Il y avait plus de degré qui s’affichait sur mon thermomètre buccale qu’il n’en faisait dehors et cela s’expliquait par le fait que j’avais une grippe carabinée ! Je n’avais pas quitté le lit depuis deux jours, et je n’avais même pas la force de répondre au téléphone que j’avais d’ailleurs enterré sous une pile de couvertures. Tout ce que j’avais fait, c’était de prévenir David de mon état et il m’avait répondu ‘’ok!’’. Rien était jamais compliqué avec David et je savais qu’il pouvait compter sur Howard et Peyton pendant que je combattais mon virus !

Jamais de ma vie je ne m’étais sentie autant mal pour quelque chose de si peu grave. Je m’étais payé le kit de luxe niveau symptômes. Mais comment est-ce que mon nez pouvait être à la fois complètement congestionné et couler comme un érable au printemps ? Pourquoi est-ce que je grelottais un moment et crevais de chaud l’instant suivant ? J’avais continuellement mal à la tête et je ne parle même pas de mes côtes qui semblaient se fragiliser de plus en plus chaque fois que j’éternuais ou que je toussais.

Bref, une vraie grippe d’homme comme le dirait mon cher père !

Ma panoplie antigrippe était éparpillée sur le sol près de mon lit. Jus d’orange, bouteille d’eau, sirop, aspirine, huile d’eucalyptus et pommade mentholée pour me frictionner sous les pieds, la poitrine et le dos, mais ça, j’y arrivais pas parce que j’avais mal dans tous les muscles de mon corps et que d’allonger le bras vers l’arrière était mission impossible.

Je passais entre l’état d’éveil complet, impossible de m’endormir à cause de mes quintes de toux, au sommeil profond mais tout de même troublé par la fièvre. Je faisais des rêves complètement délirants dans lesquels je me battais contre Ward Fleming toujours autant enragé face à sa défaite contre moi la seule fois que l’on s’était croisé sur le ring. Ses poings étaient des boulets de canon et il crachait du feu chaque fois qu’il ouvrait la bouche. Ou alors je rêvais à Abel qui arrivait chez moi sur une moto volante et qui venait me kidnapper pour m’emmener visiter des volcans.

Je me réveillais toujours en sursaut en me demandant quel jour nous étions, quelle heure il était. Je perdais complètement le Nord avec ce virus que je ne souhaitais à personne.

Avec tout ce qui me restait de volonté, je me trainais sous la douche et je dû y passer au moins une bonne demi-heure à me tenir contre la parois vitrée a juste tolérer le jet d’eau dans mon dos avant de me retourner pour me remettre les yeux en faces des trous et sortir de là pour m’envelopper dans un drap de bain et de greloter jusqu’à ce que je trouve mon peignoir.

Je toussais, comme une fumeuse de quarante-cinq ans et je me dirigeais à la vitesse de l’escargot pour ouvrir à la porte. Avoir eu la force de crier qu’il n’y avait personne, je l’aurais fait. Avoir eu le courage d’ignorer les bruits de poings sur le bois de ma porte, je l’aurais fait aussi. Au lieu de ça, c’est pâle comme un drap et un mouchoir à la main que j’allais ouvrir.

- Abel ?

Pas de moto volante à l’horizon, alors je ne rêvais pas. J’aurais été en meilleur était que je l’aurais accueilli en l’embrassant mais je ne voulais pas le contaminer d’autant plus que je dû lui tourner le dos pour tousser, encore et encore avant de me ressaisir.

- À moins d’avoir un système immunitaire à tout épreuve, je te suggère de fuir ou alors de mettre un masque et des gants. Je suis malade.

J’étais toute molle, piteuse et pâteuse.

@ Billy Lighter

J’étais parti travailler… parce qu’il y avait du boulot pour la tournée très prochaine de Lola, mais aussi, en espérant y croiser Collins et peut-être voler quelques instants dans un local vide pour s’embrasser…

Mais je passai presque toute la matinée sans la voir et en étant, du coup, complètement déconcentré, pas moyen d’avancer ! Il fallait que je la vois, elle me manquait… alors j’allai aux renseignements et j’appris que Collins était malade…

Collins ? Malade ? C’était une force de la nature, cette fille ! Pas étonnant qu’elle soit garde du corps. Mais on me confirma qu’elle était bien malade.

Alors je demandai à pointer mes heures… Tant pis si je perdais un peu d’argent, ce n’était pas ça qui manquait avec le peu que je sortais et tous mes voyages, je les faisais en tournée donc tous frais payés par MTI.

Il fallait que je voie comment Collins allait.

Je sautai dans mon Impala et traçai ma route jusque chez Collins. Quand j’arrivai à son immeuble, je montai quatre à quatre les escaliers et puis frappai à sa porte… Il fallut un petit temps avant qu’on ne vienne m’ouvrir.

Et je découvris une Collins toute congestionnée, les yeux rouges et bouffis qui pleuraient tout seul, le nez tout rouge aussi, les joues rosées par la fièvre.

-Salut Collins…

Je n’eus rien le temps de dire d’autre qu’elle se retourna, prise d’une quinte de toux. Elle se reprit et m’annonça que j’avais intérêt à fuir ou à prendre mes précautions car elle était malade. J’eus un pauvre sourire et avançai dans l’appartement pour la prendre par les épaules en l’entourant d’un bras.

-Je vois ça que t’es malade… Et je n’ai pas peur des microbes. Je vais m’occuper de toi, ma belle.

Je l’emmenai jusqu’à son salon où attendaient une couverture douce et chaude, mais le sol était jonchés de mouchoirs usagés…

-Viens, couche-toi, je m’occupe de tout.

Je l’aidai à s’allonger et la bordai avec la couverture… Puis, je ramassai les mouchoirs que je balançai dans la corbeille du salon.

-Est-ce que tu as mangé au moins ? Je parie que non. Je vais te faire un bon bouillon de poulet ! C’était ce que mon père faisait quand j’étais malade.

Je me penchai sur elle et embrassai son front, à défaut de pouvoir embrasser sa bouche. Pas que j’avais peur des microbes, mais congestionnée comme elle était, ça risquait de l’étouffer.

-Je reviens tout de suite… Je suppose que David est resté chez lui ? Ou un autre roadie a pris le relais auprès de lui ?

@ Billy Lighter

Je ne rêve pas, Abel est bien sur le pas de ma porte. Je regrette de me sentir aussi mal et de ne pas l’accueillir à la hauteur de mes sentiments pour lui. Et je regrette aussi qu’il puisse me voir dans un état aussi lamentable. Je suis loin d’être la fille qui repense son look des dizaines de fois avant un rendez-vous mais je n’aime pas nécessairement non plus ressembler à un crapaud morveux.

Je dû me reculer avant de le laisser entrer, et me retourner pour tousser un bon coup, rien de plus sexy pour souhaiter la bienvenue à son petit ami. Alors, je lui suggérais de fuir ou de porter un masque et des gants s’il ne voulait pas se faire contaminer par mon virus.  Mais Abel, en preux chevalier ne se laissa pas impressionner par mes microbes et passa son bras autour de mes épaules pour me raccompagner jusqu’à mon divan, enjambant les mouchoirs jonchant le sol comme un champ de mine.

- C’est gênant que tu vois mon appartement dans cet état. Ça fait deux jours que je tousse et que je mouche, j’ai lâché prise sur le ménage !

Ma voix était rouillée et je parlais comme si j’avais un œuf à la coque coincé dans la bouche, c’était horrible ! D’un autre côté, j’étais heureuse qu’Abel soit venu me retrouver. Avoir de la compagnie me ferait du bien et m’aiderait à me ressaisir.

Une fois de retour sur mon divan, je ramenais la couverture sur moi pour me tenir au chaud et j’attrapais un mouchoir, propre, pour me moucher joyeusement.

- Non, j’oublie les heures et quand j’ai faim, le temps que je me convaincs de me lever pour me faire à manger, je m’endors et quand je me réveilles, ma faim est passée.

Abel me proposa de me cuisiner un bouillon de poulet comme le faisait son papa quand il était malade, plus jeune. C’était très attentionné et vraiment très gentil de sa part. Comment pouvais-je ne pas être attendrie pas un geste comme celui-là.

- Ce serait vraiment très gentil, je l’apprécie.

Il m’embrassa sur mon front et ses lèvres fraîches me firent frissonner de douceur. C’était trop parfait d’avoir quelqu’un pour prendre soin de soit sans avoir eu besoin de quémander quoi que ce soit.


Je laissais donc Abel se diriger vers la cuisine où il trouverait de quoi cuisiner un bouillon maison et je m’allongeais sur le divan avant de tousser encore, à m’en cracher les poumons. Ça faisait mal et je devenais tout essoufflée ensuite, comme si j’avais couru une dizaine de kilomètres.

- C’est Scott qui prend la relève. Nous pensions que ce serait pour une journée alors il pouvait se débrouiller avec Peyton et Howard mais puisque je ne vais pas mieux, Scott s’est proposé pour s’en occuper et ça me soulage, ils se connaissent bien.

Ce n’était pas le moment de contaminé David, puisque le groupe était en phase de création. Je m’en voudrais de ruiner leurs efforts en mettant involontairement David K.O. d’autant plus que cette grippe est tenace et vicieuse.

- Ça va ? Tu t’en sors dans la cuisine?

Je me levais tout en m’enroulant dans ma couverture et je marchais à petits pas jusqu’auprès d’Abel. Un homme aux fourneaux pour sa belle, c’était romantique. J’aurais aimé l’enlacer et l’embrasser mais au lieu de ça, je lui fis un petit clin d’œil et je m’installais sur une chaise, ma tête appuyer sur mes bras croisés sur la table.

- C’est con ! J’ai mal à des muscles que je ne pensais pas avoir. Je ne me souviens pas avoir été autant malade. Et tout ça c’est de la faute de Peyton Stone qui tient la clim de sa maison au plus froid parce qu’elle est enceinte et qu’elle passe son temps à dire qu’elle crève de chaud. Howard et David finiront bien par attraper un truc eux aussi !

Je ne pensais pas plus que ça ce que je disais. Je n’en voulais pas à Peyton, j’aurais pu emprunter une veste à David ou proposer d’aller dans le jardin, là où il faisait plus chaud. Et puis ça venait peut-être d’ailleurs. Je ne pouvais rien prouver. Mais inconsciemment, de savoir d’où provenait mon virus me rassurait.

- Après le bouillon, j’irai prendre une douche froide pour faire baisser la fièvre et je suis certaine que je me sentirais vite mieux ! Avec tes bons soins, ça ne peut pas faire autrement !

@ Billy Lighter

Apparemment, ça faisait déjà deux jours que ma belle était malade… Du coup, avec tout ça, elle n’avait pas fait le ménage.

-Je comprends, ne t’en fait pas. Je me fous que ce soit le bordel. Je vais prendre soin de toi.

Elle avait la voix complètement enrouée, parlait comme un canard parce qu’elle avait le nez bouché mais à mes yeux, elle n’en était pas moins belle. Je l’accompagnai jusqu’au divan où je l’allongeai avant de mettre la couverture sur elle.

Je lui demandai si elle avait mangé et elle me dit que non… A part se moucher et dormir, elle ne faisait pas grand-chose.

-Oh mais, ma belle, il faut manger… Tu n’as jamais entendu l’expression « pour guérir, il faut nourrir la maladie » ?

Alors je proposai à ma belle de lui préparer un bouillon de poulet pendant qu’elle se reposait. Elle appréciait l’attention et je pus sentir sa peau brûlante quand je lui embrassai le front.

-Ben dis donc, c’est une sacrée grippe que tu as là.

Une fois dans la cuisine, je fouillai dans les placards et l’entendis cracher ses poumons. Je ne savais pas où elle était allée chopée ça mais elle ne s’était pas ratée.

Je finis par lui demander ce qu’il en était de David. Je savais que le claviériste appréciait beaucoup Collins. Mais celle-ci me rassura en disant que Scott avait pris la relève. Scott était le roadie qui s’occupait de David comme de son propre fils, avant que Collins ne soit devenue son garde du corps.

Ça avait été comme une sorte d’émancipation pour David qui semblait aller de mieux en mieux. Il fallait dire que j’avais lu l’article de Vanya Kournikova sur le Hollywood Mental Health Center où David avait passé plusieurs années et apparemment, ce n’était pas l’endroit idéal pour s’épanouir et se sentir mieux.

-Ah c’est bien qu’il soit avec Scott mais je suis sûr qu’il sera content de te retrouver.

Je trouvai un peu tout ce qu’il me fallait et posai les ingrédients sur la table avant de mettre chauffer de l’eau.

-Ouais ça va, je m’en sors. Tu veux un thé avec du miel aussi ?

J’avais trouvé ce qu’il fallait alors pourquoi pas ?

Et quand je me retournai, je la vis assise à la table au lieu d’être restée allongée dans le divan.

-Tu ne tiens vraiment pas en place…

Selon elle, c’était à cause de la clim que Peyton mettait très froide dans sa maison… Mais ce qui me fit ouvrir de grands yeux, c’était qu’elle me dise que la diva était enceinte !

-Enceinte ??? Et Amon Sørensen ne le sait pas encore ?

Je pinçai les lèvres quand Collins dit qu’après le bouillon, elle prendrait bien une bonne douche froide…

-Je pourrai venir avec toi ? Pour te savonner le dos ?

Je rougis vraiment fort. Collins et moi n’avions fait qu’échanger des baisers jusqu’ici, et toujours dans des endroits publics. Jamais encore nous n’avions fait l’amour… Et il n’était pas vraiment question de ça ici, elle était trop malade pour ça, mais histoire de découvrir sensuellement le corps de l’autre, pourquoi pas ?

@ Billy Lighter

C’était un tout petit peu embarrassant que de laisser entrer Abel chez moi compte tenue que, étant malade depuis deux jours, je n’avais fait aucun effort niveau ménage et que je m’étais même laissé aller en ne prenant même plus la peine de me lever chaque fois que je devais jeter un mouchoir. Il faut dire que tout me demandait un effort surhumain alors je me disais chaque fois que, la prochaine fois que je me moucherais, j’allais aller jeter tous les corps morts jonchant mon plancher mais je me répétais aussi chaque fois que je me mouchais que ce n’était pas encore la bonne prochaine fois.

- On dirait que simplement te voir me fait déjà me sentir mieux.

J’étais loin d’être sur la voix de la guérison mais c’était vrai que de voir Abel me faisait vraiment beaucoup de bien. Je me sentais moins seule et puis ce serait plaisant d’avoir quelqu’un avec qui discuter, même avec ma belle voix de canard rouillé et mon nez en chou-fleur.

- J’ai souvent entendu qu’une pomme par jour tenait le médecin éloigné pour toujours. Je suppose que chaque coin du pays a ses expressions sur la maladie.

Chaque fois que je parlais, s’en suivais une quinte de toux qui ravageait mes poumons. Abel m’aida à m’installer sur le divan et m’embrassa sur mon front bouillant avant de s’exclamer sur l’ampleur de mon état.

- Je ne fais jamais les choses à moitié, tu vois ?

Valait mieux en rire que d’en pleurer.

Abel se dirigera vers la cuisine pour fouiller et me préparer un bouillon de poulet qui allait me faire autant de bien que me réconforter et je ne pouvais pas m’empêcher de penser qu’un homme qui se donnait la peine de cuisiner pour sa petite amie malade était un homme qui en valait la peine. Il aurait pu se sauver en voyant ma mine de cadavre mais au lieu de ça, il avait envie de prendre soin de moi.

- Scott n’a pas hésité et puis il a bien comprit que je ne rigolais pas quand je disais avoir la grippe.

Heureusement que Scott avait voulu passer du temps avec David, même si se dernier était dans une bonne phase, je préférais le savoir en bonne compagnie.

- Ça serait parfait oui. J’ai du miel dans l’armoire juste… celle à côté du réfrigérateur

J’avais dû m’arrêter pour tousser en milieu de phrase et prendre le temps de reprendre mon souffle. Peut-être que demain, je devrais aller consulter un médecin. Je souffrais peut-être d’une pneumonie ou d’une autre infection qui nécessiterait plus que du bouillon de poulet et un thé au miel.

Puis je me levais pour le rejoindre. J’avais du mal à parler avec si je devais lever le ton pour qu’il m’entende, je me lasserais et je trouvais ça moche de le laisser seul à la cuisine. Je n’étais pas non plus sur le point de mourir. Je pouvais encore rester assise sur une chaise et bien emmitouflée dans ma couverture, j’étais confortable.

- Je voulais voir de quoi ça avait l’air, un Abel qui cuisine.

J’étais certaine que j’avais attrapé cette grippe à cause de Peyton Stone qui tenait la température de sa maison tout juste au-dessus du point de congélation. J’avais surpris une conversation avec Howard et j’avais compris qu’elle était enceinte et j’avais laissé couler l’information devant Abel sans y réfléchir. Je m’en mordis la lèvre parce que ça représentait tout de même une faute professionnel.

- Ça m’a échappé. Je sais que tu ne l’ébruiteras pas mais je ne crois pas que je suis supposé le savoir parce que justement, ils ne l’ont pas encore dit à la presse.

Je haussais des épaules avant d’étirer un bras et attraper un mouchoir que je plaçais de justesse devant mon visage, avant d’éternuer dedans et de me moucher avec toute la conviction que je pouvais trouver.

Une bonne douche froide avec le bouillon aiderait à faire baisser la fièvre et ensuite, si Abel le voulait, je ferais bien une sieste dans ses bras. Je me sentirais vraiment confortable en le sachant tout près de moi. Il pinça un peu des lèvres et je le regardais avec un air interrogateur avant qu’il ne me demande s’il pourrait me savonner le dos.

- Alors, je prendrai un bain. Je serais ravie que tu me savonne le dos.

Même si j’aurais préféré être au sommet de ma forme, que j’aurais porté de beaux sous-vêtements coordonnés et que l’ambiance aurait été agrémenté d’une petite musique sensuelle et de quelques bougies aromatisées pour la première fois où je me retrouverais nue devant Abel. Je n’avais pas besoin de lui préciser que tout ceci resterait chaste, il n’était pas le genre de mec à sauté sur l’occasion alors même que le moment n’était pas opportun. Je voyais bien qu’il avait vraiment envie de prendre soin de moi et j’en revenais à cette même pensée voulant que s’il restait auprès de moi alors que j’étais au plus bas, il ne m’aimerait que plus quand je serais à mon meilleur.

- Et après le bain, tu voudras que je fasse une sieste dans tes bras ? Tu connais le dicton qui dit que pour endormir la maladie, il fau dormir dans les bras de son petit ami?

@ Billy Lighter

Je souris, pas peu fier, quand Collins dit que rien que de me voir la faisait se sentir mieux. Elle était belle, ma Collins, même malade comme un chien. Et puis, ça me faisait plaisir de prendre soin d’elle. Je lui demandai si elle avait mangé, lui disant que l’expression voulait qu’il fallait nourrir la maladie, ce à quoi elle me répondit par une autre adage.

-Ouais, je connais ce proverbe là aussi.

Je la couchai, la bordai et lui dit que j’allais lui faire un bouillon de poulet. La pauvre, chaque fois qu’elle parlait, elle se mettait à tousser comme si ses poumons cherchaient à rester à l’air libre… Elle disait ne pas faire les choses à moitié.

-En effet, mais heureusement que tu n’es pas souvent malade…

Une fois à la cuisine, je demandai ce qu’il en était de David mais tout allait bien. Le claviériste avait retrouvé son partenaire de toujours et je n’avais aucun doute que ça se passe très bien. Probablement même que quelque part, David était content de revoir son vieux pote, même si je savais qu’il adorait Collins.

Collins devait parler plus fort comme j’étais dans la cuisine et elle dans le salon et ça provoquait sa toux. Une toux caverneuse, profonde. Et elle dit qu’elle n’avait pas eu à convaincre Scott qu’elle avait la grippe.

-En effet, rien que d’ici, je t’entends respirer difficilement. Il faut savoir quand s’arrêter… Puis tout ce que tu risquais en allant travailler, c’est de contaminer tout le monde. Ça n’en vaut pas la peine, surtout avec la tournée de Lola qui s’en vient.

Je trouvai le miel qu’elle m’indiqua être dans une armoire et préparai son thé pendant que le bouillon chauffait.

Puis entre temps, elle m’avait rejoint, enroulée dans une couverture. Je lui dis qu’elle ne tenait pas en place mais elle me fit rire en disant qu’elle voulait voir de quoi j’avais l’air en cuisinant.

-Ça ne ressemble pas à grand-chose de transcendant.

Je versai l’eau chaude dans la tasse où il y avait le thé et le miel et lui donnai le mug.

-Tiens, laisse bien infuser et attention, c’est chaud, laisse-le un peu refroidir.

Puis tout en parlant, Collins, l’air de rien, lâcha une bombe avant de se rendre compte de sa bourde. Elle venait de me dire que Lola, dont la tournée allait bientôt commencer, était enceinte.

-Je comprends mieux la tournée d’adieu maintenant.

Je souris à Collins et mimai que je me zippai la bouche.

-Motus et bouche cousue, je garderai le secret.

Collins parla de prendre une douche froide et, un peu timidement, je demandai si je pourrais lui savonner le dos… Ce n’était pas une invitation à faire l’amour même si j’en avais très envie mais elle n’était pas assez en forme pour ça… Je voulais juste prendre soin d’elle et la connaître un peu plus intimement.

Elle opta alors pour un bain et je pourrai rester à l’extérieur de la baignoire à lui savonner le dos.

-Va pour le bain alors.

Je me retournai vers les fourneaux. Je devais être rouge comme une pivoine. Je lui servis son bouillon puis m’assis sur la chaise en face d’elle.

-J’espère que ce sera bon. C’est la recette de mon père.

Puis je rigolai à sa demande.

-Bien sûr qu’on fera une sieste tous les deux ! Le temps que tu manges, je vais préparer le bain.

Je la laissai me guider à la voix jusqu’à la salle de bain où je fis couler de l’eau chaude… Et en fouillant dans les armoires, je trouvai de l’huile essentielle d’eucalyptus que j’ajoutai à l’eau. Puis je revins à la cuisine près de Collins.

-Alors, c’est bon ? Le bain est prêt, c’est quand tu veux.

@ Billy Lighter

Je ne connaissais pas le dicton d’appel qui disait que pour guérir, il fallait nourrir la maladie. J’avais plutôt envie de l’endormir, moi, ma grippe ! Et j’espérais que si je l’endormais, elle me laisserait tranquille assez pour que je prenne du mieux et qu’ensuite, je la combatte une bonne fois pour toute. Seulement, Abel avait une proposition que je ne pouvais pas refuser, celle de prendre soin de moi.

- Heureusement mais si tu viens chaque fois prendre soin de moi, ce serait une option à reconsidérer.

C’était une plaisanterie qui me permettait de souligner le fait que j’appréciais vraiment sa présence aujourd’hui. J’allais pouvoir me reposer tout en me faisant dorloter, qu’est-ce que je pouvais demander de mieux ? Abel m’installa même sur le divan avec ma couverture et on parla de David qui n’était pas laissé à lui-même parce que Scott avait accepté de me remplacer. Ainsi, ça évitait que je contamine tout le monde et que je me mette véritablement à plat en dépensant le peu d’énergie que j’avais encore dans mes réserves.

Parler en projetant ma voix pour qu’il puisse m’entendre ne faisait rien de plus que de me faire tousser encore plus fort alors je décidais de me lever et de le rejoindre à la cuisine et je me justifiais en disant que c’était parce que je voulais voir de quoi ça avait l’air un homme derrière les casseroles.

- Moi je trouve que ça à l’air vraiment sexy !

Ce serait mieux s’il ne portait rien d’autre qu’un tablier ! La fièvre me faisait vraiment avoir de drôles de pensées mais je les assumais. Après tout, Abel est très bel homme et notre relation encore toute neuve n’avait pas encore dépassé le stade des baisers et de quelques caresses. Il était normal de doucement penser à la suite. Ce sera pour quand j’irai mieux, de toute évidence !

Abel me servit mon thé et, sans m’en rendre compte, je dévoilais un secret que je n’aurais même pas dû avoir en ma possession et ça me mis un peu mal, même si je n’avais pas du tout peur que mon petit ami ne le laisse couler. Lola était enceinte et selon moi, c’était à cause de ça qu’elle transformait sa maison en igloo.

- J’ai confiance en toi.

Mais même si j’avais confiance en lui, je n’aurais pas dû le dire, ça ne se faisait pas ! C’était le premier truc qu’on nous apprenait dans le métier. Toujours tout garder pour soi et moi à la première occasion, je laissais aller une information qui ferait certainement beaucoup d’effet si elle se retrouvait dans le journaux.

Je soufflais sur mon thé et j’en pris une petite gorgée. L’effet de chaleur conjugué à la douceur du miel apaisa tout de suite ma gorge. Après le bouillon de poulet, j’allais aller prendre un bain et Abel viendrait me savonner le dos. J’avais envie de me laisser dorloter par lui. Même en étant complètement nue. Même avec un désir plus que palpable. Même si je ne pouvais pas transformer cette occasion en un moment romantique.

Fichue grippe !

Abel plaça un bol de bouillon devant moi et je me penchais au-dessus pour sentir l’odeur qui s’en dégageait mais mon nez ultra bouché me privait de ce plaisir.

- Je suis certaine qu’il est excellent. Merci de l’avoir cuisiné pour moi, Abel.

Il alla préparer la salle de bain et moi, doucement, je buvais en alternant entre bouillon et thé et, quand mug et bol furent vides, je me levais et lui tendis les bras pour qu’on aille vers le bain, blottis l’un contre l’autre. Je commençais par laisser tomber ma couverture puis je retirais mon hoodie trois fois trop grands, mes bas de laine, mon pantalon de survêtement puis, timide mais pas assez pour demander à Abel de se retourner, je retirais mes sous-vêtements avant d’enjamber la baignoire et de m’y installer.

- L’eau est parfaite.

Je tenais mes genoux contre ma poitrine, ma tête reposant sur mes bras, faisant ainsi le dos rond pour qu’il puisse me le savonner. C’était un bon prétexte pour profiter d’un massage sans que ça n’en soit réellement un. Disons que c’était un parfait moment de détente qui tombait pile à point dans ma convalescence.

@ Billy Lighter

Je rigolai quand Collins insinua que si je venais toujours prendre soin d’elle, elle serait plus souvent malade…

-Même si j’adore m’occuper de toi, je n’aime pas te voir malade. Puis je n’ai pas besoin d’excuse pour venir prendre soin de toi.

En attendant, David était en sécurité avec Scott et Collins, bien au chaud dans sa couverture, allongée dans le divan. Mais c’était rêver que de croire qu’elle allait rester gentiment couchée là. C’était une vraie petite pile électrique, ma Collins.

Elle disait vouloir voir ce que ça donnait quand je cuisinais et elle me fit rougir encore en disant que c’était vraiment sexy. Heureusement que j’étais tourné vers les fourneaux.

Mais je n’avais pas fini de rougir car elle voulait prendre une douche et je m’y invitai presque… Puis finalement, elle opta pour un bain. Quant à sa maladie, elle la remettait sur le dos de Lola qui depuis qu’elle était enceinte, mettait la clim plus qu’il ne le fallait.

Elle accepta que je lui savonne le dos dans le bain… Même si Collins était malade à crever, je trouvais ça romantique. Et puis ça prouvait que je serais à ses côté même quand elle était au plus mal, même quand elle avait le nez en chou-fleur et les joues rouges de fièvre.

Je lui donnai son thé, suivi de près par son bouillon et puis je m’affairai à faire couler le bain que je parfumai à l’eucalyptus pour dégager les bronches de mon amour. Puis, je revins à la cuisine pour lui annoncer que le bain était prêt. Quant à Collins, elle avait déjà fini son thé et son bouillon.

-Et bien ! Il était temps de te nourrir ! Il ne faut pas te laisser aller comme ça.

Je lui souris.

-Même si je sais que quand on a la grippe on a juste envie de rien faire.

Je l’aidai à marcher jusqu’à la salle de bain où elle se débarrassa de sa couverture… Puis je me retournai mais… je ne pus m’empêcher de regarder par-dessus mon épaule… Elle était nue, et belle… Un corps de femme entraînée sans être bodybuildée… Une déesse.

Puis elle entra dans l’eau et je me retournai complètement pour m’approcher d’elle et m’accroupir auprès d’elle, en dehors de la baignoire… J’attrapai un gant de toilette que je mouillai dans l’eau et fit passer doucement d’une épaule de Collins, le long de sa colonne vertébrale et je vis sa peau frissonner.

-Ça va ? Tu veux plus chaud ? J’ai mis de l’eucalyptus, j’ai vu que tu en avais… Normalement ça va t’aider à respirer.

Je soupirai, continuant de caresser le dos de Collins avec le gant de toilette.

-Tu vas me manquer pendant la tournée de Lola…

Et je la regardai, l’air triste.

-Je n’ai jamais aimé quelqu’un comme je t’aime toi.

@ Billy Lighter

J’avais vraiment beaucoup de chance d’avoir un petit ami comme Abel, prêt à passer par-dessus mon nez rouge vif et mes yeux bouffies et d’accepter de passer son temps libre à jouer à la garde malade par amour. Il prit le temps de me cuisiner un bouillon de poulet, de me servir un thé au miel et même, de me faire couler un bain dans lequel il avait mis quelques gouttes d’eucalyptus. Je voyais pas ce que je pouvais souhaiter de plus.

Sauf peut-être la fin de mon rhume.

Il m’aida à marcher jusqu’à ma salle de bain. Heureusement que mon appartement n’est pas spacieux. Je laissais tomber la couverture qui me tenait au chaud, puis je retirais mes vêtements et Abel, bien qu’il s’était tourné, lorgnait par-dessus son épaule. Je trouvais ça mignon, comme s’il était un peu timide mais qu’il ne pouvait pas résister à la tentation d’admirer ce qu’il n’avait pas encore eu la chance de voir.

L’eau du bain était chaude pourtant je frissonnais. C’était dire à quel point je devais faire de la fièvre. Avec le bouille que j’avais bus et l’huile d’eucalyptus dans l’eau du bain, je me sentais déjà regagner en force. C’était encore qu’une goutte d’eau dans l’océan mais c’était bon signe. Il avait eu raison d’insister pour que je mange. Je voyais que mon corps avait pâti du manque de nourriture.

J’avais ramené mes genoux contre ma poitrine pour que je puisse reposer ma tête sur mes bras et relaxer pendant qu’Abel me lavait délicatement le dos. Ça faisait du bien, comme un petit massage qui tombait au bon moment.

- Tu vas me manquer aussi.

Je laissais aller un long soupire. Je préférais ne pas trop penser à tout ce temps où il serait loin de moi et où les plus grands frissons de notre relation se feraient ressentir quand le téléphone sonnerait. Notre couple prenait tout juste son envole et il fallait déjà penser à se dire au revoir, c’était quand même injuste.

- On aura tout un tas de truc à se raconter à ton retour.

Et sait-on jamais que je pourrais espérer trouver un moyen de le rejoindre pendant la tournée? L’argent ne tombait pas du ciel mais j’aimais bien rêver que cela puisse être possible. Je pourrais demander une avance sur mon salaire ou emprunter. Les banques, elles servent bien à ça, prêter de l’argent.

Je relevais la tête et la tournais légèrement pour regarder Abel qui venait de confesser qu’il n’avait jamais aimé autant qu’il m’aimait moi et, peut-être que ça ne se voyait pas dans mes yeux vitreux et enrhumés mais j’étais émue et touchée.

- C’est la même chose pour moi Abel ! Je t’aime et je redoute ces longues journées sans toi !

Je me rapprochais du bord de la baignoire pour passer mes bras autour de son cou et même si je bouillais d’envie de l’embrasser, je me contentais de poser mon front contre le sien. J’allais combattre de vilain rhume qui me laissais sur le cul depuis quelques jours et j’allais faire en sorte de passer un maximum de temps avec Abel, question de me faire des réserves de lui avant son départ.

@ Billy Lighter

Collins frissonnait malgré l’eau chaude du bain… Et je passais le gant de toilette délicatement sur la peau douce. Dans la position qu’elle avait, je ne pouvais voir aucune partie réellement intime de son anatomie, et c’était bien ainsi. Pas que je n’en avais pas envie, mais peut-être notre relation n’en était-elle pas encore là… Ou était-ce tout simplement le fait qu’elle était malade qui nous freinait.

Je lui avouai qu’elle me manquerait et elle répondit par la réciproque. Je lui souris, un peu tristement. J’étais excité à l’idée de partir en tournée avec Lola, mais je le serais encore plus si c’était avec The Burning Fire… Mais The Burning Fire était dans le creux de la vague et il n’y avait donc pas de tournée de prévue donc ce ne serait pas encore pour cette fois-ci qu’on partirait ensemble.

Je hochai de la tête quand elle dit qu’on aurait plein de choses à raconter à notre retour.

-Oh ouais ! Avec Lola, il y a toujours des choses à raconter… Et toi, tu as David alors, c’est pas mal non plus.

Je lui avouai ne jamais avoir aimé comme je l’aimais elle. Et elle tourna sa tête vers moi pour me regarder… Et malgré ses yeux fatigués, j’y vis une étincelle que même la maladie ne pouvait éteindre. Et elle me dit que c’était pareil pour elle…

Je souris, touché… Mon cœur battant plus vite.

Elle se rapprocha de moi, enroula ses bras autour de mon cou et posa son front contre le mien.

Je fermai les yeux.

-Je t’aime, et mes journées seront longues aussi, sans toi.

Puis je redressai un peu la tête et lui souris.

-On sort du bain et on va faire une sieste ?

Je me levai, pris un grand drap de bain que j’étendis devant moi pour recueillir ma bien aimée à l’intérieur… Puis, je la frottai doucement, à la fois pour l’essuyer et lui tenir chaud. J’allais lui chercher un pyjama molletonné en suivant ses indications puis la laissai s’habiller…

Puis on alla jusqu’au lit dans lequel, après que je me sois mis en boxer, on s’allongea, elle dans mes bras, frissonnante et un peu moins congestionnée grâce au bain. Je reposai mon front contre le sien.

-Dors ma belle… Dors et ça ira mieux. Je suis là, je veille sur toi.

@ Billy Lighter