Je venais de refermer le dossier du jeune Grant Custer. Un dossier que j’avais lu et analyser de nombreuse fois depuis que Monsieur Keller, le tuteur du jeune Custer, avait pris rendez-vous pour l’enfant. J’avais dû demander le dossier aux services sociaux étant donné que Grant Custer était passé par un foyer pour jeune avant d’être placé chez Jordan Keller.

Il faut dire que le jeune Grant n’avait pas eu une vie facile. Il avait été élevé seul par sa mère dans le Maine à des milliers de kilomètres de L.A. sa ville natale. Sa mère est, ensuite, tombée malade. Une leucémie. Pendant son séjour à l’hôpital, le jeune garçon avait été placé en foyer étant donné qu’il n’avait aucune famille sur place. Sa mère étant, elle-même, orpheline et fille unique et son père étant inconnu. S’en est suivi la mort de sa mère et un placement chez Keller très loin de chez lui.

Il n’était, donc, pas étonnant de lire dans ce dossier que le jeune garçon avait des problèmes de gestions de ses émotions. Ajoutons à ça un profil assez anti-social qui préexistait avant la mort de sa mère. Le traumatisme que ce deuil a dû causé n’a fait que compliqué les choses sans compter que, avant que Keller ne prenne contact avec moi, le jeune homme n’a suivi qu’une seule séance de psychothérapie avec Angelica Litrell. Elle travaillait ici autrefois avant sa mystérieuse disparition… Et le rapport de Litrell ne portait que sur des ajustements au niveau de la relation entre Custer et son tuteur.

J’avais, donc, une vision assez peu détaillée de l’enfant. Tout ce que je savais c’était que c’était une jeune homme solitaire, possessif et qui s’emporte vite. Un profil qui correspondait avec son parcours de vie. Il a toujours vécu seul avec sa mère ce qui pouvait expliqué son comportement possessif et solitaire… Quant à ses émotions, le traumatisme de la séparation avec sa mère peut avoir accentué sa colère et Grant n’a visiblement pas encore les armes pour arriver à exprimer de façon saine ses émotions

Il y avait du travail mais j’étais très optimiste. Je savais d’avance qu’il faudra travailler sur son deuil. Le deuil de sa mère mais, aussi, de son ancienne vie. Mais avant toute chose, il me fallait rencontrer son tuteur ainsi que la compagne de celui-ci. Ils vivaient avec Grant au quotidien et seraient plus à même de me parler des soucis qu’ils rencontrent au quotidien avec le jeune homme. Je devais savoir quels étaient leurs inquiétudes et compléter le profil de Grant avec leurs informations. C’est pour ça que j’avais demandé à les voir seuls. Je verrais, ensuite, l’enfant seuls lors d’une autre séances et de toutes celles qui suivront si jamais ils veulent continuer l’aventure avec moi.

C’est ainsi que, une fois le dossier refermé, je m’étais levé afin de rejoindre la salle d’attente et d’appeler le couple.

-Monsieur Keller, Mademoiselle Harris. C’est votre tour.

Je leur avais souri et je leur avais fait signe de me suivre jusqu’à mon cabinet. Je les avais fait s’asseoir face à mon bureau et j’avais pris place derrière le mien. J’avais alors sorti un carnet de note ainsi qu’un stylo afin de pouvoir noter les choses importantes qui ressortiraient de cette entrevue.

-Je suis heureuse de faire votre connaissance. Vous fait un couple charmant.

Je dis ça avec un petit sourire. Ils avaient l’air très uni comme couple et étaient parfaitement assorti. Je ne savais pas quel était le métier d’Eleanor Harris car elle n’était pas reprise dans le dossier des services sociaux mais je savais que Jordan Keller, de son côté, est policier.

J’avais ouvert, à nouveau, le dossier de Grant.

-J’ai analyser le dossier de Grant. Celui de services sociaux. J’ai pu y lire que sa mère est décédée d’une maladie et qu’il vivait, autrefois, dans le Maine. Un événement qui a dû fortement touché le jeune garçon.

J’avais relevé la tête vers Jordan et Eleanor.

-Mais ce que je voudrais, aujourd’hui, c’est surtout entendre votre point de vue et vos inquiétudes. Vos points de vue, à tous les deux, me seront très précieux pour adapté mes entrevue avec Grant. Vous vivez avec lui et êtes donc la meilleur source d’information qui soit. La première chose que je voudrais savoir c’est comment vous décririez la personnalité de Grant.

Je désirais autant le point de vue de Jordan Keller que de sa compagne car chacun ne voyait pas les autres de la même manière.

@ Billy Lighter

J’étais inquiet… En fait non, pas vraiment… Mais disons que j’avais peur d’être jugé par le Dr. Maria Johnson comme un mauvais tuteur. Pourtant, j’avais bien l’impression de faire tous les efforts qu’il fallait avec Grant, pour qu’il aille mieux, pour qu’il se sente mieux dans sa peau. Mais ce n’était pas facile…

Je pris les mains de Nell, l’enlaçai de la mienne et la posai sur ma cuisse avant de la regarder avec un pauvre sourire. Qu’est-ce qu’on faisait mal ? Peut-être le Dr. Johnson aurait la réponse. J’avais peur de l’hérédité aussi… Son père était Ward Fleming… Et son grand-père avait fait une sortie dans L.A.People dernièrement.

Bref, Grant avait un sale pédigrée et j’espérais que ce genre de truc n’était pas héréditaire et évitable s’il était bien encadré. N’empêche que certains dessins de Grant faisaient peur. Et je savais qu’il ne nous les montrait pas encore tous, qu’il en gardait dans son tiroir à secret dont lui seul avait la clé.

J’étais plongé dans mes pensées, mon regard sur nos mains entrelacées quand une voix douce appela nos noms. Je me levai, un peu raide à cause du stress, mais ne lâchai pas la main de Nell. Et tous les deux, on pénétra dans le bureau de Maria Johnson qui affirma être heureuse de faire notre connaissance non sans glisser un compliment qui me fit sourire.

-Merci, Madame. Nous sommes ravis de vous rencontrer aussi… Il nous faut absolument quelqu’un pour aider Grant.

On s’installa et le Dr. Johnson ouvrit un dossier en disant que son déménagement du Maine à L.A. avait du être plus que déstabilisant pour Grant.

-Ouais… il a eu un peu de mal à s’adapter à la chaleur… les arbres n’étaient pas les mêmes non plus, il se plaignait qu’il ne pouvait pas escalader les palmiers… Il adore escalader.

Peut-être que je devrais faire de l’escalade avec lui… Je pris une cigarette et l’allumai.

Le Dr. Johnson voulait avoir notre point de vue sur Grant, à tous les deux. Parce qu’on ne voyait peut-être pas le même Grant. C’était vrai qu’il était plus enclin à obéir à Nell qu’à moi.

Je soufflai une longue bouffée de fumée.

-Grant est un garçon intelligent… Il est doué pour le dessin et la boxe où je l’emmène plusieurs fois par semaine. Il comprend vite, il sait se débrouiller pour prendre le bus seul. Mais il ne parle pas beaucoup… Et il est très vite contrarié. Il veut s’approprier les gens qu’il aime… Il veut que ces gens n’aiment que lui et restent avec lui.

J’eus un rire nerveux.

-Je ne crois pas que je fasse partie de ces gens… Bien que… Quand il est vraiment en colère, je le prends dans mes bras et je le serre fort contre moi… Alors il se calme…

Je tirai sur ma clope et regardai Nell.

-Il parle un peu plus à Nell, je pense…

@ Billy Lighter

Je sentais l’ambiance dans la maison doucement versée vers le stress de l’inconnu. Jordan et moi, devions rencontrer la Docteur Maria Johnson qui désirait une première rencontre avec nous afin de dresser un portrait familial de Grant et se faire, possiblement, une meilleure idée de son futur patient. Moi, je trouvais que c’était une bonne façon de démarrer le processus bien que je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Est-ce qu’elle allait porter des jugement hâtif sur notre situation ?  Il y avait eu tellement de bouleversements dans la vie de Grant, rien qui n’aidait sa stabilité à se maintenir. Je faisais partie de ces bouleversements quand j’avais accepté la proposition de Jordan à m’installer chez eux. Cela dit, je pensais, sans vouloir prétendre de rien, que j’étais un bouleversement positif, du moins, je l’espérais.

Jordan et moi fûmes rapidement invités à entrer dans le bureau de la psychologue, une très belle femme soit dite en passant et nous primes place dans les fauteuils placés devant son bureau. D’entrée de jeu, elle déclara être heureuse de faire notre connaissance et que nous étions n couple charmant. Ma parole, elle n’avait pas besoin de beaucoup de temps pour se faire une idée des gens !

- Merci, c’est un plaisir pour moi aussi.

Et comme le disait Jordan, nous avions vraiment besoin de son coup de main pour mieux nous outiller à aider Grant. Il nous fallait plus que notre bonne volonté, plus que notre amour. C’était important pour nous d’offrir le meilleur des support pour Grant.

Elle avait analysé le dossier du petit, celui que les services sociaux avait produit et elle en tirait des informations justes sur lesquelles il fallait travailler. Le décès de la mère de Grant devait certainement planer encore puisqu’il avait entrainé de grands changements et apportés beaucoup de questions dont nous n’avions malheureusement pas les réponses.

- Il grimpe partout, il… grimpe… quand il en a l’occasion.

Je me sentais un peu stupide sur le coup, de répéter les mêmes choses que Jordan et je m’en mordis la lèvre inférieur, gênée d’avoir peut-être interrompu la psychologue. Ce qu’elle voulu savoir ensuite, était ce que Jordan et moi pensions de Grant, comment nous le décririons sa personnalité. Je laissais Jordan répondre ne premier puisque c’est lui qui, tout d’abord, en a eu la garde et que moi, je n’étais que la petite amie de son tuteur, dans le portrait familial de Grant. À la limite, j’aurais trouvé plus pertinent que Sky soit présente ici plutôt que moi.

- Oui heu… Oui il me parle quand même un petit peu plus facilement qu’à Jordan mais ce n’est toujours qu’en superficie. Il a du mal à identifier correctement son émotion et à faire la pet des choses. Comme l’a mentionné Jordan, Grant a besoin que les gens n’aiment que lui et personne d’autre. Il a… heu… il a exprimé des propos très dur envers un camarade de classe chez qui une fille de son école passait la journée. Ça été difficile de gérer la situation.

Nous avions déjà des inquiétudes à propos des émotions de Grant mais ce jour-là avait été le point culminant qui avait fait en sorte que nous soyons dans ce cabinet, aujourd’hui. Je regardais Jordan après ma réponse en me demandant si nous devions parler d’Heaven et du fait qu’il avait semblé bien apprécier la petite, après la visite de Sky. Pour moi, Sky demeurait une personne très importante pour Grant et nous allions devoir obligatoirement en parler, pour avancer. Le truc c’est que je ne savais pas si c’était à moi de le faire.

@ Billy Lighter

Le couple était entré dans mon bureau et j’avais commencé avec quelques compliments. Je souhaitais les mettre à l’aise afin que la communication entre nous reste bonne du début à la fin de cette entrevue qui viserait à aider leur pupille.

Et je remarquais directement quelque chose : Jordan Keller était très stressé. Je le sentis quand il déclara qu’il fallait absolument quelqu’un pour aider l’enfant dont il avait la garde. Absolument mettait en avant une notion d’urgence preuve que Keller était dépassé par la situation. Je pouvais comprendre que certains parents, à un moment donné, soit à court d’idée afin de gérer leur enfant surtout quand celui-ci n’est pas le leur.

-Nous allons faire de notre mieux, tous ensemble.

Je dis ça en souriant avant de demander au couple de me décrire la personnalité de Grant. La question était vaste mais, ainsi, je pourrais avoir un maximum d’informations avant de poser, plus tard, des questions plus précises.

C’est Jordan qui se lança en premier déclarant que, en effet, le petit avait pris le temps avant de s’habituer. Notamment au climat. J’avais noté cela dans mon carnet avant de noter que le petit semblait apprécier l’escalada ce que confirma Eleanor qui, de son côté, avait été plus hésitante. Je lui souris en hochant de la tête pour essayer qu’elle se détente alors que Jordan Keller, lui, s’alluma une cigarette preuve supplémentaire de son angoisse.

-Il est normal que, au début, il ait eu une aversion pour Los Angeles. Il a vécu une sorte de déracinement et, dans ces cas, le temps d’adaptation peut être long et difficile.

Mais ça ne semblait pas être leur inquiétude première probablement parce que l’enfant avait fini par s’y faire.

Ensuite, c’est sur la personnalité de l’enfant que Keller me donna des indications. Et ses dires rejoignirent ce que j’avais lu dans le dossier de Grant. Le petit était intelligent mais peu communicatif. Keller me décrit aussi le côté possessif de Custer qui pouvait trouver sa source dans plusieurs choses. Ajoutons à ça une très faible résistance à la frustration.

Mais je sentis aussi que Keller semblait touché par le fait qu’il ne faisait pas partie des personnes dont Grant souhaitait l’exclusivité. Eleanor semblait avoir les faveurs de l’enfant. Je me tournai, donc, vers elle. Elle confirma que le petit lui parlait plus mais que ça restait superficiel. Une information que je ne manquais pas de noter tout comme le fait que le petit avait du mal à mettre des mots sur ses émotions. Là encore, elle souligna la possessivité de l’enfant mais aussi des réactions très durs de l’enfant vis-à-vis de ses paires.

J’avais pris le temps de noté avant de relever le regard vers le couple.

-La possessivité dont fait preuve Grant peut trouver son origine dans la relation qu’il avait avec sa mère. Il n’y a aucun détail là-dessus mais il a vécu seul avec elle. On peut donc déduire qu’il avait une relation fusionnelle avec elle. Peut-être même était-il en enfant roi. Ce n’est pas à exclure. Peut-être recherche-t-il, à nouveau, ce genre de relation. Comme il a été enfant unique et que sa mère n’avait aucun conjoint, ça expliquerait pourquoi il a beaucoup de mal à vouloir partager. Et ça explique, aussi, pourquoi il semble plus avoir confiance envers les femmes qu'envers les hommes.

Ceci n’était qu’une hypothèse, bien sûr, mais c’est ce que je pouvais déduire du dossier et du comportement de Grant.

-Mais vous avez parler de propos très dur envers un camarade de classe… Quels sont ses propos. Vous semblez réellement vous inquiéter pour Grant. Quels sont vos inquiétudes ? Qu’est-ce qui vous a interpellé dans son comportement ? Quand il se met en colère, quels sont les raisons et comment manifeste-t-il sa colère ?

@ Billy Lighter

Ce fut au tour de Nell de prendre la parole et de raconter comment elle voyait Grant. Nos deux explications se recoupaient, preuve que nous ne mentions pas. Et qu’il n’y avait pas l’un de nous qui se faisait une fausse idée de Grant. Tout ce qu’elle ajouta en plus que moi, c’était les propos très durs que Grant avait eu envers Jesse Stark-Perry.

On était tous les deux un peu stressés. Nous avions peur qu’on nous prenne pour de mauvais parents parce que nous étions un peu dépassés. Mais la psychologue était très calme et posée et elle ne posa aucun jugement sur ce que nous venions de dire… Elle avait d’ailleurs dit plus tôt que nous allions agir, tous ensemble.

Et elle disait que c’était normal que Grant ait eu une aversion pour L.A. car il avait été comme déraciné… Ouais, ça, je pouvais le comprendre, à défaut de pouvoir le gérer… Enfin, j’avais du gérer quand même parce que Grant se plaignait moins de la chaleur et des arbres.

-Ouais, mais je crois qu’il s’est habitué maintenant… Je crois qu’il est content de pouvoir mettre des shorts et des t-shirt toute l’année et de pouvoir jouer dehors la plupart du temps.

Quant au fait que Grant était possessif, encore une fois, le Dr. Johnson nous expliqua de sa voix douce et posée ce qu’il en était. Que c’était parce qu’il avait vécu avec sa mère et exclusivement elle. Qu’il était peut-être un enfant-roi, ce qu’il n’était plus chez moi.

Elle expliqua aussi que c’était pour ça que Grant avait plus facile avec les femmes qu’avec les hommes. Moi, je m’étais allumé une cigarette tout en écoutant.

-Je sais ça… il adore Leia, la copine de mon frère, il adore Nell. Il aime aussi beaucoup sa babysitter, Sky. Mais malgré tout, quand il faut le calmer et le prendre dans nos bras, ça fonctionne même avec moi.

Je me mordis la lèvre avant de tirer sur ma cigarette quand la psychologue demanda à ce qu’on en dise plus sur les propos qu’avait eu Grant sur Jesse Stark-Perry…

Je soufflai longuement la fumée avant de me lancer.

-Vous savez… Sa mère lui avait dit de dessiner ce qu’il ressentait comme il sait très bien dessiner. Alors c’est ce qu’il fait… Mais on est tombés sur un dessin où il avait représenté un petit garçon de son école dans une maison en feu, et ses parents brûlaient eux aussi…

Je repris une bouffée de cigarette.

-C’est là qu’on a commencé à vraiment nous inquiéter. Je ne regarde pas tous ses dessins, d’habitude. J’estime que c’est son journal intime à lui, mais c’est par inadvertance que je suis tombé sur ce dessin.

Je marquai une pause et soupirai.

-On lui a demandé pourquoi il avait dessiné ça et la première chose qu’il nous a dite c’est qu’il avait peur d’être puni pour avoir dessiné ça. Mais une fois qu’on lui a expliqué qu’on ne le punirait pas, il nous a expliqué que ce garçon jouait parfois avec une fille de son école dont il voulait l’exclusivité… Et que cette fille allait passer son samedi chez le petit… Alors que lui-même avait pensé à l’inviter. Enfin bref.

Je tirai le cendrier vers moi, je ne savais pas s’il se trouvait là parce que le Dr. Johnson fumait ou s’il était là pour les nerveux comme moi. Bref, j’écrasai mon mégot avant de rallumer directement une autre cigarette.

-En bref, il nous a dit qu’il voulait voir ce petit mort.

@ Billy Lighter

Jordan et moi étions devant le docteur Johnson et devions peindre un portrait de Grant en répondant à ses questions. Il était facile de dire que Grant était un garçon très intelligent, doué en dessin et qu’il aimait grimper. Ce qui était plus ardu était de pointer directement le problème, de mettre des mots sur les mots. Ni Jordan ni moi voulions dire ouvertement que nous craignons que Grant ait des tendances violentes qui pourraient le pousser à commettre des gestes graves mais si nous étions ici aujourd’hui, c’était parce qu’effectivement, notre inquiétude commune dépassait nos capacités.

Alors, pour débuter, Jordan et le docteur Johnson parlèrent de l’adaptation de Grant à Los Angeles. J’avais cru comprendre qu’au début ç avait été plus difficile mais à moi et devant moi, Grant n’avait jamais parlé de son ancienne ville alors je ne croyais pas pertinent de s’y attarder davantage que pour planter le décor.

Ensuite Jordan parla de la facilité qu’avait Grant à se confier aux femmes proches de lui. Moi, Leia et Sky étions celles avec qui le courant passait le mieux bien que ce fusse avec Sky que Grant échangeait le plus. Il avait une très forte complicité avec elle et avec moi, il se confiait mais toujours sans aller en profondeur. J’avais beaucoup de difficulté à le sonder, à savoir exactement ce qu’il pensait. Quand il me regardait en penchant la tête sur le côté comme le fait son père, je me demandais toujours s’il n’était pas entrain de se questionner sur mon intelligence ou s’il faisait qu’un temps d’arrêt en se demandant s’il avait bien fait tous ses devoirs.

Bref, c’était troublant.

La docteur parla alors de quelque chose qui, sortant de sa bouche, me semblant maintenant être une évidence. Grant avait certainement eu une relation très fusionnelle avec sa maman et je n’avais pas de difficulté à croire que le petit avait été élevé comme le petit roi de la maisonnée.

Alors j’osais…

- Oh je… Oui c’est comme lorsque nous lui demandons de faire une tâche ou de ramasser ses choses et qu’il marchande un privilège en échange.

Il avait plus d’argent de poche parce qu’il avait accepté de rencontrer la psychologue. Mais ne vous méprenez pas ! Je ne blâmais pas Jordan non plus que je l’accusais de mal s’y prendre, je faisais exactement la même chose ! Pas plus tard que hier, j’avais demandé à Grant de bien vouloir mettre ses vêtements sales dans le panier à lessive pour que je puisse la faire plus tard et je m’étais retrouver à lui cuisiner des cookies pour qu’il effectue sa corvée.

J’avais soulevé le point que Grant avait eu des propos assez sur envers un camarade de classe pour expliquer qu’il avait ce besoin possessif que les gens n’aiment que lui et je laissais Jordan l’expliquer, quand la docteur Johnson demanda plus de précision à ce sujet.

Il raconta pour les dessins, pour l’histoire avec Jesse et Sofia et de comment il avait exprimé sa colère dans un dessin assez violent. D’y repenser me faisait frissonner. Est-ce que j’étais dans l’un de ses dessins, moi aussi ? Peut-être qu’il n’avait pas vu d’un bon œil mon arrivé au tout début mais qu’avec le temps, il avait appris à m’apprécier, ce qui ne l’aurait pas empêché de me dessiner en me représentant dans des souffrances insoutenables.

- Juste avant que ça arrive, je parle du dessin et des propos envers le garçon de son école, Grant dessinait tranquillement dans le jardin et le neveu du voisin est venu l’embêter. Grant s’est emporté et l’a frappé. Il a fallu que Jordan les sépare sinon, Grant ne s’arrêtait pas de frapper.

Ça n’avait peut-être pas de lien, mais tant qu’à parler de la gestion de la colère de Grant, valait mieux tout soulever que de garder encore quelques mottons de poussière sous le tapis.

@ Billy Lighter

L’adaptation à sa nouvelle vie ne semblait pas être le principal problème de Grant. Il semblait s’être fait à son nouvel environnement et y avait même trouvé des avantages. Je pouvais, donc, noter que l’enfant avec une bonne faculté d’adaptation. Car, au-delà des problèmes rencontré par Grant, je devais aussi connaitre ses forces. Ces toutes ses choses qui seront à renforcer au cours de nos entrevues.

J’avais lancé des hypothèses concernant la possessivité de l’enfant envers les figures féminines qui l’entouraient. Ce n’était que des hypothèses, bien sûr, mais ça rejoignait ce que je lisais et ce que j’entendais. Jordan confirma que Grant s’ attachait beaucoup aux femmes qui l’entouraient comme Eleanor mais, aussi, la petite-amie de son frère ainsi que sa baby-sitter. Mais il obtenait tout de même les faveurs de l’enfant quand il le prenait dans ses bras. J’hochai de la tête en notant tout cela avant qu’Eleanor n’ajoute que le petit cherchait toujours à marchander quand il s’agissait de devoir faire une tâche.

-Est-ce que ses demandes son proportionnée par rapport à la tâche ? Est-ce que ce marchandage se présente à chaque fois qu’il y a une tâche à faire ?

Il se peut que l’enfant ait été habitué à ce genre de chose et si les adultes y accédaient constamment, c’est donc, normal, que l’enfant continue à imposer ses conditions si on lui laisse le terrain pour négocier. Grant est intelligent d’après tout ceux qui l’ont fréquenter et, donc, il ne passera certainement pas à côté des possibilités d’avoir des avantages quand il le peut comme tout enfant.

Mais tout ça n’est pas encore problématique. Si Grant a juste les caractéristiques d’un enfant roi, il me faudra travailler avec lui et ses parents sur un cadre et ainsi l’aider à contenir sa frustration. Mais je voyais bien que ce n’était pas tout. Il y avait autre chose. Et c’est Jordan qui s’était lancé à expliquer les choses.

Je plantais son regard dans le sien afin de montrer qu’il avait toute mon attention. Jordan me parla des dessins de Grant. C’est par le dessins, visiblement, que l’enfant s’exprimait le mieux. Chaque enfant avait sa façon de faire et la mère de Grant semblait avoir trouvé ce qui pouvait convenir à son enfant. C’était une bonne technique mais un des dessin avait particulièrement interpellé Jordan et sa petite-amie. Et, effectivement, quand Jordan me le décrit je pouvais bien imaginer leur inquiétude.

Je ne le coupai pas, je le laissai s’exprimer jusqu’au bout. Notamment le fait que l’enfant n’avait pas l’intention de montrer ce dessin et que sa première réaction face à cette découverte c’est qu’il avait eu peur d’être puni. Il sait donc que ce qui était représenté était mal. Donc, le petit avait parfaitement conscience du bien et du mal. Du moins, sur ce point-ci. Et il s’est ensuite livré sur les raisons de ce dessin qui rejoignait le tempérament très possessif de Grant. Un Grant qui pensait supprimer sa frustration en éliminant la source : l’autre enfant.

Était-ce inquiétant ? Tout dépend… Si ce n’était qu’un dessin et une seule fois, non. Certains enfants peuvent ressentir des sentiments très fort par rapport à quelque chose et peuvent parfois les exprimer de façon extrême. Mais si les dessins sont constant et s’appliquer à beaucoup d’autres situation cela peut devenir inquiétant ou être le reflet d’un traumatisme vécu dans l’enfance.

Mais il semblerait que les pulsion violente de Grant ne concernent pas uniquement le dessin car Eleanor expliqua que, juste avant, Grant avait eu un comportement très violent envers un autre jeune.

Ainsi, j’arrivais mieux à cerner leur inquiétude.

Je m’étais raclé la gorge afin d’employer les meilleurs mots.

-En effet, je peux comprendre que ce genre de dessin ait provoqué votre inquiétude. Il est clair que Grant utilise le dessin comme exutoire. Ce n’est pas un mal, au contraire, c’est même une bonne chose. Quand vous dites que, lorsque vous l’avez pris sur le fait, il a eu peur d’être puni, est-ce qu’il avait réellement peur. Je veux dire était-il plutôt fâché ou réellement apeuré ? Pleurait-il ?  De quoi avait-il peur ? De perdre votre amour ? Ou bien de perdre ses privilèges ?

Je voulais savoir s’il c’était vraiment de la peur qu’il avait ressenti ou bien de la frustration. C’était important pour la suite.

-Vous pensez que ses autres dessin sont de la même nature ? Présenter un enfant dans une maison en feu avec ses proches, c’est tout de même très précis. Grant regarde-t-il souvent des choses violente à la télévision qui aurait pu lui permettre d’enrichir ses dessins ? On voit souvent des choses violentes aux informations mais aussi dans les films… Je ne vous juge pas par rapport à ça. Enormément de parents laissent leur enfant devant la télé sans se rendre compte que certaines choses peuvent être violentes peur eux. Je veux juste essayer de comprendre d’où vienne ses inspirations pour pouvoir écarter un potentiel traumatisme vécu dans l’enfance.

J’étais consciente que j’inondais les deux tuteurs de questions mais je ne voulais rien laisser au hasard.

-Quant à son comportement violent envers l'autre garçon, vous en savez l’origine ? Est-ce la première fois que Grant se comporte d’une façon violente envers quelqu’un ? Et après cet évènement, j’imagine que vous lui avez expliquer que ce n’était pas un comportement approprié, tout comme, quand il vous as dit qu’il voulait tuer son camarade d’école… Qu’est-ce qu’il a dit par rapport à ça ?

@ Billy Lighter

Nell parla à la psy du fait que Grant avait tendance à marchander des récompenses en échange des tâches accomplies. Et la psychologue demanda si c’était proportionné et systématique… Je tirai sur ma cigarette, réfléchissant avant de répondre.

-Non, ce n’est pas systématique. Il y a des tâches comme aspirer sa chambre qu’il fait sans rien demander. A mon avis sa mère l’avait habitué à faire ça. Il y a aussi d’autres petites choses comme de ranger son bol de céréales sales dans l’évier, ce genre de chose.

Je frottai mon menton…

-Et proportionné, ouais, je pense que ça l’est. De temps en temps je lui glisse un dollar dans sa tirelire quand il a bien fait quelque chose, mais ça, ce n’est pas lui qui le demande et c’est quand il a fait quelque chose d’exceptionnel comme réussir à se calmer tout seul.

Je haussai les épaules et laissai la fumée s’échapper par les narines.

-Ah et on a un deal aussi… Il fait quelques tâches et moi je fais l’effort de fumer dehors.

Je pris la main de Nell dans la mienne quand vint le temps de parler des facettes les plus inquiétantes de Grant. Mais ce fut Nell qui osa aller jusqu’à raconter qu’on avait du séparer Grant et le neveu du voisin quand Grant lui avait sauté dessus. Moi, je n’avais parlé que du dessin et du petit Jesse que Grant voulait voir mort, non seulement lui, mais sa famille aussi.

Et s’en suivis une flopée de question de la part du Dr. Johnson… je lâchai temporairement la main de Nell pour gratter ma nuque, un peu embêté avant de reprendre sa main dans la mienne.

-De quoi avait-il peur ? Qu’on le punisse, c’est tout ce que je sais… Pourtant, on ne le punit que rarement. Quand il s’emporte, on lui demande de ranger son bazar. Mais on ne peut pas dire que Grant fasse beaucoup de bêtises qui nous forceraient à le punir.

Je haussai les épaules.

-On essaye plutôt de comprendre… Et non, il ne pleurait pas et ne semblait pas apeuré… mais contrarié, ça ouais… Parce que nous n’étions pas censés voir le dessin.

Puis elle demanda si les autres dessins de Grant étaient de la même nature. J’échangeai un regard avec Nell.

-Il en a peut-être montré plus à Nell qu’à moi… Mais il a un tiroir secret que je lui laisse avoir parce que je pense qu’il a droit à son intimité. Comme je l’ai dit, ses dessins sont un peu comme un journal intime. A moi, il me montre ses dessins de super-héros. Et il est très doué.

Je tirai longtemps sur ma cigarette.

-Il veut être Batman pour protéger ceux qu’il aime. C’est ce qu’il dit toujours.

Je souris à Nell.

-Et pour faire le bien, Nell l’emmène à la Mission St-John où il est très appliqué et content de lui. Moi, je l’emmène à la boxe pour qu’il se défoule et il a aussi un sac de frappe à la maison.

Ensuite vint une question sur ce que Grant regardait à la télévision et là je fis la moue et grommelai.

-Il regarde des films d’horreur avec Sky… J’engage toujours Sky parce que je sais qu’il est attaché à elle… Mais je pense de plus en plus que ce n’est pas une bonne idée.

Parce que c’était la femme de Ward Fleming et que j’avais peur que le criminel ne distille son venin dans l’oreille de Sky et qu’elle corrompe Grant.

Puis le Dr. Johnson demanda si c’était la première fois qu’il s’emportait comme ça envers un autre garçon.

-La première fois que je le vois en tout cas. Mais son entraîneur à la boxe m’a dit qu’il avait mis K.O. un ado de 15 ans et qu’il ne voulait pas s’arrêter de frapper. Amon, c’est l’entraîneur, a du aussi les séparer.

Je soupirai.

-Amon lui a expliqué, je lui ai expliqué, Nell lui a expliqué… mais lui… il ne dit rien par rapport à ça…

Je regardai Nell.

-Pas à moi en tout cas, je ne sais pas à toi…

@ Billy Lighter

A psychologue posait des questions sur le comportement de Grant pour lui permettre de bien cerner le garçon et la bonne façon d’intervenir. Elle parlait de la relation certainement fusionnelle qu’il avait entretenu avec sa mère puisqu’il était enfant unique. Sa maman avait peut-être fait de lui un enfant roi, sans l’avoir fait exprès ou par soucis de lui donner tout pour compenser autre chose. Jordan n’était pas de cet avis mais moi, je trouvais que ça faisait du sens car il arrivait souvent que Grant marchande un privilège contre une de nos demandes.

Cependant, comme l’expliquait Jordan, ce n’était pas systématique, mais à savoir si c’était proportionné, je n’étais pas certaine que j’étais d’accord avec mon amoureux. Je penchais un peu la tête en faisant un ‘’o’’ avec ma bouche, comme si j’allais dire quelque chose mais je n’osais pas ou alors je ne savais pas comment le formuler. En fait, je me sentais sur un terrain glissant, je ne voulais pas que Jordan croie que je jugeais toute sa façon de faire avec Grant car je ne ferais certainement pas mieux.

- Bien… en fait… c’est peut-être qu’avec moi… Ou peut-être que c’est moi qui ne vois pas de la même manière ? C’est difficile de le dire mais… Je… En fait… Je trouve que d’avoir augmenté son argent de poche pour qu’il accepte de venir ici ce n’est pas proportionné mais ce n’est que ça.

Jordan expliqua aussi que lui et le petit avaient comme deal que le premier fumait dehors si le second faisait les tâches qu’il lui assignait.

- Oui, il fait bien ses tâches quotidienne, mais il n’en a pas tant que ça. Je veux dire, qu’il n’en a pas plus que ce qu’un enfant de son âge devrait avoir. Il coopère bien dans la maison, ça va bien.

Je caressais le dessus de la main de Jordan avec mon pouce quand il prit ma main dans la sienne. Tous les deux, aurions préférés être ailleurs que sur ces chaises mais c’était un mal nécessaire puisque nous aimions très fort Grant et que nous voulions l’aider aux meilleurs de nos capacités.

J’osais avancer le sujet chaud, celui de la violence qui bouillait en Grant et qu’il exprimait par ses dessins… et par ses poings, car si nous étions inquiets de la façon avec la quelle il avait dessiner la famille du petit Jesse tout simplement parce qu’il avait eu la chance de passer un moment avec Sofia, moi, je me souvenais aussi que Jordan avait du séparé Grant du gamin du voisin car il ne cessait de frapper. Ça s’était aussi produit à la boxe. Grant ne savait pas « décolérer » et s’arrêter après coup.

La psychologue décortiqua nos informations en commençant par les dessins qui servaient d’exutoire, ce qui était très bien.

- Oui, il avait peur de notre réaction en voyant les dessins. Mais vu ce qu’il dessine, je comprends qu’il pouvait craindre notre réaction. Mais… comme l’a dit Jordan, les dessins lui appartiennent, tant que ça reste sur papier, il n’y a pas de mal ? Qui n’a pas un jour pensé dans sa tête des choses dont il aurait honte d’avouer publiquement?

C’était le principe du journal intime. Une façon de se vider le cœur et la tête et une fois que c’était sur papier, nous pouvions passer à autre chose. Sauf que Grant ne passait pas à autre chose, une fois qu’il l’avait couché sur papier.

- Non.

Je regardais Jordan en faisant non de la tête.

- Grant ne m’a jamais montré ses dessins, pas ceux-là en tous les cas.

À la maison, je n’osais jamais vraiment pénétrer dans l’intimité de Grant, je préférais attendre qu’il m’invite à le faire. Pour l’instant, nous avions une bonne relation mais jamais aussi solide que ce qu’il avait avec Sky. Il me laissait lui préparer ses bols de céréales, il me racontait des trucs sur ses journées à l’école et parfois, quand nous regardions la télévision, il appuyait sa tête contre mon épaule mais ça c’était récent.

- Batman est son héro ! Et il adore venir à la mission avec moi.

Ensuite il y avait aussi ses moments qu’il passait avec Sky. Il renouait, puisque sa baby-sitter préférée avait été en convalescence un long moment puis il y avait la boxe aussi, un autre bon moyen de lâcher la pression. Pour Sky, Jordan ne savait plus si c’était une si bonne idée, ça allait faire s’interroger le docteur Johnson et pour la boxe, ça avait été pareil que l’autre jour dans notre jardin. Grant ne sait pas s’arrêter, il ne voit pas la ligne à ne pas franchir et ça me fit penser à cette fois-là, avec Ward, à South L.A.

- Oh… Je…

Mais est-ce que je devais raconter cette histoire ? Si j’omettais de parler de Ward Fleming, je pouvais certainement en parler. Mais Jordan avait amorcé un peu la manœuvre en parlant de Sky et de ce qu’il pensait de sa relation avec Grant. Alors, tant qu’à être ici, valait mieux tout dire.

- Un soir, nous sommes rentrés tard et avons emprunté une ruelle pour rentrer plus directement. Un chat m’a fait peur en sautant sur une poubelle et Grant l’a visé avec son lance-pierre. Il l’a blessé, pas gravement, juste pour le surprendre. Je lui ai expliqué qu’on ne pouvait pas faire ça et il m’en a voulu de ne pas l’avoir remercié pour son geste. Ça m’a déstabilisé.

J’y ai souvent resongé, après coup. Grant ne réalisait pas que de blesser quelqu’un d’autre et même un animal, ça ne se faisait pas. Comme le soulignait Jordan, nous lui avions tous expliquer mais le message ne semblait pas passer, du moins, Grant ne semblait jamais capter l’essence du message. Alors, quand il me posa la question, je secouais la tête.

- Non, il ne me dit jamais rien car je ne crois pas qu’il comprend ce que nous lui expliquons… Je veux dire… Il entend, il comprend les mots, mais pour lui ça semble demeurer une donnée abstraite, comme si ça ne s’appliquait pas à lui car il… Il est… Batman. Batman combat et se bat pour protéger les autres.

Plus je parlais, plus j’avais l’impression d’enfoncer la tête de Grant sous l’eau alors que la raison pour laquelle j’accompagnais Jordan ici, c’était bien pour l’aider !

@ Billy Lighter

Grant semblait savoir marchander, c’est en tout cas ce qui ressortait des dires d’Eleanor. Restait à savoir dans quelle mesure. Là-dessus, Jordan disait que le petit faisait parfois des tâches sans demander de récompense. Des petits gestes quotidiens qui aident au bon fonctionnement de la maison. Le tuteur de l’enfant ajouta que c’était lui qui, parfois, récompensait Grant sans que le petit le demande quand il a fait des choses un peu plus exceptionnelle. Tout ça me paraissait être une bonne façon de fonctionner ainsi que le deal entre eux.

Mais Eleanor avait une autre façon de voir les choses. C’est très précisément pour ça que j’avais tenu à voir les deux. Pour qu’ils se complètent. Et il semblait que Grant ait marchandé ses rendez-vous chez moi contre de l’argent et ils y avaient cédé. Quant aux tâches quotidiennes, elle pensait que ce qu’il faisait était simplement normal et que le petit coopérait bien.

-Le système de récompense lorsque Grant fait des choses très complexe pour lui me semble être intéressant. C’est une preuve que vous faites attention à ses progrès et les valoriser est une bonne chose. Il ne faut pas oublier de bien lier ses efforts à la récompense qu’il en soit bien conscient afin qu’il continue ce genre d’effort. Pour le reste, oui, qu’il participe aux tâches de la maison me semble important surtout s’il a été un enfant roi. Il ne faut pas qu’il prenne le pouvoir à la maison ce que les enfants roi ont tendance à faire. Il est important de ne pas céder à tous ses caprices et ça même si ça le frustre. La frustration semble être quelque chose de difficile à gérer pour lui et, donc, il faut l’y confronter de temps à autre.

Puis, Jordan me parla des fameux dessins qui était un peu le déclic pour venir me voir. J’écoutais attentivement leurs inquiétudes les comprenant parfaitement. Ces dessins n’étaient pas anodins surtout s’il y en avait plusieurs. Je voulais aussi savoir comment Grant avait réagit quand son dessin à été découvert par ses proches. Jordan déclara qu’il avait eu peur qu’on le punisse chose, qui, visiblement n’arrivait pas souvent. Toutefois, l’enfant n’avait pas pleuré mais avait montré une grand contrariété parce que ce dessin a été découvert. Eleanor ajouta que l’enfant avait eu peur de leur réaction face au dessin preuve supplémentaire que l’enfant avait certaines notions du bien et du mal.

Ce que j’entendis aussi c’est qu’ils ne savaient aucun des deux s’il existaient des dessins similaires car Grant ne leur en parlait pas et qu’il avait son tiroir secret. Je pouvais tout à fait comprendre qu’ils veulent lui laisser son intimité. Mais il ne faut pas non plus laisser l’enfant seul livré à lui-même et ses sentiments destructeur. Surtout un enfant qui a du mal à gérer ses émotions.

-Donc, il vous montre ce qu’il sait être acceptable et cache ceux qui lui servent d’exutoire. Je comprends tout a fait votre volonté de laisser à Grant son jardin secret mais il est possible que, malgré les dessins, ce trop plein de sentiments soit difficile à gérer pour lui. Il faut l’aider à mettre des mots sur ce qu’il dessine et, pour ça, il serait bien de l’inviter à les montrer en toute bienveillance. Il les cache parce qu’il sait que ce qu’il dessine est violent et que ce n’est pas accepté par les autres et ça malgré le fait que vous lui avez expliqué que vous essayez de comprendre quelque chose qu’il ne comprend peut-être pas lui-même.

Ce n’était qu’une piste. Lors des séances, de toute façon, j’allais utiliser le dessin afin de discuter avec Grant. C’était une très bonne piste qu’il me donnaient là.

Et pour répondre à Eleanor :

-Il arrive effectivement à tout le monde de vouloir tuer quelqu’un sans passer à l’acte. C’est une réaction humaine. Mais il ne faut pas que ces sentiments débordent et que ça pousse Grant à user de la violence car il ne peut gérer ses émotions.

Jordan vint alors parler de la passion du petit pour les super-héros et, notamment, Batman. Je souris en entendant Keller mettre en avant toute les qualités de l’enfant. Il le défendait et c’était une preuve qu’il tenait à lui. Mais je n’étais pas ici pour juger Grant mais pour l’aider à pouvoir se sentir mieux dans sa peau.

Je notais ainsi ce qu’il me disait notamment la volonté que Grant avait de vouloir protéger les autres. Il semble même aller faire du bénévolat avec sa tutrice chose qu’il retire, apparemment, beaucoup de satisfaction. Quant à la boxe, c’est aussi une très bonne chose pour en enfant en mal, apparemment, de limite.

-Ce sont toutes des choses très positives et des comportements à valoriser. La mission lui permettra d’ailleurs de se sociabiliser ce qui est très bien car Grant est un petit garçon solitaire. Quant à la boxe, les sport de combats sont recommander pour se défouler mais, aussi, pour apprendre la discipline. Ce sont deux choses qu’il semble apprécier ce qui est un très bon début.

Quant à savoir où le petit avait trouvé ses inspirations, c’était à travers, apparemment, les films d’horreur qu’il regardait avec sa baby-sitter. Je notai ça et notai, aussi, le fait que Jordan voyait d’un très mauvais œil cette baby-sitter que son pupille, lui, aimait bien.

Je comptais y revenir plus tard. Pour l’instant, je voulais savoir si Grant avait été violent d’autre fois que cette fois avec son jeune voisin. Jordan parla alors d’une fois à la boxe où le petit n’avait pas su s’arrêter. Les deux situations me semblaient similaire. Sans doute les deux enfants avaient provoqué le jeune Grant et son incapacité à gérer sa colère l’a poussé à frapper. Rien de prémédité en somme. Juste une réaction à une émotion plus qu’à une pulsion, tout du moins c’est ce que je comprenais. Et à chaque fois, les adultes avaient expliquer les choses derrière sans avoir de réaction de l’enfant.

Mais ça semblait être le seul acte violent dont Jordan avait été témoin mais Eleanor, elle, semblait en avoir un autre.

Je l’écoutai attentivement me parler d’un lance-pierre et d’un chat… Un chat blessé dans l’aventure. Eleanor avait expliqué à Grant que c’était mal… Mais il ne semblait pas avoir compris. Et elle confronta un rien Jordan, ou du moins ses dires, au sujet des réactions de Grant aux explications qui suivaient ses accès de violence. En fait, Grant semble justifier ses actes par la protection des autres. Hors, Grant est intelligent. Ils semblent tous d’accord là-dessus. Le dossier, Eleanor, Jordan… Tous note que le petit est doté d’une très bonne intelligence pour son âge mais il ne semble pas capter certaines choses basique… Ou… Il les comprend mais se cherche une justification… Dans ce cas-ci, la protection des autres.

On touchait, je crois, le nœud du problème. D’un des problèmes en tout cas.

-J’imagine que dans les deux cas… Quant Grant a frappé le voisin et son concurrent à la boxe… Il y avait une raison ? Des provocations ? Si c’est le cas, j’imagine que vous lui avez expliqué qu’il y a des façons alternatives de répondre à ces provocations ? As-t-il compris ou bien a-t-il persisté dans le fait que ce qu’il a fait était ce qui devait être fait ?

Je marquai une pause avant de reprendre.

-Et ce chat… Grant est intelligent. Tout le monde est d’accord là-dessus. Il sait certainement qu’un chat ne représente pas un danger pour un être humain. Lorsque-vous lui avez expliquer que ce n’était pas une chose à faire et qu’il a paru déstabilisé parce que, dans son imaginaire, ça ne s’applique pas à lui, a-t-il fini a, un moment, éprouvé des remords par rapport à ce qu’il avait fait ? Je veux dire, dans le cas du dessin, des coups qu’il a donner à d’autres enfants, du chat et de tout autre transgression d’une règle qui porte atteinte physiquement ou psychologiquement à autrui, est-ce que Grant se trouve à chaque fois une justification ? Et quand vous l’invalider, est-ce qu’il est prompt à s’excuser pour ses actes ou bien vous n’entendez jamais d’excuses ?

Par que j’ai l’impression que Grant connait parfaitement la notion de bien et de mal mais que cette dernière ne s’applique pas à lui. C’est ce que Eleanor semblait vouloir exprimer d’une certaine façon.

-Quant à cette baby-sitter dont vous m’avez parler… Est-ce que c’est Grant qui lui demande à regarder des films d’horreur et elle qui cède ? Pourquoi ne semblez-vous pas la voir d’un bon œil ?

@ Billy Lighter

Si je mettais en lumière toutes les forces de Grant, Nell mettait plus en avant ses faiblesses et son côté plus sombre. Mais je ne lui en voulais pas, je savais qu’il fallait passer par là pour aider Grant au mieux… Seulement… Je ne voulais pas penser que Grant avait un mauvais fond.

Quand on parla des récompenses proportionnées ou non, Nell dit timidement qu’elle trouvait que l’augmentation de l’argent de poche n’était pas vraiment proportionné… Je la regardai l’air surpris.

-Mai tu sais, ce n’est pas rien d’aller chez un psy… Et puis Grant a raison, j’ai vérifié et le prix des comics a augmenté…

Par contre, elle confirma pour sa coopération aux tâches de la maison, ce qui, selon elle, n’avait rien d’exceptionnel, c’était juste normal… Je soupirai et m’adressai à la psy.

-Elle a raison…

Le Dr. Johnson nous expliqua que le système de récompense était quelque chose de bien, mais qu’il fallait qu’on fasse attention à ce qu’il ne prenne pas le contrôle comme un enfant roi pourrait le faire… Je fis la moue.

-Ça n’arrivera pas. C’est encore ma maison, avec mes règles… Mais je suis d’accord de fumer dehors uniquement pour préserver la santé de Grant.

Puis on parla des dessins, de ceux qu’il nous montrait et de ceux qu’il nous cachait. Et Nell posa une question que je me posais aussi… En gros, jusqu’où devions-nous respecter l’intimité de Grant, son journal intime en images. Mais apparemment, il n’en montrait pas plus à Nell qu’à moi.

La psy nous expliqua que le mieux était de le mettre en confiance, avec beaucoup de bienveillance, pour qu’il nous montre même ses dessins les plus violents, ceux qui lui servait d’exutoire et qu’il mette des mots sur ces dessins.

J’écrasai ma cigarette et en rallumai une.

-Vous pensez qu’on est capables de faire ça ? Ce n’est pas plutôt votre job ?

Elle disait aussi que tout le monde avait déjà eu envie de tuer, sans jamais passer à l’acte… ouais, c’était vrai… mais je ne pus m’empêcher une petite réflexion…

-Quand on tue, on ne s’en remet jamais… Je l’ai expliqué à Grant.

Parce que moi, j’avais tué, c’était ce que je lui avais expliqué, à notre grand garçon.

Puis on parla de la mission, du fait qu’il voulait être Batman et de la boxe. Et la psy trouva que tout ça était une bonne chose…

-Ouais, avec Amon, je suis sûr qu’il applique une discipline stricte…

Quant aux films d’horreur, je blâmai Sky, même si je lui en avais laissé regarder quelques-uns moi-même… Mais je ne faisais plus confiance à Sky. Si elle venait encore, c’était vraiment parce que Grant l’adorait…

Mais je ne savais pas si j’allais encore l’engager un jour… parce que Grant me semblait changé, depuis la dernière fois qu’elle était venue.

Quant aux accès de violence de Grant, la psy demanda s’il y avait eu provocation et s’il avait eu des remords par après.

-Ouais il y a eu provocation, dans les deux cas. Mais il n’a jamais exprimé de remords.

Nell parla ensuite du chat que Grant avait blessé avec un lance-pierre… Et la psy se demandait encore une fois s’il y avait eu remords ou excuse… Je regardai Nell, parce que c’était elle qui était avec lui ce jour-là…

Puis vint la question sur Sky, notre babysitter…

-Je ne la vois pas d’un bon œil parce qu’elle est mariée à un criminel.

Je tirai fort sur ma clope.

-Et que ce criminel n’est autre que Ward Fleming… et il se trouve qu’il est le père biologique de Grant… Ce qui veut dire que son grand-père est le serial killer Thomas Fleming…

Je me tortillai sur ma chaise.

-Mais ça ne peut pas être génétique, si ?

@ Billy Lighter

Je n’étais pas très pro système de récompense sauf pour des choses qui méritaient vraiment d’être soulignées. Cela dit, je n’étais pas contre l’idée de l’essayer, ça ne pouvait pas nuire non plus. Cependant, je trouvais que Grant bénéficiait facilement de privilège pour des actions qui ne méritaient pas autant d’attention. Mais ce n’était que mon humble opinion, je n’avais aucune qualification dans le monde parental et c’était Jordan qui était responsable de Grant. Tout ce que je voulais était de les soutenir, tous les deux.

Alors quand on effleura cette question, la psychologue expliqua les bienfaits de ce genre de système tant qu’on ne lui cédait pas le pouvoir de la maison. Ça portait à réfléchir et j’allais m’exprimer sur le sujet en me rappelant le lendemain de notre première nuit ensemble, à Jordan et moi quand ce dernier me regarda pour me dire que d’aller chez le psy ce n’était pas rien et que le prix des comics avait augmenté.

- Oui je… Mais tu sais que j’y suis allé moi aussi, chez le psy.

Mais il était vrai aussi que personne ne vivait une situation de la même manière. Cela dit, est-ce que les comics n’auraient pas dû être la récompense, justement ? Après une séance, Grant et Jordan auraient pu aller ensemble acheter un nouveau comics.

Je commençais à craindre que Jordan me pense en mauvaises dispositions vis-à-vis de Grant alors que ce n’était pas le cas. Et je commençais à me sentir de plus en plus mal à l’aise, assise sur cette chaise.

Jordan était cependant d’accord avec moi sur le fait que certaines tâches étaient normales et ne devaient être marchandées. Nettoyer sa place après avoir mangé, mettre son bol dans l’évier, ranger ses trucs d’école en rentrant à la maison, mettre ses vêtements dans le panier à linge sale et faire son lit. Ce genre de truc qui prend un rien de temps à faire. Mais s’il était d’accord sur ce point, il était campé sur sa position que Grant ne prenait pas le contrôle de sa maison.

Il fut ensuite question des fameux dessins. Ce sujet était le pivot de notre conversation puisque sans le dessin représentant la famille du petit Jesse brûlant vif dans leur maison en flammes nous ne serions probablement pas ici aujourd’hui. La docteur Johnson croyait que nous devrions inciter Grant à nous montrer ses dessins, même si pour lui, c’était son exutoire secret, dans le but de l’aider à nommer les choses et ça me laissais perplexe. Jusqu’à quel point Jordan et moi aurions dû nous méfier des sentiments de Grant pour juger opportun de lui demander de nous ouvrir son journal intime ? Et s’il y avait eu des dessins de lui entrain d’embrasser Sofia, ne serait-ce pas alors de l’humiliation qu’il aurait ressentie ? Je me risquais à dire que, un jour où l’autre, nous avions tous au moins une fois imaginer une personne que nous n’affectionnions pas particulièrement recevoir la râclée de sa vie ou pire. Cela ne voulait pas dire pour autant que nous voulions qu’il lui arrive du mal pour de vrai ni même que nous étions une mauvaise personne.

Mais dans le cas de Grant, vu ce qu’il avait exprimé, oui, il valait mieux s’en soucier. Mais de là à forcer son jardin secret ?

- Mais… Mais nous avons établis un climat de bienveillance à la maison. Les bons points sont soulignés et Grant sait qu’il peut parler de tout et n’importe quoi avec nous sans être jugé ou que ce soit banalisé. Je pense comme Jordan. Ce serait peut-être à vous d’intervenir pour les dessins.

Puis je penchais la tête tout en caressant la main de Jordan qui disait que l’on ne se remet jamais de tuer quelqu’un. Je ne pouvais que le croire sur parole. Prendre une vie humain, aussi noir pouvait-elle être son âme n’était pas dans la nature de l’homme.

Malgré ça, pour la psychologue, Jordan et moi étions tout de même sur une bonne lancée avec la mission et la boxe. Cela permettait à Grant de se sentir valorisé en faisant des activités qui lui permettaient de se développer et de se défouler. Donc, pour cela, nous méritions au moins une étoile doré dans notre cahier et une bonne tape dans le dos.

- Il est très apprécié à la mission.  On me demande souvent quand il va revenir et moi aussi, j’adore ça quand il est là.

Concernant le comportement violent de Grant, nous étions convaincues qu’il y avait eu de la provocation, du moins, avec le petit voisin. Mais ni moi ni Jordan étions là quand le tout avait commencé. Cela dit, Grant était un garçon à ‘’à sa place’’, je le voyais mal provoqué dans le but de faire du mal. Il y avait un élément déclencheur chaque fois. Et pour la boxe, j’interprétais l’incident comme quoi, dans le feu de l’action, Grant n’avait pas compris que c’était terminé et qu’il avait continué de frapper encore et encore uniquement parce qu’il était vraiment dans un mode de défoulement.

C’était complexe, dans ma tête, alors imaginez dans celle du petit !

Il n’avait exprimé aucun remords pour le petit voisin, pour le gamin à la boxe, pour Jesse non plus pour le chat.

- Jamais de remords… Il était en colère parce que je n’avais pas compris qu’il avait fait ça pour me protéger. Ensuite, il était plus brusque avec moi jusqu’à ce que je me décide de lui dire que j’avais apprécier qu’il veuille me protéger mais que ce qu’il avait fait ne se faisait pas. Je… Enfin… Les choses se sont placées mais je suis resté avec l’impression qu’il avait été blessé que je ne le félicite pas spontanément.

Je soupirais en baissant la tête. Ce soir là était gravé dans ma tête. J’avais été très nerveuse de nous voir dans cette situation, je m’en étais voulu premièrement pour la virée à South L.A. et d’être ensuite tombé sur Ward. J’avais fait une grosse erreur et j’avais beau me répéter que ce n’était pas de ma faute, je n’arrivais pas à me convaincre moi-même.

Je relevais les yeux, quand ensuite, dans le courant de la conversation, Jordan révéla l’identité du père de Grant et, tant qu’à y être, celle de son grand-père. Cela découlait de la question du Docteur Johnson sur Sky. Nous étions méfiant envers elle, enfin, Jordan plus que moi bien que je sentais qu’elle ne me portait pas dans son cœur. J’étais convaincu qu’elle m’en voulait d’avoir prit soin de sa fille quand elle était incapable de le faire. Ou Alor elle ne pouvait tout simplement pas supporter l’idée que son mari approche d’autre femme qu’elle, même en tout bien tout honneur.

- Non ?!

Je m’étais surprise moi-même en répondant avant la psy, un non ferme et autoritaire. Je ne m’emportais jamais alors je m’étais moi-même embarrassée. N’en demeurait pas moins qu’avec moi, Ward n’avait jamais été l’homme qu’on disait qu’il était. Je n’avais pas de raison de le croire aussi mauvais, cela demeurerait un sujet sensible entre Jordan et moi et même s’il avait raison, il pouvait changer ? Tout le monde pouvait changer, tout le monde avait droit à une seconde chance.

- Pardon, je ne voulais pas… En fait, ce que je voulais dire c’est que… Il n’y a pas de preuve scientifique qu’un comportement peut être génétique. Ça ne serait pas plutôt l’environnement dans lequel un individu évolue qui prédisposition un comportement ?

Donc, en faisant en sorte de bien garder Grant sur le droit chemin, nous pouvions l’aider à évoluer sainement, à prendre de bonnes décisions pour lui-même et à comprendre l’impacte de ses gestes.

- Grant est tellement attachant, adorable et il a le cœur immense ! C’est qu’il ne sait pas… Il ne voit pas la limite pour ceux qu’il aime, de là le débordement qui le pousse à la violence.

@ Billy Lighter

Je pouvais identifier qu’Eleanor et Jordan avaient une vision différente des récompenses à donner vis-à-vis des tâches ce qui n’est pas vraiment une surprise dans un couple. J’avais l’impression qu’Eleanor pensait bien que Grant avait un pouvoir alors que Jordan, lui, pensait que les choses étaient équitable. Il disait que d’aller chez le psy n’était pas une chose facile. C’était vrai que certains pouvaient penser que d’aller chez le psy signifiaient qu’ils étaient fou alors que nous ne sommes là que pour aider à trouver des clés lorsqu’un patient ne peux les trouver seul comme c’est le cas avec Grant et ses tuteurs. Quant à l’argent, Jordan disait que Grant avec raison concernant l’augmentation des Comics. Donc, Jordan semblait facilement céder aux argumentaires de l’enfant alors qu’Eleanor semblait plus réticente à cela.

J’étais sûr qu’ils arriveraient à trouver un équilibre en s’écoutant l’un et l’autre.

Une chose était sûr, Jordan n’allait pas laisser Grant prendre le contrôle de la maison. J’hochai de la tête.

-Le tout est de trouver un juste milieu. Pour un possible enfant roi, il faut des limites claires et ne pas y céder. C’est la clé pour éviter une prise de pouvoir.

Je dis ça sur un ton bienveillant. Je savais qu’à eux deux, ils pourraient y arriver.

Mais le problème n’était pas tant là que dans les accès de violence de l’enfant et des dessins qu’il faisait et qui avait alerté ses tuteurs. Ils ne savaient aucun des deux si Grant faisait se genre de dessin souvent car il lui laissait son petit jardin secret. C’était très bien de respecter l’intimité de l’enfant mais il me semble que Grant utilise ça pour cacher ses squelettes. Il sait que ses dessins morbides entrainent des réactions négatives de son entourage alors il préfère les cacher comme on cacherait un crime. Ainsi, je proposai à Eleanor et Jordan d’instaurer un climat afin d’inviter Grant à s’ouvrir sur ses dessins et l’aider à en décoder le sens et ainsi nommer toutes ses émotions et les raisons de sa violence. C’était important car je ne pouvais toujours pas écarter l’hypothèse du traumatisme dans l’enfance.

Seulement, autant Jordan qu’Eleanor étaient mal à l’aise par rapport à ça. Déjà parce qu’il ne se sentait pas armé pour aider Grant à s’exprimer sur ses dessins… Ils avaient simplement dit à Grant qu’il était libre de pouvoir parler de tout… Sauf que quand l’enfant à montré son dessin par inadvertance ils ont tout de suite montré leur inquiétude. C’est humain. Et l’enfant a peut-être pris cette inquiétude comme une réaction négative surtout que ça l’a entrainer à venir me voir. Cause à effet qu’un enfant intelligent a pu facilement détecté.

Donc, ils disaient que c’était mon job de parler de ses dessins. Je leur souris.

-En effet, je vais travailler là-dessus et l’inviter à dessiner et à me montrer ses œuvres. Mais je ne pourrais le voir qu’une fois par semaine pendant un temps limité. Il est important qu’il puisse mettre des mots dès qu’il est contrarié. Mais peut-être qu’avec mes interventions ici, il se sentira plus à l’aise de vous montrer ses dessins. Quant à vous, lorsqu’il le fera, il suffira simplement de le laisser parler en demandant ce qu’il a voulu représenté et ce qu’il a ressenti en dessinant ça sans jugement aucun.

Jordan ajouta qu’il avait expliqué à Grant que quand on tuait, on ne s’en remettait jamais. J’hochai de la tête. Jordan et Eleanor ne manquait pas de bonne volonté et d’envie d’aider leur pupille.

D’ailleurs, ils avaient tous les deux mis en place des activités très intéressantes pour l’enfant ce que je ne manquai pas de souligner. Jordan était sûr que l’entraineur de Grant instaurait une bonne discipline et Eleanor disait que Grant était fortement valorisé à la mission.

-C’est une très bonne chose. Il ne faut pas hésiter à lui demander ce qu’il a particulièrement aimer autant à la boxe qu’à la mission afin de cerner ce qui entraine des comportements positifs chez lui.

Et ainsi cerner encore plus sa personnalité. Car mieux Grant pour exprimer ce qu’il ressent, plus lui-même arrivera à se connaitre et, donc, à se contrôler.

En dehors des dessins, Eleanor et Jordan ont été troublé par les accès de violence de l’enfant envers d’autres enfants mais, aussi, un chat. Je les avais écouté attentivement avant de poser une série de questions. Et j’eus une réponse catégorique des deux côtés : à chaque fois, Grant n’a pas exprimé de remords, ni d’excuses. Il s’était justifié mais n’avait pas compris que ce qu’il avait fait n’était pas bien ce qui avait mis l’enfant en colère. Idem lorsque Grant a été provoqué. Il ne se rends pas compte que ce qu’il rend en retour est disproportionné par rapport à l’affront subit.

Je notai tout ça mais attendit les réponses à mes autres questions avant de m’exprimer. Celle sur la baby-sitter que Jordan ne semblait pas porter dans son cœur. Et il avait une bonne raison à ça. La dénommée Sky était marié à un criminel qui, en passant, était le père de Grant et le fils de Thomas Fleming, le Boucher de Los Angeles.

Je ne pus m’empêcher de laisser transparaitre ma surprise. Et je comprenais, du coup, encore mieux des diverses inquiétudes d’Eleanor et Jordan. Dans le dossier de Grant, le père est inconnu mais il semblerait que, en réalité, tous soit bien conscient de qui il est et que, en plus et à travers sa baby-sitter, Grant est confronté à son père.

Je connaissais bien le cas Thomas Fleming étant donné que c’est le cas d’étude d’un de mes collègues depuis quelques années et que pour mettre ses découvertes en perspective, on en avait souvent discuter. Ainsi, je connaissais certains détails du dossier. Et ce que Jordan avait comme peur, il l’exprima tout haut.

Il se demandait si tout ça était génétique. J’allais répondre avant qu’Eleanor ne s’exclame disant que « non », ça ne l’était pas. Je la regardai l’invitant à en dire plus et elle exprima qu’il n’y avait aucune preuve scientifique que ça soit le cas. Elle n’a pas tout à fait tort et elle lança les prémices de ce que j’allais expliquer au couple. Et, si plus tôt Jordan s’était fait avocat de Grant, ce fut, cette fois, Eleanor qui le fit en mettant en avant les très bon côté de l’enfant.

-Mademoiselle Harris a raison dans un sens. En réalité, beaucoup d’études ont été faites sur le psychopathie depuis quelques années et il est difficile de trouver une cause si bien qu’il est préférable de dire que c’est multifactorielles. Je ne vais pas vous cacher qu’il peut il y avoir des prédispositions génétiques. Mais ce n’est pas parce qu’on né avec ces prédispositions qu’on va se mettre à devenir un Thomas Fleming en puissance. Beaucoup d’avocats et même de chirurgien ont un schéma de pensée psychopathique, ça n’en fait pas d’eux des gens mauvais. Au contraire.

Je marquai une pause avant de reprendre.

-Je connais le cas Thomas Fleming car l’un de mes confrère est son psychologue et que nous échangeons souvent. Dans le cas de Thomas, il y avait une prédisposition génétique mais cette prédisposition a été renforcée par des abus dans son enfance et un abandon affectif de la part de ses parents. Je sais très peux de chose du seul fils en vie de Thomas hormis qu’il est clair que, lui aussi, a subi de nombreux abus que n’a pas manqué de décrire Thomas.

Mais d’après ce que me décrivait Eleanor et Jordan, Grant avait des traits… Le manque de remords en est un. Son comportement anti-social aussi. Mais ce ne sont que des traits.

-Maintenant, Grant est encore jeune. Il semble vouloir faire les choses bien malgré son système de pensée propre à lui et dont vous m’avez parlé. Donc, absolument rien n’est joué dans son cas. Le manque de remords peut paraitre inquiétant mais il est encore possible d’éveiller son empathie au moins au maximum de ses capacités. C’est sur tout ça que nous travaillerons.

J’avais regardé Jordan.

-Quant à la baby-sitter de Grant… Il s’y est attaché… Mais je dois avouer que si l’ombre de son père biologique plane au-dessus de lui et que vous êtes certains qu’il pourrait influencer l’enfant en mal, alors le mieux est d’éviter un rapprochement entre les deux. En tout cas, un rapprochement non-encadré si jamais il y a une volonté de l’un ou de l’autre d’un rapprochement. J’avoue ne pas connaitre assez Edward Fleming que pour émettre un avis. Je ne le connais qu’à travers les propos de Thomas. As-t-il réclamé la garde de l’enfant ? Sait-il que Grant est son fils ? Grant as-t-il souhaité rencontré son père ou bien lui aussi est dans l’inconnue vis-à-vis de ses origines ? Avez-vous déjà pu discuter de ça avec Edward ?

Je ne favorisais pas une rencontre entre un enfant encore fragile psychologiquement avec un père qui risquerait de le manipuler.

@ Billy Lighter

En parlant de la récompense que j’avais donnée à Grant pour venir chez le psy, Nell répliqua qu’elle était elle aussi allée chez le psy étant jeune. Je la regardai et dis sur un ton un peu sec.

-Et alors, tu n’avais qu’à demander de l’argent de poche en plus.

Je n’en pouvais rien, moi, si elle avait du aller chez le psy. Surtout que c’était pour un problème tout autre que celui de Grant.

Cependant, elle était d’accord avec moi concernant les dessins… C’était un peu pour ça qu’on était aujourd’hui et on comptait sur l’aide de la psy pour comprendre ces dessins, pour aider Grant à s’exprimer. Mais la psy répliqua qu’une fois par semaine, ce n’était pas assez. Je tirai sur ma clope.

-D’accord, on essayera… mais pas sûr que Grant veuille bien nous montrer et encore moins en parler, malgré le climat de bienveillance qu’on a mis dans la maison, comme l’a expliqué Nell.

Je souris à Nell quand elle parla de la mission où Grant adorait aller. D’autant qu’il était apprécié là-bas.

-Ouais, Grant demande souvent à y aller avec Nell. Il se sent vraiment utile là-bas… Il parle un peu aux bénéficiaires, il voit qu’il fait le bien et qu’il n’a pas besoin de violence pour ça.

Par contre, pour ce qui était de la violence, il n’exprimait jamais ni remords ni excuses, comme on l’affirma tous les deux, Nell et moi. D’ailleurs, il en avait voulu à Nell pour l’avoir grondé pour le chat.

Bref, apparemment, on ne faisait pas les choses si mal que ça. Le Dr. Johnson disait qu’il fallait juste demander à Grant ce qu’il avait particulièrement aimé à la boxe ou à la mission pour cerner ce qui déclenche un sentiment et un comportement positif chez lui.

J’avais toujours la main de Nell dans la mienne et ma cigarette dans l’autre. Et je serrai l’une pendant que je portais l’autre à ma bouche pour demander si la génétique pouvait jouer, exposant à la psychologue le pédigrée de Grant.

Et le Docteur parut choquée une seconde… En même temps, il y avait de quoi. Quant à Nell, elle réagit directement par un « non » catégorique. Je la regardai et l’écoutai, cette fois, vanter les mérites de Grant et non pas ses défauts.

-Je sais qu’il n’a pas un mauvais fond. Au contraire, il veut faire le bien même s’il le fait mal de temps en temps… Mais j’aimerais l’avis d’une pro quant à cette question.

Et je posai donc mon regard sur le Dr. Johnson qui m’expliqua le tout posément.

Elle disait que Nell n’avait pas tout à fait tort. Elle avait même plus raison que tort, ce qui me permis de me détendre un peu et de sourire timidement à Nell… Mais le docteur n’avait pas terminé. Il pouvait y avoir des prédispositions génétiques mais que l’environnement dans lequel on grandit est très important.

-Je ne pense pas que Grant ait subi des abus. Il a vécu la majeure partie de sa vie avec sa mère qui le gâtait peut-être un peu trop… Donc je pense qu’on a pas trop à s’en faire, vu que nous on essaye de lui fournir le foyer le plus aimant possible.

Le Dr. Johnson disait que malgré son manque de remords, rien n’était joué dans le cas de Grant… Et ça me rassura grandement !

Puis elle parla de Sky… Et mon regard se durcit, d’autant que la psy disait qu’il fallait éviter un rapprochement entre Grant et son père biologique. Je hochai la tête.

-Je n’engagerai plus Sky. C’est terminé. Grant va m’en vouloir un temps, mais je veux éviter qu’elle lui joue dans la tête ou qu’elle l’emmène chez elle pendant que je ne suis pas là.

Je soufflai ma fumée…

-Même si Grant n’a jamais encore manifesté l’envie de voir son père biologique. Pas devant moi en tout cas.

Je secouai la tête.

-Non, il n’a pas réclamé la garde de Grant et je crois qu’il sait que Grant est son fils. En tout cas, Grant sait qu’il est le fils de Ward Ward Fleming comme il aime le dire.

Quant à en discuter avec Edward, j’ouvris de grands yeux !

-Si je me retrouve en face de lui, je l’arrête ! Ce sera peut-être pour des délits mineurs qu’on a contre lui et non pas pour ses plus gros crimes, mais ce sera toujours ça ! Et je ne lui parlerai pas de Grant. Grant est mon fils.

@ Billy Lighter

Jordan me blessa un peu en disant sur un ton que je ne lui reconnaissais pas, que j’aurais dû demander de l’argent de poche en échange de mes rencontres avec mon psy, quand j’étais petite. Je baissais un peu les yeux, secouée devant un tel manque d’empathie. Nous étions là pour trouver des solutions, pas pour nous attaquer l’un l’autre. Probablement qu’il n’avait pas apprécier que j’exprime mon opinion sur la façon dont les choses s’étaient passées et c’était son droit le plus strict. Cependant, c’était lui qui m’avait demandé de l’accompagner dans cette démarche. Bref, cette remarque laissa un petit frisson désagréable à la surface de mon cœur.

La psychologue voulait qu’on invite Grant à s’ouvrir davantage à nous en lui demandant de nous montrer plus souvent ses dessins et en l’encourageant à nommer ses émotions mais si nous étions assit devant elle, c’était justement parce que nous parvenions pas à le faire s’ouvrir, ce qui faisait que, Jordan et moi, étions perplexe vis-à-vis de ce conseil.

- Peut-être que plus il viendra vous voir, plus il sera facile pour lui de s’ouvrir à nous et de nous montrer ses dessins, même les plus sombres.

C’était une possibilité que je voulais bien envisager.

Ensuite, il fut question de la boxe et de la mission. L’un et l’autre permettait à Grant de se défouler et de s’accomplir. À la mission, les gens n’avaient que de bons mots pour lui et il demandait souvent à y retourner alors pour moi, c’était une valeur sûre ! Je croyais fermement que de le faire voir que d’autres avaient beaucoup moins de chance que lui, lui permettrait d’apprécier ce qu’il avait, même si ce qu’il avait, il devait le partager.

La boxe devait rester, c’était primordiale, selon moi mais je n’étais pas experte. Mais comme il y avait une certaine boule de violence toujours prête à exploser en lui, je pensais que d’aller frapper dans sur un ring encadré d’un entraineur ne pouvait pas nuire et même, lui faire le plus grand bien. Cela pouvait servir à le faire canaliser son agressivité et à mieux la comprendre.

Jordan avoua ensuite, quand il fut question de Sky, que Ward Fleming était son père et que Thomas Fleming était son grand-père ce qui souleva la question de la génétique ce qui me fit m’exclamer, beaucoup plus vivement que ce que je ne l’aurais cru. Et encore, Jordan eu un regard que je ne lui reconnaissais pas, comme si mon opinion ne pouvait pas être considéré car je n’avais pas de diplôme.  Je haussais d’une épaule en faisant oui de la tête, un peu honteuse d’avoir exprimer ma pensée.

Il se terminait bientôt ce rendez-vous ?

Je restais silencieuse aux explications du docteur Johnson même si elle disait que je n’avais pas tout à fait tort et qui fit que Jordan m’offrit un sourire timide que j’appréciais. Ça mettait un petit baume sur mon cœur qui prenait lourd la situation.

Grant avait un bon fond et c’est là-dessus que nous devions continuer de bâtir. En l’encadrant comme il se devait, en étant présent pour lui et en éloignant ce qui pouvait être toxique. Sky en faisait partie et Jordan était décidé à ne plus l’engager ce qui ne plairait pas au petit mais… Je crois que nous étions rendues là.

- Ce sera difficile à faire passer mais c’est pour son bien. Et de tout manière, maintenant que je suis là, sa présence est de moins en moins nécessaire. Il y a toujours Leia et Duncan pour prendre le relais si nous devons être absents.

La docteur s’intéressa à Ward, plus précisément au fait qu’il soit le père de Grant et demanda s’il avait pu demander la garde du petit à un moment ou un autre. Je doutais qu’il le fasse, il avait déjà du mal à s’occuper de sa fille, seul alors je ne pensais pas qu’il voudrait prendre Grant. Quoi que je me souvenais de la façon avec laquelle il le regardait, l’autre soir dans la ruelle de South L.A. C’était comme s’il y avait un début de fascination, d’intérêt.

Jordan rêvait de passer les menottes à Ward, moi, je rêvais simplement que tout le monde puisse vivre dans le même environnement sans avoir envie de s’arracher la tête. Peut-être qu’un de nos rêves étaient plus réaliste que l’autre et mon petit doigt me laissait croire que ce n’était pas le mien en tête de course.

- Bon alors, Grant viendra ici dans quelques jours, en attendant, nous allons continuer de veiller sur lui en lui offrant tout le support nécessaire et notre écoute pro active. Est-ce qu’il existe tout de même une ligne d’urgence si, supposons, qu’il entre dans une espèce de crise et que nous sommes dépourvues de solutions ?

Je regardais Jordan, un peu plus confiante qu'à notre arrivé avec toute cette conversation. Dès le départ, je voyais le verre à moitié plein mais d'avoir un coup de pouce d'une professionnelle, comme le disait Jordan, ne pouvait pas nuire !

@ Billy Lighter

J’avais senti une légère tension entre Eleanor et Jordan au sujet des récompenses allouées à Grant. Ils n’avaient pas la même échelle de valeur sur le sujet et Jordan s’était fait plus cassant certainement à cause du stress que lui procurait cette conversation. Quoi qu’il en soit, ça avait touché sa petite amie. Mais tout ceci était à voir entre eux. Nous étions ici pour leur pupille.

Ils étaient par contre d’accord de faire aveu de faiblesse en ce qui concernait leur capacité à pouvoir faire ouvrir Grant au sujet des dessins. Ça faisait partie de mon job d’aider l’enfant à s’ouvrir, je ne le niais pas. Mais il ne devait pas hésiter à essayer à la maison aussi afin que Grant trouve automatique que d’exposer ses œuvres à des gens de confiance et ainsi pouvoir mettre des mots dessus. Parce que l’enfant était peut-être intelligent mais il a de très grosses difficultés à identifier et exprimer de façon appropriée ses émotions. C’est un travail que, pour l’instant, il ne peut faire seul.

Ils étaient prêt à essayer même si Jordan restait sceptique. Quant à Eleanor, elle pensait que le travail avec moi pourrait être bénéfique pour qu’il s’ouvre plus à la maison.

-Nous ferons en sorte qu’il puisse s’ouvrir. Comme je le disais d’entrée de jeu, ça sera un travail d’équipe.

Et je ne doutais pas du tout que les tuteurs de Grant cherchaient à bien faire. Ils étaient simplement démuni, pour l’instant, face à la situation de Grant. D’où leur recherche d’aide ce qui est un très bon pas.

Sans compter qu’il fallait leur rendre qu’ils avaient déjà mis des choses en place. Des choses très intéressantes. Les actions de bénévolats, particulièrement, semblait avoir un impact très positif sur l’enfant. C’est une voie intéressante à continuer d’explorer.

Ensuite, nous étions arrivé à un autre point sombre de Grant : sa violence physique envers d’autres enfants mais, aussi, des animaux. Et c’est là que je pus comprendre un peu plus les inquiétudes des tuteurs de Grant quand ils me parlèrent de sa lourde génétique. Certes être le petit-fils d’un tueur en série, ça ne rassure personne surtout quand l’enfant en question n’est pas le nôtre. Et j’allais répondre aux inquiétudes de Keller mais sa petite-amie me devança pour, cette fois, prendre la défense de l’enfant. Elle refusait de croire à l’influence de la génétique. Elle n’avait pas entièrement tort… Mais, là encore, son petit-ami préférait attendre ma réponse ce qui, encore une fois, sembla blessé Eleanor. Visiblement, les sujets sur Grant était un point de tension entre eux certainement parce qu’ils se sentaient démuni face à leurs questions et aux réactions de l’enfant.

-Personne ne né avec un mauvais fond. On né simplement avec une façon de fonctionner qui peut être drastiquement différente d’un individu à l’autre.

Quoi qu’en pense, d’ailleurs, Thomas Fleming qui remettait la faute de son état sur le fait qu’il était né comme ça. Alors que les choses, finalement, étaient plus complexes et c’est ce que j’expliquais au couple. Je parlai de l’influence manifeste de l’environnement dans lequel vit l’individu comme effet favorisant ou défavorisant des prédisposition psychopathique de départ. Ainsi chaque esprit psychopathique ne devient pas un tueur en série. Or, pour le cas de Thomas Fleming, son environnement avait largement favoriser à sa déviance. Sa famille fut d’ailleurs la première à en faire les frais. Quant à Edward, Keller assurait qu’il s’agissait d’un criminel, mais lui aussi avait subi de nombreux abus qu’aucun enfant ne devrait subir. Et Dieu sait ce qu’il a vécu après l’enfermement de son père sous le joug d’une mère dépressive.

A ce sujet, Jordan disait que Grant ne devait probablement pas avoir subi d’abus. Sa mère l’aimait, c’était une chose certaine pour tous. Bref, il était rassuré bien que je comptais tout de même faire parlé Grant sur son passé avec sa mère. Je souris à Jordan.

-Parfait.

J’eus encore d’autre question, notamment sur Sky mais aussi sur le père de Grant. Et à ce sujet, Keller était catégorique, il n’engagera plus Sky. Eleanor semblait d’accord à ce sujet en mettant en avant que, de toute façon, elle avait du temps pour garder elle-même l’enfant et ils n’étaient pas en manque de moyen au niveau de leur proche.

-Si vous pensez que c’est la meilleure solution alors faites-le. Mais n’oublier pas de bien expliquer à Grant les raisons et d’écouter ce qu’il aura à dire à ce sujet afin de ne pas le laisser seul avec sa frustration qui pourrait se retourner contre vous. Il ne faut pas lui mentir à ce sujet afin qu’il comprenne bien votre démarche. Montrez-lui bien que c’est pour sa protection à lui vis-à-vis non pas de Sky mais d’Edward.

Apparemment, Grant, de son côté n’avait pas encore manifesté l’envie de rencontrer son père. Je notais ça. Tout comme le fait qu’Edward non plus n’avait pas manifesté l’envie d’obtenir la garde de Grant ce qu’il pourrait faire, hélas, si l’envie lui en prenait.

-Je notes tout ça.

Et je notai aussi que Jordan Keller ne souhaitait en aucun cas discuter posément avec le père biologique de l’enfant. Il préférait, de loin, l’arrêter s’il le rencontrait. Je comprenais la démarche bien que je n’avais aucune idée des crimes d’Edward Fleming. Ce que je comprenais c’est qu’il n’était pas en prison malgré qu’il semblait largement connu de la justice.

-Personne ne vous forcera à le faire, Monsieur Keller, si vous estimer que ça n’apportera rien de bon pour l’enfant. Je ne suis pas favorable non plus à ce qu’un enfant fragile soit en contact avec un père potentiellement violent, au contraire. Hélas, si jamais Edward cherche à créer un lien avec son fils, il pourra utiliser la justice pour obtenir certains droits… Le système est parfois mal fait mais on doit faire avec.

Sauf si, bien sûr, Edward Fleming finit en prison. Dans ce cas, il n’y aura plus lieu de s’inquiéter.

Ce fut, ensuite, Eleanor qui posa une question intéressante et je lui souris d’un sourire bienveillant.

-Vous pouvez m’appeler en cas d’urgence. Et si jamais je ne réponds pas, vous pouvez utilisez la ligne d’urgence du Hollywood Mental Health Center. Même si, en général, je suis très souvent disponible.

J’avais sorti d’un carte d’un tiroir pour la leur donner.  

-N’hésitez pas en cas de crise que vous ne pouvez pas gérer. Et n’hésiter pas non plus à donner les numéros à Grant et a lui permettre de téléphoner quand il le demandera.

C’était important aussi que l’enfant puisse comprendre qu’il peut appeler quand il en ressent le besoin.

-Je verrais Grant bientôt et on commencera les entrevues. Je vais créer un lien de confiance avec lui mais, il se peut que cela ne fonctionne pas ou pas comme il faut et que cela provoque plus de tort que de bien. Dans ce cas, je pourrais rediriger Grant vers un de mes collègues. C’est rare que ce cas de figure arrive mais ce n’est pas exclus. Je préfère prévenir en avance. Et proposez-lui d'emmener ses dessins sans préciser lesquelles et sans l'obliger à le faire.

Sur ce, je n’avais plus de questions.

-J’ai toutes les informations qu’il me fallait. Avez-vous d’autres questions ? Sinon, je vais pouvoir vous libérer.

@ Billy Lighter

Loin de moi l’idée de blesser Nell, ou de lui faire du mal. Mais j’étais à cran comme le prouvait le nombre de cigarettes que je grillais… Tout ce que je voulais, c’était le bien de Grant, montrer que je faisais de mon mieux. Qu’on faisait de notre mieux… Je ne voulais pas que la psy juge que j’étais un mauvais tuteur… mais j’oubliais que Nell était dans mon camp, autant que la psy qui validait la plupart de ce qu’on avait déjà mis en place avec le petit.

Mais dans un coin de ma tête, tout en fumant, je notai que je devrais des excuses et un bon chocolat chaud à Nell en sortant d’ici, pour me faire pardonner mon tempérament un peu agressif. C’était une partie de moi qu’elle ne connaissait pas encore… Mais j’étais un peu colérique sur les bords, comme Grant, en quelque sorte… Ce qui faisait que je me reconnaissais dans le gamin.

Nell ne se déstabilisa pas pour autant, cela dit, et elle ajouta qu’on essayerait que Grant nous montre ses dessins, en collaboration avec la psychologue qui disait qu’ils allaient travailler là-dessus aussi et que c’était un travail d’équipe.

-Très bien…

J’écrasai mon mégot dans le cendrier et en rallumai une. J’étais en train de littéralement enfumer tout le monde mais c’était normal… Vous verriez le commissariat, avec le nombre de fumeurs qu’on était, il était bleu de fumée.

J’eus un nouveau regard mauvais bien involontaire pour Nell quand elle s’écria que « non », il n’y avait aucune chance que le comportement criminel de Ward et de Thomas Fleming soit héréditaire… Je ne voulais pas son avis, mais celui de la psy qui était mieux qualifiée que nous deux pour répondre. Et encore une fois, je regrettai mon impulsion, même s’il ne s’agissait que d’un regard… Cependant, Nell allait devoir apprendre à connaître cette partie de moi… Une partie qu’elle avait, par sa présence et son amour, déjà considérablement adouci, mais il y avait encore du travail. J’avais été seul pendant longtemps… Et la guerre et ce que je voyais dans mon métier de tous les jours n’aidaient pas.

Souvent, je me disais qu’il n’y avait que Conrad pour me comprendre vraiment, parce que nous avions été et étions toujours frères d’arme.

Le Dr. Johnson nous rassura quand même en disant que personne n’avait un mauvais fond mais qu’on naissait avec une façon de fonctionner différente.

-On fera tout pour que l’environnement de Grant l’aide à devenir quelqu’un de bien, sans altérer son caractère. Car il faut du caractère pour avancer dans la vie.

Et j’ajoutai que la mère de Grant avait toujours été aimante avec lui, ce que la psy trouvait parfait.

J’entrelaçai mes doigts avec ceux de Nell, pour lui signaler que j’étais toujours avec elle.

Et je dis que désormais, Sky serait persona non grata dans notre maison. A cause de son mariage avec Ward Fleming. La psy était d’accord mais disait qu’on devait expliquer à Grant les vraies raisons pour lesquelles il ne pouvait plus voir Sky… Et Nell de dire que la pilule allait être dure à faire avaler…

-Je ne te le fais pas dire.

Je lui souris.

-Mais à nous deux, on y arrivera.

Même si je voyais déjà la crise d’ici.

Quant à en discuter avec Ward comme le suggérait la psy, c’était hors de question ! Les seuls mots que j’adresserais à Ward, c’étaient ses droits.

Et en parlant de ses droits, le Dr. Johnson me mis en garde que Ward pouvait avoir recours à la justice pour avoir des droits sur l’enfant.

Je soufflai une longue bouffée de fumée et mon regard brilla.

-Qu’il essaye. J’ai une copie du testament de la mère de Grant qui stipule dans ses dernières volontés que je suis le tuteur légal de Grant et que son père ne doit avoir aucun droit sur lui, même pas de l’approcher à 100 mètres.

Nell demanda alors très judicieusement s’il y avait un numéro qu’on pouvait appeler en cas d’urgence et le docteur nous en donna un. Je tendis la main et pris la carte que je donnai ensuite à Nell. Ce numéro pouvait aussi servir à Grant s’il en ressentait le besoin.

-C’est bien plus que ce qu’on espérait, merci.

Johnson nous expliqua ensuite comment elle allait procéder avec Grant et la possibilité qu’il soit redirigé vers l’un de ses collègues. Elle voulait aussi que Grant apporte ses dessins, ceux qu’il voulait. Je hochai la tête.

-D’accord, bien reçu.

Et elle nous libéra…Je me levai…

-Non, pas d’autre question… Nell ?

Nell hocha négativement la tête et se leva aussi.

-Merci de nous avoir reçus.

Je serrai la main du Dr. Johnson  et quand on fut dans la voiture, je regardai Nell avec un regard d’excuse.

-Je suis désolé si je t’ai blessé, je suis un impulsif…

Je me penchai vers elle et l’embrassai.

-Mais tu n’as rien fait de mal, au contraire, tu m’a bien aidé.

Je démarrai la voiture.

-Allons boire un café… Ou un chocolat chaud, comme tu préfères.

@ Billy Lighter