Jamais après ce que j’avais raconté à Daniele au sujet de mon errance et de ce que j’avais fait au creux de ma vague pour occuper mon temps, j’aurais cru qu’il puisse vouloir me signer quand même, pourtant, il l’avait fait ! Moi, Tobby Cooper, le boxeur qu’on croyait fini, venait de redonner un second souffle à ma carrière et pas n’importe comment et encore moins avec n’importe qui ! C’était complètement dingue, un peu comme marcher sur un fil de fer sans filet en dessous mais plutôt que de faire peur, j’étais excité.

Je retournais chez moi avec Diablo et je me disais que je devais travailler fort, terminer toutes les idées que j’avais amorcées par écrit dans mon cahier, mettre une mélodie là-dessus, j’allais y passer la nuit, toutes les prochaines nuits, même !

Daniele Ricci avait aimé ma prestation et mon style ! C’était une excellente chose, quoi que peut-être qu’il n’avait qu’accroché au mot whiskey de ma chanson sans porter attention au reste, hein ! Ça se pouvait, Ricci, il aimait vraiment beaucoup ça le whiskey.

Je m’en faisais pour rien, il avait été attentif, il avait adoré et il avait vu en moi assez de potentiel pour m’offrir un contrat, je devais penser à ça et rien que ça. Ce serait assez pour me motiver et activer ma créativité.

L’émotion passée, je grimpais sur le toit de mon immeuble, avec Diablo bien sûr et je m’installais pour composer. J’adorais grimper là, sur le toit, regarder à l’horizon, quand il ne faisait pas trop chaud ou trop humide, on voyait assez bien jusqu’à l’océan au travers du smog. J’en profitais surtout qu’aujourd’hui, il ne faisait pas chaud à en crever.

Je rejouais pour mon plaisir ce qui resterait à jamais la chanson gagnante, celle qui aura fait dire oui au plus grand manager du monde puis je me mis à travailler sur ce que j’avais déjà de fait, je savais que ça ne serait pas assez pour faire tout un album mais nous allions y travailler. Tout ce que je voulais, c’était d’avoir quelques trucs de plus à montrer et puis fallait aussi que j’ai des conseils de mon manager.

Il allait me dire si c’était bon ou si je m’éparpillais et que je devais me concentrer sur un truc en particulier. J’avais plusieurs de mes chansons qui parlaient de whiskey, je me trouvais très drôle en les écrivant parce que je n’en bois pas, d’alcool !

Je passais des heures là, sur le toit, à gratter mes cordes, à flatter le dos de mon chien quand j’avais besoin de me dégourdir les doigts. Je marchais un peu aussi en m’étirant puis, je me décidais à rentrer, j’avais un coup de fil important à passer.

Daniele m’avait dit que de faire un duo avec Apolline Mclagan ne lui posait pas de soucis, ce qui était une très bonne chose, alors, il me fallait maintenant avoir l’accord de la chanteuse. J’avais trouvé que notre improvisation avait fait une super chanson et j’étais parvenu a réécrire pratiquement fidèlement les paroles qu’elle avait chanté alors il me fallait son accord pour les enregistrer, je l’espérais, avec elle.

Je composais son numéro et quand la sonnerie se fit entendre, mon cœur s’emballa. Je déteste parler au téléphone, je ne sais jamais quoi dire même si j’ai une bonne raison de passer de fichu coup de fil.

- Hey, salut ! Hey… heu…  Ça va ?  Dis heu… tu sais la chanson de l’autre fois ?

Je m’arrêtais et me claquais le front ! Putain, je n’étais pas doué !

- C’est Tobby Copper, au fait, tu sais le mec a qui tu es venu en aide l’autre soir au Crazy Ginger

Elle allait me prendre pour un con… et j’étais prêt à raccrocher et prier pour qu’elle imagine avoir rêvé ce coup de fil !

@ Billy Lighter