A la première heure, j’avais embarqué tout mon petit monde dans la voiture, direction le City Hall. Il n’avait pas fallu deux minutes avant que Jesse ne se rendorme à l’arrière, sa tête pendant de côté sans que les dos d’âne ne le perturbe le moins du monde.

Brooke avait sur ses genoux tous les documents nécessaires à la finalisation de notre adoption, qui consistait en fait simplement à aller le déclarer comme nous aurions déclaré un nouveau-né. J’espérais qu’un jour, j’allais effectivement aller déclarer un nouveau-né, mais ce ne serait pas pour tout de suite. D’abord, il nous fallait arranger tout ce qui concernait Jesse et en particulier, sa scolarisation…

Jesse avait des lacunes et un grand retard qu’il fallait combler avant de pouvoir le mettre réellement à l’école. Mais le petit était loin d’être bête et Brooke étant une enseignante hors pair, je ne doutais pas qu’il progresserait vite.

Et puis il y avait notre mariage pour lequel nous n’avions pas arrêté de date…

Mais une étape à la fois… J’étais en train de courir avant de savoir marcher, là…

L’adoption de Jesse, c’était là que nous en étions, et tout en conduisant, j’avais glissé ma main sur la cuisse de Brooke, sous les documents, et je lui avais souris brièvement pour ne pas trop quitter la route des yeux.

-Je propose que nous adjoignons notre nom à celui que Jesse porte déjà. Ce n’est pas comme s’il était un bébé qui n’a jamais connu sa mère.

Je regardai Jesse dans le rétroviseur alors qu’il dormait toujours…

-Et comme nous serons mariés bientôt, « Perry » sera ton nom aussi, donc…

J’appuyai ma caresse sur sa cuisse… Le City Hall arrivait en vue et il allait falloir réveiller Jesse en douceur. Je parquai la voiture et regardai dans le rétroviseur en riant.

-Jesse… On est arrivé, bonhomme…

@ Billy Lighter

C’était encore plus beau qu’un conte de fée.

Plus tôt cette semaine, Jack avait reçu les papiers pour l’adoption officielle de Jesse. Inutile de dire que depuis que nous avons les papiers à la maison, je jubile de bonheur. Il ne s’est pas passé une seule journée sans que je les feuillettes, question d’être bien certaine alors qu’il n’y avait aucune méprise possible.

Mais je me connais ! Tant que nous n’aurons pas été au City Hall enregistré le tout, conformément à la loi, je ne pouvais m’en empêcher. Inconsciemment aussi, je nourris une crainte infondée envers mon rôle de mère pour Jesse. Il a connue sa maman, il a des souvenirs avec elle, ce qui est parfait, mais parfois, il m’arrive d’avoir peur qu’il puisse être déçu de moi.

Complètement infondée, je le sais très bien, parce que Jesse semble bien s’adapter à notre petite vie de famille, bien qu’il y ait encore place à l’ajustement pour nous trois. Je pensais que Jack serait plus rigide que moi et je découvre à ma grande surprise que je suis parfois plus stricte, sauf que Jesse sait comment le gagner ! Cela dit, sa dernière visite au studio de BSC nous a légèrement refroidit, Jack et moi. Il faut revoir certain comportement que nous pensions plus ou moins acquis mais qui semble perdre en importance lorsqu’il se trouve en mauvaise compagnie.

Jamais je n’aurais cru un adulte capable d’entrainer un enfant dans des plans douteux, surtout que l’adulte en question est ni plus ni moins que l’idole de Jesse.  Il aura fallu beaucoup de patience et de discussions pour faire comprendre à Jesse qu’il y a un temps et un endroit pour chaque chose et qu’Howard Stone ne devrait être qu’un modèle pour la musique.

Après coup, quand le petit fut au lit,  je m’étais prit un bon fou rire en imaginant le portrait de Jimmy Reed vandalisé. Puis, la main de Jack avait nécessité des soins particuliers qui nous avait prit une bonne partie de la soirée…

Aujourd’hui, donc, nous sommes en route pour le City Hall, les précieux papiers sur mes cuisses et Jesse qui s’est endormi au premier ronronnement du moteur. À l’air qu’affiche Jack, il est clair qu’il est aussi fébrile que moi. Après tout, ce n’est pas tous les jours que nous devenons parents !

- Jesse Stark Perry, ouais ça sonne plutôt bien!

Et puis Jack a tout à fait raison.  Jesse a connu sa maman et que nous devenions ses parents ne change en rien l’identité qu’il possède déjà. Nous lui ajoutons notre nom sans rien lui retirer, je trouve cela très important et respectueux à la mémoire de sa mère.

Je rougis, je le sens, à l’idée que moi aussi je porterai bientôt le nom de famille Perry. Il faudra qu’on songe à préparer notre mariage, parce qu’au travers de tout ce que Jack a eu à faire depuis la fin de la tournée, les cours privés que je donne deux soirs par semaine chez Olivia et Julian, les propres leçons que je révise avec Jesse pour lui donner un certains niveau, nous n’avons pas eu le temps de fixer le concret.

Par là, j’entends la date, l’église, le lieu de la réception, le parfum de la pièce montée, mais ma robe, ma coiffure, les arrangements floraux, les décorations de la salle, mon bouquet et la musique, j’ai déjà tout ça en tête !

- J’ai hâte d’être Madame Jack Perry.

Un pas à la fois, commençons par notre fils que Jack tente de réveiller en l’interpellant.

- Tu sais, ma mère me raconte souvent que, quand j’étais toute petite, je faisais semblant de dormir en voiture pour obliger mon père à me porter dans ses bras…

Je dis ça parce que je crois avoir u les yeux de Jesse bougé sous ses paupières et un léger sourire se dessiner sur ses lèvres. Oh, bien sûr je peux me tromper et possible qu’il dorme pour de vrai mais je sais combien il adore se faire prendre bien qu’il commence à être lourd à porter.

- Jesse, mon trésor ?, dis-je en me retournant et en lui caressant le genou,  Réveil toi, nous sommes arrivé.

Puis je regarde Jack, un sourire moqueur sur les lèvres.

@ Billy Lighter

La vie, c’était faaaatigant…

Moi, j’en pouvais trop plus. Apprendre à écrire c’était dur, puis dessiner sur Monsieur Jimmy c’était mal, puis casser les voitures c’était mal aussi… Maman et Papa m’avaient expliqué tout ça sans crier mais c’était pas toujours trop simple de savoir ce que je pouvais faire ou pas… Moi, avant, je pouvais tout trop faire.

Je pouvais sortir dehors tout seul quand je voulais. Maintenant plus… Je pouvais manger quand je voulais. Maintenant plus… Je pouvais chanter quand je voulais, même la nuit. Maintenant plus…

J’aimais Papa et Maman beaucoup beaucoup mais c’était pas toujours trop facile de tout comprendre.

Puis, il y avait apprendre à écrire et à calculer… Ça aussi c’était dure… Puis, j’aimais pas trop ça. Moi, je voulais faire de la batterie tout le temps au studio. C’était mieux. Moi, j’aurais jamais besoin de faire des calculs… Ecrire si, pour faire des chansons… Oh boh, sauf si Howard le fait pour moi comme il l’a fait. Moi, j’ai trop appris sa chanson par chœur et je vais bientôt la faire au studio. Moi, j’ai rien dit à personne comme j’ai promis à Howard.

Mais aujourd’hui, on va pas aux studios… On doit aller faire de Papa et Maman mes vrais Papa et Maman. Boh oui, c’était pas encore trop fait je crois. Il fallait aller dans un gros bâtiment pour faire des papiers. C’est mes parents qui m’avaient expliqués ça…

Mais moi, je pensais pas qu’on irait si tôt… Alors quand Papa m’avait réveillé, moi, j’étais encore faaatigué. Je me suis quand même habillé… Enfin, Maman m’avait habillé parce que je m’endormais. Boh, c’est trop tôt le matin… Moi, je voulais encore dormir. Pourquoi on y allait si tôt.

Puis, on a mangé et puis quand je suis allé dans la voiture, moi, je me suis tout de suite endormi. Boh moi je dors souvent dans les voitures… Moi, j’arrive pas à rester réveiller dans les voitures.

Mais le voyage dura pas assez longtemps. Juste une seule seconde. Boh oui, j’avais l’impression que ça avait duré juste une seconde. C’est pas trop beaucoup… Je suis encore faaatigué moi…

La voiture bougeait plus mais je voulais pas ouvrir les yeux. Moi, je voulais pas trop marcher et je savais que si je me relevais Papa et Maman allaient me faire marcher.

J’entendis Papa m’appeler… Oh non, je veux encore rouler en voiture… J’ouvris pas les yeux. Moi, je veux faire croire que je dors encore pour qu’on me laisse ici pour dormir.

Puis, je sentis la main de Maman qui disait que je devais me réveiller aussi.

Oh boh… Moi, je veux bien sortir mais en dormant dans les bras de Papa ou Maman… Je gémis un p’tit peu et j’ouvris toujours pas les yeux. Boh, non, je veux pas…

-Jesse est faaatigué…

Oui, je suis faaatgué… J’entrouvris les yeux mais ils se refermèrent tout de suite.

-Moi, je saurais pas marcher… Mes jambes sont toutes toutes lourdes… Moi, je vais tomber si je marche.

Boh, j’ai surtout pas trop envie de marcher.

@ Billy Lighter

Brooke était d’accord pour qu’on combine les deux noms de famille, celui que sa mère lui avait légué et celui qui serait bientôt le nom de femme mariée de Brooke. Et c’était une chose dont je n’étais pas peu fier. Ce n’était pas vraiment comme cela que je m’étais toujours imaginé fonder une famille. Non. C’était encore mieux. Parce que tout ce que nous avions fait jusqu’ici, nous l’avions fait avec le cœur. Brooke avait été un coup de cœur, Jesse également.

Et de voir Brooke rougir me fit sourire alors que de ma main que était sur sa cuisse, je vins lui caresser brièvement la joue. Elle était aussi impatiente que moi et pourtant, nous n’avions encore eu le temps de rien planifier concernant notre mariage. Mais tout viendrait en son temps.

D’abord Jesse… Jesse à qui j’avais tenté d’expliquer, avec l’appui de Brooke qui avait des notions d’éducation plus approfondies de moi de par sa formation d’enseignante, que je n’avais pas voulu effacer son dessin parce que je ne l’aimais pas. Que j’avais voulu l’effacer parce que Monsieur Jimmy était mon patron et que j’allais avoir des ennuis s’il le voyait…

Mais que sur des feuilles, il pouvait faire toutes les caricatures de Monsieur Jimmy et de Ben Masters qu’il voulait.

Bref, on avait tenté de faire de notre mieux, Brooke se chargeant de lui répéter avec d’autres mots que suivre les idées d’Howard, hormis pour la musique, n’était pas forcément une bonne idée.

Mais une fois seuls… Une fois Jesse au lit… Qu’est-ce qu’elle avait ri… Et grâce à elle, les traces de la douleur de Ben Masters sur mon poing n’étaient plus que des fantômes d’égratignures.

Nous étions arrivés assez vite au City Hall. Nous habitions à Downtown après tout… Et le temps était venu de réveiller notre petit blondinet préféré endormi à l’arrière. Bonne chance… Jesse ne réagit pas à mon appel ou alors je ne le vis pas. Et je fis la moue à l’attention de Brooke quand elle m’expliqua qu’enfant, elle faisait semblant pour que son père la porte.

Je sentais que j’allais encore me faire avoir comme un bleu.

Non… Non, je ne cèderai pas…

Brooke, elle, se retourna sur son siège pour secouer gentiment l’enfant qui finit par gémir en disant qu’il était faaaaatigué. Je me mordis la lèvre et regardai devant moi pour ne pas rire. J’adorais la façon dont il avait l’habitude de dire ça.

Non, je ne cèderai pas.

Il me fallait quelque chose dans les mains… Pour ne pas céder…

-Tiens, donne-moi ça.

Je pris les documents sur les genoux de Brooke et ouvris ma portière pour sortir. Voilà, je devais porter les documents donc je ne savais pas porter Jesse… Et si je lui refusais, c’était parce que j’avais les mains prises.

A Brooke de décider si elle le prenait dans ses bras ou pas.

Debout dans le parking à côté de la voiture, j’entendis Jesse protester qu’il avait les jambes lourdes…

-Essaye de marcher, Jesse. Tu vas voir, c’est très beau à l’intérieur.

Et tout en parlant je relisais la page au sommet de tous les documents que nous avions… Cette lettre qui disait que notre procédure d’adoption avait abouti avec succès. Une procédure d’adoption que nous n’avions jamais lancée… Cette lettre mentionnant Jesse Stark et provenant du Los Angeles Orphanage Guild était un faux.

Un faux qui ne pouvait avoir été acquis que par Jimmy Reed, l’homme qui peut tout avoir rien qu’en claquant des doigts.

Et vous savez quoi ? Contrairement à ce que je pensais de moi-même, je n’avais aucun scrupule à présenter, aujourd’hui au City Hall de Los Angeles, un faux, afin de faire d’un orphelin mon fils.

-Allez, Jesse… Si tu marches, on ira manger une glace ensuite, pour fêter notre famille. Qu’est-ce que tu en dis ?

@ Billy Lighter

Jesse est arrivé dans ma vie comme une belle surprise inattendue. Il faut avouer qu’on ne s’attend pas à se faire confier un enfant comme ça sans en avoir été un minimum informé. À la seconde où j’ai posé mes yeux sur lui, je l’ai aimé. J’ai eu envie de le prendre dans mes bras, de le cajoler, de lui donner l’amour que la mère qui sommeil en moi avait.

Aujourd’hui, ce sera officiellement chose faite.

Jack stationne la voiture dans le stationnement du City Hall, les précieux papiers sur mes genoux, et notre petit miracle endormi, du moins c’est ce qu’il voudrait bien que l’on croit, sur la banquette arrière.

Mais en lui flattant un peu le genou, en lui parlant doucement, nous finissons par extirper une phrase, une plainte, un son !  Le pauvre enfant est trop faaatigué pour marcher. Je regarde Jack, un sourire amusée sur mes lèvres. Je le soupçonne de se relever la nuit et de jouer de la batterie imaginaire en frappant sur ses peluches avec ses baguettes.  Pour l’avoir trouvé  au milieu de son lit entouré de ses peluches, baguettes en mains à quelques reprises, ça ne me surprendrais même pas et ça expliquerait pourquoi il est autant faaatigué malgré une bonne nuit de sommeil.

Jack prend les papiers, et ce n’est pas pour rien, et sort de la voiture.

- Bien joué, chéri !

Je détache ma ceinture et sors moi aussi de la voiture pour me placer à côté de Jack qui essai de convaincre Jesse de sortir, en proposant même une glace quand nous en aurons fini avec la paperasse.  Je sais que je ne devrais pas mais je me penche à moitié dans la voiture et presse le loquet de la ceinture de sécurité de Jesse pour ensuite lui passer ses bras autour de mon cou et le sortir de là.

- Tu deviens un petit peu grand pour te faire porter tout le temps, tu sais ?

Pourtant, je le porte quand même et ne peux m’empêcher de lui mitrailler son petit cou de petits bisous pour le chatouiller.  Je sais qu’il adore ça autant que j’aime l’entendre rire.  Puis je reprends mieux mon appuie, m’assurant qu’il porte bien sur ma hanche et  qu’il se tient solidement à moi avant de prendre mon sac laisser sur mon siège et de suivre Jack à l’intérieur de l’édifice.

- Tu crois que tu peux marcher maintenant, Jesse ?

C’est qu’il y a quelques escaliers à monter !

Et puis, je ne sais pas par où nous diriger.  Je m’avance en tenant la main de Jesse dans la mienne et regarde un écriteau fixé au mur devant nous et qui sert à diriger les visiteurs selon les dossiers qu’ils ont.

- Je… heu… Jack? Tu sais par où il faut aller ? Je ne vois pas le… Ah si ! Déclaration des naissances et famille… c’est par là.

J’imagine que ‘’famille’’ c’est un terme généraliste qui inclus les adoptions.
Mon énervement positif augmente en flèche alors que nous nous approchons du bon département. Mon cœur bat plus vite et je dois avoir le sourire le plus immense jamais vu sur le visage !

- C’est ici ! Nous y sommes!

Avant d’entrer dans le bureau, je vérifie si j’ai bien pris mon appareil photo avec moi avant de partir car je compte bien immortaliser le moment ! Notre première photo officielle en tant que famille légale, je ne pouvais pas passer à côté de ça !

@ Billy Lighter

J’entendis Papa sortir de la voiture… Oh boh, il allait sûrement venir me porter. Moi, j’essayais de pas trop sourire. Si je souriais, il voudra plus me porter. Mais je le sentis pas me porter et j’ouvris à moitié les yeux. Oh… Il avait plein de feuilles dans ses bras. Oh… Oh boh, Papa, dépose les feuilles par terre… Tu saurais pas me porter avec les feuilles.

Mais il les déposa pas. Il me demanda d’essayer de marcher. Je refermai les yeux et je gémis. Oh boh, je m’en fous que c’est beau à l’intérieur. Nous, on avait déjà vu trop beaucoup d’endroit beau quand on était avec Livia et Roadtramp. Des grandes grandes scènes. Oh moi, je préférais dormir plutôt que de voir un beau bâtiment. Parce que moi, je suis trop faaatigué.

Papa m’encourageait et disait que si je voulais bien marcher, on ira manger une glace après. Oh… Oh boh, j’hésitais là. Une glace ? A la vanille ? Moi j’aime les glaces à la vanille…

-Oh…

Je venais de dire ça en rouvrant à moitié les yeux. Moi, je voulais bien une glace mais je ne voulais pas marcher… Oh… J’arrivais pas à choisir entre les deux. C’était trop difficile. Oh… Pourquoi on pouvait pas me porter et manger une glace aussi. C’est bon les glaces.

-J’aime les glaces…

Je réfléchissais très fort parce que j’hésitais mais pendant que je réfléchissais, Maman détacha ma ceinture pour me porter. Maman est trop gentille. Plus que Papa aujourd’hui ! J’enfuis ma figure dans son cou fermant à nouveau les yeux. Oh, je vais me rendormir si je fais ça.

Maman disait que je devenais un petit peu grand pour qu’on me porte tout le temps. Je fis une moue triste toujours le visage caché dans son cou.

-Oh boh, je suis petit.

Maman me fit plein de bisou dans le cou et je rigolai un p’tit peu parce que ça chatouillait. J’aimais bien quand Maman faisait ça.

On marcha jusqu’au gros bâtiment. Enfin, Papa et Maman marchaient. Moi pas parce que j’étais faaatigué. Mais quand on entra, Maman voulait plus trop me porter. Je fis une p’tit moue… Puis, je pensais à la glace.

-D’accord mais je pourrais avoir une glace vanille après ? J’aime la vanille…

Maman me déposa par terre et pris ma main et je marchai en trainant un p’tit peu les pieds et en frottant mes yeux de ma main libre. Il y avait des gens dans le bâtiment tout grand et tout beau. Boh c’était beau, oui, mais je préférais les salles de concerts ou les studios où je faisais de la musique. Ici, il y avait beaucoup de gens aussi mais ils avaient l’air tout tout pressé. J’ai même vu une Madame qui ressemblait à Madame June. Elle est vieille Madame June et elle fait tout le temps la tête.

Je baillai tout fort et puis on arriva devant une porte. Maman fouilla dans son sac et je ballai encore tout fort en me frottant encore les yeux.

-On boh elle est pas trop belle cette porte…

Oh boh pourquoi j’ai dit ça tout haut ? Oh boh, c’est vrai qu’elle est pas trop belle. Elle est toute vieille la porte.

Puis, on entra dans le bureau. Il y avait un Monsieur dedans. Oh boh, il était pas trop beau non plus. Oh boh, je vais pas le dire tout haut comme pour la porte. Moi, je devais être poli sinon Papa et Maman allaient pas être contents.

-‘Jour M’sieur…

Oh boh dire les mots en entier c’était trop trop dur quand j’étais faaatigué.

@ Billy Lighter

Jesse ne voulait pas marcher... Je négociai une glace et je vis sur son visage aux yeux mi-clos que son cerveau était en grande réflexion. Dormir ou manger une glace? Mais je n'étais pas beaucoup mieux que mon fils, pour le coup, étant donné que j'avais fait en sorte de refiler la patate chaude à ma compagne... Brooke, elle, ne manqua pas de se pencher dans la voiture pour prendre Jesse et je ne pus m'empêcher de sourire.

Jesse, on ne peut rien lui refuser, et c'était bien ça le problème.

Mais Brooke était plus intelligente que ça. Plus intelligente que moi, en tout cas. Parce qu'une fois à l'intérieur, elle déposa Jesse qui n'eut plus d'autre choix que de se tenir sur ses jambes. C'était un deal 50/50 qui avait plutôt bien fonctionné. Enfin... Jesse rappela alors qu'il y avait une glace en jeu aussi.

-Bien sûr, Jesse... On ne peut pas ne pas fêter ça.

Je ne me rendais pas vraiment compte que pour Jesse, ce que nous étions en train de faire n'avait strictement aucun sens. Pour lui, nous étions ses parents depuis cette plage australienne où nous lui avions proposé de devenir son papa et sa maman.

Dans l'énorme bâtiment, nous ne savions pas trop où aller et je regardais mes documents comme pour y trouver un indice alors que Brooke, elle, repéra le panneau qu'il nous fallait. Je me dirigeai dans cette direction, la laissant me suivre, main dans la main avec Jesse.

Et plus j'avançais, plus mon cœur battait vite et fort. J'avais un peu la trouille que l'employé repère que le document que j'allais lui présenter n'avait rien de légal. Et en même temps, c'était complètement absurde, pas vrai? Quoi que... Je n'en avais aucune idée, c'était la première fois que je pénétrais dans ce département du City Hall.

Mais Jesse eut le don de détendre l'atmosphère en affirmant que la porte était moche. Et c'était pas tout à fait faux. Et ça me fit rire, un peu nerveusement, faut-il l'avouer. Et j'étais revenu à la hauteur de Brooke pour lui prendre la main. Comme pour lui donner le signal.

Pour finalement nous retrouver au guichet, devant l'un des employés. Jesse le salua littéralement à demi-mot et je fis de même, mais avec de vrais mots. Et, après avoir déposé mes documents sur le comptoir, je me penchai pour le porter afin qu'il puisse voir.

-Ma fiancée et moi venons déclarer notre adoption...

Je souris à Brooke avant de faire passer ce papier qui me stressait tant à l'employé, et les autres avec.

Et la réaction du type fut sans équivoque, alors qu'il nous dévisageait, sourcils froncés.

-Vous n'êtes pas mariés?

Je haussai les épaules.

-Pas encore...cela ne saurait tarder... L'adoption a été...

Je pointai le document qu'il avait en main mais n'avait pas encore regardé.

-L'adoption est à mon nom, de toute façon...

Il maugréa en regardant le document avant de réclamer ma carte d'identité...je fouillai dans ma poche pour en sortir mon portefeuille pour le donner ensuite à Brooke.

-Chérie, tu veux bien...donner à ce monsieur ce qu'il demande...? Merci...

L'homme fit un clin d'œil à Brooke alors qu'elle lui donnait ma carte d'identité en la remerciant plus que courtoisement. Et ce fut à mon tour de froncer les sourcils, perplexe.

-Vous êtes vraiment fiancés?

Je fis la moue... En pensant qu'on était fiancés aussi sûrement que Masters avait maintenant quelques points de sutures en pleine figure... Mais laissai à Brooke le soin de répondre d'une façon peut-être un peu plus diplomate.

Et l’autre d’en rajouter une couche.

-Je dis ça parce que beaucoup se font passer pour de faux couples… Afin qu’un des deux puisse adopter…

@ Billy Lighter

Ce que nous venons faire ici a bien plus de signification pour Jack et moi que pour Jesse qui n’a que faire des papiers et des validations juridique. Je sais que c’est un moment ennuyant pour lui mais il ne s’agit que d’une petite heure, peut-être plus, peut-être moins et nous pourrons  dormir sur nos deux oreilles. Enfin, moi surtout parce que je stress énormément a concrétiser cette étape, ayant peur qu’on décèle le stratagème.

Je ne m’en remettrais pas, je crois, si ça devait arriver.

Mon stress est mit de côté, le temps que nous trouvions le bon endroit où nous rendre.  Le City Hall n’est pas un endroit que je fréquente régulièrement et je me sens très vite un peu perdu au travers les couloirs. Heureusement, je repère un écriteau qui indique le département qui nous intéresse et, après l’avoir montré à Jack, c’est là que nous nous dirigeons.

Arrivée devant la porte, Jesse nous fait rigoler en passant un commentaire sur la porte. Je ne pourrais pas lui en être plus reconnaissante car, sans le vouloir, il a détendue l’atmosphère. Jack prit ma main libre et nous entrâmes tous les trois dans le bureau.

Légèrement en retrait, tenant toujours la main de mon fils, je laisse Jack aller en première ligne pour amorcer le processus.  Je fis un petit signe de la main au préposé pour signifié que je suis la fiancée en question, au cas où ça n’aurait pas été assez évident.

Je cru sentir mes genoux fléchir légèrement quand l’employé nota que nous ne sommes pas mariés.  Est-ce que ça peu retarder ? Non, bien sûr que non, puisque le papier officiel a déjà été émit et qu’aujourd’hui n’est que formalités.  Je pris le portefeuille de Jack quand il me le tendit et en sortit son permis de conduire afin de valider son identité et le montrai a l’employé.

- Voici la pièce d’identité de mon futur mari.

Je ne manquais pas de faire briller le diamant de ma bague tout en lui montrant la pièce d’identité.

- Je comprends, Anton. Je peux vous appelez Anton ? , dis-je en baissant les yeux sur sa plaque nominal avant de le regarder de nouveau. C’est dommage que des gens sans scrupules usent de stratagèmes pour arriver à leur fin, alors qu’un couple solide et amoureux comme celui que je forme avec Monsieur Perry ne demande qu’à officialiser l’adoption de notre fils pour former une famille harmonieuse.

L’employé municipal me regarda un moment, comme s’il réunissait ses idées avant de prendre le permis de conduire de Jack pour en validé les informations avant de me le redonner puis de partir avec les documents et de revenir avec encore plus de papiers sur lesquels ne manquaient plus que quelques signatures.

Quand ce fut fait, je ne peux m’empêcher de  sauter au cou de Jack et de l’embrasser avec amour  avant de me pencher pour soulever Jesse afin qu’on puisse se faire une première vrai étreinte en tant que famille officielle. Je ne le dirai pas, mais l’angoisse qu’aura duré ce moment rivalisait avec un accouchement, j’en suis  certaine ! Je n’ai jamais accouchée, c’est vrai ! Mais ça ne doit pas être si différent, niveau stress !

L’étreinte passée, parce qu’il y a une promesse de glace à honorer, je fouillais dans mon sac à main pour en sortir mon appareil photo et je demandais à Anton de bien vouloir immortaliser ce moment.

Ça allait faire partir de l’album de bébé que je comptais faire pour Jesse. Sauf que pour lui, sa première photo officiel ne sera pas celle d’un joli poupon emmailloté dans une nursery d’hôpital mais on le verra tout sourire dans les bras de son père et de sa mère au premières secondes après que Perry fut officiellement ajouté à son nom complet.  

@ Billy Lighter

On moi j’étais content qu’on allait manger un glace après être passé ici. Moi j’aimais les glaces à la vanille. Moi, j’en voulais une après.

Mais j’étais quand même faaatigué et je baillais tout le temps. Pourquoi on était allé si tôt ? C’était encore la nuit pour moi. C’était pas pareil si on était allé plus tard ? Les gens ici ils restent pas plus tard ? Moi, je comprends pas trop mais Papa et Maman, eux, étaient trop bien réveillés.

Boh, c’est encore trop de questions et les questions ça fatigue mon cerveau. Alors je marchais simplement en tenant la main de Maman. On arriva devant une porte pas trop belle et puis on entra pour voir un Monsieur pas très beau non plus. Oh bah, Papa m’avait dit que c’était joli ici. Boh, moi je trouvais ça un peu moche. Mais je vais pas trop dire que le Monsieur est moche parce que c’est pas trop poli. Maman et Papa voulaient que je sois trop poli. C’était pas toujours trop facile…

Papa parla au Monsieur en disant qu’on venait pour l’adoption. Oh boh, j’étais déjà adopté depuis longtemps moi. Pourquoi est-ce qu’on devait le dire à ce Monsieur que personne connait ? Moi, je comprenais qu’il fallait le dire à des gens comme Eddy ou Howard parce que tout le monde les connaissais mais ce Monsieur, moi, je le connais trop pas alors il s’en fout, non ?

Papa me porta et je pus voir le tas de papier et le Monsieur. Je me frottai encore les yeux et le Monsieur posa des questions. Si Papa et Maman étaient mariés ? Boh, presque. Bientôt, ils seront mariés. Il y aura du gâteau… Boh, oui, il y a toujours des gâteaux aux mariages, c’est Isabel qui me l’a dit un jour. Elle, elle veut un mariage avec un beau gâteau blanc et une belle robe. Elle veut se marier avec Manuel, je crois…

Moi, j’allais répondre au Monsieur mais Papa le fit à ma place alors je baillais encore. Puis, après je comprenais pas trop bien. Ça parlait de papiers. Oh moi, j’arrive même pas à lire ce qui est écrit sur les papiers. Je voyais juste qu’il était marqué Jesse et Stark. Parce que c’était des mots que je savais écrire moi-même parce que Maman m’avait appris. Mais le reste, boh, c’était trop dur à lire.

Boh, le Monsieur, il semblait beaucoup grognon. Il voulait une carte d’identité. Boh, c’est quoi ça ? Je levai un sourcil et me frottait encore les yeux. Il demanda si Papa et Maman étaient vraiment fiancés.

-Boh oui…

Papa demanda la carte à Maman et Maman sortit une carte. Celle de son futur mari.

-Oui, Papa et Maman vont se marier, M’sieur grincheux…

Oh boh, j’ai dit ça tout haut ? Oh… Boh, tant pis. Howard dirait « tant pis », je crois… Oh mais je peux pas faire ce que ferais Howard. Oh c’est trop dommage.

Maman parla à Monsieur Anton. Oui c’était son nom. Maman, elle semblait le connaitre. Oh, il est connu Monsieur Anton ? Oh boh, ben il est pas beau. Maman parlait mais je comprenais pas trop tout. Je comprenais juste que Papa et Maman s’aimaient.

-Oui, nous on est une famille.

Et je fis un grand sourire. Moi, j’avais une famille et j’étais heureux.

Après, le Monsieur arrêta avec ses bêtes questions et donna encore plein de papiers et Papa et Maman qui firent des gribouillis dessus, je ne sais pas pourquoi. Quand Papa et Maman arrêtèrent de faire des gribouillis, Maman sauta dans les bras de Papa et ça me fit trop sourire.

Elle me prit dans ses bras après et je lui fis un gros bisou sur la joue. On se fit un gros câlin tous les trois et puis Maman voulait faire une photo et demanda à Monsieur Anton d’en faire une. Je me serrai à Papa et Maman qui me tenaient dans leur bras et je fis un tout grand sourire vers l’appareil photo. Y’eu un gros flash et quand ce fut fini et que Monsieur Anton rendit l’appareil photo je fis encore un gros bisou à Maman et Papa. Ils avaient l’air vraiment heureux parce qu’on était une famille alors je déclarai tout haut.

-Moi je vous aime trop.

Oui, je les aimais trop et j’étais trop heureux de les avoir comme parents.

@ Billy Lighter

Je ne comprenais pas pourquoi ce Anton cherchait la petite bête. D’autant que ce n’était même pas au sujet des documents complètement faux que je venais de lui présenter, mais au sujet du fait que nous n’étions pas mariés, Brooke et moi, que ça lui posait problème.

Au vu des derniers événements, et de la tête au carré que j’avais fait à Ben Masters, notamment, je choisis de ne pas me lancer dans une quelconque joute verbale avec ce petit fonctionnaire frustré par je ne savais quoi. Ce n’était sûrement pas ce genre de personne qui allait gâcher notre bonheur.

Brooke lui fournit mes papiers d’identité en relativisant les choses. Je ne savais pas quel genre de personnes peu scrupuleuses avaient pu le rendre si méfiant mais…

Mais si, en fait, j’étais légèrement en train de l’arnaquer… C’était juste que je n’en avais pas l’impression tant l’adoption de Jesse me semblait légitime. Mais dans les yeux de l’employé municipal, je me doutais bien que ce qui l’emmerdait, c’était plutôt que des couples non conventionnels aient pu adopter à son nez et à sa barbe… Comme si j’avais fait passer Brooke pour ma fiancée alors qu’elle aurait été ma sœur et qu’en réalité, j’étais en couple avec un autre homme. J’avais plutôt l’impression que c’était ce genre « d’anomalie » que ce petit gratte papier voulait trouver.

Et ce serait même le cas ? Jesse n’avait-il pas l’air heureux ? N’était-ce pas le plus important ?

D’ailleurs, le petit me rendit le sourire en le clamant haut et fort. Non sans surnommer l’employer ce pour quoi je ne le réprimandai même pas. Et ça combiné à la patience de Brooke suffit apparemment à fermer son clapet au fonctionnaire qui nous fit enfin signer les papiers.

Ce fut à la fois un soulagement et une bouffée de bonheur… Et on reprit Jesse dans nos bras… Pour avoir droit aux plus belles marques d’affection qui soient de la part du petit garçon…

Un moment qui sera à jamais immortalisé sur pellicule.

Mais surtout dans mon cœur.

@ Billy Lighter