Finan ira en studio et enregistrera son premier album complet et moi, j’aurai déjà tablé des dates de concerts dans différentes salles ici même à Los Angeles puis dans un certain rayon tout autre de la ville, une petite tournée pour faire circuler son nom et pour aguicher son public avec son single et quelques chansons qui feront parties de l’album, c’est une excellente façon de rôder un spectacle et de prendre le pouls des gens, voir ce qui fonctionne, ce qui fonctionne moins…

Je lui expliquais tout ça en sachant très bien que c’était énorme et que sa tête devait bourdonner, surtout qu’il avait fait la fête la nuit dernière… toute la nuit dernière, je dirais même.

- Alors ? Prêt à grimper à bord ?

@ Billy Lighter

Samantha ne me tenait plus rigueur que ça de mon retard. Elle clos très vite la conversation là-dessus, d’ailleurs, pour mon plus grand soulagement. Je n’avais pas forcément envie d’entrer dans les détails.

Ensuite, elle proposa une bière et se commanda, elle-même, une tisane. Disons que, jusqu’ici, c’était plutôt bien parti. Je ne savais pas vraiment ce qui allait m’attendre tout au long de cette conversation alors une bière ne me fera sûrement pas du mal.

Elle parla de la nuit dernière comme introduction à la suite, j’expliquai que la nuit n’avait pas été longue parce que j’avais fait la fête ce qui était un mensonge, bien sûr, mais ça sembla enthousiasmer Samantha. Je rigolai un peu.

-Il y a toujours des raisons de faire la fête.

Et de picoler aussi. Mais ça, elle devait sûrement le savoir. Elle était en couple avec Daniele Ricci.

La bière arriva et la tisane aussi. Le contraste entre nos deux boissons était assez drôle à voir et je ne tardai pas à boire une longue gorgée avant de poser quelques questions à ma manière. Elle parla des signatures qu’il y aurait à faire et aux droits que j’avais vis-à-vis des contrats. Apparemment, j’avais le droit de revenir ici avec un avocat pour faire analyser, ici-même, les documents qui me seront soumis. Un avocat ? Sérieux ? Je pouffai un peu de rire.

-Je n’aurais pas besoin d’avocat… Je n’en connais pas et je ne crois pas qu’il acceptera de travailler pour un tiers de mon salaire. Je crois que je les lirais moi-même, ça sera plus simple.

Ouais… Il fallait de l’argent pour se payer un avocat… Mais j’avais dit tout ça sur un ton amusé. J’imagine que Mancini était obligé de dire ce dont j’avais droit même si… Elle savait que je n’avais pas l’argent pour un avocat.

-Heureusement que je sais lire…

Oui, ce n’est pas le cas de tout le monde dans l’Eastside. Je connais quelques Los Diablos qui ne savent pas lire une ligne. Mais qui sont de parfait vendeurs.

Et pour la suite, j’avais demandé ce qu’il se passerait en mettant mes propres hypothèses à ma sauce. Elle disait que je n’étais pas loin de la vérité mais qu’il faudra être rigoureux. Est-ce qu’elle essayait de me faire passer un message ? On dirait bien. Je souris.

-En général, quand je fais quelque chose, je le fais à fond.

Donc, elle n’avait pas à s’en faire… Même si mon retard prouvait du contraire. Enfin à première vue… Parce qu’il pouvait aussi prouver que je faisais les choses à fond. J’étais en retard parce que je m’étais donné à fond, cette nuit, pour mon gang…

Puis, je me lançai sur la question du salaire. C’était important, il ne fallait pas le nier même si rien que l’idée de gagner de l’argent sur base de ma musique était suffisant à mon bonheur, peu importait, finalement, la somme reçue. Et Samantha se lança dans ses explications. J’allais recevoir de l’argent de MTI pour une année sur base du cout de la vie. Elle disait que ça allait être une année de vache maigre… Donc, un versement tous les trois mois… Je pouvais garder mon emploi dans le même temps mais je devais, en plus de ça, créer mon album et ne pas rater mes engagements avec ma maison de disque. Sincèrement… Si elle trouvait que tout ça allait être compliqué, moi je ne voyais que la possibilité de faire de la musique pour de l’argent en plus de mon salaire de Los Diablos. Deux métiers que je pouvais facilement combiner, d’ailleurs. Un la journée, l’autre le soir. Je n’aurais pas le temps de m’ennuyer.

Je sirotai ma bière en l’écoutant avant de sourire.

-Financièrement parlant, je n’aurais aucun problème. On ne peut pas dire que mon appartement me coûte très cher.

Je rigolai un peu en disant ça.

-Je tiendrais le coup, je pense. J’ai vécu bien pire. Et je n’aurais aucun problème à combiner mon métier actuel et la conception d’un album. Je crois pouvoir réussir ça.

Elle ajouta que plus vite je sortirais mon single, plus vite je toucherais des royalties. Je souris plus largement.

-Je vais m’y mettre dès que je sors d’ici, alors.

Je devais avouer que j’étais impatient de m’y mettre. Et pas uniquement pour l’argent.

Elle sortit alors des papiers vers moi. Je me penchai un peu plus en avant pour les regarder. Les caractères écrits étaient bien moins petits que je ne l’aurais imaginé. A croire que ces histoires de contrats illisibles, c’était des conneries. Enfin, ça m’arrangeait… J’avais un peu trop mal à la tête pour lire des petits caractères.

Je pris les papiers en main avant que Samantha ne sorte un papier écrit à la main, je me penchai dessus plissant les yeux avant qu’elle ne me parle du matériel que j’avais et de la chanson à choisir pour le single. Je relevai le regard vers elle.

-J’ai une guitare électrique, une acoustique, une basse, une batterie… Ah et une radio cassette merdique pour enregistrer mes démo merdique.

Je rigolai un peu avant de réfléchis quelques secondes.

-Je crois que c’est tout… Je sais jouer de tous ces instruments… Mais il me faudra un flutiste et un violoniste…

Parce que ma musique ne se résumait pas aux instruments de base du rock, c’était un peu différent.

-Pour la chanson, j’avais pensé à celle de la démo. C’est celle que les gens aiment le mieux au Stryge. Si ça vous convient.

Après ça, Samantha m’expliqua un tas de chose… Les interviews, la façon dont on allait gérer le single, une petite tournée pendant que je faisais, en même temps, le premier album, les endroits des concerts, la stratégie derrière…

Je n’en pouvais plus…

Quand elle eut terminé et me demanda si j’étais prêt à grimper à bord, fut le moment où mon cerveau me demanda un break. J’avais même déjà terminé ma bière tellement Samantha avait parlé. Du coup, je pris un moment avant de répondre.

-Heu… Ouais, je suis prêt !

Je souris.

-J’aurais du temps pour dormir en faisant tout ça ?

C’était de l’humour, bien sûr… Je savais que je n’aurais pas le temps de dormir mais ça ne sera pas à cause de tout ce que me proposait Samantha.

Je pris les contrats.

-Je peux signer tout de suite ? Je crois… Que je n’ai même plus la force de lire.

Ah ben, c’était peut-être ça l’arnaque. Samantha me bombarde d’informations et, maintenant, je suis trop fatigué pour voir si elle m’arnaque dans le contrat. C’était une autre tactique que les petits caractères. Même si… Non, elle n’avait pas vraiment l’air de vouloir m’arnaquer. Même si… Elle a fait partie de la Casa Nuova, c’est ça ?

-De tout façon, vous n’allez pas m’arnaquer, hein ?

Je souris en disant ça.

-Et j’entre en studio à partie de quand ? Demain ? Parce qu’il faut que je prévienne mon employeur que mes horaires vont être chamboulés.

Je ne savais pas, à vrai dire, qu’elle allait être la réaction d’Alonso…

@ Billy Lighter

Je prônais la transparence, aussi, je ne voulais pas mettre  - trop – de pression sur Finan afin qu’il signe immédiatement le contrat qui allait nous lier. Je lui proposais l’alternative de revenir avec un avocat afin d’étudier le tout, s’il en ressentait le besoin mais il refusa prétextant qu’il n’en avait pas besoin avant d’ajouter qu’il n’avait pas les moyens d’en payer un de toute manière.

- Je comprends…  Alors prenez tout votre temps pour lire, je ne suis pas pressée.

Finan avant ensuite beaucoup de questions, rien de plus normal, et je tâchais de lui répondre le plus simplement possible, même si je débitais une quantité de mot impressionnante.  Je n’étais pas le genre de manager à enrober les choses de sucre pour faire miroiter la gloire au premier tournant. J’avais eu la même approche avec Shiri et ça avait bien fonctionné. Je ne voyais pas pourquoi je ferais autrement avec Finan qui était réceptif à ce que je lui disais, surtout au niveau de l’argent.  Il n’y aurait pas de gain facile, tout n’allait pas lui tomber dessus comme par magie, il devrait faire preuve de discipline, de sérieux, être rigoureux.

- Bien ! Je n’en attendais pas moins de vous, Finan !

Il n’aurait pas à s’en faire trop, niveau budget, sauf s’il perdait la tête avec la première avance, croyant avoir trouver une petite mine d’or infini. MTI l’entretiendrait pour un an mais il s’engageait à rembourser, au terme de cette première année, les frais encouru par la maison de disque c’était là, souvent, que les aspirants superstars se prenaient les pieds et disparaissaient de la surface de la terre, façon de parler, bien sûr ! Il fallait travailler, pendant cette première année, lancer une carrière ne tient pas que du talent.  Il fallait y  mettre du temps, de l’énergie ! Je sentais Finan sérieux dans ses propos, il en voulait et il avait ce qu’il fallait pour, là, c’était mon instinct qui parlait !

- Je vous fais confiance, si vous dites pouvoir concilier les deux, c’est tout à votre honneur. Vous faites quoi, dans la vie, Finan ?

Si je voulais complètement m’investir envers lui, je pouvais me permettre ce genre de question et cela me permettrais de mieux le connaître.

Le visage de Finan se coiffa d’un magnifique sourire lorsque je parlais des royalties qu’il toucherait dès qu’il lancerait son premier single sur lequel il avait l’intention de travailler dès notre entretient terminé. Cela ne fut pas dit sans une petite remarque sur la maquette qu’il avait envoyé ici même chez MTI et également, chez BSC.

- Oh, Mio Dio ! Elle est révolu l’époque des enregistrement maison !, m’esclaffais-je, avant de me reprendre et de continuer. Vous aurez un studio mit à votre entière disposition ainsi que toute une gamme d’instruments et même des musiciens de sessions.  Cela dit, rien ne vous empêche d’apporter ici vos propres instruments, personne ici ne vous empêchera de travailler comme vous le sentez le mieux !

Pour son single, Finan avait en tête la chanson qu’il avait enregistrée comme démo et j’approuvais d’un signe de tête.

- Je pensais justement à cette chanson mais pour une raison purement égoïste, pour être tout à fait honnête.  Je rêve de voir les autres managers qui auront levé le nez sur votre talent s’en mordre les doigts en reconnaissant cette magnifique chanson qui passera partout à la radio !

J’avais parfaitement le droit de prêcher d’un peu de vantardise, non ?

Tout ceci était entendu, je lui demandais alors sil était prêt à lancer sa carrière et je cru presque qu’il allait s’enfuir, car il mit un temps pour me répondre. Quelques secondes, ce n’est rien… mais ce fut assez pour me donner des sueurs froides qui disparurent quand il confirma être prêt puis en demandant, sur le ton de l’humour, s’il aurait du temps pour dormir. Je rassemblais les papiers pour les lui tendre, avec un stylo afin qu’il signe et, je choisis alors je lui répondre, le plus sérieusement possible…

- Dormir n’est pas prévu à l’horaire Finan !

… mais ne pouvant pas garder mon sérieux plus longtemps, j’éclatais de rire.

- Vous pouvez signer tout de suite, si c’est ce que vous souhaitez.

Seulement, je n’allais pas le laisser s’En sortir si facilement. Je lui indiquais là où il devait signer non sans lui faire un résumé des pages du contrat, puis je refis la même chose pour toutes les pages sur lesquelles il devait mettre ses initiales. Oui, ça gave, oui c’est long, oui j’ai conscience qu’il y a beaucoup de clause, de spéculation mais il s’agit de son avenir, pas d’une bagnole qu’on achète et que l’on s’engage à payer tous les mois ! Alors je tenais à ce qu’il sache au mieux, ce dans quoi il se plantait les pieds.

- Ceci étant dit, Finan, gardez en tête qu’en devenant votre manager, je m’engage à être disponible au  mieux de mes capacités, à vous épauler et conseiller, à défendre vos intérêts et à prendre des décisions et engagements en votre nom toujours en ayant à cœur votre carrière.

Donc non, je ne comptais pas l’arnaquer.

- Vous pourrez entrer en studio dès que vous aurez signé partout où je vous l’ai indiqué. Je comprends tout à fait que vous deviez en informer votre actuel employeur, alors demain, ça me va parfaitement bien. J’informerai le staff que je réserve un studio pour vous, demain, vous n’aurez qu’à passer directement là-bas.

Je lui fis signe de m’accorder une minute et je sortis de mon bureau pour aller me renseigner sur l’emplois du temps des roadies et je réservais l’un d’eux pour qu’il puisse accompagner Finan demain, lui faire visiter l’endroit et répondre a ses questions d’il en avait.

- Mackenzie Stone sera là demain et disponible pour vous. J’irai faire un tour dans la journée, entre deux rendez-vous, si cela vous conviens.

Nous parlions depuis un bon moment, enfin, je parlais ! C’était un peu normal, tout de même, puisque de nous deux, j’étais celle qui avait les informations et réponses à ses questions.

- Si tout cela vous va, je crois qu’il ne nous reste qu’à nous serrer la main et commencer à se tutoyer, qu’est-ce que tu en penses ?

Je lui tendais la main, souriant fièrement.

@ Billy Lighter

J’aurais le temps de lire le contrat, c’est ce que déclara Samantha. De toute façon, je n’avais pas les moyens de le faire vérifier par un avocat, alors je n’avais pas vraiment d’autres alternatives.

J’avais des questions que je ne tardai pas à poser et Samantha y répondait chaque fois avec tous les détails possibles et tout en laissant, à chaque fois, subtilement passer quelques messages comme sur le fait d’être rigoureux. Elle avait le sens de la conversation, Samantha Mancini. Je devais lui rendre ça.

Après ça, on parla argent et si Samantha trouvait que le salaire que me donnera MTI pendant que je concevais l’album ne sera pas particulièrement élevé et qu’il faudra que je morde sur ma chique, je savais, de mon côté, que ça sera un revenu en plus et que jamais, auparavant, je n’aurais reçu autant d’argent. Et puis, je pouvais concilier deux métiers, c’était elle qui le disait… Même si… Ben, je n’avais pas spécialement besoin de son autorisation pour ça. Mon travail n’avait rien d’officiel et, donc, oui, je pouvais concilier les deux. En fait, je n’avais pas le choix de concilier les deux. Evidemment, ça poussa Samantha à la curiosité et quand elle demanda ce que je faisais dans la vie, j’esquissai un sourire.

-Barman. Au Stryge. Je n’étais pas de service, hier, mais c’est là que je travaille.

Je ne mentais pas. Je faisais, parfois, des heures comme barman au Stryge Bar. Mais je ne pouvais pas décemment lui dire que je dealais pour les Los Diablos…

Elle parla, ensuite, de royalties et du matériel que je disposais chez moi. Je lui en fis l’inventaire avant de blaguer un peu sur ma démo qui, visiblement, n’avait pas eu tant de succès à cause de la qualité de l’enregistrement que j’avais fait avec les moyens du bord. Samantha déclara que le temps des enregistrements maison été révolu et que j’aurais tout ce qu’il me faudra au studio. Je rigolai un peu.

-J’apporterais mes instruments. Pas que je doute de la qualité du matériel de chez MTI mais je les aime bien et j’ai bossé pour me les payer.

Et j’avais l’habitude de ceux-là, tout simplement. Pour le reste, j’avais hâte de rencontrer les musiciens de sessions. Si j’étais capable de faire pas mal de ligne d’instruments moi-même, je savais qu’en concert, je devrais faire des choix et laisser le reste aux musiciens de sessions.

Restait à choisir la chanson pour le single et, là, je décidai que celle de la démo était le meilleur choix parce qu’elle plaisait beaucoup au public du Stryge. Samantha était heureuse d’apprendre que mon choix se porta là-dessus pour une raison d’ego. Je rigolai. Elle ne manque pas d’ego mais je suppose qu’il en faut pour sortir avec Daniele Ricci.

-Alors ça sera celle-là. Je ne vais pas vous gâcher le plaisir de fanfaronner.

Après ça, Samantha me bombarda encore d’informations si bien que quand elle demanda si j’étais prêt à démarrer ma carrière, j’eus un léger moment où je ne dis rien… Mon cerveau n’en pouvait plus… Il avait bien trop donné depuis hier. Mais je déclarai, finalement, être prêt non sans demander si j’aurais le temps de dormir… Sur le ton de l’humour bien sûr parce que je savais que je n’allais plus dormir avant longtemps, c’était clair. Ce que confirma Samantha sur un ton sérieux… Avant qu’elle n’éclate de rire. Oui… J’ai bien cru qu’elle était sérieuse pendant trois secondes mais il n’en était rien et je rigolai.

-De toute façon, je n’aime pas dormir alors, ça tombe bien.

Si, j’aimais dormir… Je n’avais juste pas souvent l’occasion de vraiment le faire. C’était rare quand je dormais 8h d’affilées.

Mais bon, toutes ses informations m’avaient, finalement, décourager de lire le contrat… Du coup, Samantha déclara que je pouvais signer tout de suite, si j’en avais envie.

-Oui, je crois que c’est ce que je vais faire.

Et je le fis… Enfin, ça nous pris pas mal de temps parce que Samantha m’expliqua le contenu de chaque page. Je n’arrivais pas à retenir toutes les informations… Il y en avait beaucoup trop alors je ne faisais, en général, qu’approuver et signer partout où elle voulait que je signe.

Après ça, j’irais dormir, je pense…

Mais Samantha n’en avait pas fini. Elle disait qu’elle s’engageait à être au maximum disponible pour moi. Je souris.

-J’ai confiance en vous, de toute façon.

J’avais réellement confiance ? Oui. Je pense qu’elle était sincère dans ce qu’elle disait. J’avais un bon feeling, donc, que demander de plus ? Puis, c’est pas comme si j’avais cinquante managers qui avaient frappé à ma porte… Non, il n’y avait eu qu’elle.

Samantha déclara que je pourrais entrer en studio demain ce qui m’arracha un large sourire.

-C’est parfait !

J’avais hâte de découvrir les studios et Samantha parti quelques instants du bureau pour aller voir si un roadie était disponible demain pour me faire visiter. Quand elle revint, ce fut pour me dire que Makenzie Stone était disponible.

Kenzie ?

J’esquissai un sourire.

-Kenzie Stone ? Ça risque d’être drôle comme visite alors.

Je connaissais assez bien Makenzie. C’était la petite sœur d’Howard Stone, le batteur de The Burning Fire. Je la connais bien parce qu’elle trainait dans l’Eastside et, aussi, dans les mêmes bars que moi. Elle savait faire la fête et avait une sacrée descente. Je crois que c’est par L.A.People que j’ai appris qu’elle sortait avec Jerry The Kid. Bref, la revoir ne pourra que me faire plaisir.

On était au bout du rendez-vous et Samantha voulait, maintenant, qu’on se tutoie. Je lui souris et serrai sa main.

-Ça me va. Je ferais au mieux pour que tu ne sois pas déçue.

Je lui fis un clin d’œil et, après avoir achevé de tout signer, je pris congé de Samantha… Il fallait que j’aille me reposer un peu avant ce soir… Il faudra que je discute avec Alonso de comment m’arranger avec tout ça mais j’étais certain qu’on trouvera un moyen de tout concilier. J’allais faire tout pour, dans tous les cas.

@ Billy Lighter