Cash et Billy avaient visiblement besoin de passer un peu de temps ensemble et si April restait elle accroché au bras de Billy comme une sangsue sur le mollet du pêcheur, moi, je laissais à Cash un peu d’espace. Je l’avais embrassé avant de lui dire qu’on se retrouverait plus tard, de toute façon. La soirée était jeune, en fait je crois que nous n’étions pas encore en soirée. Je ne suis pas habituée de me lever si tôt que j’en perds complètement la notion du temps.  

Je me fondais plus facilement parmi les invités aujourd’hui que le soir des American Music Awards. Il faut dire que ma tenue était beaucoup moins provocatrice ce soir qu’elle ne l’avait été ce soir-là.

Ce n’était pas la première fois que je venais ici mais c’était la première fois en tous les cas que l’ambiance était aussi chaste, du moins pour l’instant. Il y avait des enfants de présents, ces petites bestioles là n’étaient pas prêtes pour la vie de débauche que nous menions nous, joyeusement !

Il y avait tellement de gens présents, tellement de personnalités différentes, d’humains aux valeurs divergentes. Ça allait être intéressant une fois tout ce beau monde avec un ou deux verres de trop dans le nez !

Je m’installais sur une chaise et je regardais sans trop la voir, la foule. Je ne savais pas trop ce que je faisais là, si j’allais rester, si je devais rejoindre Cash et l’amener avec moi explorer la maison et s’envoyer en l’air dans toutes les pièces que nous trouverions vide.

Olivia Cortez monta sur scène et invita les mariés à aller sur la piste de danse. Nous aurions droit à un autre moment roulé dans le miel, débordant de bonheur. Super !  Je soupirais puis je me levais alors que les mariés dansaient pour la première fois ensemble. Si ç ales rendait heureux, alors grand bien leur fasse ! Mais moi, je ne comprenais pas pourquoi il fallait à tout prix s’attacher à quelqu’un jusqu’à ce que la mort nous sépare. Pourquoi il fallait se vouer à aimer qu’une seule et unique personne pour le reste de notre vie alors qu’elle était déjà assez bien compliquée comme ça, la vie ! Il fallait la vivre à vive allure, profiter de chaque instant et aimer tout ceux qu’on avait envie d’aimer ! Pourquoi se limiter à une seule personne ? Mon vagin polyglotte et moi ne comprenions pas cette mentalité.

Je me levais, et, maintenant que Livia avait fini avec sa liturgie sentimentale pour offrir quelque chose de plus rythmé, j’avançais droit devant, sur Jack Perry, son ancien manager qu’elle avait larguée pour le nouveau Monsieur Samantha Mancini.

- Salut ! Tu es bien Jack Perry, n’est-ce pas ?

Quand il me confirma qu’il n’y avait pas de méprise sur son identité, je lui offris ma main pour la serrer.

- Tu sais, c’est impressionnant ce que tu fais, je veux dire, tu as signé une fille chez BSC et tu t’occupe du petit Starky aussi. J’aimerais parler business, avec toi, si tu veux.  

@ Billy Lighter

Jesse s’amusait dans la mini ferme avec son ami Guillermo… je leur avais demandé si tout se passait bien et ils m’avaient répondu par l’affirmative… Les babysitters présentes avaient même des bacs à glaçons avec des soft comme du coca, du Fanta, de l’eau, bref, de quoi contenter tout le monde… J’annonçai à Jesse que j’allais rentrer dans le chapiteau parce que Livia allait chanter mais Jesse préférait rester avec son ami, ce que je pouvais comprendre.

-Je viendrai te chercher quand ce sera à ton tour de monter sur scène, tu pourras montrer tout ton talent à Guillermo alors !

J’étais rentré dans le chapiteau et avait rejoint Brooke… Livia était montée sur scène et je n’avais d’yeux que pour elle ! Elle avait bien grandi et n’avait plus du tout l’air de cette jeune effrontée en quête de ses origines. Elle semblait en paix avec elle-même, avec sa famille aussi, aussi spéciale soi-t-elle…

Et puis elle avait Julian qui était un mari aimant.

Les mariés commencèrent à danser et après une minute à les laisser danser seuls sous les regards de tous, d’autres couples s’étaient joints à eux. J’avais pris la coupe de champagne de Brooke qu’elle avait dans les mains et l’avait posée sur une table non loin de nous avant de l’inviter à danser.

Nous nous collâmes l’un contre l’autre et commençâmes à nous bercer mutuellement au rythme de la musique. Cette chanson était magnifique. Il ne fallait pas que j’oublie de féliciter mon ancienne protégée pour ce chef d’œuvre.

J’embrassai Brooke dans le cou, de petit baiser chastes tout en dansant, jusqu’à ce que la chanson se termine et que je la regarde avec tout l’or du monde dans les yeux…

-Je t’aime, ma belle.

Je l’embrassai avant de la laisser aller nous rechercher des boissons… Peut-être qu’elle aussi passerait voir Jesse…

Alors je restai là, à regarder Livia enchaîner avec une autre chanson plus festive, plus rythmée… une chanson que je n’avais encore jamais entendue non plus. Aucun doute que son prochain album allait encore faire fureur !

Puis je fus surpris par une voix de femme qui me salua et me tutoya. Je me retournai après avoir sursauté et pris la main qu’elle me tendait pour la serrer.

-Oui, c’est moi Jack Perry… Et vous êtes Savannah Prescott de The Burning Fire…

Elle me tutoyait et ça ne me dérangeait pas, mais de mon côté, je préférais opter pour un vouvoiement poli. Après tout, nous ne nous connaissions pas.

Je haussai les sourcils quand elle me dit vouloir parler affaires.

-Ça va si mal que ça chez The Burning Fire ? Après Howard, vous venez me voir pour affaire ?

Mes questions étaient posées sans malveillance, ni malice, c’était surtout de la surprise qui teintait ma voix.

@ Billy Lighter

Je n’avais pas l’habitude de tourner longtemps autour du pot quand j’abordais les gens. En engageant la conversation avec le blondinet, je trouvais que j’avais déjà exagérément extrapolé en parlant de Starky et du fait qu’il avait signé une fille chez BSC. Tout le monde savait maintenant cependant que la petite Cortez, plus si petite que ça d’ailleurs, était la fille de Jimmy Reed, donc forcément, ça avait dû aider le contrat à sortir du four !

Au moins, il savait qui j’étais, c’était au moins ça et je rigolais un peu quand il demanda si les choses avec The Burning Fire allaient si mal que ça pour que, à l’instar d’Howard Stone, je vienne moi aussi vers lui pour discuter affaire.

- Non, les choses vont plutôt bien.

Je n’avais pas à me plaindre, tout se passait bien sur ce plan-là. Howard et Zack se faisaient perpétuellement la guerre, c’était toujours très drôle de les voir jouer à celui qui pisse le plus loin, surtout quand Nathan s’y mettait lui aussi. Puis je n’ai peut-être pas un service trois pièces entre les jambes mais je prouvais plus souvent qu’autrement que je ne manquais pas de couilles. Il n’y avait que David qui restait à sa place. Mais David, c’était David, hein !

- Ouais, j’aimerais bien te parler d’un truc, sauf si tu juge que le moment est mal choisit. Sinon, je pourrais prendre rendez-vous mais tu sais moi les trucs trop encadrés, c’est pas trop mon domaine.

J’espérais bien qu’il n’allait simplement pas me remercier de mon initiative pour ensuite me dire de prendre rendez-vous et qu’il me rappellerait dans un ou deux jours ouvrables. D’ailleurs, je n’avais jamais vraiment compris le concept des jours ouvrables, probablement parce que j’avais du mal à intégrer le concept déjà très basic du jour et de la nuit.

- Je pourrais trouver chez MTI mais moi je fonctionne au feeling et je t’ai vu, j’ai eu un bon feeling, ça n’a pas été plus compliqué que ça !

Et je voulais dissocier mon projet de MTI un peu comme l’avaient fait Howard et David pour Foreworks probablement parce que je désirais que mon projet ait sa propre identité. Je ne sentais pas que cela était possible avec MTI cependant, j’avais conscience que Jack Perry, en étant chez BSC, ne pourrait peut-être pas m’offrir ce que je voulais.

J’étais emballée et lancée alors je ne me retenais pas de déballer mon sac, sans vraiment finalement avoir prêté attention à ce que Jack pensait au sujet de parler business en dehors des heures de bureaux. C’était pas comme si je voulais qu’on table des offres non plus, hein ! Juste aborder le début de quelque chose, mettre une piste, effleurer des possibilités.

- Je suis clean depuis quelques semaines, je travaille fort là-dessus et j’ai la tête qui déborde ! Alors j’écris, beaucoup, tout le temps et je voudrais lancer un projet solo mais je n’ai pas de repères pour ne pas faire n’importe quoi !

Je ne savais pas par où commencer là-dedans, comme je le lui avais dit, j’avais la tête qui débordait !

- Je ne veux pas héberger mon projet chez MTI, je veux aller ailleurs, idéalement avec toi.

@ Billy Lighter

Savannah Prescott m’annonça que les choses allaient plutôt bien chez The Burning Fire, ce qui titilla encore plus ma curiosité. Pourtant, j’étais désolé d’avance… Elle voulait parler business et je jetai un petit regard à Jimmy Reed lui seul choisissait qui signait chez BSC. Je finis par regarder à nouveau Savannah et lui souris.

-Tant mieux, je suis heureux d’apprendre que tout vas bien. The Burning Fire n’est pas un groupe facile.

Elle eut la délicatesse de me demander si le moment était mal choisi et je lui fis un signe de main comme quoi elle pouvait y aller, que j’étais prêt à discuter… En plus, Brooke allait revenir avec des rafraîchissements.

-Non non, vas-y, je suis prêt à t’écouter. La seule chose, c’est que je ne peux rien te promettre.

Quant à la question « Pourquoi moi ? » qui me brûlait les lèvres, elle y répondit avant que je ne la pose. Elle m’avait vu, avait eu un bon feeling et s’était jetée tête la première vers moi.

Elle me dit être clean depuis un moment et que du coup, sa tête débordait d’idées.

Je lui souris.

-C’est très bien ! Félicitation ! J’espère que toi et Cash, vous vous tirez vers le haut et que vous n’allez pas replonger ensemble.

Je ne jugeais pas, je formulais juste mes espoirs pour le couple. D’ailleurs, je regardai autour de moi où était Cash mais il était collé à Billy et au garde du corps de ce dernier… Comme s’il avait peur que le rouquin disparaisse.

Bref, Savannah voulait lancer un projet solo mais ne savait pas par où commencer. Je haussai les sourcils.

-Pourtant, Timmy Evans est tout à fait qualifié pour te faire sortir un album solo… Pourquoi vouloir absolument signer chez BSC ? C’est un challenge ?

Je lui désignai Jimmy Reed du pouce car il était légèrement derrière moi.

-Parce qu’avec lui, c’est plus qu’un challenge… Surtout que tu n’es pas le genre de femme docile et discrète qu’il aime… Et tu le serais même que je ne suis pas sûr qu’il accepterait de t’avoir dans ses rangs…

Je pinçai les lèvres.

-Si j’ai réussi à faire signer Livia, c’est qu’elle est sa propre fille, pas pour une autre raison, même pas pour son talent qui est pourtant immense…

Je retrouvai le sourire.

-Mais vas-y, parle-moi toujours de ce projet.

@ Billy Lighter

J’avais abordé Jack Perry à ma manière, sans prendre de formule du genre ’’heureuse de vous rencontrer, vous passez une belle soirée ?’’ parce que c’était une perte de temps ! Si j’étais allée vers lui c’était parce que je voulais le rencontrer donc on pouvait facilement déduire que j’étais heureuse de faire sa connaissance et il devait assurément passer une belle soirée parce qu’il souriait et qu’on était à une fête. Qui est-ce qui est triste à une fête ?

Il demanda si les choses allaient à ce point mal chez The Burning Fire pour qu’on vienne le voir. Ce fut le cas d’Howard et donc aussi un peu de David puis maintenant c’était mon tour.  Je ne pensais pas non que ça allait mal. Rien ne pouvait aller mal quand rien ne bougeait.

J’étais déjà heureuse qu’il accepte de m’écouter, même s’il ne pouvait rien me promettre. Ça, je le savais et je ne voulais pas non plus lui tordre un bras mais déjà qu’il m’écoute c’était très bien et ça me satisfaisait. Alors je commençais par le commencement en lui disant que j’étais clean et que de ce fait, j’avais des idées pleins la tête. Il me félicita, je pense qu’il était le premier à le faire et à en avoir l’air sincère. Mais il me parla de Cash et du fait que nous pouvions nous tirer vers le haut. D’ailleurs, je le cherchais du regard, il n’avait pas bougé d’un poil, toujours avec Billy scotché à lui.

- On fait que baiser ensemble, on est pas ensemble.

J’oubliais parfois que les gens avaient la fâcheuse tendance à former des couples dès qu’ils voyaient deux entités humaines avoir du plaisir ensemble. Mais Cash et moi n’étions pas un couple et pas près d’en être un.

Ensuite, j’exposais à Jack ce que j’avais en tête sans savoir par où commencer. Ça sembla le surprendre, à raison, J’avais déjà un manager et compétant aussi ! N’allez pas croire que je ne m’étais pas tourné vers Timmy parce que je le jugeais incompétent.

- Timmy est un bon manager et il serait capable de faire quelque chose avec mon projet mais c’est pas la direction que je cherche. Je veux un nouveau souffle, de la fougue, de la jeunesse. C’est toi, ça !

Je ne le draguais pas, mais c’était vraiment l’opinion que je m’étais faites de lui uniquement en l’observant dans différents évènements publics ou même en regardant ce sur quoi il avait travaillé.

- Non, c’est pas un challenge, je sais que j’ai aucune chance de passer dans les mailles du filet.

C’était la merde !

Il m’expliqua que pour Jimmy Reed, je ne serais pas intéressante parce que je ne correspondais pas à son type de femme. Je renversais la tête vers l’arrière en roulant des yeux, c’était tellement injuste ! Il se privait de revenu, il en était conscient ? Mais bon c’était son bac à sable à lui, je n’avais pas envie d’aller y jouer. Puis Jack ajouta qu’il avait réussis a fait signer Livia parce qu’elle était la fille de Reed, ouais, tout le monde l’avait compris maintenant. Toutefois, il voulait quand même que je lui parle de mon projet.

- C’est un album solo, c’est la première fois que je me lance toute seule. Avant, ont écrivaient ensemble, avec les filles. Même chose avec The Burning Fire. Là c’est moi qui parle, c’est moi qui fais tout c’est plus personnel. Et je ne veux pas, surtout pas profiter du fait que je suis avec un groupe qui fonctionne pour lancer mon truc à moi. C’est peut-être pour ça que je ne veux pas le sortir chez MTI.

C’était un risque mais Howard l’avait fait et ça fonctionnait. Il n’était qu’un exemple parmi des centaines d’autres.

- Je ne veux pas paraitre impolie en insistant mais, de mémoire, Daniele Ricci n’avait pas prit les Tiny Suicides en dehors de BSC ? Disons… sans me signer, tu pourrais m’accompagner en studio, m’aider à enregistrer et ensuite, on verrait s’il y a façon de sortir de manière… indépendante ?

C’était un pari risqué.

Il n’aurait peut-être pas envie de se faire taper sur les doigts par Reed pour avoir sortit un album clandestinement.

@ Billy Lighter

Savannah s’empressa de me mettre les points sur les « i » quand je parlai d’elle et Cash… ils n’étaient que partenaires de sexe, pas un vrai couple. Je souris gentiment.

-Désolé pour la méprise. C’est parce que vous allez bien ensemble, c’est tout.

Et Savannah n’y alla pas par quatre chemins pour m’expliquer ce qu’elle attendait de moi. Elle avait un projet et j’étais désolé d’avance de ne rien pouvoir lui promettre… Avec David et Howard, ça avait été facile… C’étaient des hommes et en piquer deux à MTI avait fait grand plaisir à Jimmy Reed. Mais Savannah était une femme, une grande gueule excentrique en plus, même si c’était une très grande musicienne. Et je doutais que ça, ça plaise à mon patron.

Sur quoi, je conclus qu’elle avait un bon manager elle aussi… mais apparemment, il n’avait pas ce qu’il fallait. Elle voulait un nouveau souffle, de la fougue et elle disait que ces qualités-là, je les avais. Je rigolai, pas en me foutant de sa gueule, mais de surprise d’être associé à de la jeunesse et de la fougue…

-C’est étonnant ! D’habitude, on me trouve un peu coincé… Et même pas qu’un peu… Avant de connaître Livia, d’ailleurs, sans être misogyne, j’étais presque aussi sceptique concernant les femmes que Jimmy Reed lui-même.

Mais ça avait bien changé ! Au contact de Livia puis de Brooke… Il était vrai que j’étais détendu… Restait que je n’en étais pas devenu pour autant un faiseur de miracle… Jamais Jimmy Reed ne laisserait Savannah Prescott sortir son projet solo chez BSC… Et ce même si ça pouvait lui rapporter gros. Parce que Jimmy Reed n’avait pas besoin d’argent.

Savannah, cependant, avait les pieds sur Terre et avait bien conscience qu’elle n’avait aucune chance de passer entre les mailles du filet, comme elle le disait.

Mais elle était tellement enthousiaste quand elle parlait de son album solo ! Tellement passionnée ! Elle voulait un projet personnel et pouvait-on vraiment lui en vouloir ? Non ! Pas du tout ! Certains excellaient en solo, c’était, par exemple, le cas de Sniper.

-Je comprends, je te comprends et j’entends ce que tu me dis.

Tant qu’à faire, autant laisser tomber le vouvoiement.

-C’est un beau projet et je le respecte mais ça va être très compliqué… Pour ne pas dire impossible.

Elle insista, rappelant les Tiny Suicide qui avaient sorti un single sous le nom seul de Daniele Ricci… Je me mordis la lèvre… Elle voulait me faire sortir des clous…

-Je sais, Savannah, je sais… Mais je sais aussi que ça a créé quelques tensions entre Jimmy Reed et Daniele Ricci, cette histoire de Tiny Suicide… Et puis, regarde la fortune de Daniele et le résultat : deux chansons, un seul single et des concerts dans les pires bouges de L.A.

Je marquai une pause et la regardai dans les yeux.

-Je n’ai pas les fonds pour financer un album à moi tout seul. Et je risque ma place chez BSC si Jimmy Reed prend ça comme une offense.

Je me mordis la lèvre…

-Mais apporte-moi toujours une démo, que tu enregistreras dans vos studios de The Burning Fire… Et j’essayerai de convaincre Jimmy Reed… même si je sais que je n’ai aucune chance… Mais je veux au moins essayer. Pour toi, parce que tu as l’air sûre de ton projet.

@ Billy Lighter

Cash et moi passions pour un couple alors que nous n’en étions pas un tout ça parce que j’avais passé les American Music Awards le cul nu sur ses cuisses et que je l’accompagnais à un mariage aujourd’hui. Bon ça semblait suffisant pour coupler des gens, je n’en voulais pas à Jack de l’avoir cru mais j’eu quand même besoin de rectifier le tir parce que je tenais pas à ce qu’on décide de ma vie pour moi.

- Parce qu’on est deux marginales ? Mais c’est vrai qu’on est pas dégueux ensemble. Je le prends comme un compliment, tu sais !

J’expliquais à Jack pourquoi je venais vers lui, pourquoi, selon moi, il était le manager qu’il me fallait pour m’aider à sortir de ma tête mes idées et en faire un disque. Il était jeune, il avait une visionne plus actuelle, ça s’entendait avec l’album de Livia, ne venez pas me faire croire qu’une gamine qui vient de tomber dans le showbiz avait toutes ces idées-là ! Bon possible que oui, si je me remémorais bien mes débuts, avant ma première chute, j’avais la tête dans les nuages.

- J’suis certaine que non ! J’ai le flair d’habitude pour trouver les manches à balais perdu, t’en es pas un. En tous les cas tu m’en donne pas l’impression !

Il allait probablement quand même à la messe le dimanche avec sa petite femme et fiston, il devait faire ses impôts en date et heure et il ne devait pas avoir de carie sur les molaires mais il ne me donnait quand même pas l’impression d’être du genre à faire l’amour à sa femme en se contentant de relever sa chemise de nuit !

Jack avait la qualité de ne pas chercher à m’embobiner en disant que peut-être si, possible que… Il savait que Jimmy Reed ne voudrait pas de moi, je le savais aussi, mais au moins, il m’écoutait et, dans le pire des cas, il me dirait simplement ’’merci d’avoir pensé à moi mais, non, merci !’’, je l’avais envisagé, j’étais prête à l’entendre et même, je pensais même qu’il me l’aurait dit bien avant mai non, il continuait de m’écouter et moi, bien ça me faisait du bien !

- Je sais ! Je ne me suis pas faite d’histoire mais dans tous les scénarios que j’ai imaginés, je me voyais vraiment travailler avec toi. Je voulais aller juste un peu plus loin et je voulais le faire avec toi.

Je tentais une dernière avenue en parlant des Tiny Suicide qui avaient été prises sous l’aile de Daniele Ricci, en dehors de BSC. C’était un pari risqué et ça pouvait coûter très cher à Jack.

- J’ai sniffer les fonds pendant des années mais, supposons que je trouve l’argent ?

Oui, je tentais vraiment le tout pour le tout !

Jack ne voulait pas s’engager au-delà d’une simple écoute de ma démo et d’une discussion avec Reed. C’était peu mais en même temps, c’était énorme ! En tous les cas, moi, ça m’avait suffi à sourire, un grand et sincère sourire !

- Tu vois que tu es pas coincé ! Tu sais que c’est perdu d’avance mais tu accepte quand même d’au moins écouter ma démo et de risquer de te faire rire au nez pas Reed, juste parce que tu pense que j’ai un beau projet ! Tu sais pas mais un petit geste comme ça, ça peut changer bien des choses pour une personne et pour moi, ça fait la différence.

Reed ne sortirait jamais mon album solo même si Jack lui donnait toutes les raisons de croire que ce serait rentable pour BSC mais au moins, je pourrais profiter des conseils de Jack et j’irais ailleurs. Il y avait d’autres maisons de disques à Los Angeles, de minuscules petites entreprises mais je me foutais que mon album soit lancé sous une grosse bannière ou passe inaperçue. J’avais des choses à dire et je voulais simplement qu’on prenne le temps de m’entendre.

- Je te paierai pour le temps que tu vas m’accorder, t’inquiète pas !

@ Billy Lighter

J’avais dit à Savannah qu’elle et Cash allaient bien ensemble… Elle répliqua dans une question rhétorique que c’était parce qu’ils étaient deux marginaux mais elle prenait ça comme un compliment. Je pouffai de rire.

-Tant mieux parce que c’en est un… Et je n’aurais pas dit « marginaux » disons plutôt que vous avez le même sens artistique. Pour ce qui est de l’image que vous donnez en tout cas.

Puis on entra dans le vif du sujet. Elle me voulait comme manager pour un projet solo… Et j’étais bien embêté, bien que je sois énormément surpris qu’elle me vit comme une nouvelle vague de managers, jeunes, ouverts aux nouveautés, etc. Ce n’était pas vraiment la réputation que j’avais dans le métier mais Savannah disait savoir flairer qui avait vraiment un balais dans le cul et que je ne faisais pas partie de ceux-là.

-C’est très gentil… C’est Livia qui m’a ouvert à la nouveauté, à l’aventure… C’est elle qu’il faut remercier. Oh ! Et ma fiancée aussi qui est en contact avec la future génération de L.A. Elle est professeur d’histoire mais fait son travail d’une façon très moderne.

Du moins, c’était ce que je pensais à chaque fois qu’elle parlait boulot à la maison.

Et après l’avoir écouter, je ne pus que la ramener sur Terre, la prévenant que jamais Jimmy Reed ne ferait signer une femme comme elle chez BSC. Trop grande gueule… Et si Victoria Hunter, engagée du temps du père de Jimmy, était encore là, c’était uniquement parce qu’elle respectait le décorum… C’était une femme avenante, très classe, qui ne disait jamais un mot plus haut que l’autre…

Et qui faisait depuis 20 ans la même musique.

Savannah savait tout ça mais elle voulait vraiment aller plus loin et ne se voyait le faire qu’avec moi. J’avais le sourire aux lèvres, ravi que mon travail plaise.

Malheureusement, si, comme elle le disait, je faisais mon Ricci en sortant un album hors BSC, je risquerais ma place, et j’avais une famille à nourrir… Il y avait bien MTI mais je n’aimais pas sa politique… Trop coincé à mon goût, ce qui était un comble !

Et puis, je n’avais pas l’argent pour faire un album à moi tout seul… Daniele lui-même n’avait sorti qu’un single.

Savannah, de son côté, avoua avoir sniffer les fonds pendant des années mais pensait pouvoir trouver l’argent. Et là, j’eus une idée.

-Si tu trouves l’argent pour faire le disque, Savannah, on est pas obligé de le sortir à mon nom même si je travaille avec toi. On pourrait le sortir à compte d’auteur soit à ton nom. Tu serais à la fois interprète, compositrice et productrice de ton propre album.

Je voulais une démo… Je tenterais notre chance auprès de Jimmy Reed et s’il me riait au nez et que Savannah trouvait vraiment l’argent, alors on ferait, ensemble, cet album solo qu’elle voulait tant ! Et ça ravissait Savannah qui répéta que je n’étais pas coincé parce que j’allais essayer un truc perdu d’avance.

Et elle était prête à me payer pour ça.

-Tu ne me payeras que si quelque chose ressort de tout ça, soit, si Jimmy Reed accepte ce don je doute. Soit si tu trouves l’argent et qu’on sort l’album à compte d’auteur.

Je lui tendis la main.

-Qu’est-ce que tu dis de ça ?

@ Billy Lighter

Peut-être que oui, Cash et moi formions un beau couple mais comme lui et moi étions sans attache, je préférais clarifier les choses et préciser que le nous s’arrêtait une fois qu’on avait prit notre pied. On s’entendait bien, nous étions possiblement du même moule mais il ne fallait pas chercher plus loin que ça.

- Peut-être qu’un jour on mettra à profit notre sens artistique semblable dans un projet commun, qui sait !

Vue comment la complicité était bonne au lit, je voyais mal comment ça ne pourrait pas fonctionner en studio.

J’étais clean depuis un petit moment, faute de fond mais aussi parce que j’avais eu besoin de faire un bout de chemin dans ma tête et aller ailleurs. Puis j’avais flashé sur Jack Perry en me disant qu’il était celui qu’il me fallait. Il m’inspirait, le blondinet et ça le faisait rire parce qu’il disait que je le voyais autrement que les autres. Justement, moi, je vois les autres différemment parce que je n’ai pas d’idée pré conçue des gens avant d’avoir ma propre opinion.

- On dit que derrière chaque grand homme ce cache une grande femme, tu en as deux, toi ! Tu as de la chance !

Et j’espérais en profiter, ne serait-ce que pour me guider au travers des étapes plus technique de la création. C’était tout simple et en même temps, si compliqué tout ça parce que Jimmy Reed était un enculé de première ! J’aurais beau hurler de rage et taper du pied autant que je voulais, ça n’allait pas le faire changer d’avis et Jack, malheureusement pour moi, avait les pieds et les mains liés.

Cependant, il ne baissait pas les bras !

Il aurait pu simplement se dire flatter et décliner et déjà de m’avoir écouté, ça m’aurait fait plaisir. Mais non, Jack, il poussait un peu plus loin en proposant d’écouter ma démo et de quand même en parler à Reed !

J’aurais quand même aimé l’envoyer sur les traces de Ricci. Ce dernier l’avait fait pour Tiny Suicide mais Perry n’est pas Ricci. Ce dernier est le meilleur pote de Reed alors il avait pu lui en passer une sous le nez, Jack se ferait remettre les points sur les i et les barres sur les t avant même qu’on ait pu sortir mon projet sur disque.

Si toutefois je trouvais l’argent, Jack proposait que je porte tous les chapeaux et je l’écoutais avec intérêt.

- Tu vois ? Je savais que je devais te parler ! Tu trouve une solution où moi je voyais une impasse !

Et le plus beau là-dedans c’est qu’il allait m’aider et que je devrais le payer uniquement si ça fonctionnait, d’une façon ou d’une autre.  Je regardais la main qu’il me tendait et je la serrais avant de lui plaquer un baiser qui resta étampé sur sa joue à cause de mon rouge à lèvres.

- Marché conclu !

@ Billy Lighter