P’tain… J’pensais pas qu’en m’rasant et qu’en me coupant les cheveux, ça fasse ça… J’fis la moue en m’regardant dans le miroir. J’viens de perdre 10 ans là. J’ressemblant à un gamin maintenant.

P’tain, le malheur…

J’sortis de la salle de bain… J’avais toujours des cernes et j’avais perdu pas mal de kilo ce qui arrangeait en rien au fait que j’avais l’air d’être un gamin. Pas que c’était pas cool d’avoir l’air plus jeune… Mais là, c’était trop… Surtout qu’en vrai, j’ai pas l’air vieux…

Bon… Tant pis… Tout ça repoussera.

Qu’est-ce qui m’a pris ?

J’savais pas…

Bref… J’revins au salon où s’trouvait les p’tits. Ils étaient sur une couverture sur le sol. Ils savaient pas encore faire grand-chose. Et j’comptais pas les prendre sur la plage. Parce que, ouais, j’avais décidé d’aller sur la plage aujourd’hui. J’voulais y rencontré Livia. J’avais laissé un message sur son répondeur. J’lui avais dit que c’était pour causer de quelques trucs. Enfin d’un truc : l’album hommage de Peyton. Ah et il demandé si elle a déjà été en Afrique aussi. Parce que personne que j’connaissais y était allé et United For Youth m’avait contacté pour que j’fasse un court séjour là-bas et rencontrer des enfants dans un p’tit village… J’avais accepté sans trop réfléchir. Ils ont pensé à moi parce que j’suis méga connu et que j’avais déjà fait des dons. J’crois que c’est en Angola… Y’a une guerre civile là-bas et de la pauvreté surtout dans les villages les plus éloignés… Du coup, c’était histoire de remonter le moral aux enfants. Apparemment United For Youth avait aussi un programme qui venait en aide aux pays Africains instables. C’est ce qu’on m’a dit.

M’ont dit que c’était pas dangereux. Alors, j’ai dit « oui ».

J’me suis, donc, rendu à la plage quand Faith arriva pour s’occuper des bébés. Faisait chaud… Alors, j’avais mis un bermuda et un t-shirt. J’m’étais assis dans l’sable. Y’avait personne à cet endroit. J’l’avais choisi exprès. J’avais donné les points de repères à Livia. L’habite Santa Monica… J’imagine qu’elle saura s’y retrouvé.

J’avais enlevé mon t-shirt et chopé ma bouteille de vodka que j’avais pris avec. Y’avait des bière aussi et d’autres trucs. Faisait chaud. Faut s’hydrater.

Entre triste et furieuse, mes sentiments valsaient. Julian avait annulé nos vacances la veille même de notre départ sous prétexte que tout ne se passait pas comme il le souhaitait avec la construction de son prototype automobile. J’étais furieuse parce qu’il faisait passer sa bagnole avant moi et triste parce qu’il ne nous avait pas choisi.  J’étais consciente des sacrifices qu’un tel projet demandait, ma carrière nous en demandait tout autant. Ceci dit, ma carrière ne s’était jamais autant mise entre nous comme le faisait sa voiture.

Je ruminais à la maison, tournant en rond, pendant que Julian était au garage, pas le nôtre, mais celui où devait se construire la voiture que tout le monde s’arracherait dans quelques années. Je donnais un coup de pied dans les valises qui étaient destinées à notre escapade romantique. Je n’avais pas eu le cœur ni l’envie de les défaire, possiblement parce que je gardais l’espoir que Julian revienne sur sa décision et ne me surprenne en disant que finalement, nous partions.

Quand je ne boxais pas les bagages, je lisais un document que je venais de recevoir. C’était une proposition pour ce qui pouvait ressembler à un concert bénéfice en Afrique dans le but de divertir les gens là-bas. C’était United For Youth qui parrainait le projet, une bonne raison pour que je m’y attarde surtout que ma mère était maintenant à fond impliquée dans la fondation.

J’avais été surprise de lire qu’on avait aussi approcher Howard Stone pour participer à l’aventure. En fait, Howard et moi étions les deux seuls connus à qui on avait demandé de participer bénévolement à l’évènement. Howard, récemment veuf, trouverait probablement l’occasion là-dedans de se changer un peu les idées quant à moi, je rêvais depuis toujours de visiter l’Afrique. Cela me donnerait un avant-goût de ce que je pourrais vivre et voir pendant un Safari.

J’enfilais un short et un t-shirt et je me rendis à la plage de Santa Monica, là où Howard Stone m’avait donné rendez-vous pour me parler de ce projet. Il faisait beau, il faisait chaud et Howard était déjà là, torse nu et bouteille à la main quand j’arrivais.

- Hey !, dis-je en zigzagant entre les petites dunes de sable jusqu’à me rendre à lui.

Il n’y avait pas âme qui vive, c’était magnifique. Même si depuis la terrasse de ma maison j’avais accès à la plage, je ne me lassais pas de l’admirer, surtout quand le soleil était à son zénith et que ses rayons donnaient l’impression de se perdre dans l’eau.

Près d’Howard, je m’installais en retirant mes sandales pleines de sable et j’allongeais mes jambes.

- Ça va ?

Probablement qu’il n’était pas au meilleur de sa forme mais frais rasé comme il était et ses cheveux coupés lui donnaient meilleures mines. En fait, il ressemblait au Howard qui, i l n’y avait pas si longtemps de ça, ornait les murs de ma chambre.

- On dirait que tu as rajeunit de quinze ans ! Tu as eu envie de renouer avec ta jeunesse ?

Faisait chaud alors rien de tel que la vodka pour s’désaltérer. J’attendais Livia en la sirotant tout en regardant vers la mer. P’t-être que j’devrais aller m’baigner un p’tit peu plus tard…

Livia arriva un p’tit peu après. J’souris.

-Hey…

Faisait calme ici et Livia s’installa à mes côtés avant de retirer ses sandales. J’avais, moi-même, tiré mes chaussure en arrivant. Avec le sable, c’était mieux. Y’a rien de plus chiant que du sable dans des chaussures.

La dernière fois que j’avais vu Livia ça avait été légèrement houleux parce qu’on était pas en phase sur le dossier « Reed ». C’était son père. J’pouvais la comprendre quelque part. Et j’comptais simplement éviter totalement le sujet de son père. J’voulais juste causer de l’album hommage de Peyton et de l’Afrique.

Elle demanda si ça allait. J’hochai de la tête.

-Mieux… Merci… Et toi ?

J’allais mieux parce que j’avais des projets. Tout simplement. Même si j’dormais toujours aussi peu.

Elle s’exclama ensuite en disant que j’avais rajeunit de 15 ans… J’fis une p’tite moue parce que c’était pas vraiment le résultat escompté. J’haussai des épaules à sa question.

-Pas vraiment. C’était pas l’but. J’pensais pas qu’en m’rasant ça ferait ça… Et l’coiffeur à coupé mes cheveux trop court devant et pas assez derrière. Genre, j’avais cette coup quand j’avais 16 ans. C’est méga nul. On dirait que j’suis un gamin, maintenant…

J’soupirai de désespoir.

-Heureusement que ça repousse…

Ouais… Heureusement. J’ouvris le box qu’il y avait à côté de moi. L’était rempli de boissons. Des bières, d’autres alcool, des softs.

-Sers-toi… J’ai pris beaucoup mais j’compte profiter de la plage alors…

Ouais… J’comptais prendre le soleil. Ça m’changera les idées.

-Dis… J’t’ai contacter pour te parler, entre autre, d’un projet que j’veux faire avec pas mal d’artiste. Sav’ à retrouvé un carnet des chansons jamais sorties de Peyton et on aimerait les mettre en musique. C’est un projet indépendant dont les revenus seront donné à des associations. On a déjà pas mal d’artistes dessus dont Snip’, moi, David, Sav’, Nathan et le p’tit Jesse… J’pensais que ça pourrait t’intéressé. Tu connais pas vraiment Peyton, j’sais… Mais c’est pour des bonnes causes alors, j’voulais savoir si ça t’intéressait…

J’la fixai attendant sa réponse.

Howard voulait me parler d’un projet mais il n’avait pas spécifié quoi exactement. S’il voulait me proposer un duo, ce ne serait pas gagné d’avance parce que si Daniele avait partiellement accepté notre dernière manigance, il n’en serait pas de même la prochaine fois. Je n’avais pas spécialement envie non plus de me mettre mon manager à dos. Cela dit, rien ne m’empêchais de me rendre au point de rendez-vous et d’entendre ce qu’Howard avait à me dire.

La plage était l’endroit qu’il avait choisi. C’était calme et relaxant et non sans me rappeler un épisode qui appartenait vraisemblablement à une ancienne vie. Ma première vraie cuite, ma première fois… Avec Howard.

Il était assis sur le sable, je le voyais de plus en plus clairement alors que j’avançais dans le sable chaud. Près de lui, je retirais mes sandales pleine de sable puis je m’assoyais à ses côtés. Le panorama était à couper le souffle. Les rayons du soleil se perdant dans l’immensité de l’océan serait toujours un paysage que j’adorerais admirer.

Je lui demandais comment il allait. Je me doutais qu’il ne me dirait pas que ça allait à merveille, que la vie était belle, que tout roulait comme sur des roulettes. Il venait de perdre sa femme et il se retrouvait avec non pas un mais bien deux gamins sur les bras. Je chialerais pour le restant de ma vie si je devais me retrouver dans la même position que lui.

À ma question, il répondit qu’il allait mieux avant de me la retourner. Je sentais qu’il n’avait pas envie d’élaborer sur ses états d’âmes alors je n’insistais pas.

- Je vais bien.

Je n’allais pas si bien que ça, je ne digérais pas la décision de Julian qui avait balayé nos vacances en amoureux du revers de la main mais en comparaison avec ce qu’Howard traversait, ce n’était que des broutilles.

Son apparence me surprenait. On aurait dit que j’avais le Howard version adolescent devant les yeux. Il avait perdu beaucoup de poids, possiblement qu’il ne s’alimentait pas très bien depuis la mort de sa femme et le fait qu’il avait rasé sa barbe et coupé ses cheveux rajeunissait son visage de plusieurs années. Il ne semblait pas apprécier plus que ça son look mais comme il le disait, ses cheveux et sa barbe repousseraient.

- Ça repousse, t’en fait pas ! Avoue que tu as surtout peur qu’on te demande tes pièces d’identité pour acheter ta vodka !

J’avais hâte d’avoir mes vingt et un an pour pouvoir acheter tout ce que je voulais de champagne sans devoir passer par ma mère, mon père ou mon manager ! Même Julian en étant émancipé ne pouvait pas acheter d’alcool par contre, l’État le considérait assez vieux pour payer des taxes, comme quoi c’était deux poids, deux mesures.

Howard ouvrit sa glacière et me proposa de me servir. Je survolais du regard le contenu de la glacière et j’en sortis une bière. C’était parfait pour me désaltérer, même si je ne raffolais pas plus que ça de ce breuvage. Je tirais sur mon t-shirt pour m’en servir en décapsulant ma bouteille et j’en pris une bonne gorgée.

Sans plus attendre, Howard m’expliqua pourquoi il m’avait donné rendez-vous. Savannah, sa complice avec The Burning Fire avait trouvé un carnet de composition appartenant à Peyton et ils avaient eu l’idée de mettre les textes en musique. La collaboration de plusieurs artistes allaient rendre le tout plus grandiose et j’étais flattée qu’il ait pensé à moi. Je trouvais aussi que l cause était noble. Faire ça de manière indépendante ne demanderait pas l’autorisation de nos managers puisqu’aucune maison de disque ne seraient impliquées et tout l’argent amasser irait à des fondations.

- Je ne connaissais pas personnellement Peyton c’est vrai mais n’importe quel artiste a été un jour où l’autre en contact avec elle que ce soit dans un galas ou une cérémonie de remise de prix. En plus, elle a influencé beaucoup de courants musicaux avec ses albums, moi la première alors oui, je me sens interpellé par cet hommage.

Livia disait qu’elle allait bien. J’souris un p’tit peu content qu’elle allait bien. J’savais ce que c’était de rentrer d’une tournée mondiale. On ce sens vide et en manque de sensations. J’savais pas si Livia ressentait ça mais c’était clair que l’changement de vie était jamais simple.

Livia avait bien remarqué mon changement de look… J’voulais pas paraitre aussi jeune… Mais… Bah… C’était le cas. J’savais le même look qu’à 16 ans quand j’essayais de rentrer au Dizzy Warhol sans m’faire avoir par les vigiles. J’souris un p’tit peu à se souvenir alors que Livia déclara que ça allait repoussé. J’rigolai à sa remarque sur la vodka.

-T’as tout compris. C’est pas pratique d’avoir 16 ans… Puis, j’suis déjà un gamin dans ma tête, il parait, alors ça sert à rien d’empirer les choses.

Mon problème de look sera réglé avec le temps… Me suffisait d’attendre. Comme pour mon deuil. J’devais attendre. Et, surtout, m’occuper. Ce que j’faisais avec les différents projets que j’avais.

J’proposai à Livia de boire un coup. Elle sortit une bière de la glacière et se mit à la boire alors que j’me mis à exposer le même projet que j’avais proposé à Snip’. Livia avait, maintenant, une grande renommée et l’avoir sur l’album ramènera, aussi, de l’argent. J’expliquai le but du projet et le fait qu’aucune maison de disques ne sera impliquée. Pas d’argent pour BSC. Pas d’argent pour MTI. Pas de pub pour eux non plus… Ils étaient bien assez riches comme ça. Se passeront bien de cet album.

Livia déclara qu’elle connaissait pas personnellement Peyton mais qu’elle avait été influencé d’une manière ou d’une autre par elle. J’savais que Peyton avait inspiré beaucoup de p’tites filles à se mettre à la musique. J’souris.

-Cool ! J’te filerais le carnet de paroles. Tu n’auras qu’à choisir celle qui te plait. On va pouvoir financer pas mal de projets avec les associations comme ça. Et les aider pour le matériel. Rien que dans l’Eastside, y’a plein de gosses qui ont besoin de tout ça.

Des gamins qui pourront avoir d’autres perspectives que de devenir un p’tit larbin de Jimmy Reed.

-Parlant de ça… J’ai eu une demande de United For Youth pour un truc en Afrique… T’es déjà allé en Afrique ? C’est en Angola… J’ai même pas encore regardé où c’était sur la carte. Parait qu’il y a la guerre là-bas mais United For Youth dit que tout sera fait pour ma sécurité et tout… J’rencontrerais des gamins dans un village et y’aura un concert et tout…

Comme j’avais écouté à moitié ce que le type de United For Youth avait dit, j’avais pas capté que Livia était de la partie aussi.

-J’connais personne qui a été en Afrique… Fait chaud là-bas ? Y’a vraiment des lions partout ? Tu crois que j’dois emmener un flingue ?

J’bus un coup de vodka en regardant Livia d’un regard interrogateur.

Le changement de look d’Howard était assez saisissant. S’il voulait avoir l’air d’un adolescent pleins d’hormones, il avait visé juste ! Ça ne serait cependant pas pratique pour acheter sa vodka sans se faire demander ses pièces d’identités. Il était d’accord sur ce point surtout qu’il disait être un gamin dans sa tête et que ce n’était pas la peine d’en ajouter.

- Beh… C’est peut-être la première fois que ton look et ton mental sont en phase alors être toi, je serais heureuse !, rigolais-je.

D’ici quelques jours, il aurait une petite barbe d’ivrogne comme mamita appelait ça. Quand Enrique décidait de se laisser pousser la barbe, elle n’appréciait jamais ce moment où il avait le visage parsemé de poils fous. Je devais bien avouer que ce n’était pas spécialement beau.

Howard ne m’avait pas donné rendez-vous sur la plage pour me parler de son nouveau look mais bien parce qu’il avait, avec Savannah, eu une idée. Peyton avait laissé derrière elle un carnet remplit de chanson et ils voulaient rassembler des artistes pour leur donner voix. Je trouvais l’idée excellent et je ne cachais pas être touchée qu’Howard me demande de faire partit du projet. J’aurais aimé connaitre plus personnellement Peyton, en faire une amie. La vie en avait décidé autrement.

- Est-ce que tu l’as avec toi ? Et est-ce que… Comment dire ?! La chanson, je peux la chanter comme je le sens, trouver sa mélodie ou bien Peyton avait inscrit des trucs dans la marge du genre ‘’balade romantique’’ ?

Je voulais vraiment participer au projet mais soudainement, j’avais peur que mon interprétation puisse passer à côté de ce que Peyton avait eu en tête et que je gâche sa composition.

Avec les sous, Howard disait que nous allions pouvoir financer pas mal de trucs pour les jeunes ce qui serait vraiment bien. United For Youth se débattait pour amasser de l’argent tous les jours, nous pourrions nous associer a la fondation ou trouver une autre cause. Tant que ça touchait les jeunes… Ou peut-être pour aider les gens souffrant de deuil périnatal ? Je laisserais Howard et Savannah décider, moi, si je pouvais prêter ma voix, j’étais heureuse.

Ensuite, Howard me parla justement de la fondation United For Youth de laquelle il avait reçu tout comme moi une invitation à prendre part à un concert en Afrique. Ce n’était pas organiser par la fondation de Los Angeles mais elle servait de pont, entre l’Afrique d’où venait la demande et les artistes d’ici voulant s’impliquer.

- On m’a moi aussi approché pour participer et pour te répondre, l’Angola fait partit de l’Afrique centrale. Wow.. L’Afrique !! Je rêve d’y aller depuis toute petite ! Faire un Safari, dormir dans un maison perchée dans un Banyan !

Je devais avoir des étoiles dans les yeux rien que d’y penser malgré que, comme Howard le mentionnait, la guerre faisait rage en Angola et il avait un tas de questions !

- Alors, oui il fait chaud là-bas, oui nous pourrons voir des lions et non, je ne crois pas que ce soit une bonne idée que tu apporte un flingue. Il y aura des gens engagés pour notre protection, ce sera inutile.

J’allais donc partir en Afrique avec Howard, je ne m’attendais pas vraiment à ça mais l’idée me plaisait. Il était doué pour faire la fête, ce serait clairement une belle expérience !

- Julian m’accompagnera peut-être pour se faire pardonner nos vacances gâchées !  Et toi ta fe…

Mais quelle idiote ! J’était passée très près de dire que sa femme viendrait peut-être avec nous ! Je pris une longue gorgée de bière pour laisser passer ma bourde avant de me reprendre.

- David viendra peut-être avec toi ? David, il habite toujours avec toi ?... Pardon… J’ai vraiment été maladroite.

J’rigolais quand Livia déclara que mon look et mon âge mental était, enfin, en phase.

-Ouais… Sauf que j’ai un âge mental de 15 ans, donc…

Et ressembler à un adolescent c’est pas spécialement cool. Et pas que pour l’achat de la vodka. Pour un tas d’autres trucs aussi. Qui aimerait ressembler à un gamin ?

Mais bon… Mon look allait pas tarder à changer. Suffira d’attendre quelques jours.

J’étais venu ici, entre autre, pour parler du projet de l’album hommage de Peyton. Livia accepta rapidement ce qui m’fit sourire. J’parlai du carnet et Livia posa tout un tas de questions pour savoir s’il y avait plus d’indications que de simples textes. J’sortis le carnet de la poche arrière de mon bermuda. J’le tendis à Livia.

-C’est celui-là… J’ai mis des post-it à l’endroit des textes déjà pris. Y’a pas d’indication sur la musique. Ce sont simplement des textes. Tu peux interpréter comme tu veux. Tu peux prendre celle qui t’inspire le mieux.

J’lui souris.

-Faudra juste me rendre le carnet quand t’auras terminé. J’veux le garder intacte et tout. C’est un souvenir de Peyton.

Et j’y tenais, du coup. Là-dedans, y’avait une partie de son âme. Parce que j’savais que quand j’écrivais, moi, c’était une partie de mon âme que j’mettais dans mes textes.

Après ça, j’me mis à parler de l’Afrique… J’y connaissais rien à l’Afrique et, du coup, j’me posais plein de questions. Pourquoi les poser à une fille de 19 ans ? Bah… Heu… Parce que j’avais l’impression que Livia en savait plus que moi sur le monde. Ce qui était débile comment sentiment étant donné que j’avais sans doute autant voyager qu’elle en tournée… Mais j’sais pas… J’avais cette impression.

A ma surprise, Livia déclara qu’elle aussi, on lui avait proposé d’aller en Angola. C’est vrai ? Han… Méga cool ! J’serais pas seul et ça m’arrangeait. Livia était méga enthousiaste mais j’compris qu’elle était jamais aller en Afrique non plus.

-Tu viens aussi ? Cool ! J’serais pas tout seul. United For Youth me l’a p’t-être dit mais comme j’écoute toujours tout à moitié…

Livia confirma qu’il faisait chaud et que c’était sans doute pas une bonne idée d’apporter un flingue. J’fis la moue. Elle est sûre de ça ? Apparemment, l’avait confiance en la protection qui nous entourera.

-J’te crois… Pas de flingue alors… J’prendrais simplement mes fringues. Le chaleur, j’pense que j’peux encaisser. J’suis Californien, après tout…

Livia disait que son mari allait p’t-être l’accompagner pour se faire pardonner de ses vacances gâchées… J’allais réagir à ça mais Livia continua sa phrase et m’fit baisser les yeux. Non… Il était claire que ma femme allait pas m’accompagner. Parce que j’avais bien compris le mot qu’elle s’était retenue de dire.

Elle se rattrapa et parla de David. Et s’excusa. J’relevai la tête et esquissai un p’tit sourire.

-T’en fais pas… Et non, j’pense pas que David m’accompagnera. C’est trop stressant pour lui, j’pense. Trop nouveau… Même si, ouais, l’habite toujours avec moi. Il pourra rester avec les enfants et Dexter.

Ouais, j’crois pas que l’Afrique, c’est conseillé pour David… L’avait l’habitude des voyages mais j’savais que l’Afrique c’était p’t-être un peu trop pour lui… Surtout si l’pays en en guerre et tout.

-T’es partie en vacances avec Julian et ça c’est mal passé ? Z’êtes partis où ?

Dans quelques semaines, Howard aurait retrouvé un style plus mature que celui qu’il arborait aujourd’hui et qui me laissait un peu perplexe. Disons que je ne m’attendais pas à me retrouver avec un Howard du passé mais que dans les circonstances, ça lui donnait meilleure mine. Je tournais la situation à la blague en disant que pour une rare fois, son apparence et son mentale allaient être en phase ce à quoi Howard répliqua que son mentale avait encore une année de retard.

Howard ne m’avait pas fait venir sur la plage pour parler barbe et coupe de cheveux. Il avait plutôt un projet plus personnel auquel je levais les deux mains pour y participer. Rendre hommage à Lola dans un album posthume était significatif à mes yeux. Elle avait été une grande source d’inspiration pour la jeune fille que j’avais été, chantant ses succès devant mon miroir me servant d’une brosse à cheveux comme micro. Je rêvais d’avoir une carrière aussi grandiose que la sienne, être une pionnière comme elle l’avait été à bien des égards. Je posais pleins de questions à Howard qui m’en donna les réponses avant de me montrer le carnet en question.

Avec précaution et délicatesse, je tournais les pages après en avoir lu le contenu. Tous les textes étaient profonds et imagés. Ma lecture prenait des allures un peu pieuse car c’était comme entrer dans la tête de Peyton et comme le faisait remarquer Howard, un souvenir de sa femme.

- J’y ferai très attention., dis-je en le regardant dans les yeux avant de poursuivre ma lecture.

Il y avait vraiment beaucoup de texte et ça me faisait sourire. Peyton et moi travaillions de la même manière sans le savoir. Je composais, encore et encore. J’inscrivais dans un cahier absolument tout ce qui me passait par la tête puis je rassemblais mes idées et je voyais ce qui en ressortait.

- Ça c’est très imagé ! Party girls don't get hurt, Can't feel anything, when will I learn?
I push it down, I push it down. I'm the one for a "good time call"Phone's blowin' up, ringin' my doorbell, I feel the love, feel the love Elle avait cette façon de mettre pleins d’images… Comme avec la chanson qu’elle a composée pour Fireworks

Sa musique nous manquerait. Il était difficile de croire qu’on ne la reverrait plus.

Tout comme moi, Howard avait été approché par United For Youth pour un voyage en Afrique, plus précisément en Angola, là où la guerre faisait rage. Le but de ce voyage était de redonner un peu d’espoir, de divertir les gens de la régions durement éprouvés. On m’avait assuré que cela était sans danger et qu’il ne s’agissait que d’un aller-retour. Je n’avais pas encore accepté mais je n’avais pas refusé. En fait, je prenais un peu mon temps avant de me décider de toute façon le départ n’était pas pour demain.

- Savoir que tu y vas me donne une bonne raison d’accepter. Toute seule, ça me plaisait mais pas autant.

Howard avait plein de questions et ce fut mon tour d’avoir pleins de réponses. Je lui donnais les infirmations que je connaissais sur l’endroit et dans le doute, je préférais lui suggérer de laisser son flingue à la maison.

- Nous allons dans un pays déjà en guerre. Si tu te fais fouiller aux douanes et qu’ils trouvent une arme dans tes bagages, je ne suis pas certaine que ça ferait un bon effet, tu vois ? Te retrouver en prison en Afrique, ça ne risque pas d’être autant plaisant.

Il faudrait qu’on parle plus en profondeur de se qu’on attendait de nous pour ce spectacle. Devions-nous performer chacun notre tour ou pouvions-nous partager la scène ? Howard et moi, quoi qu’en pense Daniele, faisions un très bon duo.

J’espérais que Julian accepte de m’y accompagner et je passais près de dire la connerie du siècle bien que, sans l’avoir vraiment formulé, Howard devina ce que j’allais dire. Je baissais les yeux en tentant de me rattraper mais le mal était fait.

- Je me sens vraiment conne, désolée.

David ne viendrait pas, ce serait trop de stress pour lui qui préférera demeurer à la maison avec les bébés et le chien.

- Il faudra bien que je passe rencontrer tes bébés. Je n’ai pas eu la chance de te féliciter. Je suis certaine qu’ils sont très mignons.

Howard Stone papa… Ça n’entrait toujours pas dans ma tête !

J’avais laissé sous-entendre que Julian avait quelque chose à se faire pardonner, ça ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd. Je soupirais en roulant des yeux puis, tout en poussant le sable avec mes talons j’expliquais ce qui s’était réellement passé ou plutôt ce qui n’avait pas eu lieu.

- Nous devions partir en road trip jusqu’au Colorado dans une cabane au cœur des bois mais la veille de notre départ, Julian m’a annoncé qu’il ne partait plus parce qu’il ne se sentait pas capable de laisser la construction de sa putain de voiture à son équipe. Nos bagages sont encore dans l’entrée de notre maison à attendre d’être chargés dans la bagnole mais ça n’arrivera vraisemblablement pas.

La situation me blessait mais de la raconter à Howard me faisait me sentir un peu honteuse. Je me plaignais du comportement de mon époux à un homme qui venait d’être admis au club des veufs. Ma situation n’était qu’une broutille à comparer à la sienne.

J’avais passé le carnet rose de Peyton à Livia… J’tenais à ce carnet ce que j’manquais pas de dire à la chanteuse. Elle déclara qu’elle y fera attention et j’hochai de la tête. J’savais que j’pouvais lui faire confiance.

Elle lut quelques textes et finit par s’arrêté sur l’un d’entre eux. Un qu’elle trouvait très imagé. C’était le point fort de Peyton de faire beaucoup d’images. J’souris.

-L’était douée, ma Peyton… Elle avait encore plein de chansons et de talent à montrer au monde.

Mais elle a pas pu… La vie en avait voulu autrement. L’avait voulu que sa vie s’arrête comme ça, d’un coup. Alors que Peyton avait encore un tas de chose à apporter autant au monde de la musique, qu’à moi et aux enfants. On avait tout à construire…

Mais maintenant, j’devais avancer sans elle.

-C’est pour ça que c’est cool que des artistes puissent interpréter quelques-uns de ses textes. Pour que les gens puissent encore profiter de son talent à l’écriture.

On en vint, ensuite, à l’Afrique. J’appris que Livia avait aussi été approchée par United For Youth et qu’elle allait aussi aller en Angola. L’était toute emballée par ce voyage. Apparemment, c’était un rêve pour Livia d’aller en Afrique alors que moi, en bon casanier que j’étais, les voyages m’intéressaient pas plus que ça. Quand j’étais p’tit, aller à Malibu, c’était déjà aller à l’autre bout du monde…

Désormais, j’avais déjà mis les pieds dans pas mal de pays sans avoir vraiment l’temps de les visiter…

Livia déclara que, comme j’y allais, ça la motivait pour accepter. J’souris avant d’hausser nonchalamment des épaules.

-Moi, j’ai accepté sans réfléchir… Mais j’suis content que tu viennes. On va pouvoir faire la fête. Enfin, j’suppose… Au pire, s’il y a pas de fêtes en Afrique, j’inventerais le concept.

J’avais un tas de questions et Livia y répondait tant bien que mal. Pour elle, c’était pas trop une bonne idée d’apporter un flingue… J’risquais d’avoir des ennuis si j’me faisais fouiller et tout. J’réfléchis un p’tit peu avant d’hausser des épaules.

-T’as sûrement raison. J’prendrais pas de flingues. J’veux pas finir en prison. Ça serait pas cool. Déjà la prison du commissariat de L.A., elle est pas confortable alors en Afrique, j’ose pas imaginer…

J’avais visité celle du commissariat quelques fois. Et c’était pas pratique pour dormir. C’était pas confortable et il y avait du vas et vient constant.

Livia espérait que son mari allait l’accompagner et elle failli demander si Peyton allait m’accompagner aussi. J’avais baisser la tête et elle s’excusait… Elle s’insulta alors que j’avais relevé la tête.

-C’est pas grave… Moi aussi j’ai encore du mal à capter qu’elle est plus là…

J’en voulais pas à Livia… J’en voulais à personne de rien du tout. Je déclarai simplement que j’doutais que ce voyage soit cool pour David qui était souvent angoissé. Livia, elle, déclara qu’elle devra, un jour, venir voir les p’tits. J’souris un peu.

-Passe quand tu veux. Pen ressemble Peyton et Phénix me ressemble. On a fait les choses moitié-moitié. Ils sont parfaits.

J’revins alors sur ce qu’elle avait dit sur Julian… Comme quoi leurs vacances avaient été gâchées. J’sais… J’suis curieux. Mais c’est comme ça. Et Livia répondit que Julian avait décidé de pas partir à la dernière minute pour bosser sur une bagnoles. J’comprenais que ça l’emmerde. C’était un peu naze…

-Bah… Sa bagnole pouvait pas attendre quelques jours ?

Visiblement non… J’fis la moue.

-C’est un p’tit peu naze… Mais j’imagine que vous aller pouvoir partir à un moment, non ?

J’haussai des épaules.

-Sinon, j’peux prendre sa place, si tu veux…

Pourquoi j’dis ça, moi ? J’rigolai un peu.

-J’déconne… J’doute que Julian veuille bien que j’parte en vacances avec toi à sa place. Quoi que j’suis rarement allé au Colorado. Juste pour des concerts, j’pense. Mais j’ai jamais été dans une cabane en bois quelque part.

Les textes de Peyton étaient très imagés. En les lisant, je pouvais presque voir la vidéo qu’elle aurait pu faire, c’était ma première pensée alors qu’Howard disait que sa femme était très douée. Avec le carnet que je tenais entre mes mains, je ne pouvais qu’être d’accord avec lui quand il ajouta qu’elle avait encore pleins de chansons à partager avec ses fans.

- En chantant ses chansons, on essaiera de faire de notre mieux pour que personne ne l’oublie. Merci de me l’avoir proposé. Ça me touche, sincèrement.

Je ferais tout en mon pouvoir pour rendre la chanson que je choisirais, digne de la Diva talentueuse qu’avait été Lola. C’était une super idée en tous les cas, qu’avait eu Howard avec les chansons écrites de sa femme. Et de ce que je comprenais, nous allions être plusieurs artistes à y participer, de quoi rendre l’hommage encore plu grandiose.

- Il y en a plusieurs qui y participent ?

J’avais hâte de savoir qui d’autres allaient chanter les textes de Peyton. J’avais surtout très hâte de voir le résultat terminé.

Dans le dossier des gros projets, le voyage en Afrique en était un autre que nous avions en commun sans le savoir. J’étais heureuse d’apprendre qu’on avait aussi approché Howard ainsi, nous serions deux et je me sentirais moins seule et un peu plus en sécurité puisque là-bas, la guerre sévissait. Pour Howard, ce serait une occasion de faire la fête ou du moins d’en implanter le concept !

- Je suppose qu’ils savent faire la fête même en Afrique, tu sais. Faudra voir comment ce sera organisé et si nous en avons la possibilité.

J’avais toujours idéalisé l’Afrique pour ses animaux, ses paysages, ses safaris. Je m’étais rarement questionné sur l’autre côté de la médaille, sur la vie plus réaliste et moins romanesque. J’aurais certainement dû !

Je déconseillais à Howard de prendre un flingue avec lui puisque nous allions dans une région de l’Afrique déjà en guerre. Je redoutais qu’un pépin à la frontière ne les obligent à ouvrir nos valises et trouvent l’arme. Ce serait un peu con et effrayant que de se retrouver en prison dans un pays étranger, surtout pour cette raison !

- Je préfère ne pas imaginer et laisser les armes à ceux qui seront chargés de nous protéger. C’est plus sage.

Ravie de savoir que je voyagerais avec Howard, je rêvais tout haut que cela ne puisse convaincre mon mari de se joindre au voyage et je passais près de commettre une bourde en supposant que Peyton aussi, y prenne part. C’était encore surréaliste de croire qu’elle venait de mourir. Heureusement, Howard me pardonna en avouant qu’il avait lui aussi du mal à se rendre compte que jamais plus elle ne reviendrait.

- Je passerai cette semaine sans faute ! Ils doivent être mignons comme tout !

Howard avait bien capté qu’il y avait un petit caillou dans mon engrenage avec Julian. Le changement de plan de dernière minute de mon mari m’avait grandement affectée. J’étais en colère et déçue. J’étais triste aussi.

- Il semblerait qu’elle ne pouvait pas attendre, non. Ça me fait vraiment chier, Howard. J’y tenais à ce voyage, notre premier en amoureux et il l’a simplement annulé parce qu’il a cru que les concepteurs ne pouvaient pas se passer de lui. Comme si je pouvais moi, me passer de lui…

Si, je le pouvais mais j’avais besoin de voyager avec mon époux, de me retrouver seule avec lui, de prendre le temps de prendre soin de nous. Ma carrière nous avait demandé beaucoup et j’avais l’impression que Julian me le faisait payer. Ce n’était pourtant pas moi qui l’avait forcé à rester sur toutes les dernières dates de ma tournée, même si ça m’avait fait plaisir qu’il reste.

- Pour un road trip au Colorado ?

J’éclatais de rire à la suggestion d’Howard.

- Il est resté sur ma tournée parce qu’il pensait que j’avais une aventure avec mon danseur ! Tu crois qu’il me laisserait partir seule avec toi ? J’en doute…

C’était une plaisanterie, Howard ne savait même pas pourquoi il avait dit ça. Probablement pour détendre l’atmosphère. Si c’était le cas, il avait atteint son but, ça ne faisait aucun doute.

- Ce serait tellement bien si en Afrique, nous avions la chance de dormir dans une cabane haute perchée dans un arbre ! Tu aimerais ça ?

Ça serait tellement parfait !

Je m’étirais puis je repris une gorgée de bière.

- Bon ! Je vais rentrer et faire une copie du texte de Peyton que je choisirai. J’irai te le porter chez toi demain si tu veux. Comme ça, je verrais tes petits humains en même temps, ça te va ?

Livia était touché par ma proposition. J’souris content qu’elle le prenne comme ça. Surtout qu’elle semblait sincère quand elle disait aimer les chansons de Peyton.

J’avais expliqué que plusieurs artistes allaient y participer. J’en avais convaincu quelques-uns bien que j’ai jamais dû trop forcé pour vendre le projet. Chacun y trouvait son compte.

-Ouais. Jesse, moi, David, Savannah, Evan, Nathan… Ça en fait déjà quelques-uns. J’attends un retour d’appel de Lighter aussi. L’a l’air intéressé.

Ensuite, j’parlai du voyage en Afrique. J’appris que Livia y allait aussi ce que j’trouvais assez cool. J’avais jamais été en Afrique et j’espérais qu’ils aimaient faire la fête. D’après Livia, l’était certaine qu’ils faisaient des fêtes et que j’aurais pas besoin de les inventer.

-Bah on trouvera un moyen d’en faire même si on en a pas la possibilité.

Tout est possible dans le monde d’Howard Stone, après tout. Mais ce que j’voulais savoir c’était si j’devais prendre un flingue. Y’avait la guerre là-bas alors on savait jamais. Mais d’après Livia, c’était pas l’idée du siècle. Faudra simplement faire confiance aux gens qui s’assureront de notre protection.

-Ok. J’serais sage. Pas d’armes.

Livia pensait que Julian allait l’accompagner. Elle était sûr le point de demander pour Peyton ce qui provoqua ses excuses. C’était pas grave… Moi aussi j’avais du mal à m’y faire. Heureusement, on parla ensuite des deux p’tits que Livia comptait passer voir. J’souris et hochai de la tête.

Mais j’avais bien entendu qu’il y avait de l’eau dans l’gaz entre elle et Julian. C’était une histoire de voiture et de vacances gâchées. La voiture que construisait Julian pouvait, apparemment, pas attendre. J’trouvais ça un peu triste. J’soupirai.

-J’comprends… C’est méga nul.

Alors, j’proposai de venir à la place de Julian. J’savais pas trop pourquoi j’avais proposé ça. Mais quand Livia demanda confirmation, j’dis simplement.

-Ouais.

Avant qu’elle éclate de rire. Elle expliqua alors que la jalousie de Julian l’empêcherait de nous laisser partir tous les deux. J’rigolai alors :

-Bah comme ça, il viendra et tu auras tes vacances avec lui.

Mais j’disais ça pour rien. Parce que j’savais pas vraiment pourquoi j’avais lancé ça. Sûrement parce que, au fond, j’en avais un peu envie. Histoire de changer un p’tit peu d’air.

Livia était pressée d’aller en Afrique et disait qu’elle aimerait dormir dans une cabane haut perchée.

-Ça serait cool… J’sais pas trop ce qu’ils ont prévu pour nous. T’sais, j’écoute toujours les trucs à moitié.

Livia disait que c’était l’heure pour elle de rentrer. J’fis une moue déçue mais j’repris mon sourire quand elle déclara qu’elle passera le lendemain.

-Ok.

J’souris à Livia d’un p’tit sourire.

-A demain, alors…

J’voulais déjà être demain.

Howard avait trouvé le meilleur et la plus belle façon pour rendre hommage à sa femme récemment décédée. Se servir de la musique et de la voix de plusieurs artistes pour chanter ses textes ne pouvait être plus significatif. J’avais feuilleté le carnet de Peyton pour lire quelques-uns de ses textes avant de m’arrêter sur un qui me parlait un peu plus que les autres. J’allais tout de même prendre le temps de lire tranquillement chez moi à tête reposée.

- Tu as pensé à Vanya Kournikova ? Elle a une voix magnifique, elle a fait le numéro d’ouverture avec Daniele aux derniers American Music Awards. Je ne la connais pas personnellement mais je me dis que, en tant que chroniqueuse artistique, elle devait connaître Lola.

J’avais hâte d’entendre le résultat une fois terminé. Nul doute que de serait magnifique et que les fans en en deuil de la chanteuse seraient tous ravis et conquis.

Je fus ensuite agréablement surprise d’apprendre qu’Howard avait lui aussi été approché pour le voyage en Afrique. De le faire avec lui serait plus plaisant que de le faire seule ou alors avec un artiste que je ne connaissais pas du tout et avec qui je n’aurais pas d’affinité.  Je déconseillais Howard d’apporter une arme avec lui, pouvant déjà imaginer tous les ennuis que cela pourraient lui occasionner et, pour ce qui était de faire la fête, nous verrions le moment venu.

- Je me doute bien que tu mettra l’ambiance partout où tu te trouveras ! L’Afrique n’a qu’à bien se tenir !

J’avais, sans vraiment faire exprès, laissé sous-entendre que tout n’allait pas si bien en ce moment entre Julian et moi et, évidemment, ça n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Je lui expliquais donc simplement que j’étais déçue, en colère et triste d’avoir vu mes vacances en amoureux se faire annuler à la toute dernière minute car Julian avait préféré continuer de bosser sur sa marque de voiture.

- Comme tu dis… c’est méga nul.

Ma tournée avait pris beaucoup de notre temps, j’en avais conscience et je comprenais aussi l’importance qu’avait sa voiture pour lui. Ceci dit, je savais qu’il avait pu bosser très fort là-dessus pendant que je parcourais le monde et que, plutôt que de rester avec moi pour soigner sa jalousie mal placée, Julian avait décidé de rester à Los Angeles pour travailler, nous serions possiblement en route pour le Colorado en ce moment même. Sans trop réfléchir, Howard proposa de remplacer Julian pour le voyage et ça me fit rire avant que je ne lui explique que jamais mon mari ne me laisserait partit seule avec lui !

- Ah, ouais ! Vu comme ça, ce serait possible. Ça mérite d’être considéré !

Plutôt que de partir pour le Colorado, j’allais plier bagage pour l’Afrique. J’avais hâte pour tant de raison qui faisaient que je n’avais certainement pas accepté pour la cause en tant que tel mais pour le rêve de petite fille qui allait se réaliser d’une certaine manière.

D’ici là, j’allais me concentrer sur l’hommage pour Peyton. Je suggérais à Howard de me laisser le carnet que j’irais lui rendre demain ce qui me donnerais l’occasion de voir ses jumeaux pour la toute première fois. Je me levais et je me secourais en passant ma main sur mes jambes et mes fesses pour retirer le sable collé puis je saluais Howard. J’avais hâte de raconter tout ça à Julian si toutefois il était à la maison et disposé à m’écouter.