Tout ce que tu connais, je l'ai en mieux...

Je ne sais pas pourquoi mais c'est cette phrase de Reed était resté dans ma tête une fois que j’eus quitté son salon. Peut-être parce que ça titillait en moi en tas de choses... Reed venait de me rappeler que l'argent et le pouvoir qu'il avait pouvait lui donner accès à tout ce qu'il voulait quand il le voulait et que, s'il en avait envie, il pouvait avoir pouvoir de vie ou de mort sur n’importe qui. Et il n'avait pas hésité à me le faire comprendre agacé qu’il avait été par ma réflexion.

Oui... Il pouvait avoir tout. C’était indéniable. Mais est-il conscient qu'il y a une part qu'il ne contrôle pas? J'en doutais. Et je crois que c'est ça qui m'inquiétais.

Bref, j'avais essayé de chasser ça de ma tête pour rester sur l'idée que tout coup de main pour aider Sky était le bienvenu.

J'avais été réveillé Isabel et lui avais tout raconté. J’avais bien vu que la nouvelle l'avait touchée... Et quand je lui posai la question sur ceux qui avaient pu entrer dans la villa, elle avait dit qu’Alvaro et Guillermo était déjà entré tous les deux ensemble pour voir l'intérieur et manger des cookies mais ils étaient sur ma surveillance d’Isabel pendant tout ce temps...

Donc, ça ne voulait rien dire...

Ensuite j’avais rassemblé tout le monde pour réexpliquer encore une fois tout l'histoire sans, cette fois, mentionner mes soupçons sur le fait qu'il y avait un taupe. Seule Isabel était au courant de ça. J’expliquai donc que tout le groupe devra rester à Malibu et c'est un Alejandro énervé qui demanda où ils allaient dormir...

Ouais... J’avais pas pensé à ça. Sûrement parce que dormir n’était pas dans mes priorités.

Et j'avais simplement repondu:

-Dans vos voitures.

Et Guillermo de dire qu'il n’avait pas de voiture.

Ouais... Pas faux…

Je soupirai:

-Tu dormiras dans la voiture de Manuel avec Alvaro.

Ouais parce que si j'avais dans l'idée de retirer Alvaro d'ici, je devais y renoncer. Il ne fallait pas que quiconque pense que j'avais des soupçons sur le petit groupe qu'on formait.

Mais Alejandro était toujours à cran :

-Tu sais que certains ont un femme et des enfants, eux, Quinn ?

Ouais… La remarque d’Alejandro n’était pas dénuée de sens et que je comprenais sa colère. Je leur en demandais beaucoup… Mais je n’avais pas vraiment le choix. Je savais que quand Alejandro saura toute l’histoire, si jamais ce n’est pas lui la taupe, alors, il comprendra.

Je gardai mon sang froid et restai sérieux.

-Je sais… Je sais que je vous en demande beaucoup. Mais c’est une mesure provisoire. Je ne vais pas vous garder éternellement en otage ici. Vous avez ma parole.

Et ça sembla convenir à Alejandro. Lui et moi, on était ami depuis longtemps. Il savait que ma priorité était toujours leur bien-être et que je ne prenais jamais ce genre de décision à la légère.

Ceci étant fait, j'avais repositionné tout le monde et j'avais donné me commandement à Isabel. Reed devra se passer d'elle pendant que je n'étais pas là mais j'étais sûr qu'il comprendra.

Apres tout, on ne peut pas tout avoir, hein.

Moi, il fallait, maintenant que je vois Samantha. Parce hélas, j’avais deux vies à gérer et non une seule. Je devais à la fois la mettre au courant des mises à jour sur Fleming mais, aussi, de mon état qui m'empêcherait de jouer de la guitare pendant quelques jours. Et ça allait, du coup, ralentir un peu la sortie de l’album.

Enfin, j'espère que pour quelques jours.

Bref, j'avais marché un peu avant de prendre un taxi direction la tour MTI. Encore une fois, je n'avais pas dormis mais j'avais pris trois anti-douleurs sur le trajet parce que mon épaule et ma tête me faisaient mal.

Et arrivé chez MTI, je me présentais à ma réception.

-Je viens voir Samantha, ma manager.

La réceptionniste a l'air sévère me toisant avant de toiser son planning. Je ne l’avais encore jamais vu cette réceptionniste. D'habitude, c'était Nora que j'adorais parce qu'elle était gentille et avait un beau sourire.

-Vous n'avez pas rendez-vous, Monsieur Quinn.

Je soupirais.

-Je sais mais c'est plutôt urgent...

Elle fronça les sourcils.

-Désole pas de rendez-vous, pas d'entretien.

Ce n’était vraiment pas le moment pour ça. J'étais à cran, j'étais crevé et je devais voir Samantha. Alors je n'avais pas le temps de m’emmerder avec les convenances.

-Il faut que je la vois maintenant !

Je dis ça en haussant le ton et en tapant du poing sur le comptoir.

Elle sursauta, grommela, pris son téléphone, me foudroya du regard avant de dire au téléphone :

-Mademoiselle Mancini. J’ai un Finan Quinn impoli et impatient, ici, qui veut absolument vous voir.

Je roulai des yeux et me retenais de dire quelque chose avant qu’elle n’échange un peu avec Samantha et ne raccroche. Son air était toujours sévère :

-Vous pouvez monter. Elle vous attend. Vous avez de la chance Monsieur Quinn.

Je ne dis rien. Pas un « merci ». Rien. Et je grimpai à l’étage où se trouvait le bureau de Samantha. Je toquai à la porte et quand j’eus l’autorisation, j’entrai :

-Bonjour, Samantha…

J’esquissai un maigre sourire avant de reprendre mon sérieux.

-C’est qui cette réceptionniste ? Une ex-gardienne de prison ?

Ouais parce qu’elle était aussi sympa qu’une porte de prison.

@ Billy Lighter

Aujourd’hui n’était pas un jour pour me faire marcher sur le plus petit de mes orteils. Je m’étais levée complètement courbaturer après une nuit pendant laquelle Daniela avait décidé de prendre mon utérus pour son bassin olympique personnel. Non seulement je m’étais levée pratiquement aux heures pour aller à la salle de bain mais je n’avais trouvé absolument aucune position confortable pour dormir et lorsqu’enfin j’étais parvenue à fermer l’œil vers les 4heures du matin, Daniele s’était mis à ronfler comme une véritable locomotive.

Le déjeuner ne fut pas des plus agréable non plus. Tony avait jeté son bol de porridge au sol parce qu’il l’avait trouvé trop chaud et ensuite, il avait fait une crise parce qu’il n’avait plus eu son porridge ! Je n’avais donc pas tardé, et Daniele non plus, à prendre le chemin du bureau en me disant que là au moins, l’ambiance serait plus tranquille.

Grossière erreur !

Il fallait encore que j’éteigne l’incendie allumé inconsciemment par Apolline Mclagan dans un élan de création incontrôlé. J’avais donc dû préparer une entente de collaboration entre elle et Howard Stone et la soumettre à Timmy Evans qui ne manquerait pas de me mettre sous le nez cette erreur de débutante quoi que s’il jouait fairplay, il reconnaitrait sans aucun doute que son ancienne protégée était l’expression même de l’impulsivité.

N’en demeurait pas moi que je détestais cette situation au plus haut point et que j’aurais sincèrement appréciée avoir été mise au courant de la situation avant que la chanson ne devienne officiellement un duo. Mais en quoi cela aurait-il été si difficile de me passer un coup de fil pour me prévenir de l’arrivé inopinée de Stone au studio privé dans lequel j’avais envoyé Apolline et son équipe et me dire que l’idée de chanter avec lui titillait son esprit jeune et fécond ?

- Heureusement que cette chanson est excellente !

S’il avait fallu qu’elle soit la tache sombre de l’album… j’en aurais fait une maladie jusqu’à la fin de ma vie !

J’avais ensuite eu un appel d’une Shiri complètement en larmes parce qu’elle venait de se faire plaquer par son petit ami et que cette rupture lui imposait une remise en question sur ses aspirations et qu’elle jugeait maintenant le contenu de son album inopportun ! Il m’avait fallu user de diplomatie pour ne pas lui hurler dessus puisque son album, elle l’avait fait et refait tellement de fois que tous les musiciens de session de MTI le connaissaient par cœur d’un bout à l’autre.

- Prends quelques jours pour te reposer et nous en reparlerons, si tu veux bien. Prendre une décision sous une impulsion… n’est jamais une bonne idée, tu m’entends ? JAMAIS !

Nous avions terminé là la conversation et je repris ma paperasse là où je l’avait laissé, tout en flattant mon ventre dans lequel, ma fille venait de se réveiller.

Bref, j’en étais à travailler là-dessus quand on m’avisa que Finan Quinn désirait me rencontrer ce qui me fit sourciller puisque nous n’avions pas rendez-vous. Je soupirais en reculant dans mon fauteuil et en lâchant mon stylo qui roula sur mon document.

- Et bien faites le monter, que voulez-vous que je vous dise ! S’il est si impatient, ne le faisons pas attendre !

Décidément !

Ils s’étaient tous donner le mot pour me faire travailler ma patience ! Il ne manquerait plus qu’on annonce une nouvelle dispute conjugale de Billy Lighter à la radio ou que Cash Izbel se rende voir Lenny pour se plaindre de moi pour je ne sais quelle raison et nous aurions fait le tour de la cour !
J’invitais Finan à entrer, sans prendre la peine de me lever de mon fauteuil et lorsqu’il fut dans mon bureau, je lui désignais la chaise devant mon bureau. Il avait mauvaise mine et le bras dans une écharpe. J’écarquillais les yeux ! Mon nouvel artiste de l’année avait le bras dans une écharpe alors qu’il devrait travailler sur son premier album. Est-ce que je vous ai parlé des cernes sous ses yeux ? Elles flirtaient dangereusement avec ses aisselles.

- Tu n’es certainement pas venu ici pour te plaindre de la réceptionniste et mon petit doigt me dit que ton bras en écharpe n’a rien à voir avec des heures passées en studios. Vas droit au but !

@ Billy Lighter

La première chose que j'avais faite en entrant était de m’énerver contre la réceptionniste. Il faut dire que je n'avais pas dormis et que les événements des dernières heures avait rendu mon humeur massacrante...

Et j'avais l'impression que Samantha n'était pas de meilleure humeur vu la tête qu'elle faisait. A moins que ça vienne uniquement de mon bras en écharpe... Je ne saurais le dire.

Elle me montra la chaise devant son bureau et je me laissai tomber assis dessus fixant Samantha qui me déclara d’aller droit au but... Je lui aurais bien demandé une bière ou quoi avant de me lancer mais j'avais l'impression que Samantha n'était pas de bonne humeur. Alors, je la fixai d'un air grave.

-Fleming.

En disant ça j'avais lancé les bases de la conversation. Mais je ne m'arrêtai pas là.

-Il m'a tiré dans l'épaule cette nuit alors que....

Je fis une moue.

-Je faisais mon boulot habituel de Los Diablos... Bref, il s'est pointé dans l'une de nos planques, m’a menacé parce qu'il n'a pas aimé que je mette sa petite-amie, qui est enceinte de lui, de la dangerosité que c'était de vivre avec Fleming... Seulement, sa petite-amie, Sky, s'est pointée aussi pour éviter que Fleming ne me descende mais un autre Los Diablos était là. Il a tiré mais a mal visé et c'est la petite-amie de Fleming qui a pris la balle.

Je racontai ça d'un ton grave et fatigué.

-Fleming a tué l'autre Los Diablos et m’a tiré dans l'épaule avant de s'en aller à l'hôpital avec sa femme... J’ai été aussi, un peu plus tard, à l'hôpital et j'y ait trouvé Fleming. Sa femme est sous respirateur. L'un de ses jumeaux est mort mais sa fille est vivante.

Je passai ma main sur mon visage avant de soupirer encore avant de passer du coq à l'âne... Enfin à quelques détails près.

-J'aurais les résultats des radio de mon épaule bientôt... Je verrais l'étendue des dégâts mais l’album aura un peu de retard... Pas plus de quelques jours j'espère.

Mes lèvres se pincèrent....

-Désolé...

Je ne savais pas pourquoi je m'excusais, en fait... Je soupirai à nouveau. Je crois avoir déjà raconté cette histoire bien trop de fois.

-Je peux avoir une bière? Il me faut absolument une bière.

Je dis ça en soupirant encore.

@ Billy Lighter

Si nous avions tenu un concours de celui qui avait la plus mauvaise mine, j’aurais eu la tête du peloton jusqu’à l’arrivée de Finan Quinn ! Il avait clairement passé la nuit sur la corde à linge pendant l’orage ! Et son bras en écharpe ne me disait rien qui vaille aussi, je lui indiquais la chaise devant mon bureau pour qu’il puisse s’y installer et vider son sac, inutile de se prendre les pieds dans des préambules inutiles, je savais d’emblée que ce qu’il avait a me dire ne me plairais pas.
Il cracha le morceau, ou plutôt un nom et pas le moindre.

- Edward Fleming ?

Je posais la question mais je ne souhaitais pas de réponse, je savais qu’il parlait bel et bien de ce Fleming là. Ward Fleming était responsable de la blessure de Quinn, j’en serrais les dents de rage.  J’écoutais le récit de sa nuit avec grand intérêt, j’y apprenais de grandes choses dont j’ignorais l’existence.

Edward Fleming était parvenu à accrocher une truite a son hameçon et qui plus est, avait poussé l’exploit jusqu’à se reproduire. Deux fois plutôt qu’une puisque Finan, dans sa lancée, m’apprit le décès d’un des bébés Fleming.

- Je ne pleurerai certainement pas pour un Fleming de moins en ce bas monde !

Je disais ça mais la mère en moi savait très bien ce que c’était que de perdre un enfant… Je souhaitais presque la mère ne survive pas à sa blessure pour lui éviter la douleur du deuil qu’elle aurait à surmonter à son réveil.

Quand Finan quitterait mon bureau, je devrais faire venir en urgence Daniele ici ou j’irai le retrouver mais il fallait que je lui partage ces informations le plus rapidement possible, cela ne pouvait pas attendre. Notre détective devrait nous répondre également. Comment cela se faisait-il que nous ignorions ces informations ? Au prix qu’il nous demande, c’était une vraie honte !

- Bien, merci de m’en informer ! Je prends cette histoire avec sérieux.

Il fallait peut-être envisager s’inscrire au programme de protection des témoins et changer complètement d’identité, avoir recours à la chirurgie plastique pour changer de tête. J’y avais déjà songé, à tout plaquer ici et partir au loin avec Daniele, le fait est que le monde ne sera jamais assez grand pour nous protéger contre Edward Fleming.

Je me redressais dans mon fauteuil que pour récupérer mon stylo que j’avais abandonné un peu plutôt et je fis rouler entre mes doigts, la tête à la fois pleine et vide, quelle étrange sensation était-ce. Je n’arrivais plus à réfléchir parce que j’avais trop d’informations avec lesquelles jongler mais quand je voulais en saisir une pour me faire un point de départ, rien ne me venait.

- J’avais deviné en te voyant entrer que la sortie de ton album à la date prévue allait être compromise. Je t’avoue que maintenant, avec tout ça, je ne sais plus si compromit est le terme exact.

Je pris une gorgée de ma tisane devenue plus froide que tiède, depuis le temps que ma tasse était sur mon bureau puis je la redéposais sur la soucoupe.

- C’est moi qui suis désolée, Finan. Que pouvais-je dire d’autre ?   Il y a de la bière dans le petit réfrigérateur là-bas, vas-y, sers toi !

Je fis tourner mon fauteuil que pour regarder par l’immense vitrine, la tour voisine dans laquelle se trouvait mon fiancé. Je ne pouvais jurer de rien mais il y avait de forte chance qu’il soit déjà au courant puisque l’histoire de Finan impliquait des Los Diablos. Jimmy Reed devait avoir été rapidement contacté, c’était logique. Cela devait même été avoir fait par Quinn, je me doutais que je ne devais pas surclasser Jimmy Reed dans les priorités de mon artiste. Cela étant dit, Reed devait avoir prévenu Daniele.  

- J’imagine que tu as prévenu Reed avant de venir ici ?

Je regardais Finan se débrouiller pour décapsuler sa bière en me disant que j’en descendrais bien une, là, tout de suite ! Je devais me contenter d’une tisane, froide qui plus est ! J’irais m’en refaire une plus tard, mais pas tout de suite, je n’aurais pas la force ni l’envie de me lever de mon fauteuil.

- Que sais-tu de cette fille ? Tu as dit que tu l’avais mise en garde contre Fleming. Pourquoi l’avoir fait ?

@ Billy Lighter

J’hochai de la tête. Oui. Edward Fleming. Bien que j’avoue que, au son, ça faisait bizarre d’entendre « Edward » et pas « Ward ». J’en venais même à oublier que son vrai nom était « Edward ».

Mais je ne me préoccupai plus de ça quand je me mis à raconter pour la je-ne-sais quantième fois ce qu’il s’était passé cette nuit. Je n’avais pas parlé de la taupe, cette fois. Ce chapitre ne concernait, de toute façon, que les Los Diablos.

Et je m’attendais à ce que Samantha soit choquée et soit attristé par le sort de Sky et ses bébés. Mais non… Non, c’est plutôt moi qu’elle choqua quand elle déclara qu’elle n’allait pas pleurer pour un Fleming de moins sur Terre. Comme si toute la descendance possible de Fleming était vouée à être comme lui. Je n’étais pas du genre à penser que la génétique avait tant de pouvoir. Bien qu’à y regarder de plus près, c’est vrai que le père de Fleming était un sérial killer… Mais de ce que j’en sais, Fleming avait été élevé par ce même père. Donc, ceci expliquait cela…

Du coup, je frissonnai un peu en pensant que, si Sky venait à mourir, la fille de Fleming sera élevée exclusivement par lui.

Mais ça ne m’empêcha pas de foudroyer Samantha du regard.

-Ce n’était qu’un petit bébé. Il était innocent et n’en peut rien si son père est un psychopathe. Tout comme Sky ne mérite pas de perdre l’un de ses enfants.

Je savais qu’elle allait certainement être dévastée. Sky était une fille forte mais perdre un enfant est quand même la pire chose qui puisse arriver à une mère.

Samantha fut satisfaite que je l’ai informée. J’hochai de la tête. J’avais fait ce que je devais faire. Je ne pouvais pas protéger tout le monde et la protection de la fille de Samantha, c’était le devoir d’Alonso, pas le mien… J’avais assez avec Reed et tous les Los Diablos encore présent dans l’Eastside.

Mais ce qui m’ennuyait aussi, c’était que la sortie de l’album allait être retardé. Je ne pouvais pas jouer de la guitare comme ça. J’avais bien trop mal et je devais surtout éviter de bouger le bras. Samantha fit une réflexion qui me fit rire sarcastique de fatigue.

-Ah ? Et c’est quoi le terme exact si compromis ne l’est pas ?

Il allait être retardé… C’était clair et net. Mais j’espérais que ça ne soit que pour quelques jours et pas quelques semaines. Je voulais vraiment sortir cet album rapidement.

Mais j’avouai quand même être désolé mais Samantha disait que c’était elle qui était désolé. J’hochai de la tête en soupirant alors qu’elle déclara qu’il y avait de la bière dans le petit frigo. Je me levai pour aller en chercher une et trouvait un décapsuleur. Je vins me rassoir face au bureau de Samantha qui me faisait, maintenant, dos alors qu’elle regardait la tour BSC à travers la baie vitrée. Je plaçai la bière entre mes cuisses avant de la décapsuler d’une main et de lancer le décapsuleur sur le bureau pour m’en débarrasser avant de boire une longue gorgée de bière.

-Merci…

Pour la bière… C’était un « merci », pour la bière.

Samantha me regarda à nouveau demandant si j’avais prévenu Reed avant de venir ici. J’hochai, à nouveau, de la tête.

-Oui… Je suis directement allé de l’hôpital à Malibu… Si la femme de Fleming meurt, il va devenir complètement cinglé. Enfin, encore plus cinglé. Alors, il fallait que je prévienne Reed… Puis, un Los Diablos est mort. Ça aussi il devait le savoir. Bref… Je sais allé le voir et puis, je suis venu ici...

Je bus à nouveau une gorgée de bière avant que Samantha ne me pose des questions sur Sky, cette fois.

-J’ai voulu la prévenir parce que je la connaissais. On a passé quelques années à l’orphelinat, ensemble, elle et moi. Elle est plus jeune que moi ce qui fait que j’ai quitté l’orphelinat avant elle et on s’est perdu de vue. Ma faute…

Je soupirai. Je ne voulais pas entrer dans les détails.

-Alors quand je l’ai revue sur le parking de l’hôpital et que j’ai appris qu’elle était enceinte de jumeaux et mariée à Fleming et bien je n’ai pas pu m’empêcher que de la mettre en garde sur le genre de type qu’était Fleming. Mais elle n’a rien voulu entendre. Elle m’en voulait même…

Je soupirai encore achevant ma bière d’une traite avant de baisser les yeux.

-Tout ce que je sais d’elle c’est qu’elle est orpheline, comme moi… C’est une fille très gentille… Rien n’à voir avec Fleming. Pourtant, Sky l’aime vraiment et…

Je passai une main sur mon visage.

-Ward l’aime aussi. C’est indéniable. Je l’ai vu à l’hôpital. Il était dévasté.

Je ne l’avais, pour ainsi dire, jamais vu comme ça.

-Si Sky meurt, tu pourras sortir mon album posthume ? Même s’il n’est pas achevé ?

Je ne savais pas si je disais ça pour la blague ou si j’étais sérieux.

-Ah et sors le au nom de « The Warriors ». Je me suis décidé. Je ne veux plus être solo. Ça ne serait pas juste vis-à-vis de Tiff et Ivar.

Oui, j’avais pris ma décision là-dessus.

@ Billy Lighter

La nouvelle n’a rien de réjouissante.

Je ne m’attendais pas à cela lorsque je suis arrivée au bureau ce matin et je m’en serais bien passé et fort probablement que Finan aussi. Quoi qu’il en soit, et même si je sais ce que peut être la douleur de perdre un enfant, je me sens incapable de compatir pour Edward Fleming qui vient de perdre l’un de ses bébés.

- J’ai perdu un fils moi aussi. Et mon mari, dans le même accident. Je sais très bien la douleur que cela représente que de perdre son enfant mais crois-tu vraiment qu’Edward Fleming porte le deuil en ce moment ? Non… il fermente déjà un plan de nous le faire payer.

Voilà pourquoi je ne pouvais m’attendrir sur la nouvelle de ce bébé mort avant de naître.
En attendant, il fallait se pencher sur un tout autre problème. La sortie de l’album de Finan était compromise par sa blessure à l’épaule. Et s’il disait qu’elle serait retardée, moi, je doutais que ce fusse le terme exact. Je regardais Finan dans les yeux, je soutenais son regard en fait n’ayant pas apprécié sont petit rire sarcastique.

- Annulé. Finan, tu es conscient j’imagine qu’une histoire pareille pourrait sortir dans les journaux à n’importe quel moment ? Il y aura forcément eu des gens qui t’ont vu te rendre à l’hôpital… oh et je ne te demande même pas de me dire quelle histoire tu as balancé pour justifier ça !

Je ne voulais pas m’emporter mais ma fatigue et la nouvelle du retour de Fleming me faisaient durcir le ton bien malgré moi.

- Ce genre de choses ne pardonnent pas. Inévitablement, tu devras faire un choix mais tu ne pourras pas continuer à monter deux chevaux avec un seul cul.  C’est physiquement impossible.

Tout ceci était désolant autant pour lui que pour moi.

Je lui permis d’aller se servir lui-même une bière alors que je me plongeais un peu dans mes pensées. Je ne savais pas si Daniele était déjà au courant de cette histoire mais j’étais certaine que Jimmy Reed devait l’être, cela était parfaitement logique. Finan me le confirma, il était urgent d’informer la tête dirigeante des Los Diablos parce qu’il était évidement que Fleming n’en resterait pas là. Un décompte venait d’être lancé, la question était de savoir combien de temps nous avions avant l’inévitable vengeance.

Je devais laisser à Jimmy Reed le soin d’organiser le plan de protection et il devait être infaillible maintenant plus que jamais, surtout avec nos progénitures sur le point de venir au monde. J’aurais dû le tuer pendant que j’en avais l’occasion… Il semblerait, cependant, que je ne sois pas la seule qui en aie eu l’opportunité et qui ne l’ait pas saisie.

Je me montrais curieuse, ensuite. Je voulais savoir quel lien partageait Finan avec la petite amie d’Edward Fleming. Je voulais comprendre un peu mieux la situation, savoir quel pouvait être le piège. Finan et Sky, puisque c’était son prénom, avaient grandit ensemble dans le même orphelinat. Je pouvais comprendre le sentiment d’appartenance qui les unissait. Je ne m’attendais seulement pas à ce que Finan me dise ensuite qu’Edward Fleming était à de point amoureux qu’il l’avait vu dévasté à l’hôpital. Je restais muette, je n’étais pas présente à l’hôpital, je ne pouvais donc pas commenter quelque chose que je n’avais pas vu.

- Pour cela, il faudrait qu’il y ait quelques choses à sortir. Pour le moment il n’y a même pas de piste sonore d’enregistrée.

Et parler comme venait de le faire Finan portait malheur, je ne voulais pas planifier une telle éventualité sous risque de la voir se concrétiser.  

- The Warriors? Et elle t’est venue quand cette nouvelle idée ?

Avant ou après s’être fait tirer dessus pas Edward Fleming ?

- Je ferai les arrangement pour que The Warriors devienne un groupe. Je planifierai une rencontre avec vous trois et nous pourrons établir une stratégie de marketing autour de ça.

Je me frottais la tempe gauche d’une main et mon ventre de l’autre. Cette journée ne faisait que commencée pourtant, j’avais la désagréable impression que je venais pourtant d’en faire deux en une seule.

- Merci de m’avoir prévenue avant de faire un album complet… Y a-t-il autre chose que je puisse faire pour toi?

Ma tête criait Non, pitié dis moi que c’est tout !. Je pensais ramasser mes dossiers et rentrer à la maison, j’y travaillerais mieux là-bas… quoi que non. Je ne toucherais fort probablement à rien, ma concentration s’étant enfuie au galop avec la nouvelle de Quinn.

@ Billy Lighter

Le manque d’empathie de Samantha vis-à-vis du défunt bébé Fleming m’avait un peu choqué. Aussi monstrueux que pouvait être Fleming, son enfant n’en pouvait rien. Il était innocent. Et il ne méritait en rien de mourir avant même de naitre.

Samantha m’expliqua qu’elle savait ce que ça faisait que de perdre un enfant. Elle avait perdu le sien ainsi que son mari. Mes lèvres se pincèrent. Je n’en savais rien… Mais prétendre que Fleming n’en avait que faire de la mort de son enfant… Je n’étais plus sûr de rien. Même si Samantha avait raison sur un point.

-Oui. Il voudra très certainement se venger. Même si, sur le coup, c’est surtout les Los Diablos qui en prendront pour leur grade. Fleming me tient pour responsable… Il sait que je tiens aux Los Diablos…

Je soupirai.

-Et je suis désolé. Je ne savais pas pour ton fils…

Même si ça voulait dire qu’elle pouvait comprendre ce que Sky ressentira si jamais elle s’en sort. Elle allait certainement être dévastée.

Quant à mon album, il allait très certainement être retardé. Mais Samantha semblait avoir un tout autre terme en tête, comme si j’étais d’humeur à jouer sur les mots. Mais quand elle lâcha le terme « annulé », je levai un sourcil, pas sûr de comprendre. Et elle expliqua que l’histoire pourrait sortir dans les journaux avant qu’elle ne dise qu’elle se demandait bien qu’elle histoire j’avais inventé. Je la fixai en faisant la moue.

-Bah, j’ai dit la vérité aux flics. Qu’est-ce que tu crois ?

Je ricanai sarcastiquement.

-Non. J’ai prétendu m’être fait braquer par un type dans un parc. J’ai une amie qui a prétendue être avec moi et qui a corroboré le témoignage. Donc, tu peux être tranquille. C’est la seule histoire qui risque de sortir. Parce que si jamais c’est l’autre qui sort alors, on n’aura même plus besoin de causer d’album ou de réputations ou de toutes ces conneries-là parce que je serais en taule.

Il n’était pas question d’annuler la sortie de l’album. Je le refusais catégoriquement mais je ne le dis pas tout de suite. J’avais bossé sur cet album, Ivar et Tiffany aussi. Je ne voulais pas que Samantha annule par peur de ce qui risque de sortir dans je ne sais quel média à la con.

Mais elle continua disant que ce genre de chose ne pardonnait pas. Qu’un jour, je devrais faire un choix. Je la regardai le regard grave et les sourcils froncer. Un choix… Un choix que je refusais catégoriquement de faire. Encore plus aujourd’hui après tout ce qu’il s’était passé.

-Ce n’est pas vraiment le moment de faire ce genre de choix. Des gens comptent sur moi…

Des deux côtés. Ivar et Tiffany d’un côté et le Los Diablos de l’autre.

-Je tiendrais… J’imagine que si Ricci et Reed peuvent mener deux vies, je peux le faire aussi, non ?

Oui… Je n’aimais pas vraiment que Samantha me demande de faire un choix alors que son fiancer flirtait avec la Famille de Los Angeles et que Reed était chef de mon gang… Elle-même avait fait partie de la Casa Nuova. En fait, si tout ce beau monde était resté sagement à sa place, ma vie de Los Diablos serait bien plus simple. Mais je me retins de dire le fond de ma pensée surtout que c’était la fatigué et la colère qui me faisait penser de la sorte.

Une bière ne pouvait pas me faire de mal alors, j’en pris une avant de répondre par l’affirmative concernant Reed. Il était déjà prévenu de tout.

Je parlai, ensuite, de ce qui m’unissait à Sky avant de demander à Samantha de sortir mon album (enfin, ce qui était déjà enregistrer)… Mais elle déclara que, pour ça, il faudrait qu’il y ait quelque chose à sortir. Je fis la moue.

-Il y a déjà quelques trucs. Ce n’est pas encore assemblé et ce n’est pas parfait mais il y a déjà quelques trucs. Sors ces quelques trucs même si c’est nul. C’est ma dernière volonté si jamais Fleming me tue, ok ?

Je ne savais pas trop pourquoi je disais ça… Je ne comptais pas mourir demain et encore moins me laisser faire par Fleming. Il était clair que si jamais je me retrouvais face à lui, cette fois, c’était lui qui allait y passer parce que je serais armé.

Puis, je parlai du nom du groupe… Et Samantha, toujours sur son ton de mère sévère, demanda quand m’était venue cette idée. Je soupirai :

-Il y a quelques temps… En fait, le lendemain des AMA. Mais j’en suis certain maintenant et Tiff semble aimer le nom.

Et Samantha déclara qu’elle allait planifier les choses pour faire de mon nom solo, un groupe. Il allait, maintenant, falloir que je file au studio mettre les deux autres au courant de tout. Sauf qu’eux ne seront au courant que de l’histoire inventée par Nell.

Je n’avais pas fort le choix…

-Merci…

Elle me remercia aussi de l’avoir prévenu avant de faire un album complet. Pourquoi ? Après un album complet, ça aurait été différent ? Elle demanda alors s’il y avait autre chose que je pouvais faire pour elle.

-N’annule pas l’album. Il sortira. Et Tiff et Ivar ne doivent pas savoir pour mon affiliation aux Los Diablos… J’en ai assez des « Finan, maintenant que tu es connu, tu devais définitivement changer de job »… Je ne veux pas que deux personnes supplémentaires me balance la même chanson.  C’est tout ce que je demande… Pour le reste, les Los Diablos feront tout pour éviter que Fleming te fasse du mal, à toi, à Ricci et à vos enfants. Comme quoi, c’est peut-être très mal vu de faire partie d’un gang, mais, visiblement, vous avez quand même besoin de nous…

Sur ce, je me levai :

-Je peux partir ?

Je n’avais pas fini journée.

@ Billy Lighter

Voilà où nous en étions.

La petite amie d’Edward Fleming se trouvait entre la vie et la mort alors qu’elle était enceinte et des deux bébés, un seulement avait survécu. Il n’y avait rien de réjouissant dans la mort d’un enfant, mais je voyais là-dedans un ennemi potentiel de moins, bien que cela aurait prit des années à le former. Il y avait déjà trop de ‘’ Ward Fleming ‘’ sur cette terre, pas la peine d’en ajouter un.

Il y avait beaucoup à se préoccuper avec cette terrible nouvelle. Je pouvais déjà voir poindre la vengeance d’Edward bien que selon Finan, les Los Diablos avaient plus à craindre pour l’instant. Selon moi, ils étaient la pointe de l’iceberg. Fleming irait jusqu’au bout, ce n’était qu’une question de temps.

Nous allions donc continuer de progresser au travers d’un champ de mines. Moi qui pensais que nous étions tout près de nous en sortir, qu’elle dégringolade tout ceci représentait. Ça en était navrant et stressant. C’était comme si chaque fois que nous faisions un pas vers l’avant, Edward nous forçait d’en faire cent par derrière. À ce rythme, nous reviendrions à notre point de départ en sens inverse !

Et puis la manager en moi était irrité par le fait que l’album de Finan allait en subir les répercussions et qu’il ne semblait même pas encore réaliser à quel point il était entrain de se tenir en grand écart sur ses deux vies.  Un jour ou l’autre, cela allait finir par lui éclater au visage tant ça devenait risquer.

- Je ne suis pas idiote au point de croire que tu aurait tout déballer aux flics ou à qui que ce soit, Finan. J’imagine que je n’ai pas besoin de te parler de mon passage dans la Casa Nuova avec… c’était quoi déjà son nom… Ah oui ! Edward Fleming !

J’avais marché dans ses traces, je savais exactement comment pensant c’était de devoir mener de front deux vies, deux identités, deux histoires et combien usant ça devenait à la longue.

- C’est chouette d’avoir une amie qui a la conscience élastique.

Cette conversation ne mènerait nul par sur ce ton. Nous avions assez d’anticiper les menaces d’Edward Fleming sans avoir à nous taper sur la tête entre nous, même si en ce moment, j’avais bien envie de secouer Finan un peu.

- Tu es un grand garçon, ce n’est pas à moi de faire tes propres choix, par contre c’est mon rôle de te mettre en garde. Personne… je dis bien absolument personne ne sait garder un secret indéfiniment ici. Un jour, le choix s’imposera de lui-même et tu ne sauras plus le contourner. C’est la seule chose que je puis te dire et je te le dis parce que je tiens à toi.

Mais Finan persistait en parlant de la double vie de Daniele et de Jimmy et cela me laissa échapper un petit rire sarcastique.

- Un jour ou l’autre, ça finira par leur éclater en plein visage. La différence, et crois moi quand je dis que je ne te dis pas ça pour te tirer le tapis de sous les pieds, ils ont des moyens de contourner que tu n’as pas encore… Daniele sait ce que j’en pense, probablement que la femme de Jimmy à ses propres craintes.

Après quelques gorgées de bière, je le sentais un peu moins à cran, un tout petit peu moins parce que tant qu’il n’aurait pas dormit quelques heures, il serait à prendre avec des pinces et des gants blancs.

Je pris mentalement en note ses dernières volontés concernant son album bien que je craignisse qu’il n’y aurait pas grand-chose à sortir s’il devait lui arriver malheur dans un futur rapproché.

- J’imagine que le jeune Miller saurait diriger les opérations et mener à bien se projet mais oui, je ferai en sorte que ce soit fait…

Finan insistait pour qu’on maintienne le travail sur son album, je ne pu que m’incliner et lui laisser ça entre les mains. De toute façon, il n’y avait pas de date très précise pour la sortie de son album, nous n’avions que verbalement convenu qu’il sortirait incessamment après la soirée des American Music Awards. Je pouvais jouer sur le calendrier, lui laisser le temps de se remettre.

Il me fit grincer des dents avec son souhait de garder Ivar et Tiffany en dehors du secret, je ne pouvais que penser que leur collaboration commençait bien mal avec un secret aussi gros mais j’acquiesçais, ce n’était pas à moi de faire courir la nouvelle. Je me redressais dans mon fauteuil ensuite en me penchant légèrement vers l’avant, mes mains en prières et mes deux index appuyés sous mon menton.

- Quand ai-je mentionné que je vous trouvais inutile ? Quand ai-je dis que c’était mal de faire partie d’un gang ? Tu es venu voir, je pense, ta manager et je t’ai parler comme tel, comme la femme qui pense à ta carrière, n’est-ce pas pour cela que tu as envoyé ta démo ? Pour lancer ta carrière ?

Je me tue quelques instants sans cesser de le regarder, je voulais le cerner, essayer de comprendre s’il se jouait de moi ou s’il ne me faisait pas une scène d’enfant trop gâté qui veut le beurre et l’argent du beurre.

- La vie privée de mes artistes ne me regarde que lorsque celle-ci vient jouer sur leur vie professionnelle à la différence qu’avec toi, je suis légèrement impliquée dans ta vie privée. Si tu veux un manager complètement neutre qui se foutra de ce que tu fais quand tu n’es pas entrain de remplir son compte en banque…

Je me penchais pour prendre mon carnet d’adresse dans lequel j’y avais dressé la liste de mes collègues, ici chez MTI mais aussi, d’autres managers avec qui j’avais eu des discussions lors de différents évènements. Une liste que je gardais près parce qu’on ne savait jamais quand nous avions besoin de faire aller ses contacts, une liste que je jetais sur mon bureau devant Finan.

- Tu trouveras certainement chaussure à ton pied là-dedans. Et, puisque c’est toi qui a demandé cette rencontre, tu es libre de l’ajourner quand bon te semble.

Je me levais puisqu’il me semblait qu’il venait de demander à partir, pour le raccompagner jusqu’à la porte de mon bureau.

- Tâche de dormir un peu et de soigner ton épaule surtout. J’aviserai Ivar et Tiffany que l’enregistrement est temporairement suspendu mais je te laisse le soin d’expliquer toi-même la raison, ainsi, tu gardes le plein contrôle. S’il y a quoi que ce soit d’autre, de toute évidence, tu sais où me trouver.  

@ Billy Lighter

Samantha avait très bien compris que je n’avais pas dit la vérité aux flics. Elle avait, elle-même, fait partie de la Casa Nuova, ce qu’elle ne manqua pas de me rappeler. Ni même qu’elle ne manqua de me rappeler qu’elle y était avec Ward. Je fis la moue.

-Ouais… Je suis au courant de ça…

Comme Reed, elle n’avait pas aimé mon ton sarcastique. Mais j’étais comme ça. Surtout quand la fatigue prenait le dessus sur le reste…

J’avais parlé de l’histoire que j’avais raconté aux flics et de l’amie, sans cité son nom, qui avait corroboré l’histoire qu’elle avait elle-même inventée. Mais, là encore, Samantha fit une remarque qui me fit faire la moue. Nell n’avait pas la conscience élastique. Elle avait un vrai sens moral et je savais que ce que je lui avais demandé de faire hier avait largement bousculé ses valeurs…

-C’est une amie précieuse. Elle n’aurait pas été là hier, je ne serais pas là aujourd’hui.

De ça, j’en étais certain. C’était Nell qui avait pris les choses en mains. Je n’aurais jamais réussi à aller à l’hôpital sans son aide.

Quant à quitter les Los Diablos… Les choses n’étaient pas aussi facile et j’avais bien entendu trop de fois cette chanson ces derniers temps que ce n’est pas de la meilleure des façons que j’avais présenté les choses à Samantha. Elle déclara que personne ne pouvait garder un secret dans cette ville ce qui me fit soupirer. Je baissai un peu les yeux quand elle disait me mettre en garde parce qu’elle tenait à moi.

-Je sais ce que je fais…

C’est tout ce que je dis et j’espérais que les augures de Samantha ne se réaliserait pas et que j’arriverais à mener de deux fronts mes deux vies sans jamais qu’une vienne emmerder l’autre. Même si… C’était déjà le cas aujourd’hui. Ce qu’il s’était passé hier dans ma vie de Los Diablos venait, aujourd’hui, influencer ma carrière de musicien.

Et puis, si Reed et Ricci y arrivaient, je pouvais y arriver aussi mais elle disait que tout ça était valable pour eux aussi. Qu’un jour ça leur éclatera au visage aussi. Sauf qu’eux, avaient bien plus de moyens que moi. Jimmy m’avait tenu le même discours.

« Ce que tu peux avoir Finan, je peux l’avoir en mieux ».

Mes lèvres se pincèrent.

-Ouais… C’est ce que Reed m’a dit. Qu’il avait des moyens que je n’avais pas.

Et, au fond de moi, ça me révulsait… Le pouvoir et l’argent étaient vraiment les seuls choses qui élisaient les maitres de ce monde.

Tout ce que je voulais c’était que, si Fleming me tuait, l’album sorte quand même, même inachevé. Et Samantha semblait pouvoir s’occuper de ça en comptant, entre autre, sur Ivar. J’hochai de la tête.

-Merci.

Je n’avais que deux envie : que l’album sorte et que Tiff et Ivar ne sache pas que je suis un Los Diablos. Je vis, dans le regard de Samantha, que ça ne lui plaisait pas. Mais c’était ma vie… J’en faisais ce que je voulais.

Et je laissai passer un petit message comme quoi, ils avaient beau tous penser que faire partie des Los Diablos étaient mal, dans le cas de Samantha, on lui était bien utile. Mais elle déclara n’avoir jamais dit que c’était mal. Ce n’était pas faux. Elle affirma ne penser qu’à ma carrière parce que c’était son rôle. Je soupirai.

-Ouais… C’est pour ça que j’ai envoyé cette démo…

Et elle sembla vouloir me montrer que si je voulais aller voir ailleurs, je pouvais toujours. Elle alla même jusqu’à me mettre une liste de manager sous le nez. Elle savait comment faire pour mettre les points sur les « i » et retourner les choses à son avantage.

Je soupirai et passai une main sur mon visage.

-Non… Je ne veux pas d’un autre manager… C’est toi qui a aimé ma démo. Pas tous ces noms sur cette liste.

Je soupirai avant d’esquissez un sourire fatigué.

-J’ai compris… Je ne dirais plus rien.

Je me levai un même temps que Samantha qui me conseilla d’aller dormir et qu’elle s’occupera de prévenir Tiff et Ivar.

-Non… Ne prends pas cette peine. Je vais aller les voir tout de suite. Ils doivent déjà être au studio… Je vais aller les rejoindre. Ensuite, promis, j’irais dormir.

J’avais surtout envie de voir Tiffany… Il me fallait voir Tiff et Ivar qui ne me parleront pas de Los Diablos, de Ward Fleming et j’en passe… Il me fallait ça.

Je fis signe à Samantha.

-Merci d’avoir bien voulu me recevoir.

Ensuite, je quittai la pièce pour filer aux studios.

@ Billy Lighter