Une fois de temps en temps, s’organisait chez MTI une soirée pour les roadies.  Ce n’était pas l’initiative de la maison de disque en elle-même mais elle permettait qu’on se réunisse dans la grande salle des studios. C’était cool, et ça nous donnait l’occasion de se voir en dehors du cadre du travail…au travail… Enfin, bref ! L’important c’était de se passer du bon temps tous ensemble, d’apprendre à mieux se connaître, rigoler, partager des anecdotes vécu avec les perles de MTI.  De ça, il n’en manquait pas surtout avec des vedettes comme Howard Stone et sa femme Lola. Et puis moi, je suis relativement nouvelle et j’ai été rapidement promue garde du corps de David McAvoy donc je ne voyais plus si souvent que ça mes collègues et certains me manquais.

Bref, ce soir, c’était soirée des roadies. J’avais renoncé à une nuit de poker pour répondre à l’appel, j’ai le sens des priorités, quand même ! Et puis il y avait une autre nuit de prévu la semaine prochaine alors…

J’étais arrivée en pleine milieu de soirée parce que je m’étais levé vraiment tôt pour aller courir, jusqu’à la salle de sport où je me suis ensuite entraînée pendant trois bonnes heures, très intensivement avant de rentrer chez moi, de faire tout ce que j’avais prévu de faire en ce magnifique samedi de congé et, quand il fut l’heure de me réparer pour sortir, je me suis bêtement endormis dans mon divan pour me réveiller en panique parce que j’avais peur d’avoir complètement raté la fête.  Ce n’était pas le cas, j’avais encore le temps de sauter dans un jean et de me rendre au studio de MTI.

L’ambiance était déjà bien en place, pas étonnant vu l’heure ! Il y avait beaucoup de monde aussi, la majorité était même en compagnie de leur chéri(e). Mais moi, éternelle célibataire, je me présentais toute seule et c’était bien parfait ainsi. Je passais parmi les gens jusqu’à arrivé près d’un immense baril de bière et j’attrapais un gobelet en plastique pour m’en servir un verre que je callais de moitié d’une traite.

- Wow ! Bel descente, Collins !

- Merci Chris !

Je discutais un moment avec lui, c’était bien de revoir des visages familiers. J’avais passé quand même beaucoup de temps avec David pour établir une belle base afin qu’il se sente au maximum à l’aise en ma compagnie ce qui voulait dire que je n’avais pas traîné depuis un moment ici, avec mes anciens collègues.

- Hey, Ohr ?! C’est vrai la rumeur qui dit que tu as fichu une trempe à Ward Fleming ?

Il y avait des amateurs des combats de boxes du samedi soir ici, de toute évidence. Et après avoir vaincu la brute, je m’étais un peu renseigné parce que ça semblait à la fois impressionner et effrayer tout le monde. Et ce que j’avais appris ne m’avais pas rassuré plus que ça seulement, je refusais de m’empêcher de vivre. Je n’allais pas rester cloîtré parce que Monsieur avait pêché d’assurance.

- Ouais, c’est vrai mais tu sais quoi ? Je préfère ne pas trop le crier sur les toits !

Sinon c’est moi qui allais avoir besoin d’un garde du corps !

Mon verre était vide alors je fis le remplissage à nouveau et je me dirigeais vers  Kyle Glen qui discutaient avec un autre roadie, Abel Hudson.  Je ne le connaissais que de vu mais je n’avais jamais eu l’occasion de lui parler.

- Hey, ça va pour vous, les mecs ?

Je leur fis la bise amicale avant de me présenter officiellement à Abel.

- Moi c’est Collins, et toi, c’est Abel, je me trompe ?

@ Billy Lighter

J’adorais ces soirées organisées par les roadies de MTI. Une soirée où les stars, c’était nous et personne d’autre… Parce qu’autrement, on en faisait de ces fêtes en tournée ! La musique était bonne, on passait du Fireworks… Heureusement que les patrons n’étaient pas là, ça leur aurait donné de l’urticaire d’entendre un groupe de chez BSC diffusé dans une fête de chez MTI.

Je discutais avec Kyle Glen, une bière à la main… Le pauvre me racontait ses derniers déboires amoureux. C’était un coureur de jupons, mais un coureur de jupons qui tombait amoureux à tous les coups… Jusqu’à ce qu’il tombe amoureux d’une autre fille en sortant toujours avec la première, se faisais prendre la main dans le sac et puis n’avais plus qu’à pleurer son amour disparu.

-Ouais mais tu sais, il faut en laisser un peu pour les autre aussi, Kyle.

Je m’écartai un peu quand dans notre duo s’incrusta une troisième personne… Que je remerciais grandement intérieurement pour avoir dévié la conversation… Je n’étais pas psy conjugal, j’allais avoir du mal à consoler Kyle, si toutefois il y avait quelque chose à consoler.

Il s’agissait d’un petit bout de femme… Enfin, c’était surtout moi qui était grand parce qu’elle n’était pas si petite que ça. De long cheveux ondulés blond, un corps bien taillé, musclé… Un corps que j’aurais bien caressé et je ne doutais pas que Kyle aussi.

-Ouais, ça roule et toi…

Il me fallut un bout de temps pour revenir sur son prénom alors qu’elle, elle me sortit le mien directement.

-Ah ouais voilà, c’est ça, Collins… Pardon, je ne revenais plus sur ton prénom. Il parait que tu fait de la boxe… Et que tu es la garde du corps de David McAvoy…

Je fis signe qu’on lui serve une bière avant de continuer.

-Alors, c’est comment avec David ? Moi, j’ai du le surveiller une heure et c’était très… Bizarre… Il a écrit une chanson sur le temps que j’étais là sauf qu’il ne l’a pas vraiment écrite… Il l’a plutôt dessinée.

Je lui souris.

-En tout cas, tu as choisi la bonne maison de disque… Jamais ils ne t’auraient acceptée comme garde du corps de l’autre côté… Au mieux, tu aurais fini secrétaire, pas vrai Kyle.

Kyle hocha la tête avant de nous laisser tranquille pour aller alpaguer quelqu’un d’autre pour raconter ses déboires amoureux.

-J’espère que tu te plait ici, parmi nous, Collins.

@ Billy Lighter

Je m’étais approché de Kyle qui discutait avec un roadies dont je ne connais que le nom. En même temps, nous avions tous notre champ d’expertise et nombreux à travailler ici, il était normal de ne pas tous se connaitre comme des amis de longues dates.  Je me présentais en lui souriant après leur avoir demandé à tous les deux comment les choses allaient pour eux.

- Oui, Collins. T’en fait pas, nous n’avons jamais été présentés… oh  mais toi tu es bien renseigné !

C’était une taquinerie.

Une fille garde du corps, qui fait de la boxe, il y en a pas des tas et même si j’avais fait mes preuves, on continuait de soulever le doute sur mes capacités. Cependant, et bien malgré moi, je pouvais compter sur les échos de mon combat contre Fleming qui commençait à dater déjà, pour qu’on me prenne plus au sérieux. De toute façon, j’avais l’habitude de ce genre de chose et puis l’important, c’était que mes patrons eux, soient satisfait de mon travail.

Abel aussi avait passé du temps avec David. Une toute petite heure pendant laquelle David avait dessiné une chanson et qui avait laissé un souvenir étrange à Abel.

- David est… surprenant c’est certains. Jusqu’ici tout va bien, il n’est pas compliqué à suivre et nous avons une belle entente.

J’avais dit jusqu’ici parce que je vis dans le moment présent et que je ne sais pas de quoi sera fait demain, je ne peux donc prétendre de rien, cependant, je ne voyais pas comment les choses pourraient drastiquement changer entre le claviériste et moi.

Abel me fis remarquer que j’avais choisit la bonne maison de disque parce que jamais ma candidature n’aurait été validé chez BSC. Je roulais des yeux avant de rigoler parce que ça me rappelais l’entretiens que j’avais eu avec Jack Perry, le manager de Fireworks, le second groupe de David.

- Oh, je sais ! J’ai rencontré Jack Perry chez BSC et il m’a dit que je ne serai fort probablement pas rémunéré par BSC quand j’accompagnerai David s’il devait faire une promotion pour Fireworks, par exemple !  De toute façon, MTI me paie pour être avec David peu importe ce qu’il fait, où il va alors je n’ai pas besoin d’une double rémunération et je ne veux surtout pas avoir l’impression que BSC me fait une faveur.

Kyle s’esclaffa à la remarque d’Abel comme quoi j’aurais pu finir secrétaire chez BSC puis il s’en alla, probablement pour tenter de trouver son coup du soir ou une bière fraîche, ou les deux.

- J’adore ça, même si en fait, je ne viens plus si souvent ici parce que mon job c’est d’être avec David. Tout le monde a été sympa dès le début.

L’ambiance était comme ce soir : festive et en toute simplicité. Je n’avais pas eu l’impression de bosser, quand je travaillais ici, avant d’être la bodyguard de David McAvoy.

- Et toi ?  Tu travail ici depuis longtemps ? C’est dommage quand même qu’on n’ait pas eu le temps de se voir plus que ça avant ma nouvelle affectation.

@ Billy Lighter

Je ris et rougis quand elle dit que j’étais bien renseigné… Je regardai autour de nous.

-Tout le monde ne parle plus que de toi et de ta victoire face à un certain Ward… Comment je pouvais passer à côté ?

Je fis signe au tenancier du comptoir de nous mettre deux bières qui arrivèrent assez vite. Je lui racontai alors ma mini aventure avec David McAvoy, la fois où Howard me l’avait laissé le temps qu’il aille faire je ne sais plus quoi. Une rencontre bien étrange qui m’avait laissé perplexe. Mais la chanson qui en avait débouché était magnifique.

Elle, elle le trouvait surprenant mais jusqu’ici, mais que tout allait bien qu’il n’était pas difficile à suivre.

-Tant qu’il prend ses médocs, il est presque normal… C’est quand il les oublie que ça part en vrille d’après ce que je sais. Mais je suis content que ça fonctionne bien entre toi et lui.

Ça ne m’étonnait pas qu’une fille comme elle soit chez MTI, jamais on ne l’aurait engagée chez BSC. Mais je ne lui apprenais rien, elle avait déjà eu contact avec Jack Perry qui lui avait bien fait comprendre qu’elle ne serait pas rémunérée pour ses prestations quand elle accompagnerait David chez BSC, si elle le faisait.  

Mais elle s’en foutait et même elle ne voulait pas qu’on pense que BSC lui faisait une faveur.

-A ton engagement chez MTI alors !

Je pris ma bière et en bu un longue lampée bien fraîche.

Elle trouvait tout le monde très sympa depuis le début. Et ça me fit sourire.

-C’est vrai, tout le monde est bienveillant. Je ne sais pas si tu as déjà rencontré Delfino ? Il est génial.

Je repris une gorgée de bière, écoutant sa question. Elle voulait savoir depuis combien de temps je travaillais chez MTI.

-Oh ça fait… 6 ans, je dirais. Les années passent vite et je n’ai pas pris la peine de calculer, mais 6 ans ça doit être plus ou moins la tape.

Je lui souris.

-Et ce n’est pas dommage… On se rencontre maintenant, mieux vaut tard que jamais… Je travaille au montage démontage des scènes et quand il n’y a pas de tournée ou de concert prévu, je fais l’entretien du matériel. Si tu me cherche, c’est dans les réserves qu’il faut venir chercher.

Je la regardai dans les yeux.

-Mais toi tu dois être souvent en extérieur ou chez David McAvoy. Vu sa condition, je suppose que tu dois le protéger autant de lui-même que du monde extérieur…

@ Billy Lighter

Je fus surprise qu’Abel puisse en savoir autant sur moi, mais il n’avait pas tord en disant que tout le monde ici ne parlait que de ma victoire sur Ward. Je ne voulais pas me prendre la grosse tête avec cette histoire, ça ne me ressemblais pas non plus de faire de la vantardise mais je ne pouvais pas nier que ça me faisais un petit velours au cœur.

- Selon un ami, ce type est un vrai malade et qu’il aura du mal à digérer sa défaite contre moi. Du coup, je suis beaucoup plus prudente, surtout quand je vais à la salle d’entraînement.

Tout compte fait, ça pouvait sonner un peu prétentieux, valait mieux changer de sujet ce que fit Abel en parlant de ma nouvelle affectation auprès de David McAvoy et du moment qu’il avait partagé avec lui. Je suis consciente de la situation particulière de David, peut-être est-ce simplement que j’ai toujours eu la chance jusqu’à maintenant de le voir en ses bons jours mais je n’ai rencontrés aucune difficulté. Je ne savais pas, cependant, comment interpréter le presque normal qu’avait utilisé Abel pour parler de David. Peut-être était-ce que je prenais déjà très à cœur mon travail auprès du claviériste mais je ne le voyais pas différent d’un autre humain parce qu’à la base, nous avons tous un truc qui peut faire dire de nous que nous sommes différents. Nos propres caractéristiques, plus prononcées pour certains, plus subtile pour d’autres. Mais il est vrai aussi que pour David, c’est malheureusement comme une étiquette qu’il aura toute sa vie apposé sur le front comme la lettre écarlate sur la poitrine d’une femme adultère.

Nos verres étaient a nouveau plein grâce à Abel et à la vitesse ou je vidais le miens, j’allais vite commencer à déblatérer n’importe quoi, à force ! J’espérais ne pas me mettre les pieds dans la bouche… ce serait gênant !

- J’ai noté ses heures de prise de médicament dans un calepin, je les ai apprises par cœur tant et si bien que même quand je ne suis pas avec lui, je surveille l’heure sur ma montre !, dis-je hilare.

Abel se disait content que tout aille bien entre moi et David et je l’en remerciais d’un sourire. Il pourrait venir nous faire coucou un jour que j’accompagnerai David en studio, pourquoi pas. Ce serait chouette, peut-être que David apprécierait.

Ensuite, nous trinquons à mon nouvel engagement, je crois que c’était la première fois que je célébrais la chose, étonnant puisque j’ai toujours rêver d’avoir un poste comme celui-là. C’est super de le faire ce soir, avec quelqu’un comme Abel et pas que, tout le monde ici a toujours été sympa avec moi. MTI possède une belle équipe de roadies, de quoi être fière !

- Je le connais mais de vue. Je l’ai croisé, on me l’a présenté mais sans plus. Il est ici ce soir ?

Je sais qu’il est très apprécié de ses collègues, je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de discuter avec lui encore.  Abel, lui, travail ici depuis environ 6 ans alors forcément, il connait plus les gens qui travaillent ici que moi.

- Ce n’est pas rien, 6 ans. Tu as pu prendre part à plusieurs concerts, certainement. Des tournées, même ?

Ça m’intéressait, son travail, ce qu’il avait vécu comme expérience jusqu’ici et il faut dire qu’il avait une très belle voix, agréable à entendre.  Je trouvais dommage de faire sa rencontre que maintenant mais comme il le disait, mieux valait maintenant que jamais.

- Effectivement ! J’irai faire un tour dans les réserves alors, puisque c’est là que je risque de te trouver.

Cette conversation prenait légèrement des teintes de flirt, il n’y avait rien de mal là dedans, après tout, nous étions dans un contexte festif, avec de l’alcool. C’était l’occasion de se reprendre, de faire plus ample connaissance et de ne pas trop penser au boulot même si en fait, notre conversation tourne expressément autour de cela, ce qui est tout a fait normal puisque c’est notre point en commun le plus évident.

- Oui, je l’accompagne dans ses déplacement, je reste avec lui s’il en éprouve le besoin, chez lui ou ici c’est en gros ce que je dois faire.

Je ne flânais plus vraiment dans les couloirs et réserves de MTI, je ne prenais plus ma pause dans la salle de repos des roadies mais ça ne changeait rien au fait que je faisais partie des leurs.

- En tous les cas, j’ai hâte de voir ce qui m’attend dans le détour. Si The Burning Fire va faire une tournée ou des concerts  ou de la promotion. J’ai besoin d’être active, de bouger, j’aime relever des défis, me sentir au cœur de l’action.

Rester à bavarder avec David, c’est bien aussi, mais ce serait génial de le faire en joggant, par exemple. J’allais attendre de voir comment les choses allaient évoluer entre lui et moi et qui sait si je pourrai lui proposer des activités en ce genre, un jour.

- Tu fais quoi, comme passe-temps en dehors de ton travail ?

@ Billy Lighter

-Waw… C’est à ce point-là…

J’étais sidéré d’entendre Collins dire qu’elle allait faire attention avant de retourner à la salle d’entraînement juste parce que ce Ward en question pouvait lui en vouloir. Mais de là à carrément lui vouloir du mal, c’était un peu exagéré, non ?

-Il a perdu, il n’a qu’à prendre sa revanche sur le ring… Avec toutes les règles qu’il y a avec.

Oui, des règles qui l’empêcheraient d’aller trop loin.

Mais je changeai de sujet de conversation pour parler de son protégé, David McAvoy. Et il fallait croire que la jeune femme était très impliquée et très organisée dans son travail. Elle avait compris qu’elle n’était pas qu’une simple garde du corps et qu’elle passerait plus de temps à s’occuper de David que de fans en délire.

Je ris avec elle quand elle dit que même quand elle n’était pas avec David, elle regardait sa montre pour ne pas louper l’heure de la prise de ses médicaments.

-Tu es une garde du corps admirable.

Je pris une bonne gorgée de bière avant de parler de Delfino qu’elle n’avait pas non plus eu l’occasion de croiser. Elle demanda s’il était ici ce soir.

-Je ne l’ai pas encore vu, en tout cas…

Et ça me faisait un peu peur. Parce que j’avais peur qu’il retombe dans ses travers de dealer.

Quand je lui dis que ça faisait 6 ans que je travaillais ici, elle estima que ce n’était pas rien… Et en effet, elle avait raison. Je souris.

-Je suis parti avec The Lightening et The Burning Fire jusqu’à maintenant. J’ai vu des pays que je n’aurais pas pu voir autrement. Tu verras, c’est génial.

Sauf que la prochaine tournée ne sera sûrement pas une de The Burning Fire, mais de Fireworks…

-Dis-moi, si c’est Fireworks qui part en tournée, tu vas avec eux ? Vu que c’est de chez BSC…

A moins que David n’aie son propre garde du corps du côté de chez BSC…

Puis, on parla de ce que je faisais quand il n’y avait pas de tournée… Et je souris et rougis un peu quand elle dis qu’elle viendrait y faire un tour.

-Ce sera avec plaisir.

On en revint à David, très brièvement, avant qu’elle ne me demande mon passe-temps en dehors du travail.

-Je répare des voiture… Dans le garage du vieux Robson, dans l’Eastside. J’adore la belle mécanique.

Je nous resservis des bières.

-Et toi, à quoi tu passes ton temps en dehors du travail ?

@ Billy Lighter

Ça sembla surprendre Abe quand je lui racontais que je devrai me montrer prudente si je retournais traîner à la salle de sport parce que Ward, contre qui j’avais gagné, était du genre un eu trop mauvais perdant et qu’il pourrait avoir en tête de se venger.  Je haussais des épaules quand il ajouta que tout ce qu’il avait à faire, serait de prendre sa revanche sur le ring.

- De ce qu’on m’a laissé comprendre, il n’est pas du genre à se soucier des règles.  Mais bon, je ne vais pas cesser de vivre à cause de lui non plus.

Juste être un rien plus prudente pendant un certains temps et il allait certainement m’oublier, à moins qu’il ne soit réellement obsédé par sa défaite et qu’il n’en dorme plus là nuit. Je ne devais pas être sa première défaite… sauf qu’en fait, ce n’est pas tant le fait d’avoir perdu, mais d’avoir perdu contre une femme. Je connais bien des hommes qui auraient de la difficulté à digérer ça !

Je préférais mettre ce combat de côté et parler de choses beaucoup plus agréable, comme de mon affectation auprès de David McAvoy.  Je trouvais facile, pour le moment du moins, de m’occuper de lui parce que nous étions entrain d’établir une relation amical plutôt que froide et strictement professionnel. J’aimais mieux mon approche, et puis c’est un mec épatant qui gagne à être connu.

- Merci, c’est gentil !

Ça me fit rougir un petit peu, le compliment d’Abel car je ne pensais pas avoir vraiment de mérite dans ce que je faisais. Je m’impliquais beaucoup, certes, mais David, au risque de me répéter, est quelqu’un de vraiment sympathique et d’agréable à côtoyer. J’imagine que je serais tout aussi dévoué avec une autre personne avec qui j’aurais moins d’affinité mais sans cette même gaieté.

Abel comptait 6 années à bord du bateau MTI, je trouvais ça super pour lui, c’était quand même signe qu’il se plaisait sinon, il ferait autre chose pour gagner sa vie. En plus, il avait eu la chance de partir avec The Lightening et The Burning Fire et de ça, je le jalousais ! Je voulais voir du pays moi aussi, même si de le faire pour son travail était différent qu’un voyage d’agrément. Ça demeurait tout de même  un voyage, pas vrai ?

- Oh ! Et bien, si je vais quand même partir avec eux mais BSC ne paiera pas un cenne pour moi.  J’ai droit à un certain montant de MTI parce que David est aussi chez eux alors… il faudra juste que je calcul bien mes trucs parce que j’aurai le strict minimum.

Jack Perry avait avancé la possibilité de me passer un peu d’argent sous la table, parce que lui aussi savait très bien que jamais il ne réussirait à faire avaler à son patron de me verser un salaire. Nous verrons à ce moment, comment les choses se présenteront. Il y avait toujours moyen de trouver une solution.

Je ne traînais plus beaucoup dans les corridors de MTI maintenant que je passais le plus clair de mon temps avec David alors, je promis a Abel que je viendrais certainement lui faire un petit coucou, un de ces 4, pourquoi pas.  Mais en dehors de MTI, j’étais curieuse de savoir ce qu’il aimait faire de ses dix doigts.

- Ah oui ? Je connais l’endroit. Enfin, pas personnellement mais je sais où est ce garage. Technicien de scène, préposé à l’entretien du matériel, garagiste, tu es très habile de tes mains, donc !

Je pris une gorgée de ma bière parce que, sans le vouloir, ma phrase avait une connotation un petit peu… grivoise ou était-ce simplement moi qui y avais vu un double sens alors que je n’en avais nullement l’intention.

- Le poker ! Je peux passer des nuits à une table à jouer des cartes. Je suis très douée à ça, ce n’est pas commun, non plus. Sinon, l’entrainement physique, boxé, j’aime passer mon énergie comme ça, entre autre chose.

Il y avait un petit moment que je n’avais pas prit par à une table de poker, d’ailleurs, et ça me manquais mais j’avais été accaparée par tellement de chose que même si je l’avais voulu, je n’en aurais jamais trouvé le temps.

Je cognais mon verre avec celui d’Abel et en prit une longue gorgée. Elle était bonne, elle était fraiche.

On entendait Shadow de Fireworks jouer et je ne donnais pas vraiment le choix  à Abel de m’accompagner pour danser. J’avais envie de bouger un peu, j’étais certaine qu’il savait enflammer le plancher de danse à sa façon, je ne sais pas pourquoi, peut-être à cause de ce je ne sais quoi qui brillait dans son regard mais à peine avions nous rejoins les autres qui dansaient que la chanson changea pour I’ll Be There, du même groupe. C’était un rien embarrassant mais je lui tendis tout de même la même.

- Tu me fais danser ?

@ Billy Lighter

Nous faisions tout doucement connaissance, Collins et moi. En commençant par ce match qu’elle avait gagné. Je ne connaissais pas ce Ward mais il semblait être un adversaire redoutable d’après ce que j’en entendais autour de moi.

Je la félicitai donc pour cette victoire, mais elle devait désormais rester prudente. Je souris quand elle dit qu’elle n’allait pas cesser de vivre pour ça.

-Tu as raison mais… Fait attention quand même…

Et encore, je n’avais aucune idée que les matches auxquels Collins avait participé étaient illégaux. Et se déroulaient dans un bouge de South L.A.

On changea de conversation pour passer à David McAvoy avec qui elle semblait forger un lien fort et amical plus que professionnel. J’étais content pour elle. Et elle rougit quand je la complimentai.

Puis on parla tournée et la prochaine verrai sans doute McAvoy partir pour le compte de BSC. Sauf que la jeune femme ne gagnerait rien à rester auprès de David pendant une telle tournée.

-Alors… Tu y vas vraiment pour David ? Ou parce que tu y es obligée ?

J’imaginais bien que BSC n’allait pas obliger à embarquer avec eux quelqu’un qu’ils ne payeraient pas. Mais c’était tout bénéfice pour eux si Collins tenait tout de même à les accompagner.

-Tu es courageuse, si tu y vas sans rémunération.

Bien que là-bas, elle serait nourrie, logée, blanchie.

-Peut-être qu’ils changeront d’avis à la longue, s’ils voient que tu fais du beau travail.

Elle demanda ensuite ce que je savais faire d’autre de mes dix doigts et je lui parlai du garage.. Elle connaissait l’endroit et je souris. En rougissant un peu parce que la façon dont elle avait dit que j’étais habile de mes mains était un peu grivoise…

Puis, je rigolai en la voyant rougir aussi…

Je lui renvoyai sa question… Et elle, son passe-temps, c’était le poker. Je haussai les sourcils, surpris.

-Le poker ! Alors ça, c’est pas commun.

Je souris.

-Tu devrais venir ici le soir… Ou en tournée, les roadies se font des tables de poker. Pas tous, mais quelques-uns. Je te montrerai où aller si tu veux.

C’était Fireworks qui passait depuis tout à l’heure et Collins finit par me tendre la main pour m’inviter à danser. Je glissai ma main dans la sienne.

-D’accord.

Et l’emmenai danser là où déjà, plusieurs autres couples dansaient…

Tu aimes ça aussi, danser ?

C’était presque une question rhétorique, car elle dansait bien… Je l’enlaçai, un peu raide moi-même. J’avais peur de mettre mes mains où il ne fallait pas.

@ Billy Lighter

Ça me faisait comme un petit velours au cœur d’entendre Abel, jusqu’alors un presque inconnu, me demander d’être prudente. C’était bien de pouvoir sentir qu’on puisse être apprécié assez pour qu’on puisse tenir à soi. Cela dit, je préférais nettement là où la conversation se dirigeait, sur mon travail, entre autre chose.

BSC était ferme sur ses positions, je n’avais donc pas à espérer qu’ils rémunèrent mes heures si je devais accompagner David en tournée pour Fireworks, disons.  Cela dit, je suivrai David si la situation l’exigeait.

- J’irais pour lui, sans hésiter.

Ouais, j’y songeais et ouais, la question ne se posait même pas. Là où David devrait aller, j’irais, sauf si ce dernier me disait que je n’avais pas besoin de le suivre mais, je doutais que ça arrive. Loin de moi  l’idée de me prétendre indispensable mais je sentais bien le courant passer entre lui et moi et que ma présence lui apportait un certain réconfort.

Seul le temps nous le dira, cela dit.

Aucune tournée na encore été annoncée pour Fireworks…

- Merci Abel ! Et oui, qui sait ? Nous verrons bien comment les choses se dérouleront.

J’aimais bien discuter avec Abel, et comme il posait des questions, cela me laissais croire qu’il était intéressé à ce que je disais. Je lui retournais la politesse parce que moi aussi je m’intéressais à lui…enfin, dans le sens que j’aimais en apprendre sur les gens. J’appris donc qu’Abel est mécanicien dans ses loisirs ce qui me fit faire la réflexion qu’il était habile de ses mains… Je rougis parce que ma phrase pouvait avoir un tout autre sens et que… ce n’était pas forcément mon intention.

De mon côté, je préférais les jeux de hasards, le poker surtout et ça aussi, ça sembla surprendre Abel.

- Je n’en parle pas très souvent justement parce que ça surprend et qu’en plus, les gens n’ont pas toujours une bonne opinion de ce genre de jeu.

Mes parents, entre autre, bien qu’ils ne jugeaient pas, du moins pas ouvertement.

- Oh ! Pour vrai? Alors je viendrai certainement ! Ça sera intéressant. Tu sais qu’on en apprend beaucoup sur les gens selon leur façon de jouer aux cartes ?

Ce serait bien de pouvoir développer différents liens avec les gens de chez MTI dans un contexte tout à fait différent.

Ensuite,  je demandais à Abel s’il avait envie de danser, ou plutôt s’il avait envie de ME faire danser…  J’ai beau virer de gros gabarits dans leurs shorts, quand vient le temps d’être entreprenante avec un homme, je deviens toute minuscule et fragile.  Mais Abel accepta et je le suivis jusqu’à la piste de danse improvisé et le laissais donner le rythme.

- J’adore danser… quand j’ai un partenaire agréable pour le faire.

C’était le cas avec Abel. Je me laissais guider au rythme de la chanson et de la suivante puis quand le rythme redevient plus rapide, trop pour danser coller l’un contre l’autre, je restais tout de même contre lui a profiter du moment.

@ Billy Lighter

Collins était très attachée à son protégé, preuve en était qu’elle était prête à partir en tournée avec lui et Fireworks sans l’ombre d’une rémunération… J’espérais qu’elle avait de bonnes économies. Mais comme elle disait, elle verrait bien comment les choses se dérouleront.

On faisait connaissance, au fur et à mesure et je lui appris être mécanicien tandis qu’elle m’apprit être une adepte des jeux de cartes, du poker en particulier. Elle disait en parler très peu parce que les gens avaient une mauvaise opinion de ça.

-C’est pas le jeu qui est mauvais, c’est l’excès.

Je ne savais pas si elle avait tendance à jouer à l’excès et ne le lui demandai pas. Par contre, je savais que certains roadies se réunissaient pour jouer aux cartes et le lui appris. Elle me répliqua qu’on en apprenait beaucoup sur quelqu’un à sa façon de jouer aux cartes.

-Ah ouais ? Pour le savoir, il faudrait déjà que je sache jouer. Je n’ai jamais joué au poker… Tout ce que je connais, c’est bataille…

Je haussai les épaules.

-Mais je te crois sur parole.

Le DJ se mis à passer des slows et Collins m’invita à danser… Je rougis encore une fois et glissai ma main dans la sienne pour l’emmener danser. Je n’étais ni bon, ni mauvais… Je me laissais aller au rythme de la musique, la tenant contre moi. Elle sentait bon, et avait la peau douce. Ma joue contre sa joue, on tournait et je finis par oublier de faire attention de ne pas lui marcher sur les pieds… ça se faisait naturellement.

-Tu es une bonne danseuse…

Puis, la musique se fit plus rythmée et je la laissai s’éloigner un rien de moi pour bouger. Puis on se rapprochait à nouveau… Pour danser un bon vieux Rock’n’Roll à deux.

On dansa comme ça un bon moment avant que je ne m’écroule, en sueur et hilare, sur une chaise qui était là. Je proposai alors à Collins.

-Tu veux une bière… Ou je te ramène chez toi ?

@ Billy Lighter

L’échange entre Abel et moi était léger et dépourvu de jugement.  Du fait de ma profession et mes passe-temps plutôt inhabituel pour une femme, j’avais l’habitude des expressions de surprise quand je mouvrais davantage sur moi. Abel, au contraire, s’il pouvait avoir été surprit, n’avait pas passé de commentaires, mais avait plutôt démontré de l’intérêt et m’avait même renseigné sur les parties de poker qui se jouaient ici entre roadies.

Il me fit sourire, et même rire un peu en disant qu’il ne savait pas jouer au poker, mais qu’en revanche, il savait se défendre à la bataille. Il n’y avait rien, ou à peu près rien de stratégique a la bataille.

- Et bien, je serais ravie de faire une bataille avec toi et je t’apprendrai les bases du poker si tu en as envie.

Dis comme ça, ça pouvait avoir l’air comme une proposition de se revoir, en fait, c’en était une, pourquoi pas ? Il n’y avait rien de mal à développer des amitiés.

Puis ce fut sur le plancher de danse qu’on se dirigea, danser sur un rythme lent qui forçait le rapprochement. Il complimenta mes talents de danseuse. Je n’avais pas l’habitude d’une telle proximité avec un homme, enfin sur un plancher de danse. Je n’étais pas la fille a qui l’on songeait en premier pour ce genre d’activité, peut-être justement parce que j’ai toujours été plus du genre à prendre part à une partie de foot ou a une autre activité plus physique.

C’était plaisant, cela dit, de me laisser conduire par Abel, c’était différent d’être menée que de mener.

- Tu es un excellent cavalier… ce doit être pour ça !

Et quand le rythme changea, on se distança pour donner plus de liberté à nos mouvements, jusqu’à ce que l’épuisement nous forces à s’arrêter et qu’on retourne s’assoir sur nos chaises, regarder les braves continuer à se déhancher sur le plancher de danse.

- Je prendrais bien une dernière bière avant de rentrer.

Question de me rafraichir un peu…

C’est moi qui allais chercher nos rafraîchissements et je trinquais à nouveau avec lui avant de vider à moitié mon verre d’une seule et longue gorgée. Puis j’éclatais de rire et passais mon pouce sur le haut de la lèvre d’Abel qui s’était couverte de mousse.

- Tu avais un peu de mousse de bière…

J’avais rougi, certainement autant à cause des effets de la bière que parce qu’Abel, même avec une moustache de houblon, était très séduisant. Mon verre vide, je me levais.

- J’accepte ta proposition de me raccompagner, si elle tient encore.

Je pouvais marcher, je n’habitais pas tellement loin, c’était l’affaire d’une petite balade mais je n’avais pas envie que cette soirée se termine tout de suite. J’étais tenté de pouvoir continuer de parler avec Abel dans un endroit différent, plus calme, plus intime. Il accepterait peut-être de prendre un café, une fois chez moi…

@ Billy Lighter

Je ris quand Collins me dis qu’elle serait ravie de faire une partie de bataille avec moi, mais aussi, de m’apprendre les base du poker… Je lui souris.

-J’en serais ravi aussi… mais il me faudra plusieurs cours… Parce que je suis vraiment un très mauvais menteur.

Puis elle m’invita à danser et c’est ainsi que je me retrouvai sur la piste de danse, à la mener dans un slow langoureux. Et je devais avouer que ce n’était pas désagréable pour le célibataire endurci que j’étais… Son corps chaud contre le mien me donnait des idées bien malgré moi.

Puis les chansons changèrent, devinrent plus rythmées et on prit tout autant de plaisir à danser dessus. J’étais en sueur quand on s’affala de nouveau sur des chaises avant que Collins ne propose une dernière bière avant de rentrer.

-Va pour une dernière bière.

On la vida tous les deux presque d’un trait quand Collins s’approcha de moi, me faisant la regarder d’un air interrogateur et je frissonnai quand elle passa son pouce sur ma lèvre supérieure pour m’enlever la moustache de bière que j’avais.

-Oh… Oh ouais, merci…

J’aurais eu l’air fin avec une moustache de bière le restant de la soirée. Mais il semblait que pour Collins, c’en était assez… Elle avait envie de rentrer… Et que je la raccompagne comme je le lui avais proposé un peu plus tôt. J’eus un sourire jusqu’aux oreilles.

-Bien sûr que la proposition tien toujours !

Je la pris par la main pour la mener gentiment vers la sortie, saluant quelques roadies au passage. Puis, je souris à Collins.

-Viens, je vais te montrer ma voiture.

Même si Collins n’habitait pas loin, il était hors de question que je laisse l’Impala là où elle était. Alors on allait rentrer en voiture. Enfin, j’allais raccompagner Collins en voiture, puis rentrer chez moi en voiture aussi.

-Elle est belle, non ? C’est un souvenir de mon père.

Je suivis ses indications jusqu’à ce qu’on arrive chez elle et là, elle me proposa un café…

-Bien sûr, j’accepte… ça me fera dessaouler un peu avant de reprendre la route… Je ne voudrais pas faire bêtement des bosses à la voiture.

Je montai donc jusqu’à son loft qui était très beau, avec une décoration à la fois simple et recherchée… Pas trop féminin, pas trop masculin… J’aimais beaucoup.

-C’est très beau ici, très cosy…

J’attendis qu’elle me donne l’autorisation de m’asseoir dans le divan en attendant mon café.

-Ça fait longtemps que tu vis ici ?

@ Billy Lighter

Cela me faisait plaisir d’apprendre à Abel les bases du poker et, ce dernier se montrait intéressé bien qu’il lui faudrait peut-être plus d’une leçon.

- Ça veut dire que nous devrons nous revoir plusieurs fois…

L’idée me plaisait, Abel était gentil, du moins c’est ce qu’il dégageait, je ne pensais pas que cela puisse être une fausse impression, même si nous ne parlions que depuis un petit moment, je pensais que ces choses là se sentaient.

Je préférais me fier à mon feeling qui ne fit qu’amplifier alors que nous dansions ensemble, d’abord un slow, puis quelques danses plus rythmées ensuite. C’était vraiment bien de lâcher son fou, je ne dansais pas spécialement bien, pas mal non plus, je ne faisais que bouger mon corps sur ce que j’entendais, le résultat était là.

Abel voulu se reposer, je n’étais pas contre et nous prîmes un autre verre de bière, question de se rafraichir. Elle était bonne, elle se buvait toute seule et bien vite, je me retrouvais avec mon verre vide. J’acceptais alors la proposition d’Abel de me ramener, il n’était pas très tard mais changer d’air me ferait du bien. Il faisait vraiment chaud à l’intérieur et puis c’était aussi pour pouvoir mieux parler avec Abel, sans devoir lever le ton pour bien nous comprendre.

Il me conduisit alors jusqu’au stationnement ou l’attendait sagement sa bagnole, une magnifique Impala qui semblait briller sous les faibles lueurs des lampadaires, comme le carrosse de cendrillon avant minuit.

- Une Impala 1967 ! Elle est… WOW !!

Je n’en avais jamais vu d’aussi bien conservée, on aurait pu croire qu’elle sortait du concessionnaire !  Il disait qu’elle était un souvenir de son père, un leg probablement, alors je comprenais qu’il puisse autant en prendre soin… c’était presque triste de savoir qu’elle ait pu rester au travers des autres voitures, dehors mais bon… le mec qui entrerait sa bagnole dans une fête entre collègue serait légèrement dérangé.

Je pris donc place à l’intérieur de la voiture d’Abel et ne résistais pas à l’envie de passer mes mains sur le volant, sur le cuir du siège, même sur la poignée de la porte. Puis je guidais Abel jusque chez moi et lui proposais de monter prendre un café.

- Ce serait dommage pour ta voiture, effectivement, mais je serais triste s’il t’arrivait un truc.

Abel me suivit donc jusque chez moi, et je me dépêchais d’attraper un peu les trucs qui traînais pour les balancer derrière la première porte de placard que je vis. Ce n’étais pas tant bordélique mais je ne voulais pas non plus qu’il tombe sur les dessous que j’avais lavé plus tôt dans la journée et que je n’avais pas encore plié et rangé. Mon bazar ‘’rangé’’ je me dirigeais vers la cuisine pour remplir la bouilloire et sortir les tasses.

- Merci ! J’ai eu le coup de foudre pour la vue !

Je n’étais pas installée à l’étage le plus haut mais j’avais tout de même une très belle vue. J’aimais bien m’installer sur le divan avec un livre et une tasse de bouillon de poulet, de chocolat chaud ou de café et de temps en temps regarder le coucher du soleil.

Je pointais le divan à Abel pour qu’il puisse s’y assoir, il semblait attendre que je l’y invite, allez savoir pourquoi je trouvais ça mignon. C’est mon divan, pas mon lit, quand même…

- Quelques mois. Et j’ai tout juste fini de déballer mes cartons… je ne suis pas très assidue pour certaine chose comme celle-là. Je me sens pourtant bien ici mais c’est comme si je n’osais pas trop m’installer au début.

Je fis une drôle de tête, parce que je me trouvais moi-même étrange par moment. Mais bon, les cartons étaient tous vide maintenant, c’était ce qui comptait en fin de compte. La bouilloire siffla et je visais de l’eau chaude dans les tasses et les apportais sur un cabaret avec du lait et du sucre pour qu’Abel puisse le préparer à son goût qu’en à moi, je le buvais noir et je m’installais à côté d’Abel, semi tournée vers lui pour ne pas devoir tourner la tête chaque fois que je lui parlais.

- Donc voilà, c’est ici mon petit repaire. Ce qui est bien c’est que je suis plutôt bien prêt de tout ce qui me facilite les déplacements.

Et je n’avais pas besoin de faire de longs trajets et de craindre qu’un fou avide de vengeance me suive à mon insu. Ouais, Amon m’avait un peu transmis le syndrome de la paranoïa avec son Ward Fleming. Mais pas encore assez pour m’empêcher de faire monter un mec que je viens à peine de rencontrer sous prétexte que mon feeling était favorable.

- Donc… tu travail chez MTI, bon danseur, mécano, redoutable adversaire à la bataille, tu dois bien avoir quelques défauts ?

Je n’étais pas vraiment habile pour flirter, si jamais il voulait connaitre les miens !

@ Billy Lighter

J’eus un grand sourire quand Collins affirma qu’on allait pouvoir se revoir plusieurs fois… Je n’avais pas dans l’idée de flirter et pourtant, c’était ce qui semblait se faire naturellement.

-Oh oui, il me faudra bien des dizaines de fois avant de devenir un bon joueur.

Je ris, on dansa, puis vint l’heure de rentrer à la maison. Et quel bonheur de voir Collins s’extasier sur ma voiture. Elle en caressa l’intérieur et ça me mis le frisson.. Comme si c’était moi qu’elle touchait. Ça pouvait paraître étrange mais pour moi, ça ne l’était pas.

Elle me guida jusqu’à chez elle, sur Downtown et me proposa un café que j’acceptai avec plaisir. Je n’étais pas vraiment saoul, mais il était quand même tard et je n’étais pas à l’abri de m’endormir au volant.

J’entrai donc dans l’antre de Collins, un loft plutôt cosy avec une belle vue. Et je ne pus m’empêcher de sourire en la voyant ranger les quelques petits trucs qui traînaient. L’endroit était loin d’être bordélique, elle aurait pu laisser tout ça là que ça ne m’aurait pas dérangé…

J’attendis qu’elle m’invite à m’assoir pour le faire… Puis elle apporta tout ce qu’il fallait pour le café. C’est là que je lui demandai depuis combien de temps elle était à L.A. et il se trouvait que ça faisait déjà quelques mois.

-Quelques mois et je te remarque seulement maintenant ? Je dois avoir de la merde dans les yeux.

Je lui souris en mettant du sucre dans mon café et de touiller avec la cuillère dedans.

-Le principal, c’est que tu t’y sentes bien… Moi, j’étais venu à L.A. dans un but précis, sans penser y rester plus que le temps nécessaire à ce que je voulais faire… Mais la ville m’a séduit tout comme ses habitants.

Je pris une gorgée de café.

-Alors je suis resté… Très bon, ton café.

Collins fit ensuite la liste de mes « qualité »… Et elle se disait bien que je devais avoir quelques défauts. Je rigolai.

-Je travaille trop… C’est mon principal défaut. Je cumule MTI et le garage quand je ne suis pas en tournée avec l’un ou l’autre groupe.

Je souris toujours, portant ma tasse à mes lèvres.

-Et toi ? Garde du corps, pro du poker, bonne voire même très bonne danseuse… Tu dois aussi avoir l’un ou l’autre défaut !

@ Billy Lighter

Il y a de ces soirées qui offrent de belles surprises, des cadeaux de la vie comme je les appels. Ma rencontre ce soir avec Abel en est. Je ne pensais pas en me décidant à prendre part à l’une de ces soirées entre roadies chez MTI faire connaissance avec quelqu’un qui me rejoindrais dans plusieurs choses. Ou est-ce l’inverse ? Abel et moi n’avons pas vraiment les mêmes centres d’intérêt hormis notre employeur mais il semble quand même que cela nous rapproche, quelque part.

Nous avions donc convenu qu’il me conduirait chez moi et une fois devant mon building, je l’invitais à monter prendre un café, c’était ce qu’il fallait faire, non ? Retourner la politesse ? Et puis je n’avais pas spécialement envie de terminer notre soirée si abruptement. Notre conversation était plaisante, j’avais envie de la prolonger, voir où elle nous mènerait.

Le souci, c’est qu’une fois dans mon appartement, je me dépêchais à ranger subtilement, des choses laissées la, à la traîne, rien de bien personnel, mais tout de même, je ne voulais pas non plus tout révéler le premier soir… Mon petit manège ne sembla pas le perturber alors qu’il prenait place sur le divan et que je préparais maintenant notre café tout en répondant à ses questions.

- Je suis discrète… et nous ne fréquentons pas les mêmes endroits, ceci explique cela.

Je me gardais bien d’ajouter qu’il avait de très jolis yeux.  Je le rejoignis sur le divan et lui servi sa tasse, soufflant sur la mienne avant d’en prendre une gorgée. Il s’ouvrit son tour sur les raisons de sa venue a Los Angeles et j’esquissais une petite moue curieuse.

- Puis-je demander quel était ce but précis ? , en espérant ne pas ouvrir une vieille blessure, mais il pouvait refuser de répondre, je ne l’y forçais en rien.

Le café, je savais le faire ! Heureusement parce que j’en buvais tout de même beaucoup, beaucoup trop selon ma mère mais lorsque je m’installe à une table de poker, hors de question de m’endormir et je ne connais aucune autre boisson miracle pour me garder alerte.

Notre conversation prenait légèrement des allures de partie de pingpong alors que j’envoyais une question, qu’il y répondait, m’en envoyait une… c’était agréable comme échange, léger et sans pression et contrairement à une partie de pingpong, il n’y avait pas de problème si l’un de nous laissait passer la balle.

- Se tenir occupé en travaillant ce n’est pas un défaut, en tous les cas, ça en est pas un pour moi.

En fait, cela faisait preuve d’une autre qualité : la vaillance. Abel n’avait pas peur de mettre son cœur à l’ouvrage alors que la flemmardise est si tentante et à la portée de tous.  

Abel, ensuite, repris la même formule pour souligner mes qualités et demander un défaut. Cela me fit un rien rougir, je n’aime pas vraiment parler de moi, je ne sais jamais trop quoi dire, comment le dire, je ne sais pas me vendre, en sommes.

- Et bien… je suis un peu bordélique…, dis-je en éclatant de rire puis reprenant un air un tout petit peu plus sérieux, je crois que je m’investie un petit peu trop dans mon travail, que j’ai tendance à le faire passer avant tout autre chose.

C’est probablement ce qui ressortirais de mes très peu nombreuses et précédentes relations, soyons honnête. Je jouais un peu distraitement avec mon mug avant d’en boire une autre gorgée.

- Ça semble plus facile comme question quand c’est nous qui la posons !

Je me levais pour aller allumer la radio, pas trop fort, pas trop bas, juste assez pour faire un fond sonore et, en me réinstallant sur le divan, je me rendis compte que j’étais peut-être plus près d’Abel que je ne l’étais initialement. Je déposais ma tasse sur la table basse et appuyais ma tête dans ma main dont mon coude était contre l’appuie tête du divan.

- Je reviens un peu sur ce que tu as dit tout à l’heure… c’est effectivement assez étrange que l’on ne se soit pas croisé chez MTI avant. Je n’y suis pas depuis des ans mais depuis que j’y travaille, sauf maintenant que je m’occupe de David, j’étais là tous les jours.

C’était un mystère.

Le mystère MTI.

- Mieux vaut tard que jamais.

Et ma main se déposa sur celle d’Abel, spontanément comme ça et, maintenant qu’elle y était, je n’avais pas envie de la retirer.

@ Billy Lighter

LE café que Collins me servit était très bon… J’en avais rarement bu des comme ça. Elle se disait discrète et que, comme nous ne fréquentions pas les mêmes endroits, que c’était normal qu’on ne se soit jamais rencontrés avant.

-La discrétion est un point fort dans ce que tu fais, j’imagine. Personne ne doit s’attendre à ce que tu réagisses si quelqu’un s’en prend à David. Je trouve ça très malin.

Puis la conversation tourna sur moi et ce que j’étais venu faire à L.A. Et forcément, cela attisa la curiosité de Collins. Mais je ne lui en voulais pas.

Je regardai ma tasse de café, cependant, en répondant.

-J’étais venu ici pour retrouver ma mère qui s’est tirée avec une bande de motard, nous laissant seuls mon père et moi. Mon père ne s’en est jamais remis. Il en est mort. Je suis sûr que c’est le chagrin qui l’a tué.

Je regardai Collins.

-J’étais venu pour dire tout ça à ma mère. Pour lui cracher ça au visage. Mais je ne l’ai jamais trouvée et je suis tombé amoureux de Los Angeles. Alors je suis resté… Et ma rancune s’est comme estompée avant de s’effacer complètement.

Elle me demanda ensuite mes défauts et je lui dis que je travaillais trop…

Elle disait, elle, que ce n’était pas un défaut.

Je souris en coin.

-C’en est un quand c’est au détriment de la vie privée…

Je rigolai…

-A moins d’avoir une petite amie au boulot…

Non, ce n’était pas un appel du pied… Si, c’en était un.

Je lui renvoyai sa question et appris qu’elle était bordélique et avait la même passion que moi pour son travail…

Je rigolai avec elle quand elle dit que c’était plus facile de poser la question que d’y répondre. Elle se leva, alla mettre la radio qui nous donna un bon petit bruit de fond… J’avais reconnu le jingle de L.A.ROCKS…

Quand Collins revins près de moi, elle fut plus près, sa main posée sur la mienne… Et elle revint sur ce que j’avais dit plus tôt, que c’était bizarre qu’on ne se soit jamais croisés. Et sa main restait sur la mienne…

Je la regardai dans les yeux et me laissai partir vers l’avant, hypnotisé… Et je posai mes lèvres délicatement sur les siennes.

-Je ne sais pas comment ça se fait…

J’avais dit ça d’une voix rêveuse…

-Mieux vaut tard que jamais…

@ Billy Lighter

Abel a raison en disant que pour faire mon métier la discrétion est un atout. Effectivement, l’effet surprise y est pour beaucoup. Je ne veux pas qu’on puisse m’anticiper, c’est plus facile, façon de parler quand on ne me voit pas comme une menace sérieuse, parlez-en à Ward Fleming, pour voir ! Il m’a sous-estimé et aujourd’hui, il s’en mord les doigts.  En tous les cas, de la façon dont Abel en parlait, ça me faisait sourire, timidement.

Puis c’est moi ensuite qui se montre curieuse et qui veut savoir ce qui l’a mené à s’installer ici, à Los Angeles. C’est quand même triste de l’entendre me raconter comment son père était mort, probablement pour s’être langui de son amour mais le bon côté des choses, c’est qu’Abel s’était délivré de ce point qui lui pesait et que maintenant, il vivait paisiblement sa vie ici.

- Tu t’es libéré de cette amertume en trouvant ta voie, je trouve ça beau, moi.

Je n’avais jamais vraiment compris pourquoi certaines personnes entretenaient les fantômes du passé, ils deviennent lourds avec le temps, heureusement, Abel n’avait pas continué sur ce chemin, ça se sentait qu’il était en paix avec son passé.

Parler de soi même n’est jamais une chose très facile, en tous les cas en ce qui me concerne, je n’y excelle pas. Parler de mes qualités, de mes défauts, c’est la même galère, je devrais un soir m’installer avec un café et faire une introspection pour sortir mes points forts et mes points faibles et ainsi, à l’avenir, savoir quoi répondre à ce genre de questions.  Abel s’en tirait bien, lui et même, je transformais ses défauts en qualités, je ne voyais pas ce qu’il y avait de mal à travailler beaucoup.

- C’est certains que si ça piétine sur la vie privée…

Bien évidement que je n’avais pas songé à ça, je n’ai personne dans ma vie ! Pour moi, en ce moment, ma vie se résume à ça : ’’boulot, maison, dodo’’ et on répète encore et encore et encore.  

Je me levais alors qu’il disait que, bien sûr, c’est tout autre chose si la petite amie était au boulot, elle aussi.  Y avait-il un sous-entendu? Je suis chez MTI moi aussi, bien que plus vraiment dans MTI dans le sens que je vais là ou David va mais… et pourquoi mon cœur s’emballe comme ça, soudainement ?

Alors je me levais et allais allumer la radio, question de faire un petit fond sonore agréable puis revînt à ma place, sur le divan, mais plus près d’Abel que je ne l’étais, et spontanément, je posais ma main sur la sienne en disant que c’était quand même mieux tard que jamais.

N’est-ce pas ?

Abel se pencha vers moi et m’embrassa, et ma main quitta la sienne pour se poser délicatement sur sa joue, pour appuyer le baiser et mon autre main… resta à l’écart avant de finalement aller sur le bras d’Abel que je devinais quand même assez musclé, sous son chandail.

Je ne saurais dire combien de temps dura ce baiser, ni qui de moi ou d’Abel le brisa mais je m’étais encore rapprocher de lui, ou peut-être était-ce lui, finalement, ce moment pourtant marquant semblait bien plus abstrait maintenant que j’avais récupéré mes lèvres et que je souriais, un peu bêtement et que ma tête trônait au travers des nuages, m’empêchant de trouver quelque chose d’intelligent à dire. C’était le chaos total là-dedans, inutile de chercher, je ne trouverais que du vide. Je me lançais quand même, et puis tant pis, Abel devait être dans le même état que moi…

- Il parait que rien arrive pour rien…

Et ce fut à mon tour, de l’embrasser.

@ Billy Lighter

Collins trouvais ça beau que je me sois libéré de mon amertume en trouvant ma voie. Je lui souris, repris une gorgée de café puis affirmai :

-J’ai eu de la chance.

Puis on parla boulot… ou plutôt, du fait d’avoir trop de boulot… Et que quand ça empiétait sur la vie privée… Et bien… Je ne savais pas quel âge avait Collins mais elle me faisait l’effet d’être plus jeune que moi. Alors peut-être que cette solitude ne la pesait pas encore. Et c’était comme si je venais de lui ouvrir les yeux sur quelque chose qu’elle avait juste devant elle sans le voir.

La conversation devenait de plus en plus personnelle et Collins avait allumé la radio, le temps que je reprenne une gorgée de café… C’était L.A.ROCKS et malheureusement, il était trop tard pour entendre la chronique de Jake Snyder que j’adorais. Là, c’était une chanson d’amour de Lola & Stone qui passait.

Et peut-être que ce fut ça le déclic… ou peut-être juste sa main posée sur la mienne qui me donna le signal, comme une autorisation… Et je me penchai vers elle pour l’embrasser, sans me soucier de savoir si elle allait m’en retourner une… Sans savoir si c’était ce qu’elle attendait.

Puis elle y répondit, alors je me détendis un peu.

Le baiser dura longtemps et fut très bon… Puis, il se brisa, sans qu’on sache qui l’avait brisé. Moi ou elle… Ou peut-être les deux en même temps.

Quand je la regardai dans les yeux, j’y vis toutes les étoiles de la galaxie et ça me fit sourire.

Elle dit que rien n’arrivait pour rien.

-Il parait…

Et ce fut elle qui se souleva cette fois pour m’embrasser à son tour… Et ce fut aussi bon que le premier… Aussi intense… Je caressai sa joue, son épaule, son bras… Mais sans aller plus loin… Chaque chose en son temps et je ne voulais pas les précipiter… D’autant que je ne pensais pas que Collins soit pour moi juste un coup d’un soir…

Quand le baiser se brisa à nouveau, je murmurai :

-Il faut que j’y aille, je me lève tôt demain.

Je me levai et pris ses mains dans les miennes.

-Mais je te promets qu’on se reverra…

Je lâchai ses mains.

-ET merci beaucoup pour le café…

Je l’embrassai encore, mais un baiser chaste cette fois.

-A très bientôt.

@ Billy Lighter