-Doucement… Ne bouge pas trop…

C’était une voix féminine qui me parlait alors que j’ouvrais doucement les yeux. J’avais mal à la tête mais c’était tolérable et je n’avais strictement aucune idée d’où j’étais ni de qui me parlait. Il me fallut le temps que tout devienne clair dans la pièce pour me rendre compte que j’étais couché dans un lit… Un lit d’hôpital vu l’ambiance de la pièce.

Qu’est-ce que je foutais dans un lit d’hôpital ?

Je me tournai alors, doucement vers la voix… Une jeune femme se tenais assise à côté de mon lit, un petit bébé dans bras. Le bébé dormais mais pas la fille qui me regardait avec un air clame mais inquiet.

-Daisy ?

C’était Daisy… Une Los Diablos qui, depuis peu, était mère d’un enfant. L’enfant de Raoul qui était mort il y a plusieurs mois d’ici… Bien avant que l’enfant ne vienne au monde.

-Oui, c’est moi. Ne bouge pas trop, Finan…

Je ne pouvais pas réellement trop bouger, en fait… J’étais relié à un foutu baxter sans que je comprenne pourquoi… Enfin, si je pouvais avoir une petite idée vu que je faisais partie d’un gang mais je n’avais aucune souvenir de ce qu’il s’était passé.

-Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Elle se pencha légèrement en avant et posa sa main sur la mienne. Je ne savais pas pourquoi c’était Daisy à mon chevet… Je savais que ça ne saurait pas être Alonso car il évitait les hôpitaux. D’ailleurs, c’était rare quand l’un d’entre nous passait par la case hôpital.

-Tu t’es fait agressé en pleine rue. Tu a été dans le coma pendant deux semaines. Tu t’es réveillé hier…  

Non… Je ne me rappelais pas. Ni de l’agression… Ni du réveille… Mais… Elle a dit deux semaines ???

-Deux semaines ??

Je demandai ça sans aucune force dans ma voix malgré mon étonnement manifeste. Deux semaines c’était long… Ça signifiait que l’agression que j’avais subi n’était pas anodine. Mais je n’en avais strictement aucun souvenir.

Aucun…

La dernière image que j’ai c’est moi et Alonso qui mangeons au Great Nachos… Après ça, je n’ai plus aucune souvenir.

Je fixai Daisy essayant de comprendre et ça devait se voir quand elle serra un peu plus ma main tenant de l’autre bras son tout petit bébé qui avait des cheveux noir comme sa mère.

-Oui, deux semaines. C’est Delfino qui t’a retrouvé en pleine rue. Vu ton état, il n’a pas peu d’autre choix que d’appeler une ambulance. Et heureusement sinon, tu serais mort. Les médecins n’étaient pas optimistes à la base mais, apparemment, tu n’es pas un guerrier que dans ta tête.

Elle esquissa un sourire en disant ça et je crois que j’aurais souris aussi si jamais je n’avais pas tant de questions et tant de mal à rassembler mes idées. C’est comme si mon cerveau refusait totalement de coopérer et plus je forçais, plus jamais mal à la tête.

-Je me rappelle de rien… Vraiment de rien…

C’est ce que je dis en soupirant. J’avais véritablement un trou noir et il était impossible pour moi d’y mettre des images.

-La dernière chose que je me rappelle, c’est Alonso et moi au Great Nachos… On mangeait et on rigolait… Après…

Après, j’ai certainement dû aller dealer comme tous les soirs. C’était évident. Peut-être qu’un South Panthers (ou plusieurs) m’avaient agressés. C’était la meilleur hypothèse que j’avais. Je fixai, donc, le regard de Daisy qui prit, d’un seul coup, un regard dur… Elle posa un instant son regard sur son enfant, un regard doux cette fois, avant de reposer un regard dur sur moi.

-Après, tu es allé dealer seul comme tu en as pris la mauvaise habitude et Ward t’as agressé… Voilà ce qu’il s’est passé, Finan…

Ward…

-Ward ?

Ward ? Pourquoi Ward m’avait agressé ? Non… C’est une très mauvaise question, ça… Entre Ward et moi, ça n’a jamais été le grand amour. Il déteste tout le monde et tout le monde le déteste…

Mais c’est un Los Diablos… Un enfoiré de Los Diablos mais un Los Diablos quand même. Il sait que s’il s’attaque à l’un d’entre nous alors il sera bannit…

-Pourquoi il a fait ça ?

Je réfléchis… Avant de soupirer et de fermer les yeux alors que Daisy, elle, déclarait qu’elle n’en savait rien. Qu’il était « comme ça »… Encore une fois, c’est vers le petit qu’elle posa sa regard. Un regard pensif cette fois alors que, moi, j’avais récupérer dans ce qu’il restait de mon cerveau les raisons de la colère de Fleming.

-A.J. Litrell...

C’est ça que je soufflai. Je m’étais fait A.J. Litrell… Elle m’avait pourtant promis qu’elle ne dirait rien à Ward mais que vaut la parole de cette cinglée ?

Daisy releva la tête m’interrogeant du regard. Je me mordis la lèvre et ajoutai d’une voix encore rauque.

-Je me suis fait A.J. Litrell… Ward a dû l’apprendre… C’est la seule raison valable qu’il aurait eu pour risquer de me casser la figure…

Daisy roula les yeux et je vis bien que la compassion qu’elle avait pour moi jusqu’ici s’envola. Elle lâcha ma main ne regardant plus, désormais, que son bébé qui dormait à poing fermé.

-Tout le monde sait que c’est dangereux de toucher à cette…

Elle avait l’air de chercher ses mots avant de, finalement, trouvé.

-Salope…

Je fis la moue et soupirai avant d’approuver de la tête. Je ne savais pas ce qu’il m’avait pris et Daisy se leva alors de sa chaise. Je la fixai.

-Tu t’en va déjà ?

Elle hocha de la tête… J’avais encore des questions mais avant que je ne dise quoi que ce soit, elle se retourna vers moi en se rendant compte qu’elle ne pouvait pas me laisser sans indication.

-Alonso m’avait envoyé pour que je te dise que les flics vont sûrement passer… Delfino a eut l’intelligence de te reprendre tes doses avant que l’ambulance n’arrive mais les flics vont t’interroger sur les raisons de l’agression et tu ne devra pas balancer Ward. C’est ça qu’il m’a dit de te dire. Ward un Los Diablos… Ce qu’il sait est trop dangereux pour nous. C’est tout ce qu’il m’a dit de te dire. Le reste, il voudra te le dire en face. Pour le reste, tu as eu un traumatisme crânien alors tu vas devoir rester un moment ici.

C’est rien qu’à cette phrase que je sentis, à nouveau, de la compassion dans la voix de Daisy avant que je ne pose tout de même une question.

-Alonso… Il m’en veut ?

Elle soupira.

-Non… Quoi que tu fasses, Alonso ne t’en voudra jamais. Il en veut à Ward plus que tout. Toi… Il a juste eu peur pour toi.

Elle tourna alors les talons et je voulu la retenir en lui demandant :

-Et Ward ? Il en a fait quoi de Ward ?

Elle soupira mais ne répondit pas à cette question. Elle préféra me lancer un :

-Au revoir, Finan…

Avant de quitter la pièce.

@ Billy Lighter

Rafael voulait me voir… C’était ce qu’il avait dit au téléphone. Il y avait un rassemblement de Los Diablos à l’un de nos entrepôt et j’y étais convié. J’étais certain que c’était pour nous annoncer la mort de Finan Quinn. Finan Quinn que j’avais démoli pas plus tard qu’hier soir alors qu’il dealait seul dans une rue. Finan Quinn qui méritait largement son châtiment alors qu’il avait osé se taper ma petite-amie. Une information que je tenais d’un autre Los Diablos qui n’avait pas l’Irlandais à la bonne.

Je m’étais assuré qu’il meurt en éclatant sa face contre le rebord d’un vieux container d’une ruelle de l’Eastside. Il saignait et avait perdu connaissance quand je l’avais laissé là et j’étais certain qu’il n’avait pas pu survivre à un coup pareil.

Et j’avais bien fait attention à ce qu’il n’y ait pas de témoins.

Je ne suis pas un débutant.

Donc c’est en me délectant d’avance de l’annonce que fera, certainement, Alonso que j’étais allé au rassemblement. J’étais entré dans l’entrepôt et ce n’est pas tout un tas de Los Diablos à la mine sombre que j’avais trouvé mais quatre Los Diablos, Alonso inclus qui ne tardèrent pas à m’entourer.

Il y avait Rafael, Hernan, Carlos et Alonso qui, lui, me faisait face avec son air de tueur. Je penchai légèrement la tête sur le côté ne laissant rien transparaitre sur mon visage. Je lançai alors.

-Quel comité d’accueil. Qu’est-ce qu’il me vaut vos allures de tueur ?

Je dis ça sur un ton légèrement désinvolte alors que, intérieurement, je fulminais. S’ils m’entouraient c’était pour me faire passer un message et ça voulait dire qu’ils savaient que j’étais responsable de l’état de Quinn.

C’est Alonso qui ouvrit la bouche. J’imagine, d’ailleurs, qu’il n’y aura que lui qui parlera. Les autres sont là pour m’intimider… Ou pour avoir des bras en plus parce que, Alonso avait beau être un tueur, il ne faisait pas le poids contre moi. Il était trop petit et trop léger pour faire le poids. Sauf s’il utilisait son flingue. Dans ce cas, les autres étaient simplement là pour décorer.

-Finan. Explique-moi pourquoi tu as fait ça.

Je jetai un rapide regard autour de moi.

-Il lui est arrivé quoi ? C’est pour ça qu’il n’est pas là ? De quoi tu m’accuse, Alonso ?

Je n’aimais pas me faire prendre. Et je savais que jouer les ignorant forcerait un Alonso qui devait bouillir de l’intérieur de me donner les informations que je voulais.

-Il est dans le coma. Tu l’as tabassé dans une ruelle. La jeune Isabel t’a vu. Je l’avais envoyé suivre Finan parce qu’il a la sale habitude de dealer sans protection supplémentaire.

Isabel… Je m’étais fait avoir par une petite orpheline de 8 ans. Je ne l’avais pas vu certainement parce qu’elle avait réussi à se planquer, minuscule comme elle était.

Et elle avait tout vu.

Et Alonso la croyait elle, bien sûr, ça allait de soi.

Je gardai mon air impassible. Alonso savait. Inutile de nier. Alors, je dis sur un ton tout aussi impassible.

-Il va mourir ? Quinn ? Que je n’ai pas fait ça pour rien.

Ma phrase n’était que provocatrice et elle atteignit sa cible alors qu’Alonso s’avança d’un pas pour me foutre un poing en plein figure. J’aurais pu l’éviter si Hernan et Rafael ne s’étaient pas coordonnés pour me retenir de bouger en maintenant mes bras. Preuve qu’ils connaissaient bien les réactions d’Alonso et, surtout, le lien qu’il avait avec Quinn. Parce que, ouais, autant Rafael était le meilleur ami d’Alonso depuis l’enfance autant il a dû se sentir profondément floué lorsque Quinn est arrivé dans le paysage. Parce que si l’amitié de Rafael et Alonso est incontestable, celle entre Quinn est Alonso est encore plus forte.

Ils pensaient que c’était leur force.

C’était définitivement leur faiblesse.

Je sentis le sang couler de ma lèvre et j’affichai tout de même un sourire carnassier alors qu’Hernan et Rafael me tenaient toujours. Alonso, lui, me faisait toujours face et je voyais qu’il se retenait de faire pire que ce qu’il venait de faire.

-Pourquoi tu as fait ça, Fleming ?

Je l’ai provoqué. Il le fait en retour en m’appelant Fleming. Je penchai légèrement la tête sur le côté alors que mon sourire, lui, avait complètement disparu.

-Je m’appelle Ward.

Il ne broncha pas. Il savait qu’il était en position de force. Il attendait. Et je ne dis rien. Alors, il fit un signe à Carlos qui me frappa en plein estomac. J’eus le souffle coupé mais ça ne m’empêcha pas, après la douleur passée, d’esquisser un sourire en coin.

-Tu crois que me frapper te donnera les réponses, Alonso ? Tu sais pourquoi Quinn méritait ce qu’il lui est arrivé. Tous les Los Diablos le savent. Réfléchis et tu aura le réponse. Si tu as un cerveau pour réfléchir, bien sûr.

Insulte facile… Mais Alonso n’y répondit pas. Il réfléchissait plutôt et je crois qu’il avait peur de dire une réponse de peur que ça soit quelque chose que je ne saurais pas encore et qui allait encore plus joué en défaveur de Quinn.

Mais je n’allais pas lui laisser la tâche facile. Il devra me donner une réponse. Ce n’est pas les coups qui me feront cracher le morceau.

Il le savait.

Alors il se lança.

-A.J. Litrell…

Mon regard se fit plus sombre. Il avait trouvé et j’hochai de la tête.

-Ouais. A.J.. Il s’est fait A.J.. MA petite-amie. Voilà pourquoi Quinn est dans le coma. Il savait les risques. Tu aimerais que Carlos se fasse Carlotta, ta femme ? Non. Quinn le méritait.

Voilà. Simple. Il le méritait. Parce que personne ne touche à ce qui m’appartient.

Alonso soupira. Il venait de comprendre que c’était Quinn qui avait joué avec le feu et qui s’était, inévitablement, brûlé. Il savait aussi qu’une règle des Los Diablos disait qu’il ne fallait pas toucher les petites-amies des autres.

Un règle que Quinn avait transgressé en plus de celle de ne pas dealer seul.

-Qui te l’as dit ? Pour A.J..

Je m’y attendais à ce qu’Alonso cherche plutôt celui qui avait vendu son chiot d’Irlandais plutôt que de blâmer ce même chiot. Mais je ne comptais pas lui faire se plaisir.

-Je sais quand quelqu’un touche ma petite-amie. Je le sens. Et elle sentait le Quinn. Tout simplement.

Je vis bien que ça n’était pas assez satisfaisant pour Alonso mais il n’insista pas sachant très bien que je ne lui donnerais rien.

-Je devrais te descendre.

J’esquissai un sourire en coin. Je savais qu’il crevait d’envie de le faire et pas seulement pour ce que j’avais fait à Quinn. Mais il ne pouvait pas. Pour la simple et bonne raison que, si j’avais frappé Quinn, c’est parce que Quinn avait transgressé une règle propre au gang. Alors, me faire descendre détruirait sa crédibilité.

Puis, on ne pouvait tuer un autre Los Diablos que quand il y a trahison. Je n’ai trahi personne. J’ai juste fait payé Quinn pour l’affront qu’il m’a fait.

-Mais tu ne le feras pas, n’est-ce pas ?

Il me fixa.

-Non. Je ne le ferais pas.

Je ricanai. Les autres, eux, ne bronchèrent pas même si Rafael et Hernan me tenaient toujours.

Alonso s’avança alors vers moi pour me faire face de près. Assez près pour qu’on voit à qu’elle point il était petit à côté de moi.

C’était pathétique.

-Je considère que Finan a largement reçu sa sanction pour avoir transgressé une stupide règle du gang. Mais tu seras sanctionné aussi parce qu’une autre règle du gang dit qu’un Los Diablos ne doit pas attaquer un autre Los Diablos. Et ça, c’est une règle plus importante que celle que Finan a transgressé. Tu essayes de m’avoir sur ce terrain, Ward ? Ok. Jouons sur ce terrain.

Je pris un air neutre attendant de voir ce que cet enfoiré me réservait. J’aurais cru qu’il perdrait son calme et qu’il se décrédibiliserait en le montrant et en me tabassant.

Mais il ne le fit pas.

-Tu ne recevra pas un dollar pendant un mois… Et si après ce mois Finan est toujours à l’hôpital, ta sanction sera prolongée.

Je tiquai et ça, ça le fit sourire. Il savait que j’avais besoin de thunes rien que pour payer mon foutu appartement parce que depuis que Reed avait pris les rennes des Los Diablos, j’avais moins d’argent supplémentaire qu’avant !

-Et je paye comment mon appartement, Alonso ?

C’était à lui de rester, maintenant, impassible.

-Débrouille-toi. Tu n’avais qu’à y réfléchir avant de foutre Finan dans le coma. Maintenant dégage ! Et si Finan ne s’en sorte pas, crois-moi que c’est tout le gang qui cherchera à t’abattre, Ward. C’est compris ?

Je le foudroyais du regard. J’espérais bien que Finan n’allait pas s’en sortir. Ainsi ça me donnera une raison de pouvoir tous les descendre !

Et je l’aurais bien fait sur le champ mais j’étais en sous nombre. Et je le savais.

Alonso fit signe à Hernan et Rafael de me lâcher ce qu’il firent. Je fixai toujours Alonso droit dans les yeux.

-Un jour… C’est moi qui te tuerais, Alonso.

Ce n’était pas la première fois que je lui faisais ce genre de menace. Et il n’y répondit pas. Je tournai alors les talons pour aller passer mes nerfs ailleurs.

@ Billy Lighter